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23/12/2021

C'est à ceux qui se portent bien à venir chez les malades

... Mon cher Voltaire, ton bon coeur te perdra , connais-tu le virus du Covid 19-version omicron ? Jamais si petite lettre, zéro minuscule, n'a fait sur nous le dessin d'un centre de cible . Seul blindage salvateur : le vaccin . Par sécurité, ajoutons le masque et évitons la foule .

Geluck, Gallo, Gorce... Les conseils des humoristes pour se soigner par  l'humour

Les pères Noël de supermarchés sont-ils masqués sous leurs barbes ? Sinon, touchent-ils une prime de risque ? Si malades, maladie professionnelle ?

 

 

« A Théodore Tronchin

16è septembre 1766 1

Je ne peux rien écrire de ma main à mon Esculape, c'est un tribut que je paie régulièrement au changement des saisons . Je m'étais mis cependant à un excellent régime . Je n'ai pu résister à l'envie de voir jouer Henri IV sur mon petit théâtre de Ferney ; il faut pardonner à l'auteur de La Henriade l'insolence qu'il a eue de faire venir toute la troupe de Genève chez lui . J'ai pleuré une partie de la pièce et j'ai ri l'autre . Si on la jouait à Paris je crois qu'elle serait jouée un an de suite .

Ne nous hâtons pas, je vous en conjure, de condamner M. de Beaumont . Le fond de l'affaire est que le bien revendiqué par Mme de Beaumont avait été vendu à trop vil prix . Elle est héritière naturelle . La lésion est manifeste . Voilà pour les procédés . À l'égard des procédures, je pense comme vous qu'il est fort triste d'être dans la dure nécessité de réclamer une loi cruelle contre laquelle on s'était élevé dans d'autres affaires . Mais il n'y a pas, je crois, d'autre moyen de revenir contre la lésion dont on se plaint . C'est une affaire fort désagréable, et qu'on devrait, ce me semble accommoder .

Ne confondez point , je vous en supplie, vos parents avec d'autres personnes de Genève . Soyez très sûr que je serai attaché du fond de mon cœur à toute votre famille jusqu'au dernier moment de ma vie . Mais il faut se voir et se parler pour s'entendre , et vous savez qu'il y a plus de deux ans que je ne peux sortir . Je vous répète encore que je ne me mêlai un petit moment des affaires de votre ville que sur la prière de plusieurs personnes des deux partis . Je me débarrassai de tous dès que M. Hennin arriva . M. le duc de Choiseul, malgré la multitude de ses affaires, me rend plus de justice que vous . Je reçois une lettre de lui en même temps que je reçois la vôtre 2, et j'aurais souhaité que vous n'eussiez parlé avec autant de confiance et de bonté que lui . Vous affligez encore une fois mon amitié par le soupçon que vous semblez avoir que je ne préfère pas l'intérêt de votre famille à tout autre intérêt . Si quelqu'un avait à se plaindre, ce serait moi, peut-être . C'est à ceux qui se portent bien à venir chez les malades . M. l'ambassadeur me fait l’honneur d'y venir assez souvent pour qu'un de vos parents daignât l'accompagner . Je n'en dirais pas autant de quelques perruques . MM. Tronchin ont toujours été les seuls avec qui j'aie été lié . Au reste, soyez très sûr qu'ils ne peuvent être sacrifiés à personne, et que les partisans les plus outrés du peuple ne leur ôteront jamais rien de leur considération . Je sais bien que la concorde ne sera jamais dans Genève, mais les lois en tiendront lieu et c'est tout ce qu’on peut attendre .

Pour Jean-Jacques, je tiens toujours qu'il faut le montrer à Bartholomey fair pour un scheling . Cela devient trop comique, et la folie est trop forte pour qu'on s'en fâche . Il est très physiquement mentis non compos 3, et je parie ce qu'on voudra qu'il sera enfermé à Bedlam avant deux ans .

Je ne saurais cesser de dicter sans vous demander si vous êtes instruit qu'on a flétri d'une voix unanime à la cour des aides le nommé Broutet, l'un des juges du chevalier de La Barre . Ce scélérat s'étant porté pour juge n'était pas même gradué . Il s'était acharné contre le chevalier, et il avait animé tous les autres juges . Le voilà désormais incapable d’exercer aucune charge de judicature .

Je finis de peur de trop parler, les malades doivent ménager leur poitrine . Mon cœur vous dit tout ce que le secrétaire n'écrit point . »

1 Edition André Delattre « Lettres à Théodore Tronchin par Voltaire », Mercure de France, 1er octobre 1950 . La lettre, comme celle du 3 septembre 1766 a été très mal éditée par Tronchin B.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9odore_Tronchin

et : https://archives.bge-geneve.ch/archive/fonds/tronchin_141_397

2 Cette lettre n'est pas connue ; pour celle de Choiseul, voir lettre du 14 septembre 1766 à Mme de Saint-Julien : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/12/17/soyez-sure-madame-que-vous-n-etes-pas-faite-seulement-pour-p-6355537.html

3 Non maître de son esprit ; réminiscence de Quinte-Curce .

22/12/2021

des philosophes en Italie, mais il faut les déterrer. Les statues se présentent dans ce pays-là, et les hommes se cachent

... Soulevez un panettone, vous trouverez un fraudeur ou davantage (remarquons au passage que l'Italie n'a pas le monopole de ce genre  d'individu ) . Il en est un qui a compris à sa manière ce que dit le Petit Prince : "on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux" ; chez lui le coeur se trouve évidemment directement sous le portefeuille : https://www.ouest-france.fr/europe/italie/apres-avoir-per...

LES HOMMES SE CACHENT POUR MENTIR - THEATRE DE DIX HEURES

Pas mieux !

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d'Ally

16 septembre 1766

Dieu vous maintienne, monsieur, dans le dessein de faire le voyage d’Italie 1, puisque vous passerez dans mon ermitage à votre retour ! Dans le temps que monsieur le gazetier d’Utrecht et monsieur le courrier d’Avignon disaient que je n’étais pas chez moi 2, j’y faisais jouer Henri IV par la troupe de Genève, tout le monde pleura quand la famille du meunier se mit à genoux devant Henri IV . Il est adoré dans nos déserts comme à Paris.

On attend Mme la comtesse de Brionne vers la fin de ce mois ou le commencement de l’autre . Elle va des Pyrénées aux Alpes : cela est digne d’une grande écuyère.

M. Duclos sera pour vous un excellent compagnon de voyage . Vous verrez tous deux des philosophes en Italie, mais il faut les déterrer. Les statues se présentent dans ce pays-là, et les hommes se cachent.

Vous ne sauriez croire à quel point je suis pénétré de vos bontés. Le jour où j’aurai le bonheur de vous voir avec M. Duclos sera un beau jour pour moi. »

1 D'Ally devait accompagner Duclos dans son voyage en Italie ( raconté par Duclos sous ce titre , 1791) que celui-ci devait faire , mais finalement Duclos partit seul . Voir Paul Meister, Charles Duclos, 1918 , p. 53 : https://www.jstor.org/stable/3719521

Voir : https://books.google.fr/books?id=aiphAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

21/12/2021

C’est un petit singe fort bon à enchaîner, et à montrer à la foire pour un chelin

...

Breve guía para sobrevivir en el bar: 23 y 24 de abril

Tullius Détritus champion de la zizanie .

Eric Zemmour est son représentant .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

16 septembre 1766 1

Je me hâte, mon cher ami, de répondre à votre lettre du 11 . Je commence par ce recueil abominable, imprimé à Amsterdam sous le titre de Genève. Les trois lettres qu’on attribue en note, d’une manière indécise, à M. de Montesquieu 2 ou à moi, sont ajoutées à l’ouvrage, et sont d’un autre caractère. La lettre à M. Deodati, sur son livre de l’Excellence de la langue italienne, est falsifiée bien odieusement : car, au lieu des justes éloges que je donnais au courage ferme et tranquille d’un prince 3 à qui tout le monde rend cette justice, on y fait une satire très amère de sa personne et de sa conduite 4. C’est ainsi qu’on a empoisonné presque toutes les lettres qu’on a pu rassembler de moi. Celle que je vous écrivis sur les Sirven 5 est falsifiée et pleine d'interpolations 6 .

Je suis dans la nécessité de me justifier dans les journaux ; un simple désaveu ne suffit pas7. L’infâme éditeur est déjà allé au-devant de mes dénégations. Il dit dans son avertissement que toutes les personnes à qui mes lettres sont adressées vivent encore ; il réclame leur témoignage : c’est donc leur témoignage seul qui peut le confondre. J’attends le certificat de M. Deodati ; j’en ai déjà un autre 8 ; mais le vôtre m’est le plus nécessaire. Je vous prie très-instamment de me le donner sans délai.

Vous pouvez dire en deux mots que vous avez vu, dans un prétendu recueil de mes lettres, un écrit de moi, page 170, à M. Damoureux ; que cette lettre n’a jamais été écrite à M. Damoureux, mais à vous ; que cette lettre est très falsifiée ; que tout le morceau de la page 182 est supposé ; qu’il est faux que le morceau ait jamais été présenté à aucun censeur, et que la note de l’éditeur à l’occasion de cette lettre est calomnieuse.

Une telle 9 déclaration fortifiera beaucoup les autres certificats. Le prince, indignement attaqué dans la lettre à M. Deodati, jugera d’une calomnie par l’autre. En un mot, j’attends cette preuve de votre amitié ; vous ne pouvez la refuser à ma douleur et à la vérité. Il est très certain que c’est ce M. Robinet, éditeur de mes prétendues Lettres, qui a fait imprimer celles-ci ; mais je ne prononcerai pas son nom, et je ne détruirai même la calomnie qu’avec la modération qui convient à l’innocence.

Je suis très-aise qu’aucun sage ne soit en correspondance avec ce Robinet, qui se vante de connaître la nature 10, et qui connaît bien peu la probité.

Entendons-nous, s’il vous plaît, sur M. d’Autré 11. Il n’a jamais dit qu’il ait eu des conférences avec M. Tonpla ; mais que Tonpla ayant écrit quelques réflexions philosophiques pour un de ses amis, il y avait répondu article par article. Je vous ai montré cette réponse, bonne ou mauvaise ; mais je n’ai jamais ouï dire ni dit qu’ils aient eu ensemble des conférences . La vérité est toujours bonne à quelque chose jusque dans les moindres détails.

Je me porte fort mal, et je serai très fâché de mourir sans avoir vu Tonpla. Vous savez qu’un de ces malheureux juges qui avait tout embrouillé dans l’affaire d’Abbeville, et qui avait tant abusé de la jeunesse de ces pauvres infortunés, vient d’être flétri par la cour des aides de Paris comme il le méritait. Ce scélérat, nommé Broutet, qui a osé être juge sans être gradué, devrait être poursuivi au parlement de Paris, et être puni plus grièvement qu’à la cour des aides . C’est, Dieu merci, un des parents de mon neveu d’Hornoy le conseiller, à qui l’on doit la flétrissure de ce coquin.

On vient de m’envoyer le Mémoire de M. de Calonne 12; il est en effet approuvé par le roi 13 : ainsi M. de Calonne est justifié dans tout ce qui regarde son ministère. Le public n’est juge que des procédés, qui sont fort différents des procédures.

Je vous avoue que j’ai une extrême curiosité de savoir ce qui se passe à Bedlam, et de lire la lettre de cet archi-fou 14, qui se plaint si amèrement de l’outrage qu’on lui a fait en lui procurant une pension . C’est un petit singe fort bon à enchaîner, et à montrer à la foire pour un chelin 15.

Il y a un commentaire 16 sur le petit livre de Beccaria, dont on dit beaucoup de bien ; il est fait par un jeune avocat de Besançon ; dès que je l’aurai, je vous l’enverrai. On dit qu’il entre surtout dans quelques détails de la jurisprudence française, et qu’il rapporte beaucoup d’aventures tragiques . Celle des Sirven m’occupe uniquement. Je vous ai mandé l’excès des bontés de M. le duc de Choiseul, et combien je compte sur sa protection.

Je connaissais déjà le projet de la traduction de Lucien 17, et j’avais lu le plus beau de ses dialogues. Ce Lucien-là valait mieux que Fontenelle ; j’ai une très grande idée du traducteur.

Ah ! mon cher ami, que j'aurais été 18 heureux de me trouver entre Tonpla et vous ! Ne m'envoyez-vous pas le mémoire de La Bourdonnais dans le paquet dont vous me gratifiez ?19 »

1 L'édition de Kehl, et suivantes, est incomplète de plusieurs passages .

2Il s'agit toujours des Lettres de Voltaire à ses amis du Parnasse . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/593

3 Le prince de Soubise ; voir lettre du 9 septembre 1766 à Deodati ,

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1761/Lettre_4432#170

6 Phrase qui manque sur la copie Beaumarchais-Kehl et dans les éditions .

8 Du duc de La Vallière , dont le certificat, d’après ce que Voltaire dit ici, parait antérieur à la date qu’il porte : https://fr.wikisource.org/wiki/Page%3AVoltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/592

9 A la place de ces deux mots, le manuscrit donne Votre .

12 Calonne est l'auteur du Mémoire présenté au roi, 1766 contre La Chalotais . D'Alembert dit de lui le 141 août 1766 : « Laubardemeont de Calonne surtout (car on l’appelle ainsi ) ne se relèvera pas de l’infamie dont il est couvert […]. » Voir : https://books.openedition.org/pur/124119?lang=fr

13 Le roi avait écrit de sa main, au bas du mémoire de Calonne : « Je vous autorise à faire imprimer ce mémoire, etc. »

15 Un shilling .

17 L’abbé Morellet avait formé le projet de traduire Lucien, mais ne l’a pas exécuté. On trouve aux tomes II et III des Variétés littéraires (par Arnaud et Suard, 1768-1769) la traduction, par Morellet, de Jupiter le tragique et de Pérégrinus.

18 D'après la copie Beaumarchais on a que je serais .

19 Phrase omise dans la copie Beaumarchais et les éditions .

Il broutera désormais ses chardons ; et voilà du moins cet âne rouge incapable de posséder jamais aucune charge : c’est, comme vous dites une bien faible consolation

... J'aimerais tant que cela s'applique à tous les politiciens qui n'ont pas respecté la loi, beau troupeau d'ânes rouges, l'espèce n'est pas en voie de disparition, n'est-il pas ?

Un Âne Peut en Cacher un Autre … | "Les Ânes de Marolles"

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

16 de septembre [1766]

Mon cher et grand philosophe, vous saurez que j’ai chez moi un jeune conseiller au parlement, mon neveu, qui s’appelle d’Hornoy. La terre d’Hornoy est à cinq lieues d’Abbeville. C’est par le moyen d’un de ses plus proches parents qu’on est venu à bout de honnir ce maraud de Broutel 1. Il broutera désormais ses chardons ; et voilà du moins cet âne rouge incapable de posséder jamais aucune charge : c’est, comme vous dites 2 une bien faible consolation. Je voudrais que vous fussiez à Berlin ou à Pétersbourg ; mais vous êtes nécessaire à Paris : que ne pouvez-vous être partout !

Quand vous écrirez à celui 3 qui a rendu le jugement de Salomon ou de Sancho-Pança, certifiez-lui, je vous prie, que je lui suis toujours attaché comme autrefois, et que je suis fâché d’être si vieux.

Le procureur général de Besançon 4, dont la tête ressemble, comme deux gouttes d’eau, à celle dont la langue est si bonne à cuire 5, fit mettre en prison ces jours passés un pauvre libraire 6 qui avait vendu des livres très suspects. Il n’y allait pas moins que de la corde par les dernières ordonnances. Le Parlement a absous le libraire tout d’une voix, et le procureur général a dit à ce pauvre diable :  Mon ami, ce sont les livres que vous vendez qui ont corrompu vos juges. 

La discorde règne toujours dans Genève, mais la moitié de la ville ne va plus au sermon. Je demande grâce à l’abbé de La Porte 7 ; je ne sais plus ni ce que je suis, ni ce que j’ai fait ; il faudra que je me recueille.

Il pleut des Fréret, des Du Marsais, des Bolingbroke . Vous savez que, Dieu merci, je ne me mêle jamais d’aucune de ces productions ; je ne les garde pas même chez moi ; je les rends quand je les ai parcourues. C’est une chose abominable qu’on aille quelquefois fourrer mon nom dans tous ces caquets-là ; mais il y aura toujours de méchantes langues. Prenez toujours le parti de l’innocence : je vous embrasse très tendrement. Les philosophes ne sont guère tendres, mais je le suis. »

1 Plutôt Broutet .

2 Voir lettre du 9 septembre 1766 de d'Alembert : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6494

3 Frédéric II; voir lettre lettre du 25 aout 1766 à d’Alembert https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6468

et lettre d'août 1766 de Frédéric II : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6474

4 Il se nomme Doroz .

5 Pasquier ; voir lettre du 16 juillet 1766 de d'Alembert : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-avec-d-alembert-partie-41.html

6 Fantet ; voir lettre à Damilaville du 4 août 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6444

7 Voir la fin de la lettre du 9 septembre 1766 de d'Alembert

20/12/2021

Il suffit souvent d’un nom pour le succès

... Faut-il encore qu'il soit associé à un talent véritable .

Les mensonges des candidats aux élections , --que pitoyablement on baptise contre-vérités --, si bien dits soient-ils, ne devraient tromper que les couillons prêts à se donner à un maître-couillon , vrai profiteur au talent véreux .

Le Dessin du jour

Entre autres !

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

À Ferney, 15 septembre 1766 1

Quand j’eus l’honneur d’écrire 2 à mon héros, par Mme de Saint-Julien, j’étais bien triste, bien indigne de lui ; mais il n’y avait que deux jours qu’elle était à Ferney ; elle y resta encore quelque temps, et elle adoucit mes mœurs. Ne trouvez-vous pas que Mme de Saint-Julien a quelque chose de Mme du Châtelet ? Elle en a l’éloquence, l’enfantillage, et la bonté, avec un peu de sa physionomie. Je la prends pour ma patronne auprès de vous. Il faut qu’elle s’unisse à moi pour obtenir votre protection en faveur d’une famille de vos anciens sujets. En vérité, ces d’Espinas, pour qui je vous ai présenté un mémoire 3, sont dignes de toute votre pitié. Vingt-trois ans de galères pour avoir donné à souper sont une chose un peu dure . Jamais souper ne fut si cher. Voilà toute une famille réduite à la plus honteuse misère . Elle redemande son bien . Y a-t-il rien de plus juste ? Et ne dois-je pas me flatter qu’une âme aussi généreuse que la vôtre daignera faire cette bonne œuvre ? Recommandez ces infortunés à M. de Saint-Florentin, je vous en conjure.

Ma position est cruelle . Je me trouve nécessairement entouré des persécutés qui fondent autour de moi . Les d’Espinas, les Calas, les Sirven, m’environnent . Ce sont des roues, des potences, des galères, des confiscations ; et les chevaliers de La Barre ne m’ont pas mis de baume dans le sang.

Quand vous aurez quelques moments de loisir, monseigneur, je vous demanderai en grâce de lire le factum en faveur des Sirven . Il va être imprimé : c’est une affaire qui concerne une province dont vous êtes encore béni tous les jours. Vous verrez un morceau véritablement éloquent, ou je suis fort trompé.

J’ai eu l’insolence de faire venir chez moi une troupe de comédiens qui ont joué très bien Henri IV avec Annette et Lubin. C’est dommage qu’Annette n’ait pas de musique 4, car la comédie est charmante.

Pour Henri IV, j’aurais voulu qu’il eût eu un peu plus d’esprit ; mais le nom seul d’Henri IV m’a ému. Il suffit souvent d’un nom pour le succès. Il y a dans cette troupe une actrice qui joue, à mon gré, un peu mieux que Mlle Dangeville, quoiqu’elle ne soit pas si jolie. Dieu vous donne acteurs et actrices à la Comédie française !

Nous allons avoir Mme de Brionne 5 et Mme la princesse de Ligne . Où me fourrerai-je ? J’étais enchanté d’avoir Mme de Saint-Julien.

Je me mets à vos pieds avec la tendresse la plus respectueuse.

V. »

1 L'édition Supplément au recueil donne la date de 1772 suivant une copie contemporaine ; Beuchot corrige l'année .

3 Voir le P. S. de la lettre du 19 août 1766 à Richelieu .

4 Cette musique, que V* n'a pas, est de Blaise .

5 Louise-Julie-Constance de Rohan, veuve de Charles-Louis de Lorraine, comte de Brionne . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Charles_de_Lorraine

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise-Julie-Constance_de_Brionne

19/12/2021

après ces fêtes brillantes, je songe aux horreurs de ce monde ; je songe aux infortunés

... Ainsi fait Stromae , que j'ai toujours plaisir à écouter , et qui heureusement est de retour https://www.youtube.com/watch?v=P3QS83ubhHE

Stromae | Les humeurs d'Oli

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15 septembre 1766

Ce petit billet, pour M. de Beaumont, vous mettra au fait de tout ce qui concerne M. Chardon. Je crois que l’affaire ira bien, sous la protection de MM. les ducs de Choiseul et de Praslin, de M. et de Mme d’Argental, et de Mme la duchesse d'Anville : les philosophes se remettront en crédit, en prenant hautement le parti de l’innocence opprimée : ils rangeront le public sous leurs étendards.

Pourquoi M. Tonpla ne ferait-il pas ce petit voyage ? Cela serait digne de lui ; il aurait le plaisir du mystère . Ce serait Antoine qui irait voir Paul.

Pour chasser toutes mes idées tristes, j’ai eu l’insolence de faire venir chez moi toute la troupe comique de Genève ; elle est excellente, elle a joué Henri IV, et Annette et Lubin ; le nom seul de Henri IV m’émeut, et fait la moitié du succès. J’ai eu aussi le Roi et le Fermier, avec Rose et Colas 1 : cela a été joué supérieurement ; il y a surtout une actrice excellente qui ferait les délices de Paris.

Mais, après ces fêtes brillantes, je songe aux horreurs de ce monde ; je songe aux infortunés, et je retombe dans ma tristesse . Notre amitié me console plus que les fêtes. Écr. l’inf. »

Je ne crois pas, monsieur, qu’on puisse reculer

... Toute mesure prise pour diminuer , si ce n'est faire disparaître, la propagation du Covid 19 est bonne à prendre, qu'on se le dise . Pourquoi ceux qui se sont fait vacciner doivent-ils subir la contagion apportée par les Antivax ? Pourquoi se prétendre atteint dans sa liberté quand on exige un pass sanitaire/pass vaccinal alors qu'on s'accorde pour exiger de tous le permis de conduire  ?

Antivax, vous êtes désormais, soit dans le camp des suicidaires, soit celui des assassins , et l'un n'exclut pas l'autre . Bonnes fêtes, si vous tenez jusque là .

☠️ Bonne chance à vous ô anti-vax ☠️ |

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

15 septembre 1766

Je ne crois pas, monsieur, qu’on puisse reculer sur M. Chardon. J’avais, comme vous savez, exécuté vos ordres sitôt que vous me les aviez eu donnés . J’avais écrit à M. le duc de Choiseul . Il me mande qu’il est ami de M. Chardon, et qu’il va le proposer à monsieur le vice-chancelier pour rapporteur de l’affaire. M. le duc de Choiseul protégera les Sirven comme il a protégé les Calas ; c’est une belle âme, je ne le connais que par des traits de générosité et de grandeur. Je suis au comble de ma joie de voir l’affaire des Sirven commencée . Soyez sûr que vous serez couvert de gloire aux yeux de l’Europe.

Je ne sais si l’affaire qui regarde Mme de Beaumont se poursuit pendant les vacations; c’est dans celle-là qu’il faut triompher. Je la supplie d’agréer mon respect et le tendre intérêt que je prends à tous deux. 

V.»