10/06/2015
Que de traverses . Mais il faut rire
... Pénalty contre le PS : fautif Manuel Valls le N° 2 (qui se prend pour un libero) avec notre inénarrable François Hollande en gardien de but qui nous pond un mot d'excuses foireux .
Paroles d'experts : 0-0 , la France mène !
François, rend-nous le ballon !
« A Gabriel Cramer
[vers le 11 juin 1760]
Renvoyez-moi Les Philosophes 1 pour Dieu .
Redonnez-moi la dernière feuille du Pauvre Diable 2. Il y faut corriger quelque chose .
J'ai écrit de mon côté 3 pour avoir des nouvelles de Robin mouton . Que de traverses . Mais il faut rire . »
1La fameuse pièce de Palissot , bien entendu .
3 Voir lettre du 9 juin 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/09/mes-enfants-aimez-vous-les-uns-les-autres-si-vous-pouvez-votre-ennemi-vous.html
et lettre du 10 juin 1760 à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/10/quand-je-vous-ecrivis-en-beau-style-academique-je-m-en-fous.html
08:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
09/06/2015
Mes enfants, aimez-vous les uns les autres , si vous pouvez. Votre ennemi vous a dit, ou plutôt redit que nous sommes perdus si nous nous divisons
... Il est parfois des ennemis qu'il faut écouter, et des amis à aimer, dans la mesure de nos possibilités . Advienne que pourra .
Union libre
« A Nicolas-Claude THIERIOT.
9 juin [1760]
J'ai reçu, mon cher et ancien ami, toutes les archives de l'esprit et de la raison, de l'horreur et de la méchanceté, du pour et du contre, de la persécution contre les philosophes, et de leur juste défense; il me manque la Vision 1. On dit qu'il y a des pourquoi, des oui et des non nouveaux, qui sont aussi bons que les que; je les attends aussi. Il faut que j'aie toutes les pièces du procès . Il est intéressant.
J'étais dans un bosquet de roses quand je reçus votre paquet ; je me flatte que je ne sentirai pas les épines de cette dispute. Voilà donc Robin-mouton envoyé à la boucherie 2! est-ce pour la Vision qu'on a saisi Robin? et cette Vision est-elle bien de Grimm ? Je soupçonne que Grimm est de la troupe des prophètes, mais que l'esprit ne descend pas sur lui seul.
Il serait bien à désirer que les frères fussent unis : ils écraseraient leurs indignes adversaires, qui les mangent l'un après l'autre. Il faudrait que les Da 3, Dé, Di, Do, Du, les H, les G, etc., soupassent tous ensemble deux fois par semaine.
Mes enfants, aimez-vous les uns les autres 4, si vous pouvez. Votre ennemi vous a dit, ou plutôt redit que nous sommes perdus si nous nous divisons 5.
Par quelle dure fatalité arrive-t-il que j'aie la réponse de Ramponeau 6, et que je n'aie pas le factum de M. de Beaumont 7 contre Ramponeau? Il n'y avait qu'un exemplaire de ce factum dans notre petite province; je ne l'ai tenu qu'un instant. Je l'ai lu rapidement, mais avec grand plaisir, et j'ai eu la bêtise honnête de le rendre. Voyez combien les philosophes sont honnêtes gens, quoi qu'en dise Palissot ! Je vous envoie la seule copie de la réponse que j'aie en main : elle est d'un homme de l'Académie de Dijon ; cela m'a paru gai, et je n'aime plus que ce qui est gai. Je veux passer, encore une fois, le reste de ma vie à lire et à rire.
Vous trouverez sans doute quelque bon citoyen qui se fera un plaisir de publier le Plaidoyer de Ramponeau. Je voudrais avoir de plus belles choses à vous envoyer, et de plus longues; mais il vient rarement de bonnes choses de la province.
Les Fétiches 8 du président de Brosses n'ont pas eu grand cours ; le Discours même du président de Montauban 9 n'est pas recherché. C'est la pierre sur laquelle on va aiguiser ses couteaux ; mais, pour la pierre, elle est au rebut.
A propos mon cher correspondant je n'ai point L’Interprétation de la nature 10. Je vous prie de me la faire tenir . N'auriez-vous point les deux derniers volumes de Warburton Moses legation ?11 Ils me manquent au besoin .
La Préface de Palissot 12 est pire que son ouvrage. Il impute aux encyclopédistes des passages de La Mettrie ; passages horribles, mais que La Mettrie lui-même réfute. Il supprime la réfutation.
Il présente ce poison à la cour, pour faire croire que ce sont nos philosophes qui l'ont apprêté. Je n'ai point ce livre de La Mettrie, de la Vie heureuse 13. Pouvez-vous me faire avoir toutes les œuvres de ce fou ? Vous devriez courir chez M. d'Alembert, qui ne sait pas peut-être combien ces passages sont altérés : car ce livre est, je crois, très-rare. Je pense qu'il faudrait faire un ouvrage sage, ferme et piquant, où tous les tours de mauvaise foi des ennemis fussent relevés ! qui le peut mieux que M. d'Alembert? Mais ce pauvre Robin, ce pauvre Robin-mouton ! pour Dieu, envoyez-moi La Vision.
Palissot m'a écrit, j'ai répondu . Je vous enverrai ma lettre . Cela est curieux . »
1 Préface de la comédie des PHILOSOPHES, ou la Vision de Charles Palissot. — Cette brochure de l'abbé Morellet, dans laquelle la princesse de Robecq était nommée, fit mettre son auteur à la Bastille le 11 juin. Il en sortit le 30 juillet suivant. Robin, libraire au Palais-Royal, qui avait vendu et distribué un grand nombre d'exemplaires de cette Préface, fut mis en prison dès le 31 mai; mais il en sortit le 25 juin. (Clogenson.)
2 Il s'agit d'un libraire nommé Robin qui avait vendu un nombre considérable d'exemplaires de la Vision ( voir lettre du 31 mai 1760 à Chennevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/29/faites-moi-le-plaisir-mon-cher-ami-5631086.html ) et qui avait fait l'objet d'un mandat d'arrêt le 30 mai ; la nouvelle de son arrestation est donnée par Cramer dans une lettre à Grimm du 9 juin 1760 . Pour Robin mouton, voir La Fontaine : Le Berger et son troupeau : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/bergtroup.htm
3 D'Alembert., d'Epinay, Diderot., Duclos, et autres philosophes.—Les initiales H et G désignent Helvétius et Grimm.
4 « Hæc mando vobis, ut diligatis invicem. » Evangile de Jean, chap. xv, v. 17.
5 Vers de la comédie des Philosophes, acte III, scène III.
6 V[oltaire] : Plaidoyer pour Genest Ramponeau […] contre Gaudon, entrepreneur d'un théâtre des bouleverts [sic], 1760 .
7 Ramponeau était gérant d'une auberge qui devint soudain très populaire ; un entrepreneur de spectacles nommé Gaudon l'engagea à monter sur les planches ; le propriétaire de l'auberge résilia le contrat de Ramponeau et fut alors poursuivi en justice par Gaudon, représenté par Jacques Élie de Beaumont . Le factum de ce dernier parut dans le Recueil des facéties parisiennes, 1760 .Voir : page 166 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4235914/f166.image.r=ramponeau.langFR
8 Du Culte des dieux fétiches, ou Parallèle de l'ancienne religion d'Égypte avec la religion actuelle de Nigritie, 1760, in-12. Voir lettre du 12 décembre 1759 à De Brosses : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/21/et-parcus-victus-cum-deficiente-crumena-et-une-vie-frugale-e-5517378.html
9 Lefranc de Pompignan, premier président, frère de l'évêque .
10 Il s'agit de l'ouvrage (anonyme) de Diderot : Pensées sur l’interprétation de la nature aux jeunes gens qui se disposent à l'étude de la philosophie naturelle , 1754 . http://sami.is.free.fr/Oeuvres/diderot_nature.html
11 Sur cet ouvrage de Warburton dont V* fit grand usage, voir lettre aux Cramer de janvier-février 1756 .http://en.wikipedia.org/wiki/The_Divine_Legation_of_Moses
12 Il ne s'agit pas , bien entendu, de la Préface de Morellet, habituellement appelée Vision, mais de la véritable préface de Palissot publiée sous le titre de Lettre de l'auteur de la comédie des Philosophes au public pour servir de préface à la pièce , in-12 de vingt-trois pages,1760 .
13 Le véritable titre est L'Anti-Sénèque ou le Souverain Bien , de Julien-Jean Offray de La Mettrie ; voir la fameuse « lettre des Mais » et page 81 : https://books.google.fr/books?id=Xv8zp7yU4icC&pg=PA81&lpg=PA81&dq=L%27Anti-S%C3%A9n%C3%A8que+ou+le+Souverain+Bien&source=bl&ots=XnLy1N4UDc&sig=ujT2RxRidhAkKTW43OYzhWV-XLA&hl=fr&sa=X&ved=0CEkQ6AEwCGoVChMI7feHu4KDxgIVQr0UCh27JwDu#v=onepage&q=L%27Anti-S%C3%A9n%C3%A8que%20ou%20le%20Souverain%20Bien&f=false ; voir :
18:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
08/06/2015
il semble que vous m'ayez fait un de vos concitoyens
... Aurait pu dire Manuel Valls dans le même temps qu'il montrait son attachement pour le PS en fichant le camp aux frais de la princesse (vous et moi, joyeux contribuables) pour supporter le Barça en Allemagne !
Monsieur Valls vous êtes un grand jean-foutre et plus de trois millions et demi de chomeurs vous font une bronca monumentale bien méritée ; vous êtes bien mal placé pour vous gausser de l'autre bling-bling, Sarkozy . Deux têtes aussi vides que le ballon qu'elles suivent .
Il y a vraiment quelque chose de pourri dans ce royaume de France !
Comme larrons en foire ! et vous voudriez qu'on vous croie ?
« A Ivan Ivanovitch SCHOUVALOV
Aux Délices par Genève,
7è juin 1760.
Monsieur, par une lettre de M. de Keyserling votre ami, reçue aujourd'hui en même temps que la vôtre, je vois que vous avez eu la bonté de partager toutes mes inquiétudes, et je me flatte qu'elles sont calmées. Les ordres qu'on a donnés à Hambourg mettront probablement un frein à l'avidité des libraires; j'aurai le temps de consacrer tous mes soins au désir de vous plaire ; je pourrai attendre en paix les nouvelles instructions dont Votre Excellence m'a flatté. On se conformera en tout à vos volontés, tant dans la rédaction du second volume que dans les corrections nécessaires au premier. Ce qui n'était d'abord pour moi qu'une occupation agréable devient aujourd'hui mon principal devoir; il semble que vous m'ayez fait un de vos concitoyens, en me chargeant d'écrire une histoire qui doit faire voir combien votre pays est respectable. Le jeune M. de Voronzof m'a fait l'honneur de venir plusieurs fois dans ma retraite 1, et a augmenté mon zèle pour votre patrie. Tous les jeunes gens de votre cour que j'ai vus m'ont paru fort au-dessus de leur âge; mais M. de Voronzof m'a paru au-dessus d'eux. J'en excepte toujours M. de Soltikoff, car je ne peux donner à personne la préférence sur lui. Le mérite de tant de voyageurs de votre pays est une meilleure réfutation des injures atroces du philosophe 2 que tout ce que je pourrais dire. Je souhaite passionnément que les Autrichiens et les Français secondent cette année vos nobles efforts, et nous procurent une paix glorieuse devenue nécessaire à l'Europe.
J'ai l'honneur d'être, avec les sentiments les plus respectueux
et un attachement inviolable,
monsieur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire»
1 Le 30 mai, l'envoyé de France Montpéroux avait informé Choiseul que Vorontsof faisait un court séjour à Genève .
2 Des éditions changent du philosophe en de certaines gens .
00:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
07/06/2015
Que l'orgueil et l'hypocrisie Contre les gens de jugement Étalent une frénésie Que l'on siffle unanimement
... C'est un voeu voltairien toujours actuel, car un exemple récent dit "Républicain" a montré l'opposé, le bon sens étant sifflé par les orgueilleux et les hypocrites qui ont changé d'étiquette mais qui sont toujours de la même daube sarkozyste .
« A Claude-Adrien Helvétius
Le 7 juin 1760
Qui eût cru que la V. dût venger la philosophie ? Il en est cependant quelque chose . Avant hier quelques médecins tinrent conseil pour savoir si on rognerait le monsieur ou si on ne le rognerait pas ; et je ne sais quel a été le résultat du conseil .
Vous me demandez pourquoi on a rejoué la pièce : ma foi je n'en sais rien, et dans cette affaire tout est inconcevable .
Nous sommes las de si, de mais, de quand, de qu'est-ce, de pourquoi, et voilà que nous avons fait des que
Que Paul Lefranc de Pompignan
Ait fait en pleine académie
Un discours très impertinent,
Et qu'elle en soit toute endormie ;
Qu'il ait bu , jusques à la lie,
Le calice un peu dégoûtant
De vingt censures qu'on publie
Et dont je suis assez content ;
Que pour comble de châtiment
Quand le public le mortifie,
Jean Fréron le béatifie,
Ce qui redouble son tourment ;
Qu'ailleurs un noir petit pédant
Insulte à la philosophie
Et qu'il serve de truchement
A Chaumeix qui se crucifie ;
Que l'orgueil et l'hypocrisie
Contre les gens de jugement
Étalent une frénésie
Que l'on siffle unanimement ;
Que parmi nous à tout moment
Cinquante espèces de folie,
Se succèdent rapidement
Et qu'aucune ne soit jolie ;
Qu'un jésuite avec courtoisie
S'intrigue partout sourdement
Et reproche un peu d' hérésie
Aux gens tenant le parlement ;
Qu'un janséniste ouvertement
Fronde la cour avec furie ;
Je conclus très pertinemment
Qu'il faut que le sage s'en rie . »1
1 Quelques variantes dans les éditions : « brochures » pour « censures », « un » pou r « Jean », « J'en » pour « Je » dans l'avant dernier vers .
15:07 | Lien permanent | Commentaires (0)
il faut mettre les plaisirs dans la besace de devant, et les chagrins dans celle de derrière
...
« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck
née comtesse
d'Oldenbourg
à Vienne
Aux Délices 7è juin 1760
Je suis obligé de dicter, madame, étant assez malade mais il faudrait que je fusse mort pour ne pas vous remercier de vos bontés . Il n'y avait pas , à la vérité, de feuilles de laurier dans votre lettre, mais elle est pleine d'une bonté à laquelle je dois la plus vive reconnaissance ; je vous supplie, madame, d'ajouter à tous vos bons offices celui d'instruire M. de Durazzo de mon état ; c'est cet état cruel qui me prive de l'honneur de lui écrire .
Vous allez donc avoir de magnifiques fêtes à Vienne ; je me flatte que les décorations du théâtre seront ornées de drapeaux pris sur les ennemis ; vous aurez beau avoir une belle musique italienne, elle ne vaudra jamais les cors enroués d'une vingtaine de postillons crottés arrivant aux portes du palais sur des chevaux boiteux ; et je ne serais pas fâché que le nouveau marié 1 eût vu partir ces postillons .
Vous êtes bien heureuse, madame, de voir quelquefois le géomètre si admirable en fait de triangles 2 ; c'est lui qui est véritablement philosophe, et philosophe aimable ; ceux qui font de méchantes actions, et qui disent de grosses injures, ne sont ni géomètres ni philosophes .
Je voudrais, madame, que vous eussiez gagné ce que M. de La Trimouille a perdu 3; cela vous aiderait à solliciter votre procès . Savez-vous bien, madame, qu'il ne tiendrait qu'à moi d'avoir un procès à Vienne ? J'ai recouvré tous les papiers qui servent à prouver le vol qu'on nous fit à Francfort, quand cette pauvre Mme Denis , avec un passeport du roi de France, fut trainée dans les boues par le nommé Shmitt, marchand de Francfort, condamné comme faux monnayeur par une commission impériale, et conseiller du roi de Prusse ? Mais ce n'est pas aux vieillards infirmes à se souvenir des monstres et des voleurs, l'amitié dont vous m'honorez fait tout oublier . Vous savez qu'on a créé l'homme avec deux besaces 4, il faut mettre les plaisirs dans la besace de devant, et les chagrins dans celle de derrière .
J'ai Dieu merci, achevé mes petits châteaux ; j'en jouis paisiblement, et je ne regrette rien au monde que d'être éloigné de vous ; ne m'oubliez pas , madame, auprès de M. l'ambassadeur de France, et de Mme l'ambassadrice ; vous voyez que vous êtes ma protectrice en tous pays , excepté en Prusse, où les dames sont si fières qu'elle ne protègent personne .
Mme Denis et moi nous sommes à vos pieds . Recevez mon tendre et profond respects .
V. »
1 Sur le mariage de l'archiduc, voir lettre du 26 avril 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/04/26/qui-terre-a-et-qui-plume-a-guerre-a-5610855.html
2 Kaunitz ; voir lettre du 9 sptembre 1758 à la comtesse Bentinck : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/22/tout-le-monde-avoue-qu-il-faut-etre-philosophe-qu-il-faut-et.html
3 Dans la Pucelle, chant XIX : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-la-pucelle-d-orleans-chant-dix-neuvieme-86509140.html
4 Souvenir de La Fontaine ; La Besace : « Il fit pour nos défauts la poche de derrière
Et celle de devant pour les défauts d'autrui. » ; http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/besace.htm
08:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/06/2015
veut-il venir aujourd'hui vendredi dîner aux Délices ?
...
« A François Tronchin
|6 juin 1760]1
Monsieur le conseiller Tronchin veut-il venir aujourd'hui vendredi dîner aux Délices ? Il y trouvera M. de Marmontel . »
1 Original sur une carte à jouer qui ne donne pas de date . Marmontel arriva aux Délices le 28 mai 1760 ou peu auparavant (voir lettre du 28 mai 1760 à Mme de Fontaine : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/26/a... ) ; il y était encore le 13 juin [voir lettre du 13 juin à d'Argental ]et était reparti le 20 juin [voir lettre du 20 juin à Chennevières], d'où la date ici proposée .
21:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/06/2015
il ne convenait guère à un insecte d'attaquer un lézard
...
« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul-Stainville
[vers le 5 juin 1760]
[Conseille à Choiseul de ne pas trop insister sur les termes de la paix, tels qu'il les a suggérés pour la réponse de V* à Frédéric II ; lui reproche d'autre part trop de complaisance pour Fréron]1
1 Les indications données sur cette lettre sont déduites de la réponse de Choiseul qui est importante pour comprendre la suite des relations entre V* et le ministre : « A Versailles ce 16 juin [1760]
Vous êtes plus sage que moi et vous avez raison ; car , si c'est bien fait de n'être pas sage, il ne sied pas mal quelquefois de l'être . Tout bien considéré, il vaut mieux ne pas répondre aux injures ; je crois que c'est la guerre des gens de lettres et des philosophes qui avait échauffé ma tête sur les grossièretés de Luc . Restons-en là et contentons-nous, chacun pour notre rade, de ne le point craindre quand il pourfendait tous les Autrichiens, et de le mépriser quand il se battra sans esprit et sans talent avec des injures .
J'ai vu un poème de vous qui s'appelle Le Pauvre Diable, que ni vous ni d'Argental ne m'avez envoyé ; vous en êtes sûrement l'auteur, comme vous l'êtes de L’Écossaise . Quoique vous disiez que je protège Fréron (qui m'intéresse autant que Palissot qui ne m'intéresse point du tout ) avec lequel j'ai été au collège sans nulle privauté ( il était cependant jésuite et moi écolier sans avoir eu la petite vérole ), je vous assure que ce que vous dites de lui me fait rire quand il est plaisant et m'est indifférent quand il ne me fait pas rire ; j'avais conseillé à Fréron de ne point parler de vous dans ses feuilles ; je lui avais même insinué qu'il ne convenait guère à un insecte d'attaquer un lézard ; il a depuis critiqué mal à propos La Femme qui a raison ; cette critique vous a fâché ; vous le maltraitez ; à la bonne heure, je vous le livre ; j'en fais de même de Palissot qui, quoi qu'on en dise , fait fort bien des vers, et sa pièce des Philosophes, que j'ai hautement désapprouvée et qui est certainement une mauvaise comédie, a des scènes très dialoguées et très bien écrites . Je ne me pique pas d'être un juge compétent, mais par exception je soutiendrai même à Diderot qu'il écrit aussi mal en prose que Palissot écrit fort bien des vers et a de la facilité et du talent . Après cela l'on dira que sa morale est indigne, qu'il est fripon, etc . Je l'abandonne à la malédiction de la philosophie et des philosophes et même aux coups de bâton qu'il pourra mériter . Si une pauvre femme qui se meurt et à qui un philosophe l'a appris galamment dans une préface était morte, je ne voudrais entendre parler de ma vie de ce Palissot, ni de tout ce train d'auteur qui ne m'est bon que pour faire diversion dans la tête des badauds de Paris à la guerre véritable . Je n'en ai jamais tant dit que je vous en écris sur cette matière ; c'est pour vous détromper sur un intérêt tendre que vous me supposez pour Fréron . Adieu, cher solitaire ; je vous embrasse de tout mon cœur et vous prie de m'envoyer ce chant de La Pucelle que vous m’avez promis . »
14:21 | Lien permanent | Commentaires (0)