28/04/2016
Pièce nouvelle a remotis
... Pièce nouvelle à l'écart, au rancart !
S'agirait-il de la loi nouvelle sur le travail, je n'ose le croire . Par contre, comme pièces nouvelles dans le paysage politique, rien à signaler, mais comme pièces à mettre au rencart, il y a pléthore ; hélas celles-ci se croient encore indispensables . Indispensables, fédérateurs/trices, utiles , etc., etc. et pourquoi pas président(e)s de la République tant qu'on y est ? [NDLR : ci-joints : grincements de dents et humour noir ]
D'un âne on ne fera jamais un cheval de course, au mieux un âne de course !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
[vers le 31 mai 1761]
Ce n'est pas ma faute, ô chers anges, si M. Dardelle a fait la sottise ci-jointe 1. Je la condamne comme outrecuidante ; mais je pardonne à ce pauvre Dardelle qui a fait je crois quelques comédies et qui ne peut souffrir qu'on l'appelle infâme . Ce monde est une guerre, ce Dardelle est un vieux soldat qui probablement mourra les armes à la main .
Pour moi mes divins anges je travaillerai pour le tripot malgré ce beau titre d'infâme que ce maraud de Le Dains nous donne si libéralement . Et vous autres protecteurs du tripot n'avez-vous pas aussi votre dose d'infamie ?
Eh bien que fait Térée 2, que fera Oreste ?
Pièce nouvelle a remotis 3. La czarine impératrice de toute Russie veut la moitié de son czar qui lui manque .
Ah si vous saviez combien j'ai de fardeaux à porter et combien je suis faible vous me plaindriez .
N.B. – Si Corneille n'était pas né en France, j'aurais en horreur un pays qui a fait naître Le Dains et Omer . »
1 Voir lettre du 31 mai 1761 à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/26/les-depredations-sont-horribles-et-je-sais-aussi-que-ceux-qu-5793710.html
2 Pièce de Lemierre ; voir lettre du 27 octobre 1760 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1760-partie-40-120940768.html
3 Mise de côté . V* doit remettre l'exécution de la pièce du fait d'autres obligations .
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27/04/2016
je n’ai jamais prétendu que vous hasardassiez le bout d'un ongle en écrasant l’infâme
... Ne pas mettre le doigt entre le marteau et l'infâme (clou, caillou, prêtre de tout poil, politicard, fanatique, truand, etc., etc. !
« A Jean Le Rond d'Alembert
[vers le 31 mai 1761] 1
Non mon cher philosophe je n’ai jamais prétendu que vous hasardassiez le bout d'un ongle en écrasant l’infâme . Ne peut-on pas lancer la foudre et retirer la main ? Qui peut, mieux que vous, écrire avec force et sagesse, et montrer la turpitude de la carogne en feignant de raccommoder sa jarretière ? Le nom d'un homme est-il écrit au bas des pages ? Les honnêtes gens vous entendent et vous soupçonnent . Les sots sont forcés de se taire .
Je connais fort M. Dardelle ; il me semble que vous l'avez vu quelquefois . Vous ne le décèlerez pas . Vous pourrez montrer à quelque ami, à Mme du Deffand sa besogne . Mais sûrement vous ne la ferez pas courir . Je vous jure par la direction d'intention 2, et par tous les casuistes jésuites que je n'ai aucun commerce avec M. Dardelle, que je n'ai pas la plus légère part à la conversation de l'intendant des menus . Je suis en peine de savoir quel est le plus plat de maître Huerne, de maître Le Dains, et de maître Omer .
Je ne voudrais être à Paris que pour vous dire à quel point je vous estime et à quel point je méprise un maître Omer .
Écrasez l’infâme adroitement et vous aurez paradis . »
1 Cette lettre est une réponse à celle de d'Alembert du 19 mai 1761 ; « Écrasez l’infâme ; écrasez l’infâme ! Cela est bientôt dit, quand on est à cent lieues des fripons et des fanatiques, quand on a cent mille livres de rente, quand on a su par sa réputation et par sa fortune se rendre indépendant de tout . Mais un pauvre diable comme moi, n'écrase point les serpents de peur qu'en retournant la tête, les serpents ne le piquent au talon […] la bonne manière de les tuer , c'est de leur donner envie de crier, et que la voix leur manque ; et c'est à quoi on parviendra en ne parlant jamais d'eux, ni en bien ni en mal, en perfectionnant la morale naturelle, en montrant qu'elle est seule raisonnable, seule nécessaire au bonheur des hommes […] Tout le monde applaudit avec justice à votre projet de l'édition des œuvres de Corneille au profit de sa nièce . Je vous conseille de faire comme en Angleterre, de mettre les noms des souscripteurs à la tête du premier volume . Vous intéresserez par là la vanité de bien des gens […] Mme du Deffand me charge de vous dire qu'elle ne se contente pas de vos compliments, qu'elle aimerait bien mieux une de vos lettres, que vous lui avez promis de lui envoyer bien des choses qu'elle n'a pas reçues, que vous avez grand tort de la négliger […] J'oubliais de vous dire que le libraire Duchesne implore votre protection auprès des Cramer, pour qu'ils le chargent de débiter à Paris la nouvelle édition qu'ils préparent de vos ouvrages . On dit que ce Duchesne est un galant homme, et vous ferez bien de le préférer à Lambert, l'ami et le libraire de Fréron, et qui après tout ce que vous avez fait pour lui, imprime toutes les semaines des injures contre vous et vos amis . »
2 L'emploi de ce terme de casuistique signifie que V* fait un faux serment .
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la manière indigne dont on traite ici la noblesse
... Oh ! shocking !
« A Louise-Catherine de Malivert de Conflans de Pingon, comtesse de Sallenove 1
[31 mai 1761]
Si madame la comtesse de Pingon veut mettre son nom avec celui de M. de Grilly 2 nous en ferons encore signer d'autres , et j'irai à Dijon représenter à monsieur le gouverneur, à monsieur le premier président et à monsieur le procureur général la manière indigne dont on traite ici la noblesse 3.
Je suis aux ordres de madame la comtesse de Pingon avec bien du respect .
Voltaire . »
1 Voir : http://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&collapsing=disabled&query=%28gallica%20all%20%22Louise-Catherine%20de%20Malivert%20de%20Conflans%20de%20Pingon%2C%20comtesse%20de%20Sallenove%22%29%20and%20arkPress%20all%20%22cb34408439p_date%22
2 Claude de Morand de Grilly ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Grilly
3 A la lettre de V* était joint un pouvoir qui donne la date de la lettre : « Nous, soussignés, donnons pouvoir à M. de Voltaire, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, seigneur de Tournay, Prégny, Chambésy, Ferney et Caille, au pays de Gex, d'agir en notre nom auprès de qui il appartiendra, tant pour nos affaires particulières que pour nos affaires générales, dans le voyage qu'il compte faire incessamment à Dijon . Ce 31 mai 1761 . »
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les déprédations sont horribles, et je sais aussi que ceux qui ont été assez puissants pour les faire, le sont assez pour n'être pas punis
...Triste constat qui concerne tant de chefs d'Etats, de gouvernements, de trusts industriels, que l'existence de tribunaux internationaux peut sembler vaine et ne rassurer que quelques idéalistes à cheval sur les principes . Maigres résultats, enquêtes interminables, absence totale d'effet dissuasif, pot de terre contre pot de fer, éternel combat à l'issue prévisible , mais bon , pour sauver la morale (faute de sauver le moral), gardons ce semblant de justice .
Diablement bordelique !
« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine
31 mai [1761] 1
Ma chère nièce, à présent que vous avez passé huit jours avec M. de Silhouette, vous devez savoir l'histoire de la finance sur le bout de votre doigt . Je crois qu'il pense comme l'ami des hommes 2, qu'il n'est pas l'ami d'un tas de fripons qui ont su se faire respecter et se rendre nécessaires en s'appropriant l'argent comptant de la nation . Mais je crois que M. de Silhouette est un médecin qui a voulu donner trop tôt l'émétique à son malade . Le duc de Sully ne peut remettre l'ordre dans les finances que pendant la paix . Je sais que les déprédations sont horribles, et je sais aussi que ceux qui ont été assez puissants pour les faire, le sont assez pour n'être pas punis . Ma chère nièce, tout ceci est un naufrage . Sauve qui peut est la devise de chaque pauvre particulier . Cultivons donc notre jardin comme Candide . Cérès, Pomone et Flore sont de grands saintes, mais il faut fêter aussi les muses .
J'aurai peut-être fait encore une tragédie avant que la petite Corneille ait lu Le Cid . Il me semble que je fais plus qu'elle pour la gloire de son nom : j'entreprends une édition de Corneille avec des remarques qui peuvent être instructives pour les étrangers, et même pour les gens de mon pays . L'Académie doit foire imprimer nos meilleurs auteurs du siècle de Louis XIV dans ce goût ; du moins elle en a le projet, et j'en commence l’exécution . Cette édition de Corneille sera magnifique, et le produit sera pour l'enfant qui porte ce nom et pour son pauvre père qui ne savait pas , il y a quatre ans, qu'il y eût jamais eu un Pierre Corneille au monde .
Le parlement prend mal son temps pour se déclarer contre les spectacles, et pour faire brûler par l’exécuteur des hautes œuvres, l’œuvre d'un pauvre avocat 3 qui vient de donner une très ennuyeuse , mais très sage consultation sur l'excommunication des comédiens . Les jansénistes et les convulsionnaires triomphent au parlement, mais ils n'empêcheront pas Mlle Clairon de faire verser des larmes à ceux qui sont dignes de pleurer ; et les pédants, ennemis des plaisirs honnêtes, perdront toujours leur cause au parlement du parterre et des loges .
Je crois que la petite brochure de M. Dardelle 4 pourra vous divertir . Je vous l'envoie en vous embrassant vous et les vôtres, de tout mon cœur . »
1 L'édition Beaumarchais-Kehl raye le dernier paragraphe .
2 Mirabeau, L'Ami des hommes ou Traité de la population, 1756-1758, dont il a déjà été question auparavant . Voir : http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/action-culturelle/celebrations-nationales/2006/litterature-et-Huerne sciences-humaines/victor-de-riqueti-marquis-de-mirabeau-l-ami-des-hommes/
3 Huerne ; voir lettre du 7 aout 1761 à Mlle Clairon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/07/introduire-dans-la-piece-de-sophocle-une-partie-carree-d-ama.html
4 A l'époque et dans ce contexte, il ne peut s'agir que de la Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé ***, 1761 ; l'ouvrage est en fait signé de George Avenger Dardelle : voir page 1749 : https://books.google.fr/books?id=VdVIAQAAMAAJ&pg=PA149&lpg=PA149&dq=Conversation+de+M.+l%27intendant+des+menus+en+exercice+avec+M.+l%27abb%C3%A9+***&source=bl&ots=LC0NrNV0uE&sig=gMqweVm403jTL6tSMr-szGX2690&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwimveW1razMAhVFbRQKHRWBB_oQ6AEIIDAB#v=onepage&q=Conversation%20de%20M.%20l%27intendant%20des%20menus%20en%20exercice%20avec%20M.%20l%27abb%C3%A9%20***&f=false
et voir lettres du même jour à d'Alembert et à d'Argental : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-22-121836394.html
et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/27/j...
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26/04/2016
il est temps de faire voir que la France s'occupe de ses grands hommes, et non pas de ces viles brochures et de ces malheureux romans qui nous déshonorent
...
« A Louis-Jules Barbon Mancini-Mazarini, duc de Nivernais 1
L'honneur que vous faites, monseigneur le duc, aux belles-lettres et à l'Académie, les discours enchanteurs que vous avez prononcés,2 et que j'ai eu du moins le bonheur de lire, les bontés dont vous m'avez toujours honoré, et enfin le nom de Corneille, m'autorisent à m'adresser à vous . L'Académie a daigné accepter mes propositions . Le projet qu'elle a de donner des auteurs classiques est digne d'elle et de la France . J'ai cru qu'il convenait de commencer par le grand Corneille ; j'ai représenté que nous lui devons tout, que c'est par lui seul que notre patrie fut enfin respectée des étrangers, qui lui refusaient auparavant la gloire du génie . Je me suis dévoué à faire, sur tous les chefs-d’œuvre de Corneille, des remarques grammaticales, historiques et littéraires, que je soumettrai au jugement de mes illustres confrères, et qui rectifiées par leurs lumières pourraient être utiles aux étrangers et aux Français .
On est entré dans mes vues avec d'autant plus de bienveillance, qu'il est temps de faire voir que la France s'occupe de ses grands hommes, et non pas de ces viles brochures et de ces malheureux romans qui nous déshonorent .
L'avilissement que quelques fanatiques semblent avoir voulu jeter sur notre théâtre, est encore une raison de plus qui m'encourage à rendre un hommage public au père de la scène en Europe, et à celui qui a fait la gloire de la France .
J'ai eu le bonheur de trouver dans ce coin du monde où j'achève mes jours, une édition du Cid et de Pompée 3 dans laquelle Pierre Corneille avait eu soin de mettre au bas des pages les endroits qu'il avait imités de Guilain de Castro 4 dans Le Cid ; et de Lucain dans Pompée . Cette édition est dédiée à Mme la duchesse d'Aiguillon, ce qui devait désarmer le cardinal de Richelieu ; et l'aveu que ce grand homme fait de ses imitations, devait bien aussi apaiser Scudéry . Si quelque chose pouvait abaisser l'orgueil et adoucir l'envie, ce sera cette édition si glorieuse pour Corneille, et si peu connue, que je suivrai .
Je pense, monseigneur, qu'il convient de borner nos remarques aux bonnes pièces de Corneille, et d'indiquer seulement les beaux endroits qui se trouvent dans les pièces moins dignes de son génie .
Mon idée est aussi de n'orner d'estampes que les tragédies qui méritent d'être lues toutes entières . On doit , ce me semble, quelques honneurs de plus à Cinna et au Cid, qu'à Pertharite et à Théodore . Toutes les pièces seront assez embellies par tous les ornements que les graveurs et les imprimeurs fourniront .
Je ne crois pas, moyennant cette économie, que l'ouvrage doive coûter plus de 36 livres, ou 40, tout au plus .
Les sieurs frères Cramer, à qui l'Académie veut bien s'en remettre, et qui méritent cet honneur par leur probité, travailleront sous mes yeux . Ils auront pour leurs honoraires les souscriptions étrangères, et le produit des souscriptions de France, les frais prélevés, appartiendra à M. Corneille et à sa fille, les seuls qui portent le nom de ce grand homme .
Les souscripteurs ne paieront rien d'avance ; il ne s'agit que de trouver un assez grand nombre de Français touchés de l'honneur des lettres, de celui de la patrie, et du sort d'une famille noble, dont le plus grand lustre est celui que Pierre Corneille lui donne, réduite à n'avoir d'autre bien que ce nom illustre .
Le peu que j'ai fait pour l'éducation de Mlle Corneille ne suffit pas ; je me flatte que la nation m'aidera, quand vous voudrez bien, vous et mes confrères, lui donner l'exemple ; et vous encouragerez sans doute mon projet quand vous saurez que Mlle Corneille, sous la figure d'un enfant, a l'âme de Cornélie, avec beaucoup plus de simplicité .
Nous imprimerons les noms des souscripteurs . Je porte mes espérances jusqu'à croire que le roi, protecteur de l'Académie, sera à la tête de ceux qui favorisent cette entreprise .
Que la famille royale, les princes, les seigneurs souscrivent pour quelque nombre d'exemplaires, le roi pour une vingtaine, les autres à proportion, il se fera un fonds suffisant pour une édition digne des protecteurs, et de Corneille lui-même, qui n'aura, selon l'usage, trouvé de vrais protecteurs que longtemps après sa mort .
J'ajoute qu'il ne faut pas regarder cette édition comme étrangère ; elle est faite par votre confrère ; les gravures , les caractères, le papier, un ouvrier principal, tout viendra de Paris, et on travaillera en France dans ma maison .
Si je peux avant ma mort consommer cette entreprise, je mourrai bien plus content du titre d'éditeur du grand Corneille, que de tous mes faibles ouvrages, qui ne m'ont procuré, comme à lui, que les ennemis les plus vils, et les plus acharnés .
La manière de recueillir les noms des souscripteurs, est la seule chose qui m’embarrasse . Je demande votre protection, et je me soumets à vos idées . Cinq ou six académiciens ne pourraient-ils pas avoir la bonté de s'en charger ? ne pourrait-on pas d'ailleurs souscrire chez le libraire de l'Académie, auquel on ferait un présent ? chaque libraire de Paris ne pourrait-il pas recevoir les souscriptions, et les porter à l'imprimeur de l'Académie ?
J'ajoute que l'édition ne peut être faite que sous mes yeux ; j'ai déjà eu l'honneur de mander à l'Académie, que ma méthode est de corriger sur les épreuves tout ce que j'ai écrit, parce que l'esprit est plus éclairé, quand les yeux sont plus satisfaits ; mes fautes imprimées m'avertissent bien mieux qu'un manuscrit, qu'elles sont des fautes ; et quand il s'agit de juger Corneille, il faut y regarder à plusieurs fois . Enfin, monseigneur le duc, je vous supplie d'en parler à l'Académie en conformité de monsieur le secrétaire . Le nom de Corneille se recommande à vous, à la cour, et à la ville ; et moi je suis du fond de ma retraite avec autant de respect que d'estime et d'attachement
monseigneur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
A Ferney 27 mai 1761 . 5»
2 Ce sont les Discours prononcés dans l' académie française le jeudi 9 avril 1761, à la réception de M. l'abbé Batteux ; le jeudi 9 avril 1761 à la réception de M. de Coëtlosquet ; le lundi 13 avril à la réception de M. Saurin ; le lundi 13 avril à la réception de M. l'abbé Trublet, tous imprimés à Paris en 1761 et dont V* avait des exemplaires (sauf celui concernant Trublet) .
3 V* parle de l'édition de 1758 du Théâtre de Pierre Corneille .
4 Guilhem di Castro y Bellvis, auteur de Las Mocedades del Cid .
5 Lettre endossée « Lettre de M. de Voltaire . Reçue le 1er juin --1ère réponse le 2 – seconde rép[on]se le 11 . Les deux rép[on]ses sont d[an]s la lettre » ; un fragment de la première de ces réponses nous est parvenue .
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25/04/2016
je ne veux rien dire qui ne soit conforme à ses vues, et aux justes ménagements qu'il doit garder
... Macron dixit ?
Eh ! p'tit gars, t'es en embuscade ?
« Au comte Boris Mikhaïlovitch Saltnikov
[24 mai 1761]
Voici monsieur un essai de ce que vous m'avez demandé . Je vous prie de le lire et de l'envoyer à M. de Showalow . Vous vous apercevrez que j'ai travaillé sur des mémoires que je me suis procurés . C'est à M. de Showalow de décider si ces mémoires de ministres oculaires , qui sont très véridiques, doivent être employés ou non . Comme je ne suis dans mon travail que le secrétaire de M. de Shouvalou, je ne veux rien dire qui ne soit conforme à ses vues, et aux justes ménagements qu'il doit garder .
Si j'avais plus de santé et moins d'affaires, je le servirais mieux mais je lui donne du moins les témoignages du zèle le plus empressé, et de la plus grande envie de lui plaire .
Je vous adresse, monsieur, le duplicata de la lettre que je lui écris 1 par la voie de Mme la comtesse de Bentinck .
Pardonnez toutes les libertés que je prends avec vous, et regardez-moi comme un ami pénétré de votre mérite, qui vous chérit et qui vous respecte .
V. »
1 Voir lettre du même jour à Schouvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/25/aide-de-ces-materiaux-j-en-ai-supprime-tout-ce-qui-pouvait-e-5793044.html
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Aidé de ces matériaux, j'en ai supprimé tout ce qui pouvait être défavorable , et j'en ai tiré ce qui pouvait relever la gloire de votre patrie
... Affirme un statisticien -avec la dernière courbe du chômage sous le coude-, à notre président tenté par un nouveau septennat . Aux dernières nouvelles, ledit président n'en a pas eu pour autant le sourire, serait-il enfin réaliste ? Jusqu'où peut-on triturer les chiffres ?
Mèèèèhèèhèèh ! Cause toujours, tu m'intéresses !
« A Ivan Ivanovitch Schouvalov
Au château de Ferney en Bourgogne
par Genève 24 mai [1761]1
Monsieur, j'ai reçu par Mme le comtesse de Bentinck, digne d'être connue de vous et d'être votre amie, la lettre dont vous m’avez honoré en date du 11-12 avril 2. Je savais déjà monsieur que vous aviez reçu sept lettres à la fois de M. de Soltikoff écrites en divers temps . Je vous en ai écrit plus de douze 3 depuis le commencement de l'année ; j'ai fait partir 50 exemplaires reliés en maroquin rouge il y a très longtemps, les uns adressés à M. le duc de Choiseul, les autres à M. le comte de Keiserling, quelques-uns à M. le comte de Choiseul, ambassadeur à Vienne . Un gros paquet fut envoyé par la messagerie de Genève à M. le comte de Golofskin, votre ambassadeur à La Haye, avec une caisse d'eau des Barbades et une lettre d'avis au secrétaire d'ambassade qui devait se charger de vous faire passer le tout, M. le comte de Golofskin étant mort ; il y a longtemps que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire que les infidélités dans les postes et dans les voitures publiques sont une suite des fléaux de la guerre , je m'en suis aperçu plus d'une fois avec douleur . La triste aventure de M. Puskin a été encore un nouvel obstacle à notre correspondance et à la continuation des travaux auxquels je me suis voué avec tant de zèle .
J'ai tout abandonné pour m'occuper uniquement du second tome de la vie de Pierre le Grand . J'ai été assez heureux pour trouver à acheter les manuscrits d'un homme qui avait demeuré longtemps en Russie . Je me suis procuré encore la plupart des négociations du comte Bassevitz .
Aidé de ces matériaux, j'en ai supprimé tout ce qui pouvait être défavorable 4, et j'en ai tiré ce qui pouvait relever la gloire de votre patrie ; je vais porter quelques nouveaux cahiers à M. de Soltikoff, avec le duplicata de la lettre 5 que j’ai l'honneur d'écrire à Votre Excellence . Je vous jure que si j'avais eu de la santé je vous aurais épargné et à moi-même tant de peines et tant d'inquiétudes, j'aurais fait le voyage de Pétersbourg soit avec M. le marquis de L'Hospital 6 soit avec M. le baron de Breteuil 7; mais puisque la consolation de vous faire ma cour, de recevoir vos ordres de bouche, et de travailler sous vos yeux , m'est refusée, je tâcherai d'y suppléer de loin, en vous servant autant que je pourrai . M. de Soltikoff me tient quelquefois lieu de vous monsieur ; il me semble que j'ai l'honneur de vous voir et de vous entendre quand il me parle de vous, quand il me fait le portrait de votre belle âme, de votre caractère généreux et bienfaisant, de votre amour pour les arts, et de la protection que vous donnez au mérite en tout genre . Soyez bien sûr de tous ces mérites que vous encouragez, celui de M. de Soltikoff répond le mieux à vos intentions . Il passe des journées entières à s'instruire et les moments qu'il veut bien me donner sont employés à me parler de vous avec la plus tendre reconnaissance . Son cœur est digne de son esprit, il échaufferait mon zèle, si ce zèle pouvait avoir besoin d'être excité .
Je crois pouvoir ajouter à cette lettre que depuis les reproches cruels que m'a faits un certain homme 8, d'écrire l'histoire des Ours et des Loups, je n'ai plus aucun commerce avec lui . Je sais très bien qui sont les loups et si je pouvais me flatter que la plus auguste des bergères qui conduit avec douceur de beaux troupeaux daignait être contente de ce que je fais pour son père, je serais bien dédommagé de la perte que je fais de la protection d'un des gros loups de ce monde .
J'ai l'honneur d'être avec l'attachement le plus inviolable et le plus tendre respect
monsieur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Le vieux mouton broutant au pied des Alpes »
1 Les éditions omettent les passages j'ai fait partir ...Golofskin étant mort , et avec le duplicata … à Votre Excellence .
2 Elle disait notamment : « L'appréhension où je suis depuis assez longtemps que les paquets que je vous adresse ne vous parviennent pas fidèlement commence à se changer en certitude […] je dois supposer que les lettres dont vous m'honorez subissent le même sort […] je viens de recevoir sept lettres à la fois de M. Solticoff […] Je vous ai envoyé il y a trois mois les duplicatas des pièces dont j'avais chargé M. Pouchkin sur lequel […] il ne faut plus compter . J'amasse encore des matériaux , et je compte de vous les expédier au premier jour . »
3 Deux seulement nous sont parvenues, mais le chiffre donné par V* n'est pas forcément exact .
4 V* est sans détour et dévoile sa partialité en faveur de la politique russe .
5 Copie signée, date autographe envoyée à Saltnikov et par lui à Schouvalov .
6 Paul-François Galucci de L'Hospital, envoyé extraordinaire depuis le 23 février 1761 ; voir page 8 : http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Lhospital.pdf
7 Louis-Charles-Auguste Le Tonnelier de Breteuil, baron de Preuilly, neveu d’Émilie du Châtelet, ministre plénipotentiaire depuis le 30 juin 1760 jusqu'au 19 mai 1763 ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Auguste_Le_Tonnelier_de_Breteuil
8 Frédéric II .
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