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06/02/2013

Puisse-t-il madame respecter vos grands yeux noirs et vos pauvres nerfs

... Fermez les yeux et répétez après moi : tout est calme, luxe et volupté, ôôôômmmm mani padme ôôôômmmm !

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« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay

 

[novembre-décembre 1757]

 

Heureusement Mme d'Epinay ne craint point le froid . Sans cela je craindrais bien pour elle ce maudit vent du nord qui tue tous les petits tempéraments . Puisse-t-il madame respecter vos grands yeux noirs et vos pauvres nerfs . Quand honorerez-vous notre cabane de votre présence ?

 

V. »

 

vous me faites bien de l'honneur de croire que je suis assez sage pour inspirer la sagesse

... Rire de moi , et assez fou pour rester raisonnable .

 Folle sagesse

 http://actualitemlj.blogspot.fr/

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« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay 1

[novembre-décembre 1757]

Vraiment madame vous me faites bien de l'honneur de croire que je suis assez sage pour inspirer la sagesse . Je serai seulement le témoin de celle de monsieur votre fils 2, de tout son mérite, et de son envie de vous plaire . Je vois bien qu'il vous a gâtée . Vous êtes si accoutumée à le voir au dessus de son âge que quand il s'en rapproche vous êtes tout étonnée . Il vous a accoutumée à une perfection bien rare, il vous a rendue difficile . Je serai enchanté de le voir , lui et son aimable mentor . Mais pourquoi suis-je à la fois si près et si éloigné de la mère ? pourquoi me suis-je interdit Genève ? pourquoi ne suis-je plus que jardinier ? Je devrais vous faire ma cour tous les jours et je serais le plus assidu de vos courtisans si mon goût décidait de mes marches . Mais vous étendez votre empire sur les absents comme sur les présents . Personne ne sent plus tout votre mérite, ne vous est attaché plus véritablement et avec plus de respect que le Suisse

V. »

 2 Louis-Joseph Lalive d’Épinay (25 septembre 1746 - 10 avril 1813), qui sera militaire, éditeur et musicien.

 

 

05/02/2013

César disait que les Français étaient quelquefois plus qu'hommes, et quelquefois moins que femmes

... Que dirait-il de nos jours ? La même chose, je crois . "Plus qu'hommes" ça me laisse pensif, "moins que femmes" je n'imagine pas et je pense que les femmes ne doivent pas porter dans leurs coeurs un empereur-dictateur qui les mets au bas de l'échelle des valeurs  .

Le progrès matériel n'a rien vraiment changé à la nature humaine en général, et à la française en particulier . 

Le Français reste un grand consommateur de fruits de mer

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« A M. Élie BERTRAND.
Premier pasteur de l’Église française à Berne
26 novembre [1757].
Mon cher et humain philosophe, l'aîné Cramer est en Portugal 1, le cadet court et fait l'amour; je lui parlerai de souscrire, et je crois qu'il le fera.

César disait que les Français étaient quelquefois plus qu'hommes, et quelquefois moins que femmes. Ils n'ont pas été hommes avec le roi de Prusse.
Il ne faut pas renoncer sitôt à sa religion pour quelques objections spécieuses. On vous a envoyé des pétrifications. Eh bien y en a-t-il de plus singulières que la concha Veneris et la langue du chien marin 2? Cependant ni les chiens marins ne sont venus déposer leur langue en Calabre, ni Vénus n'y a laissé son bijou. On vous a montré des coquilles. Eh bien! y avait-il de meilleures huîtres que dans le lac Lucrin?3 et tous les lacs n'ont- ils pas pu fournir des huîtres et des poissons ? Que la mer soit venue à cinquante lieues dans les terres, qu'elle forme et qu'elle absorbe des îles, cela est commun mais qu'elle ait formé la chaîne des montagnes du globe, cela me parait physiquement impossible 4. Tout est arrangé, tout est d'une pièce.
Si quid novisti rectius istis, Candidus imperti 5.
Interim, vale, et me ama.

V.

Je fais un beau jardin que la mer n'engloutira pas. »

3 Lac Lucrin , en Italie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_Lucrin

4 En 1746, V* avait déjà donné ses vues sur ce point dans Dissertation …. sur les changements arrivés dans notre globe .Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Dissertation_sur_les_changements_du_globe/%C3%89dition_Garnier

Bernard en 1752 édita un Mémoire sur la structure intérieure de la terre et plus tard donnera le Dictionnaire universel des fossiles propres et des fossiles accidentels . Voir : http://books.google.fr/books?id=vwwKAAAAIAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : http://books.google.fr/books?id=js8QAAAAIAAJ&printsec...

V* resta sur sa position de l'impossibilité d'avoir des fossiles marins au sommets de montagnes . Il en parlera encore dans son Homme aux quarante écus ; voir chapitre VI : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-conte-l-homme-aux-quarante-ecus---partie-2-69201927.html

5 Horace, Épîtres I, vi, 67-68 : si tu as quelque meilleur avis fais m'en part sans déguisement .

 

Je vous ai demandé mon cher monsieur bien des choses pour me consoler

... Car il ne me reste que des yeux pour pleurer, ne pouvant pas m'offrir d'être une fashion victim en ces derniers jours de soldes .

 

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

Le roi de Prusse avoue qu'il a eu cent hommes de tués et deux cent soixante de blessés dans notre bataille des éperons . Voyez la malice d'avoir placé de l'artillerie sur des plateaux sans que nos généraux s'en soient doutés .1

Je vous ai demandé mon cher monsieur bien des choses pour me consoler . J'ajoute à mes insolences une veste d'or écrasé à fond cramoisi . J'attends toutes les bontés de M. Robert Tronchin, son fermier va vite planter , et finir .

V.

25 [novembre 1757] »

1 On trouve aussi ce paragraphe placé comme post scriptum dans la lettre du 23 novembre 1757 à J.R Tronchin .

Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/04/pour-moi-deux-amples-doublures-de-belle-peluche-cramoisie-un.html

 

il est toujours bien doux de n'être pas haï de ceux qu'on admire

... Tout comme il est possible d'aimer ceux qu'on n'admire pas .

Je pense que ceux qui n'aiment que ceux qu'ils admirent se privent de bien des joies, et qu'au fond ils se donnent une importance qu'ils n'ont pas , qu'ils se trouvent bien sûr admirables eux-mêmes et que leur égo s'enfle par personne interposée (voir fans clubs ) . Je n'ai pas grande sympathie pour cette attitude exclusive .

Doux !

et admirable ?

 

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et aimable ?

 

 

 

« A Madame Louise-Dorothée Von MEININGEN, duchesse de SAXE-GOTHA

Aux Délices, près de Genève, 24 novembre [1757].

Madame, la lettre dont Votre Altesse sérénissime m'honore est un grand témoignage de la générosité de votre cœur. Vos États ont été le théâtre de la guerre, et vous daignez penser à moi. Quel jour, madame, que celui où elle a daigné m'écrire 1! C'est celui où cette nation, dans laquelle vous avez trouvé des gens aimables, était bien malheureuse; c'est celui où un roi, à qui ses ennemis ne peuvent refuser leur admiration, se couvrait de gloire par la plus habile conduite et par le plus grand courage. Il a dû repasser par vos États, madame, des milliers de blessés. Encore si c'étaient de vos maudits Croates, qui sont si incivils? Mais ce sont des gens très-polis, et qui certainement avaient eu pour Votre Altesse sérénissime tout le respect qu'on lui doit. Plût à Dieu que cette sanglante journée fût au moins un acheminement à une paix générale ! C'est tout ce que je peux dire. Je plains ma nation; je m'intéresse tendrement à tout ce qui vous touche, madame. J'admire l'homme dont Votre Altesse sérénissime me parle; je la remercie de tout ce qu'elle aura daigné lui dire de moi. Je n'ai en vérité d'autre objet, d'autre espérance que la retraite, et à mon âge la tranquillité est le comble de la fortune. Mais il est toujours bien doux de n'être pas haï de ceux qu'on admire. C'est à vos bontés, madame, que je dois les siennes. Il a été assez grand pour me confier ses malheurs, et il est peut-être actuellement si occupé qu'il ne me parlera pas de ses succès, ou, s'il daigne m'en parler, ce sera avec une modération qui relèvera sa gloire.
Je me mets à vos pieds, madame, avec la plus vive reconnaissance, avec le plus profond et le plus tendre respect. Je ne regrette que de ne pouvoir être témoin des progrès des princes vos enfants, et de ne point voir leur auguste mère. Je présente les mêmes respects et les mêmes regrets à monseigneur.
La grande maîtresse des cœurs 2 ne donne-t-elle pas du bouillon à quelque blessé dans le meilleur monde possible? 3»

1 Jour de la bataille de Rosbach 5 novembre 1757 .

2 Julienne-Françoise de Buchwald, née de Neuenstein, grande gouvernante de la duchesse Louise-Dorothée, naquit le 7 octobre 1707, et mourut le 19 décembre 1789. Charles de Dalberg a fait son éloge dans un petit ouvrage intitulé : Madame de Buchwald. Seconde édition. Erfurt, 1787, vingt-quatre pages in-8. Frédéric II dira d'elle dans une lettre à sa sœur la margrave de Baireuth, le 17 septembre 1757 : « Madame de Buchwald me paraît une femme très-estimable, et qui vous conviendrait beaucoup : de l'esprit, des connaissances, point de prétentions, et un bon caractère. » : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/27_1/346/text/

3 Cette dernière phrase est écrite en marge sur le manuscrit . Elle laisse supposer que Candide est en gestation .

 

04/02/2013

pour moi deux amples doublures de belle peluche cramoisie, un bord d'or pour un chapeau, une garniture de boutons d'or pour un surtout, une garniture de boutons d'or pour habit, veste et culotte

... Et un raton laveur pour bonnet !

 

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« A M. Jean-Robert TRONCHIN

de LYON
Aux Délices, 23 novembre [1757] .
Je crois, Dieu me pardonne, que j'ai toujours oublié mon cher correspondant de vous prier d'envoyer 400 louis d'or neufs à M. Cathala pour passer mon hiver à Lausanne .
Vous aurez reçu les relations de vos Genevois, par lesquelles il est bien constaté qu'on avait conduit l'armée dans un coupe- gorge, entre deux plateaux garnis d'artillerie 1. Il y a, dit-on, dans l'Histoire un exemple de cette faute. Les choses ont bien changé; vous ne devez plus vous attendre à cette belle lettre dont il était question . Je vous assure qu'on 2 est bien fier . Nous verrons si M. le maréchal de Richelieu rabaissera ou augmentera cette fierté.

Revenons tout doucement à l'embellissement de nos Délices, à nos plantations, à nos pêchers, à nos figuiers . Je viens de vous planter des arbres de quarante pieds de haut pour cacher le palais Pictet qui faisait un point de vue désagréable parce qu'il ne présente qu'un angle . Au lieu d'une vilaine grenouillère que M. Mallet 3 avait postée près de la maison vous aurez en face une grande pièce d'eau avec des charmilles en portiques.

Mais pour le dedans je voudrais de ces tapis de Turquie pris aux Anglais Je voudrais pour moi deux amples doublures de belle peluche cramoisie, un bord d'or pour un chapeau, une garniture de boutons d'or pour un surtout, une garniture de boutons d'or pour habit, veste et culotte . A qui aurai-je recours pour ces menues nécessités ? Ma foi à vous mon cher correspondant puisque vous daignez être aussi attentif aux petites choses qu'aux grandes et que vos bontés ne se lassent point.

J'apprends dans le moment que les 400 louis sont en route . Je vous rends mille grâces . Je vous demande mille pardons . Mme Denis qui ne se porte pas bien vous fait comme moi les plus tendres compliments .

V.
P. S. Le roi de Prusse avoue qu'il a eu cent hommes de tués et deux cent soixante de blessés dans notre bataille des éperons 4. Voyez la malice d'avoir placé de l'artillerie sur des plateaux sans que nos généraux s'en soient doutés ! »

1 Terrible erreur tactique du prince de Soubise .

2 Frédéric II.

3 Ancien propriétaire des Délices .

4 Allusion à la bataille de Guinegatte le 16 août 1513 qui fut un terrible défaite pour les Français, retenue comme la battle of the spurs, bataille des éperons . A Rossbach les Français sont battus par l'écrasante supériorité tactique des Prussiens et non par manque de bravoure .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Guinegatte_%281513%29

 

la surdité devient un mal épidémique en France. Si j'osais, j'ajouterais qu'on y joint l'aveuglement

... Cette affirmation prussienne de 1757, sous la plume d'une margravine, peut en toute logique trotter dans la tête d'une chancelière d'Allemagne en 2013 sans accusation de médisance . Il n'est qu'à suivre un peu l'actualité riche en mouvements d'humeur et déclamations brouillonnes de tous bords .

Ne manquez pas "Les surdoués de la police" : Saison 10 épisode 3

d'après un script de journaliste malcomprenant

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« De Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margravine de Baireuth

Le 23 novembre [1757].

Mon corps a succombé sous les agitations de mon esprit, ce qui m'a empêchée de vous répondre. Je vous entretiendrai aujourd'hui de nouvelles bien plus intéressantes que celles de mon individu. Je vous avais mandé que l'armée des alliés bloquait Leipsick, je continue ma narration 1. Le 26, le roi se jeta dans la ville avec un corps de dix mille hommes; le maréchal Keith 2 y était déjà entré avec un pareil nombre de troupes. Il y eut une vive escarmouche entre les Autrichiens, ceux de l'empire, et les Prussiens; les derniers remportèrent tout l'avantage, et prirent cinq cents Autrichiens. L'armée alliée se retira à Mersbourg; elle brûla le pont de cette ville et celui de Weissenfeld; celui de Halle avait déjà été détruit. On prétend que cette subite retraite fut causée par les vives représentations de la reine de Pologne, qui prévit avec raison la ruine totale de Leipsick, si on continuait à l'assiéger. Le projet des Français était de se rendre maîtres de la Sale. Le roi marcha sur Mersbourg, où il tomba sur l'arrière-garde française, s'empara de la ville, où il fit cinq cents prisonniers français. Les Autrichiens pris à l'escarmouche devant Leipsick avaient été enfermés dans un vieux château sur les murs de la ville. Ils furent obligés de céder leur gîte aux cinq cents Français, parce qu'il était plus commode, et on les mit dans la maison de correction. C'est pour vous marquer les attentions qu'on a pour votre nation, que je vous fais part de ces bagatelles. Le maréchal Keith marcha à Halle, où il rétablit le pont. Le roi, n'ayant point de pontons, se servit de tréteaux sur lesquels on assura des planches, et releva de cette façon les deux ponts de Mersbourg et de Weissenfeld. Le corps qu'il commandait se réunit à celui du maréchal Keith, à Bornerode. Ce dernier avait tiré à lui huit mille
hommes commandés par le prince Ferdinand de Brunswick 3. On alla reconnaître, le 4, l'ennemi campé sur la hauteur de Saint-Michel, le poste n'étant pas attaquable, le roi fit dresser le camp à Rosbach, dans une plaine. Il avait une colline à dos, dont la pente était fort douce. Le 5, tandis que le roi dînait tranquillement avec ses généraux, deux patrouilles vinrent l'avertir que les ennemis faisaient un mouvement sur leur gauche. Le roi se leva de table; on rappela la cavalerie, qui était au fourrage, et on resta tranquille, croyant que l'ennemi marchait à Freibourg, petite ville qu'il avait à dos; mais on s'aperçut qu'il tirait sur le flanc gauche des Prussiens. Sur quoi le roi fit lever le camp, et défila par la gauche sur cette colline, ce qui se fit au galop, tant pour l'infanterie que pour la cavalerie. Cette manœuvre, selon toute apparence, a été faite pour donner le change aux Français. Aussitôt, comme par un coup de sifflet, cette armée en confusion fut rangée en ordre de bataille sur une ligne. Alors l'artillerie fit un feu si terrible que des Français auxquels j'ai parlé disent que chaque coup tuait ou blessait huit ou neuf personnes. La mousqueterie ne fit pas moins d'effet. Les
Français avançaient toujours en colonne, pour attaquer avec la baïonnette. Ils n'étaient plus qu'à cent pas des Prussiens, lorsque la cavalerie prussienne, prenant un détour, vint tomber en flanc sur la leur avec une furie incroyable. Les Français furent culbutés et mis en fuite. L'infanterie, attaquée en flanc, foudroyée par les canons, et chargée par six bataillons et le régiment des gendarmes, fut taillée en pièces et entièrement dispersée. Le prince Henri, qui commandait à la droite du roi, a eu la plus grande part à cette victoire, où il a reçu une légère blessure. La perte des Français est très-grande. Outre cinq mille prisonniers, et plus de trois cents officiers pris dans cette bataille, ils ont perdu presque toute l'artillerie. Au reste, je vous mande ce que j'ai appris de la bouche des fuyards, et de quelques rapports d'officiers prussiens. Le roi n'a eu que le temps de me notifier sa victoire, et n'a pu m'envoyer la relation. Le roi distingue et soigne les officiers français comme il pourrait faire les siens propres. Il a fait panser les blessés en sa présence, et a donné les ordres les plus précis pour qu'on ne leur laisse manquer de rien. Après avoir poursuivi l'ennemi jusqu'à Spielberg, il est retourné à Leipsick, d'où il est reparti, le 10, pour marcher à Torgau. Le général Marschall, des Autrichiens, faisant mine d'entrer dans le Brandebourg avec treize ou quatorze mille hommes, à l'approche des Prussiens ce corps a rétrogradé à Bautzen en Lusace. Le roi le poursuit pour l'attaquer, s'il le peut. Son dessein est d'entrer ensuite en Silésie. Malheureusement nous avons appris aujourd'hui la reddition de Schweidnitz, qui s'est rendu le 13, après avoir soutenu l'assaut; ce qui me rejette dans les plus violentes inquiétudes. Pour répondre aux articles de vos deux lettres, je vous dirai que la surdité devient un mal épidémique en France. Si j'osais, j'ajouterais qu'on y joint l'aveuglement. Je pourrais vous dire bien des choses de bouche, que je ne puis confier à la plume, par où vous seriez convaincu des bonnes intentions qu'on a eues. On les a encore. J'écrirai au
premier jour au cardinal 4. Assurez-le, je vous prie, de toute mon estime, et dites-lui que je persiste toujours dans mon système de Lyon, mais que je souhaiterais beaucoup que bien des gens eussent sa façon de penser; qu'en ce cas nous serions bientôt d'accord. Je suis bien folle de me mêler de politique. Mon esprit n'est plus bon qu'à être mis à l'hôpital. Vous me faites faire des efforts tant d'esprit que de corps pour écrire une si longue lettre. Je ne puis vous procurer que le plaisir des relations. Il faut bien que j'en profite, ne pouvant vous en procurer de plus grands, et tels que ma
reconnaissance les désire. Bien des compliments à Mme Denis, et comptez que vous n'avez pas de meilleure amie que

WILHELMINE. »

2 Jacques Keith, frère puiné de milord Maréchal.

3 Né le 11 janvier 1721; mort à Brunswick, en 1792, le 3 juillet. http://en.wikipedia.org/wiki/Duke_Ferdinand_of_Brunswick-Wolfenb%C3%BCttel

4 De Tencin.