16/06/2015
Il lui recommandera de ne plus s'enivrer, de ne point battre sa femme, et de travailler
... Pour la paix des ménages, et du monde tant qu'on y est, on ne peut mieux recommander . Si pour cause de chômage la troisième recommandation ne peut être respectée, ce n'est pas une excuse pour ne pas honorer les deux précédentes, tenez-vous le pour dit .
Pensez-y ! Faites -le !
« A Guillaume Corboz
à Ferney
[vers juin 1760]
Je recommande instamment au sieur Corboz de mettre ordre au ménage du nommé Mayer 1 qui travaille pour moi au Chastelar 2 en menuiserie . Il lui recommandera de ne plus s'enivrer, de ne point battre sa femme, et de travailler . Il le menacera de la justice s’il ne fait pas son devoir . Il ira à son loisir à l'ermitage , il visitera les champs et les prés du domaine ; il verra ce qu'on en peut faire, en quel état sont les moutons, et il me rendra compte de tout . Je lui serai très obligé .
Voltaire . »
1 Voir lettre de mars-avril 1760 à François Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/31/l-ebeniste-mayer-catholique-qui-a-sanctifie-une-huguenote-en-5594289.html
2 Proche du château de Ferney .
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15/06/2015
Cela égaiera les horreurs de la campagne qui s'ouvre
... la campagne électorale en France, qui, contrairement à la campagne paysanne, ne connait pas de morte saison et va nous montrer encore une cohorte de gugusses de tous bords prêts à tout pour garder ou conquérir leur gras fromage d'élus .
d'après M. Thévenet R.http://solko.hautetfort.com/archives/category/des_nuits_e...
« A Gabriel Cramer
[juin 1760 ?]
Je reçois dans ce moment une lettre de Mlle de Vadé qui vous prie et vous conseille d'en faire tirer 500 exemplaires ou plus, pour la province, l'Helvétie, les loustics d'Allemagne 1. Cela égaiera les horreurs de la campagne qui s'ouvre . J'en retiens pour ma part 24 exemplaires pour l’édification du prochain . Je veux rire, et mourir en riant . ». »
1Rappel de la lettre à Pierre Rousseau du Journal Encyclopédique relative à Candide du 1er avril 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/19/tous-les-peres-sans-en-excepter-un-seul-ont-fonde-la-religion-chretienne-su.html
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dévot qui crut être badin
... or, on ne badine pas avec l'amour, encore moins l'amour d'Allah qui doit se sentir bien seul et ce n'est pas le "travail" du CFCM (Comité Français du Culte Musulman ) qui a pu le déranger un tantissoi-peu . Dévots musulmans vous me semblez bien loin d'être unis , tant pis et tant mieux .
On a dit "Pas sérieux , s'abstenir !
« A Gabriel Cramer
[juin 1760]
Gresset dévot qui crut être badin
corrigez
Gresset dévot qui fut un peu badin .
Gresset se trompe ; il est très peu coupable
corrigez
Gresset se trompe, il n'est pas si coupable .1
Vous ferez plaisir à Mlle Vadé mio caro Gabriele d'envoyer au correspondant ces légers changements, en disant que le copiste s'est trompé , les mots étant mal effacés .
Au reste Catherine Vadé vous fait ses compliments et demande des nouvelles . »
1 La seconde des deux corrections fut retenue pour Le pauvre Diable, vers 198 . Quant au premier vers (203) il devint Gresset dévot, longtemps petit badin . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/satire-le-pauvre-diable-partie-2.html
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14/06/2015
Dans cette incertitude je prends le parti le plus convenable, celui de faire ce que veut le plus véritable ami
... Qu'il soit à deux ou à quatre pattes !
« A Jean-Robert Tronchin
à Lyon
13 juin [1760]
Mon cher lyonnais, vous voilà donc débarrassé du tumulte de Paris . Soyez le bien revenu sur les bords de notre Rhône . C'est ce que vous appelez l'ami de Paris ou plutôt de Versailles 1 qui ne veut pas qu'on vende . Je vous confie que dans une de mes lettres je lui avais dit que je ne faisais nul cas de ces effets et que je perdais toute espérance . Il a eu la bonté de me répondre qu'il fallait tout garder . Il m'a inspiré encore plus de reconnaissance que de confiance . Ce que vous appelez l'ami de Berlin pense au contraire qu'on fera trois campagnes . Dans cette incertitude je prends le parti le plus convenable, celui de faire ce que veut le plus véritable ami . Quand j'aurai le bonheur de vous voir je vous en dirai davantage . Je vous embrasse tendrement vous et votre femme , M. Camp 2. Mme Denis et moi nous vous remercions l'un et l'autre de toutes vos bontés .
V. »
1 Choiseul ; voir lettre du 20 mai 1760 au duc de Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/18/demande-au-ministre-son-avis-sur-la-stabilite-des-fonds-publ-5624317.html
2 Plaisanterie voltairienne, car Jean-Robert Tronchin et Ami Camp sont tous deux vieux garçons .
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13/06/2015
on voit que la place même où se commit le petit délit dont il est question était de la haute justice de la république
... Dit, en sortant du tribunal, Dirty Silly Keutard à son très honnête pourvoyeur Dodo la Saumure ! Ah ! quel bel assemblage ! pour ne pas dire quel beau couple (je ne tiens jamais la chandelle dans ce putain de milieu et je travaille sur PC et non sur Mac ) .
Dodo et DD sont dans un bateau . Qui rame ? personne .
Ils marchent à la voile et à la vapeur .
A Jean-François JOLY DE FLEURY,
intendant de Bourgogne 1
Aux Délices, 13 juin [1760].
Monsieur, je suis plus inquiet de la santé de M. de Courteilles qu'occupé du soin de vous rendre compte des recherches faites à l'occasion du petit coin de terre nommé la Perrière au pays de Gex.
Cependant comme M. de Courteilles, en m'envoyant une consultation pour M. Tronchin, m'instruit que vous vouliez bien vous charger de l'examen de cette petite affaire, j'ai l'honneur de vous présenter l'acte authentique tiré des registres de Genève par lequel on voit que la place même où se commit le petit délit dont il est question était de la haute justice de la république.
Vous savez, monsieur, que ces hautes justices furent cédées à Sa Majesté par le traité de 1749: ainsi il me paraît qu'il ne reste aucune difficulté.2
Si pourtant vous aviez besoin, monsieur, de quelque éclaircissement nouveau, je suis prêt à vous satisfaire.
Je n'ai jamais douté que cette enclave ne fût de la juridiction du roi, mais je suis encore plus sûr des sentiments d'attachement et de respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être,
monsieur,
votre très-humble et très-obéissant serviteur.
Voltaire »
1 Le manuscrit porte les mentions : « Répondre – Et joindre à ce que l'on [doit ?] envoyer à M. Fabry » et « f[ait] le 19 juin 1760 »
2 Voir ce certificat de V* : « A Monseigneur l'intendant de Bourgogne
François de Voltaire, seigneur actuel de Tournay, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, certifie que dans le traité passé entre le roi et la république de Genève en 1749, il est dit article 2 « la république cède à Sa Majesté tous ses droits, de quelque nature qu'ils soient, sur les terres et maisons de Saint-Victor et chapitre au pays de Gex.
Or Saint-Victor avait le fief de la Perrière, au pays de Gex.
Donc depuis 1749 le roi est possesseur du fief.
S'il faut un plus grand éclaircissement, monseigneur l'intendant de Bourgogne est supplié de donner ses ordres pour que le requérant demande en son nom à la république de Genève la compulsion des archives; et il demande délai jusqu'à ce temps.
Voltaire "
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12/06/2015
On a besoin de plaisanterie : c'est un remède sûr contre la maladie épidémique qui trouble si tristement tant de cerveaux
... Par exemple ...
http://stripsjournal.canalblog.com/tag/Les%20Unes%20de%20Charlie%20Hebdo
« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'ÉPINAY
13 juin [1760].
Ma belle et respectable philosophe, vous avez un grand défaut, vous êtes comme tous les Parisiens et toutes les Parisiennes de ma connaissance ; ils ne manquent pas de m'écrire : Vous savez sans doute; vous avez lu; que dites-vous de ce Mémoire? Eh! non, messieurs, je n'ai rien lu. Tout le monde me parle du Mémoire 1 de M. Lefranc de Pompignan, et personne ne me l'envoie; au reste, il se peut fort bien faire que le dévot Lefranc de Pompignan ait été interdit pour avoir donné ou mérité des soufflets ; mais le fait est que le pédant chancelier d’Aguessseau lui refusa, de ma connaissance, les provisions de sa charge pendant six mois, en 1739, pour avoir mal traduit la Prière du Déiste 2; je le servis dans cette affaire, et il m'en a récompensé dans son beau discours à l'Académie.
La Vision 3 m'a fait une peine extrême; c'est le comble de l'indécence et de l'imprudence d'avoir mêlé Mme la princesse de Robecq dans cette querelle. Il est affreux d'avoir insulté une mourante; cela irrite contre les philosophes, les fait passer pour des fous et des cœurs mal faits; cela justifie Palissot, cela fait mettre Robin en prison, cela inquiète le Prophète de Bohême,4 cela achève de perdre le pauvre Diderot, qui a trouvé le secret de renverser le plus bel édifice du monde pour y avoir mis une douzaine de pierres mal taillées, qui ne s'accordent pas avec le reste du bâtiment.
Vous me feriez un très-grand plaisir, madame, de m'envoyer en détail vos réflexions sur l'Écossaise; je les ferais passer à mon ami M. Hume, digne prêtre qui ne manquerait pas d'en profiter, et qui vous aurait une extrême obligation. Je vous envoie le Plaidoyer de Ramponeau, à condition que vous aurez la bonté de me faire tenir, par qui il vous plaira, le Mémoire du grave président.
Vous me faites prendre, madame, un vif intérêt à madame votre mère 5; je reconnais votre cœur; il n'y a que votre esprit que je lui compare. Adieu, madame; si vous me faites le plaisir d'être un peu exacte, instruisez-moi de la demeure du prophète de Bohême 6: je ne m'en souviens plus ; mais je me souviendrai toute ma vie de lui.
Je crois qu'il serait à propos que les Que et le Ramponeau parussent. On a besoin de plaisanterie : c'est un remède sûr contre la maladie épidémique qui trouble si tristement tant de cerveaux. »
1 Mémoire présenté au roi par M. de Pompignan le 11 mai 1760 . on lit page 17 le fameux passage dont V* se moque quo^pieusement : 'Toute la cour a été témoin de l'accueil que me firent Leurs majestés . Il faut que tout l'univers sache aussi qu'elles ont paru s'occuper de mon ouvrage, non comme d'une nouveauté passagère ou indifférente, mais comme d'une production qui n'était pas indigne de l'attention particulière des souverains . Le roi daigna m'en entretenir avec des personnes de sa cour ; et l'on n'a pas voulu que j’ignorasse que Sa Majesté avait joint à ses éloges un air d'intérêt et de bonté qui marquait sa satisfaction . » On trouve les commentaires de V* sur ce passage dans Le Russe à Paris, 1760 .
et : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-satires-le-russe-a-paris-partie-1-123258991.html
2 La Prière universelle, à laquelle V* fait référence, a été publiée pour la première fois en 1740 et non en 1736 .Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6492119q
3 Voir lettre à Thieriot du 9 juin 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/09/mes-enfants-aimez-vous-les-uns-les-autres-si-vous-pouvez-votre-ennemi-vous.html
4 Melchior Grimm .
5 Mme d'Esclavelles
6 Grimm demeurait alors dans la rue Neuve-de-Luxembourg.
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11/06/2015
la morale est un peu moins ennuyeuse en vers bien frappés qu'en prose.
..."Et je suis partisan d'une morale rétablie où ce ne seront pas seulement les vers qui seront bien frappés" aurait pensé le pape François en prenant (enfin) une décision contre ce qui deshonorait/deshonore l'Eglise catholique (bien qu'elle ne soit pas seule en cause) : http://www.lepoint.fr/justice/vatican-un-tribunal-pour-juger-les-eveques-couvrant-des-abus-sexuels-10-06-2015-1935206_2386.php
http://el-siglo.blogspot.fr/2015/03/pedophilie-pressions-sur-le-pape-pour.html
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 13 juin 1760. 1
Mon divin ange, à peine ai-je reçu votre paquet que j'ai envoyé sur-le-champ la consultation à M. Tronchin, et je l'ai accompagnée de la lettre la plus pressante.
Je m'intéresse à la santé de M. de Courteilles comme vous- même; je dois beaucoup à ses bontés. Il est vrai qu'elles sont la suite de son amitié pour vous; mais je n'en suis, par cette raison là même, que plus reconnaissant. Dès que Tronchin aura fini, vous aurez son mémoire 2 ; mais il faudra s'y conformer. Je vous jure, quoi qu'en dise M. le duc de Choiseul, que c'est un homme admirable pour les maladies chroniques; la preuve en est que je suis en vie. Je vous prie de vouloir bien présenter mon respect à Mme de Courteilles, qui m'édifie. Pour Mme Scaliger, je crois qu'elle s'en tient à Fournier 3, et elle a raison; il connaît son tempérament, il est attentif. Je voudrais qu'elle fît un peu d'exercice; mais il ne faut pas en parler aux dames de Paris.
Venons maintenant au tripot; passez-moi le mot, car je suis du métier, et nous allons jouer sur le nôtre. Je supplie donc Mlle Clairon de bien dire que j'ai retiré la Médime : elle la jouera ensuite quand elle voudra; mais je veux me donner un peu l'air d'être indigné de la pièce des Grenouilles 4 contre les Socrates. Je le suis encore davantage de la réponse intitulée Vision, dans laquelle on insulte Mme de Robecq mourante: c'est le coup le plus mortel que les philosophes puissent se porter à eux-mêmes. Je suppose que vous avez reçu, mon cher ange, mon paquet adressé à M. de Chauvelin, paquet dans lequel était ma réponse à Palissot. J'ai pris la liberté de vous prier que cette réponse passât par vos mains, afin que vous fussiez à la fois témoin et juge.
Encore une fois, il paraît difficile qu'on joue Socrate. Cette pièce ne peut plaire qu'en rendant les Mélitus et les Anitus, et les autres juges, aussi méprisables que des coquins peuvent l'être ; d'ailleurs, je voudrais que la pièce fût en vers : cela donne plus de force aux maximes, et la morale est un peu moins ennuyeuse en vers bien frappés qu'en prose.
Pour l'Écossaise, vous l'aurez quand vous voudrez ; et tout le procès-verbal du voyage de Lindane à Londres, et de ce qu'elle y fait, ne tiendra pas dix lignes. Frelon embarrasse fort M. Hume.
Il me mande que, si on change le caractère de cet animal, il croira qu'on l'a craint, et qu'il est bon que ce scorpion subsiste dans toute sa laideur. M. Guêpe vaut bien M. Frelon : wasp signifie en anglais frelon et guêpe ; mais on ne peut pas s'appeler Wasp à Paris.
Lé petit Hurtaud croit le Droit du Seigneur ou le Débauché infiniment supérieur à Socrate et à l'Écossaise; il n'y voit pas la moindre ressemblance avec Nanine. Il compte vous soumettre la pièce, et vous l'envoyer avec l'ordonnance de M. Tronchin (mais non, il ne vous l'enverra pas de quinze jours; tant mieux).
Venons, s'il vous plaît, à un autre article. Je ne lis point les feuilles de Frelon. J'ignore s'il loue ou s'il blâme les œuvres de Luc; mais, entre nous, je soupçonne M. le duc de Choiseul de s'être servi de lui pour répondre à une certaine ode de Luc contre le roi. Cependant M. le duc de Choiseul m'écrivit qu'il l'avait faite lui-même 5. Tant mieux, si cela est; j'aime qu'un ministre soit du métier, et j'admire sa facilité et sa promptitude.
Marmontel est ici avec un Gaulard très-aimable et très-doux.
Il jure qu'il n'a pas la moindre part à l'infamie 6 de la scène d'Auguste, et il le jure avec larmes.
Est-il vrai, mon cher ange, qu'on persécute les philosophes avec fureur? Que je suis aise d'être aux Délices ! Mais que je suis fâché d'être loin de vous !
V.
Je reçois dans ce moment les arrêts de Tronchin ; je ne crois pas que ce soient des édits contre lesquels on puisse faire des remontrances. Je vous adresse le paquet, afin qu'il parvienne par vous à Mme de Courteilles, avec qui je vous soupçonne de conspirer contre la gourmandise de monsieur. »
1 La copie Beaumarchais-Kehl supprime les passages suivants : indignement et Cela est fou et atroce ; je vous priais […] en est un ; et donne seulement l'initiale de Mme de Robecq au 3è paragraphe .
2 Il est daté du 13 juin 1760 ; dans Bestermann on trouve daté du 26 juin : « A M. le docteur Tronchin pour la consultation de M. de Courteilles 36 livres . »
3 Il n'y avait pas à Paris à cette époque de docteur Fournier au moins appartenant à la Faculté de médecine de Paris ; en revanche, on connait un Jean Fournier à Dijon, médecin réputé ; voir Luynes, XIV, 464, 1756 .
4 Ce titre d'une comédie d'Aristophane désigne celle des Philosophes.
5 Cette ode était de Palissot et datait de plus d'un an
6 Voir lettre du 4 janvier 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/05/est-ce-l-infame-amour-propre-dont-on-ne-se-defait-jamais-bie.html
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