10/07/2019
J'espère un canonicat
... déclare, en substance Mme Dominique Tapie, emballée par la relaxe de son Nanard chéri . "C'est à voir " dirait papa François Ier qui, pourtant, donne l'auréole larga manu .
Et pourquoi pas, dans ce monde où le fric ouvre tant de portes ?!

« A Théodore Tronchin
[vers le 1er juin 1764] 1
Mon cher Esculape il est vrai que je me chauffe comme une cigogne, mais je souffre comme un diable . Je suis lépreux comme Naaman et triste comme Job . Je vous supplie d'en prévenir quiconque voudrait voir ce pauvre homme, afin qu'on ne dise pas morosus est, mais miser est 2.
Interea 3 je me recommande à vos bontés .
Le cardinal de Bernis est donc archevêque d’Albi 4. J'espère un canonicat .
Vale et me ama 5. »
1 Texte selon l'édition Gagnebin : « Voltaire démasqué par sa correspondance avec les Tronchin. »
2 il est morose […] il est malheureux .
3 Cependant .
4 Mme Du Deffand a écrit dans sa lettre du 29 mai 1764 : « M. le cardinal de Bernis a l'archevêché d'Albi. »
5 Porte-toi bien et aime-moi .
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très malingre, et par conséquent très négligent
... --( ce qui aurait pu être un des arguments de défense de son avocat )-- Bernard Tapie est relaxé . Pas escroc , mais pas blanc-bleu quand même ! Tricheur de haut niveau , baratineur et bonimenteur , ça, on ne pourra pas lui enlever . Fin du feuilleton fisco-judiciaire ?

« A Jean Ribote Charron, etc.
à Montauban
Le correspondant très malingre, et par conséquent très négligent, remercie le correspondant diligent pour tout ce qu'il a bien voulu lui communiquer . S'il veut avoir quelque nouvel exemplaire des petites brochures curieuses qu'on lui envoya l'année passée, il n'a qu'à donner une adresse, et il sera satisfait . Il est prié instamment, de mander s'il est vrai que le parlement de Toulouse ait condamné l'archevêque d'Auch à une amende pour son mandement en faveur des jésuites . On jugera les Calas dans quelques jours . Les deux frères Calas commencent à faire une petite fortune dans ce pays-ci ; malheur est bon à quelque chose . Le correspondant fait des compliments bien sincères au correspondant.
1er juin 1764 . »
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09/07/2019
Je m’intéresse beaucoup plus à une nouvelle actrice qu’à un nouveau prédicateur
...
« A Etienne-Noël Damilaville
1er juin 1764 1
Je reçois, mon cher frère, votre lettre du 24 mai, et la copie de votre beau sermon à frère Gabriel sur les devoirs de la société . Je vous aime tous les jours davantage, et vous m'engagez à être plus que jamais écr l'inf .2
Gardez, je vous prie, les exemplaires qui vous sont parvenus jusqu’à ce que nous puissions faire une liste de ceux à qui nous en donnerons . Je suis toujours émerveillé de M. d'Acquin qui demeure dans votre voisinage près de la rue saint-Paul . Il m'écrit qu'il me demande un Corneille, et tous mes ouvrages bons ou mauvais, il me parle d'un Avant-coureur qu'il dit donner au public toutes les semaines ; je lui donne tout, je souscris pour son Avant-coureur, et depuis ce temps je n'entends plus parler de lui .
Il me semble que les enthousiastes de Pierre Corneille commencent un peu à se calmer, aussi bien que les enthousiastes des Welches . Vous voyez qu'à la longue la vérité ne laisse pas d'avoir le dessus .
J’ai lu enfin le mandement de l’archevêque de Paris ; je vous avoue qu’il m’a paru modéré et raisonnable. Otez le nom de jésuite, il n’y aurait rien à lui répliquer ; mais il n’y a pas moyen d’avoir raison quand on soutient une société qui avait trouvé le secret, malgré sa politique, de déplaire à la nation depuis deux cents ans.
Est-il vrai qu’une jeune actrice 3 a débuté avec succès dans les rôles ingénus ? Je m’intéresse beaucoup plus à une nouvelle actrice qu’à un nouveau prédicateur. J’aime le tripot, et je veux que les Welches aient du plaisir.
A-t-on enfin jugé les Calas ? Cela me fait songer que nous devons un Corneille proprement relié à M. Mariette . Je vous demande en grâce d'acquitter cette dette le plus promptement que faire se pourra . Frère Thieriot pourrait servir dans cette affaire . Le voilà à présent attaché à un archevêque, mais je me flatte qu'il n’oubliera pas les profanes . Je soupire après l'Encyclopédie . Bonsoir, mon cher frère .
Écr l'inf. »
1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais, omet la plus grande partie de la lettre et la remplace par des extraits des lettres du 28 mai 1764 et du 6 juin 1764 : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-18.html
2 Écrasez l'infâme devient un nom, à moins qu'on ne lise écr[aseur de ] l'inf[âme].
3 Une seule actrice débuta, à la fin de mai, à la Comédie, mademoiselle Sanlaville, et c’était pour les rôles de caractère. (Georges Avenel.)
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08/07/2019
Le curé de Saint-Sulpice a fait banqueroute
... Ou va le faire .
Notre Dame de Paris n'est pas la seule église touchée par les flammes (diaboliques, évidemment !) et l'appel aux fonds est lancé : http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-apres-l-incendie-...
Aide toi, le ciel t'aidera !
« A Gabriel Cramer
[premiers jours de juin 1764] 1
Je vous envoie, mon cher Caro, le Kirker 2 et le Pline que vous avez eu la bonté de me faire prêter par la bibliothèque .
Je vous prie de m'envoyer trois Vadé .
M. Algarotti est mort 3, j'en suis bien fâché .
Le curé de Saint-Sulpice a fait banqueroute 4.
Je vous embrasse bien tendrement . »
1 L'édition Gagnebin propose de dater d'après la nouvelle de la mort d'Algarotti ; mais V* n'y fera ensuite allusion que le 6 juin 1764 .
2 Voir lettre du 1er mai à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/05/29/je-fous-serai-tres-oblige-car-je-suis-devenu-horriblement-pedant.html
3 Mort le 3 mai 1764 à Pise : https://fr.wikipedia.org/wiki/Francesco_Algarotti
4 Mme Du Deffand a écrit à V* le 29 mai 1764 : « Le curé de Saint-Sulpice a donné sa démission, moyennent quinze mille livres de rente, c'est un M. Noguer, son vicaire , qui le remplace . » En fait ce remplacement n'eut pas lieu, et le vicaire resta en fonction jusqu'en 1777 . Le mot « banqueroute » n'est dans la bouche de V* qu'une ironie mordante, car la cure de Saint Sulpice avait les plus gros revenus de Paris .
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07/07/2019
La religion, et la probité vous engageront sans doute à réparer sa faute
... Sans aller jusqu'à mêler la religion aux affaires profanes de l'éducation nationale, il faut corriger la faute des enseignants grévistes et les pénaliser comme ils pénalisent les bacheliers ; leur impunité ne doit pas persister : https://www.capital.fr/lifestyle/pourquoi-les-recales-du-bac-pourraient-contester-leur-resultat-en-justice-1344048
« A Jean-François de Chatillard de Montillet-Grenaud 1
29 mai 1764, au château de Ferney
en Bourgogne, route de Genève .2
Permettez, monseigneur qu'un gentilhomme s’adresse à vous pour une chose qui vous regarde et qui me touche . Affligé depuis quatre ans d'une maladie incurable, j'ai été recueilli dans un château par M. de Voltaire sur les confins de la Bourgogne . Il me tient lieu de père ainsi qu'à la nièce du grand Corneille . Je lui dois tout . Vous m'avouerez qu'il a dû être surpris et blessé quand on m'a dit que vous aviez traité dans un mandement 3 mon bienfaiteur d'auteur mercenaire et d'homme dont les sentiments erronés avaient disposé la nation à chasser les jésuites . Quant à l'épithète de mercenaire daignez vous informer de votre neveu M. de Billiat 4 s'il lui a prêté de l'argent en mercenaire, et quant aux jésuites informez-vous aussi s'il n'a pas reçu et s'il n'entretient pas chez lui le père Adam, jésuite qui a professé vingt ans la rhétorique à Dijon . Informez vous si dans ses terres il n'a pas mis tous les paysans à leur aise par ses bienfaits . Quand vous serez instruit je m'assure que vous saurez un peu de mauvais gré à celui qui vous a donné de si faux mémoires et qui a si indignement abusé de votre nom . La religion, et la probité vous engageront sans doute à réparer sa faute, et vous sentirez quelque repentir d'avoir outragé ainsi sans aucun prétexte une famille qui sert le roi dans les armées et dans les parlements . J'attendrai l'honneur de votre réponse un mois entier .
J'ai l'honneur d'être dans cette espérance
monseigneur
V. »
2 Quoique le manuscrit porte en tête « copie de la lettre de M. Daimar à l'archevêque d'Auch », et qu'elle ait sans doute été envoyée sous le nom de Daumart, il est évidemment impossible de ne pas attribuer à V* une lettre dont la minute par lui est signée de son initiale . On a déjà vu des exemples analogues, notamment avec des lettres de Wagnière ; mais le cas présent est encore plus patent . V* reviendra plusieurs fois sur l'évêque d'Auch, notamment dans les Honnêtetés littéraires .
3 La lettre pastorale de monseigneur l'archevêque d'Auch au clergé séculier et régulier de son diocèse, datée du 23 janvier 1764 : https://archive.org/details/bub_gb_DLtw04Txz4UC/page/n1
4 Claude-Joseph-Hippolyte de Bourgeois, marquis de Billiat.
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06/07/2019
plutôt pour tous les réformés
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05/07/2019
vous n'aurez encore aujourd’hui qu'un mot du malingre
... Riez !

« A Etienne-Noël Damilaville
28è mai 1764 1
Mon cher frère, vous n'aurez encore aujourd’hui qu'un mot du malingre . J'ai fait un terrible quiproquo en prenant Lemierre pour La Harpe 2. Je ne sais comment réparer la bévue . Gabriel Cramer jure toujours qu'il y a depuis plus de deux moi un gros paquet pour vous sur la route de Bourgogne . Dès que j'ai un moment de relâche à mes maux, je songe à porter les derniers coups à l'infâme . Mais les frères sont dispersés, désunis, et j'ai peur d'être comme le vieux Priam telum que imbelle sine ictu 3. La lettre sous le nom de Jean-Jacques est à peu près de même 4; l'archevêque d'Auch s'en rit, il a quarante mille écus de rente .
Mon cher frère , écr l'inf .
Qu'est devenu je vous prie un M. d'Acquin 5? Vous lui avez donné un Corneille . Je n'entends point parler de ce d'Acquin, fait-il un Avant-coureur ?
J'ai reçu le factum pour Potin et pour l'humanité . J'en remercierai frère Beaumont 6. »
1 L'édition de Kehl, d'après la copie Darmstadt B. , amalgame deux phrases de la présente lettre à la lettre du 1er juin 1764 .
2 Voir lettre du 25 mai 1764 à Varenne de Fénille :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/06/27/si-je-pouvais-ecrire-longtemps-je-ne-finirais-pas-sur-votre-6160645.html
3 Un trait débile et sans impact ; Virgile, Enéide, II, 544 .
4 L'auteur ,- Pierre-Firmin de Lacroix - , d'une prétendue Lettre de J.-J. Rousseau, de Genève, qui contient sa renonciation à la société civile, ses derniers adieux aux hommes , vient de récidiver avec une brochure intitulée Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, à Jean-François de Montillet, archevêque e seigneur d'Auch, datée du 15 mars 1764 . Après s'être contenté de nier qu'il fût l'auteur de cet opuscule, Rousseau se plaignit de cette « fourberie sortie de la boutique de M. de Voltaire » . Ses plaintes deviennent plus vives encore le 16 juin 1764 : « M. de Voltaire vient tout récemment de faire un nouveau tour de son métier en publiant sous mon nom une lettre à M. l'archevêque d'Auch qui, dans une instruction pastorale l'avait assez malmené . »
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5789272v.texteImage
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k10400809.image
Voir aussi à ce sujet le lettre de V* du 29 juin 1764 à Chatillard de Montillet-Grenaud .
5 Pierre-Louis d'Acquin de Château-Lyon a en effet des liaisons avec L'Avant-coureur ; voir lettre du 10 août 1760 à d'Argental . Il devait écrire un peu plus tard à V*, le 5 juin 1764 pour accuser réception du Corneille ; il lui envoie une feuille de L'Avant-coureur et lui donne une foule de nouvelles malignes concernant divers auteurs . Voir : https://data.bnf.fr/fr/12207503/pierre-louis_d__aquin_de_chateau-lyon/
et : http://dictionnaire-journaux.gazettes18e.fr/journal/0129-lavant-coureur-3
6 Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont , Question sur la légitimité du mariage des protestants français célébré hors du royaume, 1764 .
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