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21/02/2013

Il arrive souvent que ceux à qui on montre une inscription qu'ils ont demandée la veulent changer

... Et c'est ainsi qu'on se retrouve avec des affiches électorales avec des niaiseries toutes  plus affligeantes les unes que les autres .

 Enfin, passons !

affiches 2012.png

 

 

« A Jacques-Honoré MOREAU 1

Aumônier du roi de Pologne

Lorraine, Lunéville

Aux Délices 12 décembre [1757]

Monsieur, je suis toujours prêt à exécuter vos ordres et dès que tout est prêt j'aurai l'honneur de vous envoyer l'épitaphe 2, soit en vers soit en prose , soit latine soit française, à laquelle je me serai déterminé . Je compte que le marbre pourra contenir au moins cinq ou six lignes . Il arrive souvent que ceux à qui on montre une inscription qu'ils ont demandée la veulent changer et qu'un autre se présente pour donner la sienne . Je compte être à l'abri de ce désagrément puisque c'est vous qui me chargez de cet emploi .

A l'égard des ornements, je crois qu'il est convenable d'y placer quelque génie avec les attributs des mathématiques . Si je savais quels ornements on a employés je serais plus à portée d'y conformer l'inscription 3. Je vous réponds tard parce que j'ai été moi-même tout prêt d'avoir besoin d'épitaphe . J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur,

Voltaire. »

2 Marie-Josèphe d'Autriche, femme de Frédéric Auguste II de Saxe (Auguste III de Pologne) fille de l'empereur Joseph, est morte à Dresde le 17 novembre 1757. (Beuchot.) . Voir lettre du 2 décembre 1757 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/09/vous-pourriez-bien-entendre-parler-encore-d-une-bataille-ne.html

3 Rappel au sujet de la tombe de Mme du Châtelet ; voir : http://www.ot-lunevillois.com/UserFiles/File/emilie-du-chatelet.pdf

 

20/02/2013

j'avais fait ce qui était en moi pour sauver la vie de cet infortuné

... Et vous tous qui me lisez et lisez Voltaire, vous pouvez aussi sauver des vies en étant donneur de sang, donneur de moelle, donneur d'organes .

De tous ces dons, le plus facile [sic] étant le don d'organes puisqu'il arrive après notre mort .

N'oublions pas de faire ces gestes pour les infortunés malades et blessés .

http://www.dondusang.net/rewrite/site/37/etablissement-francais-du-sang.htm?idRubrique=756

 http://www.france-adot.org/don-organe.html

 don de moelle.jpg



 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe BLIN de SAINMORE 1

Aux Délices 12 décembre 1757

Ma mauvaise santé monsieur m'a empêché de vous remercier plus tôt de votre poème sur l'amiral Bing 2; je suis d'autant plus sensible à votre ouvrage que j'avais fait ce qui était en moi pour sauver la vie de cet infortuné ; je lui avais envoyé les témoignages de M. le maréchal de Richelieu 3 et de nos marins qui tous le justifiaient . Mes soins, dont il m'a témoigné sa reconnaissance en mourant n'ont servi qu'à rendre sa condamnation plus injuste . J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec l'estime que je vous dois, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

2Voir : La mort de l'amiral Bing : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54640760/f2.image

 

19/02/2013

l'emporter sur un receveur quand ils ont la justice pour eux

 ... Est le rêve de tous les contribuables taxés d'office, mais c'est un rêve vain et ruineux, je peux vous l'affirmer . Justice ou pas, le percepteur perçoit ce qui est réclamé, dû ou indû, ensuite on voit si, éventuellement, il y aurait possibilité d'envisager, sans trop se presser, de restituer le trop perçu après vous avoir mis sur la paille .

Où est le contribuable ?

DSCF1835contribuable et percepteur .png


Voltaire est bien inspiré de faire jouer le piston .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

conseiller d'honneur du Parlement

rue de la Sourdière

à Paris

Aux Délices 12 [décembre 1757]

Mon cher ange voici le plus grand service que vous puissiez jamais me rendre . Je ne peux vous dire à quel point je m'intéresse à cette affaire . Il s'agit de gagner au conseil un procès qui paraît bien juste et dont le succès dépend de M. de Courteille 1. C'est contre un receveur du domaine qu'on plaide et les descendants du grand Budé 2 doivent l'emporter sur un receveur quand ils ont la justice pour eux . Je vous demande avec la plus tendre instance de parler à M. de Courteille avec la plus grande force . Je vous aurai une éternelle obligation .

V.

MM. de Duglas 3 qui sont joints à MM. Budé de Boissy vous rendront ce billet . »

2 Guillaume de Budé ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Bud%C3%A9

3 Le manoir de Montréal avait été légué par Bernard de Budé à Jacob et Anne-Elisabeth Budé, celle-ci étant veuve de Marc Pictet . Le manoir avait été acquis le 13 avril 1757 par Charles Joseph Douglas qui l'occupera le 12 juin 1761 .Voir pages 60-61 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5533048s/f82.image

 

Fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous sont pétris de la même m... détrempée de sang corrompu

 ... Inutile, -car c'est évident,-  de nommer toutes religions comportant des fanatiques, à savoir toutes , hélas . Inutile aussi d'espèrer les voir disparaitre, la mauvaise herbe ne crevant pas .

Vous y pensez ?

Oubliez !!

ça n'en est pas  !

 DSCF8103. m détrempée .png

 

 

« A M. Jean Le Rond d'ALEMBERT.
Aux Délices, 12 décembre [1757]. 1
Vous savez, mon cher philosophe, tous les murmures de la synagogue 2. M. de Cubières 3 a dû vous en parler. Ces drôles osent se plaindre de l'éloge que vous daignez leur donner, de croire un Dieu, et d'avoir plus de raison que de foi.
Quelques-uns m'accusent d'une confédération impie avec vous 4. Vous savez mon innocence. Ils disent qu'ils protesteront contre votre article. Laissez-les protester, et moquez-vous d'eux. Ils auront beau jurer qu'ils croient la Trinité, leurs camarades de Hollande, de Suisse, et d'Allemagne, savent bien qu'il n'en est rien. Ils n'auront que la honte d'avoir renié inutilement leur créance. Mais vous, à qui quelques-uns se sont ouverts, vous qui êtes instruit de leur foi par leur bouche, ne vous rétractez pas: il y va de votre salut, votre conscience y est engagée. Ces gens- là vont se couvrir de ridicule chaque démarche qu'ils font depuis le tombeau du diacre Paris, la place où ils ont assassiné Servet, et jusqu'à celle où ils ont assassiné Jean Hus, les rend tous également l'opprobre du genre humain. Fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous sont pétris de la même m. détrempée de sang corrompu. Vous n'avez pas besoin de mes saintes exhortations pour soutenir la gale que vous avez donnée au troupeau de Genève. Vous serez ferme, je n'en suis pas en peine; mais je ne peux m'empêcher de vous parler de leurs criailleries. A l'égard de Luc 5, tantôt mordant, tantôt mordu, c'est un bien malheureux mortel et ceux qui se font tuer pour ces messieurs-là sont de terribles imbéciles. Gardez-moi le secret avec les rois et avec les prêtres, et croyez que je vous suis attaché avec l'estime infinie et la reconnaissance que je vous dois.
Le vieux Suisse V. »

2 Suite à la parution de l'article Genève dans l'Encyclopédie .

3 Au lieu de ce nom, cité dans quelques autres lettres de Voltaire et de d'Alembert, en 1758, je pense qu'on doit lire celui de Lubières. II y avait alors à Genève un M. de Lubière dont Mme d'Épinai parle dans une lettre d'octobre 1760, à Tronchin le conseiller d'État, et auquel elle écrivit au mois de mars 1765. Le baron de Lubières était un familier des Délices depuis 1755 au moins . (Clogenson.)Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Benjamin_de_Lubi%C3%A8res#Source

4 D'Alembert est venu aux Délices en 1756 .

5 Surnom donné par V* à Frédéric II, également le nom du singe de V*.

 

Si les .....iens n'étaient pas aussi bien conduits que nous sommes mal dirigés, il ne reviendrait de Français que ceux qui déserteraient

 ... Il va de soi que de nos jours cette affirmation n'a plus lieu d'être, depuis 1757, tout le monde sait que la France est un modèle , continument bien dirigée . Non ?

 escalade 12 decembre 1602 DSCF9038.png

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay
[11 ou 12 décembre 1757]
C'est grand dommage, madame, que vous n'existiez pas car, lorsque vous êtes, personne assurément n'est mieux. Je n'existe guère, mais je souhaite passionnément de vivre pour vous faire ma cour. Si vous craignez les escalades 1, daignez venir jouir de la tranquillité dans notre cabane, lorsque nous aurons battu les Savoyards. Honorez-nous de votre présence nous la préférons à tout. Nous sommes à vos ordres et à vos pieds.2
Les Hanovriens ont trente-huit mille hommes, et M. de Richelieu n'en avait pu encore rassembler que trente mille le 28 novembre. Si les Autrichiens n'étaient pas aussi bien conduits que nous sommes mal dirigés, il ne reviendrait de Français que ceux qui déserteraient. »

1 Allusion à la fête dite de l'Escalade, que l'on célébrait tous les ans, à Genève, le 12 décembre, en commémoration du succès avec lequel les Genevois, au mois de décembre 1602, avaient repoussé l'attaque nocturne des troupes du duc de Savoie.

 2 Elle se rendra chez V*, voir lettre à Grimm : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/17/j-arrive-de-chez-voltaire-je-suis-fort-contente-du-grand-hom.html

 

18/02/2013

elle ne croit pas qu'il reste un seul Français en Allemagne dans six mois elle peut se tromper

... La crise du chomage n'est pas encore au point de chasser tous les travailleurs frontaliers français d'outre-Rhin , nicht wahr Angela ?

 Knecht s'en occupe !

 pas un seul français en allemagne knecht.png

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à Lyon

Délices, 11 [décembre 1757] au soir.
Vous savez sans doute que la ratification de la capitulation de Stade n'arriva de la cour à M. le maréchal de Richelieu que le 12 novembre .1Les Hanovriens se sont crus en droit de ne la pas tenir, surtout après la belle aventure de l'armée de Soubise. M. de Linar ne signifia à M. le maréchal de Richelieu que le 28 la rupture totale. Les Hanovriens, les Hessois avec les Brunswickois qui se laissent entraîner, étaient le 28 à Harbourg, au nombre de trente-huit mille hommes, et M. de Richelieu n'en avait encore que trente mille. On parle d'un corps de dix mille Prussiens qui vient renforcer encore l'armée ennemie. La saison est dure pour les Français, le danger est grand, l'absence de Chevert 2 triste, l'exemple de l'armée de Soubise funeste.
Iliacos intra muros peccatur et extra. 3
Madame la margrave me mande, du 29,4 qu'elle ne croit pas qu'il reste un seul Français en Allemagne dans six mois elle peut se tromper, et son frère aussi. De tous côtés la crise est violente. Bonsoir, mon cher ami. »

1  Allusion à la convention de Klosterzeven que les anglais décidèrent finalement de ne pas ratifier .

2 François de Chevert qui fut brillant durant la campagne de 1742-1743, notamment en s'assurant une capitulation honorable lors de sa reddition de Prague le 21 janvier 1743 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Chevert et http://aufildesmotsetdelhistoire.unblog.fr/2012/01/08/francois-de-chevert/

3 Horace, Epîtres I,II,16 : on fait des fautes à l'intérieur des remparts de Troie, et à l'extérieur .

 

 

restés dans la ville, obligés de ne point servir de toute la guerre. Ce sont là les plus heureux soldats

... Et les moins protégés civils .

 

Soldats au repos.jpg

 

 

« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à LYON

Délices, 10 décembre 1757.
Vous savez sans doute le général prussien de Bevern fait prisonnier de guerre par le général Beck, 1 le 22 novembre, Breslau rendu au prince Charles de Lorraine le 23, et les trois bataillons prussiens qui étaient restés dans la ville, obligés de ne point servir de toute la guerre. Ce sont là les plus heureux soldats du roi de Prusse.

Je reçois une lettre de madame la margrave, et des compliments de monsieur son frère, à qui il faudra en faire bientôt de très-grands de condoléance. Madame la margrave ne savait pas encore la perte de Breslau, et elle croyait la bataille indécise. Le roi de Prusse était certainement allé en Lusace. Où irait-il à présent? Retournera-t-il pour se joindre aux Hanovriens contre M. de Richelieu ? Ira-t-il se faire tuer par les Autrichiens ?
Madame la margrave témoigne la plus sensible reconnaissance pour les sentiments de la personne respectable 2 que vous voyez quelquefois.

Je voudrais que son frère s'abandonnât entièrement à ses conseils, et que, voyant sa gloire affermie et ses États perdus, il se remît entièrement et de bonne foi à l'arbitrage du roi 3. S'il s'obstine, il risque à la fin d'être mis au ban de l'empire, à moins que le diable ou nos sottises ne lui donnent encore des ressources. Bonsoir mon cher ami .

Nous demandons encore 200 louis par le messager .

V.»

2 Le cardinal de Tencin .

3 Louis XV .