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20/12/2017

je ne dirai pas, Dieu qui fait tout pour le mieux M'a fait une grande grâce

... Je ne le dirai ni même ne le penserai un seul instant, si bref soit il ; il vit sa vie -enfin, pour ceux qui croient en lui- , et moi la mienne, jusqu'au divorce de mon cerveau d'avec ma carcasse . Et ensuite si tout va bien, mes atomes pourront se recycler dans quelque chose d'utile à mes survivants , sans demander davantage, sans mendier un paradis auprès de VRP mitrés maniant plus facilement le baton qu'offrant la carotte .

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Hello E. T. ! What's new ?

 

« A Henri-Louis Lekain

A Ferney 27è janvier 1763 1

En attendant, mon grand acteur, que j'érige un monument à Corneille, Racine et Molière, je fais une œuvre plus plaisante ; je marie la nièce de Corneille, et ce qu'il y a de bon, c'est que tandis qu'on joue Dupuis à la comédie, je la marie à un Dupuits . Ce n'est pas le vieux Dupuis, c'est un jeune gentilhomme, officier de dragons, dont les terres touchent précisément les miennes . Je garde chez moi futur et future, et quand vous viendrez nous voir, nous jouerons tous la comédie ; je ferai l'aveugle à merveille, car je le suis ; mais je ne dirai pas,

Dieu qui fait tout pour le mieux

M'a fait une grande grâce,

De m'avoir crevé les yeux,

Et réduit à la besace 2.

V.

Je vous embrasse de tout mon cœur. »

1 Bien qu'il existe une copie Beaumarchais-Kehl, cette lettre ne figure pas dans l'édition de Kehl .

2 À la mendicité .

19/12/2017

Le sacrement du baptême est peu de chose en comparaison de celui du mariage

... Et à mes yeux, ils sont tous deux également surévalués, comme tous les prétendus sacrements de toutes les religions, sacré nom d'une pipe !

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Pas de sacrement hindouiste , mais des momeries débiles : pas prêt à me convertir, je vous l'assure !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

On n’a eu la lettre, pour père et mère, qu’après avoir fermé le gros paquet, mes anges auront donc toute l’endosse, personne ne sait ici où demeure le cousin, issu de germain, des Horaces et de Cinna. Mes anges ont du crédit ; ils protègent Marie, et ils feront trouver père et mère ; ils remettront entre les mains de nos anges l’extrait baptistaire demandé, supposé qu’il y en ait un , s’il n’y en a point, nous nous en passerons très bien. Le sacrement du baptême est peu de chose en comparaison de celui du mariage1»

1 La fin de la lettre a été arrachée et le texte fait défaut ; pour le passage présent, voir lettre du même jour aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/17/n-b-qu-on-pourrait-confier-cet-argent-a-la-mere-qui-le-ferait-durer.html

18/12/2017

L’avez-vous vue ? la connaissez-vous ? C’est une enfant gaie, sensible, honnête, douce, le meilleur petit caractère du monde

... Une Miss France, pour tout dire ! ou peu s'en faut, non ? Une rousse ( même teintée ) élue à Château-roux , c'était tout à fait à propos, ou comme dit Voltaire, "comme de cire" .

 

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Maëva Coucke  sera, à n'en pas douter, plus connue que 90% de nos ministres .

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, ancien conseiller au parlement de Rouen

Rue Saint-Pierre près du rempart

à Paris

26 janvier 1763 , à Ferney 1

Mon ancien ami, votre jolie relation du mariage du jeune Dupuis nous vient comme de cire 2; car figurez-vous que nous marions mademoiselle Corneille, dans quelques jours, à un jeune Dupuits d’environ vingt-trois ans et demi, cornette de dragons, possédant environ huit mille livres de rente en fonds de terre, à la porte de notre château, d’une figure très agréable, de mœurs charmantes qui n’ont rien du dragon. La différence entre ce Dupuits et celui de la comédie, c’est que le nôtre n’a point de père qui fasse des niches à ses enfants ; c’est un orphelin. Nous logeons chez nous l’orphelin et l’orpheline. Ils s’aiment passionnément ; cela me ragaillardit, et n’empêche pourtant pas que je n’aie une grosse fluxion sur les yeux, et que je ne sois menacé de perdre la vue comme La Mothe.

Avouez, mon ancien ami, que la destinée de ce chiffon d’enfant 3 est singulière. Je voudrais que le bonhomme Pierre revînt au monde pour être témoin de tout cela, et qu’il vît le bonhomme Voltaire menant à l’église la seule personne qui reste de son nom. Je commente l’oncle, je marie la nièce ; ce mariage est venu tout à propos pour me consoler de n’avoir plus à travailler sur des Cid, des Horace, des Cinna, des Pompée, des Polyeucte . J’en suis à Pertharite, ne vous déplaise, la commission est triste, et ce qui suit n’est pas trop ragoûtant ; il fallait que Pierre eût le diable au corps pour faire imprimer tous ces détestables fatras. Mlle Corneille, avec sa petite mine, a deux yeux noirs qui valent cent fois mieux que les douze dernières pièces de l’oncle Pierre. L’avez-vous vue ? la connaissez-vous ? C’est une enfant gaie, sensible, honnête, douce, le meilleur petit caractère du monde. Il est vrai qu’elle n’est pas encore parvenue à lire les pièces de son oncle, mais elle a déjà lu quelques romans ; et puis vous savez comment l’esprit vient aux filles 4.

Adieu, mon cher et ancien ami ; je vous embrasse le plus tendrement du monde.

V. »

1 Cideville avait dans une lettre du 17 janvier 1763 fait le compte-rendu de la comédie de Collé : Dupuis et Desronais ; voir lettre du 12 janvier 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/27/pour-les-comedies-ou-il-n-y-pas-le-mot-pour-rire-c-est-une-i-6003258.html

3 Marie-Françoise Corneille que V* nommait affectueusement Cornélie-chiffon .

4 Selon le titre d'un conte de La Fontaine : http://www.lafontaine.net/lesContes/afficheConte.php?id=47

une étoile bien singulière, si tant est qu’on ait une étoile

... Dédicace spéciale à tous les superstitieux  , gardons un peu les pieds sur terre, et utilisons la seule étoile qui vaille la peine, notre soleil, qui est capable tout à la fois de nous faire la peau et de nous nourrir .

 

 

« Voltaire

et Marie-Françoise Corneille

à Ponce-Denis Ecouchard Le Brun

A Ferney 26 janvier 1763

Puisque à la réception de ma lettre, monsieur, vous ne m’avez pas envoyé un parent de Racine pour épouser mademoiselle Corneille, nous avons pris un jeune cornette de dragons, de vingt-trois ans, d’une très jolie figure, de mœurs charmantes, bon gentilhomme, mon voisin, possédant à ma porte environ 10 mille livres de rentes en terres. J’arrange ses affaires, je donne une dot honnête, je garde chez moi les mariés. Il est juste que vous ayez la première nouvelle de cet arrangement, puisque c’est à vous que je dois mademoiselle Corneille. Il faut que votre nom soit au bas du contrat. Envoyez-moi un ordre par lequel vous me commettrez pour signer en votre nom.

Je ne sais pas où Mlles Félis et de Vilgenou demeurent. Je leur dois la même attention ; je vous supplie de leur faire rendre mes lettres, et de vouloir bien envoyer le paquet contenant leur réponse et la vôtre à M. Damilaville, premier commis du vingtième, quai Saint-Bernard. Je quitte la plume pour la donner à une main plus agréable que la mienne.



Vous êtes, monsieur, le premier auteur de mon bonheur, il m’en est plus précieux. Je me joins à M. de Voltaire pour vous dire que je serai toute ma vie avec la plus sensible reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissante servante.

Corneille.

Je présente mes obéissances à madame votre femme, que je n’oublierai jamais.



Je ne sais où prendre M. Du Molard . Si vous le voyez, monsieur, je vous prie de vouloir bien l’assurer de mes sentiments pour lui .

Soyez surtout persuadé de ceux que je vous ai voués bien sincèrement.

Il est plaisant que le nom de notre mari soit Dupuits, tandis qu’on donne le mariage de M. Dupuis à la Comédie. Cela est d’un bon augure : on dit que la pièce est très jolie . Notre Dupuits l’est aussi.

Avouez, monsieur, que Mlle Corneille a eu une étoile bien singulière, si tant est qu’on ait une étoile.

De tout mon cœur, votre très humble et très obéissant serviteur.

V.

Mes respects à madame Le Brun. »



 

17/12/2017

N. b. qu'on pourrait confier cet argent à la mère qui le ferait durer

...

 

 

« Voltaire

et Marie-Françoise Corneille

à Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Ferney 26 janvier 1763 1

Mes divins anges nous marions donc Mlle Corneille . Il est très juste de faire un petit présent au père et à la mère, mais dès que ce père a un louis il ne l'a plus, il jette l'argent comme Pierre faisait des vers ; très à la hâte . Vous protégez cette famille . Pourriez-vous charger quelqu'un de vos gens de donner à Pierre le trotteur vingt cinq louis à plusieurs fois afin qu'il ne jetât pas tout en un jour ? Je vous demande bien pardon, je sais à quel point j'abuse de votre bonté mais on n'est pas ange pour rien .

N. b. qu'on pourrait confier cet argent à la mère qui le ferait durer .2

Il y a plus . Vous sentez combien il doit être désagréable à un gentilhomme, à un officier d'avoir un beau-père facteur de la petite poste dans les rues de Paris . Il serait convenable qu'il se retirât à Évreux avec sa femme et qu'on lui donnât un entrepôt de tabac ou quelque autre dignité semblable qui n'exigeât ni une belle écriture ni l'esprit de Cinna . Je vous soumets ma lettre aux fermiers généraux 3. Si vous la trouvez bien je vous supplie de vouloir bien ordonner qu'elle soit envoyée . Peut-être même on trouverait quelque membre de la compagnie pour l'appuyer . Cet emploi n'aurait lieu si on voulait, que jusqu’à ce qu'on vît clair dans les souscriptions et qu'on pût assurer une subsistance honnête au père et à la mère . Je crois aussi qu'il est convenable que j'écrive à M. de La Tour du Pin, et que Marie écrive aussi un petit mot, quoiqu'elle dise à Mme Denis : maman, je sens que je n'ai pas de génie pour la composition .

 

Il est vrai que pour la composition ce n'est pas mon fort, mais pour les sentiments du cœur je le dispute aux héros de mon oncle . Je conserverai toute ma vie la reconnaissance que je dois aux anges de M. de Voltaire qui sont les miens . Je vous prie monsieur et madame d'agréer avec votre bonté ordinaire mon attachement inviolable, mon respect et si vous le permettez la tendresse avec laquelle je serai toute ma vie votre très humble et très obéissante servante .

Corneille .

 

D'ordinaire elle forme mieux ses caractères,mais aujourd'hui la main lui tremble . Mes anges lui pardonneront sans doute .

J'ai cru aussi qu'il était bon qu'elle écrivît à M. le comte de La Tour du Pin son parent . Il y a un petit mot pour son frère 4. Il ne le mérite guère après la manière indigne dont il s'est conduit si chrétiennement à l'aide de Fréron, mais cet abbé avait mis deux lignes au bas d'une lettre du comte à la mort de leur père, ainsi on peut faire ici mention de lui, et cela est honnête . »

1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais et suivie des autres éditions joint à cette lettre celle du 26 janvier 1763 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-4.html . Le mois a été ajouté au-dessus de la ligne apparemment par V* .

2 Phrase ajoutée dans la marge du bas .

3 On ne la connait pas .

4 L’abbé de la Tour-du-Pin, qui avait demandé une lettre de cachet pour enlever mademoiselle Corneille. (Georges Avenel.)

16/12/2017

Je renvoie trois cahiers de La Pucelle, qu'on ne peut pas honnêtement présenter pour présent de noces

... J'adore l'humour de ce Voltaire qui sait par ailleurs être aussi grivois en imageant le mariage comme étant une "ouverture de pâté" . Marlène Schiappa aurait-elle été capable de faire virer le patriarche de l'Académie comme France 2 a vidé Tex suite à la plainte portée par la demi-ministre féministe intégriste ?

http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/les-z-amours-... 

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Comprenne qui veut !

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[vers le 25 janvier 1763] 1

Je ne renvoie point la feuille T qu'on vient de m'envoyer . Il me faut un peu de temps pour adoucir certaines choses qui pourraient effaroucher, et nuire à la facilité du débit .

Si dans le reste du volume il se trouvait quelque chose d'un peu trop gai sur les Juifs on offrirait de faire un carton, et deux même, s'il le faut . Ce que je demande instamment, c'est que je ne sois pas nommé . .
Maintenant, venons à l'ouverture du pâté ; c'est un officier de cavalerie, devenu maître des comptes à Dole, qui se saisit de ce morceau, c'est un homme d'une très belle figure, et qui paraît fort aimable . Il faudra seulement vingt-quatre mille francs au mois de juin, ou au commencement de juillet . C'est Pierre Corneille qui marie toute la famille, voilà pourquoi je me suis adressé à monsieur Cramer . S'il peut faire fournir cet argent au commencement de juillet il faut qu'il prenne pour le reste les temps qui lui conviendront, et faire du total une somme ronde 2. Il pourrait même se charger des deux cents exemplaires qui resteront de la czarine 3. M. de Schouvaloff n'en a jamais demandé qu'une douzaine d'exemplaires, mais je crois qu'il en faudrait quelques uns de reliés .

J'ai toujours très approuvé, toutes les mesures, toutes la propositions, comme tous les soins que monsieur Cramer a bien voulu prendre . L'avantage que la famille Dupuits trouvera, me paraît considérable, je suis content, tout le monde doit l'être, et le sera . C'est à moi seul de régler avec monsieur Cramer, puisque c'est moi seul qui ait fait cette entreprise . Monsieur Cramer ne doit en aucune manière soupçonner qu'il y ait personne qui fasse la moindre difficulté, et qui ait le moindre scrupule ; tout ira très bien, moyennant vingt-quatre mille francs qu'on donnera à la fin de juin à celui qui doit ouvrir incessamment le pâté .

Je me flatte que monsieur Cramer se porte mieux, il n'en est pas de même de moi . Je renvoie trois cahiers de La Pucelle, qu'on ne peut pas honnêtement présenter pour présent de noces . Je prie monsieur Cramer de vouloir bien m'en faire avoir trois autres . On lui apportera T demain sans faute. »

1 L'édition Gagnebin place la lettre en février, ce qui est un peut trop tard .

2 V* ira jusqu'à estimer le produit du Corneille à 100 000 livres ( lettre à La Harpe du 22 janvier 1773 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2016/04/correspondance-... ) ; il ne descendra jamais en dessous de 50 000 livres . Ces considérations sont éclairées dans une certaine mesure par une lettre de Mme Denis à Cramer qui doit être sensiblement contemporaine : «  Mon cher ami nous marions Mlle Corneille à M. Dupuits, cela n'est décidé que d'hier, et il est très essentiel que ce mariage ne se déclare que dans quinze jours . Vous êtes et serez la seule personne à qui j'en ferai part avant ce temps-là, ainsi je vous demande le secret . Nous avons présenté l'affaire des souscriptions comme un objet qui peut aller au moins à cinquante mille francs comme j'ai tout lieu de l'espérer, et je vous supplie qu'en cas que Dupuits s'en informe à vous de ne nous pas démentir . Effectivement si nous pouvons avoir deux mille cinq cents souscriptions comme j'ai tout lieu de le croire cela ira beaucoup au-delà . Du reste nous sommes enchantés de l'affaire que nous faisons . Mlle Corneille trouve un jeune homme aimable qui a beaucoup de bien mais motus et vantez beaucoup nos souscriptions .

Je suis fort fâchée de n''avoir pas été à votre bal . Je n'ai pu quitter mon oncle et j'avais cette affaire à cœur . Adieu, gardez-moi le secret et surtout ne dégoûtez point de nos souscriptions . Je vous embrasse et vous aime de tout mon cœur . Denis . »

3 Ainsi Cramer pouvait vendre ne seconde fois des exemplaires qui étaient souscrits mais qui ne devaient pas être effectivement livrés . C'est dire à quel point V* avait bien conçu son projet, tant sur le plan financier que sur le plan « publicitaire » . La liste des souscripteurs comporte un total de 2992 exemplaires . Plusieurs centaines au moins ne furent pas livrés ; voir lettre du 20 février 1763 à Cramer : « … le roi ne veut point du tout qu'on lui envoie deux cents exemplaires, qu'il n'en demande que douze ... »

15/12/2017

Je n'ai pas osé, mais j'ose vous demander si je peux vous supplier de permettre

... , chers lecteurs, de faire un appel à Mam'zelle Wagnière, -bien connue par son beau blog MonsieurdeVoltaire, - afin qu'elle reprenne le moral, et la plume (ou du poil de la bête, selon ses préférences ) . Mille mercis pour ce cadeau .

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul-Stainville

et à

Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont

Ferney 25 janvier 1763 1

Monseigneur et madame,

Je n'ai pas osé, mais j'ose vous demander si je peux vous supplier de permettre que votre beau nom décore le contrat de mariage de Marie Corneille . Vous êtes ses protecteurs, elle vous doit tout . Son nom est aussi fort beau dans son genre : serait-ce trop présumer au milieu des réformes et de tant d'affaires ? Deux mots de votre main : Nous commettons la marmotte Voltaire pour signer en notre nom au contrat de mariage de la nièce à Pierre .

Agréez le profond respect de la marmotte .

Voltaire . »