Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/10/2010

Il y a peut-être quelques vers qu'on pourrait soupçonner d'hérésie, mais si quelques théologiens s'en scandalisent, je les rendrai orthodoxes par un tour de main

 

 

 

http://www.deezer.com/listen-2745518

http://www.deezer.com/listen-5517676

 

Irene_Edition_Originale_Paris_1779.jpg

 

Irène au XXIè siècle : http://www.deezer.com/fr/#video/yves-simon/irene-irene-V3...

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

25è octobre 1777

 

Messieurs et anges, laissez-là votre Agathocle, cela n'est bon qu'à être joué aux jeux Olympiques, dans quelque école de platoniciens. Je vous envoie quelque chose de plus passionné, de plus théâtral, et de plus intéressant. Point de salut au théâtre sans la fureur des passions. On dit qu'Alexis [i] est ce que j'ai fait de moins plat et de moins indigne de vous [ii], si on ne me trompa pas . Si cela déchire l'âme d'un bout à l'autre comme on me l'assure, c'est donc pour Alexis que je vous implore, c'est ma dernière volonté, c'est mon testament ; il est plus vrai que celui qui m'a été imputé par l'avocat Marchand [iii]. Je vous supplie donc, messieurs et anges, d'être mes exécuteurs testamentaires et les protecteurs de mon dernier enfant, tachez que M. le maréchal de Duras fasse sa fortune. Agathocle pourra un jour paraître et être souffert en faveur de son frère Alexis mais à présent , mes chers anges, il n'y a qu'Alexis qui puisse me procurer le bonheur de venir passer quelques jours avec vous, de vous serrer dans mes bras, et de pouvoir m'y consoler.

 

M. de Villette, votre voisin qui est à Ferney depuis quelques jours et qui a été témoin de la naissance d'Alexis, prétend que le nom de Bazille est très dangereux depuis qu'il y a eu un Bazille dans le Barbier de Séville. Il dit que le parterre crie quelquefois : Bazille, allez vous coucher [iv] et qu'il ne faut avec les Welches qu'une pareille plaisanterie pour faire tomber la meilleure pièce du monde. Je ne connais point le Barbier de Séville, je ne l'ai jamais vu ; mais je crois que M. de Villette a raison. Il n'y aura qu'à faire mettre Léonce au lieu de Bazille [v] par le copiste de la Comédie supposé que ce copiste puisse être employé. Heureusement le nom de Bazille ne se trouve jamais à la fin d'un vers, et Léonce peut suppléer partout [vi]. Voilà, je crois , le seul embarras que cette pièce pourrait donner . Il y a peut-être quelques vers qu'on pourrait soupçonner d'hérésie, mais si quelques théologiens s'en scandalisent, je les rendrai orthodoxes par un tour de main. Je me jette entre vos bras comme un homme qui revient d'un voyage de long cours n'ayant d'autre ressource que dans votre amitié. Si vous ne prenez pas cette affaire avec vivacité, avec emportement, avec rage, je suis perdu.

 

Je me mets, mon cher ange, bien sérieusement à l'ombre de vos ailes. J'envoie le manuscrit de Constantinople au quai d'Orsay [vii] par M. de Vaines. On m'a dit qu'il était encore en place jusqu'au mois de janvier. Faites -vous rendre le paquet, et ayez pitié de

 

V. »

 


ii M. de Villevieille en a fait les plus grands éloges à Condorcet le 24 octobre, après l'avoir vue jouée à Ferney.

http://www.voltaire-integral.com/Grimm/Avr1778.html...


Philippe-Charles-Francois-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle ou Villevieille (1738-1825), ami de Voltaire et collectionneur de ses oeuvres.

 

iii Jean-Henri de Marchand a écrit le Testament politique de M. de V***, 1770

http://books.google.fr/books?id=c_VaAAAAQAAJ&printsec...

 

iv On trouve dans le Barbier de Séville Ac III, sc 2. : Bartholo : « Garder le lit ! Bazile !...

http://cesar.org.uk/cesar2/titles/titles.php?fct=edit&...

 

v Le changement fut effectué.

 

vi V* s'est arrangé pour que les noms de ses personnages d'une tragédie -telle celle de Zulime- que V* changea puis repris, ont le même nombre de syllabes et la même finale ce qui permet de les mettre en vers sans autre changement.

 

vii Où habite d'Argental.

 

 

24/10/2010

On paye cher les malheurs de nos généraux

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

Aux Délices 24 octobre 1759

 

Le théâtre de Polichinelle [i] est bien petit, je l’avoue, mais mon divin ange, nous y tînmes hier neuf en demi-cercle assez à l’aise. Encore avait-on des lances, des boucliers, et on attachait des écus à l’armet de Mambrin [ii], à nos bâtons verts et clinquants, qui passeront si on veut pour pilastres vert et or. Une troupe de racleurs et de sonneurs de cor saxons chassés de leur pays par Luc composaient mon orchestre. Que nous étions bien vêtus ! que Mme Denis a joué supérieurement les trois quarts de son rôle ! Je souhaite en tout que la pièce soit jouée à Paris comme elle l’a été dans ma masure de Tournay. Madame Scaliger ! votre pièce a fait pleurer les vieilles et les petits garçons, les Français et le Allobroges. Jamais le mont Jura n’a eu pareille aubaine. Le billet adultère n’a choqué personne [iii.]. C’est le mot propre. La Sicilienne est mariée par paroles de présent comme disent nos vieux romans . Vamir [sic] Spartacus [iv], passez les premiers . Je ne suis nullement pressé . Je vous enverrai, mon cher ange, pièce, rôles et notes dans quelque temps et vous en ferez ce qu’il vous plaira.

 

Si M. et Mme de Chauvelin viennent dans mon ermitage des Délices [v], nous les mènerons à la comédie à Tournay. Une tragédie nouvelle et des truites sont tout ce qu’on peut leur donner dans mon pays. Mais j’ai bien peur que vous ne gardiez vos amis . Vous me mandez que M. de Chauvelin sera le jour de tous les saints chez moi . Mais ne se pourrait-il pas faire qu’il fut secrétaire d’État en attendant ? Mon cher ange, si vous n’êtes pas aussi secrétaire d’État, venez nous voir en allant à Parme . Car il faudra bien que vous alliez à Parme [vi] . Vous verrez en passant votre étrange tante [vii]. Vous ferez un fort joli voyage.

 

Que dites-vous de Luc [viii] qui, après avoir été frotté par mes Scythes, veut entreprendre le siège de Dresde ? Cette guerre ne finira point . En voilà pour dix ans . On me mande qu’on est tout consterné et tout sot à Paris . On paye cher les malheurs de nos généraux. Mais le parlement sur les conclusions d’Omer Joly raccommodera tout en faisant brûler de bons ouvrages [ix].

 

Votre abbé Zachée [x] est donc incurable ! Heureusement sa maladie ne fait pas de tort à son frère l’ambassadeur, les folies sont personnelles . Et le vieillard d’Espagnac, qu’en ferons-nous ? Il me paraît que ce grave personnage marche à pas bien mesurés [xi]. Je vous demande bien pardon de vous avoir embâté de cette négociation .

 

On m’écrivait que le chose du Portugal, comme dit Luc qui ne voulait pas l’appeler roi, avait renvoyé tous ses jésuites à l’abbé Rezzonico [xii], et en gardait seulement 18 pour les pendre, mais ces bonnes nouvelles ne se confirment pas . Je baise le bout de vos ailes , mon divin ange.

 

 

V. »

i Théâtre du château de Tournay.

ii Roi maure légendaire dont le casque (l’armet) rend invulnérable et qui doit augmenter la notoriété de Don Quichotte.

http://www.deezer.com/listen-2296934

iii La pièce de Tancrède qu’a critiquée Mme d’Argental et corrigée dans un « beau mémoire » « tout entier de sa main ». Elle y critiquait l’expression « billet adultère » qui devait se trouver acte IV, et V* lui répondait le 18 juin : « ces mots "billet adultère" ne révolteront point quand il n’y aura pas de petits maitres sur le théâtre » ; il semble qu’il les ait remplacés par "billet plein d’horreur". « De présent » = « à présent »

v Le marquis de Chauvelin devait passer en rejoignant son poste d’ambassadeur à Turin

vi Il a obtenu le poste d'envoyé à Parme.

vii Mme de Grolée, de Lyon, sœur du cardinal de Tencin, tante de d'Argental ; il faudrait lui plaire pour obtenir l'héritage du cardinal ; cf. lettre du 24 mai 1758 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/13/a...

viii Frédéric a été battu par les Russes le 12 août à Kunersdorf et en octobre son frère le prince Henri marche sur Dresde.

ix Condamnation récente de son Poème sur la loi naturelle, du livre d'Helvétius De l'esprit, et la suspension de l'Encyclopédie.

x L'abbé Henri-Philippe Chauvelin, de très petite taille (environ quatre pieds) comme Zachée dans l'évangile de St Luc.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Philippe_de_Chauvelin

 

xi Cf. lettre du 29 juin 1759 ; il s'agit de la conservation des droits seigneuriaux de la terre de Tournay en faveur de V*.

xii Au pape Clément XIII ; ils avaient été impliqués dans l'attentat contre le roi le 4 septembre 1758 ; cf. lettre aux Cramer du 10 février 1759 : les jésuites avaient été chassés le 19 janvier 1759 par Pombal qui renvoya même par la suite le nonce.

23/10/2010

qui n'est que sage n'est pas grand chose

 

 

 

  

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Henri Lambert d'Herbigny, marquis de Thibouville [i]

 

A Ferney 22è octobre 1777

 

Messieurs et anges, je vous jure encore une fois qu'aucun mortel ne savait de quoi il était question. Ma folie est à présent publique [ii]. C'est à votre sagesse et à vos bontés de la conduire. J'aurais voulu que cette folie eût été plus tendre, et eût pu faire verser quelques larmes, mais ce sera pour une autre fois. Je suis occupé actuellement d'une nouvelle extravagance à faire pleurer [iii]. Il y a je ne sais quoi de trop philosophique dans celle que vous protégez [iv]. Cela est attachant, cela n'est pas mal écrit ; mais élégance et raison ne suffisent pas . Ce n'est pas assez d'un intérêt de curiosité, il faut un intérêt déchirant. Je crois que la pièce est sage ; mais qui n'est que sage n'est pas grand chose. Tirez-vous de là comme vous pourrez.

 

On dit que les acteurs, excepté Lekain, et ceux ou celles que vous voudrez honorer de vos conseils, sont supérieurement plats. On dit que la plupart de ces messieurs débitent des vers comme on lit la gazette.

 

Je vous prierai donc, messieurs, dans l'occasion, d'empêcher qu'on ne m'estropie et qu'on ne me barbarise.

 

Je viens d'écrire à M. le mal de Duras [v], comme vous me l'avez ordonné. Je lui ai dis, avec raison, que la consolation de la fin de mes jours dépendait de lui. Car, messieurs mes anges, sachez que je ne puis avoir le bonheur de vous revoir qu'en Sicile [vi]. Sachez que si je vivais assez pour aller jusqu'à Constantinople [vii], je ne pourrais faire ce second voyage qu'après avoir passé par Syracuse.

 

Je n'ai point dit à M. le mal de Duras de quoi il s'agissait précisément. Je l'ai seulement prévenu que vous lui montreriez quelque chose qui avait un grand besoin de sa protection. Je me suis bien donné de garde de lui dire que vous lui laisseriez ce quelque chose entre les mains. Je suis bien sûr que ma Syracuse ne sortira pas des vôtres, tout serait perdu si elle en sortait. Autant vaudrait jeter Agathocle et Idace dans le gouffre du mont Etna. Pour moi, j'ai bien l'air de me jeter la tête la première dans le lac de Genève, si vous ne réussissez pas dans ce que vous entreprenez. Nous avons eu deux filles qui se sont noyées ces jours passés ; j'irai les trouver au lieu de venir me mettre à l'ombre de vos ailes ; mais je n'ai que faire de me tuer, mon âge, mes travaux forcés, mes maux insupportables, et la Sicile, et Constantinople me tuent assez , et si je meurs, c'est en me recommandant à messieurs et anges. »

 

 

ii On sait qu'il veut, à son âge, encore faire jouer une tragédie.

iii Une troisième pièce ? Jean Huber écrit à Palmerson (en ayant fait allusion au passage de Joseph II près de Ferney) que V* « a fait en badinant trois tragédies qui ne se joueront jamais. »

iv Agathocle ; cf. lettre du 5 septembre 1777. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/08/s...

 

v Premier gentilhomme de la chambre « d'année » ; auparavant, V* a écrit par erreur au duc d'Aumont ; cf. lettre du 10 octobre à d'Argental.

vi A l'occasion de la représentation d'Agathocle qui se passe en Sicile ; elle ne sera jouée que l'année suivant la mort de V*, le 31 mai 1779.

vii Irène.

22/10/2010

j'étais incapable d'avoir fait cette ode impertinente que les colporteurs mêmes rougissaient de m'attribuer.

 

 

http://www.deezer.com/listen-5139874

 

feydeau de marville.jpg

Correspondant qui a le bras long, que ce Feydeau de Marville qui au mois de septembre précédent a fait paraitre un édit interdisant la vente et la consommation des ... melons de Paris ! http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://saint-sevin.pag...

Terriblement touche-à-tout que ce lieutenant général de la police !

Vous rappelle-t-il quelques contemporains ? Le parlement européen ? Un président ? Un ministre ?

 

 

 

 

 

« A Claude-Henri Feydeau de Marville

[i]

A Champs ce 22 octobre [1744]

 

Ce n'était pas assez, Monsieur, que les libraires eussent imprimé sous mon nom l'ode aussi punissable que méprisable au sujet de laquelle je vous ai dénoncé la Bienvenu [ii], il faut encore que Prault le libraire imprime et défigure mes véritables ouvrages [iii]. Je suis bien affligé que M. de Crébillon qui a de l'amitié pour moi ait mis son nom [iv]au bas de cette pièce sans m'en avertir, et que Prault ait pu en disposer, sans daigner m'en demander la permission.

 

Je suis trop jaloux de votre estime, Monsieur, pour n'avoir pas l'honneur de vous envoyer l'ouvrage tel que le roi l'a reçu et tel qu'il a daigné l'honorer de son approbation [v]. Il eut la bonté de dire qu'on voyait bien que celui-là était de moi, et que j'étais incapable d'avoir fait cette ode impertinente que les colporteurs mêmes rougissaient de m'attribuer.

 

Oserais-je vous supplier, Monsieur, d'ajouter vos bontés à celles du roi, d'envoyer chercher Prault le père, et de l'engager à réparer la double faute qu'il a faite, d'imprimer mon ouvrage sans mon consentement et de l'imprimer si mal ? Votre place, Monsieur, et votre goût vous engagent à protéger les arts. Ainsi j'ose me flatter que vous pardonnerez à mon importunité, et que vos bontés justifieront la confiance que j'ai en elles.

 

Je vous supplie d'être persuadé du respect et de l'attachement avec lequel je serai toute ma vie

 

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur.

 

Voltaire. »

ii V* dénonça la Bienvenu le 31 août ; c'est l'Ode sur les conquêtes du roi, par M. de Voltaire.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5431433v : voir les notes manuscrites .

 

iii Cf. lettre du 11 juillet à d'Argental.

iv L'Approbation , nécessaire pour édition.

v C'est le Discours en vers sur les évènements de l'année 1744.

Page 491 : http://books.google.fr/books?id=H2wjAQAAIAAJ&pg=PA808...

ou page 525 en PDF.

 

21/10/2010

il ne nous reste plus que d'adorer en silence la main de Dieu qui nous châtie....Sauve qui peut.

 

main de dieu.jpg

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=HECzP1l4r1U&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=VMUu8WPGe94&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=CtxaYvrN_vo&feature=re...

 

 

 

« A Jean-François Marmontel

 

21è octobre 1771

 

Mon cher ami, après les aventures des Bélisaire et des Fénelon [i] il ne nous reste plus que d'adorer en silence la main de Dieu qui nous châtie. Les jésuites ont été abolis, les parlements ont été réformés [ii]. Les gens de lettres ont leur tour. Bergier [iii],Ribaudier [iv], Coge pecus et omnia pecora [v] auront seuls le droit de brouter l'herbe. Vous m'avouerez que je ne fais pas mal d'achever tout doucement ma carrière dans la paix de la retraite qui seule soutient le reste de mes jours très languissants.

 

Heureux ceux qui se moquent gaiement du rendez-vous donné dans le jardin [vi] pour aller souvent en enfer, et qui n'ont point affaire à des fripons gagés pour abrutir les hommes, pour les tromper et pour vivre à leurs dépens. Sauve qui peut.

 

Dieu veuille qu'en dépit de ces marauds-là vous puissiez choisir, pour remplir le nombre de nos Quarante, quelque honnête homme franc du collier et qui ne craigne point les cagots.

 

Il n'y a plus moyen d'envoyer un seul livre à Paris [vii]. Cela est impraticable à moins que vous ne trouviez quelque intendant ou fermier des Postes qui soit assez hardi pour s'en charger. Encore ne sais-je si cette voie serait bien sûre. Figurez-vous que tous les volumes de Questions sur l'Encyclopédie qui ont été imprimés jusqu'ici, l'ont été à Genève, à Neuchâtel, dans Avignon, dans Amsterdam, que toute l'Europe en est remplie et qu'il n'en peut entrer dans Paris un seul exemplaire. On protégeait autrefois les belles-lettres en France. Les temps sont un peu changés.

 

Vous faites bien, mon cher confrère, de vous amuser de l'opéra-comique [viii]. Cela n'est sujet à aucun inconvénient, et d'ailleurs on dit que le grand théâtre tragique est tout à fait tombé depuis la retraite de Mlle Clairon. Je vous prie de lui dire combien je lui suis attaché, et d'être persuadé de la tendre amitié qu'on a pour vous dans la retraite de Ferney.

 

V. »

i Condamnation du Bélisaire de Marmontel en 1767 et en septembre 1771 de l'Éloge de ... Fénelon de La Harpe.

ii Par Maupéou.

iii Auteur entre  autres de l'Examen du matérialisme ou Réfutation du Système de la nature. V* se plaignit en août 1770 qu'on accordât la priorité à la réponse de ce prêtre sur la sienne.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas-Sylvestre_Bergier...

Il figure en « bonne » place, celle des voués aux furies, dans le tableau dit Le triomphe de Voltaire au château de Voltaire à Ferney-Voltaire 01170 .

iv Riballier qui censura Bélisaire.

v Surnom donné à Coger en 1767 qui avait publié un Examen du Bélisaire de M. Marmontel et ainsi contribué à la condamnation de l'ouvrage. Ce surnom inspiré par une bucolique de Virgile a été signalé par d'Alembert 14 juillet 1767 et V* en fit grand usage. « coge pecus » = rassemble le troupeau et « omnia pecora » = et tous les troupeaux.

http://books.google.fr/books?id=aNg5AAAAcAAJ&printsec...

 

vi Il s'agit du rendez-vous que les philosophes prétendent donné dans le pré à leur bétail par Coger et les dévots. Marmontel ,le 14 novembre, répondra : « Je ne me tiens point pour battu sur le rendez-vous manqué. L'idée est trop plaisante pour ne pas vous revenir souvent, et à la fin elle germera. »

vii Car Marin n'est plus censeur de la Librairie.

viii L'Ami de la maison, texte de Marmontel (d'après son conte moral Le Connaisseur) et musique de Grétry, va être donné à Fontainebleau le 26 octobre ; Zémire et Azor sera donné le 9 novembre.

http://www.musicologie.org/Biographies/g/gretry_andre.htm...

Zémire et Azor : http://www.youtube.com/watch?v=4R6lR1eAve0&feature=re...

http://www.youtube.com/watch?v=Tiq9PQpXYeQ&feature=ch...

http://www.youtube.com/watch?v=aKBLyez8wCo&feature=ch...

 

 

20/10/2010

comme les anciens initiés qui sans s'être jamais vus se connaissaient et s'aimaient

 

Note rédigée le 21 août 2011 pour parution le 20 octobre 2010 .

 A cette date, Volti était encore loin d'être un frère maçon, initié et initiateur qu'il était alors dans le domaine de la philosophie , et par dessus tout de la tolérance .

voltaire franc maçon.jpg

 http://mvmm.org/c/docs/voltaire.html

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

20 octobre 1761

 

Je suis avec vous, mon cher frère, comme les anciens initiés qui sans s'être jamais vus se connaissaient et s'aimaient . Lisez, je vous prie, les Car 1 qu'on m'a envoyés et que j'envoie à M. d'Alembert . Ils sont dans son paquet . Vous cachetterez le tout proprement . Au nom des frères répandez les Car . Ils ôteront, à la cour, le crédit dont Pompignan veut accabler nos chers frères . Unissons-nous tous contre ces barbares . La paix soit avec nous . Mais que jamais on ne sache que j'ai envoyé ces Car à moi parvenus par un frère de province . »


Un fripon armé des armes de la calomnie et de la vraisemblance peut faire beaucoup de mal

http://www.deezer.com/listen-299883

Note rédigée le 20 août 2011 pour parution le 20 octobre 2010

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

Aux Délices 20è octobre 1764

 

Mon divin ange, je vous ai écrit un petit mot par M. le duc de Praslin ; j'ai écrit à Mme d'Argental, qui vous communiquera ma lettre 1. Le petit ex-jésuite 2 est toujours plein de zèle et d'ardeur, et quand il reverra ses Roués, il attendra quelque moment d'enthousiasme pour faire réussir votre conspiration ; vous connaissez l'opiniâtreté de sa docilité .

 

Pour moi, vieux ex-parisien, et vieux excommunié, je suis toujours occupé de ce malheureux Portatif qu'on s'obstine à m'imputer . Un petit abbé d'Estrées, dont je vous ai, je crois, parlé dans mon billet, qui a travaillé autrefois avec Fréron, qui s'est fait généalogiste 3 et faussaire, à qui ce dernier métier a obtenu un petit prieuré dans le voisinage de Ferney, et qui a tous les vices d'un fréronien et d'un prieur, ce petit monstre, dis-je , est celui qui a eu la charité de se rendre mon dénonciateur .

 

Il faut que vous sachiez que ce polisson vint l'année passée prendre possession de son prieuré dans une grange, en se disant de la maison d'Estrées, promettant sa protection à tout le monde, et se faisant donner des fêtes par tous les gentilshommes du pays . Je n'eus pas l'honneur de lui aller faire ma cour, il m'écrivit que j'étais son vassal pour un pré qui relevait de lui, que mes gens étaient allés chasser une fouine auprès de sa grange épiscopale, qu'il voulait bien me donner à moi personnellement permission de chasser sur ses terres, mais qu'il procéderait par voie d'excommunication contre mes gens qui tueraient des fouines sur les siennes .

 

Comme je suis fort négligent, je ne lui fis point de réponse ; il jura qu'il s'en vengerait devant Dieu, et devant les hommes, et il clabaude aujourd'hui contre moi chez M. l'évêque d'Orléans 4, et chez monsieur le procureur général 5. Un fripon armé des armes de la calomnie et de la vraisemblance peut faire beaucoup de mal .

 

On m'impute le Portatif, parce qu'en effet il y a quelques articles que j’ai destinés autrefois à l'Encyclopédie, comme Amour, Amour-Propre, Amour socratique, Amitié etc . Mais il est démontré que le reste n'en est pas . J'ai heureusement obtenu qu'on remît entre mes mains l'article Messie, écrit tout entier de la main de l'auteur 6. Je ne vois pas ce qu'on peut répondre à une preuve aussi évidente . Tout le reste est pris de plusieurs auteurs connus de tous les savants .

 

En un mot, je n'ai nulle part à cette édition, je n'ai envoyé le livre à personne, je n'ai d'autres imprimeurs que les Cramer, qui certainement n'ont point imprimé cet ouvrage . Le roi est trop juste et trop bon pour me condamner sur des calomnies aussi frivoles qui renaissent tous les jours , et pour vouloir accabler sur une accusation aussi vague et aussi fausse un vieillard chargé d'infirmités .

 

Je finis, mon cher ange, parce que cette idée m'attriste ; et je ne veux songer qu'à vos bontés qui me rendent ma gaieté .

 

N.B.- Non, je ne finis pas . Le roi a chargé quelqu'un d'examiner le livre, et de lui en rendre compte, c'est ou le président Hénault ou M. d'Aguessau : je soupçonne que l'illustre abbé d'Estrées a diné avec le président chez le procureur général , dont il fait sans doute la généalogie . Cet abbé d'Estrées a mandé à son fermier qu'il me perdrait, il toujours sa fouine sur le cœur . Dieu le bénisse !

 

J'ai actuellement les yeux dans un pitoyable état, cela peut passer, mais les méchants ne passeront point .

 

Malgré mes yeux j'ajoute que Montpéroux, résident à Genève, aurait mieux fait de me payer l'argent que je lui ai prêté que d'écrire ce qu'il a écrit à M. le duc de Praslin 7.

 

Sub umbra alarum tuarum . »


1 Le comte étant à Fontainebleau, à la cour, V* écrivit à la comtesse une lettre de reniement du Dictionnaire philosophique qu'elle doit communiquer à son mari pour que, profitant de l'occasion, celui-ci obtienne des protections en haut-lieu : « M. d'Argental est à Fontainebleau , la vérité a là un bon appui . Je compte sur les bontés de M. le duc de Praslin ... »

2 Le toujours prétendu auteur d'Octave ou Le Triumvirat .

3 D'où ce passage dans la lettre du 22 :

page 92 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f97.image.r=...

« Le petit abbé d'Estrées … emploie toutes les ressources de son métier de généalogiste pour prouver que le diable engendra Voltaire et que Voltaire a engendré le Dictionnaire philosophique . »

4 Louis Sextius de Jarente de La Bruyère .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Sextius_Jarente_de_La_...

5 Le 19 décembre à d'Alembert : page 121 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80037z/f126.image.r...

« (l'abbé) était à la campagne, en qualité de généalogiste et de polisson, chez M. de La Roche-Aymon, dont la terre touche à celle du procureur général »

6 Polier de Bottens, voir lettres du 19 octobre à d'Alembert et à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/16/a...

et : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/18/j...

7 Voir le texte cité dans une note de la lettre du 24 septembre à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/09/24/c...

A cette lettre du résident qui lui signalait l'indignation soulevée par le Dictionnaire, et sa condamnation à Genève;le duc répondait : « Il serait à désirer que le Conseil de Genève usât plus souvent de la sévérité avec laquelle il a traité le Dictionnaire philosophique . »