03/02/2017
Il ne nous reste qu'à prier Dieu de nous donner de beaux jours
... Disent les fillonistes ET les anti-fillonistes ; Dieu reconnaitra les siens, évidemment .
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches , Major des
Gardes de M. le prince d'Orange, etc.
à Lausanne.
12 février [1762]
Dieu nous punit monsieur de vouloir jouer la comédie à la barbe de la sainte ville de Genève qui n'aime que le solide . Nous avons deux pieds de neige, et un pied de nez . Nous voilà en Laponie . Il ne nous reste qu'à prier Dieu de nous donner de beaux jours . Je les aurai quand je pourrai faire ma cour à madame d'Hermenches et à vous .
Je m'imagine que vous avez votre bonne part à Lausanne du châtiment céleste que nous éprouvons . »
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Je m'en irais en Égypte comme le bonhomme Joseph si je n'avais pas ici famille et affaires
... Allez savoir pourquoi, en lisant ceci j'ai automatiquement pensé à ce cher François Mitterrand qui fuyait lui aussi, régulièrement le froid de sa mère patrie, pour séjourner avec Anne Pingeot sous l'oeil de Ra . Avec lui aussi l'obligation de revenir jouir de sa présidentielle fonction . Et , contrairement à Joseph, sans avoir eu la visite des généreux donateurs, les rois mages .
« A Cosimo Alessandro Collini secrétaire
intime de Son Altesse Électorale Mgr
l’Électeur palatin
à Manheim
Aux Délices 12 février [1762] 1
Mon cher Collini avez-vous autant de vent et de neige que nous en avons ici ? Plus je vis moins je m'accoutume à ces maudits climats septentrionaux . Je m'en irais en Égypte comme le bonhomme Joseph si je n'avais pas ici famille et affaires .
J'ai envoyé à Son Altesse Électorale une tragédie que j'ai faite en six jours pour la rareté du fait ; mais je la supplie de la jeter dans le feu . Je l'ai corrigée avec le plus grand soin, et je la crois à présent moins indigne de lui être présentée .
Algarotti et Goldoni me flattent qu'ils seront à Ferney au printemps . Je voudrais bien que vous pussiez y être aussi . Je vous embrasse de tout mon cœur .
V. »
1 Collini a porté sur le manuscrit la date et un bref résumé de la lettre .
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Plus nous sommes attachés à la sainte religion de notre sauveur Jésus-Christ, plus nous devons abhorrer l'abominable usage qu'on fait tous les jours de la divine loi
... Dédicace spéciale famille Fillon qui au fond est une bande de cul bénits ayant opportunément oublié qu'il est plus facile à un chameau ( ou une voiture de sport, pour actualiser ) de passer par le chas d'une aiguille, qu'à un riche (tricheur de surcroit ) d'entrer au royaume de Dieu [Matthieu, 19-24]. Amen .
Beau ramassis de faux-jetons .
Si, si , Pénélope a travaillé, la preuve !
« A Jean Le Rond d'Alembert
[vers le 10 février 1762] 1
Si j'ai lu la belle jurisprudence de l'Inquisition ! Et oui morbleu je l'ai lue ; et elle a fait sur moi la même impression que fit le corps sanglant de César sur les Romains . Les hommes ne méritent pas de vivre puisqu'il y a encore du bois et du feu et qu'on ne s'en sert pas pour brûler ces monstres dans leurs infâmes repaires . Mon cher frère embrassez en mon nom le digne frère qui a fait cet excellent ouvrage . Puisse-t-il être traduit en portugais et en castillan .
Plus nous sommes attachés à la sainte religion de notre sauveur Jésus-Christ, plus nous devons abhorrer l'abominable usage qu'on fait tous les jours de la divine loi .
Il est bien à souhaiter que vos frères et vous donniez tous les mois quelque ouvrage édifiant qui achève d'établir le royaume de Christ , et de détruire les abus . Le trou du cul est quelque chose . Je voudrais qu'on mît en sentinelle un jésuite à cette porte de l'arche .
On a imprimé en Hollande le Testament de Jean Meslier . Ce n'est qu'un très petit extrait du testament de ce curé . J'ai frémi d'horreur à la lecture . Le témoignage d'un curé qui en mourant demande pardon à Dieu d'avoir enseigné le christianisme peut mettre un grand poids dans la balance des libertins . Je vous enverrai un exemplaire de ce testament de l'antéchrist , puisque vous voulez le réfuter . Vous n'avez qu'à me mander par quelle voie vous voulez qu'il vous parvienne . Il est écrit avec une simplicité grossière qui par malheur ressemble à la candeur .
Vraiment il s'agit bien de Zulime, et du Droit du seigneur ou de L’Écueil du sage , que le philosophe Crébillon a mutilé et estropié croyant qu'il égorgeait un de mes enfants ! Jurez bien que cette petite bagatelle est d'un académicien de Dijon ; et soyez sûr que vous direz la vérité . Mais ces misères ne doivent pas vous occuper . Il faut venir au secours de la sainte 2 vérité qu'on attaque de toutes parts . Engagez vos frères à prêter 3 continuellement leur plume et leur voix à la défense du dépôt sacré .
Vous m'avez envoyé un beau livre de musique 4 à moi qui sais à peine solfier . Je l’ai vite mis ès mains de notre nièce la virtuose . Je suis le coq qui trouva une perle dans son fumier et qui la porta au lapidaire . Mlle Corneille a une jolie voix, mais elle ne peut comprendre ce que c'est qu'un dièse .
Pour son oncle, le rabâcheur et le déclamateur, le cardinal de Bernis dit que je suis trop bon, et que je l'épargne trop 5.
J'ai fait très sérieusement une très grande perte dans l'impératrice de toutes les Russies . On a assassiné Luc, et on l'a manqué . On prétend qu'on sera plus adroit une autre fois . C'est un maître fou que ce Luc, un dangereux fou . Il fera une mauvaise fin, je vous l’ai toujours dit 6. Interim vale ; te saluto in christo salvatore nostro 7. »
1 Cette lettre est une réponse à celle du 29 janvier 1762 de d'Alembert, et la lettre suivante de V* sera du 25 février 1762, d'où la date proposée ce jour . D'Alembert : « Vous avez dû […] recevoir il y a peu de temps par M. Damilaville le Manuel des inquisiteurs […] L'auteur, ou plutôt le traducteur et l'éditeur [l'abbé Morellet] utile de cette abomination qu'il était si bon de faire connaître, m'a prié de vous présenter son ouvrage de sa part […] cet ennemi de la persécution qui travaille si bien à la rendre ridicule, est un [prêtre ?] ci-devant théologien ou théologal de l'Encyclopédie, qui nous a donné pour cet ouvrage l'article « Figure » où vous verrez entre autres que saint Ambroise ou saint Augustin (je ne sais plus lequel) compare les dimensions de l'Arche à celles du corps de l'homme, et la petite porte de l'Arche au trou du derrière […] Je ne sais si je vous ai prié de remercier M. le chevalier de Molmire de ses Étrennes aux sots, et M. le rabbin Akib de son Sermon […] Nous continuons à lire vos remarques sur Corneille, et nous venons de lire Héraclius […] ne critiquez Corneille que lorsque vous aurez deux fois raison ; il a un nom très respecté ; il est mort ; […] pour peu que Corneille soit justifiable par des raisons telles quelles dans les endroits où vous l'attaquez, vous êtes sûr d'avoir contre vous les pédants et les sots , qui déchireraient Corneille s'il n'était pas mort, et qui seront bien aises de vous déchirer parce que vous êtes vivant . Attendez-vous par exemple, au mal qu'ils diront de Zulime . Je ne ferai pas chorus avec eux, car cette pièce m'a fait beaucoup de plaisir, au moins dans le rôle principal ; j'y trouve la passion bien ressentie , bien exprimée, et bien différente de cet amour de ruelle qui affadit notre théâtre . Si par hasard vous connaissez l'auteur de L’Écueil du sage, dites-lui aussi , je vous prie, que son ouvrage m'a fait plaisir, qu'il est surtout très moral, et par cette raison digne de rester au théâtre ; […] J'y voudrais un autre cinquième acte ; la pièce eût été meilleure en quatre ou même en trois . Mais voilà ce que fait la superstition des règles . […] Que dites-vous de l'état fâcheux de votre ancien disciple [Frédéric] ? Il y a longtemps que je n'en ai pas reçu de nouvelles ; vous écrit-il toujours . Je le crois aux abois, et c'est grand dommage ; la philosophie ne retrouvera pas aisément un prince tolérant comme lui, par indifférence, ce qui est la bonne manière de l'être, et l'ennemi de la superstition et du fanatisme . »
2 Sainte , ajouté au dessus de la ligne sur le manuscrit .
3 L'édition Besterman porte à apprêter, ce qui est une faute manifeste .
4 La nouvelle édition des Eléments de musique théorique et pratique, 1762 .
5 Dans la lettre du 30 janvier 1762 .
6 Les lignes qui précèdent depuis On a assassiné …, ont été fortement biffées mais sont encore lisibles .
7 Entre temps porte-toi bien ; je te salue en Christ notre sauveur .
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02/02/2017
J'ai toujours été indigné contre ceux qui n'ont pas souffert l'honneur que vous leur avez fait, et qu'ils ne méritaient pas
... Dit Fanfoué Fillon à sa Pénélope adorée à son retour d'une dure épreuve d'assistante (parlementaire ?) : la représentation de son grand homme lors d'une fête locale et son courage d'avoir fait la danse des canards alors qu'elle était enceinte (de la veille ? ! ) .
Hep ! les Fillon, il est des canards qui rapportent gros ... et un Canard qui rapporte des vérités, that's life .
Viens Fanfoué ! on ne va pas se tuer au travail pour eux !
« A George Keate
Aux Délices 10è février 1762
Un travail forcé, monsieur, et une santé bien languissante, m'ont empêché longtemps de vous écrire : mais vous n'en avez pas été moins présent à mon esprit et à mon cœur . J'ai toujours été indigné contre ceux qui n'ont pas souffert l'honneur que vous leur avez fait, et qu'ils ne méritaient pas 1. Un jour, un grand seigneur passant par un village avec de l’excellent vin de Tokay en donna à boire à des paysans, qui le trouvèrent amer, et qui crurent qu'on se moquait d'eux .
J'ai commencé l'édition de Corneille . Je suis obligé de dicter presque tout, ne pouvant guère écrire de ma main , et je tâche de faire la paix entre Corneille et Shakespear, en attendant que nos rois daignent rendre la paix à l'Europe .
Votre Shakespear était bien heureux, il pouvait faire des tragédie moitié prose, moitié vers, et quels vers encore ! Ils ne sont certainement pas élégants et châtiés, comme ceux de Pope, et comme le Caton d'Adisson ; il se donnait la liberté de changer de lieu presque à chaque scène, d'entasser trente à quarante actions les unes sur les autres, de faire durer une pièce vingt-cinq ans , de mêler les bouffonneries au tragique . Son grand mérite, à mon avis, consiste dans les peintures fortes et naïves de la vie humaine .
Corneille avait assurément une carrière plus difficile à remplir ; il fallait vaincre continuellement la difficulté de la rime, ce qui est un travail prodigieux ; il fallait s'asservir à l'unité de temps, de lieu , d'action ; ne faire jamais entrer ni sortir un acteur, sans une raison intéressante ; lier toujours une intrigue avec art, et la dénouer avec vraisemblance ; faire parler tous ses héros avec une éloquence noble, et ne rien dire qui put choquer les oreilles délicates d'une cour pleine d'esprit, et d'une académie composée de gens très savants, et très difficiles 2.
Vous m'avouerez que Shakespear avait un peu plus ses coudées franches que Corneille . Au reste, vous savez combien j'estime votre nation . Je ne perds aucune occasion de lui rendre justice dans mon commentaire .
Vous me feriez un grand plaisir, monsieur, si vous vouliez bien me dire quel est l'auteur de la petite histoire de David, intitulée, The Man after god's own heart 3, et quel est l'évêché qu'on a donné à ce Warburton 4, qui a prouvé que Moïse ne connaissait ni paradis, ni enfer, ni l'immortalité de l'âme ; et qui de là conclut qu'il était inspiré de Dieu . Apparemment que cet évêque a pris le fils de Spinoza pour son chapelain .
I will be for ever dear sir your most faithfull and tender servant and friend 5
Voltaire . »
1 Allusion au livre de Keate sur Genève ; voir lettre du 22 juillet 1761 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/06/27/mon-cher-free-briton.html
et lettre du 16 avril 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/16/que-m-importe-qu-un-auteur-tragique-ait-du-genie-si-aucune-d.html
2 On trouve un passage très semblable à celui-ci dans l'Appel à toutes les nations : https://books.google.fr/books?id=BHhaAAAAcAAJ&pg=PA96&lpg=PA96&dq=Appel+%C3%A0+toutes+les+nations+voltaire&source=bl&ots=chaj_d0O4V&sig=Yha_kLtHJ90WjryvnMFay_CZbGA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj7xKX5xfHRAhXEChoKHWfsBpkQ6AEIOTAF#v=onepage&q=Appel%20%C3%A0%20toutes%20les%20nations%20voltaire&f=false
3 Voir lettre du 18 octobre 1761 à Le Bret : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/06/je-m-apercois-depuis-longtemps-que-rien-n-est-si-rare-que-de-5856229.html
4 William Warburton était évêque de Gloucester depuis 1759 : https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Warburton
et : http://www.universalis.fr/encyclopedie/william-warburton/
5 Je serai toujours, cher monsieur, votre plus fidèle et affectionné serviteur et ami .
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J’ai eu l’honneur de vous écrire un petit mot touchant une assez grosse partie de finances
... monsieur Fillon !
Signé : le juge d'instruction .
Qui sème le vent récolte la tempête , etc.
Et qui vole un oeuf vole un boeuf , ce qui n'est pas très rassurant quand c'est en bande organisée ; il semble que le détestable couple Balkany a fait école .
Fanfoué Fillon, amateur de vitesse, de voitures de sport, vous avez encore fait une sortie de route, la dépanneuse LR, conduite par un certain Nicolas S* actuellement en RTT, n'est pas disponible ; mettez le warning, le triangle, et marchez, marchez, on ne vous attend plus nulle part .
Belle tête de ... gagnant ?
« A Ami Camp
banquier à Lyon
Aux Délices , 10è février 1762 1
Vous voilà donc veuf,2 monsieur, et chargé seul de tout le fardeau ? mais vous vous en démêlerez bien, en attendant la première place de fermier général vacante .
J’ai reçu le petit group que vous avez eu la bonté de m'envoyer .
Voici une lettre de change qui n'est pas prête d'être acquittée, et qui restera probablement quelque temps dans votre portefeuille .
J’ai eu l’honneur de vous écrire un petit mot touchant une assez grosse partie de finances . Mme Dupuits, ma voisine, veut absolument que je lui prête douze mille francs à Pâques, pour acheter une compagnie de cavalerie à son neveu .
Mme d'Albertas, mon autre voisine, demande actuellement six mille francs pour son mari ; ce mari, premier président de la chambre des comptes de Provence, est actuellement à Paris . Voudriez-vous, monsieur, avoir la bonté de lui mander que vous avez de ma part deux mille écus à son service ; que je vous en ai prié ; qu'il n'a qu'à faire son billet à ordre, soit pour une année, soit pour deux, c'est à dire de six mille trois cents, ou de six mille six cents 3.
Mille tendres remerciements de toutes vos bontés .
V.
Je suppose que vous avez eu celle de faire donner quatre louis à Grenier dont j'ignorais la demeure . »
1 Original autographe à partir de la formule, cachet « Genève ».
2 Voir lettre du 20 janvier 1762 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/15/votre-mari-monsieur-va-bientot-quitter-votre-menage-pour-all-5899131.html
3 On voit donc que l'intérêt , pour ce genre de prêt était de 5% par an .
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01/02/2017
Vous trouvez dans le fond que je ressemble à ces vieux débauchés qui ont des maîtresses à soixante-dix ans : mais qu’a-t-on de mieux à faire ? Ne faut-il pas jouer avec la vie jusqu’au dernier moment ?
... N.B. - Ceci n'est pas autobiographique . Mais c'est sagement dit .
Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ... dit-on aussi .
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
Aux Délices 10 février [1762] 1
Puisque vous êtes si bon, monseigneur, puisque les beaux-arts vous sont toujours chers, Votre Éminence permettra que je lui envoie mon commentaire sur Cinna ; elle me trouvera très impudent ; mais il faut dire la vérité : ce n’est pas pour les neufs lettres qui composent le nom de Corneille que je travaille, c’est pour ceux qui veulent s’instruire.
La critique est aisée, et l’art est difficile. 2
Et je sens plus que personne cette énorme difficulté. Je reprendrai sans doute un certain Cassandre en sous-œuvre tant que je pourrai. Je suis trop heureux que vous ayez daigné m’encourager un peu. Vous trouvez dans le fond que je ressemble à ces vieux débauchés qui ont des maîtresses à soixante-dix ans : mais qu’a-t-on de mieux à faire ? Ne faut-il pas jouer avec la vie jusqu’au dernier moment ? n’est-ce pas un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme ? Vous êtes encore dans la fleur de votre âge ; que ferez-vous de votre génie, de vos connaissances acquises, de tous vos talents ? cela m’embarrasse. Quand vous aurez bâti à Vic, vous trouverez que Vic laisse dans l’âme un grand vide qu’il faut remplir par quelque chose de mieux. Vous possédez le feu sacré ; mais avec quels aromates le nourrirez-vous ? Je vous avoue que je suis infiniment curieux de savoir ce que devient une âme comme la vôtre. On dit que vous donnez tous les jours de grands dîners. Eh ! mon Dieu, à qui ? J’ai du moins des philosophes dans mon canton. Pour que la vie soit agréable, il faut fari quœ sentias 3. Contrainte et ennui sont synonymes.
Vous ne vous douteriez pas que j’ai fait une perte dans l’impératrice de Russie : la chose est pourtant ainsi ; mais il faut se consoler de tout. La vie est un songe ; rêvons donc le plus gaiement que nous pourrons. Ce n’est pas un rêve quand je vous dis que je suis enchanté des bontés de Votre Éminence, que je suis son plus passionné partisan, plein d’un tendre respect pour elle.
V. »
1 Le manuscrit est passé en dernier à la vente Sotheby, Londres le 11 juin 1968 . Bernis avait écrit à V* le 4 février 1762 .
2 Destouches, Le Glorieux, II, 5 .
3 Dire ce que tu penses ; Horace, Épîtres, I, 4 .
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31/01/2017
il est infiniment touché des charmes de madame l’ambassadrice ; mais comme il n’a que soixante et neuf ans, il attend qu’il en ait soixante et douze pour faire sa déclaration.
... J'ai des preuves ...
http://www.lepopulaire.fr/people/2017/01/16/hollande-reme...
- Pierre ! Feuille ! Ciseaux ! [* Roshambo ! en VO]
... - Mister president , j'ai gagné !
[autre sous-titre : - Mme :"J'en fumerai bien une ! - Mr : "Et celle-là , tu la veux ?"]
« A Bernard-Louis Chauvelin
Aux Délices 9 février 1762
Je présente au roi Cassandre mon maître, dans sa maison de campagne d’Ephèse ce projet de négociation 1 de votre excellence. Le roi mon maître 2 est prévenu pour vous de la plus haute estime ; il connaît votre esprit conciliant, fécond, juste, aussi estimable qu’aimable. Il m’a assuré qu’il sent tout le prix de vos conseils, et qu’il en a profité ; mais comme tous les princes ont leurs défauts, je vous avouerai qu’il y a des articles sur lesquels le roi mon maître est têtu comme un mulet. Il dit qu’on le regarderait en Macédoine comme un imbécile, s’il ignorait la naissance d’Olympie élevée dans sa cour, tandis qu’Antigone étranger est instruit de cette naissance ; que ses remords alors n’auraient aucun fondement, qu’ils seraient ridicules, au lieu d’être terribles ; que, de plus, cette ignorance de la naissance d’Olympie rentrerait dans les intrigues vulgaires de cent tragédies où un prince reconnaît dans sa maîtresse une ennemie ; et qu’enfin ce que vous croyez capable de soutenir l’intérêt serait capable de le détruire. Il m’a ajouté que les éclaircissements, les préparations, les longues histoires que cet arrangement exigerait jetteraient un froid mortel sur un sujet qui marche avec rapidité et qui est plein de chaleur. Je lui ai représenté toutes vos raisons, rien n’a pu le faire changer de sentiment. Assurez, me dit-il, M. l’ambassadeur d’Athènes qu’en tout le reste je défère à ses avis, que je suis pénétré pour lui de la plus vive reconnaissance, que je lui présenterai Olympie, si jamais il passe par la Macédoine 3 pour aller en Asie.
Je vous confierai qu’il est infiniment touché des charmes de madame l’ambassadrice ; mais comme il n’a que soixante et neuf ans, il attend qu’il en ait soixante et douze pour faire sa déclaration.
Pour moi, monsieur, il y a longtemps que je vous ai fait la mienne, et que je vous suis attaché bien respectueusement avec la plus tendre reconnaissance.
V.
Savez-vous que je perds infiniment dans l’impératrice de Russie ? Vous ne m’en soupçonneriez pas. »
1 Voir lettre du 8 février 1762 à d'Argental : « Les Espagnols ne se pressent pas . »
2 Cassandre .
3 C'est-à-dire Ferney pour aller à Versailles .
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