09/05/2017
comme nos arrangements sont indispensables, et très aisés à faire, nous les terminerons à la première entrevue
... C'est, j'espère, ce que se disent Emmanuel Macron, son premier ministre et les membres du nouveau gouvernement . Alea jacta est .
Ou un mauvais avocat .
« A François Guillet, baron de Monthoux
Aux Délices, 24 juin 1762
Mme Denis et moi, monsieur, nous serons bien plus aises de vous voir avec Mme de Monthoux que de finir nos comptes .
Cependant comme nos arrangements sont indispensables, et très aisés à faire, nous les terminerons à la première entrevue .
Vous connaissez les sentiments respectueux avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire. »
09:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
Destructif de tout gouvernement. Comment trouvez-vous ce mot ?
... Parfaitement juste concernant les projets du FN (= Fake News ), heureusement remis aux calendes grecques .
Conclusions du procureur général Jean-Robert Tronchin, suite à la demande d’examen des ouvrages de Rousseau par le Petit Conseil. 19 juin 1762 (AEG, P.H. 4861)
« A Gabriel Cramer
[vers le 22 juin 1762]
Destructif de tout gouvernement.1
Comment trouvez-vous ce mot ?
Eh bien point de feuille de Jules César Shakespear . »
1 Ces mots figurent à la fin de la Conclusion de M. le procureur général J.-R. Tronchin sur le Contrat social et l'Emile datée du 19 juin 1762 . Voir : http://ge.ch/archives/15-condamnation-de-lemile-contrat-social-1761-1762
et : http://www.jstor.org/stable/40940638?seq=1#page_scan_tab_contents
00:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/05/2017
Vous êtes fait pour protéger le mérite ; c’est là, dans tous les temps, le partage des hommes supérieurs
... M. Macron, vous êtes prié de faire honneur à cette affirmation de Voltaire .
Foin du piston, où l'âne frottant l'âne [asinus asinum fricat], on n'a plus , venant de nos chers politiques qu'une odeur d'écurie . Mention spéciale à Marine Le Pen et Dupont-Aignan, symboles de l'amour vache, d'où une odeur d'étable / détestable .
Alors En Marche, d'un bon pas .
Hymne à la joie: https://www.youtube.com/watch?v=wRvoB6faG8w
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
A Genève 22 juin [1762]
Ma misérable santé, Monseigneur, me confine à présent auprès du docteur Tronchin. Je me joins à la foule de ces dévots, qui vont au temple d’Epidaure. Je vous assure que, quoique je sois dans la patrie de Jean-Jacques Rousseau, je trouve que vous avez très grande raison, et je ne suis point du tout de son avis. Il n'y a que lui qui soit assez fou pour dire 1 que tous les hommes sont égaux et qu'un État 2 subsister sans subordination . Il a poussé la démence de ses paradoxes jusqu'à dire que si un prince trouvait la fille du bourreau honnête et jolie 3, il devrait l'épouser, et que son mariage devrait être approuvé de tout le monde 4.
Je me flatte que vous distinguez les gens de lettres de Paris de ce philosophe des Petites-Maisons . Mais vous savez que, dans la littérature comme dans les autres états, il y a un peu de jalousie. On accusait Corneille d’avoir favorisé le duel, et d’avoir violé toutes les bienséances dans le Cid ; on reprochait à Racine d’avoir mis les principes du jansénisme dans le rôle de Phèdre . Descartes fut accusé d’athéisme, et Gassendi d’épicurisme . La mode aujourd’hui est de prétendre que les géomètres et les métaphysiciens inspirent à la nation le dégoût des armes, et que si on a été battu sur terre et sur mer, c’est évidemment la faute des philosophes. Mais vous savez que les Anglais sont bien plus philosophes que nous, et que cela ne les a pas empêchés de nous battre.
Vous vous doutez bien, dans le fond de votre cœur, qu’il y a eu d’autres causes de nos malheurs, lesquelles ne ressemblent en rien à la philosophie. Vous êtes trop clairvoyant et trop juste pour vous laisser séduire par les cris de quelques envieux qui, ne pouvant atteindre au mérite de quelques génies que vous avez encore en France, tâchent de les décrier, afin qu’il ne reste plus à la nation aucune gloire. Vous êtes fait pour protéger le mérite ; c’est là, dans tous les temps, le partage des hommes supérieurs. Les bontés mêmes que vous avez toujours eues pour moi me font croire que vous en aurez pour ceux qui valent mieux que moi. Si la calomnie m’impute quelquefois des ouvrages que je n’ai point faits, elle empoisonne ceux dont ils sont les auteurs. Voyez comme on a traité ce pauvre Helvétius, pour un livre 5 qui n’est qu’une paraphrase des pensées du duc de La Rochefoucauld . Il n’y a qu’heur et malheur en ce monde. Mon heur est de vous être attaché jusqu’au dernier moment de ma vie avec le plus tendre et le plus profond respect.
V. »
2 V* a oublié « peut »
3Dans l'Emile , chapitre V : voir page 129 : http://www.rousseauonline.ch/pdf/rousseauonline-0022.pdf
4 L'édition de Kehl supprime la seconde moitié de ce paragraphe depuis Il n'y a que lui … : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-18-123050279.html
5 De l'esprit . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/De_l%27esprit
15:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je vous écris encore pour vous prier de ne pas m'oublier
... dit Fanfoué Hollande au peuple français en général, et à Julie Gayet en particulier, avant de devenir un membre supplémentaire du club des présidents retraités aux pensions disproportionnées .
On ne t'oubliera pas Fanfoué, l'histoire s'en chargera .
« A François Guillet , baron de Monthoux, à Annemasse . Recommandée à M. Mirabaud, à Genève.
21 juin 1762 , aux Délices
Monsieur, j'ai déjà eu l'honneur de vous écrire 1 que je suis dans la nécessité de régler mes affaires et que je vous priais d'envoyer un homme qui terminât nos comptes ou d'avoir la bonté de venir vous-même à votre loisir .
J'ai vainement attendu votre réponse .
Je vous écris encore pour vous prier de ne pas m'oublier .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire »
1 Voir lettre du 31 mai 1762 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/18/il-est-necessaire-que-nous-fassions-notre-compte-afin-que-no-5934233.html
00:17 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/05/2017
mettre toute votre humanité, toute votre vertu, toutes vos bontés, à faire connaître la vérité
... Bonne base de programme, non ? pour votre quinquennat M. Macron !
Nous en attendons de même des membres de votre gouvernement, bien que statistiquement les risques d'en avoir de moins sincères ne soit pas négligeable, aussi limitez en le nombre au strict nécessaire .
A suivre ...
Un animateur ! ça manquait cruellement jusqu'à présent .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grace Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
21 juin 1762
Mes divins anges, je suis persuadé plus que jamais, de l'innocence des Calas et de la cruelle bonne foi du parlement de Toulouse, qui a rendu le jugement le plus inique sur les indices les plus trompeurs . Il y a quelques mois que le conseil cassa un arrêt de ce même parlement , qui condamnait des créanciers légitimes à faire réparation à des banqueroutiers frauduleux . L'affaire présente est d'une tout autre conséquence ; elle intéresse des nations entières, et elle fait frémir d'horreur . On cherche toutes les protections possibles auprès de M. le comte de Saint-Florentin . On a imaginé que La Popelinière pourrait faire présenter à ce ministre la veuve Calas par André ou La Guerche .
Probablement La Popelinière m'écrira une lettre qu'il adressera chez vous . Je vous supplie de l'ouvrir . La veuve Calas qui doit venir vous demander votre protection lira cette lettre de La Popelinière, et se conduira en conséquence .
Daignez, mes anges, mettre toute votre humanité, toute votre vertu, toutes vos bontés, à faire connaître la vérité dans une affaire aussi essentielle . La poste va partir, je n'ai ni le temps, ni la force de vous parler d'autre chose, que de l'innocence opprimée, qui trouvera des protecteurs tels que vous.
Mille tendres respects .
V. »
23:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
c'est apparemment celui que vous m'aviez promis
... Dira Marianne , très au courant des sondages, en accueillant Emmanuel Macron à l'Elysée .
Les choses sérieuses vont (enfin ) commencer .
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 juin 1762]
J'attends du Pompée 1, mon cher Gabriel, et j'y suis plus attaché qu'à la Suite du Menteur 2.
J'ai reçu un mémoire de Montpellier, c'est apparemment celui que vous m'aviez promis ; il est détestable . Je n'en suis pas surpris, c'est un prêtre qui l'a fait , et qui pis est un prêtre poète .
Rousseau voulait aller haranguer le parlement, il aurait été pendu après sa harangue . Il est en Hollande chez son libraire, mais je ne sais pas s'il est chez Michel Rey ou Néaulme 3. »
1 Voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/CORNEILLEP_MORTPOMPEE.xml
2 Voir : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/CORNEILLEP_SUITEMENTEUR.xml7
3 Marc-Michel Rey a publié Le Contrat social ( voir : http://www.rousseauonline.ch/pdf/rousseauonline-0004.pdf ), et Néaulme l'Emile (imprimé à Paris par Nicolas-Bonaventure Duchesne : voir : http://blog.bnf.fr/gallica/index.php/2012/06/28/rousseau-... ).
19:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
Siccitas viscerum nulla arte curari potest / Il n'est pas d'art qui puisse guérir la sécheresse des humeurs
... C'est ainsi que je trouve moi aussi que Marine Le Pen, humainement, est inguérissable , et son discours qui "... forme une diarrhée ; ensuite l'érésipèle succède à la diarrhée, puis la diarrhée à l'érésipèle", choses peu appétissantes qu'elle ose nous présenter comme choses désirables . Heureusement cette maladie brune ne sera pas épidémique , si nous nous lavons soigneusement les mains par un vote réaliste .
« A Théodore Tronchin,
docteur à Genève
Vendredi matin 18è juin [1762] 1
Mon cher confrère, n'est-il pas vrai que tout corps animal est un laboratoire de chimie, beaucoup plus qu'une simple machine hydraulique ? Toutes nos liqueurs sont si âcres, si virulentes, si enflammées, qu'on en fait du phosphore . Le résidu de notre nourriture ne peut s'échapper que quand il a acquis un degré de corruption capable d'aiguillonner le mouvement péristaltique des intestins .
Heureux le mortels dont les entrailles sont souples, lubrifiées, entourées d'une graisse douce qui rend le jeu des ressorts facile ! Malheureux les mortels qui ont des entrailles sèches, dures ! Siccitas viscerum nulla arte curari potest 2! Je connais un de vos clients, dont les tristes viscères sont dans un funeste état . Il a eu une espèce d'érésipèle après avoir pris le lait d'ânesse . Cet érésipèle diminue, et disparaît même quand le résultat de la nourriture imprégné des parties corrosives qui sont dans la masse des humeurs force les intestins à lui livrer passage . Cela forme une diarrhée ; ensuite l'érésipèle succède à la diarrhée, puis la diarrhée à l'érésipèle , et voilà un pauvre homme bien accommodé .
Ma pathologie ainsi faite, mon pronostic est qu'on n'a pas longtemps à souffrir sur ce globule . Mon avis est qu'on tâche de souffrir le moins qu'on peut, et qu’on prenne les aliments les plus doux en la plus petite quantité . C'est ce que je fais en tâchant de dompter l'infâme passion de la gourmandise .
Si vous avez quelque secret meilleur que celui-là, dites-le moi, car il faut s'aider les uns les autres .
Mettez-moi aux pieds de Mme la duchesse d'Anville . Je me suis fait faire une paire de souliers, et un beau justaucorps exprès pour lui faire ma cour, mais je n'ai pu me parer encore . Je n’ai pu même aller chez Mme Constant ma voisine quand vous y étiez ; jugez si j'ai pu aller dans votre ville hérétique en risquant de rencontrer le consistoire dans les rues .
Mandez-moi je vous prie comment on prend à Genève le petit accident arrivé à Jean-Jacques 3, ce cruel ennemi de la médecine . Vos prêtres n'avaient pas le nez assez fin quand ils l'ont pris pour leur apôtre . Bonjour mon divin Esculape .
V. »
1 L'édition Tronchin B. est limitée à deux extraits .
2 Il n'est pas d'art qui puisse guérir la sécheresse des humeurs .
3 Comme on l'a vu, l'Émile fut condamné à Paris le 9 juin 1762 ; Genève condamna l'ouvrage le 11 . quatre jours avant cette lettre, Théodore Tronchin écrit à Vernes : « Je voudrais que ce malheureux homme [Rousseau] mourût […] car ses deux derniers ouvrages feront bien du mal ; on les a défendus ici ; mais à quoi sert une défense qui ne sert qu'à exciter la curiosité ? »
01:09 | Lien permanent | Commentaires (0)