Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/01/2017

Puisse le nouveau gouvernement de la Russie contribuer à faire cesser les douleurs et les alarmes publiques !

... Raté !

Au XXIè siècle, Citoyen du monde qui gardait encore quelque espoir, passe ton chemin , Poutine imperator n'est pas prêt à lâcher son sceptre , c'est un hochet aux mains d'un tyran, despote aurait dit Voltaire, à ceci près qu'il n'est pas éclairé , plutôt assombrissant , étouffant .

 Afficher l'image d'origine

Si vous osez  bouger, je vous les coupe !

 

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Aux Délices par Genève 4 février 1762

Je crains , madame, d'envoyer par la poste à Votre Altesse Sérénissime une tragédie où elle ne verra du moins que des malheurs du temps passé . Si elle l’ordonne, je tenterai cette voie, heureux si elle peut se plaire quelques moments à voir, dans les infortunes de l'Antiquité , un faible crayon des calamités qui affligent aujourd'hui la terre !

Puisse le nouveau gouvernement de la Russie contribuer à faire cesser les douleurs et les alarmes publiques !

Si Elle daigne faire parvenir à Mlle Corneille les témoignages de sa bonté, Elle peut me les faire adresser par son banquier de Francfort . Elle fait ses respectueux remerciements à Votre Altesse Sérénissime . Je me mets aux pieds de son auguste famille avec le plus profond respect .

Le Suisse V. »

 

27/01/2017

il n’appartient qu’à un siècle ridicule de ne vouloir pas qu’on rie.

... Fillon

... Macron

... Mélenchon

... Hamon

... Marion

... Du . on

A quoi bons ? bons à rien .

Afficher l'image d'origine

Je confirme .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4 février [1762]

Mon cher frère saura que je lui ai écrit toutes les postes, que j’ai déterré les deux exemplaires de l’Oriental 1 avec les Sentiments du curé 2, dont j’ai fait trois envois à trois postes différentes. Je suis frère fidèle, et frère exact.

M. Picardin, de l’Académie de Dijon, attend toujours avec grande impatience le Droit du Seigneur, tel qu’on l’a châtré et mutilé. Il me le prêtera, et nous le jouerons incontinent à Ferney sur un très joli théâtre. Et si jamais frère Thieriot, qui n’est pas retenu par le vingtième, et qui n’a rien à faire, vient voir nos petites drôleries, il trouvera peut-être que mademoiselle Clairon ne désavouerait pas madame Denis pour son élève, et que mademoiselle Corneille pourrait passer pour celle de mademoiselle Dangeville.

M. Picardin vous prie très instamment, mon cher frère, de continuer vos bontés à cet Ecueil du Sage. Il ne serait peut être pas mal de faire mettre dans L'Avant-Coureur 3 qu’on s’est trompé quand on m’a attribué cet ouvrage, et qu’on n’est point du tout sûr qu’il soit de moi. Cela servirait à dérouter le public, que les grands politiques doivent toujours tromper.

M. Picardin vous supplie de faire deux lots du produit de l’histrionage : l’un sera pour le cher frère Thieriot, le plus grand paresseux de la cité ; l’autre sera en dépôt chez M. de Laleu, notaire, pour être perçu par celui à qui il est promis.

M. Picardin, qui a du goût, a été fort irrité que les histrions aient retranché à la fin, ai-je perdu la gageure ? Ce n’est pas la peine de faire une gageure pour n’en pas parler ; c’est la discrétion qu’il faut que le marquis paie. On s’est mis depuis quelque temps à proscrire le comique de la comédie ; c’est là le sceau de la décadence du génie. Le goût est égaré dans tous les genres, et il n’appartient qu’à un siècle ridicule de ne vouloir pas qu’on rie.

Je lis toujours avec édification le Manuel de l’Inquisition, et je suis très fâché que Candide n’ait tué qu’un inquisiteur 4.

Mandez-moi, je vous prie, mon cher frère, si vous avez reçu tous mes paquets, et engagez tous mes frères à poursuivre l’inf… de vive voix et par écrit, sans lui donner un moment de relâche.

Votre passionné frère, V. »

2 Testament de Jean Meslier, 1762 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Meslier

 

26/01/2017

Je ne suis en peine ni des comptes, ni des contes

... Nous disent en choeur  Hamon et Valls , qui tous deux savent envisager des dépenses sans vraiment savoir comment les financer, beaux parleurs certes , représentants du peuple certes non .

Ils sont cependant d'accord pour interdire à Pénélope en particulier et à tout membre de la famille d'un élu parlementaire ou sénatorial d'être payé par le dit élu aux frais de la Nation . Si elle est fidèle à légende, notre Pénélope sera incapable de montrer le travail accompli, n'ayant pas même eu à défaire ce qu'elle n'a jamais fait .

Ou alors, forts de cet exemple / contre-exemple , tous les conjoints devront se payer réciproquement un salaire ou indemnité pour services rendus , sommes prélevées sur des fonds publics pour rester dans la logique Fillon .

 

[Pénélope, par Bourdelle]

500 000 euros ? comme c'est bizarre ! je ne les ai pas vu passer .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

Puisque monsieur Gabriel est non seulement l'éditeur, mais le trésorier du Parnasse, je lui dirai que probablement je ne me mêlerai point des 85 exemplaires que M. de Crafford a eu la bonté de retenir . Il enverra sans doute une lettre de change à monsieur Cramer, à la réception du paquet à lui adressé en droiture . Je viens d'écrire à la cour de Bareith pour savoir ce qu'on a payé . J'ai bien peur que la perte du feu margrave ne soit une annulation de cet article . Je ne peux me charger que de la cour de Virtemberg qui a fait son premier paiement de vingt louis d'or .

J'écris aussi à M. de Shouvaloff, pour savoir si c'est lui ou son frère qui a envoyé de l'argent . Son frère est mort, et cela peut faire encore une petite difficulté . Quelques autres souscripteurs sont morts aussi , comme M. Rouillé , qui avait retenu je crois quelques exemplaires . Mais les morts, et les vivants qui ne paieront pas, ne compromettront en rien monsieur Cramer, qui ne peut rendre raison de ce qu'il a reçu .

Il peut, dès à présent, prendre quatorze cents livres pour compléter l'impératrice Élisabeth, et quatre cent quatre-vingts livres pour premier paiement Virtemberg . Ces deux sommes composant mille huit cent quatre-vingts livres, seront retenues sur l'argent de l'ogre que je le prie de vouloir bien prendre à Genève pour avoir plus tôt fait, et la première fois qu'il viendra nous voir à Ferney il nous fera grand plaisir de charger ses poches du reste ; on lui remettra le contrat, ainsi, tout sera en règle . Je ne suis en peine ni des comptes, ni des contes ; je l'embrasse de tout mon cœur .

V. 

3è février 1762 1»

1 Sur la troisième page du manuscrit restée blanche, Cramer écrivit plus tard : « M. de Voltaire a reçu 4800 du roi / 480 du duc de Virtemberg ./ J'ai payé / 21 septembre 1761 / 1400 de mains / 3è mai 1762 / 960 à M. Corneille père / 19 février 1762 / 240 à Mme Corneille / 21 mai 1762 / 240 à Wagnière / Resterait à payer / 8120 / 41880 / 400 / [total] 50400 livres. »

 

et moi, je suis là comme l’eunuque du sérail, qui voit faire et qui ne fait rien

... Aurait déclaré notre Fanfoué Hollande qui se luge en attendant sa retraite, et se fiche bien de savoir qui va être le challenger made in PS délégué à la déconfiture de mai 2017 .

Afficher l'image d'origine

A qui s'adressera-t-il en quittant l'Elysée ?

 

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli

senatore

à Bologna

Aux Délices 2è février 1762 1

Vous envoyez, mon cher monsieur, une paire de lunettes à un aveugle, et un violon à un manchot. Je sens tout le prix de vos bontés et de votre souvenir, tout indigne que j’en suis. Heureux ceux qui ont aes triplex 2 à l’estomac, et qui pourront manger de vos excellentes mortadelles ... qui ressemblent au phallum des Égyptiens ! heureux les intrépides gosiers qui avaleront votre rossoli !3 Je vais déclarer au grand médecin Tronchin qu’il faut absolument qu’il me guérisse, et que j’aie ma part du plaisir de mes convives. Ils s’écrient tous : « Ah ! la bonne chose que ce saucisson ! donnez-moi encore un petit coup de ce rossoli » et moi, je suis là comme l’eunuque du sérail, qui voit faire et qui ne fait rien 4.

J’ai donné votre recette au cuisinier. Vous dites très agréablement que le docteur Bianchi n’en a pas de meilleure. Ah ! monsieur, je vous crois, et je crois même que tous les médecins du monde sont dans le cas de M. Bianchi.

Si je peux guérir, je fais vœu d'aller à Notre-Dame de Lorette 5 et de là , à votre beau théâtre. Il est bien triste pour moi de n’être pas témoin de l’honneur que vous faites aux lettres.

Quand notre peintre de la nature honorera mes petits pénates de sa présence, il verra mon théâtre achevé, et nous pourrons jouer devant lui ; mais il faudrait jouer ses pièces ; je pourrais tout au plus faire le vieux Pantalon bisognosi 6. J’ai quelquefois deux ou trois heures de bon dans la journée, c’est-à-dire deux ou trois heures où je ne souffre pas beaucoup. Je les consacrerais à M. Goldoni ; et si j’avais de la santé, je le mènerais à Paris avant de faire mon voyage de Lorette .

Je ne laisse pas de travailler, tout malade que je suis . Je broche des comédies dans mon lit ; et quand j’ai fait quelque scène dans ma tête, je la dicte, j’envoie la pièce à Paris, on la joue ; les comédiens gagnent beaucoup d’argent, et ne me remercient seulement pas. On en joue une actuellement dont le sujet est le droit qu’avaient autrefois les seigneurs de coucher avec les nouvelles mariées le premier soir de leurs noces. On dit qu’il y a du comique et de l’intérêt dans cette pièce ; elle réussit beaucoup ; mais je n’en suis pas juge, parce que c’est moi qui l’ai faite. J’aurai l’honneur de vous l’envoyer dès qu’elle aura été imprimée.

Instanto l’amo, l’onoro, la riverisco, la ringrazio.7

V. »

1 Manuscrit original, formule et initiale autographes, mention « fco Milano » . Albergati avait écrit le 5 décembre 1761 à V* en lui transmettant une réponse du docteur Bianchi, « médecin romagnol de Rimini », et en lui envoyant une caisse de mortadelle accompagnée d'une recette pour accommoder celle-ci ; il en demandait des nouvelles à V*, dont il n'avait pas eu de réponse, dans un mot du 22 janvier 1762 en précisant qu'il avait manqué un anglais passé par Bologne avec une lettre de V* à son intention .

2 Un triple airain ; Horace, Odes, I, iii, 9 .

3 Le rosssolis ou rossoli est une liqueur « composée d'eau-de-vie brûlée, de sucre et de jus de quelque fruit doux, tel que celui de cerises, de mûres, etc. » (Littré)

4 Voir Le Despotisme oriental. (Georges Avenel)

5 Albergati a changé de Lorette en plus long qui est passé dans les éditions ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-5-122829498.html

6 Le Pantalone de Bisognosi, dans la pièce de Goldoni intitulée La Femmina puntigliosa, 1750 .

7 En attendant, je vous aime, je vous honore, je vous révère, je vous rends grâce .

 

25/01/2017

J’ai connu parfaitement de quel prix sont les éloges et les censures de la multitude, et je finis par tout mépriser

... C'est en substance ce que vous dites monsieur Fillon, qui visiblement avez su lutter contre le chômage d'une manière très assidue en engageant madame votre épouse avec un salaire plus qu'intéressant . Qu'aviez-vous à vous faire pardonner ? Vous parlez de boules puantes , je pense qu'il y en a d'abord eu dans vos poches  ; légalement irréprochable, moralement discutable , il n'y a pas de petits profits à vos yeux .

Minuscule excuse : vous n'êtes pas le seul à disposer ainsi des deniers publics pour votre enrichissement .

 Afficher l'image d'origine

 Et en plus vous voulez faire disparaitre le corps du délit !

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

[vers le 1er février 1762] 1

Ma chère nièce, sans doute j’irai vous voir, si vous ne venez pas chez moi ; mais il faut conduire l’édition de Corneille qui est commencée. En voilà pour un an. Je vous renverrai Cassandre dès que ceux à qui je l’ai confié me l’auront rendu . Il est juste que vous l’ayez entre les mains. Vous verrez si chaque acte ne forme pas un tableau que Van Loo pourrait dessiner.

On a mutilé, estropié trois actes du Droit du Seigneur, ou l’Ecueil du Sage, à la police . C’est le bonhomme Crébillon qui a fait ce carnage, croyant que ces gens-là étaient mes sujets.  Il faut permettre à Crébillon le radotage et l’envie . Le bonhomme est un peu fâché qu’on se soit enfin aperçu qu’une partie carrée ne sied point du tout dans Electre.

Je voudrais, pour la rareté du fait, que vous eussiez lu ou que vous lussiez son Catilina, que madame de Pompadour protégea tant, par lequel on voulait m’écraser, et dont on se servit pour me faire avaler des couleuvres dont on n’aurait pas régalé Pradon. C’est ce qui me fit aller en Prusse, et ce qui me tient encore éloigné de ma patrie. J’ai connu parfaitement de quel prix sont les éloges et les censures de la multitude, et je finis par tout mépriser.

Le Droit du Seigneur n’a été livré aux comédiens que pour procurer quelque argent à Thieriot, qui n’en dira pas moins du mal de moi à la première occasion, quand mes ennemis voudront se donner ce plaisir-là. Il doit avoir la moitié du profit, et un jeune homme 2 qui m’a bien servi doit avoir l’autre.

Mon impératrice de Russie est morte ; et, par la singularité de mon étoile, supposé que j’aie une étoile, il se trouve que je fais une très grande perte. 

Vous savez que le roi de Prusse a été assassiné 3, et que le coup n'a point porté . Il est à croire qu'une autre fois on sera moins maladroit . 

Je vous embrasse le plus tendrement du monde et votre gros garçon. »

1 L'édition de Kehl qui omet l'avant dernier paragraphe (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-5-122829498.html ), biffé sur le manuscrit, est suivie par les autres éditions . La copie manuscrite date la lettre de février 1762 et l'édition la place à la fin du mois ; mais toutes les allusions la font situer plus tôt .

2 Ce « jeune homme » pourrait être madame Belot à qui V* avait offert l'année précédente le bénéfice de la pièce ; voir lettre du 27 août 1761 à celle-ci : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/01/il-y-a-bien-des-gens-qui-n-achetent-point-de-livres-parce-qu-5832702.html

3 Cette rumeur semble n'avoir eu aucun fondement .

 

Oh ! le bon temps que c’était / Que le temps de la famine ! / Qui voulait foutre foutait / Pour un litron de farine

... Je pense qu'on ne chantera jamais le "bon temps du chômage" ailleurs que dans une revue satirique, comme on a chanté autrefois le temps de la famine en cette France au peuple changeant .

 Afficher l'image d'origine

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Quels diables d’anges ! Je reçois le paquet avec ma romancine 1. Vraiment comme on me lave la tête ! La poste va partir : je dicte à la fois ma réponse et j’écris ma justification dans mon lit, où je suis assez malade.

Mes divins anges, vous ne savez ce que vous dites. Faites-vous représenter la lettre à Duchesne 2, et vous verrez que je n’ai pas tort, et le cœur vous saignera de m’avoir grondé.

Plus j’y pense, plus je crois ne lui avoir point donné positivement permission d’imprimer Zulime . Ou ma vieillesse et mes travaux m’ont fait perdre la mémoire, ou il y a dans la lettre ces propres mots :

« M. de V. vous donnera volontiers la permission que vous demandez ; mais il croit qu’il faudrait y ajouter quelques morceaux de littérature, etc. »

La lettre, ce me semble, n’était qu’un compliment, une recommandation auprès de ceux qui sont les dépositaires de l’ouvrage. Je ne doute pas que vous ne vous soyez fait représenter la lettre, et que vous n’ayez jugé selon votre grande prudence et équité ordinaire. Au reste, c’est un bien mince présent pour Lekain et mademoiselle Clairon ; et, en effet, la pièce ne se vendra guère sans quelques morceaux de littérature intéressants qui piquent un peu la curiosité. Comment d’ailleurs la donner au public ? sera-ce avec les coupures qu’on y a faites ? ces coupures font toujours du dialogue un propos interrompu. Ces nuances délicates échappent aux spectateurs, et sont remarquées avec dégoût par les yeux sévères du lecteur ; d’où il arrive que le pauvre auteur est justement vilipendé par les Fréron, sans que personne prenne le parti du pauvre diable.

Le métier est rude, mes anges. Je mets à vos pieds Cassandre. Voilà comme nous jouerons la pièce sur notre théâtre de Ferney, et le grand-prêtre aura plus d’onction que Brizard.

Ce qui me fâche, c’est que voilà la czarine morte. J’y perds un peu ; mais je me console : les têtes couronnées et les libraires m’ont toujours joué quelques tours. Nous verrons quelle sera la face du Nord, cela m’intéresse beaucoup ; d’ailleurs, en qualité de faiseur de tragédies, j’aime beaucoup les péripéties.

Vous allez donc ressusciter Rome sauvée ?3 Que dira notre bonhomme Crébillon ? Il demandera qu’on joue son Catilina, qui a fait assassiner Nonnius cette nuit 4, et qui veut qu’un chef de parti soit bien imprudent, et débite surtout des vers à la diable. Il est plaisant que ce galimatias ait réussi en son temps. Notre nation est folle ; mais je lui pardonne : on ne faisait semblant d’aimer Catilina que pour me faire enrager. Madame de Pompadour et le bonhomme Tournemine appelaient Crébillon Sophocle, et moi on m’accablait de lardons . Oh ! le bon temps que c’était 5 !

Je reprends la plume pour vous dire que je ne sais plus comment faire avec Don Pèdre. Du grand, du noble, du furieux, j’en trouve ; du pathétique qui arrache des larmes, je n’en trouve point. Il faut ou déchirer le cœur, ou se taire. Je n’aime, sur le théâtre, ni les églogues, ni la politique. Cinq actes demandent cinq grands tableaux . Ils sont dans Cassandre. Croyez-moi, faites jouer Cassandre quand vous n’aurez rien à faire, cela vous amusera.

Mes chers anges, je n’en peux plus ; ne me tuez pas. Je ne sais ce que je deviendrai. J’ai sur les bras l’édition de Corneille, qu’on commença hier, et toujours un peu de fièvre. J’ai bien peur que les dernières pièces de Pierre Corneille ne se passent de commentaire et du commentateur. Vivez, mes anges, et réjouissez-vous. »

1 Ce mot qui est chez Saint-Simon apparaît encore dans la lettre à Damilaville du 2 juin 1766 . il signifie « plainte » ou comme ici « réprimande » .

2 On ne connait pas cette lettre .

3 Rome sauvée fut reprise le 8 février 1762 .

4 Catilina, I, 1, de Crébillon, cité inexactement . Lentulus « Pourquoi faire égorger Nonius cette nuit ?
Et de ce meurtre enfin quel peut être le fruit ? »,
http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/catilina/crebillon/crebillon1.html

5 Refrain d'une chanson populaire , une Mazarinade :

« Oh ! le bon temps que c’était / Que le temps de la famine ! / Qui voulait f……  f..tait / Pour un litron de farine. »

 

24/01/2017

Les hommes seront toujours fous ; et ceux qui croient les guérir, sont les plus fous de la bande . Ce qu'il y a de bon, c'est que toutes les espérances des politiques sont toujours trompées

... No comment .

070et pie c tou.JPG

Et pie c tou'

 

 

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

[vers le 30 janvier 1762] 1

Madame,

Je perds beaucoup à la mort de l’impératrice de Russie . Mais je suis consolé si Votre Altesse Sérénissime est heureuse, si elle est en parfaite santé, si ses États ne se ressentent point des suites de cette funeste guerre qui désole presque toute l'Europe . Je dis au premier coup de canon, en voilà pour sept ans au moins ; et j'ai eu le malheur d'être prophète . Cela est un peu plus loin de la paix perpétuelle que Jean-Jacques Rousseau a si généreusement proposée d'après le vertueux visionnaire l'abbé de Saint-Pierre . Les hommes seront toujours fous ; et ceux qui croient les guérir, sont les plus fous de la bande . Ce qu'il y a de bon, c'est que toutes les espérances des politiques sont toujours trompées, et que cette expérience ne les détrompera jamais . Ceux qui se contentent de prévoir que les nations deviendront très malheureuses par les fautes de cette politique, sont les seuls qui aient raison . »

1 Daté d'après la mort de l'impératrice de Russie, voir lettre du 29 janvier 1762 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/21/il-est-vrai-qu-il-a-eu-souvent-dans-la-tete-et-dans-le-coeur-5901774.html . Schouvalov avait écrit quelques jours auparavant à V* pour lui annoncer la mort de l'impératrice . La présente lettre répond à une lettre de la duchesse du 19 janvier 1762 .