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23/11/2010

Tout ce que je vois de Russes me persuade toujours qu'Attila était un homme charmant,

Après un zéro qui ne vaut rien par définition, un Hun de paccotille :

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Un Attila du XXè siècle : jazzy !

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http://www.deezer.com/listen-2854827 : The day before

 

Qui peut m'indiquer le prénom d'Attila ? Vous donnez votre langue au chat (après brossage bien entendu , car Minet est très délicat pour sa nourriture) ?

Marcel ! Attila Marcel !  voici la preuve :

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Attila-039-s-Real-Face-3.jpg

Attila, pas celui des films peplum ou autres représentations grimaçantes .

Si l'herbe ne repoussait pas où était passé son cheval, en revanche son poil poussait dru où ne passait pas le rasoir !

Quant à le qualifier de "charmant", j'en laisse la responsabilité à Volti et aux dames .

 

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

19 novembre 1773

 

Mon cher philosophe aussi intrépide que circonspect, et qui avez grande raison d'être l'un et l'autre, voici une petite assiette de marrons i que Raton envoie à son Bertrand. Je les avais adressés à M. de Condorcet, mais je crois qu'il est toujours à la campagne, et je vous les fais parvenir en droiture. Ces marrons sont comme les livres de mon libraire Caille, ils ne valent rien qui vaille ii; mais il est juste que je vous fasse lire ma satire contre M. de Guibert iii, qui m'a d'ailleurs paru un homme plein de génie, et ce qui n'est pas moins rare, un homme très aimable iv. Je m'intéresse à son Connétable de Bourbon v, d'autant plus que ce grand homme passa par Ferney en se réfugiant chez les Espagnols.

 

Tous les jésuites aujourd'hui, qui ne sont pas de si grands hommes, veulent se réfugier en Silésie, et dans la Prusse polonaise, chez le Révérend Père Fédéric vi. Riez donc, et riez bien fort.

 

La dédicace d'une église catholique a été faite, comme vous savez , à Berlin vii. Je ne sais si les sociniens en obtiendront une viii.

 

Ne croyez vous pas lire les Mille et une nuits quand vous voyez combien de millions Catherine Seconde donne aux princesses de Darmstadt et au comte Panin ix? Où prend-elle tant d'argent après quatre ans d'une guerre si vive et si dispendieuse x? tandis que M. l'abbé Terray xi ne me paye pas, après dix ans de paix, un pauvre petit argent qu'il m'avait pris chez M. Magon xii?

 

Mon cher philosophe, vous seriez actuellement aussi riche que M. Necker si vous aviez été en Russie xiii. C'était à la cour de France de récompenser dignement votre noble désintéressement. Mais vous en êtes dédommagé par les bontés de l'abbé Sabatier xiv, c'est toujours quelque chose.

 

Je ne sais où est Diderot, il était tombé malade à Duisbourg en partant de La Haye pour aller chez l'impératrice des Mille et une nuits xv.

 

Nous avons actuellement à Ferney l'ancien empereur Shouvaloff xvi. C'est un des hommes les plus polis, et des plus aimables que j'aie jamais vus. Tout ce que je vois de Russes me persuade toujours qu'Attila était un homme charmant, et que la sœur d'Honorius xvii fit très bien de partir en poste pour aller l'épouser. Si malheureusement elle ne s'était pas fait faire en chemin un enfant par un de ses valets de chambre, nous pourrions avoir aujourd'hui de la race d'Attila sur quelque trône de l'Europe, et peut-être sur la chaire de saint Pierre.

 

Bonsoir mon très cher et très illustre Bernard.

 

LE VIEUX MALINGRE RATON »

 

i A savoir une brochure de V*. Pour l'image des marrons tirés du feu par Raton pour Bertrand cf. lettres des 1er et 4 janvier 1773.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/02/j...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/01/04/c...

 

 

 

ii La Tactique, poème envoyé par V* commence ainsi : « J'étais lundi passé chez mon libraire Caille, / qui dans son magasin n'a souvent rien qui vaille. » Le libraire genevois protestera contre cette assertion.

http://www.voltaire-integral.com/Html/10/35_Tactique.html

 

 

 

iii Jacques-Antoine-Hippolyte de Guibert a publié un Essai général de tactique, 1772, auquel V* répond par un poème satirique, tout en écrivant à d'Argental le 15 novembre que le livre de Guibert « est plein de grandes idées » et prie d'Argental de faire parvenir à Guibert « une copie de la satire ou de l'éloge qu'il vient de faire de son métier de la guerre. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Antoine-Hippolyte_de_Guibert

http://www.archive.org/stream/essaignraldetac00guibgoog#page/n12/mode/1up

 

 

 

iv Guibert est allé rendre visite à V* à Ferney en revenant de Prusse où il avait assisté aux manœuvres militaires de Frédéric II.

 

vi Frédéric signe « Fédéric ».

Les jésuites chassés des autres États et dont l'ordre vient d'être supprimé par le pape, trouvent asile dans les États de Frédéric qui les juge utiles et capables d'améliorer l'enseignement.

 

vii Ce fut le 1er novembre . Dans sa lettre du 9 octobre Frédéric parlait de « cette cérémonie, étrangère pour (eux), (qui) attire un grand concours de curieux ».

 

viii Cf. lettre du 22 septembre à Frédéric .

 

ix A l'occasion du mariage de son fils Paul, -dont Panin a été le précepteur-, avec la princesse Wilhelmine de Hesse-Darmstadt.

 

x Guerre depuis le 6 octobre 1768 entre la Russie et la Turquie.

 

xi Contrôleur général des finances.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Marie_Terray

 

xiii Catherine II lui avait proposé d'être précepteur de son fils.

 

xiv Sabatier de Castres, auteur de l'Apologie de Spinoza et du spinozisme « accuse (Marmontel) d'Alembert, M. Thomas [V*], et tutti quanti , d'être un peu hérétiques, ou du moins d'être tombés dans des erreurs qui sentent l'hérésie » : lettre à Marmontel du 24 juillet 1773.Le 26 décembre 1772, d'Alembert a raconté à V* la vie peu honorable de ce « petit maraud » qu'il avait dû chasser de chez lui « parce qu'il imprimait des impertinences contre ce que nous avons de plus estimable dans la littérature » : cf. lettre à d'Alembert du 1er janvier .

 

xv Catherine II le lui avait écrit le 11/22 septembre.

Lettre 134 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

 

xvi Ivan Shouvalov fut un favori de feu l'impératrice Élisabeth.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Chouvalov

http://www.batguano.com/vlbcshuvaloff.jpg

 

xvii V* semble faire allusion à Honoria (en réalité sœur de Valentinien III) d'une conduite peu honorable qui implora l'aide d'Attila contre sa famille ; elle voulu l'épouser, ce qu'il acceptait moyennant la moitié des provinces de l'Empire. En fait , c'est Attila qui a rencontré en chemin une autre femme, à coté de laquelle il est mort la nuit de ses noces.

22/11/2010

C'est une chose plaisante de voir tous les efforts qu'on prépare pour faire tomber un vieillard qui tomberait bien de lui-même

 "la ligue est trop forte, je serai battu. " : Ho ! surprise, je ne reconnais pas là mon Volti moqueur et combattant !

Heureusement, ce n'est qu'un moment de découragement . Volti repartira pour de nouvelles bagarres contre l'Infâme et ses représentants et contre la maladie .

Vive Voltaire et longue vie à sa pensée !

 http://www.deezer.com/listen-2554386

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

24è novembre 1772

 

Mon cher ange, voici une petite addition qui m'a paru essentielle dans le mémoire de notre avocat i. Je vous prie de la mettre entre les mains du président Lekain. Elle est nécessaire , car on jouait au propos interrompu.

 

Je crains fort les ciseaux de la police . Si on nous rogne les ongles, il nous sera impossible de marcher. D'ailleurs le vent du bureau n'est pas pour nous. On ne veut plus que des Roméo ii et des Chérusques iii. Les beaux vers sont passés de mode. On n'exige plus qu'un auteur sache écrire . Hélas ! j'ai hâté moi-même la décadence en introduisant l'action et l'appareil . Les pantomimes l'emportent aujourd'hui sur la raison et sur la poésie, mais ce qu'il y a de plus fort contre moi, c'est la cabale. J'ai autant d'ennemis qu'en avait le roi de Prusse. C'est une chose plaisante de voir tous les efforts qu'on prépare pour faire tomber un vieillard qui tomberait bien de lui-même.

 

Actuellement que le congrès de Foczani est renoué iv, il n'y a plus que moi en Europe qui fasse la guerre, mais la ligue est trop forte, je serai battu. Ne m'en aimez pas moins, mon cher ange. »

 

i Dans les Lois de Minos dont l'auteur prétendu est un avocat du nom de Duroncel.

http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition....

http://www.livres-et-ebooks.fr/ebooks/Les_Lois_de_Minos-4...

 

iii Tragédie Les Chérusques (d'abord imprimée sous le titre Arminius) de Jean-Grégoire Bauvin, représentée le 26 septembre 1772.

http://books.google.be/books?id=lbI_AAAAcAAJ&printsec...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Caius_Julius_Arminius

 

iv Échec des pourparlers de paix ouverts pendant l'été 1771 entre les Russes et les Turcs ; un nouveau congrès ouvert à Bucarest en 1772 échoua aussi.

21/11/2010

tandis que quelques sacrés coquins brûlent quelques fanatiques la terre engloutit les uns et les autres.

Up to date , aujourd'hui, peut-être est-ce le 316è anniversaire de la naissance de François-Marie Arouet dit VOLTAIRE . Aussi je dis, comme le 20 février,

BON ANNIVERSAIRE VOLTI !

 

Bon anniversaire à LoveVoltaire et à son blog monsieurdevoltaire !!

Dédicace spéciale ...

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« A Jean-Robert Tronchin

Banquier à Lyon

24 novembre [1755]aux Délices

 

 

Voilà, Monsieur, une physique bien cruelle i. On sera bien embarrassé à deviner comment les lois du mouvement opèrent des désastres si effroyables dans le meilleur des mondes possibles ii. Cent mille fourmis iii, notre prochain écrasées tout d'un coup dans notre fourmilière, et la moitié périssant sans doute dans des angoisses inexprimables au milieu des débris dont on ne peut les tirer ; des familles ruinées aux bouts de l'Europe, la fortune de cent commerçants de votre patrie abîmée dans les ruines de Lisbonne. Quel triste jeu de hasard que le jeu de la vie humaine ! que diront les prédicateurs, surtout si le palais de l'Inquisition est demeuré debout iv? Je me flatte qu'au moins les révérends pères inquisiteurs auront été écrasés comme les autres . Cela devrait apprendre aux hommes à ne point persécuter les hommes, car tandis que quelques sacrés coquins brûlent quelques fanatiques la terre engloutit les uns et les autres.

 

J'ai déjà vu notre ami Gauffecourt. J'irai à Montriond le plus tard que je pourrai. Je crois que nos montagnes nous sauvent des tremblements de terre. Bonjour mon cher correspondant, apprenez-moi, je vous prie, les suites de cette affreuse aventure.

 

V. »

 

i Tremblement de terre de Lisbonne le 1er novembre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Tremblement_de_terre_de_Lisb...

 

ii Allusion à Leibnitz et à Pope ; on trouve déjà le refrain de Candide.

 

iii Premières estimations des victimes très amplifiées ; le 12 décembre on arrivera au chiffre de 50 à 60000 victimes et seulement le quart des maisons détruites.

 

iv Il était prévu un autodafé de juifs à Lisbonne précisément le 1er novembre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Inquisition_espagnole

 

20/11/2010

C'est un bon alibi qu'une tragédie. On dit : « Voyez ce pauvre vieillard ! Peut-il faire à la fois cinq actes, et cela, et cela encore ?

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http://www.deezer.com/listen-7020231 : mi sono innamorato di te , Volti qui utilisait l'italien dans ses lettres enflammées pour Marie-Louise allait bien au-delà de cette simple et naïve expression d'amour ... Il était encore loin de l'appeler "Maman Denis" !!

 

A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

20 novembre 1766

 

Divins anges, vous vous y attendiez bien, voici des corrections que je vous supplie de faire porter sur le manuscrit i.

 

Maman Denis, et un des acteurs de notre petit théâtre de Ferney, fou du tripot, et difficile ii, disent qu'il n'y a plus rien à faire, que tout dépendra du jeu des comédiens, qu'ils doivent jouer Les Scythes comme ils ont joué Le Philosophe sans le savoir iii, et que Les Scythes doivent faire le plus grand effet, si les acteurs ne jouent ni froidement ni à contresens.

 

Maman Denis et mon vieux comédien de Ferney assurent qu'il n'y a pas un seul rôle dans la pièce qui ne puisse faire valoir son homme. Le contraste qui anime la pièce d'un bout à l'autre doit servir la déclamation, et prête beaucoup au jeu muet, aux attitudes théâtrales, à toutes les expressions d'un tableau vivant. Voyez, mes anges, ce que vous en pensez . C'est vous qui êtes les juges souverains.

 

Je tiens qu'il faut donner cette pièce sur le champ, et en voici la raison. Il n'y a point d'ouvrage nouveau sur des matières très délicates qu'on ne m'impute. Les livres de cette espèce pleuvent de tous côtés. Je serai infailliblement la victime de la calomnie si je ne prouve l'alibi. C'est un bon alibi qu'une tragédie. On dit : « Voyez ce pauvre vieillard ! Peut-il faire à la fois cinq actes, et cela, et cela encore ? » Les honnêtes gens alors crient à l'imposture.

 

Je vous supplie, ô anges bienfaiteurs, de montrer la lettre ci-jointe à M. le duc de Praslin ou lui en dire la substance. Il sera très utile qu'il ordonne à un de ses secrétaires ou premiers commis d'encourager fortement M. du Clairon à découvrir quel est le polisson qui a envoyé de Paris aux empoisonneurs de Hollande son venin contre toute la cour, contre les ministres, et contre le roi même, et qui fait passer sa drogue sous mon nom iv.

 

Comme j'en étais là, je reçois votre lettre du 13. Je pense absolument comme M. le duc de Praslin , qu'il ne faut pas imprimer les lettres de Jean-Jacques tirées du dépôt v, avec l'authenticité d'une permission du ministère. Mais il faudra bien les imprimer et rectifier les dates, si Jean-Jacques ose nier son écriture, ce qu'il fera sans doute en se prévalant de la méprise sur ces dates, on peut avoir eu ces lettre originales des héritiers de M. du Theil vi . Elles ne sont point censées devoir être dans le dépôt des Affaires étrangères, parce qu'elles ne regardent point les affaires d'État, et que ce n'est qu'une discussion entre un maître et un valet menacé de coups de bâton.

 

La lettre sous mon nom au docteur Pansophe est probablement de l'abbé Coyer vi. Si je l'avais écrite, je serais bien loin de la désavouer, elle est digne des Provinciales.

 

Mais prenez garde que je mentirais si ayant eu le bonheur d'écrire cette lettre charmante à Jean-Jacques je disais à M. Hume que je n'ai pas écrit à Jean-Jacques depuis 7 ans.

 

Cela est très vrai. Je ne mens point, ma lettre à M. Hume ne contient que des faits incontestables, et des faits qu'il m'était important d'éclaircir. Ce malheureux m'avait calomnié, et il a fallu me justifier vii.

 

Voici la destination que je fais selon vos ordres des rôles de l'académie royale du Théâtre-Français.

 

Ô anges, je n'ai jamais tant été au bout de vos ailes.

 

V.

 

N.B.- Il y a pourtant dans la Lettre au docteur Pansophe, des longueurs et des répétitions, elle est certainement de l'abbé Coyer.

 

N.B.- Voulez-vous mettre mon gros neveu l'abbé Mignot du secret ? »

 

abbé mignot neveu volt portrait.jpg

 

iIl a envoyé le manuscrit des Scythes la veille.

http://www.voltaire-integral.com/Html/06/04SCYTHE.htm

 

ii V* y jouait le rôle de Sozame, vieillard exilé dans les montagnes.

 

iii Pièce de Sedaine créée le 2 décembre 1765 à la Comédie Française.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Philosophe_sans_le_savoir

http://www.archive.org/stream/lephilosophesan01sedagoog#p...

 

 

 

iv Ce sont les Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse,recueil de lettres « altérées » et accompagnées de « notes encore plus outrageantes » ; cf. lettre aux d'Argental du 6 octobre ; la lettre jointe était destinée à du Clairon.

http://books.google.fr/books?id=ZDEVAAAAQAAJ&printsec...

 

 

v Lettres adressées par Rousseau à du Theil quand il était à Venise en 1744 auprès de Montaigu ; cf. lettre du 7 novembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/07/a...

Elles furent publiées dans les Notes sur la lettre de M. de Voltaire à M. Hume en novembre 1766.

http://www.voltaire-integral.com/Html/26/04_Notes_Hume.html

http://www.editions-coda.fr/pid87-EXPOSE-SUCCINT-DE-LA-CO...

 

 

vi On l'attribue actuellement à V* qui demandera par ailleurs à Bordes de s'en reconnaitre l'auteur ; cf. lettre du 15 décembre.

 

vii Cf. lettre du 28 octobre à Damilaville.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/27/j...

 

19/11/2010

mais vous ne disiez pas que vous aviez gobelotté au cabaret

Gobelottons , gobelottons !!

http://www.youtube.com/watch?v=UaFclY4FEI4

http://www.guitarsolos.com/videos-les-inconnus-le-bistro-...

http://www.dailymotion.com/video/xcqxz5_roumanoff-radio-b...

 

bistrot.jpg

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

Chez M. Baron, médecin, rue Couture Sainte-Catherine à Paris.

 

19è novembre 1760

 

Mon cher et ancien ami, vos dernières lettres sont charmantes, mais vous ne disiez pas que vous aviez gobelotté au cabaret avec M. Damilaville ; il me parait digne de boire et de penser avec vous ; embrassez pour moi l'abbé Mords-les ; c'est un grand malheur que deux ou trois lignes échappées à sa juste indignation aient arrêté sa plume i; il était en beau train : je ne connais personne qui fût plus capable de rendre service à la raison.

 

Quoi ! Vous ne saviez pas qu'il y a dans l'histoire de l'Académie des sciences un mémoire de M. Le Rond jeune homme de 14 ans qui promettait beaucoup ii? M. Le Rond a bien tenu parole, mais soit Le Rond, soit d'Alembert, dites-lui bien qu'il est l'espoir de notre petit troupeau, et celui dont Israël attend le plus ; il est hardi, mais il n'est point téméraire, il est né pour faire trembler les hypocrites, sans leur donner prise sur lui ; qu'il marche dans la voie du Seigneur, et qu'il ne craigne rien.

 

J'attends avec impatience les réflexions de Pantophile Diderot sur Tancrède, tout est dans la sphère d'activité de son génie ; il passe des hauteurs de la métaphysique au métier d'un tisserand, et de là il va au théâtre ; quel dommage qu'un génie tel que le sien ait de si sottes entraves, et qu'une troupe de coqs d'Inde soit venue à bout d'enchaîner un aigle iii!

 

J'ai l'orgueil d'espérer que ses idées se rencontreront avec les miennes, et que ma pièce est comme il la désire, car elle est fort différente de celle qui a plu aux comédiens de charpenter sur le théâtre (je crois vous l'avoir déjà dit).

 

Frère Jean des Entommeures Menoux m'épouvanterait à table, mais je ne le crains point ailleurs, et ni lui ni personne ne m'empêchera de dire la vérité iv; le Roi est content de l'Histoire de Pierre le Grand ; Mme de Pompadour pense de même, M. le duc de Choiseul, en digne ministre des Affaires étrangères en fait plus de cas que de celle de Charles XII, c'est là le cas de dire Principibus placuisse viris non ultima laus est v,et j'y ajoute Jesuitis placuisse viris non maxima laus est vi.

 

Ne manquez pas , s'il vous plait, de m'envoyer presto, presto le mémoire raisonné du roi du Portugal contre les révérends pères vii, et comptez que cela figurera dans La Capilotade viii. Voici une petite lettre de change pour un exemplaire de mes sottises : je vous prie de les envoyer chercher chez Robin mouton ix, de les faire relier proprement et promptement, et de donner pour ce qu'elles valent à Platon Diderot.

 

On me mande que la Corneille en question x descend de Thomas, et non de Pierre ; en ce cas, elle aurait moins de droit aux empressements du public ; j'avais imaginé de la donner pour compagne à Mme Denis, nous aurions joué ensemble Le Cid et Cinna, et nous aurions pourvu à son éducation, comme à sa subsistance ; mandez-moi ce que vous aurez appris d'elle, et je verrai comme je l'ai mandé à M. Le Brun xi ce qu'un pauvre soldat peut faire pour la fille de son général.

 

Portez-vous bien, mon cher ami. J'entre dans ma soixante et septième année, et j'ai encore assez de feu dans les intervalles de mes souffrances que je supporte assez gaiement. Vivons, et philosophons. Je vous embrasse ex tot[o cor]de. »


i L'abbé Morellet auteur de la Vision qui a scandalisé les bonnes âmes car il se moquait de Mme de Robecq, mourante, qui accordait ses faveurs à la comédie antiphilosophique Les Philosophes de Palissot.

http://www.restode.cfwb.be/francais/_ARTS/AppPeda/Encyclo...

Pages 102-103 ; page 507 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rh...

 

ii En fait d'Alembert n'a pas écrit d'ouvrage scientifique avant l'age de 22 ans . L'Histoire de l'Académie des sciences, 1741, fait mention d'un mémoire relatif au calcul intégral donné en 1739 par M. Le Rond d'Alembert (né en 1717).

Pour les amateurs des mathématiques : http://serge.mehl.free.fr/anx/diff_dd.html#Patdiff

 

iii Allusion à la suspension de l'Encyclopédie et à la pièce de Palissot Les Philosophes.

 

iv V* a su par Saint-Lambert que le roi Stanislas, a qui le père Menoux est attaché « n'était point trop content qu'il préférât le législateur Pierre au grand soldat Charles » et avait « fait réponse qu'il ne pouvait s'empêcher en conscience de préférer celui qui bâtit des villes à celui qui les détruit, et que ce n'est pas sa faute si Sa majesté polonaise elle même a fait plus de bien à la Lorraine par sa bienbfaisance que Charles XII n'a fait de mal à la Suède par son opiniatreté. »

 

v Avoir plu aux premiers d'entre les hommes n'est pas la dernière des gloires.

 

vi Avoir plu aux jésuites n'est pas la plus grande des gloires.

 

vii Lettre de S. M. très fidèle le roi de Portugal à Pierre Gonzalvez Cordeiro Pereira ... pour faire exécuter ses ordres touchant les jésuites du Portugal, 1759 ; ou le Manifeste du roi de Portugal contenant les erreurs impies et séditieuses que les religieux de la Compagnie de Jésus ont enseignées aux criminels qui ont été punis, 1759.

 

viii La Capilotade : « chant détaché d'un poème épique de la composition de Jérôme carré » sera publiée dans les Contes de Guillaume Vadé en 1764, puis incorporé à La Pucelle : chant XVIII :

http://www.voltaire-integral.com/Html/09/v_puc18.html

 

ix Libraire du Palais Royal ; cf . Lettre du 10 juin 1760 à d'Alembert.

 

x Marie-Françoise Corneille qui sera reçue à Ferney et que V* mariera en 1761 ; née le 22 avril 1742 ; en fait la descendance était plus indirecte .

Page 639 : http://books.google.fr/books?id=ZG8_AAAAcAAJ&pg=PA639...

 

xi Ponce-Denis Ecouchard Le Brun : le « secrétaire de M. le prince de Conti ... qui ... a encorneillé (V*). Il lui a adressé une ode au nom de Pierre » ; cf. lettre aux d'Argental du 26 novembre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ponce-Denis_%C3%89couchard-L...

http://en.wikipedia.org/wiki/Ponce_Denis_%C3%89couchard_L...

Ode à M. de Voltaire en faveur de Mlle Corneille : page 64 Ode XXIV ;

et voir aussi pages xxii, xlvi, xxiii, li : http://books.google.fr/books?id=Kz00AAAAMAAJ&printsec...

 

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Cabarets : http://segolene.ampelogos.com/news/cabarets-et-guinguettes

18/11/2010

un auteur est peu propre à corriger les feuilles de son propre ouvrage. Il lit toujours comme il a écrit, et non comme il est imprimé.

Tout à fait en accord avec l'esprit voltairien !

http://www.deezer.com/listen-6649189

http://www.deezer.com/listen-6649180

http://www.deezer.com/listen-365242

http://www.deezer.com/listen-564704

 

 

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« A Georg Conrad Walther i

 

[à Potsdam ce 18 novembre 1752]

 

J'ai oublié, mon cher Walther, de vous prier dans ma dernière lettre d'envoyer sur le champ un exemplaire de l'édition en sept volumes avec un exemplaire de la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV à M. Roques, conseiller ecclésiastique du landgrave de Hesse Hombourg, à Fridericsdorf dans le pays de Hesse Hombourg par Francfort-sur-le-Mein. Il connait le libraire qui contrefait votre édition du Siècle à la faveur de quelques notes que La Beaumelle y ajoute ii et il peut vous servir. Il travaille au journal de Francfort. Il connait tous les tours de ce La Beaumelle qui a été obligé de quitter successivement Copenhague, Berlin, Leipzik et Gotha et qui ne vit à présent à Francfort que du produit de sa plume.

 

Je vous donne tous les éclaircissements que je peux, et vous recommande toujours de vous hâter. Quand vous ne m'enverriez à présent qu'un seul exemplaire relié pour le roi de Prusse, vous me feriez un plaisir sensible. Les autres manuscrits ne pourront être prêts que dans le mois de janvier. Adieu, je vous embrasse.

 

V.

 

Mandez-moi le nom de l'imprimeur du journal de Francfort, c'est celui qui contrefait votre édition.

Je viens de faire relire l'édition en sept volumes par un correcteur habile. On y a trouvé deux cent quatre fautes de plus que celles que j'y avais remarquées : un auteur est peu propre à corriger les feuilles de son propre ouvrage. Il lit toujours comme il a écrit, et non comme il est imprimé. Je vous félicite d'avoir un correcteur habile à présent. C'est un meuble indispensable. Les fautes innombrables dont cette édition en sept volumes fourmille sont pour la plupart si ridicules, et altèrent le sens si étrangement qu'il est impossible qu'elle ne soit décriée. Ne manquez pas au moins d'en envoyer des exemplaires à ceux des auteurs des journaux qui pourraient la décrier et vous faire tort.

 

Croyez-moi, vendez-la vite et à bon marché, il n'y a là rien à gagner. Je vous plains beaucoup mais aussi pourquoi ne m'avoir pas envoyé les feuilles à corriger ? Je les aurais fait revoir par M. de Francheville, père de mon secrétaire, et encore par son fils.

 

Francheville le père a fait un poème sur les vers à soie. Je ne sais si on cultive les mûriers chez vous, si on aime en Allemagne les vers à soie et les vers. Francheville voudrait avoir une douzaine d'écus de son poème, et des exemplaires reliés pour en faire des présents.

 

Réponse sur tous ces articles.

 

Envoyez-moi, je vous prie, par le chariot de poste les Lettres iii de Maupertuis. Je vous serai très obligé. Joignez aussi, je vous prie, la Physique de Mushembroek. Je vous rendrai bientôt tous vos livres.

 

Je ne sais si vous avez fait mettre quelque avertissement dans les gazettes.

En cas que vous ne l'ayez pas fait, en voici un qu'il est très important que vous fassiez insérer :

 

...avertit qu'il débite avec privilège la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV, la seule que l'auteur reconnaisse. Les fautes sans nombre des premières éditions y sont exactement corrigées. L'ouvrage augmenté d'un tiers contient des anecdotes tirées des manuscrits du marquis de Torcy, deux écrits dont l'original est de la main de Louis XIV, et beaucoup d'articles curieux sur les arts, les lettres, l'État et l'Église.

 

Il faut absolument envoyer cela à Cologne, à Utrecht, à Amsterdam, et me mander à quels gazetiers et à quels journalistes vous enverrez de ma part un exemplaire. Informez vous de leurs noms. Il faut prendre toutes les précautions possibles pour que l'édition de Francfort ne fasse pas tomber la vôtre. Je travaille de mon côté, mais surtout je vous recommande M. Roques. »

 

i http://c18.net/vo/vo_textes_siecle.php?div1=45

Voir pages 300-303 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rd...

ii Nouvelle édition augmentée d'un très grand nombre de remarques par M. de B***, 1753.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72769s.image.f4...

Le texte était celui de l'ancienne édition, celle de Berlin. V* rejettera la responsabilité sur Maupertuis qu'il accusera de s'être servi de La Beaumelle, de l'avoir excité contre lui en disant qu'il avait « averti ( le roi) à souper de la manière dont La Beaumelle avait parlé de sa cour ... dans son livre intitulé Le qu'en dira-t-on » ;

Laurent Angliviel de La Beaumelle : http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Angliviel_de_La_Beau...

http://dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr/index.php?id=...

cf. lettres à Roques du 3 février et du 4 avril 1753 notemment.

http://www.voltaire-integral.com/Html/15/03ROQUES.html

 

iii Vingt trois lettres parues en septembre -octobre 1752 à Dresde.

http://www.flipkart.com/lettres-de-mr-maupertuis-pierre-b...

 

A l'égard des adoucissements sur la prêtraille, c'est là véritablement la chose impossible qui est au- dessus des talents du diable

 

Note rédigée le 2 août 2011 pour parution le 18 novembre 2010 .

http://www.deezer.com/listen-10239903

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

18 novembre 1768

 

Mes anges avaient très grande raison de s'endormir comme au sermon aux deux premières scènes du Vè acte des Guèbres ; le diable qui affligeait alors le petit possédé 1 était un diable très soporatif, un diable froid, un diable à la mode . Ces scènes n'étaient que des jérémiades où l'on ne faisait que répéter ce qui s'était passé et ce que le spectateur savait déjà . Il faut toujours dans une tragédie que l'on craigne, qu'on espère à chaque scène ; il faut quelque petit incident nouveau qui augmente ce trouble ; on doit faire naitre à chaque moment dans l'âme du lecteur une curiosité inquiète . Le possédé était si rempli de l’idée de la dernière scène, quand il brocha cette besogne, qu'il allait à bride abattue dans le commencement de l'acte, pour arriver à ce dénouement qui était son unique objet .

 

A peine eut-il lu la lettre céleste des anges qu'il refit sur-le-champ les trois premières scènes qu’il vous envoie . Il ne s'en est pas tenu là, il a fait au IVè acte des changements pareils ; il polit tout l'ouvrage . Ce n'est plus le seul Arzemon qui tue le prêtre, c'est toute la troupe honnête qui le perce de coups . Il n'y a pas une seule de vos critiques à laquelle votre exorcisé ne se soit rendu avec autant d'empressement que de reconnaissance . Le diable de La chose impossible 2 n'était pas plus docile .

 

A l'égard des adoucissements sur la prêtraille, c'est là véritablement la chose impossible qui est au- dessus des talents du diable . La pièce n’est fondée que sur l'horreur que la prêtraille inspire, mais c'est une prêtraille païenne . Mahomet a bien passé, pourquoi Les Guèbres ne passeraient-ils pas? si on craint les allusions, il y en avait cent fois plus dans le Tartuffe .

 

Trouveriez-vous à propos que Marin montrât la pièce au chancelier 3, ou plutôt que quelqu'un de ses amis la lui confiât comme un ouvrage posthume de feu La Touche, auteur de l'Iphigénie en Tauride ? Un homme fraichement sorti du Parlement ne s’effrayera pas de l'humiliation des prêtres . Il m' a écrit une lettre charmante sur Le Siècle de Louis XIV .

 

A l'égard des acteurs, j'oserais presque dire que la pièce n'en a pas besoin . C'est une tragédie qu'il faut plutôt parler que déclamer . Les situations y feraient tout, les comédiens peu de chose ; et le sujet est si piquant , si intéressant, si neuf, si conforme à l'esprit philosophique du temps, que la pièce aurait peut-être le succès du Siège de Calais 4, et du Catilina de Crébillon 5, quoique ces deux pièces soient inimitables .

 

Il y a plus encore, c'est que cette tragédie pourrait faire du bien à la nation . Elle contribuerait peut-être à éteindre les flammes où le chevalier de La Barre a péri, à la honte éternelle de ce siècle infâme .

 

Si on ne peut jouer Les Guèbres, il se trouvera un éditeur qui la fera imprimer avec une préface sage dans laquelle on ira au-devant de toutes les allusions malignes . Un jour viendra que les Welches seront assez sages pour jouer Les Guèbres . C'est dans cette douce espérance que je me mets à l'ombre de vos ailes avec toute la tendresse imaginable .

 

Est-ce Villars qu'on appelle aujourd'hui Praslin ? ou est-ce Praslin auprès de Chalons ?

 

Croyez-vous que Moustapha l'imbécile déclare la guerre à ma Catau Sémiramis ?6 Ne pensez-vous pas que le pape aide sous main les Corses ?7 Si vous ne faites pas rentrer l'infant dans Castro 8, je vous coupe une aile .

 

Et du blé, en aurez-vous ? Je vous avertis que j'ai été obligé de semer trois fois le même champ . L’Évangile ne sait ce qu'il dit quand il prétend que le blé doit pourrir pour germer 9; les pluies avaient pourri mes semences, et malgré l’Évangile, je n'aurais pas eu un épi . Je suis un rude laboureur .

 

V. »


4 Tragédie de du Belloy, créée le 13 février 1765, réimprimée en 1769  : http://books.google.com/books?id=rJdDAAAAcAAJ&printse...

Voir aussi la critique : http://www.jstor.org/pss/40519848

5 V* en a voulu à Mme de Pompadour d'avoir soutenu cette pièce .

6 A savoir le sultan de Turquie et Catherine II de Russie .

7 Les Corses en révolte, guidés par Paoli ; voir lettre du 26 octobre à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/26/ma-bonne-sante-et-ma-mort-sont-egalement-fausses.html#more

8 L'infant de Parme, dont d'Argental est l'envoyé à Paris, est en conflit avec le pape ; voir lettre à Richelieu du 13 juin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/05/il-ne-reste-dans-la-memoire-des-hommes-que-les-evenements-qu.html

En représailles de l'excommunication prononcée par le pape contre le duc et ses conseillers en janvier , on avait aussi menacé de reprendre Castro et Ronciglione (Précis du Siècle de Louis XV)

9 Évangile de Jean .