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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je vois qu’avec la meilleure volonté du monde on nous ruinera sans en retirer le moindre avantage

... Paroles d'ouvriers moutonniers grévistes , suivant, inutilement,  un  syndicat qui paralyse la France . Paroles de patrons au bord de la faillite . Paroles de Russes raisonnables pris dans l'engrenage de la guerre .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

4 Mai 1767

Vous êtes plus aimable que jamais, mon cher ange, et moi plus importun et plus insupportable que je ne l’ai encore été. Moi, qui suis ordinairement si docile, je me trouve d’une opiniâtreté qui me fait sentir combien je vieillis. Ce monologue que vous demandez, je l’ai entrepris de deux façons : elles détruisent également tout le rôle d’Obéide . Ce monologue développe tout d'un coup ce qu'Obéide veut se cacher à elle-même dans tout le cours de la pièce. Tout ce qu’elle dira ensuite n’est plus qu’une froide répétition de son monologue ; il n’y a plus de gradations plus de nuances, plus de pièce. Il est de plus si indécent qu’une jeune fille aime un homme marié, cela est si révoltant chez toutes les nations du monde, que quand vous y aurez fait réflexion, vous jugerez ce parti impraticable.

Il y a plus encore ; c’est que ce monologue est inutile. Tout monologue qui ne fournit pas de grands mouvements d’éloquence est froid. Je travaille tous les jours à ces pauvres Scythes, malgré les éditions qu’on en fait partout.

Lacombe vient d’en faire une qu’il m’envoie, mais il n’y a pas la moitié des changements que j’ai faits ; il ne pouvait pas encore les avoir reçus. Il n’a fait cette nouvelle édition que dans la juste espérance où il était que la pièce serait reprise après Pâques. C’est encore une raison de plus pour que je ne puisse exiger de lui qu’il donne cent écus à Lekain ; j’aime beaucoup mieux les donner moi-même.

Il est bien vrai que tout dépend des acteurs. Il y a une différence immense entre bien jouer et jouer d’une manière touchante, entre se faire applaudir et faire verser des larmes. M. de Chabanon et M. de La Harpe viennent d’en arracher à toutes les femmes dans le rôle de Nemours et dans celui de Vendôme 1, et à moi aussi.

Je doute fort qu’on puisse faire des recrues pour Paris. On a écarté et rebuté les bons acteurs qui se sont présentés ; je ne crois pas qu’il y en ait actuellement deux en province dignes d’être essayés à Paris. Je vous l’ai déjà dit, les troupes ne subsistent plus que de l’opéra-comique. Tout va au diable mes anges, et moi aussi.

Ma transmigration de Babylone me tient fort au cœur. Ce que vous me faites entrevoir redoublera mes efforts ; mais j’ai bien peur que la situation présente de mes affaires ne me rende cette transmigration aussi difficile que mon monologue. Je me trouve à peu près dans le cas de ne pouvoir ni vivre dans le pays de Gex, ni aller ailleurs. Figurez-vous que j’ai fondé une colonie à Ferney, que j’y ai établi un marchand 2, un chirurgien, que je leur bâtis des maisons, que, si je vais ailleurs, ma colonie tombe ; mais aussi, si je reste, je meurs de faim et de froid. On a dévasté tous les bois ; le pain vaut cinq sous la livre ; il n’y a ni police ni commerce. J’ai envoyé à M. le duc de Choiseul, conjointement avec le syndic de la noblesse, un mémoire très circonstancié 3. J’ai proposé que M. le duc de Choiseul renvoyât ce mémoire à M. le chevalier de Jaucourt, qui commande dans notre petite province. Il a oublié mon mémoire, on s’en est moqué ; et il a tort, car c’est le seul moyen de rendre la vie à un pays désolé, qui ne sera plus en état de payer les impôts. On a voulu faire, malgré mon avis, un chemin qui conduisît de Lyon en Suisse en droiture ; ce chemin s’est trouvé impraticable.

Je vous demande pardon de vous ennuyer de ces détails ; mais je vois qu’avec la meilleure volonté du monde on nous ruinera sans en retirer le moindre avantage. Je me suis dégoûté de la Guerre de Genève, je n’ai point mis au net le second chant, et je n’ai pas actuellement envie de rire.

J’écris lettre sur lettre au sculpteur qui s’est avisé de faire mon buste 4. C’est un original capable de me faire attendre trois mois au moins, et ce buste sera au rang de mes œuvres posthumes.

Il peut être encore un acteur à Genève dont on pourrait faire quelque chose. Il est malade ; quand il sera guéri, je le ferai venir ; La Harpe le dégourdira ; pour moi, je suis tout engourdi. D’ordinaire la vieillesse est triste, mais la vieillesse des gens de lettres est la plus sotte chose qu’il y ait au monde. J’ai pourtant un cœur de vingt ans pour toutes vos bontés ; je suis sensible comme un enfant je vous aime avec la plus vive tendresse.

V. »

1 Dans Adélaïde du Guesclin .

2 L'édition de Kehl a corrigé en remplaçant un marchand par des marchands, des artistes .

3 Ce mémoire est le premier de la série des mémoires sur Versoix .

4 Aucune des lettres au sculpteur Rosset ne nous est parvenue .

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19/11/2022 | Lien permanent

Chaque nation de l’Europe s’enfle comme la grenouille ... on se perd dans cette horrible multitude de faits inutiles, to

... Bien entendu la France n'y échappe pas, et le recours à une énième motion de censure de la gauche ce lundi passera aux oubliettes et rejoindra celles de la droite, et pendant ce temps-là ceux qui nous nourrissent sont sur le macadam , gaspillent temps et argent : https://www.bfmtv.com/politique/parlement/gabriel-attal-s... 

Va-t-on voir ce qu'un d'eux me disait il y a déjà plus de vingt ans : "Vous verrez,  on viendra un jour nous voir comme on va voir les tribus indiennes dans leurs réserves ! " On y est presque ; au rythme où se vide la campagne productive et la population paysanne,  il faudra compter sur les émigrés comme on le fait déjà pour les métiers les moins valorisés et le bas clergé catholique .

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Ferney, 13 Juin 1768

Mon héros dit qu’il n’a eu qu’une fois tort avec moi, et que j’ai toujours tort avec lui 1; je pense qu’en cela même mon héros a grand tort.

Il se porte bien, et je vis dans les souffrances et dans la langueur ; il est par conséquent encore jeune, et je suis réellement très vieux ; il est entouré de plaisirs, et je suis seul au pied des Alpes. Quel tort puis-je avoir de ne lui pas envoyer des rogatons qu’il ne m’a jamais demandés, dont on ne se soucie point, qu’il n’aurait pas même le temps de lire ? Dieu me garde de donner jamais une ligne de prose ou de vers à qui n’en demandera pas ! Voyez Horace, si jamais vous lisez Horace . Il n’envoyait jamais de vers à Auguste, que quand Auguste l’en pressait 2. Je songe pourtant à vous, monseigneur, plus que vous ne pensez ; et, malgré votre indifférence, j’ai devant les yeux la bataille de Fontenoy, le conseil de pointer des canons devant la Colonne, la défense de Gênes, la prise de Minorque, les Fourches Caudines de Closter-Severn, dont le ministère profita si mal. J’aurai achevé dans un mois Le Siècle de Louis XIV et de Louis XV. Vous voyez que je vous rends compte des choses qui en valent la peine.

Vous m’avez quelquefois bien maltraité, et fort injustement ; car lorsque vous me reprochâtes, avec quelque dureté, que je n’avais point parlé de l’affaire de Saint-Cast 3, il n’était question pour lors que d’un précis des affaires générales, précis tellement abrégé qu’il n’y avait qu’une ligne sur les batailles de Raucoux et de Laufelt, et rien sur les batailles données en Italie. Il n’en est pas de même à présent ; je donne à chaque chose sa juste étendue ; je tâche de rendre cette histoire intéressante, ce qui est extrêmement difficile, car toutes les batailles qui n’ont point été décisives sont bientôt oubliées ; il ne reste dans la mémoire des hommes que les événements qui ont fait de grandes révolutions. Chaque nation de l’Europe s’enfle comme la grenouille ; chacun a son histoire détaillée, qui exige plusieurs années de lecture. Comment percer la foule ? Cela ne se peut pas ; on se perd dans cette horrible multitude de faits inutiles, tous anéantis les uns par les autres ; c’est un océan, un abîme dans lequel je ne me flatte de pouvoir surnager que par le nouveau tour que j’ai pris de peindre l’esprit des nations, plutôt que de faire des recueils de gazettes. On ne va plus à la postérité que par des routes uniques . Le grand chemin est trop battu, et on s’y étouffe.

Quand vous aurez un moment de loisir, j’espère que vous serez de mon avis.

Il y a loin de ce tableau de l’Europe à Gallien . Si ce malheureux avait pu se corriger, il aurait travaillé avec moi, il serait devenu savant et utile ; mais il paraît que son caractère n’est pas exempt de folie et de perversité.

Je ne vous parlerai ni d’Avignon, ni de Benevent, ni de ma petite église paroissiale où je dois édification, puisque je l’ai bâtie. Je garde un silence prudent, et je ne m’étends que sur des sentiments qui doivent être approuvés de tout le monde, sur mon tendre et respectueux attachement pour vous, qui n’a pas longtemps à durer, quelque inviolable qu’il soit, parce que je n’ai pas longtemps à vivre.

V. »

2 Horace, Épîtres, I, xiii, v. 3 : http://www.roma-quadrata.com/horaceepitres.html#ep13

3 C'est en septembre 1758 que les Anglais, ayant débarqué près de Saint-Malo furent vigoureusement repoussés à Saint-Cast : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Saint-Cast#:~:t....

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01/02/2024 | Lien permanent

Comment pourrait-on être à la fois si hardi, si lâche, et si bête ?

... Facile, il suffit de se nommer Donald Trump et de vitupérer contre Kamala Harris !

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« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

3 février 1769

Voici le temps, madame, où vous devez avoir pour moi plus de bontés que jamais. Vous savez que je suis aveugle comme vous, dès qu’il y a de la neige sur la terre ; et j’ai par-dessus vous les souffrances. Le meilleur des mondes possibles est étrangement fait. Il est vrai qu’en été je suis plus heureux que vous ; et je vous en demande pardon, car cela n’est pas juste.

Serait-il bien vrai, madame, que le marquis de Bélestat, qui est très estimé dans sa province, qui est riche, qui vient de faire un grand mariage 1, eût osé lire a l’Académie de Toulouse un ouvrage qu’il aurait fait faire par un autre, et qu’il se déshonorât de gaieté de cœur pour avoir de la réputation ? Comment pourrait-on être à la fois si hardi, si lâche, et si bête ? Il est vrai que la rage du bel esprit va bien loin, et qu’il y a autant de friponnerie en ce genre qu’en fait de finance et de politique. Presque tout le monde cherche à tromper, depuis le prédicateur jusqu’au faiseur de madrigaux. Vous, madame, vous ne trompez personne, vous avez de l’esprit malgré vous : vous dites ce que vous pensez avec sincérité. Vous haïssez trop les philosophes, mais vous avez plus d’imagination qu’eux. Tout cela fait que je vous pardonne votre crime contre la philosophie, et même votre tendresse pour le pincé La Bletterie.

Je songe toujours à vous amuser. J’ai découvert un manuscrit sur la canonisation que notre Saint-Père le pape a faite, il y a deux ans, d’un capucin nommé Cucufin. Le procès-verbal de la canonisation est rapporté fidèlement dans ce manuscrit : on croit être au XIVè siècle. Il faut que le pape soit un grand imbécile de croire que tous les siècles se ressemblent, et qu’on puisse insulter aujourd’hui à la raison comme on faisait autrefois.

J’ai envoyé 2 le manuscrit de la Canonisation de frère Cucufin à votre grand’maman, avec prière expresse de vous en faire part. Je ne désespère pas que ce monument d’impertinence ne soit bientôt imprimé en Hollande. Je vous l’enverrai dès que j’en aurai un exemplaire. Mais vous ne voulez jamais me dire si votre grand’maman a ses ports francs 3, et s’il faut lui adresser les paquets sous l’enveloppe de son mari.

Je vous prie instamment, madame, de me mander des nouvelles de la santé du président ; je l’aimerai jusqu’au dernier moment de ma vie. Est-ce que son âme voudrait partir avant son corps ? Quand je dis âme, c’est pour me conformer à l’usage : car nous ne sommes peut-être que des machines qui pensons avec la tête comme nous marchons avec les pieds. Nous ne marchons point quand nous avons la goutte, nous ne pensons point quand la moelle du cerveau est malade.

Vous souciez-vous, madame, d’un petit ouvrage nouveau dans lequel on se moque, avec discrétion, de plusieurs systèmes de philosophie ? Cela est intitulé les Singularités de la nature. Il n’y a d’un peu plaisant, à mon gré, qu’un chapitre sur un bateau de l’invention du maréchal de Saxe 4, et l’histoire d’une Anglaise qui accouchait tous les huit jours d’un lapin 5. Les autres ridicules sont d’un ton plus sérieux. Vous êtes très naturelle, mais je soupçonne que vous n’aimez pas trop l’histoire naturelle. Cependant cette histoire là vaut bien celle de France, et l’on nous a souvent trompés sur l’une et sur l’autre. Quoi qu’il en soit, si vous voulez ce petit livre intitulé Les Singularités de la nature 6, j’en enverrai deux exemplaires à votre grand’maman dès que vous me l’aurez ordonné.

Adieu, madame ; je suis à vos pieds. Je vous prie de dire à M. le président Hénault combien je m’intéresse à sa santé. »

1 Le marquis de Bélestat a fait un « grand mariage » en épousant Marie-Charlotte de Rousselet de Château-Renaud, puisque le roi y a signé ; mais l'événement remontait à 1752 . Voir : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=francois&n=de+varagnes

et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=marie+charlotte&n=de+rousselet

3 Voir la réponse de la marquise du 8 février 1769 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...

 

6 Les mots intitulé Les Singularités de la nature manquent dans le manuscrit Wyatt.

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11/08/2024 | Lien permanent

Quand on n’a point de chevaux, on est trop heureux de se faire traîner par des mulets

... Macron cherche encore le mulet ou la mule ( ou l'âne.sse  bâté.e ) qui va se coltiner la constitution des ministères . Lui, franc comme la mule du pape, avance à reculons depuis un bon moment . A qui passer le mors ?

 

 

« A Alexandre Petrovitch Sumarokov

Au château de Ferney 26è février 1769 1

Monsieur,

Votre lettre 2 et vos ouvrages sont une grande preuve que le génie et le goût sont de tout pays. Ceux qui ont dit que la poésie et la musique étaient bornées aux climats tempérés se sont bien trompés. Si le climat avait tant de puissance, la Grèce porterait encore des Platon et des Anacréon, comme elle porte les mêmes fruits et les mêmes fleurs ; l’Italie aurait des Horace, des Virgile, des Arioste, et des Tasse ; mais il n’y a plus à Rome que des processions, et, dans la Grèce, que des coups de bâton. Il faut donc absolument des souverains qui aiment les arts, qui s’y connaissent, et qui les encouragent. Ils changent le climat ; ils font naître les roses au milieu des neiges.

C’est ce que fait votre incomparable souveraine. Je croirais que les lettres dont elle m’honore me viennent de Versailles, et que la vôtre est d’un de mes confrères de l’Académie française. M. le prince de Koslouski, qui m’a rendu ses lettres et la vôtre, s’exprime comme vous ; et c’est ce que j’ai admiré dans tous les seigneurs russes qui me sont venus voir dans ma retraite. Vous avez sur moi un prodigieux avantage ; je ne sais pas un mot de votre langue, et vous possédez parfaitement la mienne. Je vais répondre à toutes vos questions, dans lesquelles on voit assez votre sentiment sous l’apparence du doute. Je me vante à vous, monsieur, d’être de votre opinion en tout.

Oui, monsieur, je regarde Racine comme le meilleur de nos poètes tragiques, sans contredit : comme celui qui seul a parlé au cœur et à la raison, qui seul a été véritablement sublime sans aucune enflure, et qui a mis dans la diction un charme inconnu jusqu’à lui. Il est le seul encore qui ait traité l’amour tragiquement : car, avant lui Corneille n’avait fait bien parler cette passion que dans le Cid, et le Cid n’est pas de lui. L’amour est ridicule ou insipide dans presque toutes ses autres pièces.

Je pense encore comme vous sur Quinault : c’est un grand homme en son genre. Il n’aurait pas fait l’Art poétique, mais Boileau n’aurait pas fait Armide.

Je souscris entièrement à tout ce que vous dites de Molière et de la comédie larmoyante, qui, à la honte de la nation, a succédé au seul vrai genre comique, porté à sa perfection par l’inimitable Molière.

Depuis Regnard, qui était né avec un génie vraiment comique, et qui a seul approché Molière de près, nous n’avons eu que des espèces de monstres. Des auteurs qui étaient incapables de faire seulement une bonne plaisanterie ont voulu faire des comédies, uniquement pour gagner de l’argent. Ils n’avaient pas assez de force dans l’esprit pour faire des tragédies ; ils n’avaient pas assez de gaieté pour écrire des comédies ; ils ne savaient pas seulement faire parler un valet ; ils ont mis des aventures tragiques sous des noms bourgeois. On dit qu’il y a quelque intérêt dans ces pièces, et qu’elles attachent assez quand elles sont bien jouées : cela peut être ; je n’ai jamais pu les lire, mais on prétend que les comédiens font quelque illusion. Ces pièces bâtardes ne sont ni tragédies, ni comédies. Quand on n’a point de chevaux, on est trop heureux de se faire traîner par des mulets.

Il y a vingt ans que je n’ai vu Paris. On m’a mandé qu’on n’y jouait plus les pièces de Molière 3. La raison, à mon avis, c’est que tout le monde les sait par cœur ; presque tous les traits en sont devenus proverbes. D’ailleurs il y a des longueurs, les intrigues quelquefois sont faibles, et les dénouements sont rarement ingénieux. Il ne voulait que peindre la nature ; et il en a été sans doute le plus grand peintre.

Voilà, monsieur, ma profession de foi, que vous me demandez. Je suis fâché que vous me ressembliez par votre mauvaise santé ; heureusement vous êtes plus jeune, et vous ferez plus longtemps honneur à votre nation 4. Pour moi, je suis déjà mort pour la mienne.

J’ai l’honneur d’être avec l'estime infinie que je vous dois,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Original de la main de Bigex, daté par Wagnière, les trois derniers mots et la signature autographe ; éd. « Lettre de M . de Voltaire à M. Soumarokoff » Journal étranger du 1er mai 1771, III, 452-455 ; Lyublinsky A. donne le fac similé de la première et de la quatrième page .

Voir : https://www.persee.fr/doc/cmr_0008-0160_1968_num_9_2_1743

2 Cette lettre non connue a été certainement apportée par le même courrier que la lettre de l'impératrice et que la lettre de Vorontsov du même jour .

3 Ceci est très inexact . Dans les seuls mois de janvier-février 1769, on trouve une représentation du Festin de Pierre, du Médecin malgré lui, de L’École des femmes, de Georges Dandin, des Précieuses ridicules et du Misanthrope ; deux du Tartuffe, des Femmes savantes et de L'Avare, et six du Bourgeois gentilhomme, soit en tout dix-huit représentations de dix pièces . La seule grande pièce à ne pas être représentée est Amphitryon . Durant ces mêmes mois on donna treize représentations de sept pièces de V*.

Voir : https://shs.cairn.info/jean-francois-regnard-1655-1709--9782200276072-page-303?lang=fr

4 Poète russe. Il a été le père de la tragédie en Russie, comme Corneille l’a été en France. (Kehl.)

Soumarokov, né en 1718, mort en 1777, est le premier auteur dramatique « régulier »russe. Voir à son sujet Jules Patouillet « Un épisode de l'histoire littéraire de la Russie : la lettre de Voltaire à Soumarokov », Revue de littérature comparée, 1927, VII, 438-458 . Sur la réception enthousiaste de la lettre de V*, voir Piotr Zaborov « Le Théâtre de Voltaire en Russie au XVIIIè siècle », Cahiers du monde russe et soviétique, 1968, IX, 152.

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Soumarokov

et : https://data.bnf.fr/fr/14473031/aleksandr_petrovic_sumarokov/

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28/08/2024 | Lien permanent

vous ferez l'usage que vous croirez le plus convenable . Tout les autres intéressés et surtout plusieurs ministres d’Éta

... C'est à peu près ainsi que le président pourra conclure la première entrevue en reconduisant le nouveau premier ministre sur le perron de l'Elysée .

En attendant, Jordan Bardella doit méditer sur la morale de "Perrette et le pot au lait" : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/laitiere.htm . Adieu Matignon, gloire et pouvoir ! Orgueilleux incompétent ! A l'image de l'équipe de France de foot - autoproclamée formidable- qui vient de se faire balayer justement par l'Espagne .

Quant à Mélenchon-la-Solution, "Geai paré des plumes du paon" qu'il reste hors de vue sur la plus haute branche et ferme sa gueule d'aigri démolisseur  : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/geaipaon.htm

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

1 janvier 1769

Je ne m'étais pas attendu à voir l'année 1769 . Mais puisque la voilà, qu'elle soit la bienvenue . Que la destinée, ma chère nièce, vous en donne beaucoup d'heureuses, quoique ce ne soit pas trop sa coutume .

Vos deux réflexions étaient très justes . La réponse est dans un quatrième acte 1 que vous trouverez dans ce paquet adressé à M. Marin . Il me semble qu'on ne peut faire rien de bien en aucun genre sans les conseils de ses amis . Je vous remercie tendrement des vôtres .

Communiquez ce quatrième acte aux anges, qui en feront faire une copie . Lekain pourra lire le tout à son aréopage quand il voudra ; car je ne crois pas que la nature de l'ouvrage permette de rien changer au cinq . Plus j'examine la pièce, moins je vois qu'elle soit susceptible d'allusions dangereuses . Il est très certain que si Marin n'était pas au fait, il n'aurait pas le moindre scrupule . J'espère en son bon goût . Ce serait en vérité une chose très importante que cette tragédie pût réussir . Elle ferait plus d'une espèce de bien . Vous voulez donc actuellement qu’elle appartienne à Mme de Marron 2 ; ce n'est pourtant pas là son style . C'est d'ailleurs une fort bonne femme .

Mais soit Marron soit Guimond de La Touche 3, il est assez triste qu'il y ait deux tragédies 4 à passer devant une pièce qui est le code de la tolérance, de la royauté, de l'humanité et de la nature . D'ailleurs c'est une réponse à l'abbé de La Bletterie qui veut absolument que je me fasse enterrer .

Je ne sais s'il est à propos de demander la reprise des Scythes avant la représentation de ces deux pièces nouvelles que les comédiens ont reçues, soit qu'elles soient bonnes , soit qu'elles soient mauvaises . Je ne connais personne en état d'en faire de bonnes ; mais après Le Siège de Calais, il se peut très bien qu'Arlequin et Pierrot aient un prodigieux succès sur le théâtre de Cinna et de Phèdre .

Voici en tout cas un petit billet galant pour Mlle Vestris , dont vous ferez l'usage que vous croirez le plus convenable . Tout les autres intéressés et surtout plusieurs ministres d’État m'ont fait les remerciements les plus flatteurs avec les plus grandes offres de service .

Je ne croirai point à la fête de la Présentation 5 à moins qu'elle n'ait été chômée .

Je me flatte que la maladie de Mme Dupuits notre enfant n'aura pas eu de suite . J'embrasse tendrement la femme et le mari, et vous surtout, ma chère nièce, que j'aimerai jusqu'au dernier moment de ma vie . »

1 Des Guèbres .

3 On se souvient qu'après Linant, c'est à La Touche que V* a pensé à faire attrinuer sa pièce .

4 Gabrielle de Vergy et Gaston et Bayard ; voir lettre du 6 décembre 1766 à d'Argental et lettre du 21 mai 1767 à Belloy : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/03/06/je-ferai-donc-ce-qu-on-pretend-que-disait-le-cardinal-de-ber-6369883.html

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/12/des-mains-etrangeres-de-ces-debats-ont-profite-6416593.html

En fait les différends de Belloy avec la comédiens firent repousser la représentation de ces dernières pièces .

5 La présentation de Mme Du Barry à la cour ; voir lettre du 29 novembre 1768 à Bordes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/06/09/il-parait-par-la-derniere-emeute-que-votre-peuple-de-lyon-n-6502213.html

Voir aussi une variation sur ce même thème dans la lettre du 3 février 1769 à Tabareau : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/08/correspondance-annee-1769-partie-5.html

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10/07/2024 | Lien permanent

Je persiste mon cher ange à conseiller aux encyclopédistes de s'unir comme des frères et d'être opiniâtres comme des prê

... Opiniâtres comme des prêtres !

Ceux d'aujourd'hui paraitraient bien dépourvus de zèle et bien fades aux yeux de Voltaire . Catholiquement parlant .

Les opiniâtres, les véreux, les félés de Dieu sont nettement plus faciles à trouver chez les intégristes de tous bords . Et dire qu'ils s'honorent du titre de frères ! Et dire que chacun d'entre eux ne pense qu'à son pouvoir personnel, sa dictature, son profit ! A quand la fin de cette engeance ?

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

conseiller d'honneur au Parlement

rue de la Sourdière

à Paris

A Lausanne 7 mars [1758]

Mon cher ange, êtes-vous couché sur le testament de M. le cardinal de Tencin 1? A-t-il laissé quelque chose à son Goussault 2? Viendrez-vous à Lyon discuter la succession ? Ce serait là une belle occasion pour Mme d'Argental de venir consulter Tronchin . Nous ferions un feu de joie aux Délices, non pas pour la mort de l'oncle mais pour le joyeux avènement du neveu . J'ai perdu dans cet oncle un homme qui depuis trois mois s’était lié avec moi de la manière la plus intime et la plus extraordinaire . Mais il n'y a pas moyen de vous dire comment .

Il suffit que tout le monde nous redemande Fanime et que nous la rejouons encore demain . Il viendra bientôt un Genevois 3 très aimable qui vous en dira des nouvelles . J'apprends qu'Astarbé 4 n'a pas été aussi bien accueilli qu'Iphigénie . Comment voulez-vous qu'on réussisse quand on s'appelle M. Coquardeau 5?

Je persiste mon cher ange à conseiller aux encyclopédistes de s'unir comme des frères et d'être opiniâtres comme des prêtres, de déclarer qu'ils abandonnent tout et de forcer le public à se mettre à leurs pieds .

Avez-vous vu le vainqueur de Mahon qui ne devait pas aller sur le Vezer ? Est-il encore fâché contre moi de ce que Mme Denis étant très malade des suites de cette ancienne cuisse 6, je ne l'ai pas abandonnée pour aller à Strasbourg dans l'antichambre de M. le maréchal qui en passant le nez haut , au milieu de deux haies d'officiers m'aurait demandé s'il y a une bonne troupe dans la ville ? Ce serait pour vous mon cher ange que je ferais cent lieues .

V. »

2 Goussault est conseiller du parlement et aussi auteur d'ouvrages divers . Ses liens avec Tencin n'ont guère été étudiés .

4 Astarbé de Charles-Pierre Colardeau fut représentée pour la première fois le 26 février 1758, n'eut que dix représentations et ne fut jamais reprise .

5 V* fait une moquerie avec cet à peu près du nom de l'auteur, sans doute allusion à l'épigramme de Marot , A un poète ignorant : « Qu'on mène aux champs ce cocardeau ... » Ce mot désignait une sot vaniteux, un niais . D'après Littré, il a été employé par Chaulieu -que V* appréciait- au sens de jeune homme qui fait le beau .

6 Le 27 octobre 1754, V* écrivait déjà à Richelieu: « Pour ma nièce … sa maudite enflure de jambe et de cuisse lui a repris de plus belle . Il faut des béquilles à la nièce et une bière à l'oncle . » ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/10/09/il-faut-qu-elle-ait-fait-sur-moi-grande-impression-car-j-ai.html

Ce mal est venu suite aux démêlés qu'avaient eu V* et sa nièce avec Freitag en juin 1753 à Francfort . V* a relaté ces évènements dans sa lettre au comte von Ulfeld le 14 juillet 1753 . Sur le mal de Mme Denis, voir les lettres de V* à sa nièce du mois d'août au mois de décembre 1753 ; http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/05/il-m-a-fallu-repasser-par-des-palais-apres-avoir-ete-dans-le.html

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/02/je-baise-mille-fois-vos-beaux-tetons-et-vos-belles-fesses-vo.html

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/10/14/les-etrennes-mignonnes-du-president.html

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03/07/2013 | Lien permanent

il n'y a d'autre moyen d'obtenir la tolérance, que d'inspirer beaucoup d'indifférence pour les préjugés, en montrant pou

...Résultat de recherche d'images pour "préjugés religieux humour"

"Il est plus difficile de briser un préjugé qu'un atome" : Albert Einstein dixit .

"Plus difficile, mais pas impossible ! : James (décidément optimiste ) dixit .

 

 

« A monsieur le ministre Paul-Claude Moultou

à Genève

Ferney 5è janvier 1763 1

J'ai lu avec attention, monsieur, une grande partie de L’Accord parfait 2. C'est un livre où je dirais qu'il y a de fort bonnes choses, si je ne m'étais pas rencontré avec lui, dans quelques endroits où il parle de la tolérance . Il y a , ce me semble, un grand défaut dans ce livre, et qui peut nuire beaucoup à votre cause ; c'est qu'il dit continuellement que les catholiques ont toujours eu tort , et les protestants toujours raison ; que tous les chefs des catholiques étaient des monstres, et les chefs des protestants des saints . Il va même jusqu'à mettre Spiphame, évêque de Nevers 3, au rang de vos apôtres irréprochables . C'est trop donner d'armes contre soi-même ; il est permis d'injurier le genre humain, parce que personne ne prend les injures pour lui ; mais quand on attaque violemment une secte en demandant grâce, on obtient la haine, et point de grâce .

Je vous répète qu'il est infiniment à désirer qu'un homme comme vous veuille écrire . Vous seriez lu, et L'Accord parfait ne le sera point ; il est beaucoup trop long et trop déclamateur, comme tous les livres de cette espèce ; il faut être très court, et un peu salé, sans quoi les ministres et Mme de Pompadour, les commis et les femmes de chambre, font des papillotes du livre .

Sous un autre gouvernement, je n'aurais pas osé hasarder quelques petites notes, dont il est très aisé de tirer d'étranges conséquences ; mais je connais assez ceux qui gouvernent, pour être sûr que ces conséquences ne leur déplairont pas . Je pense même qu'il n'y a d'autre moyen d'obtenir la tolérance, que d'inspirer beaucoup d'indifférence pour les préjugés, en montrant pourtant pour ces préjugés même un respect qu'ils ne méritent pas .

Je pense enfin , que l'aventure des Calas peut servir à relâcher beaucoup les chaînes de vos frères qui prient Dieu en fort mauvais vers . Je suis convaincu, que si d'ailleurs on a quelque protection à la cour, on verra clairement que des ignorants qui portent une étole, ne gagnent rien à faire pendre des savants à manteau noir, et que c'est le comble de l'absurdité comme de l'horreur .

Plus je relis les Actes des martyrs, pus je les trouve semblables aux Mille et une nuits, et je suis tenté de croire qu'il n'y a jamais eu que les chrétiens qui aient été persécuteurs, pour la seule cause de la religion .

Je vous supplie , monsieur, de vouloir bien envoyer chez MM. Souchay et Lefort le commentaire de Bayle sur le Contrains-les d'entrer 4, et la lettre de l'évêque d'Agen 5, par laquelle cet animal veut contraindre d'entrer .

J'ai encore une autre grâce à vous demander, comme à un docteur hébraïque, qui est pourtant un Français très aimable, c'est de vouloir bien m'écrire en caractères chrétiens, ces mots de la Vulgate, tibi jure debentur 6. C'est à l'occasion du dieu Chamos 7, vous savez ce que c'est ; il ne sera pas mal de mettre cet hébreu en marge, pour effrayer les ignorants qui prétendraient que ce passage est un argument ad hominem 8, et qu'il ne veut dire autre chose, sinon, vous pensez vous autres chamichiens que vous possédez de droit ce que Chamos vous a donné . Mais le jure debentur est formel, et un petit mot d'hébreu sera sans réplique .

On m'a mandé de Toulouse, qu'un jeune homme qui allait prier tous les jours à Saint-Étienne sur le tombeau du saint martyr Marc-Antoine Calas 9, est devenu fou, pour n'avoir pas obtenu de lui le miracle qu'il lui demandait, et ce miracle c’était de l'argent .

On ne peut rien ajouter, monsieur, ni à ma compassion pour les fanatiques, ni à ma sincère estime pour vous . »

1 L'édition Gaberel est limitée à des extraits, datée correctement ; l’édition Taillandier de même . Les Lettres inédites suppriment le 5è et le 7è paragraphe, suivie des autres éditions et toutes celles-ci datent à tort du 8 .

3 L'auteur de L'Accord parfait a mis en effet Jacques-Paul Spiphame, évêque de Nevers, au rang des hommes de bien convertis au protestantisme en oubliant que Spiphame avait été décapité en 1566 sur l'ordre du Conseil de Genève pour « immoralité » .

4 C'est le fameux Commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ : Contrains-les d'entrer, de Pierre Bayle, 1686-1688 .

5 Lettres de M. l'évêque d'Agen à monsieur le contrôleur général, contre la tolérance des huguenots dans le royaume, 1et mai 1751, de Joseph-Gaspard-Gilbert de Chabannes .

6 Il te sont dus à bon droit .

7 Juges , XI, 24 .

8 Personnel .

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17/11/2017 | Lien permanent

La rage d’écrire et d’imprimer l’a saisi au point qu’il a cru que le public, enchanté de son style, lui pardonnerait sa

...Vingt quatre livres ( ce qui nous fait douze kilogrammes ) voilà pour le pensum à nous  infligé par maître Zemmour Ier . Que d'arbres abattus pour tenter de faire connaître les diatribes de cet extrémiste ! De surcroît il se pavane et se réjouit de ralliements peu glorieux de mouches du coche, de ceux qui croient qu'il est venu le temps que  les mouches changent d'âne ? Les mouches aiment bien ce qui pue , c'est tout . Un coup de queue les verra fuir illico .

Humour - Le livre d'Éric Zemmour s'est vendu à 78.851 exemplaires en six  jours - 22 Septembre 2021 - Les dossiers de Placide - dessins de presse -  chaque jour un dessin

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

3 novembre 1766 1

Je reçois votre lettre du 27, mon cher et vertueux ami. Vous ne me mandez point ce que pense le public de la folie et de l’ingratitude de Jean-Jacques. Il semble qu’on ait trouvé de l’éloquence dans son extravagante lettre à M. Hume. Les gens de lettres ont donc aujourd’hui le goût bien faux et bien égaré. Ne savent-ils pas que la première loi est de conformer son style à son sujet ? C’est le comble de l’impertinence d’affecter de grands mots quand il s’agit de petites choses. La lettre de Rousseau à M. Hume est aussi ridicule que le serait M. Chicaneau 2, s’il voulait s’exprimer comme Cinna et comme Auguste. On voit évidemment que ce charlatan, en écrivant sa lettre, songe à la rendre publique ; l’art y paraît à chaque ligne ; il est clair que c’est un ouvrage médité, et destiné au public. La rage d’écrire et d’imprimer l’a saisi au point qu’il a cru que le public, enchanté de son style, lui pardonnerait sa noirceur, et qu’il n’a pas hésité à calomnier son bienfaiteur dans l’espérance que sa fausse éloquence fera excuser son infâme procédé.

L’enragé qu’il est, m’a traité beaucoup plus mal encore que M. Hume ; il m’a accusé auprès de M. le prince de Conti et de Mme la duchesse de Luxembourg, de l’avoir fait condamner à Genève, et de l’avoir fait chasser de Suisse. Il le dit en Angleterre à quiconque veut l’entendre. Et pourquoi le dit-il ? C’est qu’il veut me rendre odieux. Et pourquoi veut-il me rendre odieux ? parce qu’il m’a outragé, parce qu’il m’écrivit, il y a plusieurs années, des lettres insolentes et absurdes, pour toute réponse à la bonté que j’avais eue de lui offrir une maison de campagne auprès de Genève.

C’est le plus méchant fou qui ait jamais existé, un singe qui mord ceux qui lui donnent à manger est plus raisonnable et plus humain que lui.

Comme je me trouve impliqué dans ses accusations contre M. Hume, j’ai été obligé d’écrire à cet estimable philosophe 3 un détail succinct de mes bontés pour Jean-Jacques, et de la singulière ingratitude dont il m’a payé. Je vous en enverrai une copie.

En attendant, je vous demande en grâce de faire voir à M. d’Alembert ce que je vous écris. M. d'Alembert s’est cru obligé de se justifier 4 de l’accusation intentée contre lui par Jean-Jacques d’avoir voulu se moquer de lui. L’accusation que j’essuie depuis près de deux ans est un peu plus ; sérieuse. Je serais un barbare si j’avais en effet persécuté Rousseau ; mais je serais un sot, si je ne prenais pas cette occasion de le confondre, et de faire voir sans réplique qu’il est le plus méchant fou qui ait jamais déshonoré la littérature.

Ce qui m’afflige, c’est que je n’ai aucune nouvelle de Meyrin. Je me porte toujours fort mal. Je vous embrasse tendrement et douloureusement. »

1 Texte de la copie contemporaine, avec l'emprunt du dernier paragraphe de l'edition Correspondance littéraire .

2 Personnage de la comédie des Plaideurs, de Racine .

4 La Déclaration de d’Alembert n’a pas été recueillie dans ses Œuvres : elle a été imprimée à la suite de l’Exposé succinct, etc.; voir une note 1 sur la lettre du 15 octobre 1766 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/01/13/m-6360082.html

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02/02/2022 | Lien permanent

vous savez mieux que moi ce qu’il faut en penser

... https://www.francetvinfo.fr/

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

29è juin 1768 à Ferney

 Vous conservez donc des bontés, monseigneur, pour ce vieux solitaire ! Je les mets hardiment à l’épreuve. Je vous supplie, si vous pouvez bien me dire ce que vous savez de la fortune qu’a laissée votre malheureux lieutenant-général Lally, ou plutôt de la fortune que l’arrêt du Parlement a enlevée à sa famille. J’ai les plus fortes raisons de m’en informer. Je sais seulement qu’outre les frais du procès, l’arrêt prend sur la confiscation cent mille écus pour les pauvres de Pondichéry ; mais on m’assure qu’on ne put trouver cette somme. On me dit, d’un autre côté, qu’on trouva quinze cent mille francs chez son notaire, et deux millions chez un banquier, ce dont je doute beaucoup. Vous pourriez aisément ordonner à un de vos intendants de prendre connaissance de ce fait.

Je vous demande bien pardon de la liberté que je prends ; mais vous savez combien j’aime la vérité, et vous pardonnez aux grandes passions. Je ne vous dirai rien de la sévérité de son arrêt. Vous avez sans doute lu tous les mémoires, et vous savez mieux que moi ce qu’il faut en penser.

Permettez-moi de vous parler d’une chose qui me regarde de plus près. Ma nièce m’a appris l’obligation que je vous ai d’avoir bien voulu parler de moi à M. l’archevêque de Paris. Autrefois il me faisait l’honneur de m’écrire ; il n’a point répondu à une lettre que je lui ai adressée il y a trois semaines 1. Dans cet intervalle, le roi m’a fait écrire, par M. de Saint-Florentin, qu’il était très mécontent que j’eusse monté en chaire dans ma paroisse, et que j’eusse prêché le jour de Pâques 2. Qui fut étonné ? ce fut le révérend père Voltaire. J’étais malade ; j’envoyai la lettre à mon curé, qui fut aussi étonné que moi de cette ridicule calomnie, qui avait été aux oreilles du roi. Il donna sur-le-champ un certificat qui atteste qu’en rendant le pain bénit, selon ma coutume, le jour de Pâques, je l’avertis, et tous ceux qui étaient dans le sanctuaire, qu’il fallait prier tous les dimanches pour la santé de la reine dont on ignorait la maladie dans mes déserts, et que je dis aussi un mot touchant un vol qui venait de se commettre pendant le service divin.

La même chose a été certifiée par l’aumônier du château et par un notaire au nom de la communauté. J’ai envoyé le tout à M. de Saint-Florentin, en le conjurant de le montrer au roi, et ne doutant pas qu’il ne remplisse ce devoir de sa place et de l’humanité.

J’ai le malheur d’être un homme public, quoique enseveli dans le fond de ma retraite. Il y a longtemps que je suis accoutumé aux plaisanteries et aux impostures. Il est plaisant qu’un devoir que j’ai très souvent rempli ait fait tant de bruit à Paris et à Versailles. Madame Denis doit se souvenir qu’elle a communié avec moi à Ferney 3 , et qu'elle m'a vu communier à Colmar4. Je dois cet exemple à mon village, que j’ai augmenté des trois quarts . Je le dois à la province entière, qui s’est empressée de me donner des attestations auxquelles la calomnie ne peut répondre.

Je sais qu’on m’impute plus de petites brochures contre des choses respectables que je n’en pourrais lire en deux ans ; mais, Dieu merci, je ne m’occupe que du Siècle de Louis XIV ; je l’ai augmenté d’un tiers. La bataille de Fontenoy 5, le secours de Gênes 6, la prise de Minorque 7, ne sont pas oubliés ; et je me console de la calomnie en rendant justice au mérite.

Je vous supplie de regarder le compte exact que j’ai pris la liberté de vous rendre, comme une marque de mon respectueux attachement. Le roi doit être persuadé que vous ne m’aimeriez pas un peu si je n’en étais pas digne. Mon cœur sera toujours pénétré de vos bontés pour le peu de temps qui me reste encore à vivre.

Vous savez que rarement je peux écrire de ma main ; agréez mon tendre et profond respect.

V. »

1 On a déjà vu que cette lettre à Christophe de Beaumont ne nous est pas parvenue.

2 Cette lettre de Saint-Florentin est conservée, et ce qui est y dit n'a guère de quoi surprendre V* : « Le Roi a, monsieur, été informé par des plaintes qui en ont été portées à Sa Majesté, que le jour de Pâques dernier vous avez fait dans votre paroisse de Ferney une exhortation publique au peuple, et même pendant la célébration de la messe . Vous ne pourriez qu'être approuvé si dans l'intérieur de votre maison vous aviez rappelé aux habitants de votre paroisse les devoirs de la religion et ce qu'elle exige d'eux, mais il n'appartient à aucun laïc de faire ainsi une espèce de sermon dans l'église et surtout pendant le service divin. »

4 Collini en effet rapporte le fait (Collini, p. 128 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k86428j/f148.item )

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12/02/2024 | Lien permanent

nous ne redoutons rien des plus détestables engeances de la terre, c’est-à-dire des commis et des prêtres

Je me régale d’observer les réactions infantiles de certains hommes et femmes politiques, dont la dernière à ma connaissance est le refus de la famille de Jean Sarkozy de communiquer le nom du bébé qui leur est arrivé .

La cigogne avait l’adresse, mais comme tout bon « Transporteur » s’est bien gardée d’ouvrir le colis pour lire la plaque d’identité .

Qu’y avait-il dans la Darty-box ?

En tout cas Jean a eu une connexion de qualité et ne se plaint pas du service après-vente .

Notre droite politicienne ( que Dieu nous protège ! et que le Diable la patafiole ! ),  dont l’ex-ministre de la justice, après avoir caché le nom du père de la fameuse petite Zora (j’ai failli mettre la petite Souris ! ), nous offre un presque président aux dents longues , dit Jean S., qui, soit est déjà atteint d’Alzheimer et a oublié le prénom de son enfant (au fait : garçon ou fille ? ), soit a trop honte pour assumer le choix ( vous voyez le coup : Marx - Lénine  ou Marine - Ségolène !! ).

 

darty-box-snut.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernière seconde ! Je viens de lire : Solal, prénom choisi pour le petit nouveau-né .

Belles initiales : S.S. !!

Est-ce un remerciement tacite à la Sécurité sociale, ou un hommage à la Schutzstaffel de triste mémoire ? Cette deuxième solution n'est guère envisageable, ne croyez-vous pas !! Mais à mes yeux, ce choix dénote une fois de plus l'inculture (?) de ce Jean (que j'aime à imaginer comme le prince Jean du dessin animé Robin des Bois de Disney ) .

Pauvre gosse ! Enfin quand je dis pauvre entendons-nous bien : cuiller en or dans la bouche mais parents en fer blanc (je n'ai pas osé mettre : "en tôle", quoique ça ne soit pas impossible, un jour qui sait ? )

Je lui dédie ceci : Caravan ! : http://www.youtube.com/watch?v=LYdJO-mB1lw, joué par un Solal de talent .

Caravan ! que sa route soit longue !!

 

 

caravan.jpg

Tout ceci ne me fait pas oublier le tremblement de terre d’Haïti !

N’y voyons pas de lien de cause à effet avec les turbulences de l’accouchement de Darty-box ! J’espère que les forces armées ne vont pas tuer ces quelques pillards de magasins . Oseront-ils tirer pour défendre quelques boites de conserves ou de l’électro-ménager ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Longue lettre de Volti qui est sur les charbons ardents, et pour tout dire a le feu aux fesses .

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

12è janvier 1767

 

                            Vous serez peut-être impatienté, mon adorable ange, de recevoir si souvent de mes lettres ; mais c’est que je suis bien affligé d’en recevoir si peu de vous. Pardonnez, je vous en conjure, aux inquiétudes de Mme Denis et aux miennes.

 

                   Voyez encore une fois dans quel embarras cruel nous a jetés le délai de faire parler à M. le vice–chancelier [Maupéou ; à propos de l’affaire Lejeune : contrebande de livres prohibés], que dis-je, mon cher ange, de lui faire parler ! On s’est borné à lui faire écrire, et il n’a reçu la lettre de recommandation qu’après avoir porté l’affaire à un bureau de conseillers d’Etat. Voilà certainement de ces occasions où M. le duc de Praslin aurait pu parler sur le champ, interposer son crédit, donner sa parole d’honneur et finir l’affaire en deux minutes.

 

                            Vous nous mandâtes quelque temps auparavant à propos de M. de Sudre [avocat de Toulouse qui avait fait un factum en faveur des Calas, qui briguait la place de premier capitoul, et V* avait demandé aux d’Argental le 10 janvier 1766 de le faire recommander à St Florentin, dont dépendait l’affaire, par les ducs de Praslin et de Choiseul] que les ministres s’étaient fait une loi de ne point compromettre pour leurs amis, et de ne se rien demander les uns aux autres. Ce serait assurément une loi bien odieuse que l’indifférence, la mollesse et un amour propre concentré en soi-même auraient dictée. Je ne puis m’imaginer qu’on n’ait de chaleur que pour des vers de tragédie, et qu’on n’en mette pas dans les choses les plus intéressantes pour des amis tels que vous.

 

                            Il ne m’appartient  [pas] de me dire l’ami de M. le duc de Choiseul, comme Horace l’était de Mécène, mais il m’honore de sa protection.   Sachez que dans le temps même que vous ne vous adressiez pas à votre ami pour  une affaire essentielle qui peut vous compromettre [Mme Lejeune était la « protégée »  de d’Argental, et elle avait, dit V* à d’Argental le 4 janvier « laissé par malheur (à un libraire) la note de son mari (qui spécifiait les livres qu’elle devait acheter), signée Lejeune, valet de chambre de M.D. » (d’Argental).] autant que moi-même, M. le duc de Choiseul, accablé d’affaires, parlait à M le  vice-chancelier pour un maître des comptes, beau-frère de Mlle Corneille [Pajot de Vaux] qui a épousé M. Dupuits. M. le duc de Choiseul qui ne connait ni M. Dupuits, ni ce maître des comptes, faisait un mémoire à ma seule recommandation, le donnait à M. de Maupéou, m’envoyait copie du mémoire, m’envoyait une lettre de quatre pages de monsieur le vice-chancelier sur cette affaire de bibus [= cette affaire de peu d’importance]. Voilà comme on en agit quand on  veut obliger et quand on veut se faire des créatures. M. le duc de Choiseul a tiré deux hommes des galères à ma seule prière, et a forcé M. le comte de Saint-Florentin à faire cette grâce [sans doute  les protestants Claude Chaumont et Jean-Pierre Espinas ; ou alors deux hommes condamnés pour un délit de chasse dans un domaine de la Couronne. Saint Florentin était chargé du département de la Maison du roi et des affaires des réformés.]. Je ne connaissais assurément pas ces deux galériens, ils m’étaient seulement recommandés par un ami.

 

                            Est-il possible que dans une affaire aussi importante que celle dont il s’agit entre nous, votre ami qui pouvait tout soit demeuré tranquille ! Pensez-vous qu’une lettre de Mme la duchesse d’Anville écrite après  coup ait fait une grande impression, et ne voyez-vous pas que le président du bureau peut, s’il le veut, faire un très grand mal ?

 

                            Quand je vous dis que Lejeune passe pour être l’associé de Merlin, je vous dis la vérité, parce que La Harpe l’a vu chez Merlin, parce que sa femme elle-même a dit à son correspondant qu’elle faisait des affaires avec Merlin. En un mot, pour peu que le président du bureau ait envie de nuire, il pourra très aisément nuire. Et je vous dirai toujours que cette affaire peut avoir les suites les plus douloureuses si on ne commence par chasser de son poste le scélérat Jeannin. Dès qu’il sera révoqué, je trouverai bien le moyen de lui faire vider le pays sur le champ, ne vous en mettez pas en peine.

 

                            Est-il possible que vous ne vouliez jamais agir ! Quelle difficulté y a-t-il donc à obtenir de M. de La Reynière ou M. de Rougeot [fermiers généraux] la révocation soudaine d’un misérable et d’un criminel. ? N’est-ce pas la chose du monde la plus aisée de parler ou de trouver quelqu’un qui parle à un fermier général ? Je vous répète encore ce que nous avons dit, Mme Denis et moi, dans notre dernière lettre ; demandons des délais à M. de Montyon [en poste au ministère des Affaires étrangères, et qui doit juger l’affaire dans l’état actuel des choses.]. Faites agir cependant ou agissez vous-même auprès de M. de Maupéou, qu’on lui fasse sentir l’impertinente absurdité de m’accuser d’être le colporteur de quatre-vingts (car je sais à présent qu’il y en a tout autant) exemplaires du Vicaire savoyard [qui figure dans le Recueil nécessaire] de Jean-Jacques mon ennemi déclaré ! Songez bien surtout à notre dernier mémoire, signé de Mme Denis, du 28è décembre, commençant par ces mots : Le sieur de Voltaire étant retombé malade. Observez que tous nos mémoires sont uniformes. Réparez autant que vous le pourrez le dangereux énoncé que vous avez fait que la femme Doiret [nom d’emprunt pris par Mme Lejeune après la saisie des livres ] était parente de notre femme de charge ; nous avons toujours affirmé tout le contraire selon la plus exacte vérité. Nous avons même donné à M. le vice-chancelier, et par conséquent au président du bureau, la facilité de savoir au juste cette vérité par le moyen du président du grenier à sel de Versailles, beau-frère de notre femme de charge. Nous n’avons épargné aucun soin pour être en tout d’accord avec nous-mêmes ; et cette malheureuse invention de rendre la femme Doiret parente de nos domestiques est capable de tout perdre.

 

                            Pardon, mon cher ange, si je vous parle ainsi. L’affaire est beaucoup plus grave que vous ne pensez ; et il faut en affaires s’expliquer sans détour avec ceux qu’on aime tendrement.

 

                            Ne dites point que les mots d’affaire cruelle et déshonorante soient trop forts, ils ne le sont pas assez. Vous ne connaissez pas l’esprit de province, et surtout l’esprit de notre province. Il y a un coquin de prêtre [Philippe Ancian , curé de Moëns, voir lettre du 6 janvier 1761 à d’Alembert] contre lequel j’ai fait intenter il y a quelques années un procès criminel, pour une espèce d’assassinat dévotement commis par lui ; il lui en a coûté quatre mille francs ; et vous pensez bien qu’il ne s’endort pas ; et quand je vous dis qu’il faut faire chasser incessamment Jeannin qui est lié avec ce prêtre, je vous dis la chose du monde la plus nécessaire, et qui exige le plus de promptitude.

 

                            On parle déjà d’engager l’évêque du pays [Jean-Pierre Biord] à faire un mandement allobroge. Vous ne pouvez concevoir combien le tronc de cette affaire a jeté de branches, et tout cela pour n’avoir pas parlé tout d’un coup, pour avoir perdu du temps, pour n’avoir pas employé sur-le-champ l’intervention absolument nécessaire d’un ministre qui pouvait nous servir, d’un ami qui devait vous servir.

 

                            Si la précipitation gâte des affaires, il y en a d’autres qui demandent de la célérité et du courage, il faut quelquefois saper, mais il faut aussi aller à la brèche.

 

                                      Pardon encore une fois, mon très cher ange ; mais vous sentez bien que je ne dis que trop vrai.

 

                            Pour faire une diversion nécessaire au chagrin qui nous accable, et pour faire sentir à toute la province que nous ne redoutons rien des plus détestables engeances de la terre, c’est-à-dire des commis et des prêtres, nous répétons Les Scythes, nous les allons jouer, on va les jouer à Genève et à Lausanne ; nous vos conseillons d’en faire autant à Paris. J’envoie la pièce corrigée avec les instructions nécessaires en marge, sous l’enveloppe de M. le duc de Praslin. Je souhaite que la pièce soit représentée à Paris comme elle le sera chez moi [y joueront M. et Mme La Harpe, et Constant d’Hermenches]. Je me joins à Mme Denis pour vous embrasser cent fois avec une tendresse qui surpasse de bien loin toutes mes peines.

 

                            V.

 

Ah ! il est bien cruel que M. de Praslin ne se mêle que des Scythes.

 

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=HPfsIjuqTZs

 

 

 

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13/01/2010 | Lien permanent

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