02/11/2014
Êtes-vous gens à braver l'inquisition ?
... "Yes , we can ! même pas peur ! "
Tel devrait être le crédo de tout être humain face aux dogmes absurdes de toutes religions, sectes et partis .
« A Gabriel et Philibert Cramer
[vers octobre 1759]
Eh bien donc pourquoi ne pas m'envoyer copie de la lettre du marquis de Bordéon 1 sur les droits des compagnies supérieures . Je suis très curieux de voir cet ouvrage instructif ; vous me feriez un vrai plaisir de me l'envoyer .
Un Italien a traduit Candide 2. Êtes-vous gens à braver l'inquisition ? »
1 On ne connait pas ce marquis, allusion obscure .Voir page 33 : http://books.google.fr/books?id=bp0DOrSvtd8C&pg=PA33&lpg=PA33&dq=marquis+de+bord%C3%A9on&source=bl&ots=7TFafUb-ai&sig=5SSjB6Kqjh9WoCWZ9zbPXFiOINE&hl=fr&sa=X&ei=oldWVNCUGcjAOYTzgaAP&ved=0CCMQ6AEwAA#v=onepage&q=marquis%20de%20bord%C3%A9on&f=false
17:19 | Lien permanent | Commentaires (0)
ce petit coin de terre est le meilleur des mondes possibles
... Pour moi il se situe au château de Voltaire à Ferney .
« A François Tronchin
[octobre 1759] 1
A demain vendredi, carrosse à l'hôtel de ville . Mon Dieu que votre terrasse sera agréable ! On s'y promène déjà . Mon cher ami, ce petit coin de terre est le meilleur des mondes possibles . »
1 Date déterminée par le fait que le travail de la terrasse n'est pas terminé et que les grands froids n'ont pas commencé .
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malgré mes maux et mes occupations
... Je me moque de cette fichue semaine de 35 heures et du RTT (Rêve, Travaille Tranquille ).
Jour de la fête des défunts, les T T ci-dessus me rappellent furieusement un cimetière, celui-du plein emploi sûrement
« A Gabriel Cramer
[octobre 1759]
Le mauvais temps m'a privé du plaisir d'entretenir monsieur Cramer .
Les premiers tomes de Pierre 1 sont prêts malgré mes maux et mes occupations .
Je prie monsieur Cramer de m'envoyer une douzaine d'exemplaires du présent rogaton 2. Il sera bon à fourrer dans sa petite édition . »
1 Sans doute les exemplaires d'auteur adressés en hommage et pourvus de dédicaces .
2 La Berthiade ? Voir lettre précédente : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/02/je-compte-sur-votre-amitie-sur-votre-discretion-et-sur-les-i.html
16:32 | Lien permanent | Commentaires (0)
01/11/2014
ma sono un uomo libero, amo la verità, la dico, o credo di dirla / je suis un homme libre, j'aime la vérité, je la dis, ou crois la dire
... Voltaire dixit ! et moi itou !
Avouons qu'il est des coincidences sympathiques, trouver un correspondant de Voltaire se nommant Paradisi pour édition le jour de la Toussaint, difficile de faire plus en raccord .
http://www.youtube.com/watch?v=8FMFxaT-n7U
Pas radis
« A Agostino Paradisi 1
Au château de Ferney, par Genève
[vers le 15 octobre 1759]
Son venuto rauco col gridare a j miei Francesi che tutta l'Europa fu istrutta nelle buone arti dagli Italiani : ho intronato le parisine orecchie con questa verita . La vostra cortesia me ne rende ampia mercede . Si digna di tradurre una tragedia d'un vostri discepoli . Fate conoscere al mundo che tutti j letterati sono dal medesimo poete, anzi della medesima famiglia .
Ho letto col più gran piacere j vostri versi ; n'ero tanto trasportato che mi scordavo a chi erano indirizzati ; a ll' legger' del moi nome jo arrosi : all' legger' del foglio ammirai . La ringrazio umilmente, e de' suoi leggiadri versi, e della sua lettera, et della sua empresa . Viva sempre in Italia la bella poesia ! Siate encora j nostri maestri, risorga il teatro dalle sue ruine ; non sia piu Melpomene schiava della musica . Riverisco i castrati ; ma mi sia lecito d'anteporre a j loro trilli j virtuosi che hanno … e buon gusto, a questi convien' di rappresentare Cesare, Augusto e Catone . L'opera e una bella cosa . Ella e figlia della tragedia ma la figlia ha svenato la madre . La mia querela e forze la zotichessa d'un zwizzero, ma sono un uomo libero, amo la verità, la dico, o credo di dirla ; et sono certo di dire il verso quando vi assicuro che saro sempre , mio signore, co j piu vivi sensi di stima, di gratitudine, di rispetto,2
Votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire de la chambre
du roi de France »
1 Paradisi , gentilhomme de Reggio et poète, venait d'envoyer à V* une traduction en italien qu'il avait faite de La Mort de César, en la faisant précéder d'une épître à l'auteur [page 7 : http://books.google.fr/books?id=WapNDON95RMC&pg=PA7&a... ]. Voir la lettre d'introduction d'Algarotti à V* du 10 septembre 1759 . La lettre de Paradisi ne nous est pas connue . La date de cette réponse est proposée d'après une lettre de Paradisi à Algarotti du 27 septembre 1759 ; il dit avoir reçu la réponse de V* ; tout en admirant l'élégance du style et la vivacité des sentiments, il lui répondra en français pour obtenir de lui une lettre en cette langue où se manifestera le mieux la vivacité de ses pensées.
2« Je me suis enroué à force de crier à mes Français que toute l'Europe a été instruite des beaux-arts par les Italiens ; j'ai rabattu les oreilles des Parisiens de cette vérité . M'en voilà amplement récompensé par votre générosité . Vous daignez traduire une tragédie d'un de vos disciples . Faites connaître au monde que tous les lettrés sont du même pays, ou plutôt de la même famille . J'ai lu vos vers avec le plus grand plaisir ; j'étais si transporté que j'en oubliais à qui ils étaient dédiés . À la lecture de cette page je fus émerveillé . Je vous rends grâce humblement et de vos vers charmants et de votre lettre et de votre entreprise . Que la belle poésie vive toujours en Italie ! Soyez encore nos maîtres, relevez le théâtre de ses ruines ; que Melpomène ne soit plus l'esclave de la Musique . J'honore les castrats ; mais qu'il me soit permis de préférer à leurs trilles les virtuoses qui ont … et bon goût : c'est à eux qu'il convient de représenter César, Auguste et Caton . L'opéra est une belle chose . Il est enfant de la tragédie, mais l'enfant a tué la mère . Ma plainte vient peut-être de la rusticité suisse, mais je suis un homme libre, j'aime la vérité, je la dis, ou crois la dire ; et je suis certain de dire la vérité quand je vous assure que je serai toujours, monsieur, avec les plus vifs sentiments d'estime, d gratitude, de respect ... »
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31/10/2014
Elle fut enchantée, elle baisa votre lettre et vous aurait fait pis si vous aviez été là
... Vous passer sur le corps, why not ?
Vous dites non !
Tant pis pour vous . Puis-je prendre votre place ?
« A Frédéric II, roi de Prusse
[vers le 15 octobre 1759] 1
Dans quelque état que vous soyez, il est très sûr que vous êtes un grand homme . Ce n'est pas pour ennuyer Votre Majesté que je lui écris , c'est pour me confesser à condition qu’elle me donnera absolution . Je vous ai trahi ; voici le fait . Vous m'avez écrit une lettre 2 moitié dans le goût de Marc-Aurèle votre patron, moitié dans le goût de Martial ou de Juvénal, votre autre patron . Je la montrai d'abord à une petite Française 3 minaudière de la cour de France qui est venue comme les autres à Genève au temple d'Esculape pour se faire guérir par le grand Tronchin, très grand en effet, car il est haut de six pieds et bien fait ; et si Mgr le prince Ferdinand votre frère était femme, il viendrait se faire guérir comme les autres . Cette minaudière est, comme je crois l'avoir dit 4 à votre Majesté, la bonne amie d'un certain duc 5, d'un certain ministre ; elle a beaucoup d'esprit et son ami aussi . Elle fut enchantée, elle baisa votre lettre et vous aurait fait pis si vous aviez été là . Envoyez cela à mon ami sur-le-champ dit-elle ; il vous aime dès son enfance, il admire le roi de Prusse, il ne pense en rien comme les autres, il voit clair, il est de la vraie chevalerie qui réunit l'esprit et les armes . La dame en dit tant que je copiai votre lettre, en retranchant très honnêtement tout le Martial et tout le Juvénal, en laissant fidèlement tout le Marc Aurèle, c’est-à-dire toute votre prose dans laquelle pourtant votre Marc Aurèle nous donne force coups de patte et prétend que nous sommes ambitieux . Hélas ! Sire, nous sommes de plaisantes gens pour avoir de l'ambition . Enfin je ne puis m'empêcher de vous envoyer la réponse qu'on m'a faite . Je puis bien trahir un duc et pair, ayant trahi un roi ; mais je vous en conjure, n'en faites pas semblant . Tâchez Sire de déchiffrer l'écriture 6 . On peut avoir beaucoup d'esprit et de très bons sentiments et écrire comme un chat .
Sire,il y avait autrefois un lion et un rat ; le rat fut amoureux du lion et alla lui faire sa cour . Le lion lui donna un petit coup de patte . Le rat s'en alla dans sa souricière mais il aima toujours le lion ; et voyant un jour un filet qu'on tendait pour attraper le lion et le tuer, il en rongea une maille . Sire, le rat baise très humblement vos belles griffes en toute humilité ; il ne mourra jamais entre deux capucins comme a fait à Bâle un dogue de Saint Malo 7 ; il aurait voulu mourir auprès de son lion . Croyez que le rat était plus attaché que le dogue . »
1 Cette lettre a eu plusieurs propositions de datation, mai 1759 pour les Œuvres posthumes de Frédéric le Grand, 6 novembre proposé par Beuchot et dans laquelle il a du ajouter l' « aspic » au « rat » ; Frédéric II répondit à la présente lettre le 12 novembre 1759 d'où la date ici donnée .
2 C'est la lettre du 2 juillet 1759 ( voir page 135 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f147.image.r=2%20juillet.langFR ) et V* y fait allusion dans sa lettre 21 juillet 1759 à de Ruffey ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/25/nous-sommes-nous-autres-assez-malheureux-pour-avoir-beaucoup-5433566.html ) et y répond le 1er août : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/09/01/la-destruction-de-l-infame-je-prendrai-la-liberte-de-recommander-en-mourant.html
3 Louise-Élisabeth- Jacqueline d'Alsace d'Hénnin -Liétard, marquise de Muy ; voir : http://books.google.fr/books?id=TrE5AQAAMAAJ&pg=PA339&lpg=PA339&dq=marquise+de+Muy&source=bl&ots=bbi6c8GR-_&sig=RDvqeWAoZvifc2GfBGJJYsEz7b4&hl=fr&sa=X&ei=DRFUVPWmEMvWPfX3gPgM&ved=0CDIQ6AEwAw#v=onepage&q=marquise%20de%20Muy&f=false
Voir lettre à d'Argental du 25 juin 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/12/en-attendant-ils-montrent-leur-cul-au-roi-de-prusse-mais-il.html
4 Si cela est, la lettre ne nous est pas parvenue .
5 Choiseul .
6 L'écriture de Choiseul est encore pire que celle de Richelieu ; voir les lettres conservées à la Bibliothèque nationale . Frédéric II a dû faire un commentaire dan sa réponse du 12 novembre dont le texte ne nous est pas connu car Choiseul a son tour dira le 20 décembre 1759 à V* : « Vous m'avez envoyé deux lettres de Luc, une du 12 novembre et l'autre du 21 […] il y a une vérité qui est que mon écriture est indéchiffrable et que je n'ai point dans la tête les idées romanesques et peu politiques de mon prédécesseur [...] »
7 Maupertuis . Le 19 novembre 1759, Frédéric commencera sa lettre par : « Je viens de recevoir la lettre du rat ou de l'aspic, du 6 novembre [...] » ; voir lettre 362 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-avec-le-roi-de-prusse-annee-1759-partie-90-119500567.html
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30/10/2014
Peut-être demain saura-t-on la nouvelle de quelque boucherie
... Halal hallali ?
Quelque soit le boucher ...
Faut qu'ça saigne !
http://www.youtube.com/watch?v=nNvyjJUgKss
« A Jean-Robert Tronchin
Mon cher monsieur, comme probablement ma lettre 1 ne trouverait pas M. de Chauvelin à Paris trouvez bon que je vous l'adresse . Il doit être à Lyon le 21 . S'il y avait quelque changement vous la lui feriez tenir à Paris . Il n'y a rien de nouveau du moins aujourd'hui . Peut-être demain saura-t-on la nouvelle de quelque boucherie .
Votre humble serviteur .
V.
Aux Délices 14 [octobre 1759] au soir .»
1 Apparemment la lettre du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/30/je-suis-un-grand-babillard-monsieur-mais-il-est-si-doux-de-s-5479589.html
23:56 | Lien permanent | Commentaires (0)
Je suis un grand babillard, monsieur ; mais il est si doux de s'entretenir avec vous des sottises du genre humain, et de vous ouvrir son cœur
... Sur le dernier point je suis plus réservé .
« A Bernard-Louis Chauvelin
[14 octobre 1759 ?]1
Pour me dépiquer des malheurs publics et des miens propres ( car je navigue malheureusement dans la barque) je me suis mis à jouer force tragédies et nous gardons des rôles pour madame l'ambassadrice ; nous jouâmes Fanime ces jours passés . La scène est à Saïd, petit port de Syrie . Nous eûmes pour spectateur un arabe qui est de Saïd même 2, qui sait sept ou huit langues, qui parle très bien français, et qui eut beaucoup de plaisir . Savez-vous bien que j'ai eu un autre arabe ? C'est l'abbé d'Espagnac . Pourquoi faut-il qu'un homme coriace soit si aimable? vivent les gens faciles en affaire . La vie est trop courte pour chipoter .
Vous connaissez la belle lettre de Luc où il parle si courtoisement de M. le duc de Choiseul 3. J'ai bien peur que mes Russes n'aient pris aussi une lettre qu'il m'adressait . Cet homme ne ménage pas plus les termes que ses troupes . Il perdra ses États pour avoir fait des épigrammes . Ce sera du moins une aventure unique dans les chroniques de ce monde .
Je suis un grand babillard, monsieur ; mais il est si doux de s'entretenir avec vous des sottises du genre humain, et de vous ouvrir son cœur ; je compte si fort sur vos bontés que je me suis laissé aller . Conservez-moi et madame l'ambassadrice un peu de souvenir et de bienveillance . Je vous avertis que Mme Denis est devenue très digne de jouer les seconds rôles avec Mme de Chauvelin . L'oncle et le nièce sont à ses pieds . Je vous présente mon tendre respect dans la foule de ceux qui vous aiment . »
1 L'édition Kehl a la suite de la copie Beaumarchais et comme les autres éditions amalgame cette lettre à celle du 3 novembre 1760 . il semble que c'est de cette lettre dont il est question dans la lettre du 12 octobre à Jean-Robert Tronchin et Ami Camp ( http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/28/je-ne-suis-pas-le-chien-du-jardinier-5477946.html
) . On a ici la première lettre conservée parmi celles que V* adressa à Bernard-louis Chauvelin, frère de Louis-Germain, Henri-Philippe et Jacques-Bernard . Un billet no daté du duc de Choiseul à Chauvelin doit remonter à l'époque de la présente lettre : « Il faut que M. Chauvelin passe par Genève, et attende l'arrivée de la pièce pour juger si le seigneur châtelain tient tout ce qu'il promet ; j'en doute, si tant est que l'on puisse douter d'après l'auteur . »
Il y a un léger doute sur les prénoms du destinataire : selon le recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France, 1713, il se nommait François-Claude, connu comme chevalier et appelé marquis à partir de 1758 ; le Dictionnaire de biographie française, 1758, confirme et ajoute « alias Bernard-Louis ».
2 Abauzit ? Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Firmin_Abauzit
3 Peut-être l'ironique lettre du 2 juillet 1759 (voir page 135 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f147.image.r=frederic.langFR ), bien que Choiseul n'y soit pas nommé, ou plutôt une autre lettre bien postérieure qui ne nous serait pas parvenue .
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