20/01/2017
On dit qu’on a donné des Etrennes aux sots... mais s’il fallait envoyer ce petit présent à tous ceux pour qui il est fait, il n’y aurait pas assez de papier en France
... On serait obligé d'importer !
Au passage je songe avec amertume à tous ces arbres abattus pour l'impression de ces fichus bulletins de vote de primaires, droite et gauche confondues, et pour quel résultat ?
Après la langue de bois, la gueule de bois, c'est du donnant-donnant !
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
26è janvier 1762, aux Délices 1
Il y a, monseigneur, une prodigieuse différence, comme vous savez, entre vous et votre chétif ancien serviteur. Vous êtes frais, brillant, vous avez une santé de général d’armée, et je suis un pauvre diable d’ermite, accablé de maux, et surchargé d’un travail ingrat et pénible ; c’est ce qui fait que votre serviteur vous écrit si rarement. Je me flatte bien que notre doyen 2 a fait l’honneur à l’Académie de lui présenter notre Dictionnaire 3. Je le crois fort bon : ce n’est pas parce que j’y ai travaillé, mais c’est qu’il est fait par mes confrères.
Je vous exhorte à voir le Droit du Seigneur, qu’on a follement appelé l’Ecueil du Sage. On dit qu’on en a retranché beaucoup de bonnes plaisanteries, mais qu’il en reste assez pour amuser le seigneur de France qui a le plus usé de ce beau droit. Si vous veniez dans nos déserts, vous me verriez jouer le bailli, et je vous assure que vous recevriez madame Denis et moi dans la troupe de Sa Majesté. On dit qu’on a donné des Etrennes aux sots. Assurément ces étrennes-là ne vous sont pas dédiées ; mais s’il fallait envoyer ce petit présent à tous ceux pour qui il est fait, il n’y aurait pas assez de papier en France.
Je vous avertis que mademoiselle Corneille est une laideron extrêmement piquante, et que si vous voulez jouir du droit du seigneur avant qu’on la marie, il faut faire un petit tour aux Délices . Mais malheureusement les Délices ne sont pas sur le chemin du Bec d’Ambraye 4.
Je crois Luc extrêmement embarrassé. Vous savez qui est Luc 5. Cependant il fait toujours de mauvais vers, et moi aussi. Agréez mon éternel et tendre respect.
V. »
1 L'édition de Kehl suivie des autres date à tort du 27 .
2 Richelieu lui-même .
3 Voir dans Registres de l'Académie française , III, 155-156 .
4 Bec d'Ambès, au confluent de la Garonne et de la Dordogne .
5 V* a fait un renvoi et ajouté dans la marge : le roi de Prusse .
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c’est au bonheur dont je jouis que je dois la conservation de ma frêle machine
... Oh ! oui . Quel bonheur d'avoir une vignette 3 sur ma frêle machine à moteur quatre temps pour pouvoir rouler dans la capitale et autres villes d'importance . Rendez-vous compte, si j'avais encore ma vieille Deudeuche de 59, consommant 5 l au cent, je serais porteur d'une affreuse vignette grise, banni des Champs Elysées , sale pollueur de l'air de Mme Hidalgo qui , elle, ne craint pas de prendre l'avion pour ses vacances (pots catalytiques sur les réacteurs ? ça reste à inventer , je crois, non ? ).
Deuche défunte, empaillée !
« A Pierre-Joseph Thoulier d'Olivet, de
l'Académie française
à Paris
26è janvier 1762 aux Délices 1
Mon cher doyen il arrive toujours quelque contre-temps dans le monde. M. d’Argental confesse avoir égaré votre lettre du 29 décembre, pendant près d’un mois. Je la reçois aujourd’hui, et je vous souhaite la bonne année, quoique ce soit un peu tard ; vivamus, Olivete, et amemus 2. J’en dis autant à mes anciens camarades MM. de La Marche et du Pelot 3. Je vous assure que j’aurais voulu être de votre dîner, eussiez-vous dit du bien de moi à mon nez ; mais, après cette orgie, je serais reparti au plus vite pour les bords de mon beau lac. Je vous avoue que la vie que j’y mène est délicieuse ; c’est au bonheur dont je jouis que je dois la conservation de ma frêle machine. Il est vrai que j’ai actuellement un petit accès de fièvre qui m’empêche de vous écrire de ma main ; mais, malgré ma fièvre, je me crois le plus heureux des hommes.
Vous avez donc présenté votre Dictionnaire 4 au roi, qui ne manquera pas de le lire d’un bout à l’autre. Je me flatte que mes confrères auront la bonté de lire mes remarques sur Héraclius, et de m’en dire leur avis ; rien ne m’est plus utile que ces consultations ; elles me mettent en garde contre moi-même, elles m’ouvrent les yeux sur bien des choses, et elles pourront enfin me faire composer un ouvrage utile.
On m’a parlé d’une comédie intitulée le Droit du Seigneur, ou l’Ecueil du Sage ; on prétend qu’elle est d’un académicien de Dijon, et qu’il y a du comique et de l’intérêt ; notre ami La Chaussée tâchait d’être intéressant pour se sauver ; mais le pauvre homme était bien loin d’être né plaisant.
Atque utinam adjuncta foret vis comica ! comme dit César d’un homme 5 qui valait mieux que La Chaussée .
Avez-vous remarqué que, depuis Regnard, il n’y a pas eu un seul auteur comique qui ait su faire parler un valet comme il faut ? Comment notre nation, qui croit être gaie, a-t-elle rendu la comédie si triste ?
Ce qui n’est pas comique, c’est la réplique de l’abbé Chauvelin à vos anciens confrères 6. Per Deos immortale 7, c’est une philippique. Le petit livre sur l’inquisition 8 est un chef-d’œuvre.
Vive carissime, et dulcissime rerum 9.
V.»
1 Manuscrit autographe à partir de Ce qui n'est pas comique ; contresigné « Chammeville ».
2 Vivons Olivet et aimons .
3 Sur du Pelot, première mention dans une lettre du 23 mai 1711 à Claude-Philippe Fyot de La Marche ; on n'a pu l'identifier ; il s'agit peut-être du même condisciple que ce Pellot dont parle Beaune comme étant apparenté à la famille Leclerc de Lesseville (c'est sans doute la famille normande des Le Clerc de Lesserville) et qu'il mentionne dans une lettre adressée à Fyot le 25 juillet 1711 .
4 Voir les Registres de l'Académie française, III, 155-156, 1762 .
5 Plût au ciel que la force comique lui fût aussi accordée par surcroît ! mots attribués à César par Suétone à la fin de la Vie de Térence .
6 Réplique aux apologies des jésuites, 1761 : https://books.google.fr/books?id=tsNGAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
7 De par les dieux immortels .
8 Voir lettre du même jour à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/17/nos-infames-ennemis-se-dechirent-les-uns-les-autres-c-est-a-5899929.html
9 Vivez, vous l'homme ô le plus cher et le plus agréable du monde .
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19/01/2017
ainsi, voilà la tracasserie finie ; nous en dirons davantage dans la semaine sainte
... Comme dit un candidat que d'aucuns prennent pour une tête à claques --suivez mon regard .
Pour la semaine sainte, entendez celle qui sépare les deux tours de la primaire de gauche . Valls en qualité d'offensé a choisi le bras de la justice pour arme : ça n'a pas trainé, le gifleur est condamné, et faute d'avoir une épée de Damoclès au dessus de la caboche (ce n'est après tout qu'un gugusse du XXIè siècle ), il risque de connaitre la promiscuité infernale de nos geôles républicaines à la moindre incartade .
Au fait, combien de temps prend-on pour juger et condamner un mari/homme qui maltraite sa/une femme ? Longtemps ? très longtemps, me dites-vous ? oui, je le crois aussi .
2014 - 2017 : la résistible ascension de Manuel , et ses cols à manger de la tarte .
« A Henri-Louis Lekain
26è janvier 1762, aux Délices
Il est arrivé un singulier inconvénient au paquet de monsieur Lekain ; comme nous avions déclaré que nous ne recevions aucun gros paquet qui ne fût contresigné, il était demeuré à la poste, nous ne l'avons reçu qu'aujourd'hui . J'ai donné à Mme Denis le paquet qui la regardait ; elle ne l'a pas encore lu, parce que nous avons beaucoup de monde . Pour moi, mon cher grand acteur, j'ai lu la lettre qui me regarde . Je suis très sensible aux marques d’amitié que vous me donnez . J'espère avoir le plaisir de vous embrasser au temps saint de Pâques 1. On me mande qu'on ne jouera point Rome sauvée 2, ainsi, voilà la tracasserie finie ; nous en dirons davantage dans la semaine sainte ; je ne me porte pas trop bien ; un travail forcé m'a tué . Adieu, je vous embrasse tendrement . »
1 Pour le voyage de Lekain chez V*, voir lettre du 18 janvier 1762 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/13/le-malin-public-n-aime-pas-a-voir-toujours-la-meme-personne-5898267.html
2 Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rome_sauv%C3%A9e
et : www.bouquineux.com/pdf/Voltaire-Rome_sauvee__ou_Catilina.pdf
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afin qu'il fût dit que depuis la fondation de la monarchie, les moines ont été bons à quelque chose
... Ce qui est sûr , c'est que leurs productions ont des effets bénéfiques autrement plus réels que leurs prières . Quelques vins, liqueurs, fromages, confiseries, pâtisseries, etc. ont tous ma bénédiction laïque, et ma ferveur .
Le moine est vendeur, le moine se vend, loué est le Seigneur ( au mois ou à la semaine ?) .
Ne touchant aucun pourcentage, je me permets de donner ce lien , vous m'en direz ce que vous en pensez : http://laboxdeseraphin.fr/
Autre aspect monastique de valeur plus spirituelle, exemplaire parfois quand l'humanité prime sur la déité et le dogme, nécessaire aussi .
« A Claude-Philippe Fyot de La Marche, ancien
Premier Président du Parlement de
Bou[r]gogne
à Paris.
26è janvier 1762, aux Délices 1
Fréron ne sera pas fâché ; j'ai la fièvre .
C'est ce qui fait, mon digne magistrat, mon respectable ami, que je ne peux avoir l'honneur et la consolation de vous remercier de ma main . Je vous assure que je ne m'attendais pas à une si belle pancarte ; elle est trop belle, trop honorable, vos bontés vont trop loin, et je suis confus . Maître Clément , disait à François Ier 2:
Car depuis peu j'ai bâti à Clément
Et à Marot qui est un peu plus loin 3.
Je dirai donc , grâce à vos bontés :
Car depuis peu j'ai bâti à Voltaire .
Tout le mal est que Voltaire ne soit pas dans votre censive 4. J'aimerais mieux vous avoir pour seigneur paramont 5 qu'un autre La Marche, quoiqu’il descende de Hugues Capet .
Je vous exhorte à lire le Manuel des inquisiteurs 6, si vous ne l'avez pas lu, et si vous l'avez lu, je ne vous exhorte à rien . Vous sentez, sans doute, combien les Anglais, les Écossais, les Suédois, les Danois, les Russes, les Grecs, la moitié de l'Allemagne, la Hollande et les Suisses, ont raison d'avoir en horreur une secte qui a produit des inquisiteurs, des Chatel, des Ravaillac, et des abbés de Caveyrac .
Votre cochon d'abbé de Citeaux, qui a l'insolence d'entreprendre un bâtiment de dix-sept cent mille livres 7 ferait mieux de donner au roi deux vaisseaux, à condition que ses moines y servissent de mousses, afin qu'il fût dit que depuis la fondation de la monarchie, les moines ont été bons à quelque chose . Ils diront peut-être que je suis dans mon accès ; cela est vrai, mais je n'ai point de transport ; et si j'en ressens un , c'est celui du plus tendre et du plus respectueux attachement que vous m'avez inspiré . »
1 La lettre à laquelle V* répond n'est pas connue .
3 Voir lettre du 8 octobre 1761 à Fyot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/09/26/je-vous-avoue-que-dans-ces-ornements-je-demande-celerite-plu-5852686.html
4 Cela ne signifie pas que Ferney ait été rebaptisé Ferney-Voltaire, nom qui ne semble pas avoir été usité du vivant de V* ; l'Institut Voltaire possède pourtant une lettre écrite par Dupuits, le 15 mai 1780, dont le cachet postal est de Ferney-Voltaire . L’usage de ce nom sera définitivement autorisé par le décret du 23 novembre 1878 .
5 Voir lettre du 23 septembre 1758 à De Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/11/03/mon-grand-plaisir-serait-de-n-avoir-affaire-de-ma-vie-ni-a-u.html
6 Voir lettre du même jour à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/17/nos-infames-ennemis-se-dechirent-les-uns-les-autres-c-est-a-5899929.html
7 Ce goût des cisterciens pour les beaux bâtiments est caractéristique de l'ordre ; ils voulaient « des moines pauvres dans une abbaye riche ».
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18/01/2017
Nos infâmes ennemis se déchirent les uns les autres ; c’est à nous à tirer sur ces bêtes féroces pendant qu’elles se mordent, et que nous pouvons les mirer à notre aise.
... Stratégie gagnante , surtout ne pas s'en priver .
Cet homme est un modèle de combattant, n'en déplaise aux mollassons qui ne voient pas plus loin que leurs urnes .
« A Etienne-Noël Damilaville
26 janvier [1762]
Mes chers frères, je vous remercie au nom de l’humanité du Manuel de l’Inquisition 1. C’est bien dommage que les philosophes ne soient encore ni assez nombreux, ni assez zélés, ni assez riches, pour aller détruire, par le fer et par la flamme, ces ennemis du genre humain, et la secte abominable qui a produit tant d’horreurs.
M. Picardin me mande qu’il est assez content du succès du Droit du Seigneur : on dit qu’on l’a gâté encore après la première représentation 2. Il faudrait avoir un peu plus de fermeté, et savoir résister à la première fougue des critiques, qui fait du bruit les premiers jours, et qui se tait à la longue.
On ne peut que corriger très mal quand on corrige sur-le-champ, et sans consulter l’esprit de l’auteur : cela même enhardit les censeurs ; ils critiquent ces corrections faites à la hâte, et la pièce n’en va pas mieux.
Je vais écrire aux frères Cramer, et j’enverrai, par la poste suivante les deux exemplaires qu’on demande concernant le Despotisme oriental 3. Ce livre très médiocre, n’est point fait pour notre heureux gouvernement occidental ; il prend très mal son temps, lorsque la nation bénit son roi et applaudit au ministère. Nous n’avons de monstres à étouffer que les jésuites et les convulsionnaires.
M. Picardin demande absolument la préface 4 du Droit du Seigneur : cela est de la dernière conséquence : il y a quelque chose d’essentiel à y changer. Je supplie donc qu’on me l’envoie par la première poste, et M. Picardin la renverra incontinent.
On n’a point reçu de lettre de frère Thieriot ; cela n’a pas trop bon air ; il devrait, ce me semble, montrer un peu plus de sensibilité.
J’embrasse tendrement tous les frères. S’ils ne dessillent pas les yeux de tous les honnêtes gens, ils en répondront devant Dieu. Jamais le temps de cultiver la vigne du Seigneur n’a été plus propice. Nos infâmes ennemis se déchirent les uns les autres ; c’est à nous à tirer sur ces bêtes féroces pendant qu’elles se mordent, et que nous pouvons les mirer à notre aise.
Soyez persévérants, mes chers frères, et priez Dieu pour moi, qui ne me porte pas trop bien.
Élevons nos cœurs à l’Éternel. Amen. »
1 Le Directorium inquisitorum, compilé au XIVè siècle par Nicolas Eymerico, grand inquisiteur d'Aragon, et publié pour la première fois en 1558 ; V* n'en connait que l'abrégé anonyme (de l'abbé Morellet ) paru sous le titre Le Manuel des inquisiteurs à l'usage des inquisitions d'Espagne et de Portugal, 1762 [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64819s ]; la lecture attentive de cet ouvrage laissera des traces, notamment dans Les Lettres d'Amabed : https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Lettres_d%E2%80%99Amabed/Texte_entier
2Le 28 janvier 1762 .
3 Ouvrage posthume de B.I.D.P.E.C. c'est à dire Nicolas-Antoine Boulanger , ingénieur des Ponts et Chaussées, Recherches sur l'origine du despotisme oriental, 1761 [https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Antoine_Boulanger
] ; Sur l'exemplaire lui ayant appartenu, V* , à l'épigraphe figurant en page de titre, Monstrum horrendum, informes ingens (Virgile, L'Énéïde, III, 657 ), ajoute ces mots : « emblème de cet ouvrage, de ce bon Damilaville et de Diderot ».
4 Cette préface du Droit du seigneur ne nous est pas parvenue .
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Aimez toujours les belles-lettres, je vous en conjure, c'est un plaisir de tous les temps, et per deos immortales , il n'y a de bon que le plaisir ; le reste est fumée
...
Au point de croix, ça détend
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
Aux Délices 26 [janvier 1762]
Avez-vous Monseigneur daigné recommencer Héraclius 1, que j'eus l'honneur d'envoyer à Votre Éminence il y a un mois ? vous avez pu vous faire lire le commentaire en tenant la pièce, c'est un amusement . Dites-moi donc quand j'ai raison et quand j'ai tort, c'est encore un amusement .
En voici un autre . C'est mon œuvre des six jours qui est devenu un œuvre de six semaines . Vous verrez que j’ai profité des avis que vous avez bien voulu me donner . Il n'y a que ce poignard qu'on jette toujours au nez, mais je vous promets de vous le sacrifier . J’aime passionnément à consulter, et à qui puis-je mieux m'adresser qu'à vous ? Aimez toujours les belles-lettres, je vous en conjure, c'est un plaisir de tous les temps, et per deos immortales 2, il n'y a de bon que le plaisir ; le reste est fumée, vanitas vanitatum 3 et afflictio spiritus 4.
Quand vous aurez lu ma drogue, Votre Éminence veut-elle avoir la bonté de l'envoyer à M. le duc de Villars à Aix ? Il a vu naître l'enfant, il est juste qu'il le voie sevré, en attendant qu'il devienne adulte .
Je fus tout ébahi ces jours passés, quand le roi m'envoya la pancarte du rétablissement d'une pension que j'avais autrefois, avec une belle ordonnance . Cela est fort plaisant car il y aura des gens qui en seront fâchés . Ce ne sera pas vous Monseigneur qui daignez m'aimer un peu et à qui je suis bien tendrement attaché avec bien du respect .
V.
Je me flatte que votre santé est bonne, il n'en est pas de même de celle du roi de Prusse, ni même de la mienne . Je m'affaiblis beaucoup . »
1 Ou plutôt Rodogune ; voir les réponses de Bernis (Besterman D10299 et D10307) et la lettre du 30 janvier 1762 à Pinot Duclos : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-4-122811448.html
. C'est Duclos qui avait Héraclius . Voir aussi lettre V, à partir de la page 18 : http://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1949_num_56_1_1869
2 De par les dieux immortels .
3 Vanité des vanités ; Ecclésiaste, I, 2 .
4 Tourment de l'esprit ; Ecclésiaste, II, 22 .
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17/01/2017
Il n'est pas mal de rabattre un peu l'orgueil des Anglais qui se croient souverains
... Dédicace aux rois du Brexit , en particulier Boris Johnson, individu blond pisseux qui fait la paire de ce côté de l'Atlantique avec un mauvais goût à la Trump . Il semblerait bien que ces délabrés capillaires soient aussi désordonnés sous leur crâne que dessus .
"God save the queen" est aussi ridicule que le "God save USA", rituels de trouillards débiles .
On va pouvoir transposer les histoires de blondes , en pire .
« A Charles Pinot Duclos
Aux Délices 20 janvier 1762
Ni le petit mémoire 1, monsieur, que vous avez eu la bonté de communiquer à l'Académie, ni aucun des commentaires qu'elle a bien voulu examiner, ne sont destinés à l'impression . Ce ne sont je le répète encore, que des doutes et des consultations . Je demande les avis de l'Académie pour pressentir le jugement du public éclairé et pour avoir un guide sûr qui me conduise dans un travail très épineux et très pénible . Non seulement je consulte l'Académie en corps, mais je m'adresse à des membres qui ne peuvent assister aux assemblées . M. le cardinal de Bernis par exemple a présentement entre les mains mes doutes sur Rodogune et je vous les enverrai dès qu'il me les aura rendus . Encore une fois il s'agit d'avoir toujours raison et je ne peux demander trop de conseils .
Je tâche d'égayer et de varier l'ouvrage par tous les objets de comparaison que je trouve sous la main . Voilà pourquoi je rapporte la chanson des sorcières de Shakespear qui arrivent sur un manche à balai et qui jettent un crapaud dans leur chaudron . Il n'est pas mal de rabattre un peu l'orgueil des Anglais qui se croient souverains du théâtre comme des mers et qui mettent sans façon Shakespear au dessus de Corneille .
J'ai une chose particulière à vous mander, dont peut-être l'Académie ne sera pas fâchée pour l'honneur des lettres . Vous savez que j'avais autrefois une pension, je l'avais oubliée depuis douze ans, non seulement parce que je n’en ai pas besoin, mais parce qu'étant retiré et inutile, je n'y avais aucun droit . Sa Majesté de son propre mouvement et sans que je pusse m'y attendre ni que personne au monde l'eût sollicitée, a daigné me faire envoyer un brevet et une ordonnance . Peut-être est-il bon que cette nouvelle parvienne aux ennemis de la littérature et de la philosophie . Je me recommande toujours aux bontés de l'Académie et je vous prie de me conserver les vôtres . »
1 Lettre du 25 décembre 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/24/comment-peut-on-dire-soyons-amis-a-un-homme-qu-on-accable-d-5890703.html
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