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30/03/2015

il se peut bien faire qu'on s'égorge en Westphalie avant qu'aucun ambassadeur soit parti

... Manière de parler ...

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« A François de Chennevières

31 mars [1760] aux Délices

Les Délices font mille compliments à M. de Chennevières et à la sœur du pot . Ils veulent se flatter que bientôt le directeur général des hôpitaux militaires verra ces hôpitaux moins remplis ; on propose Bréda pour le lieu des conférences de la paix, mais il se peut bien faire qu'on s'égorge en Westphalie avant qu'aucun ambassadeur soit parti pour Bréda ; on dit que le discours de M. Lefranc de Pompignan 1 n'a pas réussi parmi les gens de lettres . On dit que c'est une satire vive et insolente de ses confrères et de ses maîtres .

Mille tendres amitiés .

V. »

 

29/03/2015

la brochure intitulée mon radotage

... Ne m'est pas connue, mais au fond le radotage de Voltaire est mille fois plus intéressant que mes quelques élucubrations de blogger .

Je ne sais combien de visiteurs ont profité de ce premier jour d'ouverture -28 mars 2015- du château de mon auteur et homme engagé préféré à Ferney-Voltaire, mais sachez que je les envie et que Mam'zelle Wagnière aussi aurait aimé y être , je peux vous le garantir . 

Heure d'hiver, heure d'été, ou comment se donner l'illusion de faire des économies , bonne nuit quand même .

En avant-première ...

... Photo de la République, à 20h, ce soir d'élections

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« A Louis-François Prault fils libraire

quai de Conti

à Paris

Au château de Tournay

J'ai demandé à M. Prault fils 1 les recueils A, B, C, les œuvres de Du Fresny, de Piron, la brochure intitulée mon radotage . Il peut donner ces livres au porteur qui me les fera tenir .

En ce cas M. de Laleu , notaire rue Sainte-Croix de la Bretonnerie lui fera compter le montant, comme de tout ce qu'il m'enverra .

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi

29 mars [1760] »

 

28/03/2015

je me tais quand je n'ai rien à dire

... Et il en est qui rabâchent sans vergogne pour devenir califes à la place du calife . Elections départementales, beaucoup de bruit, pas de réflexion, guère de pensée .

Ecrivons en silence ...

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« A Jean-Robert Tronchin

à l'hôtel de Lyon, rue de

Grenelle Saint-Honoré

à Paris

Vous savez, mon cher monsieur, que je respecte vos occupations . Je vous importune rarement de mes lettres ; je me tais quand je n'ai rien à dire , mais aujourd'hui j'ai à parler, et vous allez me trouver à qui parler, car il faudra financer vingt mile francs pour la tontine très bien imaginée à Genève 1; j'ai tiré aujourd’hui une petite lettre de change de vingt mille livres qu'on présentera probablement à M. Camp, peut-être à vous , monsieur . Elle est au nom de MM. Beaumont, Lefort et Fatio ; je n'ai point spécifié le temps de paiement, afin de vous donner le loisir de prendre vos arrangements ; comme c'est de l'argent qu'il faut porter au trésor royal, je pense que l'on s'en rapportera bien à votre signature, car votre nom vaut une cérémonie ; je m'en remets donc à vos bontés sur cette petite affaire, comme sur toutes les autres .

Je ne sais si l'offre des Hollandais d'établir un congrès à Bréda, fera monter les effets publics ; il paraît qu'on se prépare à un[e] campagne plus qu'à un congrès . Les Anglais vont envoyer leurs troupes en Westphalie ; le roi de Prusse a 129 bataillons , et 205 escadrons . L’armée du prince de Brunswick est en bon état ; l'Angleterre envoie deux régiments aux Indes orientales, Dieu veuille que Pondichéry soit en sureté ! Et que vous reveniez nous voir .

Votre très humble et très obéissant serviteur de tout cœur .

V.

Aux Délices 29 mars [1760] »

1 Voir lettre à Ami Camp du 28 mars 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/25/c...

 

 

27/03/2015

Plus on avance dans sa carrière, et plus on est convaincu que l'on n'est bien que chez soi

...

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« A Pierre-Robert Le Cornier de CIDEVILLE, ancien

conseiller du parlement de Rouen

rue Saint-Pierre

à Paris,

et s'il n'est pas à Paris,

à sa terre de Launay

à Rouen
Aux Délices, 28 mars [1760]. 1
Il faut que vous sachiez, mon ancien ami, que Mme Denis me dit depuis un mois : « J'écris demain à M. de Cideville, » et que je dois mettre quelques lignes au bas des siennes. Je suis las d'attendre les femmes, et j'écris enfin de mon chef, car je suis honteux de ne vous avoir point écrit, depuis que vous me fîtes tant rire du puant marquis 2, et que vous me rendîtes de bons offices auprès de sa ladre personne.
Je reçois quelquefois une lettre du grand abbé 3 en douze mois; je suis peu instruit de vos marches, et fort incertain si vous êtes dans le plat tumulte de Paris, ou si vous jouissez des douceurs de la retraite. Que vous avez bien fait de conserver cette terre 4 qu'on dit mériter bien mieux le nom de Délices que mes Délices ! Plus on avance dans sa carrière, et plus on est convaincu que l'on n'est bien que chez soi. Pour moi, je vous répète que je ne date ma vie que du jour où je me suis enterré. Ce n'est pas que je ne sois assez au fait de ce qui se passe. Je vois tous les orages, mais je les vois du port; et je vous assure que mon port est bien joli et bien abrité.
Je souhaiterais à mes amis des terres indépendantes et libres comme les miennes. On paye assez en France. Il est doux de n'avoir rien à payer dans ses possessions. Figurez-vous ce que c'est à présent que d'avoir des terres en Saxe, en Poméranie, en Prusse, en Silésie ; c'est bien pis que le troisième vingtième.
Vous avez lu, sans doute, les Poésies du philosophe de Sans- Souci, qu'on soupçonne de n'être ni sans souci, ni philosophe. Je suis aussi honteux de tous les vers qui m'appartiennent dans ses Œuvres que fâché de ses œuvres guerrières. Jamais poète n'a fait verser tant de sang ; Tyrtée et Denys n'étaient que des petits garçons auprès de lui. Nous verrons s'il ira à Corinthe 5.
Adieu, mon ancien ami; souvenez-vous quelquefois du Suisse V.,qui vous aime. »

3 L'abbé du Resnel, qui mourut un an plus tard.

4 Celle de Launay

5 Denys y devint maître d'école après avoir été tyran de Syracuse. « Non cuivis homini contingit adire Corinthum » = « il n'appartient pas à n'importe qui de parvenir à Corinthe » , écrivait Horace dans ses Épîtres, I, xvii, 36 , c'est à dire qu'il n'est pas donné à tout le monde d'atteindre les sommets d'un art.

 

26/03/2015

Cette année sera encore rude

... Ce ne sont pas les chômeurs qui diront le contraire .

Tout ceux qui attendent une/des solution(s) miracle(s) du gouvernement feraient bien mieux d'y réfléchir à plein neurones, -enfin ceux qui leur restent en état de marche,- avant de voter pour les départementales . Je ne souhaite pas de mal à mes concitoyens, mais je suis à la fois satisfait et inquiet pour les cantons qui tomberont (je dis bien "tomberont") sous la coupe FN-RBM , satisfait car enfin on les verra à l'oeuvre et on ne se contentera plus de yaka . Je mets dans le même défi une droite méli-mélo-ni-ni prétendument menée par un vibrion c(h)olérique sarkozien .

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« A Ami Camp

banquier

à Lyon

Je n'ai qu'un moment mon cher monsieur pour vous dire que je tire sur vous et sur M. Tronchin 20 mille livres tournois à l'ordre de MM. Beaumont et Fatio . L'affaire s'est faite en un moment . C'est pour la tontine de Genève 1, affaire qui m'a paru convenable et dans laquelle on assure au moins quelque chose à ses héritiers . Cette année sera encore rude . Je vous prie de ne me pas oublier dans vos lettres à votre ami .

Votre très humble et très obéissant serviteur .

V.

28 mars [1760] 2»

1 L'emprunt lancé à cette époque par Urbain Roger en faveur du Danemark n’était pas une tontine, selon Herbert Lüthy , «  La République de Calvin et l'essor de la banque protestante en France » (Schweizer Beiträge zur allgemeinen Geschichte, 1953 ) . Voir page 2 :http://www.ge.ch/grandconseil/data/texte/IUE00051.pdf .

Il faut cependant noter qu'un emprunt sous forme de tontine, d'un montant de trois millions de francs avait été lancé en France en vertu d'un édit du 17 décembre 1759 ; une partie de cette somme fut peut-être placée selon l’usage, à Genève ; voir L. Gustav Du Pasquier « Die Entwicklung der Tontinen bis auf die Gegenwart », 1920 .

2 La date est complétée sur le manuscrit .

 

 

 

 

25/03/2015

Voilà comme nous sommes faits, nous autres provinciaux ; nous pensons qu'avec une lettre de recommandation on réussit à tout à Paris

... Toujours vrai, hélas dans notre bureaucratique nation . Ah ! le piston qui fait marcher la machine ! pas encore près d'être grippé .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
26 mars 1760.
Ange toujours gardien, je n'ai qu'un moment ; il sera consacré aux actions de grâces, non pas pour le grand chambrier 1 non pas même pour le prince 2 du sang, mais pour vous seul. Il faut que vous sachiez encore que M. Budé de Boisy, qui m'a vendu la terre de Ferney, veut absolument que je vous sollicite encore auprès de M. de Courteilles pour je ne sais quel procès auquel je ne m'intéresse guère. Je lui ai donc donné une lettre pour vous, qu'on vous présentera sans doute 3. Voilà comme nous sommes faits, nous autres provinciaux ; nous pensons qu'avec une lettre de recommandation on réussit à tout à Paris. Je ne vous ai point écrit de lettre de recommandation pour nos Chevaliers; je m'en soucie pourtant un peu plus que du procès de M. de Boisy ; mais je ne suis point du tout empressé de me faire juger, quoi qu'au fond je croie ma cause bonne. Vous voulez un chant de la Pucelle : eh, mon Dieu ! mon cher ange, que ne parliez- vous? vous en aurez deux au lieu d'un. J'avais imaginé qu'un ministre 4 ne se mettait pas en peine de ces facéties ; mais, puisque vous en êtes curieux, vous serez servi : vers et prose, tout est à vous.
Au milieu de mes douces occupations, je suis fâché; on nous a pris Masulipatam,5 on nous prendra Pondichéry ; il y a un an que je le dis. Je plains infiniment M. le duc de Choiseul : on lui a donné notre pauvre vaisseau à conduire au milieu du plus violent orage. J'ai eu longtemps dans la tête que si Luc voulait céder quelque chose, vous pourriez, en ce cas, vous débarrasser avec bienséance du fardeau et des chaînes que l'Autriche vous fait porter ; mais je ne vois qu'un petit coin, et pour bien voir il faut embrasser tout l'édifice. J'ai une étrange idée ; je soupçonne que le roi de Portugal, que Luc appelait le chose 6 de Portugal, pourrait bien perdre son chose, son royaume ; que le roi d'Espagne pourrait bien, dans peu, tenter cette conquête 7; le temps est assez favorable ; les jésuites sont gens à lui promettre le paradis en sus, pour sa peine; ils ne s'endorment pas. Le chose de Portugal n'est pas aimé, son ministre 8 est détesté : belle occasion pour un roi d'Espagne, qui a de l'argent et des troupes, de faire rebâtir Lisbonne.
Je ne peux aimer Luc, car je le connais ; mais il vaut mieux que le chose du Portugal. Nous verrons comment il se tirera d'affaire cette année. Mais nous, que ferons-nous? Rien sur mer, et peut-être des sottises sur terre. Plaisante saison pour mettre un héros français sur le théâtre 9! M. le duc de La Vallière a donc fait l'Histoire chronologique de l'Opéra 10: c'est quelque chose ; il y a encore du génie en France.
Je vous adore. »

 

1 L'abbé d'Espagnac.

 

 

3 V* a déjà donné à Budé une lettre d'introduction pour d'Argental , voir lettre du 12 décembre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/19/l-emporter-sur-un-receveur-quand-ils-ont-la-justice-pour-eux.html

 

4 D'Argental était ministre plénipotentiaire du duc de Parme.

 

5 Masulipatam, dans la province de madras avait été pris d'assaut par Francis Forde en 1759 . les Français perdaient ainsi leur dernier point d'appui dans le Deccan . Voir : http://www.theodora.com/encyclopedia/f/francis_forde.html

et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Masulipatam

 

 

7 Deux ans plus tard l'Espagne et le Portugal étaient en guerre, mais le Portugal résista victorieusement .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_hispano-portugaise_de_1762-1763

 

8 Séb.-Jos. Carvalho, plus connu sous le nom de marquis de Pombal et qui avait expulsé les jésuites . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sebasti%C3%A3o_Jos%C3%A9_de_Carvalho_e_Melo

 

9 Tancrède .

 

 

24/03/2015

Je crois qu'il vaut mieux avoir affaire aux princes morts qu'aux princes vivants

... On évite ainsi des embouteillages qui ne font qu'augmenter le soukh ambiant ordinaire à Paris .

Honni soit qui mal y pense !  le roi d'Espagne ne présente pas beaucoup d'intérêt en cette période électorale .

http://www.dailymotion.com/video/xqif7s_serge-lama-nini-peau-d-chien_music

Un roitelet nommé Nini Peau-d'Andouille Sarko pérore actuellement et se pare de succès qui doivent plus à l'intelligence et engagements de Juppé, qu'à ses lâchetés mesquines en meetings passés .

Les résultats du premier tour et les trois grâces ...

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 Remettez dans l'ordre les trois principaux protagonistes accrochés au même mât et sauvez Alfred !

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 25 mars 1760
Madame, je savais bien que Votre Altesse sérénissime faisait le bonheur de tous ceux qui ont l'honneur de vous approcher ; mais je vois qu'elle veut que les absents s'en ressentent comme les présents. Votre bonté me comble de joie, madame ; ce qu'elle daigne me proposer 1 est une grâce que je sollicite moi-même avec transport. Des mémoires sur le règne de Pierre le Grand sont la plus agréable consolation que je puisse recevoir dans le chagrin de n'être pas à vos pieds dans Gotha, et dans la douleur que j'ai de voir la cousine de Mlle Pertriset si capricieuse et si difficile à marier 2. Je crois qu'il vaut mieux avoir affaire aux princes morts qu'aux princes vivants. Si le czar Pierre était en vie, je fuirais cent lieues pour n'être pas auprès de ce centaure, moitié homme et moitié cheval, qui détruisait tant d'hommes pour son plaisir, tandis qu'il en civilisait d'autres. Aujourd'hui il est un héros; ses moindres actions sont précieuses. Je ne peux trop remercier Votre Altesse sérénissime de la grâce que vous m'accordez. Protégez-moi de tout votre pouvoir, madame, auprès de Mme la comtesse de Bassevitz. Si elle veut m'envoyer dès à présent tout ce qu'elle a d'intéressant en allemand, je le ferai traduire sur-le-champ et je lui enverrai fidèlement l'original. Je vais lui écrire pour la remercier ; mais je commence par Votre Altesse sérénissime, comme de raison. Je ne sais comment faire pour faire tenir à Mme de Bassevitz un petit paquet. Je l'imagine entourée de housards prussiens et de kalmouks. Que n'est-elle à Gotha, et moi aussi !
Un certain Labat, baron de Grandcour, marchand de Genève, un peu usurier de son métier, m'est venu trouver. Il parle de comptes, de différence d'argent, etc. Fi donc! le vilain n'a été que trop bien payé. Votre Altesse sérénissime est trop bonne.— Et Alzire ?3

A vos pieds avec le plus profond respect.

V. »

1 La lettre à laquelle répond V* ne nous est pas connue .

3 Dans sa lettre du 3 mars 1760 la duchesse disait : « […] Alzire et Zamore et le petit frère […] font tous leur possible pour jouer au mieux leurs rôles […] ce sera au jour de naissance de leur père qui est au 25 du mois prochain qu'ils représenteront cet admirable drame . J'ai reculé tant que j'ai pu la représentation […] dans l'espérance que vous pourriez encore arriver pour les corriger et pour les faire jouer moins mal encore . »