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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

j'ai commencé par admirer avant de travailler.

A tous les (z)héros des tapis verts, réels ou virtuels : 

" De bonne foi, vaut-il mieux mêler des cartes, ou ponter au pharaon/poker  ? C'est l'occupation de ceux qui n'ont point d'âme."

J'ai plaisir à citer Volti pour un sujet qui me hérisse le poil ( enfin n'exgérons pas ! tous les poils, plus exactement ) : cette foutue mode du poker.

De quoi je me mêle ? Pourquoi critiquer ces males/females guerrier(e)s qui s'affrontent à coups de petits bouts de carton illustrés ? Pourquoi critiquer ces people qui affichent glorieusement leur attachement à ce qu'ils considèrent comme la meilleure façon d'exister, de se faire peur, d'engranger gloire, et pognon (à coup sûr pour ceux qui jouent les hommes-sandwich, qui comme tous sandwichs sont entourés de papiers gras , car grassement payés ) .

Hors du poker  point de salut, semble clamer une bande de mous du genou et glorieux imbéciles . J'ai eu la joie ineffable de voir ces tables virtuelles autour desquelles vous voyez des avatars bouffis d'orgueil et ennuyeux comme la pluie (que la pluie me pardonne, au moins elle peut être utile, elle ! ).

Retenez bien : "occupation de ceux qui n'ont point d'âme", juste la grosse tête, du temps et de l'argent à perdre et une jugeotte à faire rire une limace.

Hello, happy tax payer, je te relance d'un instant de réflexion ! Tu n'as pas ça sur la table, ni en poche ! Dommage ! Je vais me régaler seul avec Volti .

Goldoni.jpg

Carlo Goldoni, "le révérend père Goldoni"

Secret admirer : http://www.deezer.com/listen-1215246

Travailler, maintenant : d'abord "putser" (pour ceux qui vivent loin du pays romand, c'est épousseter, nettoyer, faire les "à fond" ) : http://www.deezer.com/listen-3189934

Et puis, leçon dont n'ont pas besoin une grande part de la population dite active : http://www.deezer.com/listen-6865867

Entre deux siestes : http://www.deezer.com/listen-3364828

Et puis un sommet de la pensée (détournée) : Travailler plus pour payer plus ! Oups !!

Cherchez l'erreur : http://www.dailymotion.com/video/x2ezfx_4-proces-d-sarkoz...

 

 

 

« A Giovanni Paolo Simone Bianchi

à Rimini.

 

[2 novembre 1761]

 

Vous avez prononcé, Monsieur, l'éloge de l'art dramatique,[i] et je suis tenté de prononcer le vôtre. Je regardai cet art dès mon enfance comme le premier de tous ceux à qui ce beau mot est attaché. On me dira : Vous êtes orfèvre, M. Josse,[ii] mais je répondrai que c'est Sophocle qui m'a donné mes lettres de maîtrise, et que j'ai commencé par admirer avant de travailler.

 

Je vois avec plaisir que dans l'Italie, cette mère de tous les beaux-arts, plusieurs personnes de la première considération, non seulement font des tragédies, mais les représentent. M. le marquis Albergati a fait des imitateurs. Ni vous, ni lui, ni moi, Monsieur, ne prétendons qu'on fasse de l'Europe la patrie des Abdérites [iii]. Mais quel plus noble amusement les hommes bien élevés peuvent-ils imaginer ? De bonne foi, vaut-il mieux mêler des cartes, ou ponter au pharaon ? C'est l'occupation de ceux qui n'ont point d'âme. Ceux qui en ont doivent se donner des plaisirs dignes d'eux.

 

Y a-t-il une meilleure éducation que de faire jouer Auguste à un jeune prince et Émilie à une jeune princesse ? On apprend en même temps à bien prononcer sa langue, et à la bien parler. L'esprit acquiert des lumières et du goût ; le corps acquiert des grâces, on a du plaisir et on en donne très honnêtement. Si j'ai fait bâtir un théâtre chez moi,[iv] c'est pour l'éducation de Mlle Corneille, c'est un devoir dont je m'acquitte envers la mémoire du grand homme dont elle porte le nom.

 

Ce qu'il y avait de mieux au collège des jésuites de Paris où j'ai été élevé, c'était l'usage de faire représenter des pièces par les pensionnaires, en présence de leurs parents. Plût à Dieu qu'on n'eût que cette récréation à reprocher aux jésuites ! Les jansénistes ont tant fait par leurs clabauderies que les jésuites ont fermé leurs théâtres. On dit qu'ils fermeront bientôt leurs écoles [v]; ce n'est pas mon avis. Je crois qu'il faut les soutenir et les contenir,[vi] leur faire payer leurs dettes quand ils sont banqueroutiers ; les pendre même, quand ils enseignent le parricide [vii]; se moquer d'eux quand ils sont d'aussi mauvais critiques que frère Berthier [viii]. Mais je ne crois pas qu'il faille livrer notre jeunesse aux jansénistes, attendu que cette secte n'aime que le traité de la grâce de saint Prosper [ix], et se soucie peu de Sophocle, d'Euripide, de Térence ; quoique par une de ces contradictions si ordinaires aux hommes, Térence ait été traduit par les jansénistes de Port-Royal.

 

Faites aimer l'art de ces grands hommes (je ne parle pas des jansénistes), je parle de Sophocle, vous serez secondé en deçà des Alpes. Malheur aux barbares jaloux, à qui Dieu a refusé un cœur et des oreilles. Malheur aux autres barbares qui disent : on ne doit enseigner la vertu qu'en monologue, le dialogue est pernicieux. Eh ! Mes amis, si l'on peut parler de morale tout seul, pourquoi pas deux, et trois ?[x]

 

Pour moi, j'ai envie de faire afficher : on vous donnera mardi un sermon en dialogue, composé par le révérend père Goldoni. N'êtes vous pas indigné comme moi, de voir des gens qui se disent gravement : passons notre vie à gagner de l'argent, cabalons, enivrons-nous quelquefois, mais gardons-nous d'aller entendre Polyeucte.[xi]

 

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec une estime infinie votre très humble et très obéissant serviteur.

 

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi. »

 

iTragedie di Lauriso Tragiense, pastore arcade. Con due ragionamenti del medesimo sopra la composizione delle tragedie, 1761.

http://biblioteca.comune.massa.ms.it/cgi-bin/easyweb/ewge...

 

 

ii Réplique de Sganarelle dans L'Amour médecin , A 1, sc 1, de Molière.

http://books.google.fr/books?id=Kd4Rp7VQui0C&pg=PA268...

 

,

iii C'est à dire des fous ; cf. Fables de La Fontaine, VIII, 26.

http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/democrite.htm

 

 

iv Après son petit théâtre de Tournay, V* fait bâtir un théâtre dans une grange de son domaine de Ferney ; cf. lettre du 24 octobre 1759 à d'Argental.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/24/o...

 

 

v Le parlement de Paris leur a déjà interdit d'enseigner le 6 août 1761 suite à l'examen de certains de leurs livres ; le roi demanda un sursis d'un an pour l'exécution de l'arrêt.

 

vi Cf. La Balance égale, février 1762.

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/49_Balance.html...

 

 

vii Pour ces affaires, voir lettres du 31 mai à Damilaville et Thiriot, et du 26 octobre à d'Argence.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/30/i...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/26/b...

 

 

viii Directeur du Journal de Trévoux, qui critiqua le Panégyrique de Louis XV et l'Essai sur l'histoire générale. V* riposta par la Relation de la maladie, de la confession, de la mort et de l'apparition du jésuite Berthier (novembre 1759).

 

ix Prosper d'Aquitaine auteur de De gratia Dei et libero arbitrio hominis

http://www.cosmovisions.com/Prosper.htm

http://christroi.over-blog.com/ext/http://www.levangileau...

 

 

x Allusion à la polémique sur l'excommunication des comédiens ; cf. lettres du 6 mai à Ecouchard Le Brun, 31 mai à Damilaville et Thiriot, 21 juin à d'Argental, du 7 août à Mlle Clairon.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Excommunication_des_acteurs

 

 

xi Voir le Pot pourri,article IX :

http://www.voltaire-integral.com/Html/25/15_Pot_pourri.html

et la lettre du 15 septembre 1761 à d'Alembert où il parle de son commentaire sur Polyeucte.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/15/c...

 

 

 

 

 

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02/11/2010 | Lien permanent

que penser de ceux qui jugent de tout sur une lecture précipitée ?

... La déclaration d'hier soir du premier ministre est courte et de lecture rapide . Ce qu'on doit en penser sera également bref et ne mérite pas de longs commentaires . Sur ce, je vous salue, et je vais lire les aventures de L'Ingénu* mises en ligne par Mam'zelle Wagnière  : http://www.monsieurdevoltaire.com/

* Allez savoir pourquoi je rapproche ce sage et impétueux Huron du ministre besogneux Castex ? Mystères de l'inconscient !

L'Ingénu PROGRAMME NOUVEAU BAC 2021 1ère - Parcours "Voltaire, esprit des  Lumières" - Poche - Voltaire - Achat Livre ou ebook | fnac

Castex lisant sa déclaration le 29 janvier 2021 ?

 

 

« A [destinataire inconnu à Paris]

[septembre-octobre 1765]

Quand vous m’apprîtes, monsieur, qu’on jouait à Paris une Adélaïde du Guesclin avec quelque succès, j’étais très-loin d’imaginer que ce fût la mienne ; et il importe fort peu au public que ce soit la mienne ou celle d’un autre. Vous savez ce que j’entends par le public. Ce n’est pas l’univers 1, comme nous autres, barbouilleurs de papier, l’avons dit quelquefois. Le public, en fait de livres, est composé de quarante ou cinquante personnes, si le livre est sérieux ; de quatre ou cinq cents, lorsqu’il est plaisant ; et d’environ onze ou douze cents, s’il s’agit d’une pièce de théâtre. Il y a toujours dans Paris plus de cinq cent mille âmes qui n’entendent jamais parler de tout cela.

Il y avait plus de trente ans que j’avais hasardé devant ce public une Adélaïde du Guesclin, escortée d’un duc de Vendôme et d’un duc de Nemours, qui n’existèrent jamais dans l’histoire. Le fond de la pièce était tiré des annales de Bretagne, et je l’avais ajustée comme j’avais pu au théâtre, sous des noms supposés. Elle fut sifflée dès le premier acte ; les sifflets redoublèrent au second, quand on vit arriver le duc de Nemours blessé et le bras en écharpe ; ce fut bien pis lorsqu’on entendit au cinquième le signal que le duc de Vendôme avait ordonné ; et lorsqu’à la fin le duc de Vendôme disait : Es-tu content, Coucy ? plusieurs bons plaisants crièrent : Couci-couci.

Vous jugez bien que je ne m’obstinai pas contre cette belle réception. Je donnai, quelques années après, la même tragédie sous le nom du Duc de Foix ; mais je l'affaiblis beaucoup, par respect pour le ridicule. Cette pièce, devenue plus mauvaise, réussit assez ; et j’oubliai entièrement celle qui valait mieux.

Il restait une copie de cette Adélaïde entre les mains des acteurs de Paris : ils ont ressuscité, sans m’en rien dire, cette défunte tragédie ; ils l’ont représentée telle qu’ils l’avaient donnée en 1734, sans y changer un seul mot, et elle a été accueillie avec beaucoup d’applaudissements : les endroits qui avaient été le plus sifflés ont été ceux qui ont excité le plus de battements de mains.

Vous me demanderez auquel des deux jugements je me tiens. Je vous répondrai ce que dit un avocat vénitien aux sérénissimes sénateurs devant lesquels il plaidait : Il mese passato, disait-il, le vostre Excellenze hanno judicato cosi , e questo mese, nelle medesima causa, hanno judicato tutto l'contrario ; e sempre ben. « Vos Excellences, le mois passé, jugèrent de cette façon ; et ce mois-ci, dans la même cause, elles ont jugé tout le contraire ; et toujours à merveille. »

M. Oghières 2, riche banquier à Paris, ayant été chargé de faire composer une marche pour un des régiments de Charles XII, s’adressa au musicien Mouret. La marche fut exécutée chez le banquier, en présence de ses amis, tous grands connaisseurs. La musique fut trouvée détestable ; Mouret remporta sa marche, et l’inséra dans un opéra qu’il fit jouer. Le banquier et ses amis allèrent à son opéra : la marche fut très-applaudie. « Eh ! voilà ce que nous voulions, dirent-ils à Mouret ; que ne nous donniez- vous une pièce dans ce goût-là ? — Messieurs, c’est la même 3. »

On ne tarit point sur ces exemples. Qui ne sait que la même chose est arrivée aux idées innées, à l’émétique, et à l’inoculation ? Tour à tour sifflées et bien reçues, les opinions ont ainsi flotté dans les affaires sérieuses, comme dans les beaux-arts et dans les sciences.

Quod petiit spernit, repetit quod nuper omisit 4.

La vérité et le bon goût n’ont remis leur sceau que dans la main du temps. Cette réflexion doit retenir les auteurs des journaux dans les bornes d’une grande circonspection. Ceux qui rendent compte des ouvrages doivent rarement s’empresser de les juger. Ils ne savent pas si le public, à la longue, jugera comme eux ; et puisqu'il n’a un sentiment décidé et irrévocable qu'au bout de plusieurs années, que penser de ceux qui jugent de tout sur une lecture précipitée ? »

1 On se rappelle ces vers de Voltaire : «  Lefranc de Pompignan dit à tout l’univers / Que le roi lit sa prose et même encor ses vers. » . Voir la satire intitulée : Le Russe à Paris. (Beuchot)

et voir le début de la lettre du 13 juin 1760 à Mme d'Epinay : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/11/on-a-besoin-de-plaisanterie-c-est-un-remede-sur-contre-la-ma-5637966.html

2 Oghières, ou Hoguère, ou Hogguers, était un banquier suisse, menant grand train, recevant la cour et la ville, et propriétaire du château de Châtillon près Clamart. Voltaire fut de sa société en 1748, au moment des intrigues suédoises du baron de Gortz. Voir la Jeunesse de Voltaire par M. Gustave Desnoiresterres.

3 V* racontera cette histoire sous des noms différents, dans une lettre à La Harpe du 1er juillet 1772 .

4 Ce qu'il a recherché, il le méprise ; il recherche ce que, tout récemment, il a négligé ; Horace, Épîtres, I, i, 98.

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30/01/2021 | Lien permanent

Vous avez toujours aimé les femmes, comme disait le cardinal

... Avec une pointe d'envie (oh ! péché capital ! ), car sous la calotte écarlate et la soutane est un corps d'homme qui ne vit pas que d'hostie et d'eau bénite .

 

aime les femmes.jpg

 http://www.youtube.com/watch?v=NdWTcRcm_pY

 

« A François de Bussy 1

Au château de Ferney

par Genève 18 avril 1759

Vous avez toujours aimé les femmes, comme disait le cardinal de Noailles, or, monsieur, ma nièce Mme Denis compte sur vous 2 ; et moi, tout vieux Suisse que je suis, j'y compte aussi . Elle a eu l'honneur de vous importuner pour un brevet et M. le duc de Choiseul a eu la bonté de le promettre . Je lui ai envoyé un extrait de nos pièces avec toute la soumission, toute la reconnaissance et toute l'exactitude possible, et puis j'ai craint de ne l'avoir pas assez ennuyé, et vous aussi monsieur .

Voici donc pour perfection d'ennui tout le contrat d'acquisition sans qu'il s'en manque un mot . Les notaires sont comme les théologiens, ils disent force choses inutiles . Il n'y a dans ce contrat qu'un mot à la page 3 qui regarde mon affaire, c'est celui où il est dit que le château et les terres sont de l'ancien dénombrement . Connaissez-vous, monsieur, cet ancien dénombrement, parmi tous les traités qui sont dans votre tête ? C'est assurément le plus petit dénombrement qui soit au monde, mais enfin ce pauvre petit drACoit est fondé sur des pancartes sacrées de nos rois . Nous avons ou raison ou prétexte d'en demander très humblement la confirmation . Nos joignons à notre contrat la copie du brevet accordé à M. de Brosses en pareil cas . Nous avons eu l'honneur d'envoyer à Mgr le duc de Choiseul nos motifs, nous attendons vos bontés et les siennes, c'est une bagatelle je le sais bien mais rien est beaucoup pour des marmottes du mont Jura . J'ai bien une autre grâce à vous demander . Je vous supplie de renvoyer cet énorme paquet contenant contrat et brevet, à M. d'Espagnac,3 conseiller clerc de grand chambre, demeurant dans la grande ville de Paris, rue Verneuil, lequel abbé d'Espagnac est chef du petit conseil de finances de Mgr le comte de La Marche, mon seigneur suzerain à qui je dois argent, foi et hommage, et pour qui je dois combattre à la tête de douze hommes armés pour l'honneur des dames et de la chevalerie ainsi que le portent les inféodations . Ce grand chambrier veut avoir mon contrat . Pardon, monsieur de vous entretenir de mes misères, quand vous êtes occupé de celles de l'Europe, mais vous suffisez à tout . Secourez-nous . Je suis pour ma vie, et en franc Suisse

votre très humble et très obligé serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi

Ah si vous saviez à quel point le roi de Prusse est un drôle de corps ! »

2 Mme Denis avait écrit le 31 mars à François de Bussy pour lui demander de suivre et d'accélérer l'affaire de la conservation des droits de l'ancin dénombrement pour la terre de Ferney . Lalettre de V* provoquera la réponse à celle de Mme Denis sur lemanuscrit de laquelle est portée la mention : «  Mme Denis . R[épon]du le 8 mai 1759 » Cependant l'affaire suit son cours puisque le 19 avril le duc de Choiseul demande à Joly de Fleury son « avis, tant sur le fond que sur la forme de brevet à accorder par le roi », lequel est « disposé à accorder cette grâce à M. de Voltaire » Le 20 avril, Chopiseul écrit assez longuement à V*, précisant qu'il ne « néglige pas ce qui [l']intéresse » ; c'est la répponse à lalettre au sujet des « deux strophes terribles » du roi de Prusse ; voir lettre du 30 mars 1759 à Etienne-François de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/05/20/mes-eloges-et-mes-remerciements-de-la-maniere-honnete-dont-v-5373884.html

et du 6 avril 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/05/est-ce-l-infame-amour-propre-dont-on-ne-se-defait-jamais-bie.html

 

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11/06/2014 | Lien permanent

si vous allez jamais dans le pays du pape, des châtrés et des processions, passez par chez nous

Oui, venez au château de Voltaire à Ferney (01210  Ain - France), dès le 1er avril 2011 , venez visiter le cadre où ont été rédigés des ouvrages essentiels comme le Traité sur la tolérance .

 

 Châtrés, castrés du XXIè siécle : http://www.culturepub.fr/videos/bud-light-les-castres

Il est bien évident à mes yeux qu'il est un transalpin à châtrer d'urgence, un dénommé Sylvio Berlusconi, pour qu'enfin la petite tête ne mène plus la grosse .

Pompe et circonstance :  une organiste que j'aime , en pensant à une autre organiste que j'aime davantage encore, Mam'zelle W*** : http://www.deezer.com/listen-952688

Processions, en costumes plus ou moins folklo, pour la gloire des saints et de l'Eglise universelle (à son avis, qui n'est pas humble ! ), une foi qui me laisse souvent pantois : le saint-père ( Noël ?) a encore de beaux jours devant lui  http://www.youtube.com/watch?v=1fDRzT8ypPM 

"Rome! unique objet de mon ressentiment ! Rome ! que je hais ..." etc. Mais je garde en mémoire cette appréciation "bon comme la romaine" en osant espérer qu'il ne s'agit pas là de salade .

 

papesse Boccacio_De_Ioanne_Anglica_Papa.png

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

des académies de Paris

rue Michel-le-Comte à Paris

 

J'ai besoin de savoir, mon cher et grand philosophe, si frère Berthier de la société de Jésus contribue encore à farcir ses menstrues de Trévoux d'injures et de sottises contre d'honnêtes gens qui ne pensent point à lui i, tandis que douze de ses confrères sont dans les fers à Lisbonne , accusés, et convaincus dit-on, d'avoir encouragé les conjurés au parricide au nom de la Vierge Marie, et de son fils Jésus consubstantiel au père ii.

 

J'ai besoin de savoir ce que c'est qu'un monstre bavard qui a justifié la révocation de l'édit de Nantes et la Saint-Barthélémy iii.

 

Il me faut aussi le nom de l'avocat sans cause qui a griffonné des lettres hollandaises contre le roi de Prusse jusqu'au moment du silence imposé par la bataille de Rosbac, et qui depuis s'est acharné contre la raison iv.

 

Et quel est le malheureux qui a engagé le parlement de Paris à se faire géomètre, mécanicien, métaphysicien, médecin , théologien, etc., pour juger 30 volumes in-folio de l'Encyclopédie v?

 

Vous qui savez tant de belles et bonnes choses, ne pourriez-vous point savoir aussi quelque chose des odieuses bêtises sur lesquelles je voudrais être instruit ?

 

J'avoue que j'aimerais bien mieux savoir à quoi vous vous occupez, et quelles vérités vous voulez apprendre aux hommes qui ne le méritent pas, dans un temps où la vérité est persécutée par les fripons et par les sots .

 

Vous n'avez pas daigné revoir nos sociniens de Genève, mais si vous allez jamais dans le pays du pape, des châtrés et des processions, passez par chez nous . Vous verrez que les prédicants de Genève respectent les tours de Ferney, les fossés de Tournay, et même les jardins des Délices .

 

Dites-moi si Jean-Jacques est devenu tout à fait fou . Dites-moi si Diderot ne l'est pas d'avoir voulu continuer l'Encyclopédie en France, et moi j'avouerai que vous êtes très sage de vous être tiré de ce bourbier .

 

Mon Dieu ! que de bavarderies sur la population, sur le commerce, etc ! Eh jeans-f[outre], parlez moins de population et peuplez !

 

Que dites-vous du roi de Prusse qui m'envoie deux cents vers de Breslau vi, pendant qu'il assemble près de de deux cent mille hommes ?

 

Que dites-vous d'Helvétius et de l'honneur qu'on lui a fait vii? Mais que dites-vous de moi qui vous ennuie et qui vous aime ?

 

A Tournay par Genève 19 février [1759] »

 

i Le 12 novembre 1758, Thieriot lui a fait savoir que dans un article publié dans les Mémoires de Trévoux d'octobre 1758,on demandait aux autorités d'arrêter la campagne antireligieuse, notamment à propos de l'ouvrage De l'Esprit de Helvétius .

iii M. l'abbé Jean Novi de Caveirac, auteur d'une Apologie de Louis XIV ... sur la révocation de l'Édit de Nantes pour servir de réponse à la Lettre d'un patriote sur la tolérance civile des protestants de France, avec une dissertation sur la journée de la St Barthélémi, 1758.

http://www.archive.org/stream/apologiedelouis01cavegoog#p...

http://books.google.fr/books?id=55YoAAAAYAAJ&pg=PA531...

Antoine Court, pasteur : Lettre d'un patriote ...,1756 : http://books.google.be/books?id=uSBBAAAAcAAJ&printsec...

http://www.museeprotestant.org/Pages/Notices.php?scatid=1...

iv Jacob-Nicolas Moreau, avocat, éditeur de l'Observateur hollandais, auteur du Nouveau Mémoire pour servir à l'histoire des cacouacs, 1757 .

Voir lettre du 8 janvier 1758 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/08/j...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob-Nicolas_Moreau

v Le 23 juin, V* fera une rétrospective à Palissot . Abraham Chaumeix a fait un mémoire contre l'Encyclopédie et l'a remis à Omer Joly de Fleury qui a prononcé un réquisitoire devant le parlement .

Voir pages 429-432 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f434.image.r...

vi L'Épître à ma sœur de Bayreuth, envoyée de Breslau avec une lettre datée du 23 janvier 1759, suite au décès le 14 octobre 1758 de la margravine Sophie-Frédérique, sœur ainée de Frédéric. Page 208 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f213.image.r...

Accusant réception de celle-ci, V* écrit : « Il y a longtemps que je dis que vous êtes l'homme le plus extraordinaire qui ait jamais été . Avoir l'Europe sur les bras et faire des vers que Votre Majesté m'envoie est assurément une chose unique. »

Voir aussi la demande de Frédéric du 6 novembre 1758 : pour « lui élever un monument à son honneur. » : page 184 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f189.image.r...

Ce que fit V*, et il lui adressa ces vers ,en décembre, page 189 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f194.image.r...

 

vii De l'Esprit, livre d'Helvétius a été interdit le 23 janvier en même temps que l'Encyclopédie, et condamné à être brûlé le 6 février en me^me temps que le Poème sur la loi naturelle de V* .

http://pedagogie.ac-toulouse.fr/philosophie/textes/helvet...

http://www.voltaire-integral.com/Html/09/11_Loi_naturelle...

 

 

 

 

 

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mon cher ange, j’ai mal aux yeux aussi . Je soupçonne que c’est en qualité d’ivrogne

... Et je ne cesserai pas de vous dire qu'être doué de double vue est une qualité .

 

Ze'l zure, sur la tête d'une bonne mousse !

 

 

«A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Au château de Ferney 29 juin 1761

Mais vraiment, mon cher ange, j’ai mal aux yeux aussi . Je soupçonne que c’est en qualité d’ivrogne. Je bois quelquefois demi-setier 1, je crois même avoir été jusqu’à chopine ; et quand c’est du vin de Bourgogne, je sens qu’il porte un peu aux yeux, surtout après avoir écrit dix ou douze lettres de ma main par jour. N’en auriez-vous point fait à peu près autant ? L’eau fraîche me soulage. Qu’ont de commun les pilules de Béloste avec les yeux 2? quel rapport d’une pilule avec les glandes lacrymales ? Je sais bien qu’il faut se purger quelquefois, surtout si l’on est gourmand. Mais savez-vous de quoi les pilules de Béloste sont composées ? Toute pilule échauffe, ou je suis fort trompé ; c’est le propre de tout ce qui purge en petit volume ; j’en excepte les divins minoratifs 3, casse et manne, remèdes que nous devons à nos chers mahométans. Je dis chers mahométans, parce que je dicte à présent Zulime, que je vous enverrai incessamment ; et je suis persuadé que Zulime ne se purgeait jamais qu’avec de la casse.

A l’égard de l’autre sujet dont vous me parlez, et auquel je pense avoir renoncé, il est moitié français et moitié espagnol 4. On y voyait un Bertrand Duguesclin entre don Pèdre le Cruel et Henri de Trastamara 5. Marie de Padille, sous un nom plus noble et plus théâtral, est amoureuse comme une folle de ce don Pèdre, violent, emporté, moins cruel qu’on ne le dit, amoureux à l’excès, jaloux de même, ayant à combattre ses sujets, qui lui reprochent son amour. Sa maîtresse connaît tous ses défauts, et ne l’en aime que davantage.

Henri de Trastamara est son rival ; il lui dispute le trône et Marie de Padille . Bertrand Duguesclin, envoyé par le roi de France pour accommoder les deux frères, et pour soutenir Henri en cas de guerre, fait assembler les États généraux : las Cortès de Castille, les députés des États peuvent faire un bel effet sur le théâtre, depuis qu’il n’y a plus de petits maîtres. Don Pèdre ne peut souffrir ni las cortès, ni Duguesclin, ni son bâtard de frère Henri ; il se croit trahi de tout le monde, et même de sa maîtresse, dont il est adoré.

Bertrand est enfin obligé de faire avancer les troupes françaises ; il fait à la fois le rôle de protecteur de Henri, d’admoniteur 6 de don Pèdre, d’ambassadeur de France, et de général.

Henri vainqueur se propose à Marie de Padille, les mains teintes du sang de son frère ; et Padille, plutôt que d’accepter la main du meurtrier de son amant, se tue sur le corps de don Pèdre. Bertrand les pleure tous deux, donne en quatre mots quelques conseils à Henri, et retourne en France jouir de sa gloire.

Voilà en gros quel était mon sujet. Mes anges verront mieux que moi si on peut en tirer parti. Je me dégoûte un peu de travailler en relisant les belles scènes de Corneille. Ce n’est pas à mon âge que je pourrai marcher sur les traces de ce grand homme ; il me paraît plus honnête et plus sûr de chercher à le commenter qu’à le suivre, et j’aime mieux trouver des souscriptions pour mademoiselle Corneille que des sifflets pour moi.

Mes anges daigneront encore observer que l’Histoire générale et le Czar prennent un peu de temps, et que les détails de l’histoire nuisent un peu à l’enthousiasme tragique. Une église et des procès sont encore de terribles éteignoirs ; mais s’il me reste encore quelque feu caché sous la cendre, mes anges souffleront et il se ranimera.

Je suppose qu’ils ont reçu mon paquet pour le Saint-Père, qu’ils ont ri, que M. le duc de Choiseul a ri, que le cardinal Passionei rira : pour le sieur Rezzonico, il ne rit point. On dit que mon ami Benoît 7 valait bien mieux.

Je suppose encore que l’affaire des souscriptions cornéliennes réussira en France ; et s’il arrivait (ce que je ne crois pas) que les Français n’eussent pas de l’empressement pour des propositions si honnêtes, j’avertis que les Anglais sont tout prêts à faire ce que les Français auraient refusé. Ce serait une négociation plus aisée à terminer que celle de M de Bussy 8.

Respect et tendresse.

V. »

 

 

1 Un demi-setier est un quart de pinte, un peu moins d'un quart de litre , une chopine est une demi-pinte .

3 Les remèdes « minoratifs » sont ceux qui « purgent doucement » . Le mot attesté depuis le XVIè siècle fut refusé par l'Académie en 1762 .

4 La tragédie de Don Pèdre, qui ne fut imprimée que quinze ans après.

5 Henri II de Trastamara, roi de Castille : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_II_%28roi_de_Castille%29

6 Chez les jésuites, l'admoniteur est un maître des novices .

7 Benoît XIV, prédécesseur de Clément XIII ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_XIV

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_XIII

8 Envoyé à Londres, comme Stanley à Versailles, pour négocier la paix. Voir lettre du 1er juin 1761 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/05/01/j-ai-ete-accable-de-mille-petites-affaires-qui-font-mourir-e-5795742.html

 

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04/06/2016 | Lien permanent

en cas que vous commenciez par vous faire payer d'un bel habit

Ce titre est une dédicace aux candidats fort nombreux, en cette année électorale en France, qui vont prendre une veste ; pour le bel habit, il ne leur restera qu'à se procurer gilet et pantalon/jupe assortis . Il y en a un qui remettra sans doute son costume de petit premier communiant (quelqu'un se souvient-il si j'ai promis de ne pas m'attaquer au physique ?)

sirenes_capitalisme_web.jpg

http://tibosoulcie.net/index.php?post/2009/03/10/Sirenes-du-Capitalisme-vogue-la-galere

 

 

« A M. LEKAIN
[juillet 1755]1


Mon grand acteur, voici un de vos admirateurs que je vous dépêche. L’Orphelin de la Chine est depuis longtemps entre les mains de M. d'Argental. Si vous voulez jouer cette pièce dès à présent, vous êtes le maître. J'en donne la rétribution aux acteurs en cas que vous commenciez par vous faire payer d'un bel habit sur cette rétribution. J'en donne le privilège au sieur Lambert, en cas qu'il fasse un petit présent au porteur.
J'espère que messieurs vos camarades voudront bien permettre qu'il vienne leur applaudir pendant qu'il sera à Paris. Je vous embrasse de tout mon cœur. Mme Denis vous fait bien ses compliments.

V. »

1 Cette lettre, qui est sans date dans l'autographe, doit être de peu antérieure au 27 juillet 1755, jour où Colini, qui en était porteur, partit de Genève.

Collini touchera pour prix de ses efforts le bénéfice de la vente de l'ouvrage édité par le libraire Lambert .

 

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02/03/2012 | Lien permanent

les emplettes et l'emploi

... sont bien d'actualité en cette période de soldes, où faute de réduire le chômage on réduit le montant des emplettes , après avoir tenté vainement de retrouver une silhouette idéale pour frimer sur la plage .

  Image associée

Mais pas que ! hélas ...

 

« A Ami Camp

Aux Délices 9 august [1762]1

J'enverrai chercher, monsieur, chez M. Cathala les 120 louis d'or que vous avez eu la bonté de m'envoyer . Tout ce que vous avez fourni à Mme Denis sera à ma charge, et dorénavant les nouveaux frais qu'elle pourra faire seront levés sur les 120 louis que vous voulez bien m'envoyer par mois . Vous retiendrez sur ces cent vingt louis le paiement de ces bagatelles dont vous avez la complaisance de procurer les emplettes et l'emploi . Vous êtes trop bon, nous sommes elle et moi pénétrés de reconnaissance .

Permettez que je vous adresse pour 13 000 livres de lettres de change sur Lyon . Vous connaissez, monsieur, les sentiments avec lesquels je serai toute ma vie votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 L'édition Hawkins n'identifie pas le destinataire . C'est peut-être l'adresse de la présente lettre « à monsieur / monsieur Camp et / compagnie / à Lyon » , mention de service « 13è août » qui est conservée à Genève .

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03/07/2017 | Lien permanent

j'aime mieux cent fois labourer mes terres, comme je fais, que de me voir exposé à l'humiliation d'être corrigé et gâté

... Admirez le travail !

 DSCF0433 labours .png

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 19 décembre [1758]

Mon cher ange, vous étendez les deux bouts de vos ailes sur tous mes intérêts. Vous voulez que je vous voie et qu'Oreste réussisse ce seraient là deux résurrections dont la première me serait bien plus chère que l'autre. Je suis un peu Lazare dans mon tombeau des Alpes. Je vous ai envoyé mon visage de Lazare, il y a un an, et si vous tardez à le faire placer à l'Académie, sous la face grasse de Babet 1, bientôt je n'en aurai plus du tout à vous offrir. Je deviens plus que jamais pomme tapée. Ne comptez jamais de ma part sur un visage, mais sur le cœur le plus tendre, toujours vif, toujours neuf toujours plein de vous.

Oui, sans doute, la scène de l'urne est très-changée et très grecque et croyez-moi, les Français, tout Français qu'ils sont, y reviendront, comme les Italiens et les Anglais. Ce n'est qu'à la longue que les suffrages se réunissent sur certains ouvrages et sur certaines gens.

Il n'y avait, à mon sens, autre chose à reprendre que l'instinct trop violent de la nature, dans la scène de reconnaissance et pour rendre cet instinct plus vraisemblable et plus attendrissant il n'y a qu'un vers à changer.2 Électre dit

D'où vient qu'il s'attendrit ? je l'entends qui soupire.

Voici ce qu'il faut mettre à la place

ORESTE.

0 malheureuse Électre!

ÉLECTRE.

Il me nomme, il soupire,

Les remords en ces lieux ont-ils donc quelque empire, etc.?

A l'égard de la fin, plus j'y pense, plus je crois qu'il faut la laisser comme elle est et je suis très-persuadé, étant hors de l'ivresse de la composition, de l'amour-propre, et de la guerre du parterre, que cette pièce, bien jouée, serait reçue comme Sémiramis, qui manqua d'abord son coup, et qui fait aujourd'hui son effet. Ce serait une consolation pour moi, et de la gloire pour vous, si vous forciez le public à être juste.

Pour Fanime, il y a longtemps que j'y ai donné les coups de pinceau que vous vouliez, et je vous l'enverrais sur-le-champ si vous me promettiez que les comédiens n'auraient pas l'insolence d'y rien changer. Ils furent sur le point de faire tomber l'Orphelin de la Chine, en retranchant une scène nécessaire qu'ils ont été obligés de remettre. Ils allèrent jusqu'à donner à un confident un nom qui est hébreu 3 vous sentez combien cela irrite et décourage. La Femme qui a raison est dans le même cas; mais je vous avoue que j'aime mieux cent fois labourer mes terres, comme je fais, que de me voir exposé à l'humiliation d'être corrigé et gâté par des comédiens.

Quand je parle de labourer la terre, je parle très à la lettre. Je me sers du nouveau semoir 4 avec succès, et je force notre mère commune à donner moitié plus qu'elle ne donnait. Vous souvenez-vous que, quand je me fis Suisse, le président de Brosses vous parla de me loger dans un château qu'il a entre la France et Genève ? Son château était une masure faite pour des hiboux, un comté mais à faire rire, un jardin, mais où il n'y avait que des colimaçons et des taupes, des vignes sans raisin, des campagnes sans blé, et des étables sans vaches. Il y a de tout actuellement, parce que j'ai acheté son pauvre comté par bail emphytéotique, ce qui, joint à Ferney, compose une grande étendue de pays qu'on peut rendre aisément fertile et agréable. Ces deux terres touchent presque à mes Délices. Je me suis fait un assez joli royaume dans une république. Je quitterai mon royaume pour venir vous embrasser, mon cher et respectable ami mais je ne le quitterais pas assurément pour aucun autre avantage, quel qu'il pût être.

Ne pensez-vous pas que, vu le temps qui court, il vaut mieux avoir de beaux blés, des vignes, des bois, des taureaux et des vaches, et lire les Géorgiques, que d'avoir des billets de la quatrième loterie, des annuités premières et secondes, des billets sur les fermes, et même des comptes à faire à Cadix ? Qu'en dites-vous ? Et de Babeta, quid ? et quid de rege hispano?5 et des nouvelles destructions qu'on nous promet pour l'année prochaine ? Prenez du lait, madame, engraissez, dormez, et que tous les anges se portent bien .

V.

Je fais tout ce que M. le comte de La Marche exige, j'écrirai à Monin. J'écris en droiture à SAS 6, qui a daigné m'écrire. Je vous remercie tendrement . »

2 La correction fut effectuée : Oreste, acte IV, scène iv.

3 Sans doute le nom d'Azir au lieu de celui d'Étan.

4 Celui de Michel Lullin de Chàteauvieux .Voir : http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F26045.php

5 Et quelles nouvelles de Babet ? Et quelles nouvelles du roi d'Espagne ?

6 Ces deux lettres ne sont pas connues . Ces dernières lignes étant serrées en bas de page, la copie Beaumarchais-Kehl lit 545 au lieu de SAS, ainsi que les éditions suivantes ; Beuchot copié par Moland ajoutera cette note : « 545 désigne le maréchal de Richelieu ». V* , par ailleurs, n'a jamais utilisé de code avec d'Argental .

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03/01/2014 | Lien permanent

Je conseille au Saint-Père d’attendre les grandes chaleurs pour faire cette procession

Dans le dernier bulletin municipal de Gex, il était question de l'éradication des chenilles processionnaires du pin qui envahissent progressivement la France, en passant par chez nous.

Ce qui évidemment a guidé mon choix pour la lettre du jour, puisque Volti, toujours aussi bon coeur, déconseille au pape de faire une procession nu-pieds en hiver ! Je suppose qu'il était loin d'imaginer le mode de procession imagé ci-dessous :

 

procession échasses.gif

Pour de plus amples renseignements, voir :

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://img.over-blo...

Et comme j'aime les choses qui sortent un peu-beaucoup de l'ordinaire , voyez et écoutez :

http://www.flickr.com/photos/zen/2410606492/

http://www.flickr.com/photos/zen/2409744353/in/photostream/

Relax ! Relax ! Mais pas endormis, j'espère !

 

 

 

 

 

 

« Au comte Alexandre Romanovitch Vorontsov

 

16 février, 1768, à  Ferney

 

                            Monsieur, mon ami Bourdillon [Bourdillon = V*, dans son Essai historique et critique sur les dissensions des églises de Pologne avait parlé de l’évêque de Cracovie, Kajetan Soltyk comme d’un évêque tolérant. Le prélat fut emprisonné. D’où la « honte » de V* et la correction qu’il fer dans les éditions postérieurs de l’Essai …] est tout honteux de s’être trompé sur l’évêque de Cracovie. Il devait bien penser que cet homme se dédirait et jouerait quelque mauvais tour à la raison humaine, puisqu’il est prêtre. Ce vieux bonhomme de Bourdillon est même tout étonné que vous n’ayez pas eu la bonté de réparer sa faute en faisant mettre en marge quelque petite note honnête sur la perfidie épiscopale . Il dit que M. le prince Repnin [ambassadeur de Russie en Pologne et qui a signalé le fait] a très bien fait et qu’il l’en remercie de tout son cœur.

 

                            On dit que le pape veut faire une procession pieds nus pour implorer la vengeance divine contre une certaine impératrice qui remet la nature humaine dans ses droits en établissant la liberté de conscience [Elle avait imposé à la Diète polonaise, le 5 décembre 1767, l’égalité des droits des Dissidents, c’est-à-dire les non-catholiques] . Je conseille au Saint-Père d’attendre les grandes chaleurs pour faire cette procession. Rien n’est si malsain pour un vieux Vénitien que de marcher pieds nus pendant l’hiver.

 

                            Je vous envoie, Monsieur, un Sermon prêché à Bâle, [Sermon prêché à Bâle le premier jour de l’an 1768 par Josias Rossette, évidemment de V*] que peut-être vous ne connaissez pas encore. Il pourra bien être brûlé à Rome, mais je ne crois pas qu’il le soit à Moscou. Si on prêche encore quelques sermons dans ce goût-là, j’aurai l’honneur de vous en faire part, car je sais combien vous aimez la parole de Dieu.

 

                            J’ai l’honneur d’être, avec le plus tendre respect, Monsieur, de Votre Excellence le très humble et très obéissant serviteur.

 

                            V. »

 

 

 

 

 

Procession : http://animal.discovery.com/videos/weird-true-freaky-oak-...

 

 

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16/02/2010 | Lien permanent

J'ai toujours été indigné contre ceux qui n'ont pas souffert l'honneur que vous leur avez fait, et qu'ils ne méritaient

... Dit Fanfoué Fillon à sa Pénélope adorée à son retour d'une dure épreuve d'assistante (parlementaire ?) : la représentation de son grand homme  lors d'une fête locale et son courage d'avoir fait la danse des canards alors qu'elle était enceinte (de la veille ? ! ) .

Hep ! les Fillon, il est des canards qui rapportent gros ... et un Canard qui rapporte des vérités, that's life .

Afficher l'image d'origine

Viens Fanfoué ! on ne va pas se tuer au travail pour eux !

 

 

 

« A George Keate

Aux Délices 10è février 1762

Un travail forcé, monsieur, et une santé bien languissante, m'ont empêché longtemps de vous écrire : mais vous n'en avez pas été moins présent à mon esprit et à mon cœur . J'ai toujours été indigné contre ceux qui n'ont pas souffert l'honneur que vous leur avez fait, et qu'ils ne méritaient pas 1. Un jour, un grand seigneur passant par un village avec de l’excellent vin de Tokay en donna à boire à des paysans, qui le trouvèrent amer, et qui crurent qu'on se moquait d'eux .

J'ai commencé l'édition de Corneille . Je suis obligé de dicter presque tout, ne pouvant guère écrire de ma main , et je tâche de faire la paix entre Corneille et Shakespear, en attendant que nos rois daignent rendre la paix à l'Europe .

Votre Shakespear était bien heureux, il pouvait faire des tragédie moitié prose, moitié vers, et quels vers encore ! Ils ne sont certainement pas élégants et châtiés, comme ceux de Pope, et comme le Caton d'Adisson ; il se donnait la liberté de changer de lieu presque à chaque scène, d'entasser trente à quarante actions les unes sur les autres, de faire durer une pièce vingt-cinq ans , de mêler les bouffonneries au tragique . Son grand mérite, à mon avis, consiste dans les peintures fortes et naïves de la vie humaine .

Corneille avait assurément une carrière plus difficile à remplir ; il fallait vaincre continuellement la difficulté de la rime, ce qui est un travail prodigieux ; il fallait s'asservir à l'unité de temps, de lieu , d'action ; ne faire jamais entrer ni sortir un acteur, sans une raison intéressante ; lier toujours une intrigue avec art, et la dénouer avec vraisemblance ; faire parler tous ses héros avec une éloquence noble, et ne rien dire qui put choquer les oreilles délicates d'une cour pleine d'esprit, et d'une académie composée de gens très savants, et très difficiles 2.

Vous m'avouerez que Shakespear avait un peu plus ses coudées franches que Corneille . Au reste, vous savez combien j'estime votre nation . Je ne perds aucune occasion de lui rendre justice dans mon commentaire .

Vous me feriez un grand plaisir, monsieur, si vous vouliez bien me dire quel est l'auteur de la petite histoire de David, intitulée, The Man after god's own heart 3, et quel est l'évêché qu'on a donné à ce Warburton 4, qui a prouvé que Moïse ne connaissait ni paradis, ni enfer, ni l'immortalité de l'âme ; et qui de là conclut qu'il était inspiré de Dieu . Apparemment que cet évêque a pris le fils de Spinoza pour son chapelain .

I will be for ever dear sir your most faithfull and tender servant and friend 5

Voltaire . »

4 William Warburton était évêque de Gloucester depuis 1759 : https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Warburton

et : http://www.universalis.fr/encyclopedie/william-warburton/

5 Je serai toujours, cher monsieur, votre plus fidèle et affectionné serviteur et ami .

 

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02/02/2017 | Lien permanent

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