07/03/2017
les conversations sont à la glace, et les conversations amoureuses sont à l'eau de rose
... Ce qui résume tout à fait les relations fillonistes-sarkozystes du LR .
Pour les conversations amoureuses aussi me demanderez-vous ? Oui, même celles-ci, et ce n'est pas l'inénarrable et superflu Larcher qui peut dire le contraire, amoureux contrarié au moins, faux cul à coup sûr . Et il n'est pas le seul rallié , cocu, et content .
Ah qu'il est bon de vivre de la politique, il faut juste avoir un bon estomac pour avaler les couleuvres, et l'échine assez souple pour baisser la tête en évitant les baffes .
Ce qui reste du LR avec Fillon .
« A Etienne-Noël Damilaville
[vers le 30 mars 1762] 1
J'ai envoyé à mes frères cette petite relation , adressée à M. le duc de Villars 2, qui me vit esquisser Cassandre si vite, lorsqu’il était chez moi . Je prie mon cher frère, de dire au frère Platon, que ce qu'il appelle pantomime 3, je l'ai toujours appelé action . Je n'aime point le terme de pantomime pour la tragédie . J'ai toujours songé autant que j'ai pu à rendre les scènes tragiques pittoresques . Elles le sont dans Mahomet, dans Mérope, dans L'Orphelin de la Chine, surtout dans Tancrède . Mais ici toute la pièce est un tableau continuel . Aussi a-t-elle fait le plus prodigieux effet . Mérope n'en approche pas, quant à l'appareil et à l'action ; et cette action est toujours nécessaire, elle est toujours annoncée par les acteurs mêmes . Je voudrais qu'on perfectionnât ce genre qui est le seul tragique, car les conversations sont à la glace, et les conversations amoureuses sont à l'eau de rose […]»
1 L'édition de Kehl fond cette lettre incomplète dans celle du 4 avril 1762 , elle sera suivie par les éditions .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-11-122935273.html
2 Voir lettre du 25 mars à de Villars : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/02/rendez-vous-a-la-loi-respectez-sa-justice-elle-est-commune-a-5916803.html
3 Voir l'essai De la poésie dramatique, XXI, de Diderot, composé pour servir de préface au Père de Famille . Voir : http://www.wikipoemes.com/poemes/denis-diderot/le-pre-de-famille-et-le-discours-de-la-posie-drama521771816.php
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06/03/2017
Mandez-moi je vous prie, quel est le corps que vous méprisez le plus, je suis empêché à résoudre ce problème
... Si Voltaire hésitait , faute de preuves encore, de même j'hésite à savoir quel camp politique nous expose les plus méprisables candidats ou quels candidats s'imposent et prennent en otage leurs partis .
S'il est une seule chose à retenir de cette campagne présidentielle calamiteuse, c'est un moment de vraie volonté de bien faire donnée par Alain Juppé ce jour . Il est regrettable que des élections primaires vaseuses en aient décidé autrement . E la nave va ! comme dit Fellini , en attendant le naufrage .
Alain Juppé ne laisse aucun doute sur son choix et respecte sa parole , lui .
« A Jean Le Rond d'Alembert
A Ferney 29 mars 1762 1
Mon cher et grand philosophe, vous avez donc lu cet impertinent petit libelle 2 d'un impertinent petit prêtre 3 qui était venu souvent aux Délices et à qui nous avions daigné faire trop bonne chère . Le sot libelle de ce misérable était si méprisé, si inconnu à Genève que je ne vous en avais point parlé . Je viens de lire dans le Journal encyclopédique 4 un article où l'on fait l'honneur à ce croquant de relever son infamie . Vous voyez que les presbytériens ne valent pas mieux que les jésuites, et que ceux-ci ne sont pas plus dignes du carcan que les jansénistes .
Vous aviez fait à la ville de Genève un honneur qu’elle ne méritait pas . Je ne me suis vengé qu'en amusant ses citoyens . On joua Cassandre ces jours passés sur mon théâtre de Ferney, non le Cassandre que vous avez vu croquis 5, mais celui dont j'ai fait un tableau suivant votre goût . Les ministres n'ont pas osé y aller, mais ils y ont envoyé leurs filles . J'ai vu pleurer Genevois et Genevoises pendant cinq actes , et je n’ai jamais vu pièce si bien jouée, et puis un souper pour deux cents spectateurs, et puis le bal . C'est ainsi que je me suis vengé .
On venait de pendre un de leurs prédicants à Toulouse, cela les rendait plus doux, mais on vient de rouer un de leurs frères accusé d'avoir pendu son fils en haine de notre sainte religion pour laquelle ce bon père soupçonnait dans son fils un secret penchant . La ville de Toulouse, beaucoup plus sotte et plus fanatique que Genève, prit ce jeune pendu pour un martyr . On ne s'avisa pas d'examiner s'il s’était pendu lui-même, comme la chose est très vraisemblable . On l'enterra pompeusement dans la cathédrale, une partie du parlement assista pieds nus à la cérémonie, on invoqua le nouveau saint, après quoi la Chambre criminelle fit rouer le père à la pluralité de huit voix contre cinq . Ce jugement était d'autant plus chrétien qu'il n'y avait aucune preuve contre le roué . Ce roué était un bon bourgeois, bon père de famille, ayant cinq enfants en comptant le pendu . Il a pleuré son fils en mourant, il a protesté de son innocence sous les coups de barre . Il a cité le parlement au jugement de Dieu . Tous nos cantons hérétiques jettent les hauts cris, tous disent que nous somme une nation aussi barbare que frivole, qui sait rouer et qui ne sait pas combattre et qui passe de la Saint-Barthélémy à l’opéra-comique . Nous devenons l'horreur et le mépris de l'Europe . J'en suis fâché car nous étions faits pour être aimables .
Je vous promets de n'aller ni à Genève ni à Toulouse . On n'est bien que chez soi .
Pour l'amour de Dieu, rendez-moi aussi exécrable que vous le pourrez le fanatisme qui a fait pendre un fils par son père, ou qui a fait rouer un innocent par huit conseillers du roi .
Mandez-moi je vous prie, quel est le corps que vous méprisez le plus, je suis empêché à résoudre ce problème .
Interim vous savez combien je vous aime, estime et révère . »
1Edition « Lettre de M. de Voltaire à M. d'Alembert à l'occasion d'une brochure intitulée Lettre critique d'un voyageur anglais sur l'article « Genève » du Dictionnaire encyclopédique et sur la lettre de M. d'Alembert à M. Rousseau » , publiées avec une préface par R. Brown, ministre anglais à Utrecht » , Bibliothèque des sciences et des beaux-arts, La Haye, 1762, qui date à tort du 24 mars .Voir : https://books.google.fr/books?id=0rVaTV3TwyEC&pg=PA210&lpg=PA210&dq=Lettre+de+M.+de+Voltaire+%C3%A0+M.+d%27Alembert+%C3%A0+l%27occasion+d%27une+brochure+intitul%C3%A9e+Lettre+critique+d%27un+voyageur+anglais+sur+l%27article+%C2%AB%C2%A0Gen%C3%A8ve%C2%A0%C2%BB+du+Dictionnaire+encyclop%C3%A9dique+et+sur+la+lettre+de+M.+d%27Alembert+%C3%A0+M.+Rousseau&source=bl&ots=A2EwNHFJk4&sig=db02NY3XoZ9VrUQC7_hkwhUREX0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwifsOGkxsHSAhUJ1RQKHfnYCF0Q6AEIHDAA#v=onepage&q=Lettre%20de%20M.%20de%20Voltaire%20%C3%A0%20M.%20d%27Alembert%20%C3%A0%20l%27occasion%20d%27une%20brochure%20intitul%C3%A9e%20Lettre%20critique%20d%27un%20voyageur%20anglais%20sur%20l%27article%20%C2%AB%C2%A0Gen%C3%A8ve%C2%A0%C2%BB%20du%20Dictionnaire%20encyclop%C3%A9dique%20et%20sur%20la%20lettre%20de%20M.%20d%27Alembert%20%C3%A0%20M.%20Rousseau&f=false
2 Cet « impertinent petit libelle » était les Lettres critiques décrites dans la note ci-dessus . Il était en réalité l’œuvre de J.-J. Vernet, 1761 .
3 Pour V*, le « petit prêtre » était Robert Brown qui avait signé la préface ; c'est à lui qu'il continua d'attribuer l'ouvrage jusqu'à la troisième édition de 1766 ; voir Eugène Ritter : « Voltaire et le pasteur Brown », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, mars-avril 1904 : https://www.jstor.org/stable/i24286668
4 Un compte rendu de l'ouvrage de Vernet avait paru dans le Journal encyclopédique, Bouillon, 15mars 1762 . Voir page 73 : https://books.google.fr/books?id=fctgAAAAcAAJ&pg=PA1&lpg=PA1&dq=Journal+encyclop%C3%A9dique,+Bouillon,+15mars+1762&source=bl&ots=tV8YHWhFBL&sig=2AJb3KLgzQswyzVa8fjHKG2CL8g&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwibz56L-MHSAhXGvRoKHQZeDLQQ6AEIHzAB#v=onepage&q=lettres%20critiques&f=false
5 L'emploi de ce mot est récent en ce sens : il date seulement de 1752, d'après le Französisches etymologisches Wörterbuch de W. von Wartburg, 1946 .
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05/03/2017
les modes changent en France : c’était autrefois la mode de faire des campagnes glorieuses, d’être le modèle des autres nations
... Autrefois , oui !
Maintenant , c'est une autre affaire, ou plus exactement, d'autres affaires qui remplacent les orchestres symphoniques par des batteries de casseroles, ce qui est beaucoup moins euphonique mais plus approprié .
Je pense que vous avez bien saisi qu'il s'agit de campagne électorale, et non de campagne militaire, on fait couler de l'encre, pas du sang, il n'y aura pas de morts au champ d'honneur, l'honneur n'étant plus de mise depuis que la légalité tient lieu de seul argument pour camoufler des bassesses .
Et vive la Belgie une et indivisible !
« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville
rue des Saints-Pères
à Paris
Vous mandez, mon cher marquis, à ma nièce que ma lettre était bien extraordinaire 1; mais comme dans ce temps-là il se passait des choses beaucoup plus extraordinaires dans votre infâme ville de Paris, ma lettre était très sage. Certain discours 2 prononcé contre les encyclopédistes, certaines cabales, certaines persécutions, sont des orages auxquels un homme de mon âge ne doit pas s’exposer. La personne 3 dont vous parlez dans votre lettre à madame Denis ne peut pas, ou du moins ne doit pas, dire qu’elle a vu ce qu’elle n’a jamais vu. Ce serait une très grande infidélité et un crime dans la société d’accuser un homme dont on doit être très content, et de l’accuser après avoir eu sa confiance. Mais ce serait dans ce cas-ci un mensonge affreux. Ce que je vous dis est très exact, très vrai, et la personne en question n’a rien vu ni rien pu voir.
Au reste, les modes changent en France : c’était autrefois la mode de faire des campagnes glorieuses, d’être le modèle des autres nations, d’exceller dans les beaux-arts : aujourd’hui on ne connaît plus que des querelles pour un hôpital 4, des cabriolets, des fêtes de catins sur les remparts 5, et des persécutions contre des hommes sages et retirés. Si je ne suis pas sage, je suis au moins très retiré, et je ne veux pas donner lieu à des pédants de troubler ma retraite. Croyez que je suis instruit de bien des choses, et que j’ai dû écrire de façon à dérouter les curieux qui se trouvent sur les chemins ; mais croyez surtout que je vous aimerai toujours. Madame Denis vous en dira davantage ; mais elle ne vous est pas plus attachée que moi.
28 mars [1762]. »
1 On ne connait pas cette lettre qui peut être n'est pas récente .
2 Certainement le discours de Lefranc de Pompignan dont il a été souvent question , ou le réquisitoire d'Omer Joly de Fleury .
3 Nous ne savons pas de qui parle V* ici ; (Georges Avenel)
4 Voir l'Histoire du Parlement, chap. LXV (Georges Avenel ) . Voir lettre du 15 décembre 1760 à J. R. Tronchin :
et lettre du 13 août 1760 à d'Alembert et voir : Voir la Lettre de M. l'archevêque de Lyon [Antoine de Malvin de Montazet] primat de France, à M. l'archevêque de Paris, 1760 . Cette brochure traite de l'affaire des religieuses hospitalières du faubourg Saint-Martin-d’Hères, dont on reparlera .
5 Les remparts , très larges vers la porte Saint-Antoine étaient des lieux de promenade et de distractions ; des boulevards furent tracés plus tard sur leur emplacement .
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04/03/2017
On se rappelle tant de jugements iniques qui ont égorgé l'innocence avec le poignard de la justice
... Marine et Fanfoué II ne diraient pas mieux, eux qui adorent imager leurs propos sans vergogne .
Amis de Fanfoué II allez en nombre place du Trocadéro, ce lieu est habitué à recevoir les pickpockets et vous allez y soutenir l'un des meilleurs du genre . Je ne veux pas gâcher votre mérite, mais un voyage en bus gratuit ne demande qu'un effort dérisoire, et me rappelle ce type de sortie pour gogos, voyages gratuits avec visite obligatoire de divers magasins où l'égo de chacun le force à acheter au moins autant que son voisin de banquette . Troupeau panurgesque [sic] . Pathétique !
Tous avec Fillon rime avec Tous des couillons, comme le Bande d'abrutits sonnait Bon appétit grâce à Coluche .
Massacre des innocents : un rescapé , pas deux !
Heureusement, un peu plus de valeur dans ce monde grâce à cet homme : Sixto Rodriguez: https://www.youtube.com/watch?v=kj5U4nfoPik
« A Balthasar Espeir de Chazel 1
Au château de Ferney par Genève
27è mars 1762
J'ai grand intérêt, monsieur, que les anciens camarades s'aiment toujours , je l'ai été de monsieur votre père et je m'intéresse tendrement à lui . Je vous prie de l'assurer que je serai son ami jusqu'au dernier moment de ma vie .
Je saisis les offres d'amitié que vous me faites pour vous demander une grâce . C'est de vouloir bien monsieur m'instruire de la vérité, si on la peut découvrir dans l'horrible aventure des Calas . Deux des enfants de ce malheureux sont dans mon voisinage . Ils attestent le ciel et la terre . Ils émeuvent tous les esprits . Ils jurent que leur père était innocent, que c’était le plus doux des hommes et le meilleur des pères . Il a , disent-ils, crié au ciel jusqu'au dernier moment contre la fureur superstitieuse dont il était la victime . Il a pardonné à ses juges . Le dominicain qu'on a mis auprès de lui, dit qu'il voudrait mourir aussi saintement que cet infortuné . On ne lui a pu confronter aucun témoin oculaire . Il paraît physiquement impossible qu'il ait pu pendre son fils dans les circonstances où on le suppose . Cinq juges ont opiné à l'absoudre, les huit autres étaient des pénitents blancs, séduits et enivrés de l'horrible superstition d’un peuple insensé qui mettait le pendu au nombre des martyrs . Un seul de ces huit juges qui aurait écouté la raison en se rangeant à l'opinion des cinq juges raisonnables, aurait sauvé la vie à un innocent . Voilà monsieur ce qu'on dit, ce qu'on écrit, et qui remplit tous les étrangers d'indignation et de pitié . On se rappelle tant de jugements iniques qui ont égorgé l'innocence avec le poignard de la justice . On crie que nous sommes une nation odieuse, intolérante, superstitieuse, aussi atroce que frivole, qui passe des Saint Barthélémy à l'opéra-comique, qui sait rouer les innocents, et qui ne sait combattre ni sur mer ni sur terre . J'entends avec douleur tous ces reproches affreux . Le silence du parlement dans une occasion où il devrait publier son arrêt motivé, ferme la bouche à quiconque veut soutenir l'équité de son jugement . Enfin, monsieur, je vous supplie de me dire une vérité qui importe au genre humain .
Je dirais aux Cramer libraires à Genève que vous voulez bien que votre nom soit dans la liste pour quatre exemplaires de Corneille . Les libraires seuls se mêlent de l'édition . Mon unique occupation est de commenter un homme qui a fait honneur à sa patrie .
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Edition « Cinq lettres inédites de Voltaire », Nemausa, de Gaston Maruéjol, 1884-1885 .Voir : http://www.worldcat.org/title/balthazar-espeir-de-chazel-correspondence/oclc/646202281?referer=br&ht=edition
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03/03/2017
ayez la bonté de payer cent louis pour nos facéties . Il nous viendra des secours au mois de mai
"... Amis contribuables et encartés de tous partis, merci pour vos dons involontaires et forcés, nous faisons le show pour vous, un seul restera, le pire ou le meilleur [sic] . A 5% ce sera la jackpot pour quelques uns , et en mai "fais ce qu'il te plait", tout est encore possible . Ne pas oublier que l'expression de nos préférences tient compte de nos exigences financières personnelles ."
signé : Majorité des candidats à la présidentielle .
« A Ami Camp, Banquier
à Lyon
A Ferney 27 mars 1762 1
Mon cher correspondant, Joyar a pu vous dire qu'il n'a point de nièce qui fasse bâtir des théâtres, habille les acteurs, et donne à souper à cent cinquante personnes . Que voulez-vous que je fasse ? Il faut bien souffrir mon plaisir et le payer . Je vous demande donc son mois . Remettons à un autre temps la défalcation, et ayez la bonté de payer cent louis pour nos facéties .
Il nous viendra des secours au mois de mai . Avez-vous des nouvelles bien vraies sur la roue de Calas ? Était-il innocent ou coupable ? Voilà d'un côté ou d'un autre le fanatisme le plus horrible dans le siècle le plus éclairé . Mes tragédies ne sont pas si tragiques . Mille tendres amitiés .
V. »
1 L'édition Gaullieur limite cette lettre à un court extrait non daté ; Cayrol donne un autre fragment fondu à une « lettre » du 27 août 1762 avec J.-R. Tronchin pour destinataire .
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il est utile d’approfondir la vérité
... Ce que veut à tout prix éviter Fanfoué Fillon, et Marine Le Pen itou . Tous deux ont un discours identique -- copié-collé --, dès lors qu'il s'agit de faire la vérité sur leurs agissements, légaux bien entendu, indéfendables mêmement, pourtant . Ah ! les beaux candidats que nous avons là !
Réalité / fiction / instruction ?
Je dois dire que le peu d'estime que j'avais pour le Fanfoué II a fondu, comme des emplois fictifs plongés dans la Sarthe, en entendant les minables, ridicules attaques du candidat crevant de trouille de perdre son prestige en même temps que son gagne-pain de politicien surpayé .
Toujours inséparables, le maître es fraudes et l'élève ! c'est beau , un vieux couple !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI
A Ferney 27 mars [1762]
Vous me demanderez peut-être, mes divins anges, pourquoi je m’intéresse si fort à ce Calas, qu’on a roué ; c’est que je suis homme, c’est que je vois tous les étrangers indignés, c’est que tous vos officiers suisses protestants disent qu’ils ne combattront pas de grand cœur pour une nation qui fait rouer leurs frères sans aucune preuve.
Je me suis trompé sur le nombre des juges, dans ma lettre à M. de La Marche 1. Ils étaient treize, cinq ont constamment déclaré Calas innocent. S’il avait eu une voix de plus en sa faveur, il était absous. A quoi tient donc la vie des hommes ? à quoi tiennent les plus horribles supplices ? Quoi ! parce qu’il ne s’est pas trouvé un sixième juge raisonnable, on aura fait rouer un père de famille ! on l’aura accusé d’avoir pendu son propre fils, tandis que ses quatre autres enfants crient qu’il était le meilleur des pères ! Le témoignage de la conscience de cet infortuné ne prévaut-il pas sur l’illusion de huit juges, animés par une confrérie de pénitents blancs qui a soulevé les esprits de Toulouse contre un calviniste ? Ce pauvre homme criait sur la route qu’il était innocent ; il pardonnait à ses juges, il pleurait son fils auquel on prétendait qu’il avait donné la mort. Un dominicain, qui l’assistait d’office sur l’échafaud, dit qu’il voudrait mourir aussi saintement qu’il est mort. Il ne m’appartient pas de condamner le parlement de Toulouse ; mais enfin il n’y a eu aucun témoin oculaire ; le fanatisme du peuple a pu passer jusqu’à des juges prévenus. Plusieurs d’entre eux étaient pénitents blancs ; ils peuvent s’être trompés. N’est-il pas de la justice du roi et de sa prudence de se faire au moins représenter les motifs de l’arrêt ? Cette seule démarche consolerait tous les protestants de l’Europe, et apaiserait leurs clameurs. Avons-nous besoin de nous rendre odieux ? ne pourriez-vous pas engager M. le comte de Choiseul à s’informer de cette horrible aventure qui déshonore la nature humaine, soit que Calas soit coupable, soit qu’il soit innocent ? Il y a certainement, d’un côté ou d’un autre, un fanatisme horrible ; et il est utile d’approfondir la vérité.
Mille tendres respects à mes anges.
V. »
1 Selon Georges Avenel : « Dans cette lettre, qu’on ne nous a pas autorisé à reproduire, Voltaire dit que trois juges seulement se sont prononcés pour l’acquittement de Calas. » . Cependant, de nos jours, on connait bien cette lettre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/02/j-en-suis-hors-de-moi-je-m-y-interesse-comme-homme-un-peu-me-5916627.html
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02/03/2017
Rendez-vous à la loi, respectez sa justice, Elle est commune à tous, il faut qu'on l'accomplisse. La cabane du pauvre, et le trône des rois Également soumis entendant cette voix Elle aide la faiblesse, elle est le frein du crime .
... Le Pen et consorts, Balkany & son, Fillon, Sarkozy, et moult autres élus, que ne respectez-vous les lois que vous créez !
« A Honoré-Armand, duc de Villars
24 [25] mars 1762 1
Relation de ma petite drôlerie.
Hier, mercredi 24 de mars, nous essayâmes Cassandre ; notre salle est sur le modèle de celle de Lyon ; le même peintre a fait nos décorations ; la perspective en est étonnante : on n’imagine pas d’abord qu’on puisse entendre les acteurs qui sont au milieu du théâtre , ils paraissent éloignés de cinq cents toises. Ce milieu était occupé par un autel ; un péristyle régnait jusqu’aux portes du temple. La scène s’est toujours passée dans ce péristyle ; mais quand les portes de l’intérieur étaient ouvertes, alors les personnages paraissaient être dans le temple, qui, par son ordre d’architecture, se confondait avec le vestibule ; de sorte que, sans aucun embarras, cette différence essentielle de position a toujours été très bien marquée.
Le grand intérêt commença dès la première scène, grâce aux conseils d’un de nos confrères de l’Académie 2, qui daigna me suggérer l’idée de supposer d’abord que Cassandre avait sauvé la vie d’Olympie.
Seul je pris pitié d’elle, et je fléchis mon père ;
Seul je sauvai la fille, ayant frappé la mère.3
Dès ce moment, je sentis que Cassandre devenait le personnage le plus intéressant.
Le mariage, la cérémonie, la procession des initiés, des prêtres, et des prêtresses couronnées de fleurs, etc., les serments faits sur l’autel, tout cela forma un spectacle auguste.
Au second acte, Statira enfermée dans le temple, obscure, inconnue, accablée de ses infortunes, et n’attendant que la fin d’une vie usée par le malheur, reconnue enfin dans cette assemblée, l’hiérophante à ses genoux, les prêtresses courbées vers elle, ensuite Olympie présentée à sa mère, leur reconnaissance, firent le plus grand effet.
Cassandre, au troisième acte, venant prendre sa femme des mains de la prêtresse qui doit la lui remettre, et trouvant Statira dans cette prêtresse, fit un effet beaucoup plus grand encore. Tout le monde sentit par ce seul vers :
Bienfaits trop dangereux, pourquoi m’a-t-il aimée ?4
qu’Olympie aimerait toujours le meurtrier de sa mère ; de sorte qu’on ne savait qui on devait plaindre davantage, ou Cassandre, ou Olympie, ou la veuve d’Alexandre.
Au quatrième, les deux rivaux, Antigone et Cassandre, ont déjà fondu l’un sur l’autre, dans le péristyle même ; les initiés, les Ephésiens les ont séparés. Ils sont tous dans les coulisses du péristyle ; ils en sortent tous à la fois, divisés en deux bandes ; les portes du temple s’ouvrent au même instant, l’hiérophante et les prêtres remplissent le milieu du théâtre, Antigone et Cassandre sont encore l’épée à la main. C’est par cet appareil que commence le quatrième acte. L’hiérophante, après avoir dit aux deux rois,
Qu’osiez-vous 5 attenter, inhumains que vous êtes, etc.
continue ainsi :
Rendez-vous à la loi, respectez sa justice,
Elle est commune à tous, il faut qu'on l'accomplisse.
La cabane du pauvre, et le trône des rois
Également soumis entendant cette voix
Elle aide la faiblesse, elle est le frein du crime .
Elle dédie à l'autel l'innocente victime …
Tout dépend d'Olympie, et surtout de sa mère,
Elle a repris ses droits, ce sacré caractère
Que la nature donne et que rien n'affaiblit.
A son auguste voix Olympie obéit,
Obéissez comme elle, il faut tous deux attendre
Ce que doit prononcer la veuve d'Alexandre .6
Alors Cassandre prend la résolution d’enlever son épouse dans le temple même. Il la trouve au pied d’un autel. Cette scène a été très attendrissante ; et à ces mots :
Ma haine est-elle juste, et l’as-tu méritée ?
Cassandre, si ta main féroce, ensanglantée,
Ta main qui de ma mère a déchiré le flanc,
N’eût frappé que moi seule, et versé que mon sang,
Je te pardonnerais, je t’aimerais, barbare. 7
les deux acteurs pleuraient, et tous les spectateurs étaient en larmes.
Cet amour d’Olympie attendrissait d’autant plus qu’elle avait voulu se le cacher à elle-même, qu’elle ne s’était point laissée aller à ces lieux communs des combats entre l’amour et le devoir, et que sa passion avait été plutôt devinée que déployée.
Immédiatement après cette scène, Statira, qui a su qu’on allait enlever sa fille, vient lui apprendre qu’Antigone va la secourir, que son hymen était réprouvé par les lois ; elle la donne à son vengeur. Alors Olympie avoue à sa mère qu’elle a le malheur d’aimer Cassandre. Statira évanouie de douleur entre ses bras, Cassandre qui accourt, les divers mouvements dont ils sont agités, forment un tableau supérieur aux trois premiers actes.
Au cinq, Antigone arrivant pour soutenir ses droits, pour venger Olympie du meurtrier d’Alexandre et de Statira, apprend que Statira vient d’expirer entre les bras de sa fille ; elle a conjuré Olympie, en mourant, d’épouser Antigone. Les voilà donc tous deux dans le temple, forcés d’attendre la décision d’Olympie, et elle est obligée de choisir : elle promet qu’elle se déclarera quand elle aura rendu les derniers devoirs au bûcher de sa mère. Le bûcher paraît, elle parle aux deux rivaux, et n’avouant son amour qu’au dernier vers, elle se jette dans le bûcher.
La scène a été tellement disposée, que tout a été exécuté avec la précision nécessaire. Deux fermes, sur lesquelles on avait peint des charbons ardents, des flammes véritables qui s’élançaient à travers les découpements de la première ferme, percée de plusieurs trous ; cette première ferme s’ouvrant pour recevoir Olympie, et se refermant en un clin d’œil ; tout cet artifice enfin a été si bien ménagé, que la pitié et la terreur étaient au comble.
Les larmes ont coulé pendant toute la pièce. Les larmes viennent du cœur. Trois cents personnes, de tout rang et de tout âge, ne s’attendrissent pas, à moins que la nature ne s’en mêle ; mais pour produire cet effet, il fallait des acteurs et de l’action : tout a été tableau, tout a été animé. Madame Denis a joué Statira comme mademoiselle Dumesnil joue Mérope. Madame d’Hermenches, qui faisait Olympie, a la voix de mademoiselle Gaussin, avec des inflexions et de l’âme ; mais ce qui m’a le plus surpris, c’est notre ami Gabriel Cramer. Je n’exagère point ; je n’ai jamais vu d’acteur, à commencer par Baron, qui eût pu jouer Cassandre comme lui ; il a attendri et effrayé pendant toute la pièce. Je ne lui connaissais pas ce talent supérieur. M. Rilliet a joué le grand-prêtre, comme j’aurais voulu que M. Sarrazin l’eût représenté. Antigone a été rendu par M. d’Hermenches avec la plus grande noblesse. Je ne reviens point de mon étonnement, et je ne me console point de n’avoir pas vu ce spectacle honoré de la présence des deux illustres académiciens 8 qui m’ont daigné aider de leurs conseils pour finir mon œuvre des six jours. Eux, et deux respectables amis 9 à qui je dois tout, et que je consulte à Paris, ont fait mon ouvrage ; car malheur à qui ne consulte pas . »
1 L'édition de Kehl donne cette lettre datée inexactement et faussement adressée à d'Argental .
2 Bernis, voir lettre de ce dernier du 25 février 1762 ; voir lettre du 5 mars 1762 à Bernis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/02/21/11-5913431.html
3 Olympie, I, 1 .
4 Olympie, III, 4 .
5 Nous corrigeons le texte de Besterman, Qu'oseriez-vous attenter, inhumains que vous êtes, qui fait un vers faux ; et d'ailleurs ce vers a disparu de la version définitive , Ac. IV, Sc. 3.
6Olympie, IV, 3 .
7Olympie, IV, 5 .
8 Le cardinal de Bernis et d'Alembert .
9 Les d'Argental .
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