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02/02/2018

Cela est bien honnête et je serais trop condamnable si j'en souhaitais davantage

... Voici ce que peut dire notre ministre des Finances , suite au projet d'intégrer l'illicite au licite , tout comme il a déjà par le passé trouvé le moyen -comme un mac de bas étage- d'imposer les péripatéticiennes :

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/01/co...

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Pour un statisticien, l'argent sale n'a toujours pas d'odeur

 

 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore

Au château de Ferney par Genève

28 février 1763 1

Je vois bien, monsieur, que les gens de lettres de Paris sont peu au fait des rubriques de la poste . Je reçus avant-hier deux lettres de vous, l'une du 6 décembre et l'autre du 6 février 2 . Je réponds à l'une et à l'autre .

Je vous dirai d'abord que vos vers sont fort jolis et qu'il n'appartient pas à un malade comme moi d'y répondre . Vous me direz que j'ai répondu au prétendu abbé Culture 3: c'est précisément ce qui me glace l'imagination . Rien n'est si triste que de discuter des points d'histoire . Il faut relire cent fatras . Je crois que c'est cette belle occupation qui m'a rendu aveugle . Il a fallu réfuter ce polisson de théologien . Il faut toujours défendre la vérité et ne jamais défendre son goût .

Je ne connais ni l'examen de Crébillon ni la platitude périodique dont vous me parlez . À l'égard des tragédies je suis très fâché d'en avoir fait . Racine devrait décourager tout le monde . Je ne connais que lui de parfait et quand je lis ses pièces, je jette au feu les miennes . L'obligation où je suis de commenter Corneille ne sert qu'à me faire admirer Racine davantage .

Vous m'étonnez beaucoup d'aimer l'article Femme dans l’Encyclopédie 4 ; cet article n'est fait que pour déshonorer un ouvrage sérieux . Il est écrit dans le goût d'un petit-maître de la rue Saint-Honoré . Il est impertinent d'être petit-maître, mais il l'est encore plus de l'être mal à propos .

Vous me dites, monsieur, dans votre lettre du 6 décembre, que le roi m'a donné une pension de 6000 livres . C'est un honneur qu'il ne m'a point fait et que je ne mérite pas . Il m'a conservé ma charge de gentilhomme ordinaire de sa chambre, quoiqu'il m'eût permis de la vendre , et il y a ajouté une pension de deux mille livres . Cela est bien honnête et je serais trop condamnable si j'en souhaitais davantage .

L'état où je suis ne me permet pas de longues lettres ; mais les sentiments que j'ai pour vous n'y perdent rien . J'ai l'honneur d'être avec toute l'estime que vous méritez, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 L'édition Pièces inédites place cette lettre en 1766 ; le destinataire n'a été identifié que par Besterman .

2 Voici quelques extraits de la première de ces lettres, mêlée de prose et de vers : « Je n'ai point lu, monsieur, et je ne lirai point le nouveau livre contre vous où l'on prétend relever vos erreurs ; mais j'en ai beaucoup entendu parler . […] Ce qui me chagrine principalement, c'est d'apprendre que vous vous proposez de lui répondre . /Combattre un sot, c'est l'honorer. /On vantera toujours les sons de votre lyre, / Et dans l'oubli vous le verrez rentrer , / Votre réponse le ferait lire : /Pour écraser un vers audacieux /Jupiter ne doit point s'armer de son tonnerre . / L'aigle qui plane au haut des cieux/Entend il les serpents qui sifflent sur la terre ?/ […] tout Paris vous attribue une brochure qui a pour titre Éloge de Crébillon, et qui n'est qu'une satire sanglante de ses ouvrages . On a eu grand soin d'y faire remarquer ses défauts et l'on ne rends aucune justice à ses beautés qui sont très nombreuses et très marquées . Quant à moi, monsieur, j'ai de la peine à me persuader que cet écrit soit véritablement de vous […] . Si quelqu'un devait faire l'éloge de cet illustre tragique, ce serait vous , monsieur, qui avez couru la même carrière et qui devez en sentir toutes les difficultés . […] L'article Femme pour l'Encyclopédie est écrit en petit-maître, c'est à dire avec impertinence et avec légèreté . On attribue à M. Picardin de Dijon le Sermon du rabbin Akib sur la petite cérémonie très chrétienne et très édifiante qui s'est faite à Lisbonne . Je ne suis pas fâché que quelque forte voix s'élève de temps en temps contre les ennemis de l'humanité . […] On m'assure que cette dame [Mme de Pompadour] vous avait fait augmenter votre pension de 4000 livres . Je vous en fais mon compliment de tout mon cœur . »

3 Blin de Sainmore a noté sur le manuscrit : « A cette lettre était joint un exemplaire des Éclaircissements historiques etc., qui servait de réponse au livre intitulé Les Erreurs de M. de Voltaire. »

4 Cet article est en plusieurs parties, de différents auteurs . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Encyclop%C3%A9die/1re_%C3%A9dition/FEMME

01/02/2018

le dogme affreux de la tolérance

... A tous ceux qui ne connaissent pas Voltaire, (il y en a encore trop), je souligne, s'il en est besoin qu'il parle ici au second degré , jugez -en plutôt en lisant : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8614611x/f5.image .

Si après cela vous avez encore besoin d'un quelconque prêtre, imam ou autre enturbanné , pour vous conduire bien, c'est que vous êtes incapables d'être libres , croyants en dieu par trouille,  méprisants pour ceux qui n'ont pas l'heur de partager votre foi et vos pratiques qui ne sont que gesticulations stériles.

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« A Gabriel Cramer

[vers le 27 février 1763]

Monsieur Cramer doit avoir depuis un mois un paquet venu de Paris par Lyon à son adresse, qui contient l'Histoire du Languedoc, que je croyais adressé à M. Camp . M. Damilaville qui a envoyé ce paquet s'est trompé de nom, attendu que monsieur Cramer est plus connu que M. Camp . Comme probablement il n'a pas eu de lettre d'avis, il n'aura pas retiré le livre qui sera resté au bureau du coche ou aux halles ; je supplie monsieur Cramer de faire retirer le paquet, et de m'envoyer la facture . Je renvoie la détestable feuille C d'Oedipe, et la dangereuse feuille E de la Tolérance, qui n'est plus dangereuse, au moyen d'une petite correction que j'ai faite à mon grand regret .

Je supplie monsieur Cramer de m'envoyer, le plus tôt qu'il pourra, D, E, F , sur le dogme affreux de la tolérance . »

 

31/01/2018

nous sommes tous dans la souffrance . La mienne redouble quand je vois ce rapport si attendu se différer tous les jours

... Mais enfin, si je veux rester dans les choses les plus sérieuses [sic] qui passionnent et angoissent/amusent/indiffèrent le monde, Fesse Bouc va être jugé pour un acte de censure, parfaitement imbécile quand on voit ce qu'il laisse publier comme monstruosités et débilités à chaque seconde ; voir :  http://www.lefigaro.fr/culture/2018/01/30/03004-20180130A...

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« A Philippe Debrus

[vers le 25 février 1763] 1

Mes yeux et ma personne vont fort mal, mon cher monsieur, Mme Denis est malade, nous sommes tous dans la souffrance . La mienne redouble quand je vois ce rapport si attendu se différer tous les jours ; et j'avoue que j'aurais de vives alarmes si je n’étais rassuré par la lettre de M. de Crosne .

Si vous faites venir la servante de Lyon, je vous prie, monsieur , de vouloir bien lui faire toucher quatre louis d'or à Lyon pour l'aider dans son voyage ; M. Cathala vous les remboursera à votre ordre .

Je me suis chargé, comme vous savez, d'un petit honoraire pour M. Mariette ; les deux autres avocats ne veulent rien, je leur ferai présent de quelques livres à leur usage .

Il sera bien difficile de placer Louis 2; il me paraît qu'il n'a pas joué un beau rôle dans toute cette cruelle affaire . Il devait venir à Paris à pied au secours de sa mère .

Je voudrais que vous eussiez la bonté de demander à M. Dumas s'il connait M. le marquis de Gouvernet . Vous savez peut-être qu'il a le malheur d'être huguenot, mais il pourrait nous être fort utile ; il y a de fort honnêtes gens dans cette secte diabolique . »

1 On trouve une datation vers le 20 mars 1763 ; l'édition Lettres inédites place la lettre en mars-avril 1763 . le « rapport »attendu doit être celui du 1er mars, et la référence à la lettre de de Crosne confirme la date proposée (voir lettre du 22 février 1763 à Debrus : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/01/25/dans-quel-siecle-abominable-vivons-nous-si-on-a-raison-de-so-6020522.html

2 Louis Calas , converti au catholicisme et affilié à la confrérie des Pénitents blancs .

30/01/2018

je doute que madame sa femme puisse venir pendant qu'on touchera à des parties si intéressantes

... Je laisse à chaque épouse le soin de définir les parties intéressantes de son conjoint .

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 25 février 1763]

Je ne pus hier renvoyer la 3è feuille de la Tolérance avec la première d'Oedipe . Il y a une très grande faute dans la feuille d'Oedipe, et je prie qu'on me la renvoie ; j'attends D, et E de la Tolérance .

Mme Denis a été bien mal . Quand Mme Cramer pourra venir nous voir, nous l'amuserons avec un petit feu d'artifice, mais il faut que Mme Cramer la mère se porte bien . Nous faisons mille compliments à toute la famille . Mais je doute que madame sa femme puisse venir pendant qu'on touchera à des parties si intéressantes 1. »

Votre jeunesse est faite pour éclairer tous les âges .

... Emmanuel Macron est il une lumière  pour d'autres que son épouse ? C'est à voir, comme dit Gilbert Montagné !

 

 

« A Paul-Claude Moultou

25è février 1763 1

Je suis en peine, monsieur, d'Olympie, et de la Tolérance ; je trouve qu'il y a beaucoup à faire au premier ouvrage, et que le second est bien délicat . Je vous soumets l'esquisse d'un nouveau chapitre ; il ne tient qu'à vous qu'il soit meilleur .

N'auriez-vous point quelque bon livre sur ce sujet, et voudriez-vous me le prêter ? mais quelques lignes de votre main vaudraient mieux que tous les livres .

Renvoyez-moi , je vous supplie, le plus tôt que vous pourrez, ce croquis que j'ai dicté, et dont je n'ai point de copie .

Je suis sûr que monsieur le contrôleur général, M. le duc de Praslin, M. le duc de Choiseul, Mme de Pompadour, ont de très bonnes intentions ; il faut assurément en profiter . Ne pourriez-vous point quelque jour venir en causer avec moi ? Votre jeunesse 2 est faite pour éclairer tous les âges .

V. »

1 L'édition Gaberel donne une version incomplète et mal datée .

29/01/2018

La cour, sans avoir égard à tous les fatras qu’on vient d’écrire contre vous, et à toutes les sottises que vous avez écrites depuis deux cent cinquante ans, vous déclare innocents de tout ce que les parlements disent contre vous aujourd’hui, et vous

... déclare coupables de ce qu’ils ne disent pas ....

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

25 février 1763, à Ferney

Plus anges que jamais, madame Denis est toujours malade, et moi toujours aveugle, et vous ne me dites rien de vos yeux. L’âge avance ; on n’est pas plus tôt sorti du collège qu’on a soixante ans . En un clin-d’œil on en a soixante-dix ; on voit tomber ses contemporains comme des mouches. Mes nouveaux mariés, qui sont à vos pieds, ne savent rien de tout cela. Je voudrais que vous eussiez vu la crainte où était Marie de ne point avoir son Dupuits . « Mon père m’a signifié que je ne devais pas me marier ; qu’il n’y consentirait point. » Mes anges, que vouliez-vous que je pensasse ? Vous voulez que je commente François Corneille ; c’est bien assez de commenter Pierre. Ce Pierre me fait passer de mauvais quarts-d’heure ; je suis outré contre lui. Il est comme les bouquetins et les chamois de nos montagnes, qui bondissent sur un rocher escarpé, et descendent dans des précipices. J’avais cru que Racine serait ma consolation, mais il est mon désespoir. C’est le comble de l’insolence de faire une tragédie après ce grand homme-là. Aussi après lui je ne connais que de mauvaises pièces, et avant lui que quelques bonnes scènes.

Au nom de Dieu, laissez là votre Adélaïde. Elle est détestable, je vous en avertis 1; que veut dire ce héros blessé ? à quoi sert sa blessure ? à rien du tout, et je vous répète qu’il est impertinent d’imputer à un prince du sang le crime qu’il n’a point commis ; cela détruit tout intérêt.

Laissons un peu dormir Zulime ce carême. C’est bien dommage que cette Zulime ressemble à toutes les femmes délaissées qu’on a tant mises sur le théâtre : avec cela, elle pourrait être passable.

J’aime assez le Droit du Seigneur, je vous l’avoue ; mais je voudrais qu’il y eût un peu plus de ces honnêtes libertés que le sujet comporte, et que les dames aiment beaucoup, quoi qu’elles en disent.

Mariamne est médiocre, malgré mon Essénien 2.

Olympie est prodigieusement supérieure à cette Mariamne, et n’est pas encore trop bonne ; tout m’humilie et me chagrine ; je suis difficile pour moi-même comme pour les autres. Il est dur de sentir la perfection et de n’y pouvoir atteindre.

Ne remplissez pas mes vieux jours d’amertume ; ne me faites point mourir, en ressuscitant Adélaïde ; empêchez-moi de boire ce calice ; je vous le demande avec la plus vive instance.

Mes divins anges, je vous supplie d'engager M. le président de La Marche à mettre la dernière main à ma pièce de Marie-Corneille et de Claude Dupuits . Il est absolument nécessaire que j'aie le contrat qu'il m'a promis et il est ridicule que je ne l'aie pas ? Voilà une plaisante façon de procéder en affaire .3

Eh bien ! a-t-on enfin rapporté l’affaire des Calas ? Je vois qu’il est beaucoup plus aisé de rouer un homme que d’admettre une requête. Il me semble que M. de Crosne ne demande pas mieux que de parler, et assurément, il parlera bien. J’aurais fait trois ou quatre actes depuis le temps qu’on fait languir cette pauvre veuve. J’avoue que son aventure ne contribue pas à me faire aimer les parlements. Malheur à qui a affaire à eux ! fût-on jésuite, on s’en trouve fort mal.

Puisque j’ai du papier de reste, il faut que je dise à mes anges que j’ai jugé les jésuites. Il y en avait trois 4 chez moi, ces jours passés, avec une nombreuse compagnie. Je m’établis premier président ; je leur fis prêter serment de signer les quatre propositions de 1682 5, de détester la doctrine du régicide, du probabilisme, de renoncer à tout privilège contraire à nos lois, et d’obéir au roi plutôt qu’au pape. Ils firent serment, après quoi je prononçai : « La cour, sans avoir égard à tous les fatras qu’on vient d’écrire contre vous, et à toutes les sottises que vous avez écrites depuis deux cent cinquante ans, vous déclare innocents de tout ce que les parlements disent contre vous aujourd’hui, et vous déclare coupables de ce qu’ils ne disent pas ; elle vous condamne à être lapidés avec les pierres de Port-Royal, sur le tombeau d’Arnaud. » Tout le monde convint que j’avais raison, et les jésuites l’avouèrent aussi. Et vous, mes anges, qu’en pensez-vous ?

Respect et tendresse.

V. »

1 Phrase omise par l'édition de Kehl .

2 Sohème , « prince asmonéen » et non essénien, qui a remplacé Varus dans la nouvelle édition . Voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/VOLTAIRE_MARIAMNE.xml

3 Ce paragraphe entier manque dans l'édition de Kehl .

4 Y compris le père Adam .

5 La Déclaration des quatre articles du 19 mars 1682 avait consacré la défaite du parti ultramontain : https://www.pimido.com/histoire-et-geographie/histoire-moderne/commentaire-de-texte/declaration-quatre-articles-19-mars-1682-charte-gallicanisme-402854.html

et voir lettre du 6 novembre 1761 à La Chalotais : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1762-partie-30.html

28/01/2018

Je ne peux plus souffrir le boursoufflé et une autre grandeur hors de nature

... Le premier étant Kim Jung Un, l'autre Donald Trump, leurs positions étant parfaitement interchangeables , ces  personnages sont des dangers publics dont on se serait volontiers passé .

 

 

« A Claude-Henri de Fusée de Voisenon

Ferney 23 février 1763 1

Mon très cher et très aimable confrère en même temps que c'est à ce que vous avez déjà fait connaître de vos talents que 2 etc . Voilà une belle phrase ! Il me paraît que mon cher évêque a un tout autre style . Je ne sais pas si votre teint était jaune ce jour-là, mais le coloris de votre discours était fort brillant.

En vous remerciant de la félicité et de la fleurette dont vous m'honorez 3, voulez-vous que je vous parle net 4? Ni Crébillon , ni moi ne méritons tant de bontés . Entre nous, je ne connais point une bonne pièce depuis Racine et aucune avant lui , où il n'y ait d'horribles défauts . Si vous avez jamais pu vous résoudre à lire tout Corneille, ce qui est une très rude pénitence, vous verriez que c'est lui qui a toujours cherché à être tendre ; il n'y a pas une de ses pièces, j'en excepte Chimène et Pauline où il n'y a ni ait un amour postiche et ridicule, très ridiculement exprimé .

C'est Racine qui est véritablement grand, et d'autant plus grand qu'il ne paraît jamais chercher à l'être . C'est l'auteur d'Athalie qui est l'homme parfait . Je vous confie qu'en commentant Corneille, je deviens idolâtre de Racine . Je ne peux plus souffrir le boursoufflé et une autre grandeur hors de nature .

Vous savez bien, fripon que vous êtes, que les tragédies de Crébillon ne valent rien et je vous avoue en conscience que les miennes ne valent pas mieux 5. Je les brûlerais toutes si je pouvais, et cependant j'ai encore la sottise d'en faire comme le président Lubert jouait du violon à 70 ans quoiqu'il ne jouât fort mal et qu'il fût cependant le meilleur violon du parlement 6.

Savez-vous la musique ? Tenez, voilà ce qu'on m'envoie 7, je vous le confie, mais ne me trahissez pas .

Vous embrassez Mme Denis . Eh bien elle vous embrasse aussi, mais elle est bien malade . Je lui lirai votre discours dès qu'elle se portera mieux . J'ai envie de vous faire une niche, de copier tout ce que vous me dites de la duchesse de Gramont et de lui envoyer ; je n’ai l'honneur de la connaître que par ses lettres où il n'y a jamais rien de trop, ni de trop peu et dont chaque mot marque une âme noble et bienfaisante . Je lui ai beaucoup d'obligation, elle a été la première et la plus généreuse protectrice de Mlle Corneille . Il s'est trouvé heureusement que Mlle Corneille en était digne . C'est la naïveté, l'enfance, la vérité, la vertu même . Je rends grâce à Fontenelle de n'avoir pas voulu connaître cette enfant là .

Mon cher confrère, je ne souhaite plus qu'une chose, c'est que vous soyez bien malade, que vous ayez besoin de Tronchin, et que vous veniez nous voir . Je vous embrasse de tout mon cœur et en vérité je vous aime de même . Je vise à être un peu aveugle . Dieu me punit d'avoir été quelquefois malin, mais vous me donnerez l’absolution. »

1 Une copie contemporaine donne Diderot comme destinataire . Les éditions manifestent un flottement sur la date : janvier corrigé en février sur la copie Beaumarchais, et 28 puis 25 et enfin 23 pour quantième . La lettre de Voisenon n'est pas connue .

2 Allusion à la réception de Voisenon à l'Académie le 22 janvier 1763 (voir lettre du 9 janvier 1763 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/22/vous-etes-a-paris-a-la-source-de-tout-et-nous-ne-sommes-dans-6001833.html ) . les mots en italique figurent vers le début du discours de Saint-Aignan . L' « évêque » de Montrouge est Voisenon .

3 L’hommage rendu à V* dans son discours de réception : http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-labbe-voisenon

4 Réminiscence du Misanthrope , II, 1 .

5 Les jugements critiques de V* peuvent lui faire plus d'honneur que ses tragédies .

6 Voir Desnoireterres : La Comédie satirique au XVIIIè siècle, 1885 , p. 27-28 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4114432/f30.image

7 L’Hymne chanté au village de Pompignan .