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09/02/2014

Il n'y a que les Genevois qui aient de l'argent dans ce pays-ci

... A savoir  le pays de Gex . Vérité du temps de Voltaire, vérité encore du temps de François 1er .

Par Genevois comprenez aussi ceux qui travaillent "sur Suisse" ou "en bas" comme on dit ici . La terre gessienne est remarquablement internationale et plus de cent drapeaux peuvent y flotter . Les salaires suisses sont plus attirants que les propositions de l'ANPE, sans conteste et depuis bien longtemps , et encore longtemps, je le crois . Grand bien fasse à ceux qui en profitent, et que ceux qui travaillent encore sur France perdent tout espoir de devenir un jour propriétaires gessiens, circulez ! pas d'argent, pas de terre !

 

genève argent sale.jpg

 

 

« A Jean-François Joly de Fleury 1

Aux Délices près de Genève

19 janvier 1759

Vous m'avez écrit, monsieur, que les intendants ne peuvent que le mal . Je sais que vous êtes du petit nombre qui font le contraire de ce qu'ils disent, et voici une occasion de faire du bien, et un bien dont toute ma famille aura pour vous une éternelle reconnaissance . Il est certain que la terre de Ferney ne pourrait jamais être vendue après mort 2, si elle perdait ses droits . Il n'y a que les Genevois qui aient de l'argent dans ce pays-ci . Aucun ne voudra d'une terre dégradée dans ses privilèges . Vous savez d'ailleurs que ces privilèges sont très peu de chose, presque rien, mais ce rien ôté, la terre entrerait dans le néant, elle ne rapporterait pas 1500 livres entre les mains d'un fermier, jamais ma nièce ne pourrait la vendre . Mgr le comte de La Marche y perdrait de beaux droits de mutation . J'avais d'abord imaginé d'implorer sa protection, celle de Mme de Pompadour et de M. le duc de Choiseul auprès de vous . Je trouve bien mieux d'implorer la vôtre auprès d'eux . Voici à peu près comme j'ai conçu que le brevet du roi pourrait être dressé pour épargner aux commis des affaires étrangères la peine d'en faire un 3. Si vous l'approuvez, je l'enverrai à M. le duc de Choiseul, et je me flatte qu'il ne fera nulle difficulté de le signer . Mais c'est à vous seul , monsieur, que je veux avoir l'obligation du succès, puisque vous seul êtes en état de certifier la justice de la demande . Cette grâce fera le bien de la terre et du pays, et de ma famille, elle sera même utile au roi, puisque le village enrichi dans quelques années sera en état de payer de plus fortes tailles . Si j'obtiens votre approbation et votre bienveillance dans cette affaire, j'enverrai une requête à M. le duc de Choiseul qui vous la renverra pour l’examiner ; et sur cette requête appuyée de votre avis, on dressera le brevet .

J’attends vos bontés et vos ordres, et je serai toute ma vie, monsieur, avec la reconnaissance la plus vive et la plus pleine de respect

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire »

1 Le destinataire non spécifié sur le manuscrit est trouvé par déduction , le texte ne laissant pas de doute .

2 V* a sans doute omis ici ma .

3 On voit tous les documents relatifs à cette affaire dans Appendice D177 (avril-mai 1759) de Besterman . Le projet auquel fait précisément allusion V* dans ce passage est la pièce VIII . Le brevet lui-même qui suit ce projet de très près est la pièce IX.

 

08/02/2014

On vend très bien des terres pendant la guerre, vu que cette guerre enrichit ...

... messieurs les entrepreneurs des vivres, fourrages, hôpitaux, vaisseaux, cordages, bœuf salé, artillerie, chevaux , poudre, et messieurs leurs commis et messieurs leurs laquais et mesdames leurs putains ."

Les termes sont forts, ils sont vrais .

Par exemple ...

 guerre terre israel zion.jpg

Que dire de plus, en réactualisant les faits, qui ne soit pas une évidence criante que les Etats, tant les démocratiques que ceux totalement opposés aux droits de l'Homme, connaissent et en profitent plus ou moins également . Ne serait-ce que par voie fiscale .

 

 

 

« A Claude-Adrien Helvétius

Aux Délices 19 janvier [1759]

Il est vrai, mon très cher philosophe persécuté, que vous m'avez un peu mis dans votre livre in communi martirum,1 mais vous ne me mettrez jamais in communi de ceux qui vous estiment et qui vous aiment . On vous avais assuré dites-vous que vous m'aviez déplu . Ceux qui purent vous dire cette chose qui n'est pas 2, comme s'exprime notre ami Suift, sont enfants du diable . Vous , me déplaire ? Et pourquoi et en quoi ! Vous en qui est gratia, fama,3 vous qui êtes né pour plaire, vous que j'ai toujours aimé et dans qui j'ai chéri toujours depuis votre enfance les progrès de votre esprit . On avait comme cela dit à Duclos qu'il m'avait déplu, et que je lui avais refusé ma voix à l'Académie 4. Ce sont en parties ces tracasseries de messieurs les gens de lettres et encore plus les persécutions, les calomnies, les interprétations odieuses des choses les plus raisonnables , la petite envie, les orages continuels attachés à la littérature qui m'ont fait quitter la France . On vend très bien des terres pendant la guerre, vu que cette guerre enrichit, et messieurs les trésoriers de l'extraordinaire, et messieurs les entrepreneurs des vivres, fourrages, hôpitaux, vaisseaux, cordages, bœuf salé, artillerie, chevaux , poudre, et messieurs leurs commis et messieurs leurs laquais et mesdames leurs putains . J'ai trois terres ici, dont une jouit de toute franchise comme le franc alleu 5 le plus princier, et le roi m'ayant conservé par un brevet la charge de gentilhomme ordinaire, je jouis de tous les droits les plus agréables . J'ai terres aux confins de 6 France, terre à Genève, maison à Lausanne, tout cela dans un pays où il n'y a point d'archevêque 7 qui excommunie les livres qu'il n'entend pas . Je vous offre tout, disposez-en . Cet archevêque dont vous me parlez ferait bien mieux d'obéir au roi, et de conserver la paix que de signer des torcheculs de mandements . Le parlement a très bien fait il y a quelques années d'en brûler quelques uns ; et ferait fort mal de se mêler d'un livre de métaphysique portant privilège du roi . J'aimerais mieux qu'il me fit justice de la banqueroute du fils de Samuel Bernard,8 Juif, fils de Juif, mort surintendant de la maison de la reine, maître des requêtes, riche de neuf millions et banqueroutier . Vendez votre charge de maître d'hôtel, vende omnia quae habes et sequere me 9 . Il est vrai que les prêtres de Genève et de Lausanne sont des hérétiques qui méprisent saint Athanase, et qui ne croient pas Jésus-Christ Dieu . Mais on peut du moins croire ici la Trinité comme je fais sans être persécuté . Faites-en autant . Soyez bon catholique, bon sujet du roi comme vous l'avez toujours été, et vous serez tranquille, heureux, aimé, estimé, honoré partout particulièrement dans cette enceinte charmante couronnée par les Alpes, arrosée par le lac et par le Rhône, couverte de jardins, et de maisons de plaisance, et près d'une grande ville où l'on pense . Je mourrais assez heureux si vous veniez vivre ici . Mille respects à madame votre femme .

V.

Notre nièce est très sensible à l'honneur de votre souvenir . »

1 Dans le commun des martyrs ; voir lettre du 24 décembre 1758 à Thieriot , note sur l'allusion d'Helvétius à Voltaire : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/01/09/nous-serons-plus-heureux-vous-et-moi-dans-notre-sphere-que-d-5267196.html

2 The thing that is not , euphémisme pour mensonge, utilisé par Swift dans les Voyages de Gulliver . Voir : http://www.shmoop.com/gullivers-travels/houyhnhnm-land.html

3 Crédit, réputation ; Horace, Epîtres, I, iv, 10 .

4 Voltaire a apporté son soutien . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Pinot_Duclos

5 Terme de droit féodal ; les terres de franc alleu étaient exemptes de toutes charges à l'égard d'un seigneur ; voir Emile Chéron, Etude sur l'histoire des alleux en France, 1888

6 V* a d'abord écrit en, remplacé par aux confins de .

7 Christophe de Beaumont, archevêque de Paris : http://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe_de_Beaumont

8 Samuel-Jacques Bernard, célèbre pour ses extravagances, qui firent qu'il vint à bout de la fortune de son père ; voir lettre du 11 avril 1754 à Mme Denis et http://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel-Jacques_Bernard_%281686-1753%29

9 Vends tout ce que tu possèdes et suis moi . Evangile de Mathieu, Marc et Luc .

 

07/02/2014

Voilà le chapelet qui défile ; voilà le magot qui s'en va

...

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

17 janvier [1759] 1

Voilà le chapelet qui défile ; voilà le magot qui s'en va . Mais, mon cher ami, j'aime cent fois mieux des terres où l'on est le maître, que de l'argent comptant avec une maison de plaisance sur le territoire où les prêtres sont maîtres . Je n'avais d'ailleurs dans mes Délices ni de quoi nourrir mes chevaux, ni bois pour me chauffer, ni blé pour ma maison . Me voilà Jacob indépendant d'Esaü . Il y a longtemps que j'y visais .

Affranchissez je vous en supplie cette lettre pour mon avocat au conseil 2. Grand merci de la toile 3. J'attends les fusils, le café, le sucre, le vin de Languedoc . Tout est dû à vos bontés . Pourriez-vous nous procurer cent livres de savon ? Nous faisons lessives immenses . Il faut penser à tout dans un ménage . On se promène dans le beau jardin des Délices comme au mois de juillet . Je plante, je bâtis . Je vous prie à dîner ou dans ma grande comté de Tournay ou dans ma châtellenie de Ferney, ou dans ma ferme des Délices à laquelle je donne la préférence .

Les nièces, les neveux, toute la famille transplantée vous embrasse .

V. »

1 Cachet Genève sur le manuscrit .

2 Lettre non retrouvée .

 

06/02/2014

Je peuplerai le pays de Gex de perdrix ; je voudrais le peupler d'hommes : Sed funerata est pars illa qua nunquam Achilles eram [je fais mon deuil de cette partie du corps qui jadis faisait de moi un Achille]

... Enfin, n'exagérons pas, cette partie de mon corps est encore bien vivante même si elle demande plus de repos que d'activité, c'est là mon tendon d'Achille .

Volti a fait son deuil de son désir de paternité .

Je constate qu'il est plus aisé de faire proliférer du gibier à plumes que des bipèdes à poils dans ce pays de Gex qui, pourtant, actuellement, est riche d'enfants de toutes nationalités ; il demeure suffisamment d'Achilles et de Cérès .

 achille.png

 

 

« A Charles de BROSSES , baron de Montfalcon
Aux Délices, 17 janvier [1759].
Distinguons les temps, monsieur ; vos biberons bourguignons vous ont dit qu'on n'arrachait pas les ceps pendant l'hiver ! Oui, quand on est en hiver; mais nous sommes dans le printemps, et jamais la saison n'a été plus favorable. Je plante actuellement à Tournay les vignes que M. Le Bault a eu la bonté de m'envoyer; le temps des gelées est passé ; ayez la bonté de ne pas croire ceux qui n'ont qu'une routine aveugle. Envoyez-moi vos vignes, et j'en réponds. Elles seront plantées avec la même célérité que votre escalier a changé de place, que les prés ont été réparés, les haies raccommodées, les fossés nettoyés et élargis, et le champ par delà la forêt labouré pour la première fois de sa vie. Si je meurs à la peine, vous jouirez du fruit de mes soins. Je présente mes respects et mes remerciements à monsieur votre frère 1.
Il serait mieux que je fusse lieutenant des chasses 2. Monsieur votre frère n'a point de gardes; et j'en ai. Je peuplerai le pays de Gex de perdrix ; je voudrais le peupler d'hommes : Sed funerata est pars illa qua nunquam Achilles eram.3
Est-ce monsieur votre frère ou monseigneur le comte de La Marche 4 qui fait des lieutenants ?
Il faudra bien que Charlot enlève ses bois avant la mi-mars, suivant l'ordonnance ; sans quoi tout le taillis serait perdu.5
Je crois, monsieur, qu'il vous convient de sacrifier au moins cinq cents livres pour la réparation du chemin de Prégny qui conduit à Tournay. Mme Galatin vous en supplie. Les embellissements que je fais à Tournay trois, ans avant le temps prescrit et le soin prématuré que je prends de la terre méritent cette légère condescendance de votre part. Dès que le chemin de Genève à Prégny sera en train, je vous prierai de donner vos ordres à Girod pour les corvées sur le chemin dont vous vous êtes chargé.
Vous dictez aussi bien que vous écrivez ; mais ayez soin de vos yeux. Conservez-moi vos bontés.
Mes respects à Mme de Brosses.

V. »

1 Le comte de Tournay : Claude-Charles de Brosses, comte de Tournay, frère du Président, né à Dijon le 18 mars 1713, mort le 21 janvier 1793, sans avoir été marié. Entré au service en 1729, il a fait les guerres d’Allemagne de 1732 à 1742 et s’est retiré en 1744 capitaine au régiment de Nice, élu de la noblesse en 1745, bailli de Gex de 1741 à 1771, il était très lié avec son frère, avec qui il demeurait. Le président de Brosses avait deux sœurs, Barbette et Charlotte, chanoinesses du chapitre noble de Neuville-les-Dames, près de Lyon ; la première, née en 1710, morte en 1750 ; la seconde, née en 1717, morte en 1776.

Pour De Brosses , voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Brosses

et : http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/2009/litterature-et-sciences-humaines/charles-de-brosses

et : Éloge , dans : http://books.google.fr/books?id=dhXd4V77IAAC&pg=PA22&lpg=PA22&dq=fr%C3%A8re+de+charles+brosses&source=bl&ots=CMepL8C5Gh&sig=PkVPY7TxhbhMmX6nWRpfwfI31QI&hl=fr&sa=X&ei=rpPzUs_nOsa50QWHoYHgCA&ved=0CGsQ6AEwCQ#v=onepage&q=fr%C3%A8re%20de%20charles%20brosses&f=false

2 Probablement de la permission de chasser accordée au mousquetaire Daumart, cousin maternel de Voltaire. Voir lettre du 5 janvier 1759 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/01/25/ce-sont-eux-qui-sont-les-dupes-car-ils-ne-savent-pas-jouir-5280721.html

3Citation inexacte de Pétrone, Satiricon, CXXIX, i : je fais mon deuil de cette partie du corps qui jadis faisait de moi un Achille .

4 Fils du prince de Conti et engagiste du pays de Gex. C'est lui que Voltaire désigne sous le nom de monseigneur Paramont, dans sa lettre à de Ruffey le 7 janvier 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/01/28/temp-9ee06d05759e36b154a1b0ee4b13e6d4-5283220.html

5Lettre de De Brosses du 12 janvier 1759 : « Il est vrai qu'on a mis un certain nombre de chênes au niveau des herbes pour certaines raisons à moi connues ; mais la faim de l'or ne contraint-elle pas les poitrines mortelles. »

 

05/02/2014

je ne doute pas qu'il ne se rende à vos justes représentations puisqu'elles ont pour objet le bien public

... N'est-ce pas monsieur le président ?

A moins que le bien public ne soit ici ,-manif pour tous-, qu'un bien privé et personnel à usage domestique et profitable pour le sacro-saint râleur enchristé ou non.

Avec Benoît (Poolvorde, pas Benoit-Renault 16 démodée ) rigolons un peu ; http://www.levif.be/info/actualite/insolite/benoit-poelvoorde-se-moque-de-la-manif-pour-tous-video/article-4000518617737.htm

 De son côté l'autre François pense lui aussi au bien public , en vendant sa Harley pense-t-il se convertir au Scoot ? : http://moto.caradisiac.com/Insolite-la-Harley-Davidson-du-Pape-aux-encheres-229

 

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« A Louise-Suzanne Gallatin Vaudenet

à Genève

M. le président de Brosses répond à la proposition des mille livres pour le chemin de Prégny 1 par ce vers du légataire universel,2 Comment donc mille francs ? Quinze ou vingt écus passe . Madame Gallatin obtiendra peut-être une réponse plus libérale . Je vais écrire pour cinq cents livres . Je me chargerai d'ailleurs de tout le chemin depuis les États de la république jusqu'au château, ou masure de Tournay . Je présente mes respects à monsieur et madame Gallatin . Je suis à leurs ordres pour ma vie .

Voltaire Aux Délices 16 janvier [1759] »

 

 

« "A Louise-Suzanne Gallatin Vaudenet

 

Il faut vous mettre au fait, madame,. Ce n'est point du tout l'argent de M. de Brosses dont il s'agit, c'est le mien . C'est moi et non lui qui donnerai les 500 livres . Mais il faut qu'il y consente par les conventions faites entre nous . Je serais étonné et affligé s'il ne se prêtait à un ouvrage si nécessaire . Il ne débourse rien, c'est moi seul qui paye . Vous pouvez , madame, lui écrire en conformité . Je vous en supplie même et je ne doute pas qu'il ne se rende à vos justes représentations puisqu'elles ont pour objet le bien public . Je vous présente mon respect aussi bien qu’à monsieur Gallatin .

Aux Délices 16/17 janvier [1759] 3»

2 Le Légataire universel, de Regnard, acte V, sc. vii, où il est question de 6000 francs .Vers 1780 : http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/REGNARD_LEGATAIRE.xml

3 Avec mention « Saint Jean 17 janvier 1759 » sur le manuscrit olographe .

 

Je n'ai pas un moment à moi

... Bonne année du cheval ,... sans fièvre .

http://www.youtube.com/watch?v=BmG0mPoWMkA

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« A Cosimo Alessandro Collini

gouverneur

de M. le comte de Bauer

à Strasbourg

Aux Délices 16 janvier [1759]

Comme j'ai ici toutes les pièces, je vais faire dresser un mémoire 1. Il faudra d'abord que vous fassiez assigner Smith par-devant le conseil de Francfort en réparation de votre arrêt injuste, que vous redemandiez deux mille écus qu'on vous vola, et vingt mille francs de dépens , dommages et intérêts . La ville déniera justice et alors je me fais fort de faire condamner Smith à Vienne sans qu'il en coûte rien . Mes compliments à Mme de Lussbourg . Je n'ai pas un moment à moi . Je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

1 Voltaire ayant appris que le prince de Soubise, nommé maréchal de France le 19 octobre 1758, dirigeait la marche de l'armée française du côté de Francfort-sur-le-Main, envoya bientôt à Colini un Mémoire contenant les principaux détails de l'avanie du mois de juin 1753, avec un modèle de lettre qu'il engageait son ancien secrétaire à adresser au nouveau maréchal. Colini ne fit aucun usage du Mémoire ni de la lettre. Le Mémoire, selon lui, était dicté par une juste animosité; mais certains personnages y étaient présentés sous un jour si défavorable qu'il crut devoir, même après la mort de Voltaire, laisser cet écrit dans l'oubli.

 

04/02/2014

Les huit mois de retardement me font beaucoup de peine . Ils ne prouvent rien d'agréable . Tout a bien mal tourné

... Hors la peine supposée, voilà à peu près ce que peuvent dire les footeux devant le manque de fiabilité brésilienne . Ils (les danseurs de samba ou footballers, parfois maçons ) sont bien meilleurs avec leurs pieds qu'avec leurs mains (quoiqu'ils ne soient pas en reste quand il s'agit de contrôler un ballon grâce à la main de Dieu) .  Il est vrai que la truelle et la pince à ferrailler sont d'un usage plus complexe et fatigant .

 Sao Polo n'a pas levé le petit doigt pour bénir cette "église païenne", mais de là à penser que c'est lui qui a fait tomber une grue   dessus ... En tout cas , ça ne me rassurerait pas d'avoir un toit si fragile au-dessus de la tête .

 

travaux stade brésil 2014.jpg

 

« Au baron Heinrich Anton von Beckers

Aux Délices route de Genève

16 janvier 1759 1

Monsieur, j'ai reçu l'honneur de votre lettre . Les huit mois de retardement me font beaucoup de peine . Ils ne prouvent rien d'agréable . Tout a bien mal tourné . Je vous ai une extrême obligation monsieur de de ne point retarder pour moi l'effet des bontés de Son Altesse électorale . J'en ai d'autant plus besoin que je suis obligé de rétablir entièrement la comté de Tournay dont j'ai fait l'acquisition dans mon voisinage des Délices ; et qu'on commence toujours par se ruiner dans une terre avant d'en pouvoir tirer le moindre avantage . Votre Excellence doit être instruite qu'il en coutera quelques florins pour le change . C'est une petite charge que Mgr l’Électeur a bien voulu supporter . Je compte incessamment avoir l'honneur d'envoyer à Votre Excellence mon reçu pour les six derniers mois de l'année 1758 . Vous n'ignorez pas que mon capital fut envoyé à Francfort dès le mois de novembre lorsque j’eus l'honneur de contracter . Par conséquent ce serait en novembre qu'aurait dû commencer mon année . Mais la facilité des paiements et l'ordre naturel ont semblé demander que je fusse payé de six mois en six mois au premier janvier et au premier juillet . Il est vrai que la première année je ne reçus des lettres de change qu'en février et que je ne fus payé qu'en mars . Mais je n'en suis que plus reconnaissant de la bonté que veut bien avoir Votre Excellence de me faire payer au premier janvier de cette année, et de m'avoir fait payer au premier juillet 1758 . Je n'avais pas besoin de cette attention obligeante pour vous être particulièrement attaché . Quelques soins que me donnent mes terres, j'espère toujours venir faire ma cour à Schuetzingen . Vous savez combien mon cœur appartient à Son Altesse électorale . Je fais mille vœux pour sa prospérité .

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les pus respectueux et les plus tendres

monsieur

de votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire »

1 Le manuscrit olographe porte la mention écrite par Von Beckers précisant que la lettre a été reçue le 21 et que réponse a été faite le 27 (on ne connait pas celle-ci).