20/10/2010
un jeune philosophe ...amoureux de la tolérance, de la liberté et de Henri IV, a été enlevé par lettre de cachet, ...c'est apparemment pour ces trois délits .
Note rédigée le 19 août 2011 pour parution le 20 octobre 2010.
« A Jean Le Rond d'Alembert
Mon cher et véritable philosophe, il y a d'étranges rencontres . Le réquisitorien 1 arrive à Ferney le même jour que vous, et Palissot arrive à Genève la veille de votre départ 2. Il y est encore . On dit qu'il y fait imprimer un bel ouvrage contre la philosophie 3. Je n'ai eu l'honneur de voir ni l'ouvrage, ni l'auteur 4.
On prétend qu'un jeune philosophe 5, avocat général de Bordeaux, amoureux de la tolérance, de la liberté et de Henri IV, a été enlevé par lettre de cachet, et conduit à Pierre-Encise ; c'est apparemment pour ces trois délits . Mais Palissot aura probablement une place considérable à son retour à Paris ; et Fréron sera fait maître des requêtes .
Si vous pouvez vous arracher de Montpellier où il y a tant d'esprit et de connaissances ; si vous allez à Aix comme c’était votre intention, on vous recommandera une affaire 6 auprès de M. Castillon qui pense comme M. Dupaty, et qui cependant n'habitera point, à ce que j'espère, le château de Pierre-Encise ; il vaudrait pourtant mieux y être que d'avoir fait certain réquisitoire .
J'ai peur que vous ne trouviez le requérant 7 à Montpellier . Vous venez toujours après lui partout où il va .
Persequitur pede poena claudo 8.
Bien des respects et des regrets à votre très aimable compagnon de voyage 9, autant à M. Duché 10, à M. Venel 11, et à quiconque pense . Mme Denis vous fait les plus tendres compliments . Mon cœur est à vous jusqu'au moment où j'irai trouver Damilaville 12.
20è octobre 1770 »
1 Séguier, auteur du Réquisitoire sur lequel est intervenu l'arrêt du 18 août 1770, qui condamne à être brûlés différents livres et brochures, à cause duquel on avait saisi le discours de l'académicien Thomas ; voir lettre à Suzanne Necker du 26 septembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/26/on-le-traita-de-seditieux-parce-qu-il-prononca-un-peu-haut-d.html
et page 195 :http://books.google.fr/books?id=ZMaxNKvOZzoC&pg=PA195...
2 Dans Les Philosophes, sa pièce de 1760, Palissot attaquait nommément d'Alembert .
http://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/PALISSOT_PHILOSOPHES.xml
3 Il est venu réellement pour faire imprimer une nouvelle édition de la Dunciade dont le second volume comporte les Mémoires pour servir à l'histoire de notre littérature .
4 Palissot écrivit à V*, fut invité à Ferney un mois plus tard fin novembre avec Vernes et par l'intermédiaire de Vernes ; il décrira dans ses Œuvres , 1788, cette visite au cours de laquelle il lut à V* des passages flatteurs pour lui de sa Dunciade proprement dite et de ses Mémoires littéraires « qu'on imprimait alors à Genève »
5 Charles-Marguerite-Jean-Baptiste Mercier Dupaty : http://gw2.geneanet.org/jdupaty?lang=it;p=charles+marguerite+jean+baptiste;n=mercier+du+paty
Pierre-Encise est une prison aux environs de Lyon . V* bénissait Mercier Dupaty en 1769 parce qu'il avait fait frapper une médaille de Henri IV et parce qu'il avait prononcé à l'Académie un discours où il attaquait le fanatisme et les deux puissances ; voir lettres de janvier et de mars 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/11/les-vieilles-tetes-rongees-de-la-teigne-de-la-barbarie-mourr.html
06:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
Un homme sage et instruit est fort au dessus de cinquante mille fous enrégimentés.
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Et tel ce petit bonhomme, que Volti a sans doute vu, je compisse tous ces aigre-pisseux (comme disait Rabelais), qui mettent le bordel (pardonnez moi cette comparaison, Mesdames ! ) en France actuellement. Ils sont en tout cas la preuve que l'enseignement a failli car ils sont incapables de faire une simple opération d'arithmétique . Le problème a des données simples : combien de temps doit-on travailler pour que les retraités en cours puissent être payés ? combien de temps doit-on travailler pour que les actifs puissent raisonnablement assurer la retraite des inactifs ?
Les chiffres ont la tête dure et le naturel raleur des Welches n'y peut rien.
Semeurs de soukh de ce jour, finies les vacances dans la rue ! Vous êtes la risée des pays qui en profitent pour piquer vos parts de travail . Vous allez faire une belle promotion de nouveaux chomeurs .
Dites-moi alors quel sera le syndicat, quel sera le dirigeant syndical qui mettra la main au porte-monnaie pour vous assister de ses deniers ?
« A César de Missy
at Mr Nocholson's
the third door beyond Dufour's court up to Carneby market, London
J'ai fait , Monsieur, un petit voyage qui m'a empêché de répondre plus tôt à l'honneur de votre lettre. Je viens d'apprendre dans le moment qu'on a imprimé Mahomet à Paris sous le nom de Bruxelles. On me mande que cette édition est non seulement incorrecte, mais qu'elle est faite sur une copie informe qui m'a été dérobée.
Me voilà dans la nécessité d'en faire imprimer la véritable copie. Je serai charmé, Monsieur, de vous l'envoyer, si vous le trouvez bon [i]. Mais n'ayant plus ici l'édition de Genève de mes œuvres [ii] je ne pourrai vous la faire tenir que quand je serai de retour à Paris. Je vous demande bien pardon de ce contretemps. Je n'ai jamais reçu ni le Votton ni le Pancirole dont vous me parlez [iii], mais j'ai enfin trouvé un Pancirole à Amsterdam . C'est un livre qui ne méritait pas la peine que je me suis donnée de le chercher. Au reste, Monsieur, le seul mémoire détaillé que j'aie à donner au libraire dont vous voulez bien me parler, c'est qu'il imprime correctement et Mahomet et mes autres ouvrages. Je voudrais bien être, Monsieur,à portée de vous remercier à Londres de vive-voix et de jouir d'un entretien où je trouverais l'agréable et l'utile. Je vous prie de vouloir bien recommander aux libraires qui vendent l'Histoire universelle [iv] d'envoyer les feuilles depuis la captivité de Babylone jusqu'à la dernière, à M. Jean de Clèves, banquier à Bruxelles, qui en paiera le prix. Je suis dans un pays où on ne parle que de cavalerie et de fourrages. Tout cela est bien peu philosophe. Un homme sage et instruit est fort au dessus de cinquante mille fous enrégimentés. Aussi vous préféré-je à eux. Comptez, Monsieur, sur mon véritable attachement.
A Bruxelles 20 octobre 1742. »
i Le 20 septembre, Missy a proposé de faire imprimer Mahomet à Londres par un imprimeur qu'il connait.
http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_de_Missy
http://en.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_de_Missy
ii Chez Bousquet, 1742, à Genève, Œuvres mêlées de M. de Voltaire en 5 volumes.
« VIII. Ce fut Marie-Jacques Barrois, libraire à Paris, qui donna l’édition des Oeuvres mêlées de M. de Voltaire, Genève, Bousquet, 1742, cinq volumes in-12, dont les frontispices sont gravés. »
iii Missy, le 20 septembre dit les lui avoir envoyés à sa demande . Il doit s'agir des Reflections on ancient and modern learning de William Woton, 1694, et des Rerum mirabilium ... libri duo, 1599-1602 , de Guido Panciroli.
Woton:http://books.google.fr/books?id=WCBdAAAAMAAJ&printsec...
Panciroli : http://www.minrec.org/libdetail.asp?id=1083
iv Histoire universelle anglaise, traduite, en cours de publication, 45 volumes, 1742-1792.
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J'ai imaginé comme un éclair et j'ai écrit avec la rapidité de la foudre . Je tomberai peut-être comme la grêle .
Note rédigée le 23 août 2011 pour parution le 20 octobre 2010 .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
20 octobre [1761]
Ô anges, ô anges,
Nous répétions Mérope (que nous avons jouée sur notre très joli théâtre, et où Marie Corneille s'est attiré beaucoup applaudissements dans le récit d'Isménie que font à Paris de vilains hommes 1) . Elle était charmante .
En répétant Mérope, je disais : voilà qui est intéressant . Ce ne sont pas là de froids raisonnements, de l'ampoulé et du bourgeois . Ne pourrais-tu pas, disais-je tout bas à V..., faire quelque pièce qui tînt de ce genre vraiment tragique ? Ton Don Pèdre sera glaçant avec tes États généraux, et ta Marie de Padille ! Le diable alors entra dans mon corps . Le diable ? non pas, c’était un ange de lumière, c'était vous . L'enthousiasme me saisit . Esdras n'a jamais dicté si vite . Enfin en six jours de temps j'ai fait ce que je vous envoie . Lisez, jugez, mais pleurez .
Vous me direz peut-être que l'ouvrage des six jours est souvent bafoué 2. D'accord, mais lisez le mien . Il y a deux ans que je cherchais un sujet ; je crois l'avoir trouvé . Mais, dira Madame d'Argental, c'est un couvent, c'est une religieuse, c'est une confession, c'est une communion . Oui, Madame, et c'est par cela même que les cœurs seront déchirés . Il faut se retrouver à la tragédie pour être attendri . La veuve du maître du monde des carmélites, retrouvant sa fille épouse de son meurtrier, tout ce que l'ancienne religion a de plus auguste, ce que les plus grands noms ont d'imposant, l'amour le plus malheureux, les crimes , les remords, les passions, les plus horribles infortunes ! En est-ce assez ? J'ai imaginé comme un éclair et j'ai écrit avec la rapidité de la foudre . Je tomberai peut-être comme la grêle . Lisez, vous dis-je, divins anges, et décidez .
Voici peut-être de quoi terminer les tracasseries de la comédie . Fi Zulime ! Cela est commun et sans génie . Donnez la veuve d'Alexandre à Dumesnil, la fille d'Alexandre à Clairon et allez .
Mlle Hus m'a écrit . Elle atteste des dieux contre vous . Qu'elle accouche . J'ai bien accouché , moi, et je n'ai été que six jours au travail . Que dites-vous de Mlle Arnould, 3 et du roi d'Espagne 4?
Ô charmants anges je baise le bout de vos ailes .
V, le vieux V, âgé de
soixante et huit commencés . »
1 Un personnage, Phanès, qui prend une partie du rôle d'Isménie et notamment son récit dans le V, 6., est ajouté dans une version de Mérope jouée par les Comédiens, et imprimée par Prault en 1758 .
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19/10/2010
je n'en suis pas l'auteur, mais je n'en serai pas moins persécuté
http://www.deezer.com/listen-4957040 : Persécution !
I'm calling long distance (appel à Damilaville ? ;-) ) : http://www.deezer.com/listen-4957035
« A Etienne-Noël Damilaville
19 octobre 1764
Mon cher frère, je sais à n'en pouvoir douter que le procureur général a ordre d'examiner le livre et d'en poursuivre la condamnation. Je sais bien qu'il est prouvé que je n'en suis pas l'auteur, mais je n'en serai pas moins persécuté, et Dieu sait jusqu'où cette persécution peut aller. J'ai heureusement recouvré deux articles dont l'un est tout entier de la main de l'auteur [i].Il est clair comme le jour que l'ouvrage est de plusieurs mains [ii] et qu'on s'est servi de mon orthographe pour me l'attribuer [iii]; n'importe, mon innocence ne me servira de rien. C'est toujours pour moi une consolation bien chère que vous me rendiez justice et que la voix de nos frères se joigne à la vôtre pour publier la vérité. Je subis le sort de tous ceux qui se sont consacrés aux lettres ; on les a opprimés ; mais tous n'ont pas trouvé un ami tel que vous.
Je joins ici un petit mémoire [iv] que je vous prie d'envoyer à Briasson pour le communiquer aux Encyclopédistes et surtout à M. le chevalier de Jaucourt dont la nièce a acheté à Genève plusieurs exemplaires du Portatif. Les Encyclopédistes doivent sentir qu'on ira du Portatif à eux. Jam proximus ardet Ucalegon [v]. C'est un nommé l'abbé d'Estrées [vi], petit généalogiste et un peu faussaire de son métier, qui a donné le livre au procureur général. On trouve partout des monstres. Cher frère, il faut savoir souffrir. »
i Messie de la main de Polier de Bottens. Cf. Lettre du même jour à d'Alembert.
ii Cf. lettre du 19 à d'Alembert, , articles Apocalypse et Enfer.
iii V* a adopté l'orthographe ais, ait conforme à la prononciation ; il lui arrivera de demander à Cramer, imprimeur, de garder l'ancienne graphie pour nier la paternité de certains ouvrages.
iv L'essentiel de ce mémoire est : « Un jeune homme ... ramassa il y a plusieurs années en Suisse quelques manuscrits, dont quelques uns étaient pour le Dictionnaire des Sciences et des Arts . Entre autres l'article Messie ... de M. Polier de Bottens ... Un extrait de l'article Apocalypse, manuscrit ... de M. Abauzit ... L'article Baptême , traduit ... du dr Midleton, Amour, Amitié, Guerre, Gloire destinés à l'Encyclopédie ... Christianisme et Enfer, tirés de la Légation de Moïse de ... Warburton ... Enfin plusieurs morceaux imités de Bayle, de Le Clerc, du marquis d'Argens ... Il en fit un recueil qu'il imprima à Bâle. Ce recueil parait très informe et plein de fautes grossières... »
http://www.voltaire-integral.com/Html/17/bapteme.htm...
http://www.voltaire-integral.com/Html/17/amour.htm
http://www.voltaire-integral.com/Html/17/amitie.htm...
http://www.voltaire-integral.com/Html/19/guerre.htm...
http://www.voltaire-integral.com/Html/19/gloire.htm...
http://www.voltaire-integral.com/Html/18/chretiens.htm...
http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Warburton
http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...
v Déjà tout près brûle Ucalegon.
vi Cf. lettre du 20 octobre 1764 à d'Argental.
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18/10/2010
à l'âge de soixante-et-onze ans, malade et presque aveugle, je suis prêt à essuyer la persécution la plus violente
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Dédié à Ludovic, un de mes fils : http://www.deezer.com/listen-1888387
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«A Jean Le Rond d'Alembert
19 octobre [1764]
Non, vous ne brairez point, mon cher et grand philosophe, mais vous frapperez rudement les Welches qui braient [i]. Je vous défie d'être plus indigné que moi de la maligne insolence de ces malheureux qui, dans leurs Lettres sur l'Encyclopédie [ii], vous ont attaqué si mal à propos , si indignement et si mal. Je voudrais bien savoir le nom de ces ennemis du sens commun et de la probité. Ils sont assez lâches pour réimprimer , à la fin de leur livre, les arrêts du Conseil contre l'Encyclopédie [iii]. Par là, ils invitent le parlement à donner de nouveaux arrêts ; ils embouchent la trompette de la persécution ; et, s'ils étaient les maîtres, il est sûr qu'ils verseraient le sang des philosophes sur les échafauds.
Vous souvenez-vous en quels termes s'exprima Omer dans son réquisitoire [iv]? On l'aurait pris pour l'avocat général de Dioclétien et de Galerius : on n'a jamais joint autant de violence à autant de sottise. Il prétendait que , s'il n'y avait pas de venin dans certains articles de l'Encyclopédie, il y en aurait certainement dans les articles qui n'étaient pas encore faits. Les renvois indiquaient visiblement les impiétés des derniers volumes ; au mot Arithmétique, voyez Fraction ; au mot Astre la religion chrétienne serait renversée : voilà la logique d'Omer.
Votre intérêt , celui de la vérité, celui de vos frères ne demande-t-il pas que vous mettiez dans tout leur jour ces turpitudes, et que vous fassiez rougir notre siècle en l'éclairant?
Il vous serait bien aisé de faire quelque bon ouvrage sur des points de philosophie , intéressants par eux-mêmes, qui n'auraient point l'air d'être une apologie ; car vous êtes au-dessus d'une apologie. Vous exposeriez au public l'infamie de ces persécuteurs ; vous ne mettriez point votre nom, mais ils sentiraient votre main, et ils ne s'en relèveraient pas [v]. Permettez-moi de vous parler encore de ce Dictionnaire portatif ; je sais bien qu'il y en a peu d'exemplaires à Paris, et qu'ils ne sont guère qu'entre les mains des adeptes . J'ai empêché jusqu'ici qu'il n'en entrât davantage, et qu'on ne le réimprimât à Rouen [vi]; mais je ne pourrai pas l'empêcher toujours. On le réimprime en Hollande. Vous me demandez pourquoi je m'inquiète tant sur un livre auquel je n'ai aucune part [vii]. C'est qu'on me l'attribue ; c'est que, par ordre du roi, le procureur général prépare actuellement un réquisitoire [viii]; c'est qu'à l'âge de soixante-et-onze ans, malade et presque aveugle, je suis prêt à essuyer la persécution la plus violente ; c'est qu'enfin je ne veux pas mourir martyr d'un livre que je n'ai pas fait. J'ai la preuve en main que M. Polier, premier pasteur de Lausanne, est l'auteur de l'article Messie ; ainsi c'est la pure vérité que ce livre est de plusieurs mains [ix], et que c'est un recueil fait par un libraire ignorant.
Par quelle cruauté a-t-on fait courir sous mon nom, dans Paris, quelques lignes de cet ouvrage ? Enfin, mon cher maître, je vous remercie tendrement d'élever votre belle voix contre celle des méchants. Je vous avertis que je serai très fâché de mourir sans vous revoir.
N.B.- Un abbé d'Estrées, jadis confrère de Fréron, a donné un Portatif au procureur général.[x]
i D'Alembert promettait à la fin de sa lettre du 10 octobre de crier que le Dictionnaire philosophique n'est pas de V* : « ... soyez tranquille, comptez que je vais braire comme un âne, mais à condition que vous ne me reprocherez pas d'avoir pris des précautions pour empêcher les ânes de braire après moi. »
ii Lettres sur l'Encyclopédie, pour servir de supplément aux sept volumes de ce dictionnaire, de l'abbé Jean Saas, 1764
http://www.jstor.org/pss/382002
http://books.google.be/books?id=jot8gc-j8AwC&pg=PA289...
V* tente de lier son sort à celui des encyclopédistes ; le 29 septembre à Damilaville : « Rien ne serait plus dangereux pour l'Encyclopédie que l'imputation d'un Dictionnaire philosophique à un homme qui a travaillé quelquefois pour l'Encyclopédie même. Cela réveillerai la fureur des Chaumeix, et le Journal chrétien ferait beau bruit. Je me flatte que Protagoras me défendra vivement contre la calomnie » ; le 19 octobre : « Les Encyclopédistes doivent sentir qu'on ira du Portatif à eux. »
http://c18.net/dp/dp.php?no=627
iii Arrêts de janvier et février 1759.
iv Réquisitoire du 23 janvier 1759 d'Omer Joly de Fleury devant le parlement.
Page 89 :
http://books.google.be/books?id=areMCQS9AGMC&pg=PA89&...
v Le 12 octobre, V* lui demande de « fournir un ou deux articles pour la nouvelle édition du Dictionnaire philosophique. »
vi Chez Besongne.
Chercher « besongne » dans :
http://www.gedhs.ulg.ac.be/ebibliotheque/articles/droixhe...
vii Le 10 octobre, d'Alembert : « Vous me paraissez ... bien alarmé pour peu de chose ... quelle preuve a-t-on que vous soyez l'auteur ...? » Le duc de Choiseul, non dupe, lui écrira d'être tranquille.
viii Le 12, à d'Alembert : « On en a déjà parlé au roi comme d'un livre dangereux, et le roi en a parlé sur ce ton au président Hénault. » Cf. lettre à d'Argental du 20 octobre.
ix Toujours le 12, à d'Alembert : « L'article Apocalypse est tout entier M. Abauzit ... Messie est tout entier de M. Polier, premier pasteur de Lausanne . Il envoya ce morceau avec plusieurs autres à Briasson, qui doit avoir encore l'original. Il était destiné à l'Encyclopédie. Enfer est en partie de l'évêque de Glocester Warburton... » ; ce même jour, à Damilaville : « ... l'original est entre mes mains et on en avait envoyé une copie ... aux libraires de l'Encyclopédie. »
http://www.voltaire-integral.com/Html/20/messie.htm...
http://www.voltaire-integral.com/Html/18/enfer.htm
http://www.voltaire-integral.com/Html/17/apocalypse.htm...
x « autrefois associé avec Fréron » ; sur d'Estrées, cf. lettre du 19 octobre à Damilaville et celle du 20 à d'Argental.
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17/10/2010
Comme tout est changé ! et que je me sais bon gré d'avoir vécu pour tous ces grands évènements !
http://www.deezer.com/listen-3160989 Tout est changé !
Evènements divers :
http://www.deezer.com/listen-5156126
http://www.deezer.com/listen-282403
http://www.deezer.com/listen-5452203 : Immer, Bach JS .
Bist du bei mir ? : Es-tu avec moi ?
http://www.deezer.com/listen-5452215
« A Frédéric II, roi de Prusse
16 oct[obre] 1772
Sire, la médaille est belle, bien frappée, la légende noble et simple, mais surtout la carte que la Prusse jadis polonaise présente à son maître fait un très bel effet [i]. Je remercie bien fort Votre Majesté de ce bijou du Nord. Il n'y en a pas à présent de pareils dans le Midi.
La paix a bien raison de dire aux palatins :
Ouvrez les yeux, le diable vous attrape,
Car vous avez à vos puissants voisins
Sans y penser longtemps servi la nappe.
Vous voudrez donc bien trouver bel et beau
Que ces voisins partagent le gâteau.
C'est assurément le vrai gâteau des rois [ii], et la fève a été coupée en trois parts. Mais la paix ne s'est-elle pas un peu trompée ? J'entends dire de tous côtés que cette paix n'a pu venir à bout de réconcilier Catherine Seconde et Moustapha, et que les hostilités ont recommencé depuis deux mois. On prétend que parmi ces Français si babillards il s'en trouve qui ne disent mot et qui n'en agissent pas moins sous terre [iii].
On dit que les mêmes gens qui gardent Avignon au Saint-Père [iv] ont un grand crédit dans le sérail de Constantinople. Si la chose est vraie, c'est une scène nouvelle qui va s'ouvrir. Mais il n'y en a point de plus belle que les pièces que l'on joue en Prusse et en Suède [v].Le Roi votre neveu [vi] paraît digne de son oncle.
Je remercie Votre Majesté de remettre dans la règle le célèbre couvent d'Oliva [vii], car le bruit court que vous êtes prieur de cette bonne abbaye et que dans peu tous les novices de ce couvent feront l'exercice à la prussienne. Je ne m'attendais il y a deux ans à rien de tout ce que je vois. C'est assurément une chose unique que le même homme se soit moqué si légèrement des palatins pendant six chants entiers [viii] et en ait eu un nouveau royaume pour sa peine. Le Roi David faisait des vers contre ses ennemis mais ses vers n'étaient pas si puissants que les vôtres. Jamais on n'a fait un poème ni pris un royaume avec tant de facilité. Vous voilà, Sire, le fondateur d'une très grande puissance. Vous tenez un des bras de la balance de l'Europe, et la Russie devient un nouveau monde. Comme tout est changé ! et que je me sais bon gré d'avoir vécu pour tous ces grands évènements !
Dieu merci je prédis et je dis il y a plus de trente ans que vous feriez de très grandes choses, mais je n'avais pas poussé mes prédictions aussi loin que vous avez porté votre très solide gloire. Votre destin a toujours été d'étonner la terre. Je ne sais pas quand vous vous arrêterez, mais je sais que l'aigle de Prusse va bien loin.
Je supplie cette aigle de daigner jeter sur moi chétif du haut des airs où elle plane, un de ces coups d'œil qui raniment le génie éteint. Je trouve si votre médaille est ressemblante que la vie est dans vos yeux et sur votre visage et que vous avez, comme de raison, la santé d'un héros [ix].
Je suis à vos pieds comme il y a trente ans, mais bien affaibli. Je regarderai le regno redintegrato quand je voudrai reprendre des forces.
VOTRE VIEUX IDOLÂTRE »
i Le 16 septembre Frédéric a envoyé la médaille de Jakob Abraham qui célèbre le partage de la Pologne ( traité de Saint Saint-Pétersbourg le 25 juillet, signifié à la Pologne le 2 septembre) ; la nouvelle carte présentée au roi porte l'inscription « regno redintegrato ». A Catherine II, V* écrira le 2 novembre : « Ce mot de « redintegrato » est singulier ; j'aurais autant aimé « novo » . Le « redintegrato » conviendrai mieux à l'Empereur des Romains s'il voulait monter à cheval avec vous ... » Frédéric a reçu la Prusse polonaise moins les villes libres de Dantzig et le Thorn.
ii Le 18 novembre, V* écrira à Frédéric à propos de ce partage dont les préliminaires ont eu lieu à Potsdam : « On prétend que c'est vous, Sire, qui avez imaginé le partage de la Pologne et je le crois parce qu'il y a là du génie et que le traité s'est fait à Potsdam. »
iii Frédéric répondra le 1er novembre : « Je crois qu'il y a des Français qui gardent le silence, et qui ont un grand crédit au sérail ;mais mes nouvelles de Constantinople m'apprennent que le congrès de paix se renoue ... »
iv La cour de France reprit Avignon au pape en 1768 et rendit la ville au moment de la dissolution de l'ordre des Jésuites.
v Cf. lettre du 16 septembre à d'Alembert.
vi Gustave III de Suède ; fils de Louise-Ulrique, sœur de Frédéric, avec qui V* avait eu une galanterie littéraire en 1743.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_III_de_Su%C3%A8dehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Louise-Ulrique_de_Prusse
vii Abbaye proche de Dantzig sur les terres annexées par la Prusse.
Page 289 :http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ge...
viii Poème de Frédéric : La guerre des Confédérés ; cf. lettre à Frédéric du 6 décembre 1771.
Page 185 :
http://books.google.be/books?id=6cxWAAAAMAAJ&pg=PA463...ix Frédéric répondra : « ... ni mes portraits ni mes médailles ne me ressemblent . Je suis vieux , cassé, goutteux, suranné, mais toujours gai et de bonne humeur . D'ailleurs les médailles attestent plutôt les époques qu'elles ne sont fidèles aux ressemblances. »
05:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
16/10/2010
il a voulu que je l'admirasse dans sa gloire
http://www.deezer.com/listen-6761915
http://www.deezer.com/listen-6761931
http://www.deezer.com/listen-6761925
A écouter sans modération pour oublier les âneries (je reste poli, mais je n'en pense pas moins) de ces imbéciles syndicats et partis de gauche suivis de leurs maigres imbéciles séides qui pourissent la vie de ceux qui veulent vivre et travailler tout simplement . Je vous crache à la figure, bandes de Tartuffes qui sciez la branche sur laquelle nous sommes assis, faible branche que celle des retraites, mais qui par vos soins ne sera que fétu dans peu d'années.
Je vous botte le cul aussi, sans retenue . Crétins et lâches que vous êtes ! Vous flattez ce qu'il y a de moins bon dans la population qui devient populace , hooligans politiques !
« A Pierre-Louis Moreau de Maupertuis
membre de toutes les académies de l'Europe,
chez M. Moreau de Maupertuis rue Sainte Anne à Paris
A Brunswick 16 octobre 1743
J'ai reçu dans mes courses la lettre où mon cher aplatisseur de ce globe [i] daigne se souvenir de moi avec tant d'amitié. Est-il possible que je ne vous aurai jamais vu que comme un météore toujours brillant et toujours fuyant de moi ? n'aurai-je pas la consolation de vous embrasser à Paris ? J'ai fait vos compliments à vos amis de Berlin, c'est-à-dire à toute la cour, et particulièrement à M. de Valori, vous êtes là comme ailleurs , aimé et regretté ; on m'a mené à l'académie de Berlin, où le médecin Eller [ii] a fait des expériences par lesquelles il croit faire croire qu'il change l'eau en air élastique. Mais j'ai été encore plus frappé de l'opéra de Titus,[iii] qui est un chef-d'œuvre de musique. C'est sans vanité une galanterie que le roi m'a faite, ou plutôt à lui ; il a voulu que je l'admirasse dans sa gloire. Sa salle d'opéra est la plus belle de l'Europe. Charlottembourg est un séjour délicieux, Fédéric en fait les honneurs et le roi n'en sait rien. Le roi n'a pas encore fait tout ce qu'il voulait. Mais sa cour, quand il veut bien avoir une cour, respire la magnificence et le plaisir. On vit à Potsdam comme dans le château d'un seigneur français qui a de l'esprit, en dépit du grand bataillon des gardes, qui me paraît le plus terrible bataillon de ce monde. Jordan ressemble toujours à Ragotin [iv], mais c'est Ragotin bon garçon et discret avec seize cents écus d'Allemagne de pension. D'Argens est chambellan avec une clef d'or à sa poche, et cent louis dedans payés par mois. Chazot, ce Chazot que vous avez vu maudissant la destinée, doit la bénir ; il est major, et a un gros escadron qui lui vaut seize mille livres au moins par an. Il l'a bien mérité, ayant sauvé le bagage du roi à la dernière bataille [v]. Je pourrais dans ma sphère pacifique jouir aussi des bontés du roi de Prusse, mais vous savez qu'une plus grande souveraine nommée Mme du Châtelet me rappelle à Paris. Je suis comme ces Grecs qui renonçaient à la cour du grand roi pour venir être honnis par le peuple d'Athènes.
J'ai passé quelques jours à Bareith. Son Altesse Royale [vi] m'a bien parlé de vous. Bareith est une retraite délicieuse où on jouit de tout ce qu'une cour a d'agréable sans les incommodités de la grandeur. Brunswik où je suis a une autre espèce de charmes. C'est un voyage céleste où je passe de planète en planète pour revoir enfin ce tumultueux Paris où je serai très malheureux si je ne vois pas l'unique Maupertuis que j'admire et que j'aime pour toute ma vie.
V. »
i Cf. lettre du 6 octobre.
ii Johann Theodor Eller http://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Johann_Theodor_Eller
http://fr.wikisource.org/wiki/Dissertation_sur_les_%C3%A9...
iii Tito Vespasiano, ovvero la Clemenza di Tito, de Johann Adolf Hasse. Dans ses Mémoires, V* dit qu'il était « mis en musique par le roi lui-même aidé de son compositeur. »
vi Wilhelmine, margravine de Bayreuth soeur de Frédéric.http://fr.wikipedia.org/wiki/Wilhelmine_de_Bayreuth
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