17/11/2010
Vous m'avez fait grand plaisir de m'emprunter un peu d'argent
« A Bonaventure Moussinot
Cloître Saint-Merri à Paris.
Ce 17 [novembre 1736]
J'ai envoyé à Troyes, mon cher abbé, j'ai payé les frais d'un procès que je n'avais pas fait, et j'ai eu mon ballot de livres.
J'ai eu aussi celui où était mon portrait i. Je voudrais qu'il fût un peu plus empâté et plus vif de couleurs. Pourriez-vous en faire exécuter quelque copie un peu plus animée ?
On dit qu'il y a un homme à Paris qui fait les portraits en bague d'une manière parfaite. J'ai vu un portrait de Louis XV de sa façon très ressemblant. Vous trouverez impertinent que la même main peigne le roi et moi chétif, mais on le veut, et j'obéis. Ayez donc la bonté de déterrer cet homme. Envoyez de ma part savoir où il demeure à M. le chevalier de Villefort, chez Mgr le comte de Clermont pds ii.
Mais pourquoi Chevalier ne pourrait-il pas travailler sous mes yeux iii? On dit du bien de lui, et il n'a pas encore assez de réputation pour être indocile.
Si Boucher voulait venir travailler à Cirey, nous lui ferions faire cinq tableaux de La Henriade. Ensuite quinze aunes de courre iv en tapisserie couteraient environ sept mille francs, et 1500 ou 2000 livres tournois pour le peintre ; le tout ne reviendrait peut-être pas à 10 000 livres tournois, mais nous en raisonnerons plus à fond.
En attendant, j'accepte le marché que vous me proposez de la succession de La Verchère. Je m'en rapporte à vous. Mais où mettrez-vous les effets ? Ecrivez-moi sur cela vos idées, et suivez les .
Vous m'avez fait grand plaisir de m'emprunter un peu d'argent, tous ce que j'ai est à votre service. Si ce chevalier de Mouhy vient vous voir, dites-lui que je suis prêt à lui faire tous les plaisirs qui dépendront de moi. Mais ne lui donnez point des espérances trop positives, et ne vous engagez pas v.
Envoyez-moi, je vous prie, par le coche deux belles et très grandes boucles de soulier à diamants, des boucles de jarretières à diamants, deux des grandes ou quatre des petites estampes de mon petit visage.
Je vous demande en grâce de renvoyer à M. Berger son billet avec une petite excuse de ne l'avoir point fait plus tôt. Il demeure à l'hôtel Soissons.
Je vous embrasse tendrement, mon cher abbé. »
i V* a commandé le 12 avril à Quentin La Tour une copie du portrait exécuté vraisemblablement en avril 1735.
ii PDS = prince du sang.
iii Pour travailler aux tapisseries inspirées par La Henriade, selon une lettre du 10.
iv C'est-à-dire : de chasse à courre.
v Fin novembre, V* écrira à Moussinot de prêter 300 livres tournois à Mouhy, de lui en promettre 300 autres et lui demander d'envoyer « les petites nouvelles à Cirey, deux fois par semaine, avec promesse de paiement... »
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16/11/2010
cet Arioste est mon homme , ou plutôt un dieu
Note rédigée le 3 août 2011 pour mise en ligne le 16 novembre 2010.
http://www.deezer.com/listen-2712822 Gotan project, dont je suis fan .
« A Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort
19è novembre 1774, à Ferney
Monsieur,
Quand M. de La Harpe m'envoya son bel Éloge de La Fontaine 1 qui n'a point eu de prix, je lui mandai qu'il fallait que celui qui l'a emporté fût le discours le plus parfait qu'on eût vu dans toutes les académies de ce monde 2. Votre ouvrage 3 m'a prouvé que je ne me suis pas trompé . Je bénis Dieu dans ma décrépitude de voir qu'il y ait aujourd'hui des genres dans lesquels on est bien au dessus du grand siècle de Louis XIV . Ces genres ne sont pas en grand nombre, et c'est ce qui redouble l'obligation que je vous ai . Je vous remercie du fond de mon cœur usé, de tous les plaisirs nouveaux que votre ouvrage m'a donnés . Tout ce que je peux vous dire, c'est que La Fontaine n'aurait jamais pu parler d’Ésope et de Phèdre aussi bien que vous parlez de lui .
A propos, Monsieur, vous me reprochez, mais avec votre politesse et vos grâces ordinaires, d'avoir dit autrefois qu'il n’était pas assez peintre . Il me souvient en effet d'avoir dit autrefois 4 qu'il n'était pas un peintre aussi fécond, aussi varié, aussi animé que l'Arioste, et c'était à propos de Joconde . J'avoue mon hérésie au plus aimable prêtre de notre église .
Vous me faites sentir plus que jamais combien La Fontaine est charmant dans ses bonnes fables ; je dis dans les bonnes, car ses mauvaises sont bien mauvaises . Mais que l'Arioste est supérieur à lui et à tout ce qui m'a jamais charmé ! par la fécondité de son génie inventif , par la profusion de ses images, par la profonde connaissance du cœur humain, sans faire jamais le docteur, par ces railleries si naturelles dont il assaisonne les choses les plus terribles ! J'y trouve toute la grande poésie d'Homère avec plus de variété ; toute l'imagination des Mille et Une Nuits ; la sensibilité de Tibulle, les plaisanteries de Plaute, toujours le merveilleux et le simple . Les exordes de tous ses chants sont d'une morale si vraie et si enjouée ! N'êtes-vous pas étonné qu'il ait pu faire un poème de plus de quarante mille vers dans lequel il n'y a pas un morceau ennuyeux, et pas une ligne qui pêche contre la langue, pas un tour forcé, pas un mot impropre ? Et encore ce poème est tout en stances .
Je vous avoue que cet Arioste est mon homme , ou plutôt un dieu, comme disent messieurs de Florence, il divin Ariosto . Pardonnez-moi ma folie. La Fontaine est un charmant enfant que j'aime de tout mon cœur . Mais laissez-moi en extase devant messer Ludovico, qui d'ailleurs a fait des épitres comparables à celles d'Horace . Multae sunt mansiones in domo patris mei 5. Vous occupez une de ces places . Continuez, Monsieur, réhabilitez notre siècle, je le quitte sans regret . Ayez surtout grand soin de votre santé . Je sais ce que c'est que d'avoir été quatre-vingt et un ans malade .
Agréez, Monsieur, l'estime sincère, et les respects du vieux bonhomme .
V.
Je suis toujours très fâché de mourir sans vous avoir vu . »
1 Éloge de La Fontaine, qui a concouru pour le prix de l'académie de Marseille en 1774 ; http://www.gedhs.ulg.ac.be/recherches/espritdesjournaux/pdf/750106.pdf
Mais c'est Chamfort qui a eu le prix .http://www.shanaweb.net/les-fabulistes/chamfort/notes-de-chamfort.html
2 Le 2 octobre, V* a écrit à La Harpe : « Il faut donc que l’ouvrage de M. Chamfort soit un chef-d’œuvre, et que ce soit Phidias qui l'ait emporté sur Praxitèle »
3 Éloge de La Fontaine, ouvrage qui a remporté le prix , au jugement de l'Académie de Marseille : http://www.archive.org/stream/logedelafontai00chamuoft#page/n5/mode/2up
4 Dans le Discours aux Welches : chercher « le Joconde » : http://www.voltaire-integral.com/Html/25/12_Welches.html
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nécessité indispensable d'avoir justice d'un libelle qui flétrirait ma réputation s'il était impuni
Note rédigée le 4 juillet 2011 pour partion le 16 novembre 2010 .
« A Claude-Henri Feydeau de Marville 1
Monsieur,
Je crois que ce n'est point l'usage qu'on vende publiquement des libelles diffamatoires aux spectacles quand même ces libelles seraient signés du nom d'un avocat 2. Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien faire ordonner que ce scandale qui révolte tous les honnêtes gens, cesse à l'Opéra et à la Comédie . On y vend sur le théâtre le mémoire du nommé Travenol .
Ma famille , Monsieur, m'a obligé de faire poursuivre ce Travenol en justice, et il est bon d'ailleurs que les auteurs de ces infamies qui inondent le public sachent que les lois ont décerné des peines contre eux 3. Vous avez eu la bonté, Monsieur, de me promettre que quand je requerrais judiciairement communication des pièces déposées chez le commissaire La Vergée au sujet de cette affaire, vous voudriez bien permettre que l'on m'aidât de ces originaux ou des copies authentiques . Je vous supplie, Monsieur, de trouver bien que je fasse à présent usage de vos bontés . Je ne veux point faire cette démarche sans auparavant vous en avoir demandé la permission . Je vous supplie, Monsieur, de considérer que la nouvelle charge dont le Roi vient de m'honorer 4, et qui m'approche quelquefois de la personne de Sa Majesté, me met dans la nécessité indispensable d'avoir justice d'un libelle qui flétrirait ma réputation s'il était impuni . J'attends de vous, Monsieur, la grâce que je vous demande, et la continuation de vos bontés .
J'ai l'honneur d'être avec la reconnaissance et l'attachement le plus inviolable,
Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur ,
Voltaire
A Paris, rue Traversière, mercredi 16 novembre [1746]
Je vous supplie de me donner vos ordres par écrit, Monsieur, ou de me faire dire quand je pourrai avoir l'honneur de vous parler .»
1 Sur cette affaire, voir lettres du 17 mai : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/13/homme-qui-fait-des-nouvelles-a-la-main-qui-preche-qui-produi.html
et 3 juillet : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/07/03/je-m-en-remets-a-votre-justice-et-a-votre-misericorde.html
Des perquisitions ont confirmé que les libelles de Roy et autres auteurs éataient difffusées par le musicien Louis Travenol . Comme il avait pris la fuite et qu'on n'avait trouvé que son vieux père, celui-ci avait été emprisonné quelques jours en juin .
http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1979-05-0276-042
2 Le Mémoire signifié pour Louis Travenol, de l'Académie royale de musique, contre le sieur Arouet de Voltaire, de l'Académie française, de l'avocat Jean-Antoine Rigoley de Juvigny .
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Pour sauver la peau des grands hommes, Il faut la faire corroyer.
http://video.google.com/videoplay?docid=-7588898461606073... : une pause dans notre monde de brutes !
Oyez !Oyez!
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« A Frédéric II, roi de Prusse
A Lille, ce 16 novembre [1743]
Est-il vrai que dans votre cour
Vous avez placé cet automne
Dans les meubles de la couronne
La peau de ce fameux tambour
Que Zisca fit de sa personne ?i
La peau d'un grand homme enterré
D'ordinaire est bien peu de chose,
Et, malgré son apothéose,
Par les vers il est dévoré.
Le seul Zisca fut préservé
Du destin de la tombe noire ;
Grâce à son tambour conservé,
Sa peau dure autant que sa gloire.
C'est un sort assez singulier.
Ah ! Chétifs mortels que nous sommes !
Pour sauver la peau des grands hommes,
Il faut la faire corroyer.
Ô mon roi, conservez la vôtre ;
Car le bon Dieu qui vous la fit
Ne saurait vous en faire une autre
Dans laquelle il mît tant d'esprit.
Il n'est pas infiniment respectueux de pousser un grand roi de questions ; mais on en usait ainsi avec Salomon, et il faut bien , Sire, que le Salomon du Nord s'accoutume à éclairer son monde.
Sa Majesté me permettra donc que j'ose lui demander encore ce que c'est qu'un arc trouvé à Glats ii. Votre Majesté me dira peut-être qu'il faut m'adresser à Jordan ; mais ce Jordan, Sire, est un paresseux, tout aimable qu'il est ; et vous avez plutôt réglé quatre ou cinq provinces, et fait deux cents vers et quatre mille doubles croches, qu'il n'a écrit une lettre.
J'arrive à Lille, qui est une ville dans le gout de Berlin, mais où je ne reverrai ni l'opéra ni la copie de Titus iii, Votre majesté, et la reine mère, et Mme la princesse Ulrique ne se remplacent point. Je n'ai pas encore l'armée de trois cent mille homme avec laquelle je devais enlever la princesse, mais en récompense le roi de France en a davantage. On compte actuellement trois cent vingt cinq mille hommes, y compris les invalides : ce sont trois cent mille chiens de chasse qu'on a peine à retenir ; ils jappent, ils crient, ils se débattent, et cassent leurs laisses pour courir sus aux Anglais, et à leurs pesants serviteurs les Hollandais. Toute la nation, en vérité, montre une ardeur incroyable iv. Heureusement encore votre ami de Strasbourg v ne fera plus semblant de commander les armées, et l'empereur, appuyé de Votre Majesté et de la France, pourra bientôt donner des opéras à Munich vi.
Comme j'ai osé faire force questions à Votre Majesté, je lui ferai un petit conte, mais c'est en cas qu'elle ne le sache déjà.
Il y a quelques mois que Mlle Adélaïde, troisième fille du roi mon maître, ayant treize louis d'or dans sa poche, se releva pendant la nuit, s'habilla toute seule, et sortit de sa chambre. Sa gouvernante s'éveilla, lui demanda où elle allait. Elle lui avoua ingénument qu'elle avait ordonné à un palefrenier de lui tenir deux chevaux prêts pour aller commander l'armée et secourir l'empereur ; mais si elle apprend que Votre Majesté s'en mêle, elle dormira tranquillement désormais.
Au moment où j'ai l'honneur d'écrire à Votre Majesté, nos troupes sont en marche pour aller prendre le Vieux-Brisach vii. A l'égard des troupes de comédiens, j'apprends une singulière anecdote dans cette ville de Lille ; c'est que, tandis qu'elle fut assiégée par le duc de Malborough, on y joua la comédie tous les jours, et que les comédiens y gagnèrent cent mille francs. Avouez, Sire, que voilà une nation née pour le plaisir et pour la guerre.
Titus prie toujours Votre Majesté pour ce pauvre Courtils qui est à Spandau sans nez viii.
Je suis pour jamais aux pieds de Votre Humanité, etc. »
i Il s'agit du tambour dit recouvert de la peau de Jan Zizka, héros hussite de la fin du XIVè siècle; Frédéric confirmera, le 4 décembre, l'avoir rapporté de Bohème.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jan_%C5%BDi%C5%BEka
ii C'est l'arc de Valasca, ancienne souveraine païenne du comté de Glatz, redoutée pour ses sorcelleries. Le 24 octobre la Spenersche Zeitung signale que le tambour et l'arc sont arrivés à Glatz et portés au cabinet royal de curiosités.
Ici, page 369, il est question de cotte de maille de Valasca : http://books.google.be/books?id=qLl3sOhNChQC&pg=PA369...
iii Cf. lettre à Maupertuis du 16 octobre.
iv V* parle de la puissance militaire de la France à Frédéric qui en doute, ce qui fait partie de la mission diplomatique que V* veut assumer. Le a décembre, Frédéric répondra : « Vous voilà plus enthousiasmé que jamais de quinze cents gâteux de Français qui se sont placés sur une ile du Rhin et d'où ils n'ont pas le cœur de sortir. »
v Broglie qui fut relevé de ses fonctions en juillet 1742 . Cf. lettre à Frédéric du 26 mai 1742 où V* évoque le passage de Frédéric à Strasbourg en 1740 sous le nom de comte du Four.
vi Charles VII reprit Munich le 22 novembre.
vii Cédé en 1714.
viii Ce gentilhomme avait déserté et répondu insolemment à Frédéric-Guillaume qui lui fit couper le nez et les oreilles et envoya à Spandau en 1730. V* raconte l'histoire de ce gentilhomme dans ses Mémoires et demandera sa grâce en octobre 1743. Frédéric consentit à adoucir son sort et finit par gracier Courtils qui ne sortit de Spandau qu'en 1749 cependant.
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15/11/2010
la colique , les lettres, les Russes et les arbres prennent tout mon temps
Colique ! petit délire ! ah , qu'en termes galants ces choses-là sont dites :
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Les lettres : inspiration plus romantique , bien que réaliste :
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Les Russes veulent-ils la guerre ? Niet !?
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Les arbres
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« A Jean-Antoine-Noé Polier de Bottens
premier pasteur à Lausanne.i
[vers le 15 novembre 1757]
Quand je suis voisin du naufrage
Je dois en affrontant l'orage
Penser, vivre et mourir en roi.
[Vo]ilà les derniers vers que la lettre du roi de Prusse [m']écrivit avant la bataille ii, il a pensé, il a agi en roi et il n'est pas mort. M. de Correvon iii me demandait ces trois derniers vers. Je lui ai écrit avant de savoir ce qu'il m'ordonnait. Je vous prie, mon cher ami, de lui communiquer ces trois lignes qu'il demande et que la journée du 5 rend si belles. Je n'ai pas un moment à moi dans ma retraite ; la colique , les lettres, les Russes iv et les arbres prennent tout mon temps. On me parle toujours des quatre Russes qu'il faut élever à la brochette v; mais ils sont aussi lents qu'Apraxin vi. Le diable est en Allemagne. La paix soit parmi vous.
Vale et ama tuum.
V.
P.S.- Si vous avez Palavicin vii voyez, je vous prie, s'il dit qu'en 1551 Philippe depuis devenu roi d'Espagne, passa à Trente, que les pères du Concile lui donnèrent un bal, lequel fut ouvert par le cardinal de Mantoue Léges viii. Dansez donc , vous autres pauvres diables. »
i http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-No%C3%A9_de_Polier_d...
Auteur entre autres de l'article Messie dans l'Encyclopédie : cf cet article dans : http://sites.univ-provence.fr/pictura/Voltaire/VoltaireGe...
ii Le 8 octobre avant la bataille de Rossbach où il fut vainqueur le 5 novembre.
iii Gabriel Seigneux de Correvon qui traduisit Usong, histoire orientale de Albrecht von Haller : http://books.google.fr/books?id=UYhaAAAAQAAJ&printsec...
Il écrivit : Voeux de l'Europe pour la paix : http://www.priceminister.com/offer/buy/79671964/seigneux-...
http://books.google.fr/books?id=VTP5gnTcr6cC&printsec...
Voir « les érudits » : http://www.culturactif.ch/revues/espaceseptembreoctobre20...
Et surtout : Essai sur l'usage, l'abus et les inconvénients de la torture : http://books.google.fr/books?id=pFc7AAAAcAAJ&printsec...
iv Son Histoire de Russie.
v « Élever à la brochette » = élever avec beaucoup de soin et d'application (dict. De Trévoux, 1752), la brochette étant un petit bâton utilisé pour donner la becquées aux petits oiseaux ; il s'agit ici sans doute des jeunes Russes dont parle V* dans sa lettre du 7 août à Schouvalov.
viLe maréchal Stepan Fédorovitch Apraksin après avoir battu les Prussiens le 30 août à Gross-Jaegersdorf , n'a pas exploité sa victoire.
vii Sforza Pallavicino auteur de Istoria del consilio di Trento, 1656-1657, page 15, chap. XI.
http://en.wikipedia.org/wiki/Pietro_Sforza_Pallavicino
http://fr.wikipedia.org/wiki/Francesco_Maria_Sforza_Palla...
viii Voltaire s'appuie sur les textes de Pallaviciono et Fra Paolo Sarpi pour discuter de ces questions particulières du concile de Trente dans un chapitre ajouté à l'Essai sur les mœurs.
Voir : http://www.voltaire-integral.com/Html/12/06ESS175.html#172
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14/11/2010
Je vous demande en grâce d'employer le vert et le sec, et toute votre industrie pour vous informer de la vérité
http://www.deezer.com/listen-4536672 : We named it justice ! Yeah man !! ça faisait une éternité que je n'avais plus écouté Art Blakey . Bon décollage à vous aussi ...
En ce temps là : http://www.deezer.com/listen-2291841 : cool, cool , à danser collé-serré ...
http://www.deezer.com/listen-2291868 : Somebody loves me : ce que j'aime à penser ...
They can't take that away from me : http://www.deezer.com/listen-2291867
and, I Only have eyes for you : http://www.deezer.com/listen-2291853
et je me sens Blue and sentimental : http://www.deezer.com/listen-2291844
http://www.deezer.com/listen-2291835 : so, Wrap your troubles in dreams ... ce que je vais faire aussi dès l'enregistrement de cette page .
Claude-Louis comte de Saint Germain , dont le nom m'a inspiré pour l'illustration musicale .
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://i47.servimg.com...
« A Joseph Vasselier i
A Ferney 13è novembre 1775
Je recommande à vos bontés, mon cher ami, les incluses, toujours timbrées de Lyon.
J'ai une étrange prière à vous faire. Il y a dans Lyon un ex-jésuite nommé Fessy, dont le père (qui s'appelait originairement M. Fesse, banquier dans votre ville) changea son nom en Fessy, dès que son fils fut jésuite ii.
Ce M. Fessy, homme d'environ soixante et dix ans, demeure à Lyon, chez sa sœur qui s'appelle Mlle Meinard.
Il s'agit de savoir de ce Fessy s'il est vrai que cet ex-jésuite ait eu autrefois l'avantage d'être le camarade de ce brave officier, M. de Saint-Germain, devenu aujourd'hui ministre de la Guerre avec l'applaudissement de toute la France ; père Adam soutient qu'en effet M. de Saint-Germain, dans sa grande jeunesse, se fit jésuite, et régenta les basses classes avec père Fessy à Dôle en Franche-Comté.
Je vous demande en grâce d'employer le vert et le sec, et toute votre industrie pour vous informer de la vérité ou de la fausseté de cette anecdote iii. Vous trouverez aisément dans Lyon l'ex-jésuite Fessy. Je vous demande bien pardon ; mais la chose mérite assurément votre curiosité.
Je mets encore aujourd'hui sous votre protection une petite boîte iv pour Dijon.
Adieu, mon cher ami, je suis toujours dans un triste état.
V. »
i Vasselier , voir pages v à x : http://books.google.be/books?id=NQsGAAAAQAAJ&printsec...
Page 2 : http://www.hatchuel.com/__maj/catalogues/c51.pdf
ii Inexact, il se nommait bien Fessy.
iii Le 24 novembre, V* écrit à Vasselier un billet ne comprenant que : « Je le crois jésuite, / Je le crois jésuite. »
Le 29 novembre, à Mme de Saint Julien : « ... il est très vrai, très constant qu'on [Saint Germain] a été jésuite cinq ans en comptant deux années de noviciat. On en est sorti en 1730... » Le même jour un billet à Vasselier fait penser que c'est de lui que V* tient la confirmation.
Le 11 janvier 1776,à Thibouville, V* parlera d'une « pasquinade intitulée Entretien du père Adam et du père Saint-Germain » qui « court dans Paris » Saint Germain a effectivement commencé par enseigner chez les jésuites.
Cf. lettre 84 page 116 et lettre 108 page 154 de http://books.google.fr/books?id=alATAAAAQAAJ&pg=PA155...
iv Des montres de la manufacture de Ferney. Cf. http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.deo-erexit-...
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13/11/2010
Je deviens plus insolent à mesure que j'avance en âge . La canaille dira que je suis un insolent vieillard.
Loin de Lully de Rameau et de Gluck, mais bon, chaque siècle a la musique qu'il mérite :
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Insolent, soit !
Vieillard ? A voir !
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http://www.deezer.com/listen-3192493 : ça gratte !
http://www.deezer.com/listen-6910097 : tristounet !
http://www.deezer.com/listen-4454309 : voyez donc ce vieillard .
Mon préféré : Le petit vieillard qui chantait mal : http://www.deezer.com/listen-3832989
« A Jean Le Rond d'Alembert
13è novembre 1772
Mon cher et grand philosophe, mon véritable ami, j'ai reçu par une voie détournée, une lettre que je n'ai pas cru d'abord être de vous, parce que voici la saison où je perds la vue selon mon usage. Je ne savais pas d'ailleurs que vous fussiez l'ami de Madame de Geoffrin. Je vous en félicite tous deux. Mais mettez dorénavant un D au bas de vos lettres, car il y a quelques écritures qui ressemblent un peu à la vôtre, et qui pourraient me tromper. Il est vrai que personne ne vous ressemble, mais n'importe, mettez toujours un D.
Pour vous satisfaire sur votre lettre vous et Mme de Geoffrin, il faut d'abord vous dire que je brochai il y a un an Les Lois de Minos i, que vous verrez siffler incessamment. Dans ces Lois de Minos le roi Teucer dit au sénateur Mérione :
Il faut changer de lois, il faut avoir un maître.
Le sénateur lui répond :
Je vous offre mon bras, mes trésors et mon sang,
Mais si vous abusez de ce suprême rang,
Pour fouler à vos pieds les lois de la patrie,
Je la défends, Seigneur, au péril de ma vie.
Etc.
C'était le roi de Pologne qui devait jouer ce rôle de Teucer, et il se trouve que c'est le roi de Suède qui l'a joué ii.
Quoi qu'il arrive, je me trouve d'accord avec madame de Geoffrin dans son attachement pour le roi de Pologne, et dans son estime pour M. le comte d'Hessinsten iii. Mais je l'avertis que Mérione n'est qu'un petit fanatique et qu'il n'a pas la noblesse d'âme de son Suédois. J'admire Gustave III, et j'aime surtout passionnément sa renonciation solennelle au pouvoir arbitraire. Je n'estime pas moins la conduite noble et les sentiments que M. le comte d'Hessinsten. Le roi de Suède lui a rendu justice, la bonne compagnie de Paris, et les Welches mêmes la lui rendront. Pour moi je commence par la lui rendre très hardiment.
Je vous envoie, mon cher ami, l'Épitre à Horace. Cette copie est un peu griffonnée, mais c'est la plus correcte de toutes. Je deviens plus insolent à mesure que j'avance en âge iv. La canaille dira que je suis un insolent vieillard.
André Ganganelli a heureusement assez d'esprit pour ne point croire que la Lettre de l'abbé Pinzo soit de moi v; un sot pape l'aurait cru et m'aurait excommunié. On ne connait point cet abbé Pinzo à Rome . C'est apparemment quelque aventurier qui aura pris ce nom et qui aura forgé cette aventure pour attraper de l'argent aux philosophes. Il m'a passé quelquefois de pareils croquants par les mains.
Le roi de Prusse vient de m'envoyer un service de porcelaine de Berlin qui est fort au dessus de la porcelaine de Saxe et de Sèvres vi. Je crois que Dantzic en paiera la façon vii.
Adieu, vous verrez le beau tapage le jour des Lois de Minos. Il y a encore des gens qui croient que c'est l'ancien parlement qu'on joue viii. Il faut laisser dire le monde. Les Fréron et La Beaumelle auront beau jeu ix.
Bonsoir, madame Denis vous fait les plus tendres compliments ; faites les miens , je vous prie, à M. le marquis de Condorcet ; et surtout dites à Mme de Geoffrin combien je lui suis attaché. »
i On trouve le récit de la naissance de la pièce dans la lettre à d'Argental du 19 janvier 1772, écrite du 18 décembre 1771 au 12 janvier 1772.
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/01/19/6...
http://www.voltaire-integral.com/Html/07/04MINOS.html
ii Il écrira à Frédéric le 8 décembre : « ... comme les confédérés de Crète ont quelque ressemblance avec ceux de Pologne, et encore plus avec ceux de Suède, je prendrai la liberté de mettre à vos pieds la soporative tragédie... » ; Gustave III de Suède a rétabli par un coup d'État, le 19 août, la prépondérance du pouvoir royal, limitant et délimitant les pouvoirs du sénat et de la diète ; il rétablit l'unité et fut un monarque éclairé , Cf. lettre à d'Alembert du 16 septembre.
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/16/m...
et page 66 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5720930g.image.r=f%...
iii Frédéric-Guillaume de Hessenstein, 1735-1808, fils naturel de Frédéric de Suède et de Hedwig von Taube ; il écrira à Mme Geoffrin en la nommant « maman » ; ce paragraphe sera presque intégralement publié dans le Mercure de France de février 1773 à la demande du comte d'Hessenstein.
Voir page 67 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5720930g.image.r=f%...
iv Le 4 novembre il écrivit à Mme du Deffand à propos de cette Epître : « Le roi de Prusse sera peut-être mécontent que j'aie dit un mot à Horace de mes tracasseries de Berlin, dans le temps où il me fait mille agaceries et mille galanteries. Les dévots feront semblant d'être en colère de la manière honnête dont je parle de la mort. L'abbé Mably sera fâché »
A d'Argental, le 11 novembre : « Il faut se consoler et croire qui ni le roi de Prusse ni Ganganelli ni l'abbé Grizel ni l'avocat Marchand ne me persécuteront pour cette honnête plaisanterie. »
V* répond aussi dans cette Épître à la Réponse de Boileau de Clément (de Dijon, que V* nommait « Clément l'inclément ») qui est elle-même une réponse à l'Épitre à Boileau de V*.
http://www.theatre-classique.fr/pages/theorie/VOLTAIRE_EP...
v Voir lettre de d'Alembert du 16 septembre.
vi Le manuscrit porte « Sève ».
vii Dantzig, ville libre n'était pas comprise dans le partage de la Pologne en faveur de Frédéric.
viii Condorcet écrira le 22 novembre à Turgot : « On va bientôt jouer Les Lois de Minos ; c'est, dit-on, l'apologie de M. le chancelier. Il est vrai que Minos chasse les hypocrites et les fanatiques qui faisaient des sacrifices de sang humain, et que les gens chassés par M. Maupéou ont bien quelque chose d'approchant à se reprocher. »
ix V* parlera le 2 décembre de « la cabale fréronique et beaumellique qui prépare, dit-on, ses batteries avec tout l'art de la guerre. »
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