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20/06/2016

Mes moissons sont belles

.... S'exclame Hillary Clinton aux anges . Elle vient d'avoir un nouvel électeur, enfin plutôt un éventuel futur partisan, s'il lui arrivait d'être encore candidate à la présidence dans 18 ans .

http://lci.tf1.fr/people/hillary-clinton-aux-anges-apres-...

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« A Charles-Augustin Ferriol ,comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Ce paquet, mes divins anges, contient prose et vers . C'est d'abord votre pauvre Zulime, ensuite c'est la préface d'un ouvrage dont douze vers valent mieux que douze cents Zulime . C'est la préface du Cid que je soumets à votre jugement avant de la faire lire à l’Académie . On dit qu'Oreste n'a pas été mal reçu ? C'est une nouvelle obligation que je vous dois .

Mes moissons sont belles . J'ai heureusement terminé tous mes procès . Il ne me reste plus qu'à bâtir un temple à Corneille, en bâtissant mon église . Mais sera-t-on aussi généreux que le roi ? Mes anges ne procurent-ils pas quelques noms de notre liste ?

Auront-ils la bonté d'envoyer l'incluse à M. Duclos 1?

Ce 14 juillet [1761].

Bon , en voilà encore une pour l'abbé Olivetus ciceronianus 2.

Pardon mille fois . »

 

19/06/2016

le hasard fit la paix avec l’Angleterre, signée par ce beau lord Bolingbroke sur les belles fesses de madame Pultney

... Sera-ce sur les tristes fesses de Camilla que Cameron, à contrecoeur doublement, devra signer le Brexit ?

God save ce qu'il pourra dans la perfide Abion, terre nourricière de ceux qui veulent le beurre européen, l'argent du beurre européen et le gentil crémier [d'où qu'il vienne] (NDLR - pourquoi toujours dire : la main de la crémière ? ).

 Brexit ? where ? how ? http://geopolis.francetvinfo.fr/bureau-londres/2016/06/18...

 

 Chercher l'erreur ! indice : deux taches à gommer , sauras-tu les trouver ?

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul 1

Monseigneur, vous savez qu’au sortir du grand conseil tenu pour le testament du roi d’Espagne, Louis XIV rencontra quatre de ses filles qui jouaient, et leur dit : Eh bien , quel parti prendriez-vous à ma place ? Ces jeunes princesses dirent leur avis au hasard. Le roi leur répliqua : de quelque avis que je sois, j’aurai des censeurs.

Vous daignez en user avec  un vieillard ignorant comme Louis XIV avec ses enfants 2. Vous voulez que je bavarde, bavarde, et que je compile, compile. Vos bontés, et ma façon d’être, qui est sans conséquence, me donnent donc le droit que Gros-Jean prenait avec son curé.

D’abord je crois fermement que tous les hommes ont été, sont, et seront menés par les événements. Je respecte fort le cardinal de Richelieu  mais il ne s’engagea avec Gustave-Adolphe que quand Gustave eut débarqué en Poméranie sans le consulter ; il profita de la circonstance. Le cardinal Mazarin profita de la mort du duc de Weimar ; il obtint l’Alsace pour la France, et le duché de Rethel pour lui. Louis XIV ne s’attendait point du tout, quoiqu'on en dise, en faisant la paix de Risvick, que son petit-fils 3 aurait, trois ans après la succession de Charles-Quint. Il s’attendait encore moins que la première guerre de son petit-fils serait contre son oncle . Rien de ce que vous avez vu n'a été prévu . Vous savez que le hasard fit la paix avec l’Angleterre, signée par ce beau lord Bolingbroke sur les belles fesses de madame Pultney 4. Vous ferez donc comme tous les grands hommes de votre espèce, qui ont mis à profit les circonstances où ils se sont trouvés.

Vous avez eu la Prusse pour alliée, vous l’avez pour ennemie . L’Autriche a changé de système, et vous aussi. La Russie ne mettait, il y a vingt ans, aucun poids dans la balance de l’Europe, et elle en met un très considérable. La Suède a joué un grand rôle, et en joue un très petit. Tout a changé et changera . Mais, comme vous l’avez dit, la France restera toujours un beau royaume, et redoutable à ses voisins, à moins que les classes des parlements n’y mettent la main.

Vous savez que les alliés sont comme les amis qu’on appelait de mon temps au quadrille : on changeait d’amis à chaque coup.

Il me semble d’ailleurs que l’amitié de messieurs de Brandebourg a toujours été fatale à la France. Ils vous abandonnèrent au siège de Metz fait par Charles-Quint ; ils prirent beaucoup d’argent de Louis XIV, et lui firent la guerre ; ils se sont détachés deux fois de vous dans la guerre de 1741 , et sûrement vous ne les mettrez pas en état de vous trahir une troisième . Cette puissance n’était alors qu’une puissance d’accident, fondée sur l’avarice de son père et sur l’exercice à la prussienne. L’argent amassé a disparu . Les Prussiens longtemps vainqueurs sont battus avec leur exercice . Je ne crois pas qu’il reste quarante familles à présent dans le royaume de Prusse. La Poméranie est dévastée ; le Brandebourg misérable ; personne n’y mange de pain blanc ; et on n’y voit que de la monnaie décriée, et encore très peu. Les États de Clèves sont séquestrés ; les Autrichiens sont vainqueurs en Silésie. Il serait plus difficile à présent de soutenir le roi de Prusse que de l’écraser. Les Anglais se ruinent à lui donner des secours indirects vers la Hesse, et vous rendez ces secours inutiles. Voilà l’état des choses.

Maintenant, si on voulait parier, il faudrait dans la règle des probabilités, parier trois contre un que la puissance prussienne sera détruite .

Mais aussi, un coup de désespoir peut rétablir ses affaires et ruiner les vôtres . Si vous prospérez, vous aurez un beau congrès dans lequel vous êtes toujours garant du traité de Westphalie, et j’en reviens toujours à dire que tous les princes d’Allemagne diront : le Brandebourg est tombé, parce qu’il s’est brouillé avec la France ; c’est à nous d’avoir toujours la France pour protectrice. Certainement, après la chute du plus puissant prince de l'empire, la reine de Hongrie ne viendra vous redemander ni Strasbourg, ni Lille, ni la Lorraine ; elle attendra au moins dix ans, et alors vous lui lâcherez le Turc et les Suédois pour de l’argent, si vous en avez.

Le grand point est d’avoir beaucoup d’argent. Henri IV se prépara à se rendre l’arbitre de l’Europe, en faisant faire des balances d’or par le duc de Sully . Les Anglais ne réussirent qu’avec des guinées et un crédit qui les décuple. Le roi de Prusse n’a fait trembler quelque temps l’Allemagne que parce que son père avait plus de sacs que de bouteilles dans ses caves de Berlin. Nous ne sommes plus au temps des Fabricius 5; c’est le plus riche qui l’emporte, comme, parmi nous, c’est le plus riche qui achète une charge de maître des requêtes, et qui ensuite gouverne l’État. Cela n’est pas noble, mais cela est vrai.

Les Russes m’embarrassent ; mais l’Autriche n’aura de quoi les soudoyer deux ans contre vous.

L’Espagne m’embarrasse, car elle n’a pas grand-chose à gagner à vous débarrasser des Anglais ; mais au moins est-il sûr qu’elle aura plus de haine pour l’Angleterre que pour vous.

L’Angleterre m’embarrasse ; car elle voudra toujours vous chasser de l’Amérique septentrionale ; et vous aurez beau avoir des armateurs, vos armateurs seront toujours pris au bout de quatre ou cinq ans comme on l’a vu dans toutes les guerres.

Ah ! monseigneur, monseigneur, il faut vivre au jour la journée quand on a à faire à des voisins. On peut suivre un plan chez soi, encore n’en suit-on guère ; mais quand on joue contre les autres, on écarte suivant le jeu qu’on a. Un système, grand Dieu ! celui de Descartes est tombé ; l’empire romain n’est plus ; Pompignan même perd son crédit : tout se détruit, tout passe. J’ai bien peur que dans les grandes affaires il n’en soit comme dans la physique : on fait des expériences, et on n’a point de système.

J’admire les gens qui disent : la maison d’Autriche va être bien puissante, la France ne pourra résister. Eh ! messieurs, un archiduc vous a pris Amiens ; Charles-Quint a été à Compiègne ; Henri V d’Angleterre a été couronné à Paris. Allez, allez, on revient de loin ; et vous n’avez pas à craindre la subversion de la France, quelque sottise qu’on fasse. Quoi ! point de système ? je n’en connais qu’un, c’est d’être bien chez soi ; alors tout le monde vous respecte.

Les négociations dépendent de la guerre et de la finance . Ayez de l’argent et des victoires, alors on fait tout ce qu’on veut.»

1 La copie Beaumarchais présente un texte si profondément remanié par rapport à la minute qu’il est plus simple de le citer . Tandis que Wagnière avait intitulé m$la minute « Réponse à la lettre d'un ministre d’État, du 13è juillet 1757 », l'édition porte plus discrètement « à un m... d'ét... » et date de juillet 1767 . la correction concernant la date est faite sur la copie Beaumarchais-Kehl . Voici le texte de l'édition : « Vous savez monseigneur qu'au sortir du grand conseil tenu pour le testament du roi d’Espagne, Louis XIV rencontra trois de ses filles qui jouaient et leur dit : eh bien quel parti prendriez-vous à ma place ? Ces jeunes princesses dirent leur avis au hasard, et le roi leur répliqua, de quelque avis que je sois, j'aurai des censeurs .

Vous daignez en user avec un vieillard ignorant comme fit Louis XIV avec ses enfants . Cette plaisanterie vous amuse . M. le curé aime quelquefois que Gros-Jean lui remontre .

Je remontre donc d'abord que tous les hommes ont été, sont et seront menés par les évènements . Je respecte fort le cardinal de Richelieu , mais il ne s'engagea avec Gustave Adolphe que quand Gustave eut débarqué en Poméranie sans le consulter ; il profita de la circonstance . Le cardinal Mazarin profita de la mort du duc de Weimar, il obtint l’Alsace pour la France et le duché de Rethel pour lui . Louis XIV quoi qu’on en dise, ne s'attendait point du tout, en faisant la paix de Risvik que son petit-fils aurait trois ans après la succession de Charles Quint . Il s'attendait encore moins qu'un jour la première guerre de son petit-fils serait contre son oncle . Rien de ce que vous avez vu n' a été prévu . Vous savez que le hasard fit la paix avec l'Angleterre, signée par ce beau lord Bolingbroke sur les belles fesses de Mme P... Vous ferez donc comme tous les grands hommes de votre espèce qui ont mis à profit les circonstances où ils se sont trouvés .

Le grand point est dit-on d'avoir un peu d'argent ? Henri IV se prépara à se rendre l'arbitre de l'Europe en faisant faire des balances d'or par le duc de Sully . Les!anglais ne réussissent qu'avec des guinées et un crédit qui les décuple . Le roi de Prusse a fait trembler quelque temps l''Allemagne parce que son père avait plus de sacs que de bouteilles dans ses caves de Berlin . Nous ne sommes plus au temps des Fabricius ; c'est le plus riche qui l'emporte, comme parmi nous c'est le plus riche qui achète une charge de maître des requêtes, et qui ensuite peut gouverner l’État . Cela n'est pas noble, mais cela est vrai .

Je vois que sur tous les trônes du monde on vit au jour la journée, comme le savetier de La Fontaine . Quoi, point de système ? Non, ceux de Pythagore, de Démocrite, de Platon, de Descartes, de Leibnitz sont tombés . Peut-être faut-il dans votre noble métier comme en physique s'en tenir à faire des expériences . »

2 On songeait à établir les bases d’une paix prochaine, et Choiseul avait prié Voltaire de donner son avis.

3 Philippe V .

5 Fabricius censeur en 275 avant J.C., mourut si pauvre que l'Etat dut se charger de payer ses funérailles et de marier sa fille .

 

18/06/2016

C'est à elle à m'apprendre si j'ai concilié ce que je dois au public, ... à elle, et surtout à la vérité

... Ah ! la vérité !

Même toute nue elle est capable de montrer  mille visages ( je dis visages mais je n'en oublie pas ses autres ornements capables de faire tourner les têtes  ) .

 https://www.youtube.com/watch?v=M1t9owvIIuM

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« A Charles Pinot Duclos

Aux Délices 13 [juillet 1761]1

Je compte , monsieur, dans une entreprise qui regarde l'honneur de la nation, consulter l'Académie et je dois d'autant plus recourir à ses décisions pour cette petite préface que je mets au devant du Cid, qu'il s'agit ici de l'Académie même, et de son fondateur . C'est à elle à m'apprendre si j'ai concilié ce que je dois au public, à Corneille, au cardinal de Richelieu, à elle, et surtout à la vérité 2.

J'ose croire, monsieur, qu'il ne serait pas mal à propos qu'on indiquât une assemblée extraordinaire . Je vous préviens d'abord que je tiens de M. de Vendôme l'anecdote dont je parle . Vous sentez combien elle est vraisemblable, et que je n'oserais la rapporter si elle n'était pas vraie .

Il me paraît qu'il ne serait pas indifférent qu'on sache que l'Académie daigne s'intéresser à mon projet . Le roi notre protecteur est le premier à donner l'exemple . Sa générosité charme tous les gens de lettres . Corneille sera plus honoré cent ans après sa mort qu'il ne le fut de son vivant . C'est à moi de ne point flétrir ses lauriers en y touchant . Je vous supplie, monsieur, de présenter mes profonds respects à l'Académie . Vous connaissez mes sentiments .

V.

J'aurai l'honneur de vous envoyer l'Horace de Corneille avec des notes dès que vous m'assurerez qu'on voudra bien les examiner . »

1 L'édition Cayrol date la lettre de mai 1761, mais c'est le 12 juillet que V* pour la première fois mentionne la souscription du roi pour deux cents exemplaires, et dans la même lettre du 12 à Duclos, il fait état des notes sur Horace ; enfin c'est le 14 juillet qu'il écrit à d'Olivet qu'il a envoyé la préface du Cid à Duclos .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-29-122101437.html

et : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-30-122116418.html

 

17/06/2016

vous favoriserez une entreprise qui n’est pas indigne de vos secours

... Messieurs, mesdames les syndicalistes, plutôt que de semer le désordre et la discorde ; vos enfants ne vous remercieront pas de votre position rétrograde et néfaste, juste faite pour protéger vos ridicules avantages que vous osez nommer pompeusement acquis sociaux . Il y en a assez de vos grèves à la noix, mettez vous au boulot , au vrai, si vous savez encore ce que c'est .

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« A Jean Capperonnier

Monsieur, je compte dans quelque mois avoir l’honneur de vous envoyer, pour la Bibliothèque du roi, un manuscrit unique et curieux 1. C’est l’Ezour-Veidam, commentataire du Veidam, lequel est chez les Indiens ce qu’est le Sadder chez les Guèbres 2.

Cet Ezour-Veidam est traduit de la langue du hanscrit 3 par un brame de beaucoup d’esprit 4, qui est correspondant de notre compagnie des Indes, et qui a très bien appris le français. Il l’a donné à M. de Maudave 5, commandant pour le roi dans un petit fort de la côte de Coromandel. Ce livre est fait vraisemblablement avant l’expédition d’Alexandre.

Ce que je vous dis là, monsieur, n’est pas un artifice pour obtenir de vous quelques livres dont j’ai besoin. Je vous les demanderais hardiment quand il n’y aurait point d’Ezour-Veidam au monde, tant je compte sur vos bontés.

Je fais imprimer les tragédies de Pierre Corneille avec un commentaire perpétuel, historique et critique, qui sera peut-être utile aux étrangers qui apprennent nos langues par règle, et à quelques Français qui la parlent par routine. L’édition sera ornée des plus belles gravures, et faite avec beaucoup de soin. Nous la faisons à l’anglaise, c’est-à-dire par souscription, pour le bénéfice des seules personnes qui restent du grand nom de Corneille. Le roi a la bonté de souscrire pour deux cents exemplaires ; M. le duc de Choiseul pour vingt. Je me flatte que M. le baron de Thiers 6 voudra bien que son nom soit dans la liste.

Mais vous me rendriez, monsieur un plus grand service si vous vouliez bien me prêter une édition de Corneille qui doit être à la Bibliothèque du roi, dans laquelle on trouve toutes les imitations de Guillain de Castro, de Lucain, de Sénèque, et de Tite-Live. Corneille donna lui-même cette édition. Je n’ai que le tome du Cid ; il y manque la première page, qui contenait le titre et la date. Il y a d’ailleurs beaucoup de pièces fugitives sur la Médée, les Horaces, le Cid, et Cinna. Je vous renverrai fidèlement, monsieur, et promptement, ce que vous aurez bien voulu me communiquer. Vous rendez service aux belles-lettres ; la famille de Corneille et moi nous vous serons également  obligés ; vous favoriserez une entreprise qui n’est pas indigne de vos secours ; et le nom du grand Corneille justifie la liberté que je prends.

J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

Au Château de Ferney en Bourgogne,

par Genève 13è juillet 1761.

N.B. – Je reçois en ce moment une lettre de M. Cramer, qui me dit que vos bontés ont prévenu mes demandes. Souffrez seulement, monsieur, que j’ajoute à mes remerciements la requête pour cette édition de Corneille dont j’ai l’honneur de vous parler dans ma lettre. »

3 C'est une ancienne forme du mot sanscrit ; du reste , le manuscrit n'est pas en sanscrit, mais dans le dialecte moderne ; voir l'article Brachmanes dans le Dictionnaire philosophique .Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/Brachmanes,_Brames

5 Sur Louis-Laurent de Féderbe, chevalier puis plus tard comte de Maudave, voir B. Foury, Maudave et la colonisation de Madagascar, 1956 , voir : http://www.persee.fr/doc/outre_0399-1385_1955_num_42_148_1244

et : http://www.persee.fr/doc/outre_0399-1385_1956_num_43_150_1252 . Voir aussi  : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fayd%27herbe_de_Maudave

6 Louis-Antoine de Crozat, baron de Thiers : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Antoine_Crozat

 

 

16/06/2016

le prix est modique ; mais il faut qu'il le soit ; le bon marché fait le débit, la cherté éloigne ... mais il faut que cela soit du beau

... Je reconnais bien là ce génial Voltaire qui ne souffre pas la médiocrité . Combien d'auteurs ne lui arrivent pas à la cheville ? innombrables .

 

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Diamonds

No tears

 

 

« A Gabriel Cramer

Monsieur Gabriel saura que le roi souscrit pour deux cents exemplaires . J'en ai déjà plus d'une cinquantaine d'ailleurs . On demande un in-quarto . Il faudra donc que mon cher Gabriel s'arrange en conséquence pour le papier et pour les estampes . L'ouvrage sera prêt avant qu'on ait recueilli toutes les souscriptions . Il est vrai que le prix est modique ; mais il faut qu'il le soit ; le bon marché fait le débit, la cherté éloigne . On peut commencer à prendre , en toute sûreté, tous les arrangements nécessaires . Tout le reste va son train ; et si on a un peu de santé on ne laissera pas les presses des deux frères oisives . Mon cher Gabriel est attendu avec impatience .

En ce moment on reçoit le paquet de mon cher Gabriel du 6è juillet . Mille remerciements, et nul embarras . Ceci ne sera point une souscription ordinaire ; ce sont rois, princes, ministres, ducs, archiducs, qui honorent la cendre de Corneille, et qui favorisent les yeux noirs de Cornélie-chiffon . Je me charge de tout, je réponds de tout ; prenez les caractères où il y en a, Bâle ou Paris, ne m'importe ; mais il faut que cela soit du beau, in-4° absolument, et d'autant plus in-4° que quand cet habit aura servi à Pierre mon maître, il servira à François son serviteur . Somme totale, j'espère que le public, et les deux frères seront contents .

N.B. – J'ai annoncé dans une façon de petit programme à la main 1, que tous ceux qui travaillaient à cet ouvrage, n'avaient en vue que l'honneur de la nation . J'ai même imputé ce sentiment aux graveurs . Il faut tâcher qu’ils ne me désavouent pas . Mille tendres amitiés de toutes les Délices, le 12è juillet 1761. »

1 Le memorandum relatif à l'édition de Corneille cité dans la lettre du 1er juillet 1761 à Saint-Florentin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/06/08/la-france-sait-honorer-la-cendre-des-grands-hommes-et-proteg-5812596.html

 

Allez chez lui, je vous prie, et faites-lui honte

... Chez qui ? chez Erdogan ! et urgemment !

Je pense qu'il est assez mauvais homme pour poursuivre dans sa voie de faux-jeton et ignorer la moindre honte , hypocrite il est , lâche il demeure , président à l'âme de tyran assassin .

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/05/12/31002-2016051...

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Charlie Hebdo 2015 mais toujours , toujours d'actualité !

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Ferney , 11 juillet 1761

A qui en a donc Protagoras ? je l’avais prié de m’écrire, et il n’en fait rien. Les philosophes sont bien tièdes. Allez chez lui, je vous prie, et faites-lui honte ; dites-lui vergogne 1.

Envoyez-moi, mon cher ami, sur-le-champ la Poétique d’Aristote par la poste, avec contre-seing. J’en ai besoin pour Pierre. J’ai déjà commenté toute la tragédie d’Horace, la Vie de Corneille, par Fontenelle ; j’ai commencé le Cid, Médée, et Cinna. J’aurai fait avant que le caractère, le papier, et les souscriptions soient venus. Je ne perds point de temps, à cause du biov akza 2.

Il faudra annoncer le Droit du Seigneur ou l’Écueil du Sage, in tempore opportuno. Per Dio 3! écrivez-moi donc. Vous êtes plus négligent que Protagoras. »

1 L'expression n'est pas connue, elle semble faite sur le modèle de chanter pouilles, etc. Au demeurant , d'Alembert venait d'écrire le 9 juillet 1761 .

2 Il faut certainement lire biou akra , βίου άχρα, mots grecs signifiant « le point culminant , l’extrémité de la vie » (qui est bien court et qu'il faut saisir .).

3 En temps opportun . Par Dieu ...

 

 

 

15/06/2016

Le grand art de cette guerre est de ne paraître jamais défendre son terrain, et de ravager seulement celui de son ennemi, de l’accabler gaiement

... Belle tactique que nos politiciens de tous poils me semblent incapables de pratiquer tant ils sont obtus, tant ils se prennent au sérieux, tant ils sont rabâcheurs et sans imagination créatrice .

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 Carnaval permanent, grand Guignol à volonté ...

 

« A Ponce-Denis Ecouchard Le Brun, Secrétaire

des Commandements de Mgr le prince de Conti

au Temple

à Paris

11 juillet [1761]1

Il y a des choses bien bonnes et bien vraies dans les trois brochures que j’ai reçues 2. J’aurais peut-être voulu qu’on y marquât moins un intérêt personnel. Le grand art de cette guerre est de ne paraître jamais défendre son terrain, et de ravager seulement celui de son ennemi, de l’accabler gaiement ; mais après tout je ne suis pas fâché de voir relever des critiques très injustes d’une ode dont j’ai admiré les beautés, et à laquelle je dois non seulement mademoiselle Corneille, mais l’honneur de commenter à présent le grand homme auquel elle appartient.

Les oreilles d’âne sont attachées pour jamais au chef de ce malheureux Fréron. On a prouvé ses âneries, et il y a dans les trois brochures un grand mélange d’agréable et d’utile.

Je ne savais pas que ce Baculard fût un croupier de Fréron. J’ai eu soin autrefois de ce Baculard qu’on appelait d’Arnaud, comme j’ai soin de mademoiselle Corneille. J’ai été payé d’une ingratitude 3 dont je crois le cœur de mademoiselle Corneille incapable.

Adieu, monsieur ; je me flatte que le nom de monseigneur le prince de Conti décorera la liste de ceux qui souscrivent pour la gloire du grand Corneille et pour l’avantage de sa famille. Je serais toute ma vie pénétré d’estime et d’attachement pour vous.

V. »

1 Le manuscrit porte la mention : « M. Damilaville est venu pour avoir l'honneur de voir M. Le Brun et lui remettre cette lettre . »