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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

les vieilles têtes rongées de la teigne de la barbarie mourront bientôt

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

13è janvier 1769

 

Je vous renvoie, mon cher philosophe, votre chien danois i. Il est beau, bien fait, hardi, vigoureux, et vaut mieux que tous les petits chiens de manchon qui lèchent et qui jappent à Paris.

Votre discours est excellent, vous êtes presque le seul qui n'alliez jamais ni en deçà ni en delà de votre pensée. Je vous avertis que j'en ai tiré copie.

Le Mercure devient bon ii. Il y a des extraits de livres fort bien faits ; pourquoi ne pas y insérer ce discours dont le public a besoin iii? La Bletterie a juré à son protecteur et à sa protectrice iv qu'il ne m'avait point eu en vue et qu'il me permettait de ne pas me faire enterrer . Il dit aussi qu'il n'a point songé à Marmontel quand il a parlé de Bélisaire, ni au président Hénault quand il a dit que la précision des dates est le sublime des historiens sans talents v. J'ai tourné le tout en plaisanterie.

A propos du président Hénault, le marquis de Bélestat m'a écrit enfin qu'il était très fâché que j'eusse douté un moment que le portrait de Sha Abas et du président fussent de lui vi; qu'ils sont très ressemblants, que tout le monde est de son avis, et qu'il n'en démordra point vii. J'ai envoyé sa lettre à notre ami Martin . On a fait trois éditions de ce petit ouvrage en province, car la province pense depuis quelques années ; il s'est fait un prodigieux changement par exemple dans le parlement de Toulouse ; la moitié est devenue philosophe et les vieilles têtes rongées de la teigne de la barbarie mourront bientôt viii.

Oui, sans doute , je regrette Damilaville ix. Il avait l'enthousiasme de Saint Paul et n'en avait ni l'extravagance ni la fourberie . C'était un homme nécessaire . Oui, oui, l'A.B.C. est d'un membre du parlement d'Angleterre nommé Huet x, parent de l'évêque d'Avranches et connu par de pareils ouvrages . Le traducteur est un avocat nommé La Bastide ; ils sont trois de ce nom là . Il est difficile qu'ils soient égorgés tous les trois par les assassins du chevalier de La Barre.

Vous n'avez point de bons livres à Paris , Le Militaire philosophe xi, Les Doutes xii, L'Imposture sacerdotale xiii, Le polissonnisme dévoilé xiv; il parait tous les huit jours un livre dans ce goût en Hollande . La Riforma d'Italia xv, qui n'est pourtant qu'une déclamation, a fait un prodigieux effet en Italie. Nous aurons bientôt de nouveaux cieux et une nouvelle terre ; j'entends pour les honnêtes gens : car pour la canaille le plus sot ciel et la plus sotte terre est ce qu'il lui faut.

Je prends le ciel et la terre à témoins que je vous aime de tout mon cœur.

Par Dieu, vous êtes bien injuste de me reprocher des ménagements pour gens puissants xvi que je n'ai connus jadis que pour gens aimables, à qui j'ai les dernières obligations, et qui même m'ont défendu contre les monstres. En quoi puis-je me plaindre d'eux ? Est-ce parce qu'ils m 'écrivent pour me jurer que La Bletterie jure qu'il n'a pas pensé à moi ? Faudrait-il que je me brûlasse toujours les pattes pour tirer les marrons du feu ? Ce sont les assassins xvii que je ne ménage pas ; voyez comme ils sont fêtés, tome Ier et tome IV du Siècle. »

 

i Discours prononcé à l'Académie en l'honneur du roi de Danemark.

 

ii Lacombe a pris la direction du Mercure en juillet 1768, succédant à La Place ; V* lui écrira : « Enfin nous avons un bon Mercure » et souscrira à nouveau.

Page 143 : http://books.google.be/books?id=sJvdVcXBdSoC&pg=PA143...

 

iii Le Mercure de janvier n'en donnera qu'un bref résumé.

 

iv Duc et duchesse de Choiseul ; le duc a écrit à V* le 16 novembre 1768 : « L'abbé de La Bletterie n'a jamais dit que vous aviez oublié de vous faire enterrer ...; il ne vous a point eu en vue du tout dans les notes de son ouvrage ; il me l'a juré, et pour peu qu'on le connaisse, l'on est obligé de le croire. » Cf. lettre à Mme du Deffand du 26 décembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/25/q...

 

v Ce que vient de lui écrire Mme du Deffand le 5 janvier, ajoutant : « Personne ne lui en a fait l'application [à Hénault] », car , dit-elle, « La Bletterie parle des historiens, et le président n'a prétendu faire qu'une chronologie. »

 

vi A savoir les critiques contre Louis XV et le président Hénault contenues dans l'Examen de la nouvelle histoire de Henri IV ( que V* attribuera à La Beaumelle) ; cf. lettre à Hénault du 13 septembre, lettre à d'Argental du 18 septembre: http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/18/d...

, Mme Denis du 26 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/26/m...

, Mme du Deffand du 21 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/20/j...

 

vii Bélestat écrit à V* le 20 décembre 1768 pour assumer la paternité de l'ouvrage : « Je le lus il y a quelque temps à l'Académie, et je ne vois pas ce qui pourrait m'engager à le désavouer ... je ne souffrirais pas que qui que ce soit abusât de mon nom... ». Il se justifie ainsi : « La page 24 que vous avez fait copier est une critique vague de l'éducation raisonnée de la plupart des princes, et n'est applicable à aucun d'eux en particulier ... Quant au président Hénault, j'en ai dit ce qu'en pensent tous ceux qui sont versés dans notre histoire... »

 

viii L'abbé Audra lui a écrit le 20 novembre de Toulouse : « Vous ne sauriez croire combien augmente dans cette ville le zèle des gens de bien et leur amour et leur respect pour le patriarche de la tolérance et de la vertu ... Quant au parlement et à l'ordre des avocats, presque tous ceux qui sont au-dessous de l'âge de trente cinq ans sont pleins de zèle et de lumière, et il ne manque pas de gens instruits parmi les personnes de condition. »

 

ix Décédé en décembre.

 

x L'A.B.C. est attribué à V* ; le nom de Huet vient peut-être de celui de William Hewet qui lui demandait de patronner son Essai sur la religion et lui annonçait sa visite le 3 décembre 1758 ; cf. lettres à Mme du Deffand du 21 et 26 décembre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/25/q...

 

xi Édité principalement par Naigeon, d'après le manuscrit des Difficultés sur la religion, proposées au père Malebranche.

 

xii Doutes sur la religion, suivis de l'analyse du traité théologico-politique de Spinoza, par le comte de Boulainvilliers, qui peut être en réalité de Guéroult de Pival, 1767.

 

xiii Du baron d'Holbach, 1767.

 

xiv = Le Christianisme dévoilé du baron d'Holbach.

 

xv De Pilati di Tassulo.

 

xvi Le 2 janvier d'Alembert a écrit : « Vous voyez ... ce qui en arrive quand on les flatte ; ils trouvent mauvais qu'on se moque des plats auteurs qu'ils protègent ; on s'expose à de tels reproches quand on caresse ceux qui les font. » Page 218 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80039n/f223.image.p...

 

xvii Tant ceux qui condamnent à mort que ceux qui exécutent par fanatisme.

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11/01/2011 | Lien permanent

je vous écris encore. Les gens qui aiment sont insupportables.

... Persiste et signe .

Aimer Voltaire et Mam'zelle Wagnière est un bien dont je ne peux me passer . Aussi, mon philosophe préféré sera encore et toujours votre/notre compagnon de route bloggueuse .

 

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 Insupportables !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL

conseiller d'honneur du parlement

envoyé de Parme

rue de la Sourdière

à Paris
30 avril [1760].
O anges ! je mets tout sous vos ailes, tout retombera sur vous. Le nœud est bien mince ; Tamire est bien peu de chose. Madame, je suis son mari 1 . Eh! Nicodème, que ne le disais-tu plus tôt?
M. le duc de Choiseul semble avoir senti cela comme je le sens; il m'a écrit une lettre charmante 2. Mon divin ange, il paraît qu'il vous aime comme vous méritez d'être aimé. Dites-moi, en conscience, aurons-nous la paix ? Vous la voulez ; mais veut-on vous la donner ? est-ce tout de bon ? J'ai plus besoin de la paix que des sifflets. J'aime mieux les Chevaliers 3 que Ramire. Il n'y a que deux coups de rabot à donner aux Chevaliers, mais il manque à tout cela un peu de force. Je baisse, je baisse, je fonds; j'ai acquis de la gaieté, et j'ai perdu du robuste. Vous vous moquez de moi ; on peut faire quelque chose de Hurtaud. Ce petit drôle-là n'a mis que quinze jours à son œuvre 4. Nous allons jouer sur notre théâtre de Tournay, mais je ne peux plus même faire les pères; j'ai cédé mes rôles; je suis spectateur bénévole.
Mon cher ange, je deviens bien vieux; j'ai, je crois, cinq ou six ans plus que vous 5. Le temps va d'un tel pas qu'on a peine à le suivre.6
Je voudrais bien savoir si le chevalier d'Aydie, autre philosophe campagnard de mon âge, est à Paris, comme on me l'a mandé ; serait-il assez lâche pour se démentir à ce point ? au moins je me flatte que c'est pour peu de temps. Vous avez dû recevoir vingt pages 7 de moi l'ordinaire dernier, et je vous écris encore. Les gens qui aiment sont insupportables.

V. »

1 Parodie de ce que Ramire dit à Zulime, dans la tragédie qui porte ce titre, acte V, scène III, v. 61 :

« Madame, ainsi le veut la fortune jalouse,

Vengez-vous sur moi seul, Atide est mon épouse » .

Ces deux répliques résument le sujet de Zulime .

2 Lettre datée du 22 avril 1760, très drôle : « A Versailles, ce 22 avril [1760].

La lettre que vous me confiez datée de Frieberg du 25 mars [Ou plutôt du 26 ], mon cher solitaire me paraît d'autant plus extraordinaire que j'en ai vu une du même personnage et à peu près du même temps, qui n'avait pas le ton si fier . Quoi qu'il en soit, je vous prie d'assurer le roi de Prusse que je suis son humble serviteur, que je respecte profondément sa dignité de roi, mais qu'hors la personne de mon maître que j'aime, je ne me soucie pas plus des autres rois de la terre que des charriers de Touquin [Charretiers . Touquin est une petite ville de Seine et Marne . Choiseul a pu écrire aussi Tonquin .] , même de ceux de Berlin , s'il en reste dans ce petit et malheureux pays . Vous ajouterez à Sa Majesté prussienne, et je vous demande en grâce que je lui défie de jouer un tour approuvé des honnêtes gens à un ministre qui quitterait sa place avec le plus grand plaisir du monde, qui croit que la paix est un bien nécessaire et qui voudrait au prix de son sang la procurer, qui sert un maître qui ne veut pas acquérir un pouce de terrain sur le continent et qui consentira pour la tranquillité de son royaume de payer dans les autres parties du monde parce qu'il a été battu . Vous pouvez ajouter que je jure de bonne foi que je n'ai nulle ambition, mais en revanche j'aime mon plaisir à la folie,je suis riche ; j'ai une très belle et très commode maison à Paris ; ma femme a beaucoup d'esprit [Honorine Crozat du Chatel, aimable, dévote et vertueuse ] ; ce qui est fort extraordinaire elle ne me fait pas cocu ; ma famille et ma société me sont agréables infiniment ; j'aime à faire enrager d'Argental, à boire et à dire des folies jusqu'à 4 heures du matin avec M. de Richelieu . On a dit que j'avais des maîtresses passables , je les trouve, moi, délicieuses ; dites-moi , je vous prie,quand les soldats du roi de Prusse auraient douze pieds, ce que leur maitre peut faire à tout cela ; je ne lui connais que deux tours à me jouer, celui de me faire jeter un sort pour que je sois impuissant (si je m'en doute, j’irai à la messe de paroisse où, au prône,l'on exorcise les maléfices ) ou bien me faire ordonner par un article de la paix de lire une deuxième fois les Œuvres du philosophe de Sans Souci, sans goût, sans vers, etc., hors ceux qui sont pillés . Je vous avoue que véritablement ce serait un tour car je n'ai jamais rien lu de si ennuyeux . Au reste, votre réponse à la lettre de Luc est charmante,[Lettre du 15 avril 1760 au roi de Prusse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/14/eh-qui-etes-vous-donc-vous-autres-maitres-de-la-terre-5603105.html] excepté ce que vous dites de moi, qui n'est pas juste et que je ne mérite point . Je crois qu'il n'y a pas de mal que vous continuiez le commerce ; nous aurons le plaisir de voir de temps en temps comment un roi chante dans la rue des impertinences quand il a peur ; mais prenez garde de ne rien mettre dans vos lettres qui puisse être communiqué ; car j'ai des certitudes physiques que cet honnête homme de Luc fait une gazette des des confidences les plus intimes qu'il cherche à se procurer . Il faut prendre son parti ; nous n’embellirons pas ce naturel pervers ; mais s'il aboie, morde ou lèche, il faut suivre son système, faire le bien et même le sien dès que l’occasion s'en présentera, sans humeur de notre part, mais avec honneur . Mme de Pompadour vous aime de tout son cœur, elle le dit sans cesse ; je suis cause qu'elle ne vous a pas répondu parce que j'ai oublié de lui rendre la lettre que vous lui avez écrite , à laquelle je m'étais chargé de vous répondre que l'on ne pouvait pas faire ce que vous désiriez pour M. de Langallerie par cent mille raisons [On n'a pas la lettre par laquelle V* demande cette faveur pour son protégé sur le marquis de langallerie ; voir la lettre du 27 février 1757 à Jacob Vernes , et celle du 5 avril 1760 à d'Hermenches : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/04/il-y-a-de-grands-hommes-qui-se-consolent-de-la-perte-de-leur-5596743.html] . On n'a pas encore épuisé la classe des fils de blessés à l’École militaire, M.M. de Langallerie ne pourront y entrer de vingt ans d'ici ; le père et la mère ne peuvent pas être reçus en France comme regnicoles [Comme citoyens de ce pays .], dont je suis bien fâché . L'on m'a montré une Médime [Zulime-Fanime.] dont je suis enchanté ; j'aime mieux cette femme que toutes celles que j'ai aimées ; la chère épouse du héros n'est pas mal, mais le mari, Dieu me pardonne, il est un peu trop blafard . En tout les deux premiers actes, et le cinquième m'enchantent ; les deux autres seront bien au milieu . J'ai vu aussi deux chants de La Pucelle ; je les ai trouvés si jolis que je les viens de prêter à ma femme . Allons je perds mon temps à bavarder avec vous ; l'écriture et la mauvaise diction de cette lettre vous mettront à la torture . Mon amitié tendre et véritable pour vous obtiendra mon pardon . »

3 Tancrède.

4 Le Droit du seigneur .

5 Ou six est ajouté au dessus de la ligne .D'Argental était né le 20 décembre 1700.

6 « Vous allez d'un tel pas qu'on a peine à vous suivre « : Tartuffe, acte I, scène 1.

 

 

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30/04/2015 | Lien permanent

on s'est trompé, on a pris une copie pour une autre

... De ce fait, veuillez annuler l'obligation du contrôle technique pour les deux roues motorisés, [et in petto] au moins jusqu'après les élections présidentielles " précise Emmanuel Macron , sans autre explication ni commentaire ( inutiles, on le sait, il n'est pas temps de perdre de précieux électeurs .

https://www.francetvinfo.fr/societe/securite-routiere/le-...

La virée d'Emmanuel Macron sur le jet ski du diable - lindependant.fr

Les deux roues ? Yo man, je touche ma bille ! Hell's angel à donf !

Y a pas de roues sur un jet ski ? depuis quand ?

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 20 mai 1766]

Inveni illam praeclaram orationem funebrem quam mihi amicus miserat .1

Mais ayez pour agréable de me renvoyer le manuscrit qu'on vous a porté ce matin ; on s'est trompé, on a pris une copie pour une autre . Je vous remettrai le tout ensemble demain matin .

Quant au petit billet de M. le d. d. C.2 – tâchez je vous prie que ceux qui ont servi ne soient pas compromis . On ne peut ni ne doit s'opposer aux bontés de M. le D., si on s'y jouait on s'en trouverait très mal, mais il ne faut pas que je sois brouillé avec – pour avoir rendu service . Il me semble que quelque bonne tête devrait avoir la bonté de venir conférer avec moi .

J'ajoute qu'il serait bien étrange qu'on eût exigé de moi cette démarche et qu'on ne fût pas sûr du conseil – e viva . »

1 J'ai trouvé cette fameuse oraison funèbre que mon ami m'avait envoyée . Il doit s'agir de l’œuvre de Thomas mentionnée à propos de la lettre du 1er avril 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/06/m-6325583.html

2 Lettre de Choiseul signalée dans la lettre du 18 mai 1766 à Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/08/index.html

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12/08/2021 | Lien permanent

Il est bon d'avoir quelque chose d'assuré quand on se trouve transplanté en pays étranger

 ... Fut-ce transplanté volontaire ! n'est-ce pas Gérard 2par2, dès ce jour Popof par la grâce de (Ras)Poutine ; ridicules tous deux, sans conteste . Belle recrue  ! Obélix ex-gaulois chez les ex-soviets va dédier des ex-votos pas très orthodoxes à St Flouze .

Pinard/vodka : mêmes résultats, nez en aubergine, tronche de feu arrière

 popof_2par2_depardieu.jpg

 

 

« A Jean-Robert TRONCHIN

 à Lyon

 5 octobre [1757]

Nous allons donc meubler la maison du Chêne à Lausanne grâce à vos bontés mon cher monsieur et à celles de M. Camp . En attendant nous marions un des fils du général Constant avec la belle Mlle Pictet et nous unissons Lausanne à Genève .

On prétend ici qu'un comte de Gotter est arrivé à la cour de la part du roi de Prusse 1. Cette nouvelle excite un peu ma curiosité . On ne m'en écrit rien de Paris et je ne reçois d'Allemagne que des lamentations . Il serait difficile qu'un envoyé de Prusse fût à la cour et que la personne en qui vous avez tant de confiance n'en sût rien . Mandez-moi je vous prie ce que vous aurez pu en apprendre .

Que Laleu paye en octobre ou en novembre cela est bien égal , mais si les Anglais restaient trop longtemps sur nos côtes le trésor royal et l'hôtel de ville 2 pourraient ne pas payer si bien . Il est bon d'avoir quelque chose d'assuré quand on se trouve transplanté en pays étranger . Vous m'avouerez que si j'avais placé tout mon bien en Prusse comme on me le proposa , je ne meublerais pas si proprement la maison du Chêne . Bonsoir monsieur, l'oncle et la nièce sont à vous pour jamais comme de raison .

V. »

1 Voir lettre du même jour à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/02/n...

2 Placements de V* qui rapportent des rentes viagères .

 

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03/01/2013 | Lien permanent

il a fait un ouvrage impertinent . Il y a plus d'un livre respecté dont on pourrait en dire autant

... On peut l'affirmer en parlant de Gabriel Matzneff, et de quelques autres "intellectuels", qui ne se sont pas privés d'abus sexuels au vu et au su de tous, sans condamnation, et pire encore, étant récompensés . La lâcheté a vécu de beaux jours et n'est pas près de disparaitre : https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2688659-20200...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

12è novembre 1764 1

M. Marin, mon cher frère, se charge de faire imprimer avec permission, ma réponse à M. de Foncemagne ; je crois même que l'impression est déjà achevée . En tout cas, je vous envoie un exemplaire corrigé, dont je lui fais tenir un double . Montrez, je vous prie, cet exemplaire à votre ami M. de Beaumont . Je crois que l'article qui regarde les avocats ne lui déplaira pas . Je voudrais d'ailleurs avoir son avis sur le fond du procès . Je vous avoue que je serais tenté de proposer à M. de Foncemagne de prendre une demi-douzaine d'avocats pour arbitres . Il me paraît qu'on ne peut former que deux opinions sur cette affaire , l'une que le Testament attribué au Cardinal n'est point de lui ; l'autre , que s'il en est, il a fait un ouvrage impertinent . Il y a plus d'un livre respecté dont on pourrait en dire autant .

Tâchez, mon cher frère , d'animer frère Protagoras ; c'est l'homme du monde qui peut rendre les plus grands services à la cause de la vérité . Les mathématiques sont fort belles, mais, hors une vingtaine de théorèmes utiles pour la mécanique et pour l'astronomie, tout le reste n'est qu'une curiosité fatigante . Plût à Dieu que notre Archimède pût trouver un point fixe pour y pendre le fanatisme !

Il ne m'est venu aucun livre étranger ; on ne trouve pas un seul Dictionnaire philosophique actuellement dans toute la Suisse . Personne ne m'attribue cet ouvrage dans le pays où je vis ; il n'y a que des Fréron qui puissent m'en accuser à Paris ; mais je ne crains ni les Fréron ni les Pompignan . Ces malheureux ne m’empêcheront jamais de vivre et de mourir libre .

Je vous embrasse de tout mon cœur, er l'inf. »

1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais amalgame des versions déformées de quatre lettres ( la présente, celle du 23 novembre 1764, du 25 novembre et du 30 novembre) pour en faire deux datées du 23 et du 30 novembre 1764 .

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07/01/2020 | Lien permanent

Une des faiblesses de ce fou est de mentir impudemment

... Le monde irait mieux si effectivement il n'y avait qu'un seul fou menteur, mais le récent G7 a mis en lumière plusieurs de ces zozos malfaisants indignes d'être chefs d'états . Bolsonaro et Trump donnent le goût amer de l'histoire (ah merde l'histoire !) ; Trump félicitant Bolsonaro étant tout à fait logique quand on sait l'inefficacité du premier à éteindre les feux gigantesques qui ont ravagé la Californie l'an dernier, ce Donald, pompier incapable, ne peut être qu'admiratif pour le pyromane brésilien qui entre dans le livre des records . Notre planète est bien mal barrée .

Image associée

Tristement vrai !

 

« A Etienne-Noël Damilaville

6è juillet 1764

Mon cher frère, je ne perds pas le peu de temps qui me reste à vivre. Je me doute bien de ce que frère Cramer vous montrera ; mais je ne crois pas que cet ouvrage doive jamais être vendu avec privilège. Je vous demande en grâce de confondre tout barbare et tout faux frère qui pourrait me soupçonner d’avoir mis la main à ce saint œuvre 1. Je veux le bien de l’Église, mais je renonce de tout mon cœur au martyre et à la gloire éternelle. Sachez que Dieu bénit notre Église naissante . Trois cents Meslier, distribués dans une province , ont opéré beaucoup de conversions. Ah ! si j’étais secondé ! mais les frères sont tièdes, les frères ne sont point rassemblés . Ce malheureux Rousseau n’est fidèle qu’à son caprice et à son amour-propre. C’était assurément l’homme le plus capable de rendre de grands services ; mais Dieu l’a abandonné. Son Vicaire savoyard pouvait faire du bien ; mais cela est noyé dans un roman absurde qu’on ne peut lire. Enfin ce malheureux s’est rendu indigne de la bonne cause. J’ai été très fâché de l’excès de folie qui l’a porté à imprimer que je le persécutais . Il est toujours 2 triste qu’un homme qui a passé quelque temps pour notre frère fasse accroire qu’un de nous le persécute. Mais que voulez-vous ? ce pauvre homme m’ayant offensé, s’est imaginé que je m’étais vengé. Il ne connaît pas les véritables frères. Une des faiblesses de ce 3 fou est de mentir impudemment. Il se vante qu’on a voulu l’engager à écrire contre les jésuites . Quelle pitié ! Les parlements avaient bien besoin de Jean-Jacques ! Ils ont écrit eux-mêmes, et assurément mieux que lui.

Je vous embrasse pieusement, mon cher frère.

Ecr. l’inf »

1 Le Dictionnaire philosophique portatif (note selon Georges Avenel ).

2 Les éditions portent bien au lieu de toujours .

3 Les éditions ajoutent pauvre .

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28/08/2019 | Lien permanent

il n'y a point de bagatelle en amitié

...

 

« A François Tronchin

Conseiller d’État

rue des Chaudronniers

à Genève

A Ferney 30 juin [1764] 1

Je demande votre protection mon cher ami . Voici ce qui se trouve dans votre chancellerie concernant vos cadastres de Fernex .

« Une pose de bois, au bois Favel ou Tavel jouxte le bois de Gabriel Saunes du levant, le bois du seigneur de Fernex du couchant, le bois de Sarasin de bise et celui de Guichard Fontaine du vent . »

Je vous aurais une extrême obligation de vouloir bien me procurer une copie vidimée 2 authentique non seulement de cet article mais de tous les articles concernant les bois de Fernex.

M. Cathala paiera ce qu'il faudra pour cette besogne . Je vous demande pardon de vous importuner pour cette bagatelle, mais il n'y a point de bagatelle en amitié, et c'est un des meilleurs offices que maman et moi nous attendons de vos bontés.

V. »

1 Jean Sarasin a écrit le 28 juin 1764 à Wagnière pour essayer de « donner des éclaircissements sur les confins de [son ] bois du côté de l'occident. »

2 C'est-à-dire certifiée conforme après collation .

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19/08/2019 | Lien permanent

la meilleure manière de finir ces altercations qu'il suscitera sans cesse est un contrat qui ne lui laisse plus aucun pr

... Voici ce qu'in petto a dû se dire Juppé lors du passage de Sarkozy à Bordeaux, où visiblement le Nicolas buvait du petit lait (lui qui dit ne pas aimer boire de vin ) en se conduisant comme un saltimbanque ; qu'il profite bien de ces simili succès auprès de gogos flattés et flatteurs .

 

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« A Charles de BROSSES , baron de Montfalcon
Aux Délices, 14 novembre [1759]
Votre lettre, monsieur, a croisé la mienne . Elle fortifie les raisons que j'ai de me plaindre des mauvais procédés de Girod 1, qui ne m'a communiqué aucun papier concernant les droits d'une terre qui m'appartient pendant ma vie, pleinement et sans restriction.
Je suis persuadé que les délations 2 de cet homme ne vous séduiront pas, et que vous ne voudrez jamais avoir à vous reprocher d'avoir mis dans la balance le tort imaginaire de quelques écus avec le bien réel de vingt mille francs que je procure à la terre, après l'avoir achetée si chèrement.
Je continue très-certainement à faire le bien de la terre en agrandissant les prés aux dépens de quelques arbres : il faut que Girod soit bien ignorant pour ne pas savoir qu'un char de fourrage vaut trente-six livres au moins, et souvent deux louis d'or aux portes de Genève. Feu M. le bailli de Brosses avait toujours projeté ce que je fais.
Mais, monsieur, pour trancher toutes ces mauvaises difficultés qu'un homme aussi intéressé et aussi chicaneur que Girod me fera toujours, faites-moi une vente absolue de la terre que vous m'avez vendue à vie. Voyez ce que vous en voulez en deux payements.
La vente ridiculement intitulée par Girod bail à vie, comme si j'étais votre fermier ad vitam, est d'ailleurs une impropriété qu'il faut corriger ; et la meilleure manière de finir ces altercations qu'il suscitera sans cesse est un contrat qui ne lui laisse plus aucun prétexte de s'ingérer dans mes possessions. Je présume que ce parti vous agréera. J'attends vos ordres, et ce dernier marché sera aussitôt conclu que l'autre. Il sera doux alors de n'avoir à vous parler que de belles-lettres.

Votre très-humble obéissant serviteur.

V. »

2 Ces « délations » ont motivé une lettre du président citée en note dans la lettre du 9 novembre 1759 à de Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/11/18/ma-fortune-qui-me-met-au-dessus-des-petits-interets-me-perme-5492496.html

La lettre de ce jour croise une réponse de De Brosses à celle du 9 novembre 1759 : « De M. le président de BROSSES
Novembre 1759.
Vous avez vu, monsieur, par ma lettre qui a croisé celle que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, que je suis très-éloigné de penser à avoir aucune difficulté avec vous. Si vous l'aviez imaginé, vous auriez rendu peu de justice à mes sentiments à votre égard. C'est au contraire afin qu'il n'en puisse naître à l'avenir ( non entre nous, ce qui n'arrivera jamais), mais entre d'autres, que je crois qu'il est à propos pour tous deux de faire ce qui est ordinaire et d'usage en pareil cas, c'est-à-dire de dresser un état en forme et un procès-verbal de reconnaissance de l'état dans lequel était la forêt lorsque vous êtes entré en jouissance. J'ai mandé qu'on y procédât de concert et d'un commun accord avec vous; que l'on vous communiquât d'avance tout ce qu'il y aurait à faire, et que l'on prît votre jour, parce que sans doute vous ferez trouver quelqu'un de votre part à la rédaction de cette reconnaissance, qui est une pièce commune entre nous, tout de même que le traité que nous avons fait.
Quant à ce que vous me marquez que vous ne tirerez que 2000 livres de rente de Tournay, je puis à cela vous répondre en un mot qu'il n'a tenu qu'à vous d'en tirer 3200 livres; c'était, lors de notre traité, le prix du bail actuel, dont il y avait encore plusieurs années à écouler. Je vous ai remis en main ce bail avec la soumission du fermier de le continuer à 3300 livres. Vous avez exigé de moi la résolution du bail ; et il m'a fallu donner pour cela 900 livres au fermier, que je n'étais nullement curieux de lui donner. Que si le sieur Chouet s'est ruiné dans cette ferme, comme vous me l'écrivez, rien n'est plus adroit de sa part, car assurément on ne pouvait, au vu et su de tout le monde, être plus parfaitement ruiné qu'il l'était quand il est revenu de Livourne et qu'il a pris cette ferme. Il y a vécu plusieurs années. Il m'a bien payé : ce ne peut être que sur le produit de la ferme, puisqu'il n'avait rien d'ailleurs. Ce n'est pas que je n'aie été très-content de me défaire d'un homme tout à fait déraisonnable et toujours ivre, je le suis encore bien davantage de voir à Tournay une personne telle que vous. Et si, par l'événement de la décadence publique, j'ai fait un pas de clerc en troquant la jouissance de mon fond contre 35000 livres qui s'en vont dissous per deliquium, ce n'est pas votre faute. Ne me demandez, ni presque à aucun Français, comment va ma fortune, mais seulement comment vont mes infortunes. Je ne suis plus en peine que de savoir comment fera désormais notre ministère, après avoir tout pris sans rien avoir.
Voici bientôt le temps propre à planter les vignes. Quand je partis pour Paris, M. Le Bault, votre ami et le mien, qui est dans un très-bon climat, voulut bien se charger de vous envoyer de ma part la quantité de plants que j'ai promis de vous fournir. Comme il est exact, je pense qu'il ne l'aura pas oublié. Je vais cependant lui en écrire. Mais si vous ne les avez pas reçus, pour plus d'expédition, ayez la bonté de lui en écrire aussi un mot en droiture.
Envoyez-moi, si vous voulez, les noms des gens en qui vous avez confiance pour garder la chasse : mon frère leur fera expédier des commissions. Ce seront des gardes que vous aurez sous votre main, à vos ordres, et que vous ferez révoquer à votre volonté si vous n'en êtes pas content.
J'ai l'honneur d'être, avec le plus inviolable attachement, monsieur, etc. »
Et dans le même temps de Brosses écrit à Girod : « De M. le président de BROSSES ,
à M. GIROD
capitaine en châtelain royal du pays de GEX.
Novembre 1759.
J'ai écrit à M. de Voltaire, sur l'article des bois, une lettre très-polie, mais forte et précise, par laquelle je lui fais voir qu'afin de prévenir les difficultés qui ne manqueraient pas de naître à l'avenir sur l'état primitif des lieux, s'ils étaient une fois dénaturés, il y a nécessité pour lui et pour moi de dresser dès aujourd'hui une reconnaissance en forme de l'état où était la forêt quand elle lui a été remise.
J'ai reçu de lui une lettre qu'il m'écrivait de son propre mouvement et qui a croisé la mienne. Il faut qu'il ait pris l'alarme sur la visite que vous avez été faire : car il s'étend beaucoup sur ce qu'on veut lui susciter des affaires et sur l'excellente culture qu'il ordonne, ayant, dit-il, dans les six premiers mois de sa jouissance, mis plus de 15000 livres en réparations, tant dans la maison qu'à faire ôter des pierres des terres labourables. Je crois qu'il y aurait beaucoup à décompter sur une si grosse somme, et qu'à peine peut-être y trouverait-on le dixième en utilités réelles.
Au reste il convient que son théâtre ne me sert à rien, et qu'il fait arracher les arbres de la forêt. Ainsi sa lettre ne change rien à une précaution toujours usitée en pareil cas, et nécessaire pour tous deux.
Vous comprenez combien il est essentiel que tout ceci soit fait en règle et qu'on n'y perde point de temps, par les raisons que vous m'avez dites vous-même.
Je désire que ceci se puisse faire d'accord et de bonne grâce avec M. de V. : il faudra lui demander son temps et son jour. Mon intention n'est point du tout de l'inquiéter; il est fort le maître de faire ce qui lui plaira.
Mais comme il va souvent fort vite, il est juste que les choses ne puissent être dégradées sans retour.
Par parenthèse, dites-moi, je vous prie, s'il a payé à Charlot les moules de bois qu'il me donna la commission, lorsque j'étais là-bas, de lui faire fournir par ce pauvre diable, qui certainement ne peut ni ne doit en être le payeur. Au reste, je crois que vous avez fini le compte avec Charlot pour la vente de bois qui lui a été faite de mon temps. »

 

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23/11/2014 | Lien permanent

Elle fut enchantée, elle baisa votre lettre et vous aurait fait pis si vous aviez été là

... Vous passer sur le corps, why not ?

Vous dites non !

Tant pis pour vous . Puis-je prendre votre place ?

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« A Frédéric II, roi de Prusse

[vers le 15 octobre 1759] 1

Dans quelque état que vous soyez, il est très sûr que vous êtes un grand homme . Ce n'est pas pour ennuyer Votre Majesté que je lui écris , c'est pour me confesser à condition qu’elle me donnera absolution . Je vous ai trahi ; voici le fait . Vous m'avez écrit une lettre 2 moitié dans le goût de Marc-Aurèle votre patron, moitié dans le goût de Martial ou de Juvénal, votre autre patron . Je la montrai d'abord à une petite Française 3 minaudière de la cour de France qui est venue comme les autres à Genève au temple d'Esculape pour se faire guérir par le grand Tronchin, très grand en effet, car il est haut de six pieds et bien fait ; et si Mgr le prince Ferdinand votre frère était femme, il viendrait se faire guérir comme les autres . Cette minaudière est, comme je crois l'avoir dit 4 à votre Majesté, la bonne amie d'un certain duc 5, d'un certain ministre ; elle a beaucoup d'esprit et son ami aussi . Elle fut enchantée, elle baisa votre lettre et vous aurait fait pis si vous aviez été là . Envoyez cela à mon ami sur-le-champ dit-elle ; il vous aime dès son enfance, il admire le roi de Prusse, il ne pense en rien comme les autres, il voit clair, il est de la vraie chevalerie qui réunit l'esprit et les armes . La dame en dit tant que je copiai votre lettre, en retranchant très honnêtement tout le Martial et tout le Juvénal, en laissant fidèlement tout le Marc Aurèle, c’est-à-dire toute votre prose dans laquelle pourtant votre Marc Aurèle nous donne force coups de patte et prétend que nous sommes ambitieux . Hélas ! Sire, nous sommes de plaisantes gens pour avoir de l'ambition . Enfin je ne puis m'empêcher de vous envoyer la réponse qu'on m'a faite . Je puis bien trahir un duc et pair, ayant trahi un roi ; mais je vous en conjure, n'en faites pas semblant . Tâchez Sire de déchiffrer l'écriture 6 . On peut avoir beaucoup d'esprit et de très bons sentiments et écrire comme un chat .

Sire,il y avait autrefois un lion et un rat ; le rat fut amoureux du lion et alla lui faire sa cour . Le lion lui donna un petit coup de patte . Le rat s'en alla dans sa souricière mais il aima toujours le lion ; et voyant un jour un filet qu'on tendait pour attraper le lion et le tuer, il en rongea une maille . Sire, le rat baise très humblement vos belles griffes en toute humilité ; il ne mourra jamais entre deux capucins comme a fait à Bâle un dogue de Saint Malo 7 ; il aurait voulu mourir auprès de son lion . Croyez que le rat était plus attaché que le dogue . »

1 Cette lettre a eu plusieurs propositions de datation, mai 1759 pour les Œuvres posthumes de Frédéric le Grand, 6 novembre proposé par Beuchot et dans laquelle il a du ajouter l' « aspic » au « rat » ; Frédéric II répondit à la présente lettre le 12 novembre 1759 d'où la date ici donnée .

4 Si cela est, la lettre ne nous est pas parvenue .

5 Choiseul .

6 L'écriture de Choiseul est encore pire que celle de Richelieu ; voir les lettres conservées à la Bibliothèque nationale . Frédéric II a dû faire un commentaire dan sa réponse du 12 novembre dont le texte ne nous est pas connu car Choiseul a son tour dira le 20 décembre 1759 à V* : « Vous m'avez envoyé deux lettres de Luc, une du 12 novembre et l'autre du 21 […] il y a une vérité qui est que mon écriture est indéchiffrable et que je n'ai point dans la tête les idées romanesques et peu politiques de mon prédécesseur [...] »

7 Maupertuis . Le 19 novembre 1759, Frédéric commencera sa lettre par : « Je viens de recevoir la lettre du rat ou de l'aspic, du 6 novembre [...] » ; voir lettre 362 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-avec-le-roi-de-prusse-annee-1759-partie-90-119500567.html

 

 

 

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31/10/2014 | Lien permanent

Dans le fracas des noces

... des Gilets Jaunes et des Black Blocks, le 1er mai 2019 risque d'être particulièrement pourri, avec la bénédiction implicite des syndicats portés à la manifestation violente .

Muguet porte-bonheur, lacrymo porte-pleurs .

Résultat de recherche d'images pour "muguet et lacrymo"

60 millions de brins qui défilent pacifiquement, eux !

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 25 mars 1764]

Dans le fracas des noces on avait oublié de renvoyer à monsieur Cramer les feuilles Z, et Aa . On lui demande bien pardon . Jérôme Carré se flatte qu'on ne les aura pas tirées, et que monsieur le prote 1 les corrigera .

Monsieur Cramer est supplié d'envoyer toutes les feuilles qu'il pourra, afin qu'on voie qu'il faut un errata et des cartons . S'il a quelques nouvelles du jeune moine Augustin il fera grand plaisir d'en donner .

Jérôme Carré le supplie de vouloir bien lui procurer un libraire de Florence et de Madrid pour lui envoyer les bons livres qui pourront être imprimés en Italie et en Espagne . »

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01/05/2019 | Lien permanent

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