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22/09/2016

Je souhaite que vous ayez des confesseurs, et point de martyrs, c'est une façon fort ridicule d'aller au ciel par une échelle

... Rien de nouveau sous le soleil !

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 Grands faits ! ah oui ! effectivement grands faits, se faire couper la tête, quel mérite ! j'en connais plus d'un qui s'en serait dispensé et même aurait inversé l'ordre des faits . Martyrs ! la belle affaire , régime perdant-perdant à coup sur .

 Seuls gagnants, les chefs religieux qui vivent de la crédulité de leurs ouailles en leur faisant miroiter un avenir radieux en qualité ( par défaut ! ) de martyrs .

- Inch Allah !

- Mektoub !

 

 

 

« A Jean Ribote-Charron etc.

à Montauban 1

J'ai écrit à M. le maréchal de Richelieu, comme vous le désirez, monsieur . Je crois que s'il n'y a point eu de procès-verbal, l'affaire peut s'accommoder . Il laisse la plus honnête liberté, mais il ne veut pas qu'on en abuse . Je souhaite que vous ayez des confesseurs, et point de martyrs, c'est une façon fort ridicule d'aller au ciel par une échelle 2.

J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

Au château de Ferney en Bourgogne par Genève

5è octobre 1761 . »

1 Une main étrangère a ajouté sur le manuscrit l'adresse de Ribote : « Chez M. Mantel et Delfau en foire / Bordeaux » et « débourser de Montauban » . La lettre contenant la requête de Ribote ne nous est pas parvenue , mais on connait celle qu'il adressa à Rousseau le 30 septembre 1761 ; ce dernier refusa d'intervenir . On a ici un des premiers épisodes concernant les relations de Voltaire avec les protestants du Midi ; voir le Pot-Pourri, chapitre VI et la notice de ce conte : voir : http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-101503&M=tdm.

Voir : https://books.google.fr/books?id=9lNYCgAAQBAJ&pg=PT1010&lpg=PT1010&dq=jean+ribote-charron&source=bl&ots=5r1jrr-xfD&sig=Tm0xIb2SgYOK0LkL8VnmrD93ZUg&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjt55S7rpHPAhVItxoKHXO3BwcQ6AEIJTAA#v=onepage&q=jean%20ribote-charron&f=false

Voir aussi : https://books.google.fr/books?id=vixxCwAAQBAJ&pg=PT83&lpg=PT83&dq=jean+ribote-charron&source=bl&ots=vTfuFtCmVt&sig=VsZfdFmVGLMrKXsJF32yGZwlqfM&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjm06PZr5HPAhVHvRoKHU-IC5EQ6AEIMjAD#v=onepage&q=jean%20ribote-charron&f=false

D'autre part, le même jour à minuit, Charlotte Constant de Rebecque écrivait à son mari : « Voltaire a reçu des reliques qui lui ont été envoyées par le pape pour son église, en attendant elles sont éparses sur la cheminée ; je compte aller à Ferney jeudi matin avec M. d'Albertas . On y joue Mérope lundi ; M. de Lauraguais est parti […]. » Le 28 septembre, Choiseul avait écrit à V* : « Le proverbe a raison qui mange chapon, chapon lui vient ; voilà ce que c'est que d'avoir de la foi . Notre très saint-père, acquiesçant à notre humble prière, m'a adressé cette relique pour votre église, avec l'authentique nécessaire pour que l'on ne puisse pas douter de la sainteté de l'ossement qui doit être mis dans votre cathédrale et de la vénération qui lui est due par les fidèles de votre paroisse ; confiez ce dépôt précieux à votre curé, brûlez ma lettre, je vous prie, et continuez d'aimer votre serviteur . »

2 L'échelle du gibet .

 

21/09/2016

Daignez faire ramasser cette goutte d'eau

... Aux péages de nos belles autoroutes, au malus automobile aussi pendant qu'on y est, et ô miracle 5000 emplois verront le jour fin 2017 . Y compris celui d'un second mandat Fanfoué ?

http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/decryptage/2016/09/19/29002-20160919ARTFIG00266-autoroutes-comment-l-etat-finance-les-projets.php

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« A Jean-Robert Tronchin Banquier

à Lyon

3 octobre [1761]

Pardon de la nouvelle importunité mais c'est pour vous informer mon cher monsieur que MM. Tourton et Baure doivent enfin vous payer 6500 livres . M. Tourton me l'a mandé . Daignez faire ramasser cette goutte d'eau puisque vous avez tant de bonté pour votre serviteur et ami .

V. »

 

20/09/2016

Si les vieillards doivent être hardis ils doivent être non moins actifs , non moins prompts . C’est le bel âge pour dépêcher de la besogne .

... Tenez le vous pour dit, Nicolas le persifleur, bien incapable d'un vrai travail de progrès, vous qui vous gaussez de l'âge d'Alain Juppé et êtes bien incapable de brasser autre chose que du vent du haut de vos perchoirs à perroquets , mi-girouette, mi-épouvantail à moineaux !

illustration karl lagarfeld

 

 

« A Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet

de l’Académie française rue Saint Nicaise

à Paris

3 octobre [1761] 1

Au Mercure, au Mercure ! Mais Marce Tulli memor sis pictoris Watelet 2. Mettez son nom dans la liste des bienfaiteurs cornéliens . Je vous trouve bien timide . C'est à nos âges qu'il faut être hardi . Nous n'avons rien à risquer . Aussi je m'en donne !...

Je vous avertis mon maître que j'ai commenté déjà presque tout Corneille avant que Gabriel Cramer ait encore fait venir le caractère de Paris . Si les vieillards doivent être hardis ils doivent être non moins actifs , non moins prompts . C’est le bel âge pour dépêcher de la besogne .

Je vous supplie de dire à l'Académie que je compte lui envoyer tout le commentaire pièce à pièce selon l'ordre des temps . Il faut qu'on pardonne à mon premier canevas . Je jette sur le papier tout ce que je pense au moment . L'Académie juge, je rectifie, je renvoie le manuscrit en mettant des nota bene en marge aux endroits corrigés et aux nouveaux . L'Académie juge en dernier ressort, alors je me conforme avec soin à sa décision, je polis le style, je jette quelques poignées de fleurs sur mes commentaires comme le voulait le cardinal de Richelieu . L'Académie dira peut-être, vous abusez de notre patience . Non messieurs , j'en use . Vous rendez service à la nation, vous fixez la langue française . Les commentaires deviendront grâce à vos bontés, une grammaire et une poétique au bas des pages de Corneille . On attend l'ouvrage à Petersbourg, à Moscou, à Yassi, à Kaminiek . L’impératrice de toutes les Russies a souscrit pour 8000 livres, et les fera compter à Gabriel Cramer, qui a déjà payé des graveurs .

Si l'Académie se lassait de revoir mon commentaire je serais très embarrassé . Je ne dois point m'en croire . Je peux avoir mille préventions . Il faut qu'on me guide . Un mot en marge me suffit . Cela me met dans le bon chemin . Marce Tulli, ménagez-moi les bontés et [la] patience de l'Académie . Interim, vive et [dilige me].3

N.B. – Ajoutez je vous supplie à l'endroit où je parle de nos académiciens :

M. le duc de Villars, M. l'archevêque de Lyon 4; M. l'ancien évêque de Limoges 5 .

Ce la ne vous coûtera que la peine d'insérer une ligne dans la copie pour le Mercure . »

1 Manuscrit olographe contresigné « Chammeville » .

2 Marcus Tullius [c'est-à-dire Cicéron] souviens-toi du peintre Watelet .

3 Manuscrit original endommagé ; on a comblé les lacunes grâce à une copie du comte d''Entraigues (Dijon) ; traduction : en attendant , vis et aime moi .

 

19/09/2016

Si vous voyez quelque académicien, mettez-lui le cœur au ventre

... Et si vous voyez quelque politicien, mettez-lui le sens des réalités en tête .

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Illustration du char de l'Etat tracté par un emplumé écervelé ?! On va surement progresser .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

3 octobre [1761] 1

Permettez-moi, mes anges, de vous demander si vous avez donné Polyeucte à M. Duclos. J’ai renvoyé deux fois Cinna et Pompée. L’Académie met ses observations en marge. Je rectifie en conséquence, ou je dispute ; et chaque pièce sera examinée deux fois avant de commencer l’édition. C’est le seul moyen de faire un ouvrage utile. Ce sera une grammaire et une poétique au bas des pages de Corneille ; mais il faut que l’Académie m’aide, et qu’elle prenne la chose à cœur. Je fatigue peut-être sa bonté ; mais n’est-ce pas un amusement pour elle de juger Corneille de petit commissaire 2 sur mon rapport ? Si vous voyez quelque académicien, mettez-lui le cœur au ventre. Je serai quitte de la grosse besogne avant qu’il soit un mois.

J’appelle grosse besogne le fond de mes observations ; ensuite il faudra non seulement être poli ; mais polir son style, et tâcher de répandre quelques poignées de fleurs sur la sécheresse du commentaire.

M. de Lauraguais, qui est ici, me paraît un grand serviteur des Grecs . Il veut surtout de l’action, de l’appareil. Vous voyez qu’il court après son argent, et qu’il ne veut pas avoir agrandi le théâtre pour qu’il ne s’y passe rien. Il dit qu’à présent Sémiramis et Mahomet font un effet prodigieux. Dieu soit loué ! On se défera enfin des conversations d’amour, des petites déclarations d’amour ; les passions seront tragiques, et auront des effets terribles ; mais tout dépend d’un acteur et d’une actrice. C’est là le grand mal ; cet art est trop avili.

Peut-on ne pas avoir en horreur le fanatisme insolent qui attache de l’infamie au cinquième acte de Rodogune ? Ah, barbares ! ah, chiens de chrétiens (chiens de chrétiens veut dire chiens qui faites les chrétiens) ! que je vous déteste ! que mon mépris et ma haine pour vous augmentent continuellement !

Madame de Sauvigny 3 dit que Clairon viendra me voir ; qu’elle y vienne, mon théâtre est fait ; il est très beau, et il n’y en a point de plus commode. Nous commençons par l’Ecossaise . Nous attendons qu’on joue à Paris le Droit du Seigneur pour nous en emparer.

Je suis bien vieux ; pourrai-je faire encore une tragédie ? qu’en pensez-vous ? Pour moi, je tremble. Vous m’avez furieusement remis au tripot, ayez pitié de moi. »

1 Date complétée par d'Argental .

2 Juger, travailler de petits commissaires, signifie juger de façon préliminaire, sans attendre la décision des chambres, quand les conseillers jugeaient et travaillaient chez le président ; Beuchot cite en note : « Nous jugions à huis clos de petits commissaires » voir : Regnard, Le Légataire universel, Ac. I, sc. 1 : vers 89-90 : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/REGNARD_LEGATAIRE.xml#A1

 

18/09/2016

Vous seriez bien étonné de trouver dans ce manuscrit quelques-unes de vos opinions, mais vous verriez que les anciens brachmanes qui pensaient comme vous et vos amis avaient plus de courage que vous .

...  Variante du XXIè siècle : "Et vous verriez que les anciens gaullistes qui pensaient comme vous [et qui d'abord pensaient , tout simplement] avaient plus de courage  que vous ."

Avis aux discoureurs de tout poil qui se disent inspirés par le grand Charles de * .

Trouvez-moi un rassembleur du peuple français dans cette meute de "Je suis le meilleur qu'il vous faut, votez pour moi, et les autres c'est de la m... !". Vous n'en trouvez pas ? étonnant ? non !

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« A monsieur le ministre Jacob Vernes

à Séligny

J'ai été malade, et de plus , très occupé, mon cher prêtre . Pardon si je vous réponds si tard sur le manuscrit indien ; ce sera le seul trésor qui nous restera de notre compagnie des Indes . M. de la Persillière n'a aucune part à cet ouvrage ; il a été réellement traduit à Bénarès, par un brame, correspondant de notre pauvre compagnie, qui entend assez bi[en]1 le français, et M. de Modave, commandant pour le roi, sur la côte de Coromandel, qui me vint voir il y a quelques mois, me fit présent de ce manuscrit . Il est assurément très authentique et doit avoir été fait longtemps avant l'expédition d'Alexandre, car aucun nom de fleuve, de montagne, ni de ville ne ressemble aux noms grecs que les compagnons d'Alexandre donnèrent à ces pays . Il faut un commentaire perpétuel pour savoir où l'on est, et à qui l'on a à faire .

Le manuscrit est intitulé Ezour Vedam, c'est-à-dire commentaire du Vedam . Il est d'autant plus ancien, qu'on y combat les commencements de l'idolâtrie . Je le crois de plusieurs siècles antérieur à Pythagore . Je l'ai envoyé à la bibliothèque du roi, et on l'y regarde comme un monument le plus précieux qu'elle possède . J'en ai une copie très informe, faite à la hâte, elle est aux Délices et vous savez que j'ai prêté les Délices à M. le duc de Villars .

Vous seriez bien étonné de trouver dans ce manuscrit quelques-unes de vos opinions, mais vous verriez que les anciens brachmanes qui pensaient comme vous et vos amis avaient plus de courage que vous .

Il est bien ridicule que vous ne puissiez consacrer mon église, et peut-être plus ridicule encore que je ne puisse la consacrer moi-même . Je vous embrasse au nom de Dieu seul .

Ferney 1er octobre 1761 . »

1 Le manuscrit est légèrement endommagé .

 

17/09/2016

il y a longtemps que je ne danse plus

... Ailleurs que devant le buffet !

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 http://www.ambafrance-nl.org/MeliMelo-no10-Danser-devant-le

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Ferney 1er octobre 1761

J'ai dîné aujourd’hui, mon cher correspondant, avec le conseiller d’État François, et avec le beau-père Labat 1. Mme Denis et Mlle Corneille ont été au bal, mais il y a longtemps que je ne danse plus .

Voici deux petits billets de change dont j'ai l'honneur de vous faire part . Je vous souhaite la continuation d'une santé meilleure que la mienne . Je suis assez malade depuis quelques jours, mais j'espère que je ne mourrai pas avant que mon église soit bénite .

Voilà donc M. Stanley parti après avoir souscrit pour dix exemplaires 2 en faveur de Mlle Corneille ; voilà tout ce qu'il a fait en France .

Voudriez-vous avoir la bonté de donner ordre qu'on nous envoyât un tonneau d'huile ? Attendu que Mlle Corneille mange beaucoup de salade ?

Votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Jean-Armand Tronchin devait épouser , en premières noces, Jeanne-Louise Labat de Grandcour le 4 octobre 1761 ; voir : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&p=jean%20armand&n=tronchin

 

16/09/2016

C’est un fardeau désagréable peut-être de relire deux fois la même chose

... Peut-être ? peut-être ! Mais le désagrément ne semble pas toucher l'homo politicus qui nous serine à qui mieux-mieux le même discours, non pas  deux fois seulement , mais sans arrêt, jusqu'à la nausée de l'auditeur . 

Plutôt que s'abrutir à écouter ces perroquets au beau plumage, je vous conseille de lire une fois, puis deux, et plus si affinité, Voltaire, et je vous défie de le trouver désagréable .

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A relire deux fois, pas plus pour éviter l'overdose et faire comme si on avait compris !

 

 

« A Charles Pinot Duclos

Du 1er octobre 1761

Je vous réitère, monsieur, mes remerciements aussi bien qu’à l’Académie, et je la conjure de ne se point lasser de m’honorer de ses avis. C’est un fardeau désagréable peut-être de relire deux fois la même chose ; mais c’est, je crois, le seul moyen de rendre le commentaire sur Corneille digne de l’Académie, qui veut bien encourager cet ouvrage. Il ne s’agit d’ailleurs que de relire les endroits sur lesquels l’Académie a bien voulu faire des remarques, et de voir si je me suis conformé à ses idées.

J’ai donc l’honneur de vous renvoyer le commentaire sur Pompée, corrigé et augmenté, avec les observations de l’Académie en marge, et des nota bene à tous les endroits nouveaux . Ce sera l’affaire d’une séance.

Vous avez dû recevoir le commentaire sur Cinna, revu et corrigé, avec l’esquisse du commentaire sur Polyeucte. Il n’y en aura aucun que je ne corrige d’après les observations que l’Académie voudra bien faire. Dès que vous aurez eu la bonté de me renvoyer Cinna, Pompée et Polyeucte, vous aurez incontinent les pièces suivantes. Je suis bien malade ; mais je ne ménagerai ni mon temps ni mes peines.

Je vous prie de présenter mes respects à la compagnie. »