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07/01/2015

Visite est triste, dîner est plus gai

.... Et lire à nouveau Voltaire grâce à Mam'zelle Wagnière est un beau cadeau, la meilleure des étrennes .

 

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Diner entre hommes, je sens que ça va mal finir !

 

 

« A François Tronchin

conseiller d’État

[1759-1760] 1

Vous nous avez parlé, mon cher ami, de deux syndics, mais il faut qu'ils nous fassent l'honneur de dîner . Visite est triste, dîner est plus gai, on est plus de temps 2 pour jouer aux échecs . Venez et dîtes nous quand . »

1 Manuscrit olographe sur une carte à jouer .

2 Lapsus de V* ? on attend plutôt « on a plus de temps ».

 

06/01/2015

Vous m'envoyez des fatras, mon Gabriel

... Mon ange, vous vous déplumez des neurones sous l'auréole . Vous transmettez indifféremment les ordres d'Allah et de Yahwhe à des bipèdes qui ne trouvent pas mieux que de se voler dans les plumes (même à poil ) au nom du Tout Puissant ; soit vos messages sont brouillés et donc logiquement les humains le sont aussi, soit vous êtes haut et clair mais notre entendement est défectueux .  Ah ! que n'as-tu taillé une de tes plumes pour écrire au lieu de te fier à des analphabètes bourreurs de crânes , prophètes autoproclamés , depuis l'antiquité jusqu'à nos jours!

 

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« A Gabriel Cramer

[1759-1760]

Vous m'envoyez des fatras, mon Gabriel , et je vous en renvoie . Daignez observer mes petites annotations, et cultivons notre jardin 1. Philibert me néglige, cela n'est pas bien après m'avoir débauché .

V. »

1 Cette allusion à Candide permet de situer la date de cette lettre .

 

qu'on lui fasse peu de frais, parce qu'il est très pauvre

... Pierre Gattaz , himself, pauvre en esprit ( le royaume des cieux lui appartient ) , blindé de thune  (pas suffisamment à son goût ), ne me fait pas envie et encore moins pitié . Voir le Figaro Gorafi : http://www.legorafi.fr/2014/05/07/pierre-gattaz-demande-aux-pauvres-de-bien-vouloir-souffrir-avec-un-peu-plus-de-dignite/

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« A Joseph-Marie Balleidier

Aux Délices , 29 décembre 1759 1

Je ne suis point, monsieur, tenu de payer les domestiques de Bétens ; je lui ai prêté de l'argent sans intérêt pour le tirer de prison, et par le contrat que j'ai bien voulu faire avec lui, il est dit expressément que je ne dois entrer dans aucune de ses dettes ; je me suis même réservé le droit de vendre sa terre que je voulais lui conserver, en cas qu'il arrivât la moindre difficulté . Je n'ai point voulu être la dupe du bien que je lui ai fait . S'il doit de l'argent à ses domestiques, qu'il les paie . J'ai déjà avancé pour lui 4400 livres . Mme Donop menace encore de saisir sa terre pour d'anciennes dettes . Je ne peux pas me ruiner pour sauver toujours cet homme . Il faut qu'il s’accommode avec les créanciers dont vous parlez ; qu'on lui fasse peu de frais, parce qu'il est très pauvre ; je pourrai lui prêter encore un peu d'argent pour cette affaire, mais très peu, parce que j'en ai fort peu . »

Le texte de la présente lettre est reconstruit à partir de fragments cités dans l'édition Vézinet A.

Voir lettre du 24 décembre 1759 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/03/quel-delai-on-peut-avoir-pour-repondre-aux-mensonges-averes-5525062.html

 

05/01/2015

voyez d'un œil tranquille nos énormes sottises

... Si je peux dire qui fait d'énormes sottises, -vous et moi-, je suis en peine pour vous dire qui peut garder un oeil tranquille à cette vue . Dieu ? mon chat ?

 De quoi faire un peu la gueule , quand même !

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« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

28è décembre 1759, aux Délices

Jouissez de la santé, madame, l'année 1760 , n'ayez point mal aux yeux, comme moi, qui ne peux vous écrire de ma main ; vivez avec votre amie, et avec monsieur votre fils, tant que vous pourrez : voyez d'un œil tranquille nos énormes sottises ; mettez à la tontine, et enterrez votre classe . J'ai envoyé un gros paquet à Collini dans lequel il y a une lettre pour Mgr l’Électeur palatin et une autre pour le valet de chambre favori ; il devrait l'avoir reçu . Les bontés dont vous l'honorez, madame, me mettent en droit de vous prier de l'en avertir .

On dit qu'on a roué le révérend père Malagrida . Dieu soit béni 1. Vous aviez deux jésuites bien insolents, l'un à Strasbourg, l'autre à Colmar 2; M. le premier président votre frère ménageait ces maroufles . Ne sait-il pas qu'ils sont à présent fort au dessous des capucins ? Je mourrais content si la paix était faite , et si je voyais les jansénistes et les molinistes écrasés les uns par les autres .

Mille tendres respects .

V. »

1 V* est ici assez emporté par son aversion des jésuites pour approuver un supplice qu'il dénoncera hautement et avec raison plus tard dans l'affaire La Barre .

2 Jean-Michel Kroust, professeur de théologie à Strasbourg et son frère Antoine, recteur du collège de Colmar ; V* avait eu à faire à ce dernier en 1754 à la suite de l'affaire de Francfort et il l'avait mis en scène au chapitre XV de Candide ( http://www.monsieurdevoltaire.com/article-candide-ou-l-optimisme-chapitre-xv-120076095.html ) . voir aussi la lettre du 26 décembre 1754 à Dupont : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/29/nous-ne-pouvons-nous-passer-ni-d-habits-ni-de-livres.html

 Les deux Kroust se retirèrent à Porrentruy pour y mourir, le premier en 1770, François- Antoine en 1776. 

Voir aussi : http://beauchesne.immanens.com/appli/article.php?id=12169

et : https://books.google.fr/books?id=tucAp3o-frAC&pg=PA1781&lpg=PA1781&dq=Jean-Michel+Kroust,+professeur+de+th%C3%A9ologie&source=bl&ots=w1Zf-F0YqQ&sig=NPaDySja-I_OVfBr5JqyFWeyiS4&hl=fr&sa=X&ei=6ZyqVMOoOufN7QaWhIHoDg&ved=0CCwQ6AEwAg#v=onepage&q=Jean-Michel%20Kroust%2C%20professeur%20de%20th%C3%A9ologie&f=false

 

 

à cet âge de 66 ans on joue contre ceux de 60 ans qui auraient dix chances contre moi quatre . Ce n'est pas le jeu

... Heureusement ce cher Volti a vécu encore 18 ans et a inversé la cote en sa faveur, quelques uns en ont fait les frais et ce n'est que justice ; ceux qui se sont réjoui en voyant "Le Viager" avec Serrault comprendront le plaisir de gagner contre ceux qui comptent sur votre mort prochaine .

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« A Ami Camp

banquier

à Lyon

Aux Délices 28 décembre [1759]

Je crois, monsieur, que votre cher et estimable associé sera parti avant que vous ayez reçu ma lettre 1. Je lui souhaite un heureux voyage, et je crois que pour le bien des affaires il faut lui souhaiter un long séjour .

Voici un petit reçu qui nous vaudra 6500 livres en son temps pour joindre à notre magot . M. Tronchin me propose de mettre à la tontine 5200 livres de coupons et 5200 d'argent . Je prendrais ce parti si je n'avais pas soixante et six ans avec une santé faible . De plus à cet âge de 66 ans on joue contre ceux de 60 ans qui auraient dix chances contre moi quatre . Ce n'est pas le jeu . On pourra traiter de la paix cet hiver quoiqu'on ne la fasse pas . On pourra même envoyer des plénipotentiaires et alors les effets publics reprendront faveur . On pourrait alors vendre mes coupons avec une perte médiocre à ceux qui voudront acquérir des tontineries ; et dès qu'on pourra sans beaucoup de perte vendre mes autres effets royaux et verreux 2, on me fera plaisir . C'est ce que je vous prie de mander à notre cher ami . Vous pourriez même lui envoyer ce feuillet . Je n'aime que les prés, et point du tout les loteries et annuités, et suis de tout mon cœur

votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

2 Ancienne forme d'orthographe pour vereux .

 

04/01/2015

si les hommes étaient moins fous et moins méchants qu'ils ne sont, chacun cultiverait ses champs sans dévaster ceux de ses voisins

... Sillons célestes, sillons terrestres, lesquels sont les plus faciles à tracer ? lesquels rapprochent le plus les humains ?

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 25 décembre,[1759] et n'a pu partir que le 29.
Madame, j'ai reçu la lettre par laquelle Votre Altesse sérénissime daigne m'instruire que Mlle Pestris approuve mes démarches auprès de son banquier.1 Je crois qu'il ne tient qu'à lui de s'accommoder avec ses créanciers. Il m'a écrit par un correspondant.
J'avoue, madame, que je ne m'entends point du tout à [ces]2 sortes d'affaires. Je ne fais que rapporter des paroles avec simplicité et fidélité, pour le bien de deux ou trois familles. Je sais que je ne suis qu'un pauvre laboureur qui cultive en paix quelques arpents, et qui est fort heureux de manger les fruits de ses terres.
Les affaires de finance me sont aussi étrangères que celles de la guerre. J'ai actuellement environ deux lieues de pays à gouverner, et je ne conçois pas comment on en peut gouverner davantage par soi-même. Mais il me semble que si les hommes étaient moins fous et moins méchants qu'ils ne sont, chacun cultiverait ses champs sans dévaster ceux de ses voisins.
Je ne manquerai pas, madame, d'envoyer par la première occasion, aux pieds de Votre Altesse sérénissime, la copie de la nouvelle pièce 3 que nous avons jouée dans un de mes petits hameaux. Grande maîtresse des cœurs 4, j'implore votre appui; secourez-moi auprès de madame la duchesse, et si je l'ennuie, obtenez ma grâce.
Je souhaite à Vos Altesses sérénissimes, pour l'année 1760, l'éloignement de tout housard, de tout pandour et de tout kalmouk; un bonheur tel que vous le méritez, et tous les avantages qui sont dus à votre auguste maison. Le peu d'années que j'ai encore à vivre seront consacrées, madame, à vous témoigner mon profond respect et mon attachement inviolable. »

1 La lettre du 18 décembre 1759 dit : « La demoiselle Pertriset n'est guère aimable mais son adresse est excellente . Ne vous embarrassez pas de bien ou mal orthographier le nom de Bechtolsheim pourvu que le banquier [Frédéric II] reçoive surement vos avis et qu'il sache en profiter . Il est vrai qu'il semble n'être pas trop bien bien dans ses affaires […] Il y a des heureux hasards […] Il ne faut donc pas encore renoncer à tout remède tant que le malade donne encore des signes de vie […] on l'accuse que le dérangement de ses finances a été en grande partie produit par sa faute mais en même temps l'on assure qu'on lui prête des secours pour pouvoir s'acquitter de ses dettes [...] »

2 V* a omis ce mot .

4 Mme de Buchwald ; voir lettre du 4 octobre 1754 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/09/24/j-ai-peu-de-relations-avec-la-republique-des-lettres-et-des.html

 

 

03/01/2015

quel délai on peut avoir pour répondre aux mensonges avérés

... Je suppose que l'éternité n'est pas de trop, le mensonge prend trop peu de rides et vieillit bien, alors opposons lui éternellement une jeune vérité, pas de péremption .

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 Qu'on ne s'y laisse pas prendre, le menteur n'est pas aussi repérable !

 

« A Joseph-Marie Balleidier 1

A Ferney 24 décembre [1759]2

On a signifié par écrit et devant témoins la révocation du prêt .

M. Balleidier est prié de mander quel délai on peut avoir pour répondre aux mensonges avérés, signifiés par les Choudens .

Il faut beaucoup de temps pour obtenir les certificats nécessaires -à Genève- Mme Denis persistera dans sa demande en fin de non recevoir .

Visite d'experts ne doit point être admise quand il est prouvé que le domaine voulu rapportait moins au vendeur que l'argent reçu par lui .

Non seulement Mme Denis prouvera par les baux et par les taxes, que Choudens ne retirait que 200 livres annuellement de ce domaine, mais elle demandera qu'on interroge Mme de Donop à qui les Choudens voulurent vendre pour 5000 livres la portion qu'ils vendirent 6000 à Mme Denis .

Préalablement Mme Denis veut actionner Choudens pour extorsion et vol .

On a retrouvé la soumission des Choudens par laquelle ils s'engageaient à ne demander jamais aucuns arrérages de l'argent demeuré entre les mains de Mme Denis pour payer leurs créanciers, et cependant ils se sont fait payer ces intérêts .

Ils reçurent un reste de paiement à Ferney et ils s'enfuirent sans donner quittance, en présence de Landry et de Fay . Ce Fay est à Paris, il faudra ordre pour les faire interroger tous deux .

M. Balleidier est prié de mander ce qu'il faut dire selon la coutume de Gex, supposé qu'il y ait une coutume . »

1 Joseph Marie Balleidier, né le 23 décembre 1727 à Cruseilles, mort le 13 octobre 1794 à Gex, homme d'affaires de Voltaire, procureur au bailliage de Gex, procureur d'office de la seigneurie de Ferney et syndic de l'Hôtel de Ville de Gex ;voir  : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gex

2 L'affaire dont il est question réapparaitra dans la correspondance : lettres du 3 avril 1760 à Bordier, du 25 avril 1760 à François de Bussy, du 7 mai 1760 à François Tronchin .