10/06/2024
vous avez éteint pour jamais les petits différends qui s’étaient élevé entre vos fermiers et moi
... Remerciements et voeux du président à l'administration du ministère de l'agriculture ? A voir ; que sont au fait les "petits" différends ? https://agriculture.gouv.fr/suivi-des-mesures-en-faveur-d...
Est-ce du passé non renouvelable ?
« A Charles-Eugène, duc de Wurtemberg
A Ferney 29è novembre 1768
Monseigneur,
Ayant su que Votre Altesse Sérénissime se formait une bibliothèque, j'ai pris la liberté de lui envoyer une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV à la fin de laquelle est un précis du siècle où nous vivons .
Je prie Votre Altesse Sérénissime d'agréer cet hommage avec bonté .
Souffrez aussi, monseigneur, que je vous remercie encore une fois de l'équité généreuse avec laquelle vous avez éteint pour jamais les petits différends qui s’étaient élevé entre vos fermiers et moi . Je n'ai que des grâces à vous rendre .
J’ai l'honneur d'être avec un profond respect,
monseigneur,
de Votre Altesse Sérénissime
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/06/2024
Il paraît par la dernière émeute que votre peuple de Lyon n'est pas philosophe
... Voilà l'actualité des violences en terre lyonnaise qui confirme le jugement voltairien : https://www.lyonmag.com/category/36/faits-divers
Qu'en sera-t-il ce soir après cette journée d'élections ? https://www.lyonmag.com/article/136496/europeennes-2024-s...
« A Charles Bordes
29 novembre 1768 1
Mon cher confrère, vous m'abandonnez . J'ai besoin que vous me disiez ce que vous pensez des trois premières lettres de l'alphabet de M. Huet .
Je ne vous demande point de nouvelles des Corses ni de madame Du Barry ; mais je vous en demande de L'ABC 2. Je veux surtout en avoir des vôtres : car je vous aime autant que vous me négligez .
Il paraît par la dernière émeute que votre peuple de Lyon n'est pas philosophe 3 ; mais pourvu que les honnêtes gens le soient je suis fort content . Il s'est fait un prodigieux changement dans Toulouse .
Votre très humble et très obéissant serviteur. »
1 Original ; édition Kehl : voir lettre du 16 septembre 1768 à Bordes : ; édition Cayrol.
2 L 'ABC dialogue curieux [1762 mais en fait 1768] . Charles Bonnet mentionne cet ouvrage le 7 décembre 1768 et Caroline de Hesse-Darmstadt le dit , le 18 décembre « venant tout chaud de la fabrique de Ferney » [ Bräning-Oktavio, col. 725, n°44 ) . Cet ouvrage est important pour l'étude de la pensée politique de V* ainsi que l'a souligné René Pommeau dans sa Politique de Voltaire .
3 Dans une dépêche de Paris du 5 décembre, le Supplément aux nouvelles de divers endroits ( 10 décembre 1768 ) rapporte : « On mande de Lyon qu'il y a eu en cette ville une émeute populaire très dangereuse . La populace a cru que les chirurgiens enlevaient des enfants pour les disséquer tout vifs et s'est attroupée jusqu'au nombre de 15000 . La garde a été forcée de faire feu sur ces mutins dont près de sept ou huit ont été tués et plusieurs blessés ; ce qui a dissipé l'orage » ; voir aussi le numéro du 14 décembre 1768 .
11:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/06/2024
la censure contre , dans le cul
... Pas mieux !
« A Jean-François Marmontel
28è novembre 1768
Point du tout, mon cher ami, le patriarche est toujours malingre : et, s’il est goguenard dans les intervalles de ses souffrances, il ne doit la vie qu’à ce régime de gaieté, qui est le meilleur de tous. Tout gai que je suis par accès, je suis au fond très affligé pour l’Espagne que l’université de Salamanque succède aux jésuites dans le ministère de la persécution. Je l’avais bien prévu avec frère Lembertad 1 ; et je dis, quand on chassa les renards : on nous laissera manger aux loups 2.
J’ai toujours votre XVè chapitre 3 dans le cœur et dans la tête, et la censure contre 4, dans le cul. Je ne crois pas qu’il y ait rien de si déshonorant pour notre siècle. Sans votre XVè chapitre, ce siècle était dans la boue.
Je n'ai pas manqué de vous envoyer celui de Louis XIV par les voitures publiques de Lyon . Il est vrai que ne sachant où vous prendre l'adresse est chez Mme de Genéfrin, car j'ai oublié votre nouvelle demeure .
Votre idée de l’histoire politique de l’Église est très belle, mais c’est l’histoire du monde entier. Il n’y a point de royaume en Europe que le pape n’ait donné ou cru donner . Il n’y en a point où il n’ait levé des impôts, où il n’ait excité des guerres . J’en ai dit quelques mots dans l’Essai sur l'histoire générale 5.
L’Examen dans lequel le président Hénault est si maltraité est un tour de maître Gonin que je n’ai pas encore éclairci. L’ouvrage est assurément d’un homme très profond dans l’histoire de France. Il y a des erreurs, mais il y a aussi des recherches savantes. Le style court après celui de Montesquieu ; il l’attrape quelquefois, mais avec des solécismes et des barbarismes dont Montesquieu avait aussi sa part. On a imprimé ce petit livre sous le nom d’un marquis de Bélestat. J’ai reçu moi-même de Montpellier deux lettres signées de ce nom ; et il se trouve à fin de compte qu’il n’y a point de marquis de Bélestat 6 . C’est l’aventure du faux Arnaud.
Je crois, après m’être bien tourmenté à deviner, que je dois finir par rire. Plût à Dieu qu’il n’y eut dans le monde que ces petites méchancetés ! Mais je reprends mon air grave et triste quand je songe à certaines choses qui se sont passées dans mon Siècle . Je ne les oublie point, je les garde pour les posthumes 7, et je veux que la postérité déteste les persécuteurs.
Mandez-moi votre demeure . Je vous embrasse bien tendrement, mon très cher confrère. »
1 D’Alembert.
2 On a déjà vu cent variations de V* sur ce thème depuis la lettre du 19 juin 1763 à Damilaville ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/06/12/l... ) jusqu'à celle du 3 août 1767 à d'Alembert ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/25/les-honnetes-gens-ne-peuvent-combattre-qu-en-se-cachant-derr-6434994.html ) , sans compter celles que l'on trouve dans les autres ouvrages, comme par exemple Le Pot pourri .
3 De Bélisaire. Voir lettre du 16 février 1767 à Marmontel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/07/06/comme-il-essuyait-une-espece-de-petite-persecution-il-a-cru-6390549.html
4 Censure de la faculté de théologie de Paris contre le livre qui a pour titre Bélisaire, 1767 : https://books.google.com/books?id=Av10LHMqtd8C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
5 Et dans une foule d'autres écrits qu'on ne peut songer à énumérer .
6 Cependant c’est à lui que sont adressées les lettres du 15 octobre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/24/si-je-me-comptais-encore-au-nombre-des-vivants-je-desirerais-6495590.html
du 17 octobre 1768 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/29/j-ai-cru-devoir-a-votre-merite-et-a-l-estime-que-vous-m-avez-inspiree-les-i.html
et du 5 janvier 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7447
7 Sans doute au sens de « ceux qui viendront après nous, la postérité » . Mais cet emploi de posthume n'est pas signalé par les dictionnaires .
10:02 | Lien permanent | Commentaires (0)
Mon nom sera désormais confondu avec le vôtre, ce sera pour moi, mon cher ami, une vraie consolation
... Ainsi se conclut le voyage diplomatique de Volodymyr Zelensky s'adressant successivement à Joe Biden et à Emmanuel Macron , à moins que ça ne soit le président US et le président français qui le disent à Zelensky : https://www.francetvinfo.fr/politique/parlement-francais/...
« A Cosimo Alessandro Collini , Secrétaire
intime, Historiographe etc. de
S.A.E.
À Mannheim
28è novembre 1768 à Ferney
C'est votre ami qui n'est pas encore mort qui écrit à son cher ami par la main de son secrétaire . J'ai envoyé deux exemplaires de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV à Son Altesse Électorale et à vous . Vous trouverez que je fais mention de vous à l'article du Cartel 1. Mon nom sera désormais confondu avec le vôtre, ce sera pour moi, mon cher ami, une vraie consolation . Je vous embrasse du meilleur de mon cœur .
Volt. »
1 Voir lettre du 21 octobre 1767 à Collini : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/25/j-en-jurerais-mais-je-ne-le-parierais-pas-6444801.html
00:05 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/06/2024
Les hommes et les autres animaux n'ont qu'une vie précaire . Nous ne vivons que de probabilités
... Et ce d'autant plus que l'on se plait à prédire le succès et l'échec d'hommes/femmes et de partis politiques qui n'ont d'utilité que de prouver que nous sommes en démocratie , qui sont fort bien connus de leur mère et de leur concierge, mais dont le monde se passe fort bien . La chasse au quart d'heure de célébrité - délivré par l'ARCOM- vaut son pesant de popcorn : https://www.publicsenat.fr/actualites/politique/interview...
Bardella, coq de très basse cour, pérore en France pour faire oublier qu'il est bien minoritaire au niveau européen . Remettons les pendules à l'heure : https://www.touteleurope.eu/institutions/les-groupes-du-p...
Une chose reste sûre, l'homme est un animal grégaire, ça bouchonnera sur les routes des départs en vacances comme d'habitude , bien que tout le monde bêle en se plaignant de la vie chère .
« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy, Conseiller
au Parlement
rue d'Anjou au Marais
à Paris
25è novembre 1768
Mon cher conseiller, je ne vous ai point remercié , je n'ai écrit ni à madame votre mère, ni à M. de Florian, parce que j'ai ouï dire que Mme de Courcelles est une divinité qui aime fort les prémices . Je m'imagine que cette lettre vous trouvera chez vous à Paris .
Si vous avez eu à Hornoy un temps semblable au nôtre, je vous plains beaucoup ; mais si vous avez joué la comédie , je ne vous plains pas . Les Romains ne demandaient que panem et circemces, mais pour panem je n'en suis pas si sûr . Je souhaite que la Picardie soit plus heureuse que mon maudit pays . Presque personne n'a eu le temps de semer dans mon canton . Je me suis raidi contre les éléments ; j'ai perdu mes semences et mes peines . Les pluies ont pourri mon blé, car, quoi qu'en dise saint Matthieu, il ne faut pas qu'il pourrisse pour germer . Le peu qui a levé a été dévoré par les insectes que l'humidité a fait éclore . Les hommes et les autres animaux n'ont qu'une vie précaire . Nous ne vivons que de probabilités ; et après tout il est probable que le genre humain ne périra pas en l’année 1769.
Je vous réitère mes tendres remerciements . Je vous embrasse de toutes les forces qui me restent, aussi bien que M. et Mme de Florian .
J'écris à Mme Denis, et je partage avec elle sa reconnaissance pour tous vos bons offices .
V. »
08:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/06/2024
L'abîme de la décadence s'approfondit aujourd'hui chez les Welches
... La preuve en étant apportée au soir des élections européennes ce dimanche . Au passage, que le RN cesse de crier victoire en n'ayant que trente pour cent de partisans alors que mathématiquement il en a soixante-dix pour cent contre lui !
Urne = boite à mouchoirs
« A Jean-François de La Harpe
23è novembre 1768 à Ferney
La première chose que j'ai faite, mon cher enfant, est de vous envoyer par le coche à l'adresse de M. Lacombe ce que vous voulez bien me demander par votre lettre . Je ne sais pas quand ce coche arrivera .
Savez-vous qui a eu le proxime accessit de l'éloge de Corneille ? Votre vrai accessit est dans Warwick . Si vous n'avez ni acteurs ni actrices, à quoi vous serviront vos talents ? L'abîme de la décadence s'approfondit aujourd'hui chez les Welches . J’aurais voulu vous voir entrer dans le temple de la fortune comme vous êtes déjà parvenu dans celui de la gloire ; mais l'un et l'autre se ferment pour les gens de lettres .
Mes respects à l'Opéra-Comique, au singe de Nicolet 1 et au Journal chrétien.
V. »
1 Sur ce « singe de NIcolet », voir lettre du 4 mars 1767 au marquis de Florian : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/08/12/en-verite-il-s-agit-dans-cette-affaire-de-l-honneur-de-la-fr-6396068.html
09:35 | Lien permanent | Commentaires (0)
les idées les plus absurdes et les plus détestables que la fureur et la folie aient jamais inventées
... Oui, c'est bien ainsi que fonctionne Poutine et ses sympathisants . Jusqu'à quand pourrons/devrons-nous les supporter ?
«A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand
[vers le 22 novembre 1768]1
Madame,
Un officier de dragons 2 me mande que vous lui avez demandé cela 3. Je vous envoie cela. Si votre ami 4 avait lu cela, et bien d’autres choses faites comme cela, il ne serait pas tourmenté, sur la fin de sa vie, par les idées les plus absurdes et les plus détestables que la fureur et la folie aient jamais inventées : il changerait avec tous les honnêtes gens de l’Europe qui ont changé . Je l’aime malgré sa faiblesse, et je prends vivement son parti 5 contre un marquis de Bélestat, qui le traite avec la plus cruelle injustice dans un ouvrage qui a trop de vogue, et qu’il faut absolument réfuter . Je vous souhaite, madame, santé et fermeté . Méprisez le monde et la vie, tout cela n’est qu’un fantôme d’un moment. »
1 Original ; édition Kehl . La date est fixée à peu de chose près par une lettre de Mme du Deffand à Walpole du 30 novembre 1768 : « Je reçus il y a trois ou quatre jours un petit billet de Voltaire, il me parle de la brochure contre le président ; je fis voir hier à grand-maman [la duchesse de Choiseul] la réponse que je lui fais, elle en fut contente ; il connaîtra que je ne suis pas sa dupe. »
2 Dupuits .
3 Le Marseillais et le lion : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5454969p
4 Le président Hénault.
5 Voir lettre du 17 octobre 1768 à Hénault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/04/30/certainement-je-ne-prendrai-pas-la-liberte-de-combattre-pour-6496324.html
00:01 | Lien permanent | Commentaires (0)