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01/04/2016

M. Damilaville me mande qu'il y a quelque brèche à votre rotondité

... Et comme n'a pas osé le dire ce cher Damilaville (militant honteux ), vous avez tout d'un monument historique en ruines M. Hollande .

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot, chez M.

Baron, médecin

rue Couture-Sainte Catherine

à Paris

Ferney 22 avril 1761 1

Mon ancien ami, je vous croyais opulent, ou du moins arrondi . M. Damilaville me mande qu'il y a quelque brèche à votre rotondité . Voici une idée qui m'est venue . Un magistrat de Dijon, jeune et de beaucoup d'esprit, a fait une comédie très singulière, et ne voudrait pour rien [au]2 monde être connu . Son idée est de la faire jouer , et de partager les honoraires entre celui qui se chargera du délit, et un secrétaire très affectionné , vieux serviteur de la maison . Ils auront aussi le profit de l'édition . Voyez si vous pouvez vous charger de cette besogne . Je crois que ce n'est pas une mauvaise affaire . L'auteur exige un profond secret ; êtes-vous en état de faire lire cette comédie au tripot, sans vous commettre, et sans commettre personne ? Je remplis la mission dont l’amitié me charge . Mandez-moi votre résolution .

J'ai demandé un almanach où l'on trouve les patriarches grecs . J'en ai besoin, non pas que je prenne un vif intérêt à l'église grecque, mais en qualité de pédant .

On m'a promis un livre contre l'excommunication des comédiens 3. L'auteur doit me l'envoyer .

Du Molard m'a demandé une trève de la part de l'abbé Trublet, il dit qu'il ne compilera plus . Je donne donc l'absolution à l'archidiacre mon confrère . »

1 Date complétée par Thiriot .

2 V* a écrit par erreur autre pour au . Pour le « jeune magistrat », voir lettre du 29 mars 1761 à Mme Belot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/03/16/ce-que-vous-refuserez-si-la-proposition-offense-votre-honneu-5774879.html

 

S'il y a quelque chose à faire de ma part, je suis à vos ordres

...

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 Ainsi fit Voltaire !

 

« A Louis-Gaspard Fabry 1

Je vous confie, monsieur, la lettre ci-jointe 2, que le sieur Sédillot fils m'envoie sous l'enveloppe de monsieur le contrôleur général . S'il y a quelque chose à faire de ma part, je suis à vos ordres comme vous savez . Vous ne doutez pas des sentiments avec lesquels j'aurai l'honneur d'être toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire.

22è avril 1761, à Ferney . »

1 L'original signé porte la mention suivante de la main de Fabry : « Lettre de M. de Voltaire 22 avril 1761 : avec copie d'une lettre par lui reçue de M. Sédillot fils du 15 du même mois . »

2 Lettre non connue .

 

 

31/03/2016

Il faut connaître ses gens avant de leur prodiguer des louanges

... Mais est-ce parce que je connais mal nos hommes politiques que je ne suis pas enclin à leur prodiguer mes louanges ? ou est-ce parce que j'en sais déjà trop que je les critique ?

- Les deux, mon général !

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« A Etienne-Noël Damilaville

A Ferney, le 22 avril 1761 1

Je suis le partisan de M . Diderot parce qu'à ses profondes connaissances il joint le mérite de ne vouloir point jouer le philosophe, et qu'il l'a toujours été assez pour ne pas sacrifier à d'infâmes préjugés qui déshonorent la raison . Mais qu'un Jean-Jacques, un valet de Diogène, crie du fond de son tonneau contre la comédie, après avoir fait des comédies (et même détestables ) ; que ce polisson ait l'insolence de m'écrire que je corromps les mœurs de sa patrie ; qu'il se donne l'air d'aimer sa patrie (qui se moque de lui ) ; qu'enfin après avoir trois fois changé de religion, ce misérable fasse une brigue avec des prêtres sociniens de la ville de Genève, pour empêcher le peu de Genevois qui ont des talents, de venir les exercer dans ma maison (laquelle n'est pas dans le petit territoire de Genève ) ; tous ces traits rassemblés forment le portrait du fou le plus méprisable que j'aie jamais connu . M. le marquis de Ximènes a daigné s’abaisser jusqu'à couvrir de ridicule son ennuyeux et impertinent roman 2; ce roman est un libelle fort plat contre la nation qui donne à l'auteur de quoi vivre ; et ceux qui ont traité les quatre jolies lettres de M. de Ximenès de libelle, ont extravagué . Un homme de condition est au moins en droit de réprimer l'insolence d'un J.-J. qui imprime qu'il y a vingt à parier contre un que tout gentilhomme descend d'un fripon .

Voilà mon cher monsieur, ce que je pense hautement, et que je vous prie de dire à M. Diderot . Il ne doit pas être à se repentir d'avoir apostrophé ce pauvre homme, et de s'être écrié : ô Rousseau ! dans un dictionnaire 3. Il se trouve à la fin de compte que ô Rousseau ne signifie que ô insensé ! Il faut connaître ses gens avant de leur prodiguer des louanges . J'écris tout ceci pour vous . »

1 La copie Beaumarchais et les suivantes éditions, amalgament des passages de cette lettre et de celles du 8 mai 1761, du 9 mai à Damilaville et du 26 juin 1761 à d'Argental pour en faire une lettre datée du « 8 mai » 1761 .

2 Julie ou La nouvelle Héloïse .

3 A l'article « Encyclopédie » de l'Encyclopédie, Diderot avait écrit : « L 'éloge d'un honnête homme est la plus digne et la plus douce récompense d'un autre honnête homme : après l'éloge de sa conscience, le plus flatteur est celui d'un homme de bien . Ô Rousseau, mon cher et digne ami, je n'ai jamais eu la force de me refuser à ta louange : j'en ai senti croître mon goût pour la vérité, et mon amour pour la vertu . »

 

30/03/2016

J’ai souffert quarante ans les outrages des bigots et des polissons. J’ai vu qu’il n’y avait rien à gagner à être modéré, et que c’est une duperie

... Coffe Jean-Pierre , tu l'as compris toi aussi ! on regrette ton départ et on ne t'oubliera pas de sitôt .

http://www.jeanpierrecoffe.com/

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Allez, on se téléphone et on se fait une bonne bouffe !

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

20 avril [1761] à Ferney

Je me hâte de vous répondre ( mon grand calculateur de petite-vérole )1, plein d’esprit et de génie, et antipode des calculateurs, que diligo adhuc Ciceronianum-Olivetum quia optimus grammaticus, quia 2 il fut mon maître, et qu’il me donnait des claques sur le cul quand j’avais quatorze ans. Je ne dirai pas qu’il en a menti, mais il a dit la chose qui n’est pas. Qu’il vous montre ma lettre, s’il l’ose 3. Certainement votre nom n’y est pas. Il peut avoir quelque finesse, ayant été jésuite. Il a voulu se jouer de votre vivacité parisienne, et vous arracher votre secret. Vous avez peut-être donné dans le panneau. Soyez très sûr que je ne vous compromettrai jamais, et que vous pouvez donner l’essor avec moi à votre très plaisante imagination en toute sûreté.

Vous me paraissez bien honnête de dire qu’un homme de trente ans peut en espérer trente autres. La vie commune ne s’étend qu’à vingt-deux ans sur la masse totale 4. Je n’ai pas encore bien examiné votre compte ; je vais vous relire . À Paris on ne relit point. Vive la campagne, où le temps est à nous ! En général, je vois que vous en savez plus que notre sourdaud 5.

Je vous remercie de votre bon mari 6. Il faut avouer que la reine est bien bonne, et que si elle était la maîtresse, nous aurions un siècle bien éclairé.

Je vous donne mon blanc-seing pour ma place à l’Académie, à la première fantaisie que vous aurez de résigner ; cela sera assez plaisant, et c’est une facétie qu’il ne faut pas manquer. Faites la lettre de remerciement, et je vous réponds de la signer.

A l’égard de Jean-Jacques, s’il n’était qu’un inconséquent, un petit bout d’homme pétri de vanité, il n’y aurait pas grand mal ; mais qu’il ait ajouté à l’impertinence de sa lettre l’infamie de cabaler, du fond de son village, avec des pédants sociniens, pour m’empêcher d’avoir un théâtre à Tournay, ou du moins pour empêcher ses concitoyens, qu’il ne connaît pas, de jouer avec moi ; qu’il ait voulu, par cette indigne manœuvre, se préparer un retour triomphant dans ses rues basses  ; c’est l’action d’un coquin, et je ne lui pardonnerai jamais. J’aurais tâché de me venger de Platon s’il m’avait joué un pareil tour ; à plus forte raison du laquais de Diogène. Je n’aime ni ses ouvrages ni sa personne, et son procédé est haïssable. L’auteur de la Nouvelle Aloïsia n’est qu’un polisson malfaisant. Que les philosophes véritables fassent une confrérie, et alors je me fais brûler pour eux. Cette académie secrète vaudrait mieux que l’académie d’Athènes et toutes celles de Paris ; mais chacun ne songe qu’à soi, et on oublie le premier des devoirs, qui est d’anéantir l’infâme . 

Je vous prie, mon grand philosophe, de dire à madame du Deffand combien je lui suis attaché ; je lui écrirai quelque jour une énorme lettre. J’aime à penser avec elle ; je voudrais y souper : je l’aime d’autant plus que j’ai les sots en horreur. Mes compliments à l’abbé Trublet ; j’attends sa harangue avec l’impatience du parterre qui a des sifflets en poche, et qui ne voit pas lever la toile.

A propos, haïssez-vous toujours M. de Chimène, ou Ximenès ? Il vient d’acheter une maison, des prés, des vignes et des champs dans le pays de Gex. Voilà le fruit apparemment de l’Épître sur l’Agriculture.

Je suis devenu un malin vieillard. Il y a longtemps que j’ai fait la Capilotade . C’est un chant qui entre dans la Pucelle 7. Il y aura toujours place pour les personnes que vous me recommanderez. J’ai souffert quarante ans les outrages des bigots et des polissons. J’ai vu qu’il n’y avait rien à gagner à être modéré, et que c’est une duperie. Il faut faire la guerre et mourir noblement

  sur un tas de bigots immolés à mes pieds. 

riez et aimez-moi ; confondez l’infâme le plus que vous pourrez.

 

N.B. -  J’ai lu le mémoire contre les jésuites banqueroutiers 8. L’avocat a raison : aucun jésuite ne peut traiter sans engager ses supérieurs. Quand je les ai chassés d’un domaine qu’ils avaient usurpé, il a fallu que le provincial signât le désistement ; mais je les ai chassés sans bruit, je n’ai eu que la moitié du plaisir.

V.»

1D'Alembert écrivait le 9 avril 1761 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

Le 2 septembre 1760, il annonçait à V* qu'un « grand diable d'ouvrage de géométrie » était sous presse ; il s'agissait des Opuscules mathématiques ou Mémoires sur différents sujets de géométrie, de mécanique, d'optique, d'astronomie [etc], 1761 ; d'Alembert y discutait notamment les avantages de l'inoculation sur la base du calcul des probabilités . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

2 J'aime encore d'Olivet cicéronien, parce qu'il est le meilleur grammairien, parce que [...]

3 D'Alembert avait conté comment, dans une séance à l'Académie, d'Olivet l'avait accusé d'être un « fripon » et d'avoir « écrit à Genève [qu'il avait] molli dans l'affaire de Trublet » . Comme d'Alembert avait nié le fait, « à la vérité assez faiblement », d'Olivet avait répondu qu'il « en avait la preuve dans sa poche » . D'Alembert de peur d'être confondu , n'avait pas osé demandé à la voir .

4 C'est un chiffre sur lequel V* reviendra dans L'Homme aux quarante écus . mais si l'on tient compte de la forte mortalité infantile, le calcul de d'Alembert peut n'avoir pas été éloigné de la vérité .

5 Sur ce sourdaud, il doit s'agir de La Condamine comme il appert de la lettre du 6 août 1760 à Mme du Deffand : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

Mais aussi V* se dit lui-même sourdaud vers cette époque .

6 Toujours dans la même lettre du 9 avril 1761, d'Alembert rend compte d'une lecture de l’Épître sur l'agriculture faite devant la reine, dans laquelle pour ne pas « off en[ser] les oreilles pieuses » il a remplacé le sot mari par le bon mari d'Eve et manger la moitié de sa pomme par goûter de la fatale pomme .

7 Chant XVIII : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-or...

8 Voir lettre du 17 avril 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/03/30/u...

Voir aussi le chapitre LXVIII de l’Histoire du Parlement de Paris. (Georges Avenel.)

 

un ministre n'a qu'à ordonner, et le pauvre campagnard des Alpes est obligé de faire tout lui-même . Il n'a jamais de loisir ; et il en faut pour penser

... Penser et agir, l'un n'exclut pas l'autre chez Jean-Pierre Coffe qui vient de casser sa pipe . Il aurait aimé Voltaire qui tenait à offrir des produits de qualité à sa table et qui aimait le rire .

http://www.lepoint.fr/medias/coffe-vous-allez-encore-ecrire-que-je-m-insurge-facilement-06-05-2015-1926581_260.php?M_BT=443989616563&m_i=HvLxM1YPZWezHLZ5e0qbZlbSVOG0pcbTsHBkc_k36auJGIhLqzSnNFSPrL5GBV4v1pAL232bgBMRWsEysZXsJj2H1MHHHf#xtor=EPR-6-[Newsletter-Matinale]-20160330

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Ecce homo  !

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

17è avril [1761] à Ferney

Plus anges que jamais, et moi plus endiablé . La tête me tourne de ma création de Ferney . Je tiens une terre à gouverner pire qu'un royaume, car un ministre n'a qu'à ordonner, et le pauvre campagnard des Alpes est obligé de faire tout lui-même . Il n'a jamais de loisir ; et il en faut pour penser . Ainsi donc mes anges vous pardonnerez à ma tête épuisée .

1° Oreste se recommande à vos divines ailes . Ma mère en fait autant 1 est le commencement d'une chanson plutôt que d'un vers tragique, quelquefois un misérable hémistiche coûte .

Il a montré pour nous l'amitié la plus tendre

Il révérait mon père ; il pleurait sur sa cendre .

ELECTRE

Et ma mère l'invoque ! Ainsi donc les mortels 2

Se baignent dans le sang, et tremblent aux autels .

Voilà je crois la sottise amendée .

La sottise des anecdotes de Fréron 3 est d'un La Harpe, jadis son complice, aujourd’hui domestique de M. le duc de La Vallière . Thieriot me les a envoyées . Je vous en ai fait part, mais cela n'est bon que pour vos laquais et pour les cafés .

Votre première présidente est une bigote insolente, et son frère un fripon 4. Mais il faut être poli .

Il est plaisant que Bernard m’ait volé, et que je n'ose pas le dire 5, mais Leriche 6 vaut mieux , et grâces vous soient rendues . Le produit net des 173 journaux 7 est fort plaisant, et plus honnête, mais savez-vous bien que vous faites Jean-Jacques un très grand seigneur ? Vous lui donnez là cent mille écus de rente . La compagnie des Indes sans le tabac ne pourrait en donner autant à ses actionnaires ; vous êtes généreux mes anges .

J'ai une curiosité extrême de savoir si Mme de Pompadour et M. le duc de Choiseul ont reçu leur exemplaire de Prault .

Autre curiosité de savoir si on joue la seconde scène du second acte de Tancrède comme elle est imprimée dans l'édition Cramer, et comme elle ne l'est pas dans l'édition de ce Prault . Je vous conjure de me dire la vérité . Je trouve la façon Cramer , plus attachante, plus théâtrale, plus favorable à de bons acteurs . Ai-je tort ?

Lekain ne m'a point écrit .

Si vous étiez des anges sans préjugés vous verriez que Le Droit du seigneur n'est pas à dédaigner, que le fond en était bon, que la forme y a été mise à la fin, qu'il n'y a pas une de vos critiques dont on n'ait profité, que la pièce est tout le contraire de ce que vous avez vu . En un mot je vous conjure de la laisser passer sous le masque en son temps .

Il faut un autre amant à Fanime . Je lui en fournirai un . Mais le czar m'attend, et l'Histoire générale se réimprime augmentée de moitié ; et la journée n'a que vingt-quatre heures, et je ne suis pas de fer .

Je n'ai point la nouvelle reconnaissance d'Oreste et d'Electre . Daignez me l'envoyer ; ou , j'en ferai une autre . Je suis entouré de vers, de prose, de comptes d'ouvriers . Je ne peux me reconnaître . Il est très vrai qu'il s'agit d'un mariage pour Mlle Corneille, et que l'emploi de valet de poste a arrêté le soupirant 8. Voilà ce qu'a produit Fréron ! et on protège cet homme !

Le Brun est un bavard . Il m’avait insinué dans ses premières lettres que je ne devais pas laisser Mlle Corneille dans l'indigence après ma mort . Je lui ai mandé que j'avais fait là-dessus mon devoir . Il l'a dit, et il a tort .

Que voulez-vous donc de plus terrible, de plus affreux à la mort de Clytemnestre, que de l'entendre crier ? Il n'y a point là de beaux vers à faire . C'est le spectacle qui parle , et ce qu'on dit en pareil cas , affaiblit ce qu'on fait .

Mais songez que Térée 9 et Oreste tout de suite, … voilà bien du grec, voilà bien de l'horreur ; il faut laisser respirer ; je voudrais une petite comédie entre ces deux atrocités pour le bien du tripot .

Daignerez-vous répondre à tous mes points ? Je n'en peux plus . Mais je vous adore .

V.

Pour Dieu dites-moi si vous ne trouvez pas le mémoire contre les jésuites bien fort 10, et bien concluant ? Comment s'en tireront-ils ? Je les ai fait plier tout d'un coup sans mémoire ; je les ai fait sortir d'un domaine qu'ils usurpaient . Ils n'ont pas osé plaider contre moi , mais il ne s'agissait que de 160 000 livres . Quand pourrai-je voir, disait un homme assez dur, les jésuites étranglés avec des boyaux de jansénistes ?11 »

 

1 Ce vers était ainsi conçu : Ma mère en fait autant : les coupables mortels [...]

2 Oreste , IV, 3

3 Voir lettre du 3 avril 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/03/22/c-est-une-affaire-que-nous-n-abandonnerons-jamais-5777656.html

Noter que ce paragraphe et le suivant sont omis dans l'édition de Kehl .

4 Ce sont Mme de Molé et le financier Bernard ; voir lettre du 15 mai 1758 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/08/19/nous-sommes-des-barbares-et-vous-autres-gens-polis-vous-donn.html

et lettre du 11 avril 1754 à Mme Denis : « M. de Mauconseil m'assure que Bernard est mort absolument ruiné, qu'il le savait depuis trois ans, et que son notaire l'avertit alors de ne pas avoir à faire avec lui . Laleu, notaire de Bernard, nous a fait donner dans le traquet . »

5 Sur la copie Beaumarchais-Kehl, on lit ici cette note de Condorcet : « Nota . Il était père de la première présidente Molé qui ne paya point ses dettes mais qui trouvait fort mauvais qu'on dit qu'il avait volé ses créanciers . »

6 Le copiste a écrit ce mot Leriche suivant en cela sans doute l'original ; en fait V* propose ici une correction au vers 32 de l 'Épître sur l'agriculture , où on lit : « Qu'un Bernard l'ai volé » ; cette substitution, qui suppose d'ailleurs un remaniement du vers ne fut pas faite .

7 V* n'est pas loin de la vérité car une bibliographie cite 124 périodiques français pour l'année 1790 .

8 Voir lettre du 3 avril 1761 à d'Argental , citée plus haut .

 

29/03/2016

Je ferai l'impossible pour venir prendre part à la joie publique

... Oui, mais pourquoi ? où ? et quand ?

Pour l'instant, sans joie véritable, ni privée , ni publique, je ris quand même en voyant le casse-tête imposé au CSA quant aux temps de paroles médiatiques des candidats à la présidentielle , plus nombreux que des morpions dans le lit de la marquise et tout aussi accrocheurs d'ailleurs . Amis de la polémique :  "bonjour !"

 

joie publique.png

Allez ! laissez-moi rire, il faut que je retourne bosser !

 

« A Cosimo Alessandro Collini

14 avril [1761]

Je ressens bien vivement, mon cher Collini, l'extrême bonté de Mgr l’Électeur qui daigne me parler se son bonheur, et qui fait le mien . Je ferai l'impossible pour venir prendre part à la joie publique dans Shwessingen et c'en sera une bien grande pour moi de vous y voir et de pouvoir vous y être de quelque utilité . Je solliciterai tant que je pourrai M. de Beker . Je vous ai envoyé ce que vous me demandiez pour l'édition 1. Je vous embrasse de tout mon coeur .

V. »

 

Chacun de nous a son messie

... https://www.youtube.com/watch?v=SEIg2FwzlXA

Messi ?

Mais si !

 

 

« A Charles-Philippe-Théodore von Sulzbach, électeur palatin

De Ferney le 14 avril 1761 1

Que je suis heureux, que j'aspire

A voir briller cet heureux jour,

Ce jour si cher à votre cour,

A vos États, à tout l'empire !

 

Que j'aurais de plaisir à dire,

En voyant combler votre espoir :

J'ai vu l'enfant que je désire

Et mes yeux n'ont plus rien à voir !

 

Je ressemble au vieux Siméon,2

Chacun de nous a son messie ;

J'ai pour vous plus de passion

Que pour Joseph et pour Marie .

 

Monseigneur, que Votre Altesse Électorale me pardonne mon petit enthousiasme un peu profane, la joie le rend excusable 3. Je ne sais ce que je fais, ma lettre manque à l'étiquette . Du temps de la naissance du duc de Bourgogne, tous les polissons se mirent à danser dans la chambre de Louis XIV . Je serais un grand polisson dans Schwetzingen, si je pouvais dans le mois de juillet être assez heureux pour me mettre aux pieds du père, de la mère, et de l'enfant . Un fils et la paix, voilà ce que mon cœur souhaite à Votre Altesse Sérénissime Électorale et un fils sans la paix est encore une bien bonne aventure . Je me mets à vos genoux Monseigneur ! Je les embrasse de joie . Agréez, vous et madame l’Électrice, ma mauvaise prose, mes mauvais vers, mon profond respect, mon ivresse de cœur et daignez conserver des bontés à votre petit Suisse

Voltaire. »

1 Copie et édition sont expurgées : les vers sont interrompus à Je ressemble […] ; l'édition est datée « A Ferney , ce 14 août 1761 » , ce que la référence au mois de juillet rend impossible . L'édition Kehl met , au premier vers, touché pour heureux .

2 Évangile de Luc, II, 25 .

3 L’Électeur avait appris à V* par une lettre du 28 mars 1761, la grossesse de sa femme ; il ajoutait : « Si vous venez à Schwetzingen vous verrez un papa jouer avec un enfant, et après l'avoir bercé, s'entretenir avec plaisr avec son cher Suisse […] . »