18/07/2010
Il est juste que l'admiration des étrangers se signale dans ce temps de merveilles.
http://www.deezer.com/listen-3763187
Contraste ...
http://www.deezer.com/listen-3961026
A choisir selon l'heure et l'humeur ...
http://www.deezer.com/listen-3655784
http://www.deezer.com/listen-1304482
Emotion(s) ... passées et à venir ...
http://www.deezer.com/listen-546270
« A Marie-Thérèse Geoffrin
rue Saint-Honoré à Paris.
18 juillet [1760]
Oui, Madame, c'est Alexis Kouranskoy qui a eu l'honneur de vous envoyer les dernières volontés de son cousin Alétof.[de V* :Le Russe à Paris, Petit poème en vers alexandrins composé à Paris au mois de mai 1760, par M. Ivan Alethof ; cf. lettre du 30 juin . Vorontsov en accusât réception : « Je viens de recevoir de M. Alethof, cousin de M. Kouranskoy, le discours dont M. Kouranskoy l'avait fait dépositaire. »]. Ce Russe a su de vos nouvelles, Madame ; M. de Marmontel lui en avait beaucoup parlé dans son dernier voyage en Orient, au pays des lacs et des montagnes [il est venu aux Délices de fin mai à fin juin 1760]. Alexis Kouranskoy était instruit de plusieurs merveilles de votre bonne ville de Paris ; il savait ce qui s'était passé sur les tréteaux au faubourg qu'on appelle Saint-Germain, à une certaine représentation d'une comédie gaie, tendre, touchante, et tout à fait honorable pour la France [de Palissot : Les Philosophes ; D'Alembert écrit le 6 mai que 450 billets ont été donnés à la claque pour la première représentation]. Il avait été très édifié de l'honneur que M. Lefranc de Pompignan avait fait à sa patrie dans sa harangue à l'Académie. Il savait positivement que le roi avait été enchanté du Mémoire de Lefranc de Pompignan [fait en réponse aux Quand de V*, qui répondait à l'agressif Discours de réception à l'Académie de Pompignan ; Mémoire présenté au roi le 11 mai 1760, à la suite de quoi il battit en retraite et se réfugia dans son château] ; qu'il se le fait lire tous les jours à son souper, et qu'il regarde actuellement Montauban comme la première ville de son royaume, puisqu'elle a produit Lefranc de Pompignan.
Alexis Kouranskoy a vu avec un extrême plaisir une ou deux pages d'un nommé Fréron [dans l'Année littéraire], et il ne sait si ce Fréron n'est pas pour le moins un aussi grand homme que Pompignan, mais l'un et l'autre mis ensemble ne pourront jamais égaler Ramponeau [cabaretier très populaire qu'un entrepreneur de spectacles, Gaudon, en 1760, voulut montrer sur son théâtre, conclut un marché avec lui, mais Ramponeau n'honora pas son contrat ; Élie de Beaumont, avocat, fit un Mémoire contre Ramponeau ; le procès qui n'eut jamais lieu donna lieu à de nombreuses facéties ; en juin 1760, V* écrit Plaidoyer de Ramponeau] . Il est juste que l'admiration des étrangers se signale dans ce temps de merveilles. M. Alétof, en mourant recommanda très expressément à son cousin d'envoyer un exemplaire à Madame de Geoffrin, attendu qu'elle doit être pénétrée de respect et de reconnaissance pour l'auteur de la charmante comédie qui a fait courir tout Paris [Les Philosophes de Palissot, jouée le 2 mai 1760 pour la première fois].
On la soupçonne d'être en effet, comme elle le dit, dans un coin de sa chambre quand tant de gens sortent de chez eux pour aller admirer tant de merveilles. Les sages restent dans leurs coins tandis que les autres jouissent en public de leur beau triomphe.
Madame de Geoffrin est très humblement suppliée de vouloir bien demander à Marmontel des nouvelles de la goutte qu'il a à la main droite. Mme Denis s'attendait à une petite lettre d'honnêteté de ce voyageur [suite à sa venue aux Délices]; il avait promis d'écrire des nouvelles de tout ce qu'il y a de bon et d'excellent dans Paris ; apparemment que chat échaudé craint l'eau froide [Marmontel a été embastillé fin décembre 1759 et a perdu sa place au Mercure . Thiriot le 30 juillet écrit qu'une lettre de Marmontel dit avoir écrite à V* a fait décacheter toutes les lettres de V* et de ses amis et a fait refuser le contreseing des fermiers généraux]; mais encore faut-il être avec ses amis , quand on n'ose pas être bavard.
Alexis se met aux pieds de Madame de Geoffrin. »
06:31 | Lien permanent | Commentaires (0)
17/07/2010
Arlequins anthropophages, je ne veux plus entendre parler de vous... Je ne veux pas respirer le même air que vous.
http://news.fr.msn.com/m6-actualite/article.aspx?cp-docum...
"...un pays où l'on commet de sang-froid et en allant dîner des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres."
Un pays où l'on commet, toute réflexion faite et en ayant suivi une cérémonie de prière, des actes d'agression qui font frémir ...
Ce pays qui en certains lieux, qui s'étendent très vite, devient un pays de non droit, limite république bananière où c'est la pègre qui fait sa loi .
Je fais allusion ici à cette invraisemblable violence grenobloise.
Mon cher imam, ta prière pour ce regretté mais non regrettable délinquant à qui il n'a manqué que d'être assassin, ta prière, dis-je, soit est tombée dans l'oreille de sourds, soit a mis de l'huile sur le feu . Tu ne pouvais ignorer que ces jeunes salauds (je ne crains pas d'utiliser ce terme ! ) avaient promis de se venger !
Venger quoi ? Venger qui ?
Un hors-la-loi ?
Et bien s'ils sont de son bord qu'ils en subissent les conséquences !
Voltaire vous aurais haï !
Et moi, je vous traite de bestiaux imbéciles et dangereux !
Basta !!
Je ne veux plus que vous respiriez le même air que moi !
http://www.deezer.com/listen-2150174
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Aux eaux de Rolle en Suisse par Genève 16è juillet 1766
Je me jette à votre nez, à vos pieds, à vos ailes, mes divins anges. Je vous demande en grâce de m'apprendre s'il n'y a rien de nouveau . Je vous supplie de me faire avoir la Consultation des avocats [affaire de La Barre]; c'est un monument de générosité, de fermeté et de sagesse dont j'ai d'ailleurs un très grand besoin. Si vous n'en avez qu'un exemplaire et que vous ne vouliez pas le perdre, je le ferai transcrire, et je vous le renverrai bientôt.
L'atrocité de cette aventure me saisit d'horreur et de colère . Je me repens bien de m'être ruiné à bâtir et à faire du bien dans la lisière d'un pays où l'on commet de sang-froid et en allant dîner des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres. Et c'est là ce peuple si doux, si léger, si gai ! Arlequins anthropophages, je ne veux plus entendre parler de vous. Courez du bûcher au bal, de la Grève à l'opéra-comique, rouez Calas, pendez Sirven, brûlez cinq pauvres jeunes gens qu'il fallait, comme disent mes anges, mettre six mois à Saint-Lazare[#]. Je ne veux pas respirer le même air que vous.
Mes anges, je vous conjure encore une fois de me dire tout ce que vous savez. L'Inquisition est fade en comparaison de vos jansénistes de Grand-Chambre et de Tournelle [chambre du parlement de Paris chargée des affaires criminelles]. Il n'y a que le diable qui soit capable de brûler les hommes en dépit de la loi. Quoi ! le caprice de cinq vieux fous [cinq juges qui firent la majorité pour la condamnation à mort : « Il y avait vingt-cinq juges, quinze opinèrent la mort et dix à une correction légère. »] suffira pour infliger des supplices qui auraient fait trembler Busisris ![roi légendaire d'Égypte qui faisait périr tous les étrangers qui entraient sur ses États] Je m'arrête , car j'en dirais bien davantage. C'est trop parler de démons, je ne veux qu 'aimer mes anges. »
#Dans une prétendue lettre datée du 7 juillet 1766, V* relate ce qu'il sait de l'affaire : « Un … lieutenant de l'Élection , … nommé Belleval, vivait avec la plus grande intimité avec l'abbesse de Vignancour, lorsque deux jeunes gentilshommes, parents de l'abbesse , … arrivèrent à Abbeville. L'abbesse …, trouvant … le plus jeune préférable à monsieur l'élu, … congédia celui-ci … Belleval , jaloux et chassé , résolut de se venger ; il savait que le chevalier de La Barre avait commis de grandes indécences quatre mois auparavant avec quelques jeunes gens de son age. L'un d'eux … avait donné en passant un coup d baguette sur un poteau auquel était attaché un crucifix … il sut que ces jeunes gens avaient chanté des chansons impies … on reprochait au chevalier de La barre d'avoir passé à trente pas d'une procession qui portait le Saint-Sacrement, et de n'avoir pas ôte son chapeau ...Belleval alla chez tous les témoins, il les menaça …; il força le juge d'Abbeville à le faire assigner lui-même en témoignage . Il ne se contenta pas de grossir les objets ... » Les cinq jeunes gens sont de La Barre, Gaillard d'Etallonde, Moinel, Douville de Maillefeu, Dumaisniel de Saveuse.
12:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
16/07/2010
Je présume qu'on ne [se] soucie point du tout à la cour d'humilier ...
http://www.deezer.com/listen-1332290
http://www.deezer.com/listen-1332265
http://www.deezer.com/listen-1332334
http://books.google.fr/books?id=qTgWAAAAYAAJ&pg=PA63&...
http://www.theatrales.uqam.ca/foires/cal/cal1764.html
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Voici , mes anges, la lettre du conjuré de Turin [Chauvelin , ambassadeur à Turin, intéressé par le Triumvirat] qui m'est venue après le récit que vous m'avez fait de notre défaite [joué le 5 juillet sans succès Octave ou Le Triumvirat, fut retiré après cinq représentations et non repris]. Je suis persuadé que M. de Chauvelin vous a écrit dans le même goût. Les conjurés en agissent rondement les uns avec les autres . Il me paraît bien difficile que mes anges, M. le duc de Praslin, M. de Chauvelin, maman [Mme Denis que Mlle F. Corneille appelait « maman »] et moi (qui sommes assez difficiles) nous nous soyons tous si grossièrement trompés. Mon avis serait qu'au voyage de Fontainebleau , M. de Praslin ourdît sous main une petite brigue pour faire jouer les Roués . Je présume qu'on ne [se] soucie point du tout à la cour d'humilier Poinsinet de Sivry [à qui on a attribué la pièce ; le 12 juillet V* écrit : « ...hasardez deux ou trois représentations, car ce pauvre Poinsinet ayant protesté que le délit n'a pas été commis par lui, il se pourra que le public soit moins barbare. »], et que le ton de la pièce ne déplairait pas à beaucoup d'honnêtes gens qui sont plus familiarisés que le parterre avec l'histoire romaine.
Amusez-vous, je vous en prie, à me dire ce qui le plus révolté ce cher parterre dans l'œuvre de Poinsinet de Sivry. Comment se porte Madame l'ange ?
Respect et tendresse.
16é juillet [1764]. »
10:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/07/2010
Je m'étonne que, parmi tant de démonstrations alambiquées de l'existence de Dieu, on ne se soit pas avisé d'apporter le plaisir en preuve.
Pour la première fois depuis la période révolutionnaire, et celle de Voltaire qui la précéda,hier, un feu d'artifice a été tiré depuis le parc du château de Voltaire .
Très beaux feux accompagnés -et soulignant- de la musique de Rameau et le livret de Volti écrits pour la Princesse de Navarre .
http://www.youtube.com/watch?v=9tvN6KwMSCI&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=HBex8q0XSrw&NR=1
http://www.youtube.com/watch?v=wuoFMFIFqqM&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=qDbgTWtPrLc&feature=related
Plusieurs milliers de personnes ont donc franchi les grilles et profité du spectacle, non sans avoir, pour beaucoup, profité des frites et grilllades diverses, d'un petit orchestre très dynamique et de l'illumination de la façade du château.
Ah! j'allais oublier !
Temps superbe qui aurait fait baver d'envie le président (comment quel président ? le grand N.S. bien évidemment, qui se prend parfois pour l'autre N.S., Notre Seigneur ...) s'il n'avait pas eu le nez creux en annulant la garden party élyséenne.
Ici, les invités payaient leur nourriture et leur boisson ! Et ne cherchaient pas à se montrer devant la caméra .
Révolutionnaire !
"quand le prince enrichit ses sujets, il faut bien que leurs taxes augmentent.": petit détail, juste pour donner du coeur au ventre à ceux qui partent en vacances, une "mesurette" démesurée d'augmentations programmées pour les tax payers que nous sommes .Nous ne sommes plus au siècle de Voltaire, où philosophiquement il admettait de payer plus en gagnant plus ; de nos jours payons d'abord pour enrichir le(s) prince(s), et tâchons de nous enrichir, en nous serrant la ceinture.
Amusez-vous bien quand même ...
« A Frédéric, prince héritier de Prusse
[Vers le 15 juillet 1738]
Monseigneur,
Quand j'ai reçu le nouveau bienfait dont Votre Altesse Royale m'a honoré,[le 17 juin, Frédéric a envoyé en même temps que des réflexions métaphysiques, ses Considérations sur l'état présent du corps politique de l'Europe, et « un meuble » pour le cabinet de Mme du Châtelet] j'ai songé aussitôt à lui payer quelques nouveaux tributs. Car quand le prince enrichit ses sujets, il faut bien que leurs taxes augmentent . Mais, Monseigneur , je ne pourrai jamais vous rendre ce que je dois à vos bontés. Le dernier fruit de votre loisir est l'ouvrage d'un vrai sage, qui est fort au-dessus des philosophes ; votre esprit sait d'autant mieux douter qu'il sait mieux approfondir. Rien n'est plus vrai, Monseigneur, que nous sommes dans ce monde sous la direction d'une puissance aussi invisible que forte, à peu près comme des poulets qu'on a mis en mue pour un certain temps, pour les mettre à la broche ensuite, et qui ne comprendront jamais par quel caprice le cuisinier les fait ainsi encager ; je parie que si ces poulets raisonnent, et font un système sur leur cage, aucun ne devinera que c'est pour être mangés qu'on les a mis là. Votre Altesse Royale se moque avec raison des animaux à deux pieds qui pensent savoir tout ; il n'y a qu'un bonnet d'âne à mettre sur la tette d'un savant qui croit savoir bien ce que c'est que la dureté, la cohérence, le ressort, l'électricité, ce qui produit les germes, les sentiments, la faim, ce qui fait digérer, enfin qui croit connaitre la matière, et qui pis est l'esprit ; il y a certainement des connaissances accordées à l'homme ; nous savons mesurer, calculer, peser jusqu'à un certain point. Les vérités géométriques sont indubitables, et c'est déjà beaucoup ; nous savons à n'en pouvoir douter, que la lune est beaucoup plus petite que la terre, que les planètes font leur cours suivant une proportion réglée, qu'il ne saurait y avoir moins de trente millions de lieues de trois mille pas d'ici au soleil ; nous prédisons les éclipses, etc. Aller plus loin est un peu hardi, et le dessous des cartes n'est pas fait pour être aperçu. J'imagine les philosophes à systèmes comme des voyageurs curieux, qui auraient pris les dimensions du sérail du Grand Turc, qui seraient même entrés dans quelques appartements, et qui prétendraient sur cela deviner combien de fois Sa Hautesse a embrassé sa sultane favorite, ou son icoglan,[un page du Grand seigneur] la nuit précédente.
Mais, Monseigneur, pour un prince allemand, qui doit protéger le système de Copernic, Votre Altesse Royale me paraît bien sceptique ; c'est céder un de vos États pour l'amour de la paix ; ce sont des choses, s'il vous plait, qu'on ne fait qu'à la dernière extrémité ; je mets le système planétaire de Copernic, moi, petit Français, au rang des vérités géométriques, et je ne crois point que la montagne de Malabar puisse jamais le détruire.[le 17 juin, Frédéric écrit : « … tous ces systèmes (des « philosophes ») ont un degré de probabilité, cependant ils secontredisent tous. Les Malabares ont calculé les révolutions des globes célestes sur le principe que le soleil tournait autour d'une grande montagne de leur pays, et ils ont calculé juste. »]
J'honore fort messieurs du Malabar, mais je les crois de pauvres physiciens . Les Chinois, auprès de qui les Malabares sont à peine des hommes, sont de fort mauvais astronomes . Le plus médiocre jésuite est un aigle chez eux ; le tribunal des mathématiques de la Chine, avec toutes ses révérences et sa barbe en pointe, est un misérable collège d'ignorants, qui prédisent la pluie et le beau temps, et qui ne savent pas seulement calculer juste une éclipse ; mais je veux que les barbares du Malabar aient une montagne en pain de sucre, qui leur tient lieu de gnomon [= cadran solaire] . Il est certain que leur montagne leur servira très bien à leur faire connaître les équinoxes, les solstices, le lever et le coucher du soleil et des étoiles, les différences des heures, les aspects des planètes, les phases de la lune ; une boule au bout d'un bâton nous fera les mêmes effets en rase campagne, et le système de Copernic n'en souffrira pas.
Je prends la liberté d'envoyer à Votre Altesse Royale mon système du plaisir [cinquième Discours sur l'homme]; je ne suis point sceptique sur cette matière, car depuis que je suis à Cirey, et que Votre Altesse Royale m'honore de ses bontés, je crois le plaisir démontré.
Je m'étonne que, parmi tant de démonstrations alambiquées de l'existence de Dieu, on ne se soit pas avisé d'apporter le plaisir en preuve. Car , physiquement parlant, le plaisir est divin, et je tiens que tout homme qui boit de bon vin de Tokay, qui embrasse une jolie femme, qui, en un mot, a des sensations agréables, doit reconnaître un être suprême et bienfaisant ; voilà pourquoi les anciens ont fait des dieux de toutes les passions ; mais comme toutes les passions nous sont données pour notre bien-être, je tiens qu'elles prouvent l'unité d'un Dieu car elles prouvent l'unité de dessein. Votre Altesse Royale permet-elle que je consacre cette épître à celui que Dieu a fait pour rendre heureux les hommes,[le Discours comporte une adresse au « Grand prince, esprit sublime, heureux présent du ciel » (= Frédéric) que V* modifiera après la mésaventure de Francfort] à celui dont les bontés font mon bonheur et ma gloire ? Mme du Châtelet partage mes sentiments. Je suis avec un profond respect et un dévouement sans bornes,
Monseigneur, etc . »
14:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
14/07/2010
si on se divise, si on a de petites faiblesses, on est perdu
« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay
14 juillet [1760] aux Délices
Voici ma réponse, madame, à une lettre très injuste adressée à notre cher docteur et qu'il vient de m'envoyer. Je vous en fais tenir copie ; comptez que c'est la loi et les prophètes.
Je sais mieux que personne ce qui se passe à Paris et à Versailles, au sujet des philosophes ; si on se divise, si on a de petites faiblesses, on est perdu. L'Infâme et les infâmes triompheront. Les philosophes seraient-ils assez bêtes pour tomber dans le piège qu'on leur tend ? soyez le lien qui doit unir ces pauvres persécutés.
Jean-Jacques aurait pu servir dans la guerre, mais la tête lui a tourné absolument. Il vient de m'écrire une lettre dans laquelle il me dit que j'ai perdu Genève [lettre de JJR à V* du 17 juin 1760, reproduite dans les Confessions]. En me parlant de Grimm, il l'appelle un Allemand nommé Grimm. Il dit que je suis cause qu'il sera jeté à la voirie quand il mourra, tandis que moi je serai enterré honorablement.
Que voulez-vous que je vous dise, Madame ? il est déjà mort ; mais recommandez aux vivants d'être dans la plus grande union .
Je me fais anathème pour l'amour des persécutés, mais il faut qu'ils soient plus adroits qu'ils ne sont ; l'impertinence contre Mme de Robecq, la sottise de lui avoir envoyé La Vision,[de l'abbé Morellet ; cf. lettres des 25 avril, 10 juin et 9 juillet] la barbarie de lui avoir appris qu'elle était frappée à mort, sont un coup terrible qu'on a bien de la peine à guérir ; on le guérira pourtant et je ne désespère de rien si on peut s'entendre. Je me mets à vos pieds, ma belle philosophe. »
10:08 | Lien permanent | Commentaires (0)
12/07/2010
L'ouvrage peut devenir nécessaire aux étrangers qui apprennent notre langue par règles et aux Français qui ne la savent que par routine
« A Charles Pinot Duclos
Au château de Ferney, 12 juillet 1761.
J'apprends, Monsieur, par votre signature, que vous êtes à Paris. Le projet que vous avez approuvé trouve bien de la faveur [Édition critique de Corneille, qu'il a demandé à l'Académie d'entreprendre, ayant chez lui Marie-Françoise Corneille qu'il veut doter]. Le Roi daigne permettre que son nom soit à la tête des souscripteurs pour deux cents exemplaires, plusieurs personnes ont souscrit pour dix, pour douze, pour quinze. Je ne ferai imprimer le programme que quand j'aurai un assez grand nombre de noms illustres. Ne pourriez-vous pas, vous, Monsieur, qui êtes le premier moteur de cette bonne œuvre honorable pour la nation, et peut-être utile, me faire savoir pour combien souscriront nos académiciens, de rore coeli et pinguedine terrae ?[=de la rosée du ciel et de la graisse de la terre]
L'ouvrage peut devenir nécessaire aux étrangers qui apprennent notre langue par règles et aux Français qui ne la savent que par routine. J'ai déjà ébauché Médée, Le Cid, Cinna, j'ai commencé entièrement les Horaces. Je m'instruis en relisant ces chefs-d'œuvre mais je m'instruis trop tard.
Mon commentarium perpetuum [= commentaire au fil du texte] est attaché sur de petits papiers, avec ce qu'on appelle mal à propos pain enchanté,[= « pain enchanté » ou « pain à chanter » (la messe) = pain à cacheter] à la fin de chaque page. Je me suis servi du seul tome que j'ai recouvré dans ce pays barbare d'une petite édition que fit faire Corneille [à Duclos, il dira le 14 septembre qu'il veut continuer sur l'édition de 1664 ; dans sa bibliothèque on a trouvé les éditions de 1638, 1664, 1723,1747 … cf. lettre à Duclos du 14 septembre] dans laquelle il inséra toutes ses imitations de Guillain de Castro, de Lucain, et de Sénèque.
Si l'Académie l'agrée, si cela vous amuse, je vous enverrai le commentaire des Horaces tout griffonné qu'il est . L'Académie décidera de mes réflexions et vous aurez la bonté de me renvoyer au plus tôt cet exemplaire unique.
Ma nièce, celle de Corneille, et moi, nous vous remercions de l'intérêt que vous prenez à cette affaire et de tous vos soins généreux.
V. »
09:44 | Lien permanent | Commentaires (0)
10/07/2010
J'ai toujours été persuadé qu'il faut mépriser les critiques, mais que c'est un devoir de réfuter la calomnie
Y-a-t'il "critique" dans ce monde politique français (qui fait bien rire mes voisins Suisses ! ) ?
Y-a-t'il "calomnie" de la part d'un monde journalistique "pourri" ?
Relais par un monde politique dit d'opposition, critique et calomnieux , des chacals, qui hurlent pour détourner l'attention de leurs propres (ou plutot malpropres ) manoeuvres.
De pourri, pour l'instant je ne vois pas de trace dans le travail des journalistes . Ce sont eux qui ont le plus à perdre dans cette détestable affaire Woerth-Bettencourt-Sarkozy- ...etc.
Un journaliste convaincu de calomnie risque sa place, donc son gagne- pain .
L'homme politique ne risque que sa rétrogradation, mise sur la touche, puis grâce au copinage retrouve un travail tranquille, bien payé, avec une retraite imméritée et conséquente . Mais il est vrai que c'est dur de tomber du cocotier quand on oublie que c'est de là haut qu'on montre le mieux son cul !... Mais il est vrai que c'est dur de se faire attrapper la main dans le pot de confiture et d'assurer que c'est la main d'un autre .
J'ai bien noté : "je vous mets au défit de trouver une quelconque preuve matérielle ..." .
Moi, je vous mets au défit de prouver votre innocence avec des preuves matérielles .
« A Etienne-Noël Damilaville
11 juillet 1767
Il est très certain, mon cher ami, que les protestants de Guyenne sont accusés d'avoir voulu assassiner plusieurs curés, et qu'il y a près de deux cents personnes en prison à Bordeaux pour cette fatale aventure[*] qui a retardé l'arrivée de M. le maréchal de Richelieu à Paris. C'est dans ces circonstances odieuses que l'infâme La Beaumelle m'a fait écrire des lettres anonymes [**]. J'ai été forcé d'envoyer aux ministres le mémoire ci-joint [intitulé Mémoire présenté au ministère ou Mémoire pour être mis à la tête d'une nouvelle édition qu'on prépare du Siècle de Louis XIV (1767)]. C'est du moins une consolation pour moi d'avoir à défendre la mémoire de Louis XIV et l'honneur de la famille royale en prenant la juste défense de moi-même contre un scélérat audacieux, aussi ignorant qu'insensé [***]. J'ai toujours été persuadé qu'il faut mépriser les critiques, mais que c'est un devoir de réfuter la calomnie. Au reste j'ai mauvaise opinion de l'affaire des Sirven. Je doute toujours qu'on fasse un passe-droit au parlement de Toulouse [= qu'ôte l'affaire Sirven au parlement de Toulouse] en faveur des protestants, tandis qu'ils se rendent si coupables, ou du moins si suspects. Tout cela est fort triste ; les philosophes ont besoin de constance.
On dit qu'il n'y a point de M. Mercier, que c'est un nom supposé [il s'agit de L'Homme sauvage, de J.-G.-B. Pfeil, « histoire traduite par M.(Louis-Sébastien) Mercier » , 1767; cf. lettre du 19 juin à d'Alembert]. Cela est-il vrai ? »
*V* écrit à Richelieu, qui est gouverneur de Guyenne, et celui-ci répond le 1er août : « Comme vous dites que tout est bien, vous ne pouvez vous dispenser de dire la même chose dans (l') occasion … des protestants de St Foy accusés d'avoir composé une troupe de cent personnes pour aller causer avec le curé qui n'aimant pas la conversation sauta par la fenêtre et se sauva, le parlement informé, et je puis assurer … que ce parlement ne pense point du tout comme celui de Toulouse pour las protestants, mais s'il voyait quelque chose qui ne fût pas si bien … il pourrait être fort brutal. »
**A Damilaville le 4 juillet : « J'ai reçu quatre-vingt-quatorze (lettres anonymes) de la même écriture, et je les ai toutes brûlées . Enfin j'en ai reçu une quatre-vingt-quinzième qui ne peut être écrite que par La Beaumelle … ou par quelqu'un à qui il l'aura dictée puisque dans cette lettre il n'est question que de La Beaumelle même. »
Ce dernier écrira au marquis de Gudanes, commandant du pays de Foix, qu'il n'a « pas plus de part à ces lettres que le Grand Turc », qu' « il y a longtemps que la guerre est ouverte entre Voltaire et (lui) et (que) si (il) étai(t) d'humeur à l'attaquer, (il) n'aurait que faire de prendre le masque de l'anonyme », il soupçonne même V* d'avoir « fabriqué lui-même celle qu'il a envoyée à M. le comte de Saint-Florentin ».
***Vraisemblablement à Saint Florentin, dans le billet d'accompagnement du 8 juillet, V* « implore protection » du ministre « contre la calomnie et contre les lettres anonymes », présente sa « requête en forme de mémoire » , car « il s'agit des plus horribles noirceurs imputées à la famille royale » (notamment dans une réédition qu'il évoque de son Siècle de Louis XIV annoté par La Beaumelle) et il « supplie d'imposer silence à La Beaumelle » dont il donne l'adresse.
Il énumère quelques unes de ces « noirceurs » à son éditeur Lacombe, le 7 août : « On sait bien à Paris que Louis XIV n'a point empoisonné le marquis de Louvois ; que le dauphin, père du roi, ne s'est point entendu avec les ennemis pour faire prendre Lille ; que monsieur le duc, père de M. le prince de Condé d'aujourd'hui, n'a point fait assassiner M. Vergier ... »
18:52 | Lien permanent | Commentaires (0)