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26/01/2017

et moi, je suis là comme l’eunuque du sérail, qui voit faire et qui ne fait rien

... Aurait déclaré notre Fanfoué Hollande qui se luge en attendant sa retraite, et se fiche bien de savoir qui va être le challenger made in PS délégué à la déconfiture de mai 2017 .

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A qui s'adressera-t-il en quittant l'Elysée ?

 

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli

senatore

à Bologna

Aux Délices 2è février 1762 1

Vous envoyez, mon cher monsieur, une paire de lunettes à un aveugle, et un violon à un manchot. Je sens tout le prix de vos bontés et de votre souvenir, tout indigne que j’en suis. Heureux ceux qui ont aes triplex 2 à l’estomac, et qui pourront manger de vos excellentes mortadelles ... qui ressemblent au phallum des Égyptiens ! heureux les intrépides gosiers qui avaleront votre rossoli !3 Je vais déclarer au grand médecin Tronchin qu’il faut absolument qu’il me guérisse, et que j’aie ma part du plaisir de mes convives. Ils s’écrient tous : « Ah ! la bonne chose que ce saucisson ! donnez-moi encore un petit coup de ce rossoli » et moi, je suis là comme l’eunuque du sérail, qui voit faire et qui ne fait rien 4.

J’ai donné votre recette au cuisinier. Vous dites très agréablement que le docteur Bianchi n’en a pas de meilleure. Ah ! monsieur, je vous crois, et je crois même que tous les médecins du monde sont dans le cas de M. Bianchi.

Si je peux guérir, je fais vœu d'aller à Notre-Dame de Lorette 5 et de là , à votre beau théâtre. Il est bien triste pour moi de n’être pas témoin de l’honneur que vous faites aux lettres.

Quand notre peintre de la nature honorera mes petits pénates de sa présence, il verra mon théâtre achevé, et nous pourrons jouer devant lui ; mais il faudrait jouer ses pièces ; je pourrais tout au plus faire le vieux Pantalon bisognosi 6. J’ai quelquefois deux ou trois heures de bon dans la journée, c’est-à-dire deux ou trois heures où je ne souffre pas beaucoup. Je les consacrerais à M. Goldoni ; et si j’avais de la santé, je le mènerais à Paris avant de faire mon voyage de Lorette .

Je ne laisse pas de travailler, tout malade que je suis . Je broche des comédies dans mon lit ; et quand j’ai fait quelque scène dans ma tête, je la dicte, j’envoie la pièce à Paris, on la joue ; les comédiens gagnent beaucoup d’argent, et ne me remercient seulement pas. On en joue une actuellement dont le sujet est le droit qu’avaient autrefois les seigneurs de coucher avec les nouvelles mariées le premier soir de leurs noces. On dit qu’il y a du comique et de l’intérêt dans cette pièce ; elle réussit beaucoup ; mais je n’en suis pas juge, parce que c’est moi qui l’ai faite. J’aurai l’honneur de vous l’envoyer dès qu’elle aura été imprimée.

Instanto l’amo, l’onoro, la riverisco, la ringrazio.7

V. »

1 Manuscrit original, formule et initiale autographes, mention « fco Milano » . Albergati avait écrit le 5 décembre 1761 à V* en lui transmettant une réponse du docteur Bianchi, « médecin romagnol de Rimini », et en lui envoyant une caisse de mortadelle accompagnée d'une recette pour accommoder celle-ci ; il en demandait des nouvelles à V*, dont il n'avait pas eu de réponse, dans un mot du 22 janvier 1762 en précisant qu'il avait manqué un anglais passé par Bologne avec une lettre de V* à son intention .

2 Un triple airain ; Horace, Odes, I, iii, 9 .

3 Le rosssolis ou rossoli est une liqueur « composée d'eau-de-vie brûlée, de sucre et de jus de quelque fruit doux, tel que celui de cerises, de mûres, etc. » (Littré)

4 Voir Le Despotisme oriental. (Georges Avenel)

5 Albergati a changé de Lorette en plus long qui est passé dans les éditions ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-5-122829498.html

6 Le Pantalone de Bisognosi, dans la pièce de Goldoni intitulée La Femmina puntigliosa, 1750 .

7 En attendant, je vous aime, je vous honore, je vous révère, je vous rends grâce .

 

25/01/2017

J’ai connu parfaitement de quel prix sont les éloges et les censures de la multitude, et je finis par tout mépriser

... C'est en substance ce que vous dites monsieur Fillon, qui visiblement avez su lutter contre le chômage d'une manière très assidue en engageant madame votre épouse avec un salaire plus qu'intéressant . Qu'aviez-vous à vous faire pardonner ? Vous parlez de boules puantes , je pense qu'il y en a d'abord eu dans vos poches  ; légalement irréprochable, moralement discutable , il n'y a pas de petits profits à vos yeux .

Minuscule excuse : vous n'êtes pas le seul à disposer ainsi des deniers publics pour votre enrichissement .

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 Et en plus vous voulez faire disparaitre le corps du délit !

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

[vers le 1er février 1762] 1

Ma chère nièce, sans doute j’irai vous voir, si vous ne venez pas chez moi ; mais il faut conduire l’édition de Corneille qui est commencée. En voilà pour un an. Je vous renverrai Cassandre dès que ceux à qui je l’ai confié me l’auront rendu . Il est juste que vous l’ayez entre les mains. Vous verrez si chaque acte ne forme pas un tableau que Van Loo pourrait dessiner.

On a mutilé, estropié trois actes du Droit du Seigneur, ou l’Ecueil du Sage, à la police . C’est le bonhomme Crébillon qui a fait ce carnage, croyant que ces gens-là étaient mes sujets.  Il faut permettre à Crébillon le radotage et l’envie . Le bonhomme est un peu fâché qu’on se soit enfin aperçu qu’une partie carrée ne sied point du tout dans Electre.

Je voudrais, pour la rareté du fait, que vous eussiez lu ou que vous lussiez son Catilina, que madame de Pompadour protégea tant, par lequel on voulait m’écraser, et dont on se servit pour me faire avaler des couleuvres dont on n’aurait pas régalé Pradon. C’est ce qui me fit aller en Prusse, et ce qui me tient encore éloigné de ma patrie. J’ai connu parfaitement de quel prix sont les éloges et les censures de la multitude, et je finis par tout mépriser.

Le Droit du Seigneur n’a été livré aux comédiens que pour procurer quelque argent à Thieriot, qui n’en dira pas moins du mal de moi à la première occasion, quand mes ennemis voudront se donner ce plaisir-là. Il doit avoir la moitié du profit, et un jeune homme 2 qui m’a bien servi doit avoir l’autre.

Mon impératrice de Russie est morte ; et, par la singularité de mon étoile, supposé que j’aie une étoile, il se trouve que je fais une très grande perte. 

Vous savez que le roi de Prusse a été assassiné 3, et que le coup n'a point porté . Il est à croire qu'une autre fois on sera moins maladroit . 

Je vous embrasse le plus tendrement du monde et votre gros garçon. »

1 L'édition de Kehl qui omet l'avant dernier paragraphe (voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-5-122829498.html ), biffé sur le manuscrit, est suivie par les autres éditions . La copie manuscrite date la lettre de février 1762 et l'édition la place à la fin du mois ; mais toutes les allusions la font situer plus tôt .

2 Ce « jeune homme » pourrait être madame Belot à qui V* avait offert l'année précédente le bénéfice de la pièce ; voir lettre du 27 août 1761 à celle-ci : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/08/01/il-y-a-bien-des-gens-qui-n-achetent-point-de-livres-parce-qu-5832702.html

3 Cette rumeur semble n'avoir eu aucun fondement .

 

Oh ! le bon temps que c’était / Que le temps de la famine ! / Qui voulait foutre foutait / Pour un litron de farine

... Je pense qu'on ne chantera jamais le "bon temps du chômage" ailleurs que dans une revue satirique, comme on a chanté autrefois le temps de la famine en cette France au peuple changeant .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Quels diables d’anges ! Je reçois le paquet avec ma romancine 1. Vraiment comme on me lave la tête ! La poste va partir : je dicte à la fois ma réponse et j’écris ma justification dans mon lit, où je suis assez malade.

Mes divins anges, vous ne savez ce que vous dites. Faites-vous représenter la lettre à Duchesne 2, et vous verrez que je n’ai pas tort, et le cœur vous saignera de m’avoir grondé.

Plus j’y pense, plus je crois ne lui avoir point donné positivement permission d’imprimer Zulime . Ou ma vieillesse et mes travaux m’ont fait perdre la mémoire, ou il y a dans la lettre ces propres mots :

« M. de V. vous donnera volontiers la permission que vous demandez ; mais il croit qu’il faudrait y ajouter quelques morceaux de littérature, etc. »

La lettre, ce me semble, n’était qu’un compliment, une recommandation auprès de ceux qui sont les dépositaires de l’ouvrage. Je ne doute pas que vous ne vous soyez fait représenter la lettre, et que vous n’ayez jugé selon votre grande prudence et équité ordinaire. Au reste, c’est un bien mince présent pour Lekain et mademoiselle Clairon ; et, en effet, la pièce ne se vendra guère sans quelques morceaux de littérature intéressants qui piquent un peu la curiosité. Comment d’ailleurs la donner au public ? sera-ce avec les coupures qu’on y a faites ? ces coupures font toujours du dialogue un propos interrompu. Ces nuances délicates échappent aux spectateurs, et sont remarquées avec dégoût par les yeux sévères du lecteur ; d’où il arrive que le pauvre auteur est justement vilipendé par les Fréron, sans que personne prenne le parti du pauvre diable.

Le métier est rude, mes anges. Je mets à vos pieds Cassandre. Voilà comme nous jouerons la pièce sur notre théâtre de Ferney, et le grand-prêtre aura plus d’onction que Brizard.

Ce qui me fâche, c’est que voilà la czarine morte. J’y perds un peu ; mais je me console : les têtes couronnées et les libraires m’ont toujours joué quelques tours. Nous verrons quelle sera la face du Nord, cela m’intéresse beaucoup ; d’ailleurs, en qualité de faiseur de tragédies, j’aime beaucoup les péripéties.

Vous allez donc ressusciter Rome sauvée ?3 Que dira notre bonhomme Crébillon ? Il demandera qu’on joue son Catilina, qui a fait assassiner Nonnius cette nuit 4, et qui veut qu’un chef de parti soit bien imprudent, et débite surtout des vers à la diable. Il est plaisant que ce galimatias ait réussi en son temps. Notre nation est folle ; mais je lui pardonne : on ne faisait semblant d’aimer Catilina que pour me faire enrager. Madame de Pompadour et le bonhomme Tournemine appelaient Crébillon Sophocle, et moi on m’accablait de lardons . Oh ! le bon temps que c’était 5 !

Je reprends la plume pour vous dire que je ne sais plus comment faire avec Don Pèdre. Du grand, du noble, du furieux, j’en trouve ; du pathétique qui arrache des larmes, je n’en trouve point. Il faut ou déchirer le cœur, ou se taire. Je n’aime, sur le théâtre, ni les églogues, ni la politique. Cinq actes demandent cinq grands tableaux . Ils sont dans Cassandre. Croyez-moi, faites jouer Cassandre quand vous n’aurez rien à faire, cela vous amusera.

Mes chers anges, je n’en peux plus ; ne me tuez pas. Je ne sais ce que je deviendrai. J’ai sur les bras l’édition de Corneille, qu’on commença hier, et toujours un peu de fièvre. J’ai bien peur que les dernières pièces de Pierre Corneille ne se passent de commentaire et du commentateur. Vivez, mes anges, et réjouissez-vous. »

1 Ce mot qui est chez Saint-Simon apparaît encore dans la lettre à Damilaville du 2 juin 1766 . il signifie « plainte » ou comme ici « réprimande » .

2 On ne connait pas cette lettre .

3 Rome sauvée fut reprise le 8 février 1762 .

4 Catilina, I, 1, de Crébillon, cité inexactement . Lentulus « Pourquoi faire égorger Nonius cette nuit ?
Et de ce meurtre enfin quel peut être le fruit ? »,
http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/catilina/crebillon/crebillon1.html

5 Refrain d'une chanson populaire , une Mazarinade :

« Oh ! le bon temps que c’était / Que le temps de la famine ! / Qui voulait f……  f..tait / Pour un litron de farine. »

 

24/01/2017

Les hommes seront toujours fous ; et ceux qui croient les guérir, sont les plus fous de la bande . Ce qu'il y a de bon, c'est que toutes les espérances des politiques sont toujours trompées

... No comment .

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Et pie c tou'

 

 

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

[vers le 30 janvier 1762] 1

Madame,

Je perds beaucoup à la mort de l’impératrice de Russie . Mais je suis consolé si Votre Altesse Sérénissime est heureuse, si elle est en parfaite santé, si ses États ne se ressentent point des suites de cette funeste guerre qui désole presque toute l'Europe . Je dis au premier coup de canon, en voilà pour sept ans au moins ; et j'ai eu le malheur d'être prophète . Cela est un peu plus loin de la paix perpétuelle que Jean-Jacques Rousseau a si généreusement proposée d'après le vertueux visionnaire l'abbé de Saint-Pierre . Les hommes seront toujours fous ; et ceux qui croient les guérir, sont les plus fous de la bande . Ce qu'il y a de bon, c'est que toutes les espérances des politiques sont toujours trompées, et que cette expérience ne les détrompera jamais . Ceux qui se contentent de prévoir que les nations deviendront très malheureuses par les fautes de cette politique, sont les seuls qui aient raison . »

1 Daté d'après la mort de l'impératrice de Russie, voir lettre du 29 janvier 1762 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/21/il-est-vrai-qu-il-a-eu-souvent-dans-la-tete-et-dans-le-coeur-5901774.html . Schouvalov avait écrit quelques jours auparavant à V* pour lui annoncer la mort de l'impératrice . La présente lettre répond à une lettre de la duchesse du 19 janvier 1762 .

 

à présent, sans que je me sois presque donné de la peine, l’abondance et la propreté ont pris la place de l'indigence, et des horreurs les plus hideuses

... Ce qu'a fait Voltaire , que ne le font nos gouvernants !

 Abondance et propreté, est-ce trop demander ?

Sans vouloir être trop exigeant, d'abord la propreté . C'est alors l'affaire de tous, à la portée de tous . Ne pas salir, éviter la tache , ne pas dégrader simplifient la tâche (qui dit que les accents sont inutiles ? les enseignants et leur ministre : incultes ! ).

Pour l'abondance, nous sommes gâtés ! Non ? pourtant lorsqu'on consulte (NDLR - con-con, c'est voulu ) la liste des candidats à la présidentielle, c'est  de surabondance que nous sommes écrasés . Pour l'abondance, voire plutôt le strict nécessaire, circulez, et attendez ; pessimiste ou réaliste , je suis . Pour les autres lendemains qui chantent , attendre un certain temps .

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A force de tourner en rond, on déprime .

 

 

« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille, Commis

de Mgr le Contrôleur général

à Paris

30 janvier 1762, aux Délices

Sans les vers de Corneille que je commente, monsieur, et qui m’empêchent d'en faire, je répondrais aux vers très jolis dont vous m'avez honoré . C'est une grande récompense du peu de bien que j'ai pu faire, de voir qu'un homme de votre mérite veut bien y mettre quelque prix . Il est vrai que la plus horrible misère couvrait la face du petit canton qui m'appartient, et qu'à présent, sans que je me sois presque donné de la peine, l’abondance et la propreté ont pris la place de l'indigence, et des horreurs les plus hideuses . On craignait de se marier, et de faire des malheureux, actuellement, les curés font plus de contrats de mariages que d'enterrements, on est en état de payer au roi le triple de ce qu'on payait auparavant .

Je suis très fermement persuadé qu'il n’y a a point de terre dans le royaume, où l'on ne puisse produire les mêmes avantages . Mais il faudrait pour y parvenir, que les propriétaires voulussent bien quelquefois visiter leurs domaines .

L'Angleterre n'est devenue si fertile et si riche, que parce que tous les seigneurs passent au moins six mois dans leurs terres . Pour moi, monsieur, je ne voudrais sortir des miennes, que pour voir des hommes qui pensent comme vous . Je tâcherais de prendre un moment favorable, pour féliciter monsieur le contrôleur général ; il me semble qu'il a traité l’État comme sa santé . Je l'ai vu chez moi très malade, et on dit qu'à présent il se porte à merveille .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

 

23/01/2017

Il s'est fait donner furtivement

... des primes en liquide, ce Claude Guéant que je n'ai jamais pu sentir/blairer, sa pourriture étant flagrante, voleur en col blanc de la pire espèce (celle des Balkany, par exemple ) , digne allié de Sarkozy . Enfin condamné , il n'aura aucun mal à cantiner avec ses retraites , taulard de luxe ; si au moins on exécutait la sentence, je pourrai(s) encore croire que nous sommes en république .

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« A Henri-Louis Lekain

Aux Délices 30 janvier 1762

Le libraire Duchesne m'a écrit pour me demander la permission d'imprimer la tragédie de Zulime . Je lui ai fait répondre que je le voulais bien, mais qu'il n'était pas temps . J'ai bien voulu en effet que mademoiselle Clairon et monsieur Lekain le choisissent pour imprimer cette pièce dont je leur fait présent et qui leur appartient . Duchesne a abusé de ma lettre qui n'était point du tout une permission formelle . Il s'est fait donner furtivement une copie de la pièce par le souffleur de la Comédie 1; je rends mademoiselle Clairon et monsieur Lekain les maîtres absolus de cette affaire . »

 

Les frères seraient bien abandonnés de Dieu s’ils ne profitaient pas des heureuses circonstances où ils se trouvent

... Frères ennemis, est-il besoin de le préciser, Hamon et Valls, en guéguerre pour avoir l'honneur de se faire battre en mai, si j'ose encore en croire les statistiques .

Qui va avoir le soutien de qui , et sera-ce bénéfique ?  Qui, se dressant sur ses petits ergots, va donner des consignes de vote , et de quel droit ? Il va y avoir encore quelques tractations/négociations/séances de lèche-bottes et petits discours insipides .

 http://www.europe1.fr/politique/hamon-et-valls-ce-q...

 

freres ennemis valls hamon.png

Hommes de gauche , méfiants, lorgnant à droite avant de traverser

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

30 janvier [1762]

Je m’étais trompé, mon frère ; ce n’était point le Despotisme oriental  que j’avais lu en manuscrit. Je viens de lire votre imprimé ; il y a de l’érudition et du génie. Il est vrai que ce système ressemble un peu à tous les autres ; il n’est pas prouvé . On y parle trop affirmativement quand on doit douter, et c’est malheureusement ce qu’on reproche à nos frères.

D’ailleurs je suis très fâché du titre . Il indisposera beaucoup le gouvernement, s’il vient à sa connaissance. On dira que l’auteur veut qu’on ne soit gouverné ni par Dieu ni par les hommes . On sera irrité contre Helvétius, à qui le livre est dédié 1. Il semble que l’auteur ait tâché de réunir les princes et les prêtres contre lui ; il faut tâcher de faire voir au contraire que les prêtres ont toujours été les ennemis des rois. Les prêtres, il est vrai, sont odieux dans ce livre ; mais les rois le sont aussi. Ce n’est pas le but de l’auteur, mais c’est malheureusement le résultat de son ouvrage. Rien n’est plus dangereux ni plus maladroit. Je souhaite que le livre ne fasse pas l’effet que je crains ; les frères doivent toujours respecter la morale et le trône. La morale est trop blessée dans le livre d’Helvétius, et le trône est trop peu respecté dans ce livre qui lui est dédié.

Les frères seraient bien abandonnés de Dieu s’ils ne profitaient pas des heureuses circonstances où ils se trouvent. Les jansénistes et les molinistes se déchirent, et découvrent leurs plaies honteuses ; il faut les écraser les uns par les autres, et que leur ruine soit le marchepied du trône de la vérité.

J’embrasse tendrement les frères en Lucrèce, en Cicéron, en Socrate, en Marc-Antonin, en Julien et en la communion de tous nos saint patriarches. »

1 En tête des Recherches sur l’origine du despotisme oriental, se trouve une Lettre de l’auteur à M. *** Helvétius. (Georges Avenel) . Voir lettre du 26 janvier 1762 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/17/n...