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06/01/2017

Enfin on ne peut faire qu’en faisant.

... Si tant faire se peut !

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

10 janvier [1762] 1

Il faut que je fasse part à mes anges gardiens de ce qui m’arrive sur terre. Pourquoi M. Ménard, premier commis, m’écrit-il ? pourquoi m’envoie-t-il une pancarte du roi ,  Garde de mon trésor royal, payez comptant à V… bon , Louis ? Il est vrai qu’il y a douze ans que j’avais une pension ; mais je l’avais oubliée, et je n’avais pas l’impudence de la demander ; je la croyais anéantie. Que veut dire cette plaisanterie ? ne serait-ce pas un tour de nos seigneurs de Choiseul ? Je ne sais à qui m’en prendre ; mes anges, ne seriez-vous point dans la bouteille ?

Cependant renvoyez-moi donc Cassandre.

1° Il ne faut pas qu’il ait été complice de l’empoisonnement d’Alexandre.

2° S’il a donné un coup d’épée à la veuve, c’est dans la chaleur du combat ; et il en est encore plus contrit que ci-devant.

3° Il aime, et est encore plus aimé qu’il n’était, et il en parle davantage dès le premier acte.

4° Antigone a encore plus de raison qu’il n’en avait de soupçonner Olympie d’être la fille de sa mère.

5° Antigone 2 traitait trop Cassandre en petit garçon, et cela rendait Cassandre bien moins intéressant.

6° Les lois touchant le mariage semblaient trop faites pour le besoin présent, et il faut les préparer de plus loin.

7° L’acte quatrième, finissant pas Cassandre et non par Antigone, est bien plus touchant.

8° L’aspect de Cassandre augmentant les maux de nerfs de Statira rend sa mort bien plus vraisemblable.

9° Bien des gens croient que Statira, voyant que sa fille aime Cassandre, s’est aidée d’un peu de sublimé 3.

10° Des détails plus forts et plus tendres sont quelque chose.

Enfin on ne peut faire qu’en faisant.

Mais renvoyez-moi donc ma guenille, si vous voulez que je baise le bout de vos ailes.

V. »

1 La date est complétée par d'Argental .Voir aussi lettre du 8 janvier 1762 aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/04/gardez-vous-d-avoir-jamais-affaire-aux-russes-5894630.html

2 V* a d'abord écrit , puis rayé Cassandre .

3 Le sublimé de mercure dit à l'époque « corrosif » est un poison . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chlorure_de_mercure(II)

et : http://tpissarro.com/alquimia/sublmerc-f.htm

NDLR – Gardez-vous bien d'en fabriquer ! Il n'y a qu'au cinéma que Geoffrey de Peyrac peut trouver la pierre philosophale .

 

05/01/2017

Est-il recteur, professeur ?

... Que non !

ELLE -- Najat Vallaud-Belkacem-- est ministre de l'Education nationale et fait de l'autosatisfaction à l'égal des présidents de la république successifs ( qui sont maîtres dans cet art, depuis l'origine, en indignes successeurs de nos rois de droit divin ) .

 http://www.lepoint.fr/editos-du-point/sophie-coignard/coi...

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« A Etienne-Noël Damilaville

et à

Nicolas-Claude Thieriot

[9 janvier 1762] 1

Frère V., est tout ébahi de recevoir dans l'instant une pancarte du roi adressée aux gardes de son trésor royal avec un bon, rétablissant une pension que frère V. croyait anéantie depuis douze ans 2. Que dira à cela Catherin Fréron, ? Que dira Lefranc de Pompignan ? V. embrasse les frères et soutient toujours que Thieriot est un pare[sseux].

J'espère que je contribuerai avec les états de Bourgogne (dont mous avons l'honneur d'être) à donner un vaisseau au roi . Mais si les Anglais me le prennent, je ferai contre eux une violente satire .

Je vous prie de me dire où demeure ce pédant de Crevier 3. Est-il recteur, professeur ? Je lui dois mille tendres remerciements . »

1 Copie Beaumarchais qui ajoute l'essentiel de ce texte à celui de la lettre du 18 janvier aux mêmes ; l'édition de Kehl a peut-être emprunté le dernier paragraphe à une autre lettre .

2 Le 12 janvier 1762, Du Pan annonçait la nouvelle à Freudenreich ainsi : « Voltaire eut samedi une lettre sur bureau de M. de Saint Florentin, avec une patente du roi pour une pension de 2000 livres . C'est sans doute la pension qu'il avait eue ci-devant comme historiographe du roi . C'est le duc de Choiseul, son ami, qui l'a fait renouveler, sans lui en rien dire . La pension n'est rien pour Voltaire, mais cette marque de faveur du roi lui fait autant de plaisir qu'elle a fait de peine à ses ennemis . Il ira peut-être faire un tour à Paris . » Voir aussi le début de la lettre du 10 janvier 1762 aux d'Argental .

 

Gardez-vous d’avoir jamais affaire aux Russes

... Bien dit, mon cher Voltaire !

Surtout quand ce sont des femmes ? May be !

Bye bye Natacha!

http://www.lecourrierderussie.com/societe/2016/06/russes-...

Poutine nous fait -il payer le poids du pouvoir de son épouse/ex ? Courage, fuyons , ce n'est pas très honorable mon cher, votre côté Napoléon le petit , peu flatteur.

 http://madame.lefigaro.fr/societe/poutine-toutes-les-femm...

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Lioudmila, puissante gaillarde, comme disent mes amis Suisses .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

8è janvier 1762 1

Eh, mon Dieu ! il y a six ou sept jours que Cassandre clôt votre quatrième acte, et que ce quatre est tout changé. Il faut que l’idée soit bien naturelle, puisqu’elle est venue à l’auteur et à l’acteur. Mes divins anges, envoyez-moi donc mon brouillon, que je vous le rebrouillonne 2. Je vous jure que vous n’aurez plus d’autels souterrains ; mais vous aurez des autels que je vous dresserai.

Il y a toujours des gens qui, comme dit Cicéron, cherchent midi à quatorze heures à une pièce nouvelle ; il est aisé de dire qu’un sabre est trop grand ; il n’y a qu’à le raccourcir . Madame Denis 3 avait une bonne pique . On ne trouva point du tout mauvais que la forcenée, dans sa rage d’amour, allât se battre contre le premier venu. Elle rencontre son père, et jette ses armes ; cela faisait chez nous un beau coup de théâtre. Nous avons beaucoup d’esprit et de jugement, et votre Paris n’a pas le sens d’une oie. Quand vous faites des opérations de finances, nous vous redressons . Je parle de Genève, car pour moi je suis modeste. Faites comme vous l’entendez ; mais à votre place je laisserais crier les critiques.

Duchesne, Guy-Duchesne 4, m’écrit qu’il veut imprimer Zulime 5. Pourquoi l’imprimer ? quelle nécessité ? Mon avis est qu’elle reste dans le dépôt du tripot . Qu’en pensent mes anges ?

Je soutiens toujours que deux scènes de Statira valent mieux que tout Zulime et que toute l’eau rose possible.

Mais vous croyez connaître Cassandre (car c’est Cassandre) : non, vous ne le connaissez pas . Quatrième acte nouveau et presque tout entier nouveau, et beaucoup de mailles reprises. Je vous dis que ma nièce Fontaine est folle ; elle ne sait ce qu’elle dit. Mon Dieu, que j’aime Cassandre et le Droit du Seigneur !

Clairon Statira ! c’était ma première pensée. Mes premières idées sont excellentes.

M. le comte de Choiseul, quand vous n’aurez rien à faire, daignez donc vous informer si le roi mon maître a été proposé jadis à Élisabeth l’autocratrice.

Le roi de Prusse a une descente . Les flatteurs disent que c’est la descente de Mars ; mais elle n’est que de boyau, et il ne peut plus monter à cheval. Il est comme nous ; il n’a plus de Colbert 6, à ce que disent les mauvais plaisants.

Mais, monsieur le comte de Choiseul, dites donc à l’Espagne qu’elle envoie cinquante vaisseaux à notre secours. Que voulez-vous que nous fassions avec des compliments .

Gardez-vous d’avoir jamais affaire aux Russes.

Je n’ai point entendu parler de Lekain ; mais son affaire est faite 7.

Je baise bien tendrement le bout de vos ailes. 

V.»

1 L'édition de Kehl, à la suite de la copie Beaumarchais, donne seulement un extrait, joint, en post scriptum à la lettre du 10 janvier 1762 .

2 Nouvelle création plaisante .

3 Jouant Zulime .

4 C'est à dire Guy agissant pour le compte de Duchesne ; voir lettre du 10 janvier 1762 à Pierre Guy .

5 Zulime avait déjà été imprimée ; voir lettre du 23 juin 1761 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/05/23/je-vais-d-abord-tater-le-roi-5805505.html

En conséquence du refus de V*, Duchesne imprima une nouvelle édition pirate .

6 Jeu de mot, allusion à la perte de Colberg.

7 Il s'agit sans doute d'un congé obtenu pour lui .

 

04/01/2017

Cette gloire que vainement, Dans ses écrits on se propose, On sait très bien que c'est du vent, Mais les plaisirs sont quelque chose

... Cette gloire française promise par ces candidats des primaires de gauche est tout aussi illusoire que le pouvoir qu'ils croient détenir/obtenir . Ces ânes bâtés sont encore convaincus de la véracité de l'effet papillon, mais leurs moulinets de bras ne brassant que du vide ne provoquent guère de changement sur notre planète, au mieux ils pourraient servir d'épouvantails à moineaux .

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« A François de Chennevières

4 janvier 1762 1

Vous m'avez écrit des vers charmants mon cher confrère en Apollon . Je ne compte pas sur la gloire dont vous me bercez mais bien sur les plaisirs puisque j'ai tous ceux qui conviennent à mon âge . Je bénis la vieillesse et la retraite, elles m'ont rendu heureux .

Cette gloire que vainement,

Dans ses écrits on se propose,

On sait très bien que c'est du vent,

Mais les plaisirs sont quelque 2 chose .

C'en est un très grand surtout d'être un peu aimé de vous et de la sœur du pot . Pourquoi ne m'avez-vous rien dit de l'honneur que nous avons d'être castillans, napolitains, parmesans ?3 Il me semble que ce traité fait un honneur infini à M. le duc de Choiseul . Vous savez combien je suis attaché à tout ce qui porte cet illustre nom .

Permettez-vous que je glisse ici une lettre pour Mme de Fontaine ma nièce ?4 »

1 L'édition Cayrol est incomplète car elle n'est pas faite d'après l'original .

2 V* a d'abord écrit puis rayé peu de .

4 Voir lettre du même jour à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/03/j...

 

J’ai cru d’ailleurs m’apercevoir que les remords et la religion faisaient toujours un très-grand effet sur le public

... Oui hier, oui encore aujourd'hui . Pour "spectateurs", personnellement, je traduis par "gogos" . Les religions sont de grandes mises en scène , avec des producteurs qui rêvent de coucher avec les jeunes premières (vierges, bien entendu ! ) et mater les mâles crédules .

Et pourtant ... il est si simple d'être libre quand il nous reste pour deux sous de jugeotte ...

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« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

4 janvier [1762]

Enfin donc, ma chère nièce, je reçois une lettre de vous ; mais je vois que vous n’êtes pas dévote, et je tremble pour votre salut. J’avais cru qu’une religieuse, un confesseur, un pénitent, une tourière, pourraient toucher des âmes timorées. Les mystères sacrés sont en grande partie l’origine de notre sainte religion : les âmes dévotes se prêtent volontiers à ces beaux usages. Il n’y a ni religieuse, ni femme, ni fille à marier, qui ne se plaise à voir un amant se purifier pour être plus digne de sa maîtresse.

Vous me dites que la confession et la communion ne sont pas suivies ici d’événements terribles ; mais n’est-ce rien qu’une fille qui se brûle, et qu’un amant qui se poignarde 1 ?  

Où avez-vous pêché que Cassandre est un coupable, entraîné au crime par les motifs les plus bas ? 1° Il n’a point cru empoisonner Alexandre ; 2° on n’a jamais appelé la plus grande ambition un motif bas ; 3° il n’a pas même cette ambition ; il n’a donné autrefois à Statira un coup d’épée qu’en défendant son père ; 4° il n’a de violents remords que parce qu’il aime la fille de Statira éperdument, et il se regarde comme plus criminel qu’il ne l’est en effet : c’est l’excès de son amour qui grossit le crime à ses yeux.

Pourquoi ne voulez-vous pas que Statira expire de douleur ? Lusignan ne meurt que de vieillesse : c’était cela qui pouvait être tourné en ridicule par les méchantes gens. Corneille fait bien mourir la maîtresse de Suréna sur le théâtre :  

Non, je ne pleure point, madame, mais je meurs.2  

Vous êtes tout étonnée que, dans l’église, deux princes respectent leur curé : mais les mystères sacrés ne pouvaient être souillés, et c’est une chose assez connue.  

Au reste, nous ne comptons point jouer sitôt Cassandre . M. d’Argental n’en a qu’une copie très informe. Si vous aviez lu la véritable, vous auriez vu que Statira, par exemple, ne meurt pas subitement. Ces vers vous auraient peut-être désarmée :  

Cassandre à cette reine est fatal en tout temps.

Elle tourne sur lui ses regards expirants ;

Et croyant voir encore un ennemi funeste

Qui venait de sa vie arracher ce qui reste,

Faible, et ne pouvant plus soutenir sa terreur,

Dans les bras de sa fille expire avec horreur ;

Soit que de tant de maux la pénible carrière

Précipitât l’instant de son heure dernière,

Ou soit que, des poisons empruntant le secours,

Elle-même ait tranché la trame de ses jours 3.  

Si vous aviez vu, encore une fois, mon manuscrit, vous auriez vu tout le contraire de ce que vous me reprochez. J’ai cru d’ailleurs m’apercevoir que les remords et la religion faisaient toujours un très-grand effet sur le public ; j’ai cru que la singularité du spectacle produirait encore quelque sensation. Je me suis pressé d’envoyer à M. et à madame d’Argental la première esquisse. Je n’ai pas imaginé assurément qu’une pièce faite en six jours n’exigeât pas un très long temps pour la corriger. J’y ai travaillé depuis avec beaucoup de soin ; elle a fait pleurer et frémir tous ceux à qui je l’ai lue, et il s’en faut bien encore que je sois content. 

Vous voyez, par tout ce long détail, que je fais cas de votre estime, et que vos critiques font autant d’impression sur moi que les louanges de votre sœur. Elle est aussi enthousiasmée de Cassandre que vous en êtes mécontente 4; mais c’est qu’elle a vu une autre pièce que vous, et qu’une différence de soixante à quatre-vingts vers, répandus à propos, change prodigieusement l’espèce.  

Je ne sais ce qu’est devenu un gros paquet d’amusements de campagne que j’avais envoyé à Hornoy, et que j’avais adressé à un intendant des postes. Il y avait un petit livre relié, avec une lettre pour vous, et quelques manuscrits : tout cela était très indifférent ; mais apparemment le livre relié fit retenir le paquet. J’ai appris depuis qu’il ne fallait envoyer par la poste aucun livre relié : on apprend toujours quelque chose en ce monde.  

Vous ne m’avez pas dit un mot de l’alliance avec l’Espagne. Je vois que vous et moi nous sommes Napolitains, Siciliens, Catalans ; mais je ne vois pas que l’on donne encore sur les oreilles aux Anglais, et c’est là le grand point.

Revenons au tripot. Vous allez donc bientôt voir Zulime (3)5 ! Je vous avoue que je fais plus de cas d’une scène de Cassandre que de tout Zulime. Elle peut réussir, parce qu’on y parle continuellement d’une chose qui plaît assez généralement ; mais il n’y a ni invention, ni caractères, ni situations extraordinaires : on y aime à la rage . Clairon joue, et puis c’est tout.

Bonsoir, ma chère nièce ; je vous regrette, vous aime, et vous aimerai tant que je vivrai.

On dit que nous aurons Florian au printemps : il verra mon église et mon théâtre. Je voudrais vous voir à la messe et à la comédie. »

1 Voir Olympie .

2 Suréna, V, 5 ; Corneille .

3 Olympie, V, 1, mais tout ce passage fut réécrit .

4 Mme Denis avait l'intention de jouer le rôle principal d'Olympie ; elle avait donc écrit le 2 janvier 1762 à Ami Camp en vue de faire faire à Lyon l'habit de prêtresse « résolue de [se] coiffer et de [s'] habiller exactement comme Mlle Clairon dans Iphigénie [de La Touche] » Elle souhaitait les conseils de Mlle Destouches qui avait habillé les prêtresses des chœurs « lorsque Mlle Clairon joua Iphigénie à Lyon » . elle précisait : « Mlle Corneille m'embarrasse . Je veux la mettre un peu mieux que les autres prêtresses, et pas si bien que moi, car elle n'a que trois vers à dire . » Mme Denis joua en définitive le rôle de Statira, mère de l'héroïne .

5 On l'avait reprise le 29 décembre 1761 .

 

03/01/2017

je regarde le traité comme des compliments du jour de l’an

... Ce qui est même flatteur concernant des traités et accords qu'on voit fleurir à propos de la guerre de Syrie, et qui comme toutes fleurs en hiver, sont flétris avant qu'on puisse en apprécier la couleur .

 Drôles d'étrennes cette année !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

4 janvier 1762

Mes divins anges, songez donc que je ne peux pas faire copier toutes les semaines un Cassandre. Ne serait-il pas amusant que je vous renvoyasse l’ouvrage cartonné, que vous me le renvoyassiez apostillé, et que toutes les semaines vous vissiez les changements en bien ou en mal ? Rien ne serait plus aisé. Si vous pensez avoir la pièce telle qu’elle est, vous êtes loin de votre compte. Dépêchez-moi un exemplaire, et sitôt qu’il sera arrivé, vite des cartons, et mes raisons en marge ; et le lendemain le paquet repart, et la poste est toujours chargée de rimes. Cela est juste, puisque j’ai fait Cassandre en poste 1.

Madame de Fontaine n’aime pas Cassandre . Madame Denis l’aime beaucoup ; mademoiselle Corneille n’y comprend pas grand-chose : ce qui est sûr, c’est que cet ouvrage nous amusera.

Madame Denis m’a fait entendre qu’elle avait écrit à mes anges des choses que je désavoue formellement. Je ne suis pas si pressé d’imprimer. Il est vrai que je ne pourrai guère me dispenser de donner Cassandre dans quelques mois, parce qu’il y a une personne au bout du monde 2 qui a la rage d’avoir une dédicace, et qu’il est bon d’avoir des amis partout ; mais je ne me presserai point.

Crébillon 3 me fait lever les épaules ; c’est un vieux fou à qui il faut pardonner.

L’alliance, le pacte de famille 4, le plaisir de me voir tout d’un coup catalan, napolitain, sicilien, parmesan, m’a d’abord transporté ; mais si l’Espagne n’attaque pas les Anglais avec cinquante vaisseaux de ligne, je regarde le traité comme des compliments du jour de l’an. Je veux qu’on batte les Anglais et Luc, et qu’on ne siffle ni Zulime ni Cassandre.

Mes anges, je baise le bout des ailes.

V. »

1 C'est-à-dire à la hâte .

2 Le comte de Schouvalov ; voir fin de la lettre du 23 décembre 1761 à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/20/je-suis-persuade-que-vous-ne-voulez-pas-que-j-entre-dans-les-5889437.html

4 Voir lettre du 11 octobre 1761 à d'Argental, note précédente .

 

02/01/2017

il dénie la paternité de l'Ode sur la guerre

... Et bien plus encore son implication dans la guerre . Qui est-il ? qui sont-ils, ceux qui qui correspondent à ces qualités (sic) ? Si j'étais pape , bénissant urbi et orbi, j'en aurais diablement beaucoup à exclure des bienfaits de mon goupillon, et la liste est longue, toujours trop longue . Nous verrons fin 2017 si les voeux pieux et profanes ont eu quelque semblant de réalisation . Wait and see !

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« A Joseph du Fresne de Francheville 1

[2 janvier 1762]

[Dans cette lettre d'une main de secrétaire, mais dont la formule est autographe, V* , entre autres choses, fait amicalement grief à son ancien secrétaire d'avoir pu croire qu'une « seconde partie » de Candide était de lui ; il lui apprend qu'il n'aurait pas entrepris le commentaire de Corneille s'il n'avait été assuré de l'aide de ses confrères de l'Académie ; il dénie la paternité de l'Ode sur la guerre (voir lettre du 16 septembre 1761 à Pierre Rousseau ) , quoiqu'il avoue en aimer quatre strophes ; les souscriptions pour l'édition de Corneille doivent être envoyées aux Cramer à Genève . Pour sa part, il vit maintenant à Ferney, où il a construit une église et son théâtre .]2

2 Les détails donnés sont tirés de la réponse de Du Fresne de Francheville envoyée « De Hoff en Saxe, quartier général de Son Altesse Royale » le 5 février 1762, dans laquelle celui-ci remercie V* d'une lettre qu'il a reçue de lui « par la voie [du] prince Henri ».