Aucune hésitation ! Il faut dire son soutien total aux Chrétiens d'Orient victimes de la barbarie. #ChretiensdOrient
10/04/2015
Mettez-nous , je vous en prie, un peu au fait, non pas de ce qui est, mais de ce qu'on croit
... Géniale prière qui, pour notre malheur de lecteurs et pour le bonheur de vendeurs de torchons de papier papier/électronique, est trop souvent exaucée .
Et on se retrouve dans A mess like this [un bordel comme ça]...
... comment s'en sortir ?
Difficilement ! car ...
« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine
Aux Délices 14 avril 1760
Vous n'entendez pas si bien l'orthographe ni le plaisir de donner souvent de vos nouvelles, que Mme de Sévigné, mais vous écrivez aussi bien qu'elle, ma chère nièce . Jugez combien je suis fâché de recevoir si rarement de vos lettres . Il me semble que vous peignez Paris à merveille . Je vous loue beaucoup d'aller passer deux ans chez vous . Le monde sera peut-être moins fou, moins sot et moins pauvre au bout de deux ans . Que sait-on ? Je vous avertis que je ne veux donner les Tancrède et les Médime que quand vous serez revenue . Je ne suis point du tout pressé de m'exposer au parterre de Paris . C'est bien assez que nos enfants nous amusent chez nous, sans les envoyer essuyer les caprices de la multitude . Je suis un peu revenu des vanités de ce monde . Laissons surtout achever la grande pièce qui se joue entre deux impératrices, l'Angleterre, la France et Luc . Luc m'écrit toujours 1 et dit qu'il se battra bien . Il paraît ne rien craindre . Je lui sais bon gré d'avoir envoyé une épître à d'Alembert 2 contre les pédants qui ont proscrit l'Encyclopédie . S'il sait les nouvelles vraies ou fausses qui courent Paris et le monde, il en dira de bonnes . Mais tout ce qu'on dit est-il bien véritable ? Comment imaginer une telle imprudence ? Vous savez que je suis un peu incrédule . Mettez-nous , je vous en prie, un peu au fait, non pas de ce qui est, mais de ce qu'on croit . Tout le monde en parle, peu de gens osent écrire, mais une veuve qui va à sa campagne passer deux ans, peut demander hardiment ce qu'elle entend dire, sans rien garantir .
Bonsoir, ma chère enfant, les Délices sont aux pieds d'Hornoy, malgré nos nouvelles terrasses et nos nouveaux appartements . Nous savons ce que nous devons aux puissants seigneurs . Mille amitiés à tout ce qui vous entoure, et surtout portez-vous mieux que moi .
V. »
1 Le 24 février 1760 ( page 314 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f328.image.r=24%20f%C3%A9vrier ), le 28 février, le 26 mars 1760 ; voir la lettre du 15 avril à Frédéric : page 352 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f366.texte.r=3485
2 Datée de février l’Épître à d'Alembert sur ce qu'on avait défendu l'Encyclopédie et brûlé ses ouvrages en France ; voir les Oeuvres de Frédéric , XII, 147-151 : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/12/147/text/?h=Ep%C3%AEtre|%C3%A0%7Cd%27Alembert|sur|ce|qu%27on|avait|dEfendu|l%27EncyclopEdie|et|br%C3%BBlE|ses|ouvrages|en|France
, et XIII, 201-204 : http://friedrich.uni-trier.de/de/oeuvres/13/201/text/?h=Ep%C3%AEtre|%C3%A0%7Cd%27Alembert|sur|ce|qu%27on|avait|dEfendu|l%27EncyclopEdie|et|br%C3%BBlE|ses|ouvrages|en|France
01:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/04/2015
Sauve qui peut : c'est depuis quelque temps notre devise
... Dit -on en loucedé au FN qui nous joue l'épisode 22 de la saison 14 de Game of Thrones ; ça va saigner .
Le tyran va se faire déboulonner/déboutonner, l'héritière directe va profiter sans partage du bâti paternel, la petite Marion attendra encore un peu pour remplacer sa tante , l'ancêtre va au mieux être euthanasié, au pire laissé libre d'éructer des conn...
J'attends la suite de cette saga abracadabradantesque (comme disait un futur ex-président ) . Sempé me semble bien imager la situation ...
http://lorgnonmelancolique.blog.lemonde.fr/files/2011/10/semp%C3%A9140.jpg
« A Jean-Robert Tronchin
à l'Hôtel de Lyon, rue de Grenelle
Saint Honoré
à Paris
Aux Délices 12 avril [1760]
Je ne suis pas , mon cher monsieur, bien impatient du paquet dont vous avez eu la bonté de vous charger pour moi . Vous pourrez le donner à M. Cromelin, vous pourrez l'envoyer à M. Camp, vous pourriez même le faire contresigner en deux ou trois subdivisions et le faire partir par la poste quand vous aurez eu l'occasion de le faire contresigner . M. Bouret me rend quelquefois ce service . Enfin vous ferez comme vous pourrez, rien ne presse . Si vous faites un tour dans votre patrie, vous trouverez les Délices un peu augmentées 1. Je m'aperçus quand M. de Chauvelin y vint que je n'avais pas assez de logement . Je fais de petits nids à rats où du moins on pourra loger , et où j'aurai de plus une bibliothèque . Tout sera de plain pied . Mais Dieu veuille que ma destinée ne me joue pas encore le tour de m'envoyer à Manheim quand vous viendrez à Genève..
Je serai aussi aise qu'étonné si nous avons la paix cette année . Les Anglais pour préliminaires nous prennent toujours quelque vaisseau . Je crois en vérité n'avoir pas fait assez de provisions de sucre et de café . Il faut se nantir de tout pour des années quand on est en guerre avec l'Angleterre . Les Gaulois ne sont pas marins . Sauve qui peut : c'est depuis quelque temps notre devise . La mienne est de vous être tendrement attaché pour toute ma vie .
V.
A propos je crois qu'il faut 33 livres ou 34 à cette Mme des Ayvelles 2 pour les rogatons de ces cuistres . Si elle s'adresse à vous, voulez-vous bien lui procurer ce petit remboursement ? »
1 Sans doute s'agit-il de l'aile transversale ajoutée par V* au bout de la grande galerie, dont ce qui subsiste aujourd’hui forme une partie de la bibliothèque . Voir : http://www.ville-ge.ch/bge/imv/
2 Marie-Béatrice du Châtelet, marquise des Ayvelles , épouse de Philippe-François d'Ambly des Ayvelles en 1693 , V* avait sans doute connu cette parente de la marquise du Châtelet en Lorraine , elle quittait parfois son hôtel de Bar le Duc pour séjourner à Loisey ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Loisey
01:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/04/2015
On paraît épuisé à la fin d'une campagne, et on recommence encore sur nouveaux frais ; on dit : Ce sera la dernière, et cette dernière en amène encore une autre, et les malheurs du genre humain ne finissent point
... Pessimiste Voltaire ?
Non ! réaliste . J'ose espérer être du même tempérament, à défaut d'avoir autant d'esprit .
La Grande Guerre, 14-18, était sensée être la première et la dernière des tueries qu'aurait à subir le monde .
Epuisement, reprise de l'économie, crise et de nouveau embrasement mondial .
Epuisement, reprise des affaires, confort, crises pétrolières, réunification, morcellements, annexions, guerres larvées, guerres civiles, guerres de religions,... bordel !
This world is a mess !
https://www.youtube.com/watch?v=ptOL1L4LGKI
Juste !
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
Aux Délices, 12 avril 1760
Madame, si j'ai passé trop de temps sans avoir le bonheur de vous écrire, si j'ai été malade, si je languis, ce n'est pas la cousine de Mlle de Pertriset qui en est cause ; je suis dans un âge où les passions ne font pas tourner la tête. Votre Altesse sérénissime daignait s'intéresser à ce mariage ; mais la dot est bien difficile à trouver. L'oncle 1 , qui n'entend pas raillerie, et qui fait toujours de bonnes affaires, conclura peut-être le marché; et ce sera le Mariage forcé.
Je ne doute pas que madame n'ait été contente de ses Américains et de ses Américaines 2. Quand on voit tant de malheurs et tant de cruelles folies en Europe, il n'est pas mal de faire un petit voyage au Pérou. J'ai peur que le voisinage de Votre Altesse sérénissime ne soit inondé de troupes cette année ; mais elle est accoutumée à voir les orages et à les dissiper. Quand je vis les premières tempêtes se former, je crus qu'il y en avait là pour cinq ou six ans ; Dieu veuille que je me sois trompé 3! On paraît épuisé à la fin d'une campagne, et on recommence encore sur nouveaux frais ; on dit : Ce sera la dernière, et cette dernière en amène encore une autre, et les malheurs du genre humain ne finissent point. Le roi de Prusse fait toujours des vers et des revues. Je ne sais comment la petite-fille 4 d'Ernest le Pieux aura pris la lettre au maréchal de Keith. Si le philosophe de Sans- Souci est battu, il sera excommunié.
Conservez, madame, votre sage et heureuse tranquillité d'esprit au milieu de toutes les secousses qui vous environnent; soyez aussi heureuse que vous devez l'être; que la grande maîtresse des cœurs jouisse d'une santé bien affermie ; que votre auguste famille croisse sous vos yeux en grâces, en talents et en mérite. Je me mets à vos pieds et à ceux de monseigneur. Je renouvelle à Votre Altesse sérénissime le profond respect et l'attachement du Suisse V. »
1 Sans doute l'Anglais.(l'Angleterre)
2 Ses propres enfants dans Alzire . Voir aussi lettre du 25 mars 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/24/je-crois-qu-il-vaut-mieux-avoir-affaire-aux-princes-morts-qu-5589658.html
3 Hélas non, V* est en dessous de la durée de ce est est la vraie première guerre mondiale, la Guerre de Sept ans .
00:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/04/2015
Il n'y a de bon, ce me semble, que ce qu'on peut relire sans dégoût
... Voltaire à ce titre est indéniablement bon .
Qu'en est-il de mon blogounet ?
« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du DEFFAND
12è avril 1760 aux Délices .
Je ne vous ai envoyé, madame, aucune de ces bagatelles dont vous daignez vous amuser un moment 1. J'ai rompu avec le genre humain pendant plus de six semaines ; je me suis enterré dans mon imagination ; ensuite sont venus les ouvrages de la campagne, et puis la fièvre. Moyennant tout ce beau régime, vous n'avez rien eu, et probablement vous n'aurez rien de quelque temps.
Il faudra seulement me faire écrire : « Madame veut s'amuser, elle se porte bien, elle est en train, elle est de bonne humeur, elle ordonne qu'on lui envoie quelques rogatons; » et alors on fera partir quelques paquets scientifiques, ou comiques, ou philosophiques, ou historiques, ou poétiques, selon l'espèce d'amusement que voudra madame, à condition qu'elle les jettera au feu dès qu'elle se les sera fait lire.
Madame était si enthousiasmée de Clarisse 2 que je l'ai lue, pour me délasser de mes travaux, pendant ma fièvre ; cette lecture m'allumait le sang. Il est cruel, pour un homme aussi vif que je le suis, de lire neuf volumes entiers dans lesquels on ne trouve rien du tout, et qui servent seulement à faire entrevoir que Mlle Clarisse aime un débauché nommé M. de Lovelace. Je disais : Quand tous ces gens-là seraient mes parents et mes amis, je ne pourrais m'intéresser à eux. Je ne vois dans l'auteur qu'un homme adroit qui connaît la curiosité du genre humain, et qui promet toujours quelque chose de volumes en volumes, pour les vendre. Enfin j'ai rencontré Clarisse dans un mauvais lieu, au dixième volume, et cela m'a fort touché.
La Théodore de Pierre Corneille, qui veut absolument entrer chez la Fillon 3, par un principe de christianisme, n'approche pas de Clarisse, de sa situation et de ses sentiments ; mais, excepté le mauvais lieu où se trouve cette belle Anglaise, j'avoue que le reste ne m'a fait aucun plaisir, et que je ne voudrais pas être condamné à relire ce roman. Il n'y a de bon, ce me semble, que ce qu'on peut relire sans dégoût. Les seuls bons livres de cette espèce sont ceux qui peignent continuellement quelque chose à l'imagination, et qui flattent l'oreille par l'harmonie. Il faut aux hommes musique et peinture, avec quelques petits préceptes philosophiques, entremêlés de temps en temps avec une honnête discrétion. C'est pourquoi Horace, Virgile, Ovide, plairont toujours, excepté dans les traductions qui les gâtent.
J'ai relu, après Clarisse, quelques chapitres de Rabelais, comme le combat de frère Jean des Entommeures 4, et la tenue du conseil de Picrochole 5 (je les sais pourtant presque par cœur) ; mais je les ai relus avec un très-grand plaisir, parce que c'est la peinture du monde la plus vive.
Ce n'est pas que je mette Rabelais à côté d'Horace ; mais si Horace est le premier des faiseurs de bonnes épîtres, Rabelais, quand il est bon, est le premier des bons bouffons. Il ne faut pas qu'il y ait deux hommes de ce métier dans une nation ; mais il faut qu'il y en ait un. Je me repens d'avoir dit autrefois 6 trop de mal de lui.
Il y a un plaisir bien préférable à tout cela : c'est celui de voir verdir de vastes prairies et croître de belles moissons ; c'est la véritable vie de l'homme, tout le reste est illusion.
Je vous demande pardon, madame, de vous parler d'un plaisir qu'on goûte avec ses deux yeux ; vous ne connaissez plus que ceux de l'âme. Je vous trouve admirable de soutenir si bien votre état ; vous jouissez au moins de toutes les douceurs de la société 7. Il est vrai que cela se réduit presque à dire son avis sur les nouvelles du jour, et il me semble qu'à la longue cela est bien insipide. Il n'y a que les goûts et les passions qui nous soutiennent dans ce monde. Vous mettez à la place de ces passions la philosophie, qui ne les vaut pas ; et moi, madame, j'y mets le tendre et respectueux attachement que j'aurai toujours pour vous. Je souhaite à votre ami 8 de la santé, et je voudrais qu'il se souvînt un peu de moi. »
1 « Ce que vous appelez vos rogatons, monsieur, m'ont fait un grand plaisir, surtout le chant de La Pucelle ; vous en avez encore deux autres , vous me les avez fait espérer et je les attends avec impatience . Vous devriez bien m' envoyer des articles du dictionnaire de vos idées . », ainsi commence la lettre du 24 mars 1760 de la marquise à laquelle répond V* . Plus loin , elle dit : « Je reviens à votre nouveau chant de La Pucelle . La peinture de l'Anglais et de l'Anglaise, et le contraste de leur caractère au nôtre est charmant ; ne me faites point attendre longtemps le reste . Envoyez-moi aussi quelques articles de votre dictionnaire . Je vous le demande à deux genoux ; ayez soin de mon amusement . »
2 V* dans sa lettre du 13 octobre 1759 disais : « je ne vous passe point de vouloir me faire lire les romans anglais » et la marquise lui réponds le 28 octobre 1759 : « Je ne vous parle plus des romans anglais, sûrement ils vous paraitraient trop longs ; il faut peut-être n'avoir rien à faire pour se plaire à cette =lecture , mais je trouve que ce sont des traités de morale en actions qui sont très intéressants et peuvent être fort utiles ; c'est Paméla,Clarisse et Grandissonn ; l'auteur est Richerson , il me paraît avoir bien de l'esprit . »
La fameuse History of Clarissa Harlowe, de Samuel Richardson, fut traduite par l'abbé Prévost sous le titre de Lettres anglaises ou Histoire de miss Clarisse Harlove, 1751-1752 ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Clarisse_Harlowe
.
-
3La Fillon tenait une maison de tolérance sous la Régence .Voir : http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2010/07/14/la-presidente-fillon.html
4 Gargantua, livre I, chap. XXVII. ; voir : https://www.youtube.com/watch?v=RTy6S4SgdXY
5 Gargantua , livre I, chap. XXXIII. ; voir : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/rabelais-francois-gargantua.html
6 Dans le Temple du Goût,( http://www.monsieurdevoltaire.com/search/temple%20du%20go... ) Voltaire réduisait l'ouvrage de Rabelais tout au plus à un demi-quart. Il en avait dit bien plus de mal dans la 22e de ses Lettres philosophiques :http://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_philosophiques#VINGT-DEUXI.C3.88ME_LETTRE_SUR_M._POPE_ET_QUELQUES_AUTRES_PO.C3.88TES_FAMEUX.
7 « J'ai un très joli logement fort commode, je ne sors que pour souper, je ne découche jamais et je ne fais point de visites . Ma société n'est pas nombreuse, mais je suis persuadée qu'elle vous plairait […] J'ai vu pendant quelques temps plusieurs savants et gens de lettres ; je n'ai pas trouvé leur commerce délicieux . J'irais volontiers aux spectacles s'ils étaient bons, mais ils sont devenus abominables ; l'opéra est indigne et la comédie ne vaut guère mieux , elle est fort peu au dessus d'une troupe bourgeoise ; et le jeu naturel que M. Diderot a prêché, a produit le bon effet de faire jouer Agrippine avec le ton d'une harengère : ni Mlle Clairon ni M. Lekain ne sont de vrais acteurs , ils jouent tous d'après leur naturel et leur état, et non pas d'après celui du personnage qu'ils représentent . Le comique vaut mieux, Mlle Dangeville est excellente, et Préville charmant quoiqu'un peu uniforme . » : lettre déjà citée .
8 Le président Hénault.
01:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/04/2015
ne jugez point de mes sentiments par ma négligence
... Mais si, mais si ! parlons-en de vos sentiments messieurs les présidents qui négligez de condamner les massacres de chrétiens .
Plus précisément, comment ne pas voir en la RATP une entreprise de sodomites de diptères dans son refus de l'affiche des Prêtres en soutien des chrétiens d'Orient malmenés . Ce n'est plus de la négligence, c'est de la lâcheté . Craindraient-ils de perdre des clients , -des partisans de l'Etat Islamique ,- seule explication que je puisse trouver en ce monde conduit par le seul profit ?
Manuel Valls est heureusement plus couillu à ce sujet
« A Joseph-Louis de Ponte, comte d'Albaret
Aux Délices 10 avril [1760]
Vous direz, monsieur, que je suis un paresseux, et vous aurez raison . Mais vous connaissez ma détestable santé : ne jugez point de mes sentiments par ma négligence ; croyez que de tous les paresseux et de tous les malades, je suis celui qui vous est le plus dévoué . Mme Denis va rejouer, mais pour moi je renonce au tripot . Je suis trop vieux, et je m'affaiblis tous les jours . Vraiment je serais charmé de voir la traduction de cette Alzire . Je suis comme les vieilles qui aiment les portraits dans lesquels elles se trouvent embellies .
Tout ce que vous me dites de Mme l'ambassadrice de France 1 se rapporte fort à ce qu'elle nous a laissé entrevoir . Elle paraît pétrie de grâces et de talents . Si j'avais la hardiesse de passer les Alpes, ce serait pour elle, pour M. de Chauvelin, pour vous , monsieur, et non pour entendre des opéras . Mais il faut achever ma carrière dans ma retraite . Je suis assez semblable aux girouettes qui ne se fixent que quand elles sont rouillées . Comptez que malgré mes misères , je sens bien vivement votre mérite et vos bontés ; autant en fait Mme Denis .
Umillimo 2.
Voltaire . »
1 Mme de Chauvelin , épouse du marquis Bernard-Louis de CHAUVELIN, ambassadeur à Turin. .Voir lettre du 11 décembre 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/19/je-pense-que-tout-le-monde-est-devenu-fou-cela-ne-serait-rien-si-l-on-n-eta.html
2 [Votre] très humble [serviteur].
00:22 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/04/2015
Mon occupation est d'améliorer tout
... Vaste programme, qui semble estimable.
Mais qui actuellement au niveau d'EELV Europe Ecologie Les Verts se résume à "Nommez-moi ministre dans votre gouvernement , vite ! vite ! " avec des personnalités plus bavardes qu'utiles . Il ne manque plus que la DS3 à toit vert pour poser sa candidature et le tableau sera complet .
Vert, je veux bien l'être, -comme le Galant Henri IV,- mais pas de rage en voyant ce cirque politicien .
« A Charles de BROSSES, baron de Montfalcon
Aux Délices, 9 avril [1760].
Le petit antifétichier remercie très-humblement le grand et sage antifétichier. J'ai reçu, monsieur, toutes les pancartes que vous avez eu la bonté de faire dresser pour moi. La Perrière se trouvant hors des limites de la Bâtie et de Tournay, voilà la chose plus indécise que jamais. Plus je connais cette terre et plus je vois qu'il ne faut songer qu'au rural, et très-peu au seigneurial.
Mon occupation est d'améliorer tout ; et je ne songe à faire pendre personne. Un honneur qui ne produit rien est un bien pauvre honneur au pied du mont Jura.
J'ai stipulé à Son Altesse sérénissime une somme fort honnête pour son droit wisigoth. Je ne veux pas qu'il me traite pour Tournay comme pour Ferney. M. le marquis de Chauvelin m'avait porté parole de sa part qu'il se réglerait suivant la manière dont M.. Fabry 1 en userait, et à proportion de ce que je payerais à M. Fabry, son fermier. Cependant Son Altesse sérénissime a exigé 1000 livres au delà de ce qui lui revenait, et je les ai payées pour ne pas avoir un procès avec un prince du sang. Quant au coup de sabre donné à un Savoyard qui s'en porte très-bien, et que je fis panser à Genève à mes dépens, puisque le bailliage de Gex a trouvé bon de faire tant de bruit pour une omelette 2, j'ai toujours cru qu'il était dur qu'il m'en coûtât environ 600 livres sans que je sache seulement de quoi il s'agit, sans que j'aie vu les pièces du procès, sans qu'il soit dit dans l'exécutoire pourquoi on me fait payer 600 livres. M. de Courteilles 3 a ordonné que les receveurs du domaine eussent à surseoir leur saisie à Tournay. On dit cependant qu'ils la feront. Je n'entends pas les affaires. Je crie, et je compte sur vos bontés.
On fait un emprunt de 60 millions sur la province d'Alsace.
N. B. que Son Altesse sérénissime ne m'a pas encore répondu sur l'offre que j'ai eu l'honneur de lui faire.
Mille respects.
V. »
1 Fabry, subdélégué de l'intendance de Bourgogne à Gex. Une foule de lettres de Voltaire lui sont adressées.
2 « […] voilà horriblement du bruit pour une omelette » : lettre du 4 novembre 1743 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/11/06/il-n-y-a-point-de-fautes-qui-ne-soient-bien-cheres-quand-le.html
3 Intendant des finances, fonctions auxquelles correspondent nos directions générales. M. de Courteilles, ex-ambassadeur en Suisse, avait épousé une fille de l'ancien premier président Fyot de La Marche (Claude-Philippe), condisciple de Voltaire au collège Louis-le-Grand.
00:36 | Lien permanent | Commentaires (0)
04/04/2015
il y a de grands hommes qui se consolent de la perte de leur fils en gouvernant l’État
... Et il est plus courant encore de trouver de petits cocus avides des mêmes consolations , dois-je citer des noms ou vous laisser ce soin ?
Suivez mon regard, vous verrez au moins deux spécimens dans l'histoire récente , si je ne me trompe , et l'un d'eux est si petit (bien qu'ayant un ego surdimensionné) qu'il n'est pour une fois pas visible (ce qu'il corrigera par un remarquable jeux de coudes peu après ).
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches, colonel
etc.
à La Haye
5è avril 1760
Permettez, monsieur , que je me borne à dicter mes remerciements ; je suis si faible,que ma main se refuse à tout ce que mon attachement pour vous m'inspire depuis longtemps ; le cœur n'y perd rien, mais le corps s'affaiblit tous les jours, il m' aurait fallu un climat aussi doux que votre société est charmante ; vos bises me tuent, je ne respire que quand j'ai bien chaud ; j'ai eu l'honneur de voir ici M. le marquis de Gentil, et madame votre sœur ; monsieur votre frère 1 est revenu à sa maison de campagne qui est charmante ; ce petit pays-ci s'embellit tous les jours ; chacun s'empresse de bâtir de jolies maisons , et de planter des jardins agréables ; on joue la comédie, il n'y manque que vous , monsieur , et sans cette maudite bise qui me désole j'aimerais bien ce petit paradis terrestre . Nous avons ici Lécluze,2 qui était le meilleur acteur de l'Opéra-comique ; on a assassiné son fils à Bâle . Cela n'empêche pas le père de donner tous les jours à table des espèces de parades à mourir de rire . Le goût de son métier l'emporte sur la tendresse paternelle ; il y a de grands hommes qui se consolent de la perte de leur fils en gouvernant l’État ; Lécluze se console par des chansons . Il représente la nation, elle rit de ses pertes ; nous n'avons plus ni vaisseau, ni vaisselle mais on joue à Paris une comédie nouvelle tous les huit jours .
Je suis fort aise que ce M. de Saint-Germain 3 dont vous me parlez fasse du bien à la France ; elle en a très grand besoin , mais je doute que cet empirique réussisse mieux que nos médecins ordinaires . Il y a grande apparence qu'on versera encore beaucoup de sang inutilement cette campagne , et qu’il faudra ensuite remettre les épées dans le fourreau, en laissant tout son argent à ceux qui ont tenu la plume et la bourse .
Vous m'avouerez que le philosophe de Sans Souci n'a pas mal pris son temps pour donner son Art de la guerre ; mais aussi vous m'avouerez qu'il n'appartenait guère qu'à lui de faire cet ouvrage . Que dites-vous de l’Épître au maréchal Keith ? Il croit tuer si bien son monde qu'il pense qu'il n'en reste rien .
Il me semble que la maison de Brunsvick n'a jamais joué un si grand rôle dans le monde ; elle a des frères de tous les côtés 4. Adieu monsieur, il y a dans ce petit coin du monde un campagnard qui vous sera tendrement attaché toute sa vie . Votre très humble et très obéissant serviteur
V. de tout mon cœur. »
1 Samuel .
2 Voir la lettre du 1er avril 1760 à Gabriel Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/02/il-faut-punir-les-insolents-mordieu.html
3 Le fameux aventurier qui se faisait passer pour le comte de Saint-Germain , il dut quitter la France en juin 1760 . on ne doit pas le confondre avec le général du même nom qui devint plus tard ministre .
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Comte_de_Saint-Germain
et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Louis_de_Saint-Germain
4 Parmi la nombreuse progéniture de Ferdinand-Albert, duc de Brunswick-Wolfenbüttel, figuraient Charles, marié à Philippine de Prusse ; Antoine-Ulric époux d'Anna Leopoldovna et père d'Ivan VI ; Elisabeth-Christine, femme de Frédéric II de Prusse ; Louise-Amélie, mariée à Auguste-Guillaume de Prusse ; et Ferdinand, général au service des Alliés .
01:21 | Lien permanent | Commentaires (0)