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27/11/2010

J'aimerais mieux être nègre que Portugais

 

Lettre écrite le 30 jullet 2011 pour parution le 27 novembre 2010 .

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, maréchal duc de Richelieu

 

A Ferney 27 novembre 1761

 

Vous donnez, Monseigneur, quatre-vingt-deux ans à Malagrida aussi noblement que je faisais Cerati 1 confesseur d’un pape . Malagrida n'avait que 74 ans 2. Il ne commit point tout à fait le péché d'Onan. Mais Dieu lui donnait la grâce de l'érection ; et c'est la première fois qu'on a fait brûler un homme pour avoir eu ce talent . On l'a accusé de parricide 3, et son procès porte qu'il a cru qu'Anne, mère de Marie, était née impollue, et qu'il prétendait que Marie avait reçu plus d'une visite de Gabriel 4. Tout cela fait pitié, et fait horreur . L’Inquisition a trouvé le secret d'inspirer de la compassion pour les jésuites . J'aimerais mieux être nègre que Portugais . Eh ! misérables, si Malagrida a trempé dans l'assassinat du roi, pourquoi n'avez vous pas osé l'interroger, le confronter , le juger , le condamner ? Si vous êtes assez lâches, assez imbéciles pour n'oser juger un parricide, pourquoi vous deshonorez-vous en le faisant condamner par l'Inquisition pour des fariboles ?

 

On m'a dit, Monseigneur, que vous aviez favorisé les jésuites à Bordeaux . Tâchez d'ôter tout crédit aux jansénistes et aux jésuites et Dieu vous bénira .

 

Mais surtout persistez dans la généreuse résolution de délivrer les comédiens qui sont sous vos ordres, d'un joug, et d'un opprobre qui rejaillit sur tous ceux qui les emploient . Otez-nous ce reste de barbarie malgré maître Le Dain, et malgré son discours prononcé du côté du greffe 5.

 

Le polisson qui a fait le Testament du maréchal de Belle-Isle mériterait un bonnet d'âne 6.

 

Quelles omissions avez-vous donc faites dans une convention de Closterseven 7? On n'en fit qu'une ; ce fut de ne la pas ratifier sur-le-champ .

 

Ce n'est pas que je suis fâché contre le faiseur du Testament qui prétend que j'aurais été mauvais ministre . A la façon dont les choses se sont passées quelquefois, on aurait pu croire que j'avais grande part aux affaires .

 

Qu'on pende le prédicant Rochette, ou qu'on lui donne une abbaye, cela est fort indifférent pour la prospérité du royaume des Francs . Mais j'estime qu'il faut que le Roi lui fasse grâce 8. Cette humanité le fera aimer de plus en plus . Et si c'est vous, Monseigneur , qui obtenez cette grâce du Roi, vous serez l'idole de ces faquins de huguenots . Il est toujours bon d'avoir pour soi tout un parti .

 

Je joins au chiffon que j'ai l'honneur de vous écrire, le chiffon de Grizel 9. Il faut qu'un premier gentilhomme de la chambre ait toujours un Grizel en poche pour l'inciter doucement à protéger notre tripot dans ce monde-ci et dans l'autre . Agréez toujours mon profond respect .

 

V. »

 

1 Cerati était confesseur du conclave et no, à proprement parler le confessseur de Clément XII ; V* laissa cependant subsister cette erreur dans son commentaire sur Corneille (à propos d ela dédicace de Théodore )  voir lettre à Mlle Clairon du 7 août 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/07/introduire-dans-la-piece-de-sophocle-une-partie-carree-d-ama.html#more

2 Soixante-douze en réalité ; il avait été exécuté au cours d'un autodafé le 21 septembre . Cet autodafé sert de point de départ au Sermon du rabbin Akib que V* vient de composer .

http://www.voltaire-integral.com/Html/24/44_Rabbin.html

3 Le roi du Portugal ne fut que blessé le 4 septembre 1758 ; Malagrida fut alors emprisonné bien que les jésuites n'aient pas participé, du moins directement , à l'attentat ; puis il fut relâché .

4 Malagrida fut à nouveau emprisonné et condamné, officiellement pour avoir écrit la Vie de sainte Anne, et la Vie de l'Antéchrist .

http://www.cosmovisions.com/Malagrida.htm

5 Sur la polémique concernant l'excommunication des comédiens, voir lettre du 6 mai à Le Brun : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/12/des-lors-il-devint-ingrat-cela-est-dans-la-regle.html

du 31 mai à Damilaville et Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/05/30/il-faut-defendre-les-vivants-et-les-morts-contre-les-gens-d.html

du 7 août à Mlle Clairon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/07/introduire-dans-la-piece-de-sophocle-une-partie-carree-d-ama.html

En ce qui concerne le rôle de Richelieu, V* pense sans doute comme il l’écrivait à Mlle Clairon le 27 août, qu'il « sera très aisé aux premiers gentilshommes de la chambre de guérir (la) blessure » , car « il y a une ordonnance du roi ... » : page 329 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800358/f335.image.r=.langFR

6 Le Testament politique du maréchal de Belle-Isle , 1761, de François-Antoine Chevrier qui écrivait dans sa préface que le père Griffet avait réfuté les doutes de V* concernant l'authenticité du Testament du cardinal de Richelieu .

7 Suivant laquelle les troupes de Hanovre et de Brunswick commandées par le duc de Cumberland capitulaient devant Richelieu en septembre 1757, et se retiraient ; elle fut rompue avant d'être ratifiée ; sur ces négociations de paix avec l'Angleterre, voir lettre du 14 septembre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/13/ah-pauvres-francais-rejouissez-vous-car-vous-n-avez-pas-le-s.html

8 Ce même jour, V* écrit à Ribote-Charron de Montauban à propos de cette affaire : « M. le maréchal de Richelieu me mande … qu'il ne peut rien pour votre ministre et pour ses adhérents tant qu'ils seront entre les mains du parlement de Toulouse . J'ose me flatter de la clémence du roi lorsque l'affaire sera jugée . Vous ne pouvez pas douter … qu'on ne soit très indigné à la cour contre les assemblées publiques . On vous permet de faire dans vos maisons tout ce qui vous plait … Jésus-Christ a dit qu'il se trouverait toujours entre deux ou trois personnes assemblées en son nom, mais quand on est trois ou quatre mille, c'est le diable qui s'y trouve . » Le pasteur Rochette fut pendu en février 1763 .

9 Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé de Grizel  : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k728828/f3.image ;

voir les lettres du 6 mai à Le Brun (ci-dessus, note 5) et 11 novembre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/11/nous-nous-ramentevons-ici-qu-il-y-a-six-semaines-en-ca-que-n.html

 

 

 

 

Un temps viendra où les tracasseries de la comédie seront finies

 Lettre rédigée le 29 juillet 2011 pour parution le 27 novembre 2010 .

 

Les-Petites-Tracasseries ELX.jpg

Petites tracasseries !

jolies ...

 Voir d'autres oeuvres sur :  http://elixum.over-blog.fr/

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

27è novembre [1765]

 

Je dois dire , ou répéter, à mes anges, que quand je leur ai envoyé un plan 1, qui n'est pas un plan de tragédie, je n'ai pris cette liberté que parce que plusieurs personnes des deux partis m'en avaient prié 2. J'ajoute encore que je n'ai mis par écrit mes idées que pour donner à M. Hennin 3 des notions préliminaires de l'état des choses . M. Fabry, dont j'ai déjà eu l'honneur de vous parler, et qui est à peu près chargé des affaires par intérim, m'a paru être de mon avis dans les conversations que j'ai eues avec lui . Ce qui pourrait me faire croire que j'ai rencontré assez juste, c'est qu'ayant proposé en général le nombre de sept cents citoyens, pour exiger une assemblée du corps entier de la république, ce nombre a paru trop fort aux citoyens, et trop petit aux magistrats . Par conséquent il ne s'écarte pas beaucoup du juste milieu que j'ai proposé, puisque l'assemblée générale n'est presque jamais composée que de treize cents tout au plus, et qu'il n'y a qu'un seul exemple où elle ait été de quatorze cents.

 

Mes remontrances à Lekain deviennent inutiles après l'édition faite d'Adélaïde 4, ainsi n'en parlons plus . Un temps viendra où les tracasseries de la comédie seront finies comme celles de Bretagne 5, et où le petit ex-jésuite pourra revenir à ses Roués 6; mais pour moi je serai toujours à mes anges avec respect et tendresse .

 

V. »


1 Le « petit plan de pacification » qui deviendra les Propositions à examiner pour apaiser les divisions de Genève et les Réflexions sur les moyens proposés pour apaiser les troubles de la ville de Genève .

2 Le 25 novembre le Conseil avait décidé d'envoyer Lullin, secrétaire d'Etat, chez V* dire : « le plus honnêtement qu'il pourra que le Conseil n'est en aucune façon disposé à transiger sur la constitution de la république et qu'il rompe le plus civilement qu'il sera possible toute négociation .»

3 Pierre-Michel Hennin va venir à Genève en remplacement de Montpéroux, résident défunt .

4 Le 25 novembre, V* envoyait à Lekain une ancienne et « meilleure » leçon pour deux vers ; le 16, il lui avait demandé d'indiquer dans l'errata que quatre vers devaient être supprimés . Le 29 , en lui accusant réception de l'édition, il lui reprochera « beaucoup de fautes qui ne sont point corrigées dans l'errata. »

5 Celles du parlement de Bretagne : en rapport avec le jugement de La Chalotais . Plutôt que d'accorder au roi les impôts demandés, le parlement de Rennes, soutenant les nobles des États de Bretagne, avait presque en entier donné sa démission le 20 mai 1765, applaudi par le peuple . Le 11 novembre, La Chalotais, procureur général au parlement, son fils et trois conseillers avaient été arrêtés . Le parlement de Paris fera des remontrances au roi qui ira le sermonner et le menacer le 3 mars 1766 .

Voir : http://www.infobretagne.com/parlement-bretagne.htm

6 Octave ou Le Triumvirat, qui est censé être écrit par le « petit ex-jésuite »

http://www.voltaire-integral.com/Html/06/03TRIUMV.htm

Je promets à Votre Majesté que tant qu'elle me fera la grâce de me loger aux châteaux, je n'écrirai contre personne

autographe volti 1750.jpg

Je te promets : http://www.deezer.com/listen-3143598

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                                      Mais finalement, Je n'te promets rien (ainsi devait penser Volti en son fors intérieur ):

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Je préfère de beaucoup l'écriture de Volti,( -comme dans cette lettre à Marie-Louise ):

http://www.christies.com/lotfinder/lot_details.aspx?intOb...  -,

à celle de Frédéric II : voir

http://www.museedeslettres.fr/public/detail_oeuvre.php?id...

(et ne parlons pas de celle de JJ R. qui me tire les yeux hors de la tête ) : chercher Rousseau sur : http://rde.revues.org/index4152.html

NDLR - Tiré à part : 

En oiseau de nuit, je suis revenu sur lien mis dans les favoris il y a quelques mois, Dailymotion , et ai renoué avec France Inter . Je ne le regrette pas, car le hasard faisant bien les choses, je suis tombé sur ceci :

http://www.dailymotion.com/video/xf5ihe_justice-or-not-ju...

et je vous laisse deviner ce qui m'a plu avant même le premier mot du journaliste ! Je compte bien continuer à l'écouter .

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

Je promets à Votre Majesté que tant qu'elle me fera la grâce de me loger aux châteaux, je n'écrirai contre personne, soit contre le gouvernement de France i, contre les ministres, soit contre d'autres souverains, ou contre des gens de lettres illustres envers lesquels on me trouvera rendre les égards qui leur sont dus ii. Je n'abuserai point des lettres de Sa Majesté et je me gouvernerai d'une manière convenable à un homme de lettres qui a l'honneur d'être chambellan de Sa majesté, et qui vit avec des honnêtes gens.

 

Fait à Potsdam ce 27 novembre 1752 iii.

 

 

J'exécuterai, Sire, tous les ordres de Votre Majesté et mon cœur n'aura pas de peine à lui obéir. Je la supplie encore une fois de considérer que jamais je n'ai écrit contre aucun gouvernement, encore moins contre celui sous lequel je suis né, et que je n'ai quitté que pour venir achever ma vie à vos pieds. J'ai été historiographe de France, et en cette qualité j'ai écrit l'histoire de Louis XIV et celle des campagnes de Louis XV que j'ai envoyées à M. d'Argenson iv. Ma voix et ma plume ont été consacrées à ma patrie, comme elles le sont à vos ordres. Je vous conjure d'avoir la bonté d'examiner quel est le fond de la querelle de Maupertuis, je vous conjure de croire que j'oublie cette querelle puisque vous me l'ordonnez. Je me soumets sans doute à toutes vos volontés. Si Votre Majesté m'avait ordonné de ne me point défendre v, et de ne point entrer dans cette dispute littéraire, je lui aurais obéi avec la même soumission. Je la supplie d'épargner un vieillard accablé de maladies et de douleurs, et de croire que je mourrai aussi attaché à elle que le jour où je suis arrivé à sa cour.

 

Voltaire. »

 

i Après avoir mentionné cette déclaration, le Journal de la Librairie ajoute : « Il faut apparemment qu'il ait fait quelque ouvrage pour ce pays-ci. », ce qui fit en France l'effet désiré par Frédéric. C'est apparemment un des raisons qui ont empêché l'installation de V* en France à son retour.

ii A Koenig, le 17 novembre, V* écrit une lettre ostensible où il se déclare convaincu par son Appel au public et il condamne les menées de Maupertuis et ridiculise les suggestions faites par celui-ci dans ses Œuvres .On vient, le 27, de découvrir que V* a envoyé à l'imprimeur le 25, la Diatribe du Docteur Akakia (imprimeur Luzac à Leyde).

iii Toute cette première partie est de la main du roi.

iv Envoi du 3 octobre 1752.

v Évocation de la « calomnie » de Maupertuis disant au roi de Prusse que V* aurait déclaré que Frédéric lui donnait son linge sale ( ses œuvres ) à blanchir ; cf. lettre à d'Argental du 26 février 1753 .

26/11/2010

Il faut vouloir ce qu'on ne peut empêcher.

 Moustapha du XXIè siècle, peu glorieux : http://www.deezer.com/listen-5500238

 mustapha3.jpg

 

 

 

 

 

 

 

« A Catherine II, impératrice de Russie

 

A Ferney 26 novembre 1770

 

Madame,

 

Il faut vouloir ce qu'on ne peut empêcher. Je vois qu'on obligera ce gros Moustapha à vous demander la paix. Mais au nom de Jésus-Christ notre Sauveur faites-la lui payer bien cher. Quand Votre Majesté Impériale sera devenue son amie, je l'appellerai Sa Hautesse. On a débité qu'il voyait familièrement l'ambassadeur d'Angleterre deux fois par semaine et qu’il lui parlait en italien i; j’ai bien de la peine à le croire : les Turcs apprennent l’arabe tout au plus. Je connais des souveraines fort supérieures en tout aux Moustapha, qui parlent plusieurs langues en perfection ; mais pour le padischa de Stamboul, je doute fort qu’il ait ce mérite, et qu’il ait chez lui une académie.

 

         On dit aussi qu’il va confier ses armées invincibles à son frère, ce qui contredit un peu les desseins pacifiques qu’on lui attribue . Mais son frère en sait-il plus que lui ? et puisqu’il est padischa, pourquoi ne commande-t-il pas ses armées lui-même ?

 

         Je m’imagine qu’il tremblerait de peur devant l’un des quatre Orlof, qui valent mieux que les quatre fils Aymon, et qui sont des héros plus réels.

 

Je plains beaucoup plus l’anarchie polonaise que l’insolence ottomane : toutes les deux sont dans la détresse qu’elles méritent. Vive le roi de la Chine, qui fait des vers ii, et qui est en paix avec tout le monde !

 

         J’avoue à Votre Majesté que je déteste le gouvernement papal iii. Je le trouve ridicule et abominable ; il a abruti et ensanglanté la moitié de l’Europe pendant trop de siècles. Mais le Ganganelli qui règne aujourd’hui est un homme d’esprit, qui sent apparemment combien il est honteux de laisser la ville de Constantin à des barbares, ennemis de tous les arts, et qu’il faut préférer des Grecs, quoique schismatiques, à des mahométans. Le roi de Sardaigne , qui a des droits à l’île de Cipre iv, n’aime point ces barbares. Mais, encore une fois, je ne comprends pas l’indifférence des Vénitiens, qui pourraient reprendre Candie en trois mois ; encore moins l’impératrice-reine v, à qui Belgrade, la Bosnie, et la Servie, étaient ouvertes. On est devenu bien modéré avec les Turcs, et bien honnête.

 

         Pardon, Madame, de mes réflexions ; mais vous avez daigné m’accoutumer à dire ce que je pense, et on pardonne tout aux grandes passions.

 

Que Votre majesté Impériale daigne agréer toujours le profond respect et l'attachement inviolable du vieil ermite de Ferney. »

 

 

 

 

 

 

i Réponse de Catherine le 12/23 décembre disant « qu'aucun ministre étranger ne voit le sultan que dans les audiences publiques » et que « Moustapha ne sait que le turc. » Cf. lettre 68 de : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

ii Cf lettre à Thiriot du 26 novembre ; cf. : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/24/s...

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iii Le 9/20 octobre Catherine écrivit : « Je trouve qu'il n'y a que le pape et le roi de Sardaigne qui aient du mérite en Italie. » ; cf. lettre 59 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

 

 

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iv Le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel III, prenait automatiquement le titre de roi de Chypre.

 

 

 

 

 

v Marie-Thérèse d'Autriche.

je tâche de me corriger, moi et mes ouvrages, dans un âge où l'on prétend qu'on est incapable de tout

 

Note écrite le 31 juillet 2011 pour parution le 26 novembre 2010 .

 

 

 

« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville

rue de Beaune à Paris

 

26è novembre 1777

 

Je dois autant de reconnaissance que d'estime au vrai Baron 1, plus connaisseur que Baron . Nous sommes encore bien loin de livrer Irène aux bêtes féroces du parterre de Paris . Mais j'ai eu le temps de remédier aux très grands défauts que vous aviez trouvés au second acte, quand on vient annoncer au prince Alexis Comnène en présence d'Irène qu'il est mandé par l'empereur 2. C'est assurément un coup de théâtre qui méritait qu'Alexis en parlât avec plus d'étendue . Je n'ai pas manqué d'envoyer cette addition à l'ange exterminateur, redevenu l'ange sauveur 3.

 

Permettez-moi de résister obstinément aux autres critiques qui sont trop contraires à l'esprit dans lequel j'ai fait Irène . J'avais tenté d’abord de rendre son mari tout à fait odieux, afin de la justifier . Je m'aperçus bien vite qu'alors elle devenait ridicule de s'obstiner à être fidèle, et de se tuer très sottement pour ne pas manquer à la mémoire d'un méchant homme . J'ai vu évidemment qu’il faut avoir quelque reproches à se faire pour qu'on soit bien reçue à se tuer entre son père et son amant .

 

A l'égard de la catastrophe, il faut bien se donner de garde de l'allonger . Le parterre s'en va dès que l'héroïne est morte . Il ne faut que le spectacle attendrissant de l'amant et du père qui disent chacun deux mots aux genoux de la mourante ; Omne supervacuum pleno de pectore manat 4.

 

L'ascendant d'un vieillard fanatique sur une enfant, c'est à dire sur une fille, et non pas sur un garçon, ne peut fournir aucune allusion . Vous savez bien qu'il n'y a dans votre pays aucun fanatique qui gouverne sa fille enfant .

 

Mon imagination décrépite est d'ailleurs aux ordres de votre critique judicieuse, et mon cœur est encore plus aux ordres de votre cœur . Vous vous êtes heureusement corrigé de l'habitude affreuse de m'écrire deux fois par an quatre mots indéchiffrables qui ne signifiaient rien . Cela est bon pour la petite poste de Paris pour avertir un homme oisif qu'il est prié à souper chez une femme oisive, avec des gens qui n'ont rien à faire , ni à dire . Je n'ai pas un moment à moi dans la journée ; je suis accablé de travaux incroyables, de maladies et d'années, et cependant je trouve encore des moments pour raisonner avec vous , pour vous dire que je vous aime tendrement, surtout quand vous secouez avec moi votre paresse, et je viendrai vous voir si je puis jamais supporter le voyage, et si je ne meurs point en chemin . Mais la destinée m'a toujours contredit . Nous formons des projets avec Mme Denis, avec M. et Mme de Villette, nous arrangeons ces projets à midi et nous en découvrons toutes les impossibilités à deux heures . Cette Mme Denis vous écrit à la fin . Vous voyez bien qu'on n'est pas incorrigible . Pour moi je tâche de me corriger, moi et mes ouvrages, dans un âge où l'on prétend qu'on est incapable de tout . Je n'en crois rien . Si j'avais fait une faute à cent ans, je voudrais la réparer à cent un . Adieu ; si j'avais tort de vous aimer, je ne m'en corrigerais pas .

 

V. »

3 D'Argental .

4 Tout ce qui est surabondant est un trop-plein pour l'esprit et s'en échappe .

25/11/2010

Si vous connaissez des gens qui veuillent de belles montres à bon marché, adressez-vous à la fabrique de Ferney

 

 

 

 

Des montres comme celle-ci ? http://www.deezer.com/listen-3103246

 

montre ceret louis dufour pierre 1770 à ferney louvre.jpg

 Auriez-vous l'heure ?

 

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Une discrète allusion au corps malade de Volti : http://www.deezer.com/listen-7198228

A ras le bitume, C'est l'heure : http://www.deezer.com/listen-3770581

Mais au fait Quelle heure est-il ? :  http://www.deezer.com/listen-776606

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot



A Ferney 26 novembre [1770]



J'ai répondu à M. de Salies à son adresse. Voici, mon ancien ami, un rogaton qui pourra vous amuser 1.Vous connaissez sans doute l'Eloge de Moukden en vers par le roi de la Chine 2.Vous verrez dans la réponse l'éloge de mon pays.



Je crois que voici le temps de donner Ninon et Gourville 3.



Si vous connaissez des gens qui veuillent de belles montres à bon marché, adressez-vous à la fabrique de Ferney. J'y ai accueilli les meilleurs artistes de Genève au nombre de trente familles 4. Vale et me ama.

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1  Epître au roi de la Chine.

Page 261 : http://books.google.fr/books?id=hh7rAAAAMAAJ&pg=PA261...

 

2  Eloge de la ville de Moukden et de ses environs ... On y a joint une pièce de vers sur le thé de Kien Long, ce poème a été traduit en prose.

http://books.google.at/books?id=8WwTAAAAQAAJ&printsec...

 

 

24/11/2010

vous verrez ce que peut encore un jeune homme de quatre-vingt et un ans, quand il veut vous amuser et vous plaire

 

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Blaireau des Alpes : j'ai du mal à reconnaitre en lui Volti qui n'était vraiment pas si rondouillard, ni si poilu . Par contre leur point commun est de se réfugier loin du froid, dans une tanière, fût-elle un château.

Je signale en passant que le château de Volti à Ferney-Voltaire peut se visiter en période hivernale par groupes constitués et sur réservation ( voir le lien ci-contre ). A tous ceux qui auront la chance de faire cette visite, je conseille de mettre une doudoune car souvent il fait plus chaud dehors que dans le château. Mais votre jeune guide saura vous réchauffer par sa verve.

 Gentillet, limite cucul , -comme une chanson de Patrick Sébastien-, mais bon , c'est rythmé et ça réchauffe: http://www.deezer.com/listen-7597940

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Réaliste ? : http://www.deezer.com/listen-2486481 (tranche de vie avec au passage un petit coup de griffes sur les curés ! promis, juré ce n'était pas prémédité !!)

Dédié à tous ceux qui ne lisent plus que Voici ou Olla et les accros des reality shows : http://www.deezer.com/listen-2635319

Et n'oublions pas que les blaireaux ne sont pas seulement européens, outre-atlantique aussi on en trouve, aucun pays n'y échappe, cette espèce à deux pattes à su s'adapter à tous les climats . J'adore cette chanson et je vous souhaite bien des rires à cette écoute : http://www.deezer.com/listen-6942894

Vous voyez/entendez que le blaireau inspire encore au XXIè siècle !

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

24 novembre 1774

 

Mon cher ange, il faut premièrement que madame d'Argental affermisse sa santé contre la rigueur de l'hiver ; pour moi, je ne sors de ma chambre que quatre mois. Tout ce que je crains, c'est de mourir avant que l'affaire du jeune homme si digne de vos bontés soit entamée . Il faut avoir toutes les pièces du procès sans en excepter une, après quoi on prendra le parti que votre prudence et celle des autres sages jugeront le plus convenable. J'écris à Mme la duchesse d'Anville i. Je vous prie de lui demander à voir ma lettre, et de me dire si la vivacité de ma jeunesse ne m'a pas emporté un peu trop loin. Elle pardonnera sans doute à un cœur sensible aussi pénétré de sa générosité que des abominables horreurs dont je lui parle. Je vais écrire à Mme du Deffand ii, j'écrirai aussi à M. Goltz iii. M. de Condorcet dit qu'il aura les pièces à Paris. Je fais mille efforts pour les avoir à Abbeville ; ce que j'ai n'est pas suffisant, et on ne peut rien hasarder sans ce préalable.

 

M. Turgot nous protègera et certainement nous ne le compromettrons point. J'aimerais mieux mourir (et ce n'est pas coucher gros iv) que d'abuser de son nom et de ses bontés ; il doit en être persuadé, et quand mon cher ange le verra, il le confirmera dans cette sécurité.

 

Si vous me demandez ce que je fais dans les intervalles que me laisse cette épineuse et exécrable affaire, vous le saurez bientôt, mon cher ange, et vous verrez ce que peut encore un jeune homme de quatre-vingt et un ans, quand il veut vous amuser et vous plaire v.

 

Je ne sais si d'Hornoy dans ces commencements aura le temps vi de prendre des mesures avec vous pour la résurrection de notre jeune homme vii. Rien ne presse encore ; il faut attendre que la procédure arrive. Vous croyez bien que je ne paraitrai pas m'en mêler ; mes services secrets sont nécessaires ; mais mon nom est à craindre.

 

Je voudrais bien que vous pussiez rencontrer M. le marquis de Condorcet et causer avec lui sur cet évènement infernal.

 

Quoi qu'il en arrive, cette entreprise coûtera beaucoup et a déjà coûté, mais on ne peut mieux employer son argent. Vous m'avez mis par votre attention charmante viii en état de faire ce que l'humanité exige de moi. Plût à Dieu que M. le maréchal de Richelieu voulût en user comme vous ! Il me doit beaucoup. Son intendant me mande que l'affaire de Mme de Saint-Vincent l'empêche de me soulager . Cette affaire est bien désagréable. Il valait peut-être mieux s'accommoder avec la famille pour quelque argent, ce qui eut été très facile, que de s'exposer à soixante-dix-huit ans aux discours du tout Paris et de l'Europe, et surtout de plusieurs gens de lettres très accrédités qui se plaignent de lui, et qui ne pardonnent point. Cela me fâche ix. Le marquis de Vence l'appelle dans ses lettres l'antique Alcibiade ; c'est un nom que je lui avais donné dans mes goguettes, quand il n'était point antique x. Le sarcasme retombe un peu sur moi, et cela me fâche encore.

 

Les Enquêtes de Paris sont fâchées aussi, mais la Grand'chambre doit être bien aise. Le Grand conseil me parait demander de petites modifications nécessaires.

 

Je me trouve entre mon neveu Mignot et mon neveu d'Hornoy xi. je les aime tous les deux parce qu'ils ont tous deux l'âme très honnête. J'aime la besogne de M. de Maurepas dans cet arrangement difficile. Il a rempli les vœux du public, et en rétablissant le parlement, il n'a donné aucune atteinte à l'autorité royale xii. Voilà certainement l'aurore d'un beau règne. M. de Maurepas commence mieux que le cardinal de Fleury xiii. C'est qu'il a plus d'esprit , qu'il est plus gai , et qu'il n'est point prêtre.

 

On dit que Henri IV va paraître à la fois à la Comédie italienne et à la Française, comme sur le Pont-Neuf xiv. La nation sera toujours très drôle et il est bon de laisser en cela ses coudées franches.

 

Adieu, mon cher ange, le grand point est que madame d'Argental se porte bien. Je fais mille voeux pour sa santé, mais à quoi bon les vœux d'un blaireau des Alpes peuvent-ils servir ? Ceux de l'univers entier ne servent pas d'un clou à soufflet . »

 

 

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i V* écrit à cette dame le 26 : « J'ai appris par M. d'Argental l'action généreuse que vous daignez faire ... Le jugement atroce qui ne passa que de deux voix est mille fois pire que celui des Calas. Il n'y avait certainement pas de quoi fouetter un page ... Un seul homme détermina les juges à être assassins et cannibales, afin de passer pour chrétiens ... je suis persuadé que vous toucherez M. le comte de Maurepas ... Je me jette à vos pieds au nom de l'humanité ... »

Page 269 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

Mme la duchesse d'Anville vue par Boissieu, qui visita Ferney en 1765 : http://www.whitman.edu/VSA/visitors/Boissieu.html

 

ii Ce jour même : « ... le principal sujet de ma lettre est de vous remercier ... de l'humanité ...avec laquelle vous êtes entrée dans l'affaire dont M. d'Argental vous a parlé. Il me mande que vous voulez bien la solliciter auprès de Mme la duchesse d'Anville. Je sais qu'elle n'attend pas qu'on la prie ... Les éloges que vous donnerez à sa belle action seront sa récompense... »

Page 266 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

 

iii Envoyé de Prusse ; d'Etallonde étant entré au service du roi de Prusse, celui-ci a promis le 8 octobre d'en faire parler favorablement par son envoyé au nouveau ministre français ; le 18 novembre, il informait V* des bonnes intentions qu'avaient manifesté le vice-chancelier de Vergennes et ajoutait que « cette affaire sera suivie par M. de Goltz ». Le 7 décembre, V* écrit à Goltz : « ... je me flatte que le nom du roi votre maître suffise, avec vos bons offices, pour obtenir la justice qu'on demande. S'il nous est impossible de retirer du greffe (les pièces du procès) nous pourrions alors vous conjurer d'engager M. le comte de Vergennes [ministre des affaires étrangères] à demander la communication de ces pièces à M. le garde des sceaux, et nous saurions enfin précisément ce que nous devons demander. »

Page 271 : http://books.google.be/books?id=eSAQAAAAYAAJ&pg=PA271...

 

iv= risquer gros .

 

v Édition proche de Dom Pèdre dans les premiers jours de 1775 ; le 9 décembre il reparle de cet ouvrage en disant qu'il l'enverra dans six semaines.

Page 105 : « Il est très inutile de savoir quel est le jeune auteur de cette tragédie nouvelle ... » :

http://books.google.be/books?id=yU40AAAAMAAJ&pg=PA105&lpg=PA105&dq=dom+p%C3%A8dre+voltaire&source=bl&ots=50Q-gpJbzc&sig=PlIniSt8L_qe3AgZw_DDPa7CxSk&hl=fr&ei=adjrTLXpPIWk4AbngZmaAQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CBoQ6AEwAQ#v=onepage&q&f=false

 

vi Il y avait neuf édits à mettre au point ; l'ancien parlement avait été rétabli par lit de justice du 12 novembre 1774 et d'Hornoy était entré en fonction ; cf. lettre à d'Hornoy du 20 novembre .

 

vii D'Etallonde, qui avait été brûlé en effigie après avoir réussi à fuir.

 

viii En payant sa dette de 10 000 livres ce dont V* le remerciait le 10 octobre.

Page 803 : http://books.google.be/books?id=sSsTAAAAQAAJ&pg=PA803...

 

ix« Fâcher » = affliger .

Le 28 novembre, V* engage Richelieu à faire paraître un Mémoire .

Cf. lettre du 5 septembre à d'Argental.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/05/24-jour-de-la-st-barthelemy-je-ne-sais-par-quelle-fatalite-s.html

Le marquis de Vence est le père de Mme de Saint-Vincent.

 

x Dans l'épître à Pallu datée de Plombières en août 1729.

Page 60 : http://books.google.be/books?id=o8o_AAAAcAAJ&pg=PA63&...

 

xi Mignot appartenait au parlement de Maupéou et d'Hornoy à l'ancien parlement. L'ancien parlement vient d'être rétabli le 12 novembre . L'abbé Mignot redevient conseiller clerc au Grand conseil qui vient d'être restauré lui-aussi. Les Enquêtes = la Grande chambre des enquêtes .

Les chambres des requêtes viennent d'être supprimées.

 

xii Le public a applaudi le retour de l'ancien parlement, symbole des libertés. En rétablissant le parlement dissous par Maupéou et supprimant les Conseils supérieurs qui en réduisaient le ressort, le gouvernement a pris certaines précautions. Il donne les offices du Grand conseil rétabli aux titulaires des offices créés en 1771 et supprimés maintenant, et surtout limite les privilèges du Parlement. Si pour forcer la main au roi il suspendait la justice, le Grand conseil se substituerait à lui ; en cas de démissions concertés, les démissionnaires seraient jugés par une cour pleinière. Le parlement rétabli va d'ailleurs faire des représentations au roi dès le 8 janvier 1775 contre l'ordonnance de discipline et contre les pouvoirs accordés à la Grand'chambre qui « se trouverait seule ... être un tribunal supérieur à toute la Pairie. »

 

xiii Ils sont tous deux devenus ou redevenus ministres à 73 ans . Maurepas revint au gouvernement le 11 mai 1774. V* fait sans doute allusion à la lutte d'influence que Fleury dut soutenir contre le duc de Bourbon pour s'imposer. Cf. début du Précis du siècle de Louis XV :chapitre III : http://www.voltaire-integral.com/Html/15/09PREC10.html#i3

 

xiv 14 novembre 1774, au Théâtre Italien, Henri IV ou la bataille d'Ivry de Barnabé Farmian de Rosoy ;

le 16 novembre 1774 à la Comédie Française La partie de chasse de Henri IV de Collé ;

le 10 janvier 1775 sur le Théâtre des Grands Danseurs Le Charbonnier est maître chez lui, ou la partie de chasse de Roger TimothéeRégnard de Pleinchesne ; on joua aaussiLa Partie de chasse ou le charbonnier est maître chez lui de Nicolas Médard Audinot.