07/08/2016
Je compte ne faire imprimer un programme que quand j'aurai eu les avis de l'Académie
... "Autant vous dire que ce n'est pas demain la veille du jour où vous pourrez le lire", aurait dit en aparté le candidat, plus people que jamais, Sarkozy ; l'opération séduction est commencée, prêt à toutes les manoeuvres pour être à nouveau le premier sur le trône, Bling Bling Ier nous la joue "plus aimable et plus compétent que moi, tu meurs !". Combien de gogos va-t-il attirer ? trop, à mon goût .
« A François de Chennevières
Je vous renvoie mon cher ami, la lettre de M. de Boismont 1. Toute la réponse que je peux faire, c'est que l'exemplaire ne coûtera que deux louis, soit qu'on l'imprime en douze ou treize volumes in-8° soit qu'on le donne en huit ou neuf volumes in-4° . Je sais bien qu'il y aurait de la perte à ce prix sans les secours du roi, des princes, et des premiers du royaume . Pour moi qui ne suis point grand seigneur, mais qui m'intéresse vivement à cette entreprise, je souscris pour la valeur de cent exemplaires . J'ai déjà commenté Le Cid, Horace, Cinna, Pompée, Rodogune, Polyeucte, Théodore, Le Menteur, Héraclius . J'envoie mes observations à l'Académie, à mesure que je les fais .
Je profite des lumières de mes confrères, et avec cette précaution, j’espère que cet ouvrage servira à fixer la langue chez les étrangers 2; c'est un monument que j'ai élevé à la gloire de Corneille et de ma nation . Je ne suis pas étonné de l'intérêt que vous prenez à cette entreprise . Je compte ne faire imprimer un programme que quand j'aurai eu les avis de l'Académie sur les pièces que je commente . Le fardeau est un peu lourd, mais je le porte avec grand plaisir . Si j'avais plus de loisir, l’ouvrage irait plus vite . J'embrasse très tendrement mon cher ami, et la sœur du pot . Mme Denis en fait autant .
Ferney 31è august 1761.»
1 Un M. de Boissemont apparaît dans la liste des souscripteurs du théâtre de Corneille .
Voir aussi : https://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2004-4-page-595.htm
2 V* paraît « fixiste » dans ses conceptions du monde, et plus particulièrement dans le domaine de la langue .
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06/08/2016
Rien ne se fait sans un peu d'enthousiasme
... Qui permet de porter remède à la réflexion qui vient deux lignes plus loin !
Et je pense que Voltaire est un modèle enthousiasmant .
Lui qui serait un vif commentateur des Jeux olympiques et des exploits sportifs, lui qui contrairement à ce que beaucoup pensent n'était pas un intellectuel bureaucrate, mais un vif-argent de corps comme d'esprit .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Ferney 31è august [1761] 1
On est un peu importun, on présente Pompée aux anges, accompagné d'une lettre à monsieur le secrétaire perpétuel, lequel a renvoyé les Horaces avec quelques notes académiques . Mes anges sont suppliés de donner Pompée avant Polyeucte . Je traite Corneille tantôt comme un dieu, tantôt comme un cheval de carrosse ; mais j'adoucirai ma dureté en revoyant mon ouvrage ; mon grand objet, mon premier objet, est que l'Académie veuille bien lire toutes mes observations comme elle a lu celles des Horaces . Cela seul peut donner à l'ouvrage une autorité qui en fera un ouvrage classique . Les étrangers le regarderont comme une école de grammaire et de poésie .
Mes anges rendront un vrai service à la littérature et à la nation, s'ils engagent tous leurs amis de l’Académie et les amis de leurs amis à prendre mon entreprise extrêmement à cœur . Il faut tâcher que tout le monde en soit aussi enthousiasmé que moi . Rien ne se fait sans un peu d'enthousiasme .
Quand joue-t-on Le Droit du seigneur, et qui joue ?
Tout va-t-il de travers comme de coutume ?
Puis-je supplier mes anges de présenter mes respects à M. et à Mme de Courteilles 2 à qui j'adresse si souvent de si gros paquets ? »
1 L'édition de Kehl omet la dernière phrase, suivie par toutes les éditions .
2 Dominique-Jacques- Barberie de Courteilles , ex-ambassadeur de France en Suisse, mari de Madeleine Fyot de La marche, fille de Claude-Philippe Fyot de La Marche, ancien premier président du parlement de Dijon qui viendra chez V* le mois suivant .
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05/08/2016
J’attends tout de vous
...
« A Jean Le Rond d'Alembert
31 d'auguste [1761]
Messieurs de l'Académie françoise ou française, prenez bien à cœur mon entreprise , je vous en prie ; ne manquez pas les jours des assemblées, soyez bien assidus . Y a-t-il rien de plus amusant, s'il-vous-plait, que d'avoir un Corneille à la main, de se faire lire mes observations, mes anecdotes , mes rêveries, d'en dire son avis en deux mots, de me critiquer, de me faire faire un ouvrage utile , tout en badinant ? J’attends tout de vous, mon cher confrère .
Il me parait que M. Duclos s'intéresse à la chose . Je me flatte que vous vous en amuserez, et que je verrai quelquefois de vos notes sur mes marges . Encouragez-moi beaucoup, car je suis docile ; j'aime mieux Corneille que mes opinions ; j'écris vite, et je corrige de même ; secondez-moi, éclairez-moi et aimez-moi . »
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04/08/2016
Il me semble que tout va de travers, hors ce qui dépend uniquement de moi ; cela n’est pas modeste, mais cela est vrai
...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
Mes anges verront que je ne suis pas paresseux ; ils s’amuseront de Polyeucte. Quand ils s’en seront amusés, ils pourront le donner à M. le secrétaire perpétuel, à condition que M. le secrétaire rendra à mes divins anges l’épître dédicatoire, le Cid, Horace et Cinna. Mais vous verrez que l’Académie mettra beaucoup plus de temps à éplucher mes remarques que je n’en ai mis à les faire.
Je crois malheureusement que l’entreprise ira à dix volumes ; cela me fait trembler : le temps devient tous les jours moins favorable, mais je n’en travaillerai pas moins. M. de Montmartel me mande que c’est une opération de finance fort difficile. Il ne veut pas même s’engager à donner des billets payables dans neuf mois. Voilà ce que c’est que d’être battu dans les quatre parties du monde ; cela serre les cœurs et les bourses. Le public fait trop de commentaires sur la perte du Canada et des Indes Orientales, et sur les trois vingtièmes, pour se soucier beaucoup des Commentaires sur Corneille. Il me semble que tout va de travers, hors ce qui dépend uniquement de moi ; cela n’est pas modeste, mais cela est vrai. Je commence même à croire qu’un certain drame ébauché 1 fera un assez passable effet au théâtre, si Dieu me prête vie.
Vous triomphez, vous m’avez remis tout entier au tripot que j’avais abandonné ; mais je suis toujours épouvanté qu’on ait le front de s’amuser à Paris, et d’aller au spectacle, comme si nous venions de faire la paix de Nimègue 2.
Est-il vrai qu’on va jouer une comédie moitié bouffonne, moitié intéressante, comme je les aime ? est-il vrai qu’elle est de M. le Gouz, auditeur des comptes de Dijon 3? est-il vrai qu’il y a un rôle d’Acanthe que vous aimez autant que Nanine ? Qui joue ce rôle d’Acanthe ? est-ce mademoiselle Gaussin ? est-ce mademoiselle Hus ?
Que devient votre humeur ? je vous connais une humeur fort douce ; mais celle qui attaque les yeux est fort aigre. Tâchez donc d’être assez malade pour venir vous faire guérir par Tronchin ; cela serait bien agréable. Je baise, en attendant, le bout des ailes de mes anges. »
1 Don Pèdre ; remarquer l'emploi du mot drame qui est notable, à cette époque, appliqué par V* à une de ses pièces .
2 La plus glorieuse des paix obtenues par Louis XIV en 1678-1679 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Nim%C3%A8gue
3 Voir lettre du 24 août 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/07/28/il-est-bon-de-fixer-le-public-par-un-nom-de-peur-que-le-mien-5830890.html
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assurer l'honneur de rendre notre langue, la langue des étrangers, et puisque c'est la seule gloire qui nous reste, il ne faut pas la négliger
... Parler français, j'espère qu'on l'entendra depuis Rio, et pas seulement dans les sports où c'est officiel .
http://franceolympique.com/art/831-le_francais,_langue_ol...
Tchin tchin !
« A Jean Pâris de Montmartel
Au château de Ferney, par Genève
27è august 1761
Monsieur, deux jours avant que je reçusse l'honneur de votre lettre du 20è auguste 1, j'en reçus une de monsieur le contrôleur général, dans laquelle il me disait que vu les difficulté des temps, il ne pouvait me donner que des billets royaux . Je n'ai que trop de ces effets, ayant mis malheureusement en billets de loterie, en annuités, etc., la plus grande partie du bien dont je pouvais disposer . On ne s’attendait pas alors aux revers funestes qui nous ont accablés . Je conçois quel est le fardeau de monsieur le contrôleur général, surtout quel est le vôtre . Je sens bien que mon entreprise serait plus convenable en temps de paix, quelque médiocre qu’elle soit, et s'il ne s'agissait que d'attendre quelques mois cette paix si nécessaire, je différerais l'exécution de mes engagements . Mais ma proposition a été reçue avec tant d'empressement dans toute l'Europe, que je ne peux différer longtemps .
L'entreprise est assez honorable pour la nation . Elle contribue à nous assurer l'honneur de rendre notre langue, la langue des étrangers, et puisque c'est la seule gloire qui nous reste, il ne faut pas la négliger .
Permettez-moi donc de vous importuner encore, pour savoir quels effets je pourrais prendre . Je supporterais volontiers la perte qu'on pourrait y faire ; et vous pourriez aisément avoir la bonté de faire cet arrangement . Ne pourrait-on pas, par exemple, me donner pour quatre cents louis d'effets, pour m'être délivrés dans six mois ? Ces effets demeureraient entre vos mains .
En ce cas, ne pourriez-vous pas avoir la bonté de fournir pour trois cents louis de billets, payables dans trois termes, cent louis dans trois mois, cent dans six mois, et cent dans neuf ? Je me rendrais même responsable de ces trois cents louis, et l'on tirerait des cent autres ce qu'on pourrait . C'est un objet bien médiocre .
Mais l'entreprise qu'on se propose, étant d'environ cinquante mille francs , et ayant résolu de ne pas recevoir un sou du public avant l'exécution, nous sommes obligés de nous assurer quelques secours . Je vous demande en grâce que la modicité de l'objet ne vous rebute pas, vous ferez une très belle action dont le public vous saura gré ; c'est une chose à laquelle vous êtes accoutumé .
Je suis bien aise de vous dire une petite anecdote ; c'est que le plus grand et le plus solide protecteur qu'ait eu Corneille de son vivant, était comme vous garde du trésor royal ; il s'appelait M. de Montauron 2. Je suis persuadé que vous pensez comme lui, et vous en avez donné des preuves . Vous me ferez un plaisir extrême de prendre cette bagatelle à cœur ; vous en aurez de la gloire, et il en coûtera peu d'argent , c'est faire un bon marché . Rien de vous est plus aisé que de voir quels effets royaux je peux prendre, et de vous arranger en conséquence .
Pardonnez-moi mon importunité, et la longueur de ma lettre, et comptez que je serai toute ma vie, avec la plus tendre reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire . »
1 Cette lettre n'est pas connue .
2 C'est à Pierre-Puget de Montauron, trésorier de l'épargne, qui « par une libéralité inouïe en ce siècle s'est rendu toutes le smuses redevables », que Corneille dédia Cinna .Voir page 123 : https://books.google.fr/books?id=KoMOAAAAQAAJ&pg=RA1-PA123&lpg=RA1-PA123&dq=montauron&source=bl&ots=AIwJhPIMtN&sig=LftFbV0zs8tw5XQ8AMZ2MPmiEqU&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiame6MpabOAhXE0RoKHeDyARsQ6AEIKzAB#v=onepage&q=montauron&f=false
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03/08/2016
Ils préférèrent l’opprobre avec un peu d’argent à un honneur qui leur eût valu davantage.
...
Je vous le dis, ça finira mal !
« A Claire-Josèphe-Hippolyte Léris de La Tude Clairon
27 auguste [1761]
Je me hâte de vous répliquer, mademoiselle. Je m’intéresse autant que vous à l’honneur de votre art, et si quelque chose m’a fait haïr Paris et détester les fanatiques, c’est l’insolence de ceux qui veulent flétrir les talents. Lorsque le curé de Saint-Sulpice, Languet, le plus faux et le plus vain de tous les hommes, refusa la sépulture à mademoiselle Lecouvreur 1, qui avait légué mille francs à son église, je dis à tous vos camarades assemblés qu’ils n’avaient qu’à déclarer qu’ils n’exerceraient plus leur profession, jusqu’à ce qu’on eût traité les pensionnaires du roi comme les autres citoyens qui n’ont pas l’honneur d’appartenir au roi. Ils me le promirent, et n’en firent rien. Ils préférèrent l’opprobre avec un peu d’argent à un honneur qui leur eût valu davantage.
Ce pauvre Huerne 2 vous a porté un coup terrible en voulant vous servir ; mais il sera très aisé aux premiers gentilshommes de la chambre de guérir cette blessure. Il y a une ordonnance du roi, de 1641, concernant la police des spectacles, par laquelle il est dit expressément : Nous voulons que l’exercice des comédiens, qui peut divertir innocemment nos peuples (c’est-à-dire détourner nos peuples de diverses occupations mauvaises), ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public.
Et, dans un autre endroit de la déclaration, il est dit que, s’ils choquent les bonnes mœurs sur le théâtre, ils seront notés d’infamie.
Or, comme un prêtre serait noté d’infamie s’il choquait les bonnes mœurs dans l’église, et qu’un prêtre n’est point infâme en remplissant les fonctions de son état, il est évident que les comédiens ne sont point infâmes par leur état, mais qu’ils sont, comme les prêtres, des citoyens payés par les autres citoyens pour parler en public bien ou mal.Vous remarquerez que cette déclaration du roi fut enregistrée au parlement.
Il ne s’agit donc que de la faire renouveler. Le roi peut déclarer que, sur le compte à lui rendu par les quatre premiers gentilshommes de sa chambre, et sur sa propre expérience, que jamais ses comédiens n’ont contrevenu à la déclaration de 1641, il les maintient dans tous les droits de la société, et dans toutes les prérogatives des citoyens attachés particulièrement à son service , ordonnant à tous ses sujets, de quelque état et condition qu’ils soient, de les faire jouir de tous leurs droits naturels et acquis, en tant que besoin sera. Le roi peut aisément rendre cette ordonnance sans entrer dans aucun des détails qui seraient trop délicats.
Après cette déclaration, il serait fort aisé de donner ce qu’on appelle les honneurs de la sépulture, malgré la prétraille, au premier comédien qui décéderait. Au reste, je compte faire usage des décisions de monsignor Cerati 3, confesseur de Clément XII, dans mes notes sur Corneille .
Venons maintenant aux pièces que vous jouerez cet automne. Vous faites très bien de commencer par celle de M. Cordier 4 . Il ne faut pas lasser le public, en le bourrant continuellement des pièces du même homme. Ce public aime passionnément à siffler le même rimailleur qu’il a applaudi ; et tout l’art de mademoiselle Clairon n’ôtera jamais au parterre cette bonne volonté attachée à l’espèce humaine.
Pour le Tancrède de Prault, il est impertinent d’un bout à l’autre. Pour ce vers barbare,
Cher Tancrède, ô toi seul qui méritas ma foi ! 5
quel est l’ignorant qui a fait ce vers abominable ? quel est l’Allobroge qui a terminé un hémistiche par le terme seul suivi d’un qui ? Il faut ignorer les premières règles de la versification pour écrire ainsi. Les gens instruits remarquent ces sottises, et une bouche comme la vôtre ne doit pas les prononcer. Cela ressemble à ce vers,
La belle Philis, qui brûla pour Coridon.6
J’ai maintenant une grâce à vous demander : on m’écrit qu’on vous a lu une comédie intitulée l’Ecueil du Sage, et que quelques-uns de vos camarades font courir le bruit que cette pièce est de moi. Vous sentez bien qu’étant occupé à des ouvrages qui ont besoin de vos grands talents, je n’ai pas le temps de travailler pour d’autres. Je serais très mortifié que ce bruit s’accréditât, et je crois qu’il est de votre intérêt de le détruire. Votre comédie peut tomber ; et si la malice m’impute cet ouvrage, cela peut faire grand tort à la tragédie à laquelle je travaille. Parlez-en sérieusement, je vous en prie, à vos camarades ; je suis très résolu à ne leur donner jamais rien, si on m’impute ce que je n’ai pas fait. Ce qu’on peut hardiment m’attribuer, c’est la plus sincère admiration et le plus grand attachement pour vous.
V. »
1 Voir le poème Sur la Mort de mademoiselle Lecouvreur : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poeme-sur-la-mort-de-mademoiselle-lecouvreur-73905334.html
2 Auteur du Mémoire contre l'excommunication : https://books.google.fr/books?id=7BZiAAAAcAAJ&pg=PA1&lpg=PA1&dq=huerne+M%C3%A9moire+contre+l%27excommunication%C2%A0&source=bl&ots=rUNMwKC2gh&sig=XEIsU0Diq-6mJotVIV9qNDpAuLQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiKn-CsqKLOAhXD2hoKHZjiABAQ6AEIITAB#v=onepage&q=huerne%20M%C3%A9moire%20contre%20l%27excommunication%C2%A0&f=false
et voir lettre du 27 avril 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/06/je-vois-qu-on-ne-fait-rien-sur-terre-en-enfer-et-au-ciel-que-5784988.html
3 Cerati, à qui il demanda le 6 avril 1746 s'il était vrai que les artistes n'étaient pas excommuniés à Rome et Florence. Cerati n'était pas le confesseur du pape, mais celui du conclave qui avait élu le pape. V* reconnaitra son erreur le 27 novembre 1761 auprès de Richelieu. Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1746/Lettre_1801
4 Zarukma, pièce jouée effectivement le 17 mars 1762, par l’abbé Edmond Cordier de Saint-Firmin. Voir : http://data.bnf.fr/12161036/edmond_cordier_de_saint-firmin/
5 Le passage contenant ce vers à l'acte II, sc. 7, fut finalement supprimé .
6 Où la césure n'est pas respectée . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sure
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02/08/2016
Il y a bien des gens qui n’achètent point de livres, parce qu’ils n’ont point de quoi acheter un habit
... Triste vérité .
Alors, félicitations aux médiathèques pour tous !
Avec ou sans habits ...
... vive les vacances !
« A Octavie Belot etc.
cloître Saint Thomas-du-Louvre
à Paris
Au château de Ferney, par Genève,
27 auguste 1761. 1
Je suis fâché, madame, de m’intéresser si inutilement à vous ; mais je crois qu'on fait fort bien de prendre le parti qu’on vous conseille. Les typographes de Paris sont bien plus en état de faire un bon parti que les typographes de Genève, attendu que les frais sont moins considérables à Paris, et que ceux du transport sont immenses.
D’ailleurs, vous jouirez bien plus tôt de votre réputation et du petit avantage qui peut la suivre en faisant travailler à Paris. Votre ouvrage 2 paraîtra deux jours après l’impression ; et dans votre premier plan, il paraîtrait six mois après. Ainsi, à marché égal, vous y gagneriez encore beaucoup. Je pense qu’il n’y a pas à balancer.
Je suis très flatté que M. de Valori veuille bien se souvenir de moi. Si vous le voyez, madame, je vous serai très obligé de lui présenter mes très humbles obéissances.
Il me semble que les nouvelles sont de jour en jour plus affligeantes. Ce temps-ci n’est guère favorable aux lettres, et je doute qu’il en vienne un plus heureux. Il y a bien des gens qui n’achètent point de livres, parce qu’ils n’ont point de quoi acheter un habit. Ce n’est plus le temps où l’on avait vingt aunes de drap sur un billet signé Germanicus 3. Je plains le siècle ; il est aussi infortuné que ridicule.
Vous me parlez, madame, de M. Fourbonay 4 . Il ne sait pas les obligations que je lui ai , c’est l’homme du monde avec lequel je me suis le p[lus] instruit etc., etc., etc. ».
1 Manuscrit original abimé .
2 L'édition du Droit du seigneur que V* avait offerte à Mme Belot . Voir lettre du 29 mars 1761 à la même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/03/16/ce-que-vous-refuserez-si-la-proposition-offense-votre-honneu-5774879.html
3 C’est la proposition que Pradon, auteur de Germanicus, fit à un drapier . Cette histoire est traditionnellement associée avec Pradon . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pradon
et pages 391 et suiv .
4 Célèbre économiste ; François Veron de Forbonnais : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_V%C3%A9ron_Duverger_de_Forbonnais
Et voir lettre du 8 mai 1758 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/08/15/temp-e17f1a4a27109e57869d8c7437cf981f-5141627.html
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