06/11/2010
Voilà bien le temps d'aimer ses terres et d'encourager l'agriculture, car en conscience c'est le seul commerce qui nous reste.
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La vie de château :
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Au château :
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Un architecte renommé ? que je conseille, peut-être un peu tard, à Volti :
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« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine
5 novembre [1759]
A la fin c'est trop de silence
En si beau sujet de parler.
Ces paroles, ma chère nièce, sont tirées de Malherbe [i] que vous ne connaissez guère, et vont fort bien au sujet. Comment vous trouvez-vous des trois vingtièmes [ii] et de la chute des actions sur les fermes, et tout ce qui s'ensuit ? Voilà bien le temps d'aimer ses terres et d'encourager l'agriculture, car en conscience c'est le seul commerce qui nous reste. Nous faisons pitié à nos alliés et à nos ennemis.
Que vous êtes sage d'avoir achevé votre château![iii] Mais aurez-vous le courage d'y demeurer ? Il faut que je vous avertisse que celui de Ferney est entièrement bâti et couvert. Et sans vanité, c'est un morceau d'architecture qui aurait des approbateurs, même en Italie. N'allez pas croire que je n'aie sacrifié qu'à l'agréable ; j'y ai joint l'utile ; et Ferney est devenu une terre de sept à huit mille livres de rente dans le pays le plus riant de l'Europe [iv]. Ajoutez à ces avantages l'agrément unique d'être libre, et de ne payer aucun droit de quelque nature que ce puisse être [v]. Je veux me bercer de l'idée que vous viendrez un jour nous voir dans toute notre beauté. Il faut que vous veniez reconnaitre des domaines qui, selon les droits de la nature, doivent appartenir à votre fils [vi]. C'est un grand dommage que Ferney ne soit pas en Picardie. Mais une terre libre mérite bien qu'on passe le mont Jura. Je ne suis point mécontent de la masure de Tournay ; j'y ai bâti au moins le plus joli des théâtres, quoique le plus petit. Nous y avons joué trois fois la chevalerie [vii], pour nous consoler des malheurs de la France. Cette chevalerie est comme le château de Ferney ; cela ne veut pas dire que l'architecture en soit aussi belle ; cela veut dire seulement que j'ai pris autant de peine pour l'achever.
Après en avoir donné trois représentations, nous avons joué Mérope. Soyez très convaincue que vous et M. le chevalier de Florian et le jurisconsulte [viii], vous auriez été bien étonnés, et que vous auriez fondu en larmes.
Nous avions à nos Délices M. le marquis de Chauvelin, ambassadeur à Turin, et madame sa femme, députés de M. le duc de Choiseul et de la tribu d'Argental pour savoir comment j'étais venu à bout de la chevalerie. Ce voyage ne les a guère détournés de la route de Turin ; et je peux vous dire qu'ils ne sont pas mécontents d'avoir allongé leur chemin. Ils auraient beau courir tous les théâtres de l'Europe, ils ne verraient rien de si plaisant qu'un Français suisse qui a fait la pièce, le théâtre, et les acteurs. Votre sœur a joué comme Mlle Dumesnil, je dis comme Mlle Dumesnil dans son bon temps. Cela parait un conte, une exagération d'oncle ; cela est pourtant très vrai, et je le sais de cent personnes qui me l'ont toutes attesté par leurs larmes. Moi qui vous parle, je vous apprends que je suis un assez singulier vieillard . Ah ! Ma chère nièce, que nous vous avons regrettée ! C'est à présent qu'il faudrait être chez nous. Notre Carthage est fondée. Nous avons eu l'insolence de recevoir M. et Mme de Chauvelin avec une magnificence à laquelle ils ne s'attendaient pas [ix]. Mais on ne peut trop faire pour de tels hôtes ; il n'y a rien de plus aimable dans le monde ; ils réunissent tous les talents et toutes les grâces : ils séduiraient un amiral anglais, et feraient tomber les armes des mains du roi de Prusse.
Je suis excédé de plaisir et de fatigue ; voila pourquoi je ne vous écris point de ma main, mais mon cœur qui vous écrit, c'est lui qui vous dit combien il vous regrette, vous et les vôtres. »
i Ode à monsieur le grand écuyer de France.
http://www.poesies.net/malherbesoeuvrescompletes1.txt : poésie XXVII , vers 1-2
ii Impôts proposés par Silhouette et qui vont provoquer sa chute ; cf. lettre du 15 juin à Thiriot.
iv Ce qui ne l'empêchera pas de se plaindre des six mois de neige sur le Jura qui le rendent « aveugle » !
v V* a obtenu le brevet de conservation des droits seigneuriaux ; cf. lettre du 29 juin.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/29/l...
vi En fait c'est Mme Denis qui héritera et ne tardera pas à vendre le domaine au marquis de Villette.
vii Tancrède.
viii Le fils de Mme de Fontaine : Alexandre de Dompierre d'Hornoy, 1742-1828, fils de Nicolas-Joseph de Dompierre .
http://gillesdubois.blogspot.com/2008/01/la-famille-aroue...
ix Dans le Public Advertiser de Londres le 27 novembre : « après la représentation ... au milieu de la cour, un magnifique feu d'artifice fut tiré au son d'une musique martiale ; l'étoile de Saint Georges vomissait d'innombrables fusées et en dessous des girandoles donnaient une représentation vivante de la cataracte du Niagara. »
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05/11/2010
un héros ne répond guère à un pauvre diable de Suisse
Note rédigée le 5 août 2011 pour parution le 5 novembre 2010 .
http://www.youtube.com/scherzoquartet#p/u/9/PwlHqoYPIQo : Valse qui met du tendre au coeur .
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
Aux Délices près de Genève 5 novembre [1757]
Je sais bien que quand on fait des marches savantes, quand on a quatre-vingt mille hommes et de grandes affaires, un héros ne répond guère à un pauvre diable de Suisse . Mais en vérité, Monseigneur, je vous ai mandé une anecdote aussi singulière, assez intéressante pour devoir me flatter que vous voudrez bien ne me pas laisser dans l'incertitude inquiétante si vous avez reçu ou non ma lettre 1. Les choses sont toujours dans le même état . On 2 persiste dans la première résolution qu'on avait prise, on dit qu'on l'exécutera si on est poussé à bout . Je vous ai mandé que j'avais pris la liberté de conseiller qu'on s'adressât à vous préférablement à tout autre 3. Je vous demande en grâce au moins de mander par un secrétaire à votre ancien courtisan le Suisse V, si vous avez reçu la lettre dans laquelle je vous faisais part d'une chose aussi singulière .
Mme Denis se porte toujours fort mal et vous présente ses hommages aussi bien que le solitaire votre admirateur affligé de votre silence . »
1 Lettre écrite vers le 27 septembre, où V* disait que Frédéric II était résolu à se tuer s'il était « sans ressource », et il demandait à Richelieu de « joindre la qualité d'arbitre à celle de général » et d'accepter d'engager des pourparlers en vue d'une paix entre Frédéric et Louis XV , par l'intermédiaire de la margravine .
2 « On » = Frédéric ; « la résolution » = celle de se tuer ; voir lettre du 15 octobre : page 48 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80034x/f53.image.r=.langFR
3 Vers le 25 septembre il avait écrit à la margravine Wilhelmine, de Bayreuth : « J'imagine que le maréchal de Richelieu serait flatté qu'on s'adressât à lui . Je crois qu'il est nécessaire de tenir une balance ... » ; de plus, V* a fait demander par Jean-Robert Tronchin au cardinal de Tencin de servir d'intermédiaire : lettre du 20 octobre : page 282 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f285.image....
16:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
Il y a un casuiste qui a examiné si la Vierge eut du plaisir dans la coopération de l'obombration du Saint Esprit ; il tient pour l'affirmative
« A Frédéric II de Prusse
A Bruxelles [vers le 5 novembre 1742]
Sire,
Je suis bien heureux que le plus sage des rois soit un peu content de ce vaste tableau que je fais des folies des hommes [i]. Votre Majesté a bien raison de dire que le temps où nous vivons a de grands avantages sur ces siècles de ténèbres et de cruauté,
Et qu'il vaut mieux, ô blasphèmes maudits !
Vivre à présent qu'avoir vécu jadis.[ii]
Plût à Dieu que tous les princes eussent pu penser comme mon héros ; il n'y aurait eu ni guerre de religion ni bûchers allumés pour y brûler de pauvres diables qui prétendaient que Dieu est dans un morceau de pain d'une manière différente de celle qu'entend saint Thomas. Il y a un casuiste [iii] qui a examiné si la Vierge eut du plaisir dans la coopération de l'obombration du Saint Esprit ; il tient pour l'affirmative, et en apporte de fort bonnes raisons. On a écrit contre lui de beaux volumes, mais il n'y a eu dans cette dispute ni hommes brûlés ni villes détruites. Si les partisans de Luther, de Zwingle, de Calvin et du pape en avaient usé de même, il n'y aurait eu que du plaisir à vivre avec ces gens là.
Il n'y a plus guère de querelles fanatiques qu'en France. Le janséniste et le moliniste y entretiennent une discorde qui pourrait bien devenir sérieuse, parce qu'on traite ces chimères sérieusement.
Le prince n'a qu'à s'en moquer, et les peuples en riront ; mais les princes qui ont des confesseurs sont rarement des rois philosophes.
J'envoie à Votre Majesté une petite cargaison d'impertinences humaines [iv] qui seront une nouvelle preuve de la grande supériorité du siècle de Frédéric sur les siècles de tant d'empereurs ; mais Sire, toutes ces preuves-là n'approchent point de celles que vous en donnez.
J'ai ouï dire que, tout général que vous êtes d'une armée de cent cinquante mille hommes, Votre Majesté se fait représenter paisiblement des comédies dans son palais. La troupe qui a joué devant elle n'est pas probablement comme ses troupes guerrières ; elle n'est pas , je crois, la première de l'Europe.[v]
Je pense avoir trouvé un jeune homme d'esprit [vi] et de mérite, qui fait fort joliment des vers, et qui sera très capable de servir aux plaisirs de mon héros, de conduire ses comédiens, et d'amuser celui qui peut tenir la balance entre les princes de ce monde. Je compte être dans quinze jours à Paris, et alors j'en donnerai des nouvelles plus positives à Votre Majesté.
J'espère aussi lui envoyer deux ou trois siècles de plus [vii], mais il me faut autant de livres que vous avez de soldats, et ce n'est guère qu'à Paris que je pourrai trouver ces immenses recueils dont je tire quelques gouttes d'élixir.
Je me flatte qu'à présent Votre Majesté jouit de la belle collection du cardinal de Polignac [viii].
Roi très sage, voila donc comme
Vous avez, pour vingt mille écus,
Tout le salon de Marius !
Mais pour ces antiques vertus
Qu'on ne rapporte plus de Rome,
Le don de penser toujours bien,
D'agir en prince, et vivre en homme,
Tout cela ne vous coûte rien.
Je viens de voir les Hanovriens et les Hessois en ordre de bataille, ce sont de belles troupes, mais cela n'approche pas encore de celles de Votre Majesté, et elles n'ont pas mon héros à leur tête. On ne croit pas que cet hiver elles sortent de leur garnison. On disait qu'elles allaient à Dunkerque ; le chemin est un peu scabreux, quoiqu'il paraisse assez beau.
Sire, que Votre Majesté conserve ses bontés à son éternel adorateur ! »
i V* reçut de grands compliments de Frédéric le 13 octobre sur les chapîtres, qu'il avait envoyés, de l'Histoire universelle ( qui deviendra l'Essai sur les Moeurs) : « cette histoire singulière ... réfléchie, impartiale, et chatrée de tous les dé&tails inutiles ... »
ii Défense du Mondain.
iii Thomas Sanchez dans les Disputationum de sancto matrimonii sacramento libri (1598).
iv Nouveaux chapitres de l'Histoire, d'après la réponse de Frédéric du 15 novembre.
v Frédéric partage ce jugement : «... ce sont proprement des danseurs, dont la famille de Cochoi (Marianne et Barbe Cochois) font la comédie. » dira-t-il.
vi La Bruère.
vii V* le 14 novembre écrit au roi qu'il en est à Chrles Quint dans son Essai sur les moeurs.
viii Il l'a achetée à la mort du cardinal en avril 1742 ; elle comprenait une collection de staues et d'antiquités.
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04/11/2010
après cela, il faut boucher les yeux, les oreilles et l'entendement d'une nation . Mais on n'y parviendra pas
Note rédigée le 6 août 2011 pour parution le 4 novembre 2010.
http://www.youtube.com/scherzoquartet#p/u/2/CwtfmWVtsyE
« A Jean Le Rond d'Alembert
4è novembre 1767
Mon cher philosophe, car il faut toujours vous appeler de ce nom respectable que la cour ne respecte guère, le philosophe M. de Chabanon aura donc le bonheur de vous embrasser ? Vous lèverez donc les épaules ensemble sur l'avilissement où l'on veut jeter les lettres, sur la conspiration contre la raison et contre la liberté, sur les sottises dont vous êtes environné, sur la barbarie où l'on va nous replonger si vous n'y mettez ordre .
Monsieur de Chabanon a un beau plan de tragédie 1 et a fait un premier acte qui annonce le succès des quatre autres . Mais pour qui travaille-t-il ? quels comédiens ? et quels spectateurs ? Le temps des beaux-arts est passé . Et la philosophie qui faisait l'honneur de ce siècle est persécutée . La Sorbonne est dans la boue, mais les gens de lettres sont sub gladio 2. L'approbateur de Bélisaire est toujours destitué 3. Rien ne marque plus le dessein formé d'empêcher la nation de penser . C'était tout ce qui lui restait . Battue par le prince de Brunsvik et par le margrave de Brandenbourg, par les Anglais et par le roi de Maroc, sans argent, sans commerce et sans crédit, si elle ne se met pas à penser que deviendra-t-elle ? Votre cour de parlement fait conduire en place de Grève un lieutenant général 4 avec bâillon en bouche,sans daigner alléguer le moindre délit . On coupe la main, la langue et la tête à un jeune gentilhomme 5 et on jette tout cela dans un grand feu, pour n'avoir pas salué des capucins et pour avoir chanté deux vieilles chansons . Et les gens coupables de ces assassinats judiciaires sont honorés . Vraiment, après cela, il faut boucher les yeux, les oreilles et l'entendement d'une nation . Mais on n'y parviendra pas . Les hommes s'éclaireront malgré les tigres et les singes . Vous ne voulez pas être martyr mais soyez confesseur . Vos paroles feront plus d' effet qu'un bûcher . Mon cher philosophe , criez toujours comme un diable .
Je vous aime autant que je hais ces monstres . »
06:54 | Lien permanent | Commentaires (0)
Laissez aux parisiens l'opéra-comique et les réquisitoires. La France est au comble de la gloire, il faut lui laisser ses lauriers
« A Etienne-Noël Damilaville
premier commis des bureaux du vingtième
Quai Saint-Bernard à Paris
4 novembre 1763
Mon cher frère, et mes chers frères ; vous avez bien raison de dire que les peuples du Nord l'emportent aujourd'hui sur ceux du Midi ; ils nous battent, et ils nous instruisent. M. d'Alembert se trouve dans une position qui me parait embarrassante. Le voilà entre l'impératrice de Russie et le roi de Prusse i, et je le défie de me dire qui a le plus d'esprit des deux. Jean-Jacques dans je ne sais quel de ses ouvrages ii, avait dit que la Russie redeviendrait bientôt esclave, malheureuse, et barbare. L'impératrice l'a su, elle me fait l'honneur de me mander que tant qu'elle vivra elle donnera très impoliment un démenti à Jean-Jacques iii. Ne trouvez-vous pas comme moi cet impoliment fort joli ? Sa lettre est charmante, je ne doute pas qu'ellle n'en écrive à M. d'Alembert de plus spirituelles encore, attendu qu'elle sait très bien se proportionner.
Gardez-vous bien, je vous en supplie, de solliciter Mlle Clairon pour faire jouer Olympie iv. C'est assez qu' on la joue dans toute l'Europe, et qu'on la traduise dans plusieurs langues. On vient de la représenter à Amsterdam et à La Haye avec un succès semblable à celui de Mérope. On va la jouer à Pétersbourg. Laissez aux parisiens l'opéra-comique et les réquisitoires. La France est au comble de la gloire, il faut lui laisser ses lauriers : le mandement du digne frère de Pompignan m'a paru un ouvrage digne du siècle v. On m'a montré pourtant une petite réponse d'un évêque son confrère vi, il me parait que ce confrère n'entre pas assez dans les détails, apparemment qu'il les a respectés, et que l'évêque du Puy s'étant retiré dans le sanctuaire, on n'a pas voulu l'y souffleter.
Mes chers frères
écr[asez] l'Inf[âme]. »
i D'Alembert s'est vu offrir le poste de président de l'Académie de Berlin et vient de revenir récemment ; Catherine II lui avait offert de devenir précepteur de son fils et avait proposé de faire imprimer l'Encyclopédie en Russie.
ii Dans Le Contrat social.
Chapître II, 8 : Du peuple. « L’empire de Russie voudra subjuguer l’Europe, et sera subjugué lui-même. Les Tartares, ses sujets ou ses voisins, deviendront ses maîtres et les nôtres, cette révolution me paraît infaillible. Tous les rois de l’Europe travaillent de concert à l’accélérer. »
iii Ce qu'elle écrit exactement dans sa lettre de septembre 1763.
Lettre 1 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-34382830.html
iv Mme Denis s'en chargera . Dans le Registre de Répertoire et de Lecture de la Comédie française, le 12 décembre : « Une lettre de Mlle Clairon à Monsr Lekain nous apprend que Mme Denis lui fait part ... du désir intérieur qu'elle a pénétré en monsieur de Voltaire que la Comédie française se disposât à jouer Olympie » ; ce après quoi les Comédiens écrivirent à V* pour lui demander l'honneur d'avoir à jouer la tragédie.
v Le 8 octobre, D'Alembert parle de cette « grosse instruction pastorale contre (eux)tous » et qu'il sent insultante particulièrement pour lui ; cf. lettre du 15 décembre.Il s'agit de l'Instruction pastorale sur la prétendue philosophie des incrédules modernes, 1763 , de Georges Lefranc de Pompignan.
http://books.google.be/books?id=FtNPR0mHu8AC&printsec...
vi L'instruction pastorale de l'humble évêque d'Alétopolis à l'occasion de l'instruction pastorale de Jean-Georges, humble évêque du Puy, écrite par V*.
http://www.voltaire-integral.com/Html/25/02_Instruction.h...
05:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je voudrais vous entendre dans ce beau jour où vous prononcerez sans le savoir votre éloge en faisant celui de votre prédécesseur
Fatigué fatigué : http://www.deezer.com/listen-3018672
La fièvre monte : http://www.deezer.com/listen-4651201
Que cette guerre est triste ! Guerre des hommes : http://www.deezer.com/listen-4651209
« A Claude-Philippe Fyot de La Marche [i]
A Ferney 4 novembre [1761]
Je sors de la fièvre, mon respectable et digne appui, mon maître dans le chemin de la vertu et des arts ; mais mon sang n'est allumé que par le plaisir que me fait votre lettre du 30 octobre. Je voudrais vous entendre dans ce beau jour où vous prononcerez sans le savoir votre éloge en faisant celui de votre prédécesseur.[ii]
Je vous remercie tendrement de la bonté que vous avez de permettre que vos graveurs travaillent pour Corneille. Quoi ! Votre amitié va même jusqu'à souffrir que j'aie l'honneur de vous envoyer le portrait d'un homme aussi médiocre que maigre ? Je l'enverrai par pure obéissance . J'y ferai travailler dès que je serai aux Délices.
C'est donc cette maudite guerre qui empêche Mme la marquise de Paulmy de venir vous voir ! Car son droit chemin serait par Berlin, et non par le mont Crapac [iii] ! Que cette guerre est triste ! Et que de maux de toute espèce elle cause!
Pour ma guerre avec le fétiche [iv] elle n'est que ridicule. Si je veux de monsieur votre frère [v] pour arbitre ? Oui sans doute ; en pouvez-vous douter ? Et s'il avait voulu de vous, quel autre arbitre eussé-je pu prendre ! Mais il a refusé le père et le fils ; acceptera-t-il le frère ? Il a osé dire à monsieur votre fils qui me l'a mandé, qu'il avait fait une vente réelle ; et moi je lui abandonne tout mon bien si sa vente n'est pas simulée. L'objet est ridicule [vi]: j'en conviens, mais le procédé est infâme ; et si cette lâcheté est prouvée en justice, comme elle le sera, quelque crédit qu'il ait dans l'antre de Gex, comment peut-il rester dans le parlement ?
Mon affaire ne doit pas contenir deux lignes. Si vous avez fait une vente réelle, je paie. Si vous m'avez trompé, faites vite une vraie vente : vendez votre charge. Voilà un plaisant premier président de Besançon ! Oui, Monsieur, je m'en rapporte à monsieur votre frère et je suis sur qu'il sera indigné comme l'est toute la province et tout Genève. Pour moi, je ne sens que vos bontés, et c'est avec le plus profond respect.
V. »
ii Il succède à Jean de Berbisey au parlement de Dijon .
http://fr.wikipedia.org/wiki/Premiers_pr%C3%A9sidents_du_...
iii = Les Carpathes car elle doit aller en Pologne rejoindre son mari ambassadeur.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Ren%C3%A9_de_Voyer_d...
iv « le fétiche » = le président De Brosses qui écrivit : Du culte des dieux fétiches ou Parallèle de l'ancienne religion de l'Egypte avec la religion actuelle de Nigritie , 1760
http://books.google.fr/books?id=bsecIlNrohYC&printsec...
v Charles-Philippe Fyot de Neuilly, premier président du parlement de Dôle.
vi De fait il s'agit de « douze moules de bois » (dit Mme Denis) valant « douze écus » (dit De Brosses) livrés par Charlot Baudry à V*. V* refuse de payer s'il n'est pas prouvé que la vente du bois par De Brosses est antérieure à la signature du contrat d'acquisition de Tournay.
http://www.dailymotion.com/video/x58pah_generique-woody-w...
http://www.youtube.com/watch?v=bFdeuh6_1-I
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03/11/2010
il n'a pas hésité à calomnier son bienfaiteur, dans l'espérance que sa fausse éloquence ferait excuser son infâme procédé
Lettre écrite le 7 août 2011 pour parution le 3 novembre 2010 .
« A Etienne-Noël Damilaville
3 novembre 1766
Je reçois votre lettre du 27, mon cher et vertueux ami . Vous ne me mandez point ce que pense le public de la folie et de l'ingratitude de Jean-Jacques . Il semble qu'on ait trouvé de l'éloquence dans son extravagante lettre à M. Hume 1. Les gens de lettres ont donc aujourd'hui le goût bien faux et bien égaré . Ne savent-ils pas que la première loi est de confirmer son style à son sujet ? C'est le comble de l’impertinence d'affecter de grands mots quand il s'agit de petites choses . La lettre de Rousseau à M. Hume est aussi ridicule que le serait M. Chicaneau,2 s'il voulait s'expliquer comme Cinna, et comme Auguste . On voit évidemment que ce charlatan, en écrivant sa lettre, songe à la rendre publique ; l'art y paraît à chaque ligne ; il est clair que c'est un ouvrage médité et destiné au public . La rage d'écrire et d'imprimer l'a saisi au point qu'il a cru que le public enchanté de son style lui pardonnerait sa noirceur et qu'il n'a pas hésité à calomnier son bienfaiteur, dans l'espérance que sa fausse éloquence ferait excuser son infâme procédé .
L’enragé qu'il est m'a traité beaucoup plus mal encore que M. Hume ; il m'a accusé auprès de M. le prince de Conti et de Mme la duchesse de Luxembourg de l'avoir fait condamner à Genève, et de l’avoir fait chasser de Suisse . Il le dit en Angleterre à quiconque veut l'entendre ; et pourquoi le dit-il ? parce qu'il veut me rendre odieux . Et pourquoi veut-il me rendre odieux ? parce qu'il m'a outragé, parce qu'il m'écrivît il y a plusieurs années des lettres insolentes et absurdes, pour toute réponse à la bonté que j'avais eue de lui offrir une maison de campagne auprès de Genève .
C'est le plus méchant fou qui ait jamais existé, un singe qui mord ceux qui lui donnent à manger est plus raisonnable et plus humain que lui .
Comme je me trouve impliqué dans ses accusations contre M. Hume, j'ai été obligé d'écrire à cet estimable philosophe un détail succinct de mes bontés pour Jean-Jacques, et de la singulière ingratitude dont il m'a payé 3; je vous en enverrai une copie .
En attendant, je vous demande en grâce de faire voir à vos amis ce que je vous écris . M. d'Alembert s'est cru obligé de se justifier de l'accusation intentée contre lui par Jean-Jacques d'avoir voulu se moquer de lui 4. L'accusation que j'essuie depuis près de deux ans est un peu plus sérieuse . Je serais un barbare si j'avais en effet persécuté Rousseau, mais je serais un sot si je ne prenais pas cette occasion de le confondre, et de faire voir sans réplique qu'il est le plus méchant fou qui ait jamais déshonoré la littérature .
Ce qui m'afflige, c'est que je n'ai aucune nouvelle de Meyrin 5. Je me porte toujours fort mal . Je vous embrasse tendrement et douloureusement . »
1 Il s'agit de la lettre écrite par Rousseau le 10 juillet . Sur cette querelle Hume-Rousseau, voir lettre à d'Alembert du 15 octobre : page 100 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f105.image.r=.langFR
du 14 juillet à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/06/26/c-est-une-chose-abominable-que-la-mort-des-hommes-et-que-les.html
2 Personnage des Plaideurs, de Racine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Plaideurs
3 Il s'agit de la Lettre de M. de Voltaire à M. Hume, datée du 24 octobre et imprimée, à laquelle il va ajouter des notes ; http://www.voltaire-integral.com/Html/26/03_Hume.html
Voir lettre à Damilaville du 28 octobre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/27/j-etais-fourre-dans-la-querelle-du-philosophe-bienfaisant-et.html
Le 17 novembre (ou décembre), V* propose au libraire Lacombe de « donner au public ma lettre à Hume avec des remarques historiques et critiques assez curieuses » qui paraitront sous le titre de Notes sur la Lettre de M. de Voltaire à M. Hume :
http://www.voltaire-integral.com/Html/26/04_Notes_Hume.html
Lettre à Lacombe : page 128 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k800389/f133.image.r=.langFR
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