01/03/2022
Aspice auditores torvis oculis, percute pulpitum fortiter, die nihil ad propositum, et bene prædicabis/Regarde les auditeurs avec des yeux torves, frappe vigoureusement le pupitre, ne dis rien à propos, et tu prêcheras bien
... -- Qui fait ainsi ? Mélenchon ou Zemmour ?
-- Les deux mon général .
-- Qui sera élu ?
-- Aucun des deux , circulez il n'y a rien à voir (ni à écouter ) .
« A Jean Le Rond d'Alembert
29 de novembre [1766]
Il y a trois heures que j’ai reçu le cinquième volume 1, mon très cher philosophe. Ce que j’en ai lu m’a paru digne de vous. Je ne puis vous donner un plus grand éloge. Quoi ! vous dites dans l’avertissement que l’Apologie de l’étude n’a pas été heureuse dans l’assemblée où elle fut lue 2 ! Êtes-vous encore la dupe de ces assemblées ? Ne savez-vous pas que le Catilina de Crébillon fut reçu avec transport ?
Aspice auditores torvis oculis, percute pulpitum fortiter, die nihil ad propositum, et bene prædicabis.3
Votre Apologie de l’étude est un morceau excellent, entendez-vous ? N’allez pas vous y tromper.
Je vous rendrai compte incessamment du manuscrit que votre ami a envoyé à M. Boursier 4. Il faut attendre que la fermentation de la fourmilière de Genève soit un peu apaisée.
À l’égard de l’ami Vernet, il est dans la boue avec Jean-Jacques, et ni l’un ni l’autre ne se relèveront.
Il y a aussi bien des gens qui barbotent dans Paris. En vérité, mon cher philosophe, je ne connais guère que vous qui soit clair, intelligible, qui emploie le style convenable au sujet, qui n’ait point un enthousiasme obscur et confus, qui ne cherche point à traiter la physique en phrases poétiques, qui ne se perde point dans des systèmes extravagants.
À l’égard de l’ouvrage sur les courbes 5, je vous répète encore que c’est ce que j’ai vu de mieux sur cette matière.
Puisque vous daignez mettre le petit buste 6 d’un petit vieillard sur votre cheminée avec des magots de la Chine, je vais commander un nouveau magot à celui qui a imaginé cette plaisanterie. J’aimerais bien mieux avoir votre portrait au chevet de mon lit, car je suis de ces dévots qui veulent avoir leur saint dans leur alcôve.
J’oubliais de vous dire que j’ai été très fâché qu’on ait mis sur mon compte la Lettre au docteur Pansophe, qui est fort plaisante, à la vérité, mais où il y a des choses trop longues et trop répétées, et dans laquelle on voit même des naïvetés tirées de Candide. Cette lettre est de l’abbé Coyer. Il devrait avoir au moins le bon procédé, et même encore la vanité, de l’avouer ; en la mettant sous mon nom, il me met en contradiction avec moi-même, lorsque je proteste à M. Hume que je n’ai rien écrit à Jean-Jacques depuis sept 7 à huit ans. Je l’ai prié très instamment de ne me point faire ce tort ; il s’en ferait à lui-même. Il veut être de l’Académie, et je pense que l’Académie n’aime pas ces petits tours de passe-passe.
Je vous embrasse de tout mon cœur ; je vous salue, lumière du siècle .»
1 Des Mélanges de littérature , d'histoire et de philosophie : https://www.catawiki.com/fr/l/16871299-jean-baptiste-le-r...
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15100650/f12.item
2 L'essai de d'Alembert l 'Apologie de l’étude avait été lue dans la séance publique d'ouverture de l’Académie française du 13 avril 1761. Voir lettre du 7 ou 8 mai 1761 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/15/ce-n-est-pas-assez-de-montrer-qu-on-a-plus-d-esprit-que-les-5788704.html
3 Regarde les auditeurs avec des yeux torves, frappe vigoureusement le pupitre, ne dis rien à propos, et tu prêcheras bien .
4 La Lettre à M. ***, conseiller au parlement dont il est parlé tome XLIII, page 473, et ci-dessus, page 241.
Voir lettre du 8 novembre 1766 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/14/ce-charlatan-est-un-des-plus-dangereux-coquins-qui-respirent-6366034.html
5 Voltaire désigne ici l’ouvrage de d’Alembert, intitulé Sur la Destruction des jésuites, etc., qui n'a rien à voir avec les courbes ; voir lettre de mai 1761 à d'Alembert (en note 2)
6 Le buste de Voltaire, exécuté par un ouvrier de Saint-Claude, cité dans la lettre du 27 janvier 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/05/16/portez-vous-bien-mon-cher-frere-et-soit-que-je-vive-soit-que-6316233.html
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vous ne me saurez nul mal gré si je manque à des formalités que je ne puis connaître, lesquelles d'ailleurs ne dérogent en rien aux respectueuses remontrances que je suis dans la nécessité de vous faire
... En espérant que c'est correctement traduit par Google
вы не узнаете меня неохотно, если я пропущу формальности, которых не могу знать,
которые, кроме того, никоим образом не умаляют почтительных увещеваний,
которые я должен сделать вам
Ah qu'il serait beau et bon si on pouvait parler ainsi à cet extrêmiste Poutine,
et qu'il y donnât bonne suite .
« Au conseil suprême de Montbéliard
28 novembre 1766 au château de Ferney 1
Étant obligé de vous écrire, et ne sachant pas vos noms et vos titres, je me flatte que vous me pardonnerez la liberté que je prends, et que vous ne me saurez nul mal gré si je manque à des formalités que je ne puis connaître, lesquelles d'ailleurs ne dérogent en rien aux respectueuses remontrances que je suis dans la nécessité de vous faire .
M. Jeanmaire, receveur de Montbéliard, vint chez moi deux fois, il y a plus d'un an de la part de M. le comte de Montmartin, pour m'emprunter de l'argent au nom de Mgr le duc de Wirtemberg ; je ne balançai pas un moment ; je connaissais trop quelle est la générosité et la grandeur d'âme de S.A.S ; je prêtai tout mon bien en rentes viagères sur ma tête et sur celles de mes neveux et nièces, en gardant la proportion de nos âges . J'avais alors soixante douze ans ; je suis dans un état qui ne me permet pas de me passer des secours que cette rente viagère doit me procurer, et vous savez, messieurs, combien à mon âge une pareille rente est sacrée . Elle sera bientôt éteinte ; mais S.A.S. m'a promis par un contrat que je serais payé exactement . M. Jeanmaire me doit plus de trente mille livres sur une année révolue ; je lui ai écrit plusieurs fois ; il n'a pas daigné me répondre encore . Mes rentes sont hypothéquée sur les terres que S.A.S. possède en Alsace et en Franche-Comté , et les contrats sont homologués au conseil souverain d'Alsace et au parlement de Besançon .
Ces conventions n'ont rien de commun avec les affaires du duché de Virtemberg ; les domaines en Alsace et en Franche-Comté valent le double de mes hypothèques, ainsi il n'y a nulle excuse pour M. Jeanmaire . J'ai arrêté jusqu'ici le juste ressentiment de mes neveux et de mes nièces, qui n'ont presque pour vivre que l'argent qui doit m'être payé par M. Jeanmaire tous les trois mois .
Je vous prie , messieurs, très instamment de vouloir bien donner des ordres positifs à M. Jeanmaire d'acquitter les engagements qu’il a pris au nom de monseigneur le duc son maître, engagements qu'il ne peut différer de remplir sous aucun prétexte . C'est une justice que j'attends de vous et que je vous conjure de ne pas me refuser .
J'ai l'honneur d'être avec respect,
messieurs,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
comte de Tournay
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi . »
1 Le manuscrit appartient à M. Staelin ; édition Mossmann, p. 345-346.
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28/02/2022
Il n’y a point, à la vérité, de fortune à faire ; mais on aura sûreté et protection
... M. Zelensky , optimiste, peut le dire en déposant sa demande d'admission de l'Ukraine dans le giron européen , qui irait alors du Cabo da Roca portugais au Donbass . On oubliera le rêve qui donnait une Europe allant du Portugal à l'Oural, Poupout'n n'est pas d'accord, c'est évident, il déteste la démocratie et adore piller .
Il va voir confirmé que politique et géographie ne sont pas concordantes : https://www.ouest-france.fr/monde/guerre-en-ukraine/video...
Vue du ciel, l'Europe c'est plus grand qu'on ne croit .
« A Etienne-Noël Damilaville
28 novembre 1766 1
Je reçois, mon cher ami, votre lettre du 20 novembre. Le roi ne pouvait s’y prendre plus paternellement pour apaiser les troubles de Genève. Il fera dans cette taupinière ce qu’il a fait dans son royaume. Il a éteint les querelles indécentes et dangereuses des parlements et des évêques. Il a tout remis dans l’ordre, et je joins, dans les titres que je lui donne, le nom de sage à celui de bien-aimé.
M. Boursier écrit à M. d’Alembert, Vous voyez bien qu’il ne vous trompait pas, quand il disait qu’on pouvait absolument compter sur les offres de son correspondant 2. Ces offres ne sont point du tout à rejeter. Il n’y a point, à la vérité, de fortune à faire ; mais on aura sûreté et protection.
M. du Cré dit qu’il vous a envoyé un paquet par votre directeur, et il suppose que vous l’avez reçu. Je crois que ce paquet doit être parti de Lyon. N’avez-vous point vu M. l’abbé Mignot depuis qu’il est de retour à Paris ?
Je crois que l’affaire de M. de Lamberta réussira 3.
Adieu, mon cher ami ; je vous écris à bâtons rompus et fort à la hâte, étant entouré de monde et accablé de maladie. Mille compliments, je vous prie, à M. Tonpla.
N. B. On m’a envoyé la Justification de Rousseau 4 . Quel est le sot qui a écrit cette sottise ? Est-il vrai que c’est le libraire Panckoucke ? En ce cas, il est digne de seconder le docteur Pansophe.
Encore un petit mot : M. de Beaumont a-l-il vu l’Avis au public 5? »
1 Copie contemporaine Darmstadt B. incomplète des 2è et 3è paragraphes ; l'édition Correspondance littéraire ne donne toujours pas le destinataire .
2 Le roi de Prusse, pour la colonie de philosophes à Clêves.
3 D’Alembert ne publia qu’en 1767 la Lettre à M***, conseiller au parlement de ***, pour servir de supplément à l’ouvrage qui est dédié à ce même magistrat, et qui a pour titre : Sur la Destruction des jésuites en France, par un auteur désintéressé ; mais cette Lettre était faite dès 1765. Voir : https://books.google.fr/books?id=rkY3FWI3EcsC&pg=PA1&lpg=PA1&dq=Lettre+%C3%A0+M***,+conseiller+au+parlement+de+***,+pour+servir+de+suppl%C3%A9ment+%C3%A0+l%E2%80%99ouvrage+qui+est+d%C3%A9di%C3%A9+%C3%A0+ce+m%C3%AAme+magistrat,+et+qui+a+pour+titre+:+Sur+la+Destruction+des+j%C3%A9suites+en+France,+par+un+auteur+d%C3%A9sint%C3%A9ress%C3%A9&source=bl&ots=jW3R2i22r2&sig=ACfU3U1Ouj4v8YLY6ngXk5EAF5pNqncz7Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwje0Lu29qL2AhURrxoKHQ5lBT4Q6AF6BAgTEAM#v=onepage&q=Lettre%20%C3%A0%20M***%2C%20conseiller%20au%20parlement%20de%20***%2C%20pour%20servir%20de%20suppl%C3%A9ment%20%C3%A0%20l%E2%80%99ouvrage%20qui%20est%20d%C3%A9di%C3%A9%20%C3%A0%20ce%20m%C3%AAme%20magistrat%2C%20et%20qui%20a%20pour%20titre%20%3A%20Sur%20la%20Destruction%20des%20j%C3%A9suites%20en%20France%2C%20par%20un%20auteur%20d%C3%A9sint%C3%A9ress%C3%A9&f=false
4Justification de J.-J. Rousseau dans la contestation qui lui est survenue avec M. Hume ; Londres (Paris), in-12 de ij et 28 pages. Beuchot disait : « L’auteur ne m’est pas connu. »
Voir lettre du 20 novembre 1766 à Lacombe : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/21/je-crois-qu-il-est-de-votre-interet-de-temporiser-au-moins-q-6367428.html
5 L’Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome25.djvu/527
19:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
je suis un homme exact, quoique les faiseurs de tragédies n’aient pas cette réputation
... Oui, effectivement Vlad tu es exact comme un tir de missile balistique les armes à la main , et faux comme un jeton à une table de négociations, Trump en est tout ému et t'encense ; ça sent le faisandé .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
28è novembre 1766
Je reçois la lettre de mes anges datée du 22. J’envoie à M. le duc de Praslin un second exemplaire du livre de jurisprudence 1 qu’il m’a ordonné de lui faire parvenir. Je le mets dans un paquet à son adresse. J’envoie ce paquet à M. Jeannel avec un autre exemplaire du même livre en feuilles, que j’ai reçu de Franche-Comté, et dont je lui fais présent.
La perte du paquet de M. le duc de Praslin me fait craindre pour la tragédie que j’avais eu l’honneur de lui envoyer. Le manuscrit lui fut dépêché dans le paquet de M. le chevalier de Beauteville. Je vous ai envoyé des corrections depuis, les unes adressées à M. le duc de Praslin, les autres à M. Marin, sous le couvert de M. de Sartines. J’envoie aujourd’hui au même M. Marin l’avis sur le procès des Sirven, dont les exemplaires sont devenus très rares.
Vous voyez, mes chers anges, que je suis un homme exact, quoique les faiseurs de tragédies n’aient pas cette réputation. M. du Clairon, qui n’a fait que la moitié d’une tragédie 2 n’est point exact. Il ne serait pas mal que M. le duc de Praslin eût la bonté de l’engager à faire les recherches nécessaires. Je suis convaincu que c’est un nommé La Beaumelle qui a envoyé à Amsterdam, au libraire nommé Schneider, mes prétendues lettres, avec les additions et les notes les plus criminelles contre le roi et contre les ministres. Cela est si vrai que dans une édition d’Avignon, sous le nom de Lausanne, l’éditeur dit : Nous n’imprimons pas les autres lettres, parce que M. La Beaumelle les a déjà données au public.3
Ce La Beaumelle est un petit huguenot, autrefois réfugié, confiné actuellement en Languedoc, sa patrie. Il travaille toujours de son premier métier . Il avait falsifié ainsi le Siècle de Louis XIV ; il l’avait chargé de notes horribles contre la famille royale ; il fut enfermé à Bicêtre, où il devrait être encore. Le fou de Verberie 4 n’était pas assurément si coupable que lui.
Mais mon alibi 5 me tient bien plus au cœur. Je suis en peine de savoir si mes anges ont reçu tous mes paquets gros et petits.
Si d’ailleurs ils trouvent le nom de Smerdis trop désagréable pour des Français, il n’y a qu’à prononcer Serdis aux deux premières représentations ; après quoi on restituera au prince d’Ecbatane, fils de Cyrus, son nom propre.
J’écris en droiture à mes anges toutes ces petites lettres, afin qu’il n’y ait point de temps perdu. Je me recommande à mon ordinaire à leurs extrêmes bontés, qui font la consolation de ma vie.
V. »
1 Le Commentaire sur le livre des délits et des peines, de Beccaria.
2 Cromwell, que Morand, disait-on, avait commencé.
3 On lit dans un « Nota » à la fin de Monsieur de Voltaire peint par lui-même , II, 63 : « Nous aurions pu grossir cet ouvrage, si M. D. L.B. ne nous avait prévenu en publiant les Lettres secrètes de Voltaire, que nous avons retranchées de notre recueil , afin de ne le pas grossir . »La référence n'est donc pas aux Lettres […] à ses amis du Parnasse comme le dit V* . Du reste la formule même prouve que ce nouveau recueil n'est pas de La Beaumelle .
Voir page 6 : https://voltaire-lire.msh-lse.fr/IMG/pdf/RV_11_1_4_CMervaud.pdf
4 J. Rinquet, condamné à mort en 1762 ; voir lettre du 9 janvier 1763 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/22/vous-etes-a-paris-a-la-source-de-tout-et-nous-ne-sommes-dans-6001833.html
5 Les Scythes , bien sûr .
12:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
Tous les citoyens devraient venir baiser les mains des plénipotentiaires, et s’aller enivrer ensuite
... tant Russes qu'Ukrainiens, en supposant que chacun n'est pas pressé de mourir sur le champ d'une bataille inepte .
C'est ma tournée, vodka pour tout le monde, et on s'embrasse --(non, pas le Donbass )--, dans cet ordre .
« A Pierre-Michel Hennin
Il faudrait, mon cher Résident, que les Genevois eussent le diable au corps pour ne pas accepter le règlement qu’on leur propose 1. Il me semble que tous les ordres de leur petit État sont pesés dans des balances qui sont plus justes que celles que Jupiter tient dans Homère. Tous les citoyens devraient venir baiser les mains des plénipotentiaires, et s’aller enivrer ensuite, comme le prescrit Rousseau dans je ne sais quel mauvais livre de sa façon 2. Bonsoir, très aimable homme , mettez-moi aux pieds de Son Excellence, et ne m’oubliez pas auprès de M. de Taulès.
27è novembre 1766.»
1 La bourgeoisie rejeta le règlement proposé.
2 Dans sa lettre à d’Alembert, J.-J. Rousseau ne parle pas de cabaret. Il craint seulement que l’établissement des spectacles à Genève ne détruise les cercles formés dans cette ville, où « on joue, on cause, on lit, on boit, on fume, etc. » ; voir page 49 : http://www.espace-rousseau.ch/f/textes/lettre%20%C3%A0%20d%27alembert%20utrecht%20corrig%C3%A9e.pdf
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27/02/2022
si ceux qui sont capables de rendre les plus grands services à la raison humaine avaient du courage, je sais bien quel parti il y aurait à prendre. Mais il faudrait se voir...Non seulement c’est un fou, mais c’est un monstre
... Que faire et que dire , pourquoi rencontrer un dictateur capable de traiter de sang froid ses opposants de nazis et drogués, et les bombarder sans trêve ?
L'Ukraine sera-t-elle le Viet-Nam des Russes ?
« A André Morellet
Rue de Colbert
à Paris
Je vais chercher, monsieur, les deux petites curiosités 1 que vous désirez avoir, et elles vous parviendront par votre ami 2, à qui j’envoie cette lettre, et à qui je demande comment il faut s’y prendre. Je ne crois point que ces bagatelles doivent de droits aux fermiers généraux ; mais il est toujours bon de prendre toutes ses précautions, et de ne pas s’exposer à des avanies.
Il est vrai, monsieur, que ce serait une grande consolation pour moi de former des élèves qui soutinssent le seul véritable théâtre qu’on ait en Europe. En vérité, j’ai besoin de consolation. Les choses que vous me mandez, celles que je sais d’ailleurs, et certains événements publics, font frémir le bon sens, et déchirent le cœur. Si j’étais plus jeune, si je pouvais me transplanter, si ceux qui sont capables de rendre les plus grands services à la raison humaine avaient du courage, je sais bien quel parti il y aurait à prendre. Mais il faudrait se voir ; et puis-je encore me flatter que vous ferez un voyage à Lyon pendant ma vie, et que je pourrai vous parler à cœur ouvert ?
Il n’était pas possible que vous prissiez le parti de Rousseau dès que vous l’avez connu. Non seulement c’est un fou, mais c’est un monstre. M. Tronchin a la preuve en main qu’il ne m’avait écrit une lettre insolente 3 que pour m’engager dans une querelle sur la comédie, et pour soulever contre moi les prédicants et le peuple de Genève. Je n’ai pas été sa dupe. Ce pauvre fou a trop d’orgueil pour être adroit, il est méchant, mais il n’est pas dangereux . C’est un grand malheur, je l’avoue, qu’un homme qui pouvait servir en ait été si indigne ; mais il n’aurait pu être utile qu’avec un meilleur cœur et un meilleur esprit. Aimons toujours, monsieur, les lettres, qu’il déshonore, et qu’on persécute. Vous ferez plus de bien que Jean-Jacques n’a fait de mal. Continuez-moi vos bontés. Combattons sous le même étendard, sans tambour et sans trompette. Encouragez vos alliés, et que les traités soient secrets . Comptez sur ma tendre et respectueuse amitié.
Votre très humble et très obéissant serviteur.
Miso-Priest 4.
26è novembre 1766.
La lettre au docteur Pansophe n’est point de moi ; elle est de l’abbé Coyer . Je voudrais l’avoir faite. »
1 Probablement la Lettre à M. Hume, et les Notes : https://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_de_Voltaire_%C3%A0_Hume/1766
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Notes_sur_la_lettre_%C3%A0_Hume
2 Helvétius, à qui Morellet avait précédemment apporté une lettre de Voltaire.
3 Voir lettre du 24 novembre 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/25/viendrons-nous-enfin-a-bout-de-cette-affaire-qui-interesse-l-6368215.html
4 Ennemi des prêtres ! V* se moque encore une fois de la police royale qu'il se plait à croire incapable de traduire ce pseudonyme qui était un mystère pour le pasteur Du Peyrou : lettre du 5 janvier 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/04/26/vingt-quatre-a-misoprist-6312160.html
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Je chercherai la dissertation sur le feu, et je l'enverrai au plus tôt
... et puis je ferai quelque chose d'utile : j'appellerai les pompiers " .
« A Gabriel Cramer
[vers le 25 novembre 1766]
Je chercherai la dissertation sur le feu, et je l'enverrai au plus tôt à monsieur Caro . La déclaration de M. de Sartines est très raisonnable, et il a très bien déclaré . Si les Genevois sont sages ils accepteront tout ce que leur propose messieurs les médiateurs . Celima était détestable, je l'avoue ; mais je vous réponds qu'elle deviendra très bonne . Mon petit élève 1 adopte un plan qui est très conforme à son génie, et dont il est enchanté ; il va travailler avec courage .
Il n'y avait rien de bien intéressant dans la lettre qui est perdue , sinon l'idée d'envoyer à M. le comte de Saint-Florentin une collection complète bien reliée .
1 Probablement Chabanon, mais , à la rigueur, possiblement Gallien, le protégé de Richelieu .
Voir lettre du 13 juin 1768 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/05/il-ne-reste-dans-la-memoire-des-hommes-que-les-evenements-qu.html
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