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21/11/2014

V comme vivant

...

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 V comme vivant

V comme volontaire

V comme Voltaire !

 

 Bon anniversaire à Voltaire né il y 320 ans et toujours d'actualité , immortel .

 

Merci à Mam'zelle Wagnière, alias LoveVoltaire, qui m'a rafraichi la mèmoire  http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/11/bon-anniversaire.html

Je ne regrette point l'argent que je mets en bœufs et vaches, mais je regrette un denier donné aux traitants

... Ecoute-moi bien , et prends en bonne note, mon cher, trop cher Trésor Public ! Ne nous prends pas pour des vaches à lait intarissables .

 

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« A Jean-Robert Tronchin

12 novembre 1759

Permettez mon cher monsieur que je vous adresse cette lettre pour M. d'Argental . Je rogne le papier selon les statuts académiques 1 pour ne pas trop enrichir messieurs des postes . Je ne regrette point l'argent que je mets en bœufs et vaches, mais je regrette un denier donné aux traitants 2. Je regrette encore plus l'argent qu'on va employer pour le débarquement ; il faut trois miracles pour qu'il réussisse , le premier qu'on nous laisse aborder sans nous battre, le second qu'on nous laisse dans le pays quelque temps sans nous exterminer, le troisième que nous puissions revenir ; ces idées ne sont point plaisantes . Mille tendre amitiés .

V.

On aurait besoin de 18 grammes d'or de 6 pouces de long avec des houppes d'or pour appliquer sur un habit, malgré les statuts et pour cela on présente requête soit à monsieur Tronchin soit à monsieur Camp . On attend le total par la poste . »

1 Les fameux statuts de « l'académie de lésine » mis en place depuis quelques mois , voir par exemple la lettre du 16 mai 1759 à JR Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/06/30/je-veux-peupler-mes-terres-d-hommes-et-de-perdrix-5402179.html

Silhouette a augmenté le port des lettres depuis le 8 juillet 1759 . Voir Histoire générale des postes françaises, vol. VI,I ,129-138, en 1953, d'Eugène Vaillé. http://fr.wikipedia.org/wiki/Eug%C3%A8ne_Vaill%C3%A9

 

Je dois me borner aux souhaits

... Envie de Sud

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« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA
A Tournay, par Genève, 12 novembre [1759]
Madame, la lettre dont Votre Altesse sérénissime m'honore, en date du 1er novembre, ne m'est venue qu'après la liberté que j'ai prise de vous adresser un nouveau paquet 1. Je suis persuadé que la personne 2 à qui il est destiné ne peut faire un meilleur usage de son esprit et de ses lumières qu'en les employant, madame, à remplir vos vues salutaires. Le panégyriste du cordonnier peut se tirer une grande épine du pied. Votre Altesse sérénissime sent bien que je ne vois toutes ces belles choses qu'à travers un brouillard épais, et qu'il ne m'appartient pas même d'oser penser sur des objets qui ne sont à la portée que des personnes de votre rang et de votre mérite. Je dois me borner aux souhaits. Le plus vif, le plus empressé est de vous faire ma cour.
Je voudrais mettre à vos pieds les petits amusements dont elle me fait l'honneur de me parler. Il a bien fallu, madame, égayer un peu dans mes douces retraites le tableau des malheurs du genre humain. L'ambassadeur de France à Turin 3 m'a trouvé dans mon petit château, jouant la comédie. Cela n'a pas l'air d'un homme à intrigues; aussi je ne connais d'autres intrigues que celles des pièces de théâtre. Je joue les rôles de vieillard d'après nature. Il a été un temps que ma pauvre nièce aurait joué de même les héroïnes infortunées ; mais, Dieu merci, les choses ont changé, et nous ne songeons plus à Francfort que pour en rire.
Je ne manquerai pas, madame, d'envoyer à Votre Altesse sérénissime la pièce nouvelle que nous avons représentée ; il y a quelques endroits à retoucher. Les acteurs, excepté moi, étaient bien meilleurs que la pièce. Nous ne pouvons venir jouer devant vous, madame, comme faisaient autrefois les troubadours ; mais Dieu veuille que je puisse me venir mettre à vos pieds sur la fin de l'hiver ! La grande maîtresse des cœurs 4 daignerait-elle me revoir avec quelque plaisir ?
Pour moi, madame, avec quel transport je viendrais rendre encore mes hommages à ce que [j'ai]5 jamais vu de plus respectable et de plus aimable, et lui renouveler mon profond respect. »

1 Lettre du 6 novembre 1759 à la duchesse : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/11/17/n... . La lettre du 1er novembre 1759 de la duchesse ne nous est pas parvenue .

2 Le roi de Prusse. Il s'agit de secrètes propositions de paix. (A. F.)

3 Le marquis Bernard-Louis de Chauvelin

4 Surnom affectueux donné à Mme de Brumath, amie et dame de compagnie de la duchesse.

5 V* a omis j'ai en début de ligne .

 

 

 

20/11/2014

Mme Denis et moi nous sommes bien fâchés contre l'hiver

... Ô c'est bien vrai ça ! Dur dur de faire sécher sa lessive, Mère Denis .

Mais soulagés dans le même temps par la baisse du prix du pétrole .

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« A Pierre Pictet

professeur

près de Saint Pierre [Genève]

[vers le 10 novembre 1759]

Comment se porte la famille et mademoiselle la nouvelle venue ?1 Avez-vous mon cher voisin quelque nouvelle de l'ami Thurot ?2 Combien votre beau parquet du château Lolotte 3 vous a-t-il coûté ? combien le pied ? combien la feuille ?

Mme Denis et moi nous sommes bien fâchés contre l'hiver .

V. »

1 Louise-Philippine, née le 6 novembre 1759, seconde fille de Charlotte Pictet,

(qui a eu une première fille, Rosalie née le 31 juillet 1758 )

elle-même fille de Pierre Pictet et épouse de Samuel François Marc de Constant de Rebecque ; voir : http://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr;pz=lionel;nz=rossellat;ocz=0;p=charlotte+francoise;n=pictet

3 Le château « Lolotte », nouvelle maison de Pierre Pictet à St Jean, sera rasé par un promoteur immobilier au début du XXè siècle .

 

 

19/11/2014

Cet enfant- là a été fait presque tout entier en Suisse

... Je suis rêveur en envisageant la pro/création de cet enfant, et je connais quelques endroits discrets de la zone frontière qui se prêtent à cela , aux beaux jours .

 Autre enfant à parents multiples

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« A Élie Bertrand

[novembre 1759]1

Je n’ai que le temps mon cher monsieur de vous dépêcher ces trois exemplaires dont vous daignez faire usage . Je vous remercie de la bonté avec laquelle vous faites valoir mes travaux helvétiques . Cet enfant- là a été fait presque tout entier en Suisse . Vous êtes son parrain à Berne ; puisse l'état déplorable de ma santé me permettre de venir vous faire mes tendres remerciements .

V. »

1 On trouve une édition donnant le 10 novembre .

 

 

On ferait mieux de penser à une paix utile plutôt que de rechercher une gloire infructueuse qui n'a produit que des humiliations et des malheurs

... Mais ceux qui vivent les armes à la main sont-ils encore des êtres pensants ?

Non !

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 Qui d'entre nous a entendu parler de/connu cette journée ?

 Pas moi ! Pas vous ? Etonnez-vous après que la guerre fasse la une des journaux !

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

[Aux Délices, 9è novembre 1759]1

Voilà mon cher correspondant ce que l'académie de lésine a l'honneur de vous adresser . Elle tient depuis longtemps ses séances à Cadix . Pour l'académie de misère elle est en France .

Je n'ai eu par cet ordinaire de jeudi aucune nouvelle du fatal embarquement 2. On ferait mieux de penser à une paix utile plutôt que de rechercher une gloire infructueuse qui n'a produit que des humiliations et des malheurs .

Je n'enverrai pas ma vaisselle à la monnaie attendu qu'elle est hérétique, et qu'elle ne vaut pas 56 livres le marc 3. Nous boirons demain à votre santé avec monsieur votre frère, en attendant votre vin et votre huile, beaume du samaritain sur nos blessures .

Interim 4 je vous embrasse tendrement .

V. »

1 La date est portée deux fois sur le manuscrit .

2 Le débarquement de Thurot [http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Thurot] en Irlande devait être le premier d'une série d'opérations analogues qui n'eurent pas lieu . Voir lettre du 7 août 1759 à JR Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/09/06/que-dites-vous-de-moi-qui-vous-commande-des-decorations-tand-5441724.html

3 C'était le prix offert par la Monnaie : voir lettre du 23 juin 1759 à JR Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/09/et-au-bout-de-sept-ou-huit-ans-de-guerre-on-sera-de-sept-ou-huit-cent-milli.html . V* ne participe pas à cette opération destinée à faciliter le financement de la guerre . Ce détail et d'autres qui vont dans le même sens -comme le fait que V* est beaucoup plus sensible à la perte des Indes, où il a des intérêts, qu'à celle du Canada, où il n'en a pas -, devraient permettre de nuancer les jugements souvent un peu trop favorables qu'on porte sur son patriotisme ; voir par exemple « Le Patriotisme de Voltaire » de Andrew Hunwick, 1973 .

Je dois ajouter pour ma part (James dixit ) cette citation issue du Dictionnaire philosophique : « Il est triste que souvent, pour être bon patriote, on soit l'ennemi du reste des hommes . … [...] Telle est donc la condition humaine, que souhaiter la grandeur de son pays c'est souhaiter du mal à ses voisins. Celui qui voudrait que sa patrie ne fût jamais ni plus grande, ni plus petite, ni plus riche, ni plus pauvre, serait le citoyen de l'univers. », Voltaire est d'abord ennemi de la guerre .

4 En attendant .

 

18/11/2014

Ma fortune, qui me met au-dessus des petits intérêts, me permet d'embellir tous les lieux que j'habite ; voilà le revenu que j'en tire. Le plus fort de ce revenu consiste à soulager bien des malheureux

... Voila un homme qui ne s'est pas contenté de paroles, il a été cohérent avec sa pensée, son action est remarquable , Voltaire a réellement marqué le pays de Gex .

Combien de riches peuvent dire qu'ils embellissent le monde qui les entoure ?SUNP0028 embellir.jpg

 

 

 

« A Charles de BROSSES, baron de Montfalcon.
Aux Délices, 9 novembre [1759] 1
Le sieur Girod, monsieur, a raison de tâcher de vous bien servir. Mais il a tort de vous servir mal. Il veut travailler de son métier; il cherche à exciter des difficultés qui ne peuvent produire que du mal, tandis que je n'ai cherché qu'à faire du bien, et que je l'ai fait très-facilement. Je suis bien persuadé que vous vous en rapporterez à moi ; non-seulement je tiens en tout le marché que j'ai fait avec vous, mais j'ai été fort au delà. Je m'étais engagé à faire au bout de trois ans pour douze mille francs d'améliorations et de réparations à la terre que vous m'avez vendue à vie ; et j'en ai fait pour plus de quinze mille les premiers six mois ; j'ai planté quatre cents arbres dans le jardin ; j'ai fait sauter plus de soixante gros rochers qui étaient répandus dans les champs de froment, qui cassaient toutes les charrues et rendaient une partie de la semature 2 inutile: il y en a encore autant pour le moins à déraciner ; et je consume, pour labourer, plus de poudre à canon qu'au siège d'une ville. C'est une entreprise immense, mais qui augmentera bien un jour le prix de la terre : elle ne rapporte pas en effet deux mille francs 3; et cette année les simples frais de culture ont passé du double la recette, qui ne va pas à quinze cents. Vous savez que Chouet s'y était ruiné 4, et qu'il n'avait cru pouvoir se dédommager que par la contrebande des blés, commerce très-médiocre, très-indigne de moi, et que je ne ferai sûrement pas : c'est assez pour moi que mes terres me rapportent de quoi nourrir cinquante personnes environ aux Délices, du fourrage pour une vingtaine de chevaux, et du vin pour les domestiques ; ce qu'on peut vendre de surplus n'est presque rien.
Ma fortune, qui me met au-dessus des petits intérêts, me permet d'embellir tous les lieux que j'habite ; voilà le revenu que j'en tire. Le plus fort de ce revenu consiste à soulager bien des malheureux, tant à Tournay qu'à Ferney, et dans les terres intermédiaires que j'ai acquises entre ces deux seigneuries. La misère était horrible dans tout ce pays-là, et les terres n'étaient point ensemencées. Dieu merci ! elles le sont à présent.
Bétens, qui était en prison à Genève pour mille écus de dettes, et qui y serait mort si je n'avais pas payé pour lui 5, est actuellement en état de cultiver son petit bien. Je ne vous dis pas tout cela, monsieur, comme le Pharisien pour me vanter de mes bonnes œuvres; je ne suis pas non plus le Publicain ; mais je dois vous rendre compte de la manière dont je me conduis dans une terre qui vous reviendra après ma mort, et qui vous reviendra sûrement plus belle et plus utile du double que vous ne me l'avez vendue; je n'ai rien négligé de l'utile, prés, chemins, grange, pressoir, plantations; tout a été ou fait à neuf, ou réparé. Les plants de Bourgogne que j'ai faits réussissent, et j'espère que vous m'enverrez ceux que vous m'avez promis. Vous croyez bien, monsieur, que je ne compte pas, parmi les réparations et les embellissements qui m'ont déjà coûté quinze mille francs, le petit théâtre que j'ai construit. Cette dépense aurait pu passer chez les Grecs et chez les Romains pour un embellissement nécessaire ; mais il n'en est pas ainsi dans le mont Jura, aux portes de Genève.
Il faut à présent, monsieur, vous parler du petit bois qui fait le sujet des attentions fort inutiles du sieur Girod. Vous en aviez vendu près de la moitié au nommé Chariot ; dans cette moitié, il ne restait que des pins et des tronçons de chênes : j'ai eu la patience de faire déraciner tous ces tronçons. J'ai coupé les pins, dont la plus grande partie a servi aux réparations du château et des granges, et du tout j'ai fait un pré qui rapportera beaucoup plus que des pins et des troncs. Une quarantaine de chênes qu'il a fallu couper ont servi aux ponts-levis du château, aux barrières qui entourent les fossés, au pressoir, et à d'autres usages ; j'en ai donné quelques-uns à Mme Gallatin et au curé que vous m'avez recommandé. Au reste, monsieur, vous trouverez mes conditions exactement remplies, et il restera beaucoup plus de soixante chênes par arpent, l'un portant l'autre. Ainsi ne soyez nullement en peine. Il eût été difficile, vous le savez bien, que vous eussiez pu faire jamais avec personne un marché aussi avantageux que celui-ci. Je ne crois pas même qu'il y en ait d'exemple, et j'ai tout lieu de me flatter que vous ne me troublerez pas dans les services que je vous rends, à vous et à votre famille.
Au reste, je n'ai point fait tort à la mienne, que j'aime, en transigeant avec vous, et en faisant des dépenses si extraordinaires.
Je n'y ai mis que mon revenu. Bien des gens prodiguent le leur d'une manière moins estimable. Je mets mon plaisir à rendre fertile un pays qui ne l'était guère, et je croirai en mourant n'avoir point de reproches à me faire de l'emploi de ma fortune.
Je me flatte, monsieur, que la vôtre est en bon état, malgré les convulsions qu'éprouve la France. Il n'y a point de prospérité que je ne vous souhaite. On dit que monsieur votre frère 6 est dans un état de langueur qui ne lui permet guère de venir au pays de Gex. Je crois qu'il conviendrait assez qu'il voulût bien me faire avoir la capitainerie des chasses : j'aurais des gardes à mes dépens, et le pays aurait plus de gibier. Je me recommande à vos bontés et à votre amitié, ayant l'honneur d'être, monsieur, du meilleur de mon cœur, avec tous les sentiments que je vous dois, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
VOLTAIRE ».

1 Vers cette date, de Brosses écrit à V* :  « (Premiers jours de novembre 1759.)
Vous m'avez trop accoutumé, monsieur, à l'agrément de vos lettres pour que je puisse vous laisser encore dans ce long silence que vous gardez avec moi. Je ne puis oublier ce vieux Tournay que vous avez voulu rajeunir, et bien moins encore la personne agréable qui l'habite. On dit que vous en avez fait le plus joli théâtre du monde. Ne me ferez-vous point de part des pièces que vous y faites représenter ? Car je ne doute guère que vous ne l'ayez honoré de quelques productions nouvelles. Le génie dramatique est un démon puissant qui ne laisse jamais en repos ceux qu'il possède à un degré si supérieur. Songez, je vous prie, que j'ai quelque droit à ce qui se passe dans ce bon vieux château, et qu'il ne peut être exercé par personne qui trouve plus de plaisir à tout ce que vous écrivez, ni qui le recherche avec plus d'empressement.
Je sais aussi que les amusements du dedans ne vous font pas négliger ceux du dehors, et ne prennent rien sur votre goût actuel et favori pour l'agriculture. Vous avez ordonné des merveilles dans ce grand pré qui, entre vos mains, est redevenu vert comme émeraude. Je crois cependant qu'il y en a un article à excepter, et
je ne vous conseillerai pas de faire couper et arracher tout ce bouquet de bois qui est voisin du pré dans lequel il avance. Il est vrai que le pré en serait plus carré à la vue ; mais c'est un terrain froid qu'il faut laisser en futaie, et qui ne poussera jamais en pré ; le bois donne de l'ébranchage et vous rendra davantage en cette nature . Rappelez-vous, je vous prie, que notre convention dit qu'on ne dénaturera rien essentiellement aux fonds, et qu'on laissera soixante pieds d'arbres actuels par pose dans la forêt. On en a tant coupé depuis notre traité qu'il s'en faut beaucoup qu'il en reste ce nombre en quantité d'endroits. Ce serait bien pis si on arrachait les troncs par la racine et minait le terrain en beaucoup d'autres endroits, comme dans la partie que j'avais fait exploiter par Charlot, et dans celle qui est voisine d'une terre appelée Tâte à la Vernioude. Mais je ne pense pas que vous ayez donné de pareils ordres ; vous savez bien qu'un usufruitier ne peut pas arracher les futaies, et je sais trop bien qu'après la parole que vous m'avez donnée, vous ne faites rien que vous n'imaginiez être pour le mieux. Il n'y aura jamais de difficulté entre nous. Mais il en peut un jour survenir entre d'autres, et le meilleur moyen de les prévenir est d'assurer l'état actuel des choses en dressant une reconnaissance en forme de la forêt, telle qu'elle vous a été remise en entrant en jouissance. C'est d'ailleurs un article indispensable pour vous, relativement au droit que vous y avez par notre traité. Il est à propos que cela se fasse tout de suite, parce que le terrain étant une fois miné, la reconnaissance de l'ancien état ne pourrait plus se faire, et il en naîtrait peut-être un jour des contestations que nous avons, l'un et l'autre, une égale envie de prévenir. Je vais faire prendre cet état qui vous sera communiqué, puisque nous y avons tous deux le même intérêt ; ne voulant, de-plus, rien faire ici ni ailleurs que d'un commun accord avec vous, dont je prise l'amitié plus que tous les bois du monde, et à qui j'ai eu l'honneur de vouer les sentiments les plus parfaits qu'on puisse exprimer et les plus inaltérables. De Brosses. »

3 Note de de Brosses : « Je lui ai remis le bail de 3300 livres qu'il n'a pas voulu entretenir parce qu'il y aurait perdu en effet . » Il écrit aussi dans une lettre à V* : « Quant à ce que vous me marquez que vous ne tirerez que 2,000 livres de rente de Tournay, je puis à cela vous répondre en un mot qu'il n'a tenu qu'à vous d'en tirer 3,200 livres; c'était, lors de notre traité, le prix du bail actuel, dont il y avait encore plusieurs années à écouler. Je vous ai remis en main ce bail avec la soumission du fermier de le continuer à 3,300 livres. Vous avez exigé de moi la résolution du bail ; et il m'a fallu donner pour cela 900 livres au fermier, que je n'étais nullement curieux de lui donner. Que si le sieur Chouet s'est ruiné dans cette ferme, comme vous me l'écrivez, rien n'est plus adroit de sa part, car assurément on ne pouvait, au vu et su de tout le monde, être plus parfaitement ruiné qu'il l'était quand il est revenu de Livourne et qu'il a pris cette ferme. Il y a vécu plusieurs années. Il m'a bien payé : ce ne peut être que sur le produit de la ferme, puisqu'il n'avait rien d'ailleurs. Ce n'est pas que je n'aie été très-content de me défaire d'un homme tout à fait déraisonnable et toujours ivre, je le suis encore bien davantage de voir à Tournay une personne telle que vous.. »

4 Note de de Brosses : « Faux tout le long » .

5 Note de de Brosses : « En profitant de la nécessité où il se trouvait, pour acheter son bien à vil prix . ».

Il me semble bien que de Brosses est aigri et de mauvaise foi (James).