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21/05/2015

Je fais encore plus cas vous dis-je d'un pré que d'un fonds public

... Eternelle sagesse terrienne de Voltaire qui voit plus loin que les promesses bancaires, en particulier celles du trésor royal qui était bancal, pour ne pas dire davantage, et dont le Trésor public actuel est digne égal dans la dèche .

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 Le bonheur est dans le pré

 

« A Jean-Robert Tronchin

Aux Délices 21 mai [1760]1

Mon cher correspondant, les plus courtes folies sont les meilleures quand les guerres sont longues . Cette guerre-ci le sera à moins que Luc ne soit tué d'un coup de canon .

Si on peut vendre annuités, billets de loterie à un tiers de perte, je vous prie de vendre . Deux tiers valent mieux que rien . Je fais encore plus cas vous dis-je d'un pré que d'un fonds public 2. Vive la vie pastorale . Les hommes sont trop fous . Revenez et aimez-moi, les Délices sont un petit paradis .

V. »

1 Sur le manuscrit on peut lire aussi la date de la réponse « 30 mai »

2 Ce en quoi V* est d'un avis totalement différend de celui du duc de Choiseul ; voir lettre du 20 mai 1760 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/05/18/demande-au-ministre-son-avis-sur-la-stabilite-des-fonds-publ-5624317.html

 

20/05/2015

L'encre de Genève n'est point coulante

... Mais l'argent liquide y coule à flot autant que les eaux du Rhône . Ces dernières sont de meilleure qualité et plus propres dans le même temps que le blanchiment de la monnaie la salit , ô paradoxes du vocabulaire  !

 

 

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 Or noir à Genève

 

« A Ami Camp

21 mai [1760] aux Délices

Grand merci mon cher monsieur, de vos anchois, de vos câpres, de votre cire . J'abuse de vos bontés comme de celles de M. Tronchin . J'ose vous supplier encore de m'envoyer encore une écritoire de bureau . On ne trouve point de cela à Genève . Ce sont de ces écritoires où il y a place pour tout, plumes , encre, poudre, éponge, petits pains . Cela est propre, on en trouve à Lyon . Je ne peux pas trouver une écritoire honnête à Genève .

J'ai pris la liberté de vous adresser par la messagerie un ballot de livres ; c'est pour un abbé Bertrand qui demeure à Lyon chez MM. Bertrand négociants .

Vous me feriez grand plaisir de me dire quelle espèce d'homme est cet abbé Bertrand .

Voici un petit mot de lettre pour notre ami Robert .

Votre très humble et obéissant serviteur .

V.

L'encre de Genève n'est point coulante . On ne trouve point de sandarac 1 à Genève . Pour Dieu envoyez -moi un petit paquet de sandarac .

Vraiment la caisse de bougie est pour nous ?"

1 Le sandaraque ou sandarac est une gomme employée pour les vernis, ou, en poudre fine, pour faire sécher l’encre .

 

19/05/2015

je me fous de Joly de Fleury et de - et de , ainsi que de Chaumeix, et que je leur donnerai sur les oreilles dans l'occasion

...

 

 

 

« A Henri Lambert d'Herbigny, marquis de THIBOUVILLE.
A Tournay, par Genève,

20 mai [1760].
Si vous avez eu mal à la jambe, mon cher marquis, votre tête et votre cœur vont très-bien. Votre lettre 1 m'a enchanté ; tout ce que vous dites est vrai, hors les louanges dont vous m'honorez, la fin surtout de cette Chevalerie étant fort languissante. Figurez- vous que cela avait été imaginé, fait, et envoyé en trois semaines.
Les jeunes gens sont toujours un peu trop vifs ; mais on fait ensuite des retours sur soi-même. J'ai l'impudence de penser que Mlle Clairon ne serait pas mécontente de la dernière scène. Oreste a des fureurs tout seul ; mais des fureurs auprès de son amant qui expire, aux yeux d'un père qui est cause en partie de tant de malheurs, aux yeux de ceux qui avaient proscrit l'amant et condamné à mort la maîtresse ; des fureurs mêlées de l'excès de l'amour ; mais embrasser son amant qui meurt 2 pour elle, mais repousser son père et lui demander pardon, et tomber dans les convulsions du désespoir : si cela n'est point fait pour le jeu de Mlle Clairon, j'ai tort.
Je crois qu'en tout le rogaton de la Chevalerie est moins mauvais que le rogaton de Médime; mais c'est à ceux qui me gouvernent à régler les rangs et l'ordre des sifflets. Je n'ai point fait les Quand 3; mais il me prend envie de les avoir faits. Il n'y a qu'à rire de tout ce qui se passe; les philosophes surtout doivent rire, s'ils sont sages. On m'envoie de Paris les pauvretés 4 ci-jointes; on les dit de Robbé ; en ce cas Robbé est un sage, car il rit. La guerre des auteurs est celle des rats et des grenouilles; cela ne fait de mal à personne. Jansénistes, molinistes, convulsionnaires ; Jean- Jacques voulant qu'on mange du gland ; Palissot monté sur Jean-Jacques allant à quatre pattes ; maître Joly de Fleury braillant des absurdités, les chambres assemblées : tout cela empêche qu'on ne soit trop occupé des désastres de nos armées, et de nos flottes, et de nos finances. Il faut vivre en riant 5 et mourir en riant ; voilà mon avis, et la façon dont j'en use. Les Délices rient et vous embrassent.
N. B. On me reproche d'être comte 6 de Tornet; que ces jean- f[outre]-là viennent donc dans la terre de Ferney, je les mettrai au pilori. N'allez pas vous aviser de m'écrire à monsieur le comte, comme fait Luc 7; mais écrivez à Voltaire, gentilhomme ordinaire du roi, titre dont je fais cas, titre que le roi m'a conservé avec les fonctions : car, pardieu ! ce qu'on ne sait pas, c'est que le roi a de la bonté pour moi, c'est que je suis très-bien auprès de Mme de Pompadour et de M. le duc de Choiseul, et que je ne crains rien, et que je me f[ous]. de Joly de Fleury 8 et de - et de , ainsi que de Chaumeix, et que je leur donnerai sur les oreilles dans l'occasion. Pourtant brûlez ma lettre, et gardez le secret à qui vous aime. »

1 Que l'on ne connait pas .

2 V* a d'abord écrit expire .

4 Sans doute quelques-unes des pompignonades en prose qui sont dans les Mélanges, à l'année 1760, ou quelques-unes de celles en vers (les monosyllabes) qui sont dans les Poésies mêlées, à la même année. Robbé, à qui il voulait les attribuer, était un poète connu par ses débauches, par un poème du sujet duquel il était plein, et, plus tard, par sa dévotion. Né à Vendôme en 1714, il est mort en 1792. (Beuchot.)

Pierre-Honoré Robbé de Beauveset, auteur d’œuvres « badines » . V* n'a pas oublié son Épître du sieur Rabot, maître d'école de Fontenoy, sur les victoires du roi, 2è,3è ,4è,5è,6è,7è et dernière édition, augmentée d'une complainte à l'apollon de la France . Georges d'Heylli, dans son édition des Lettres inédites adressées par le poète Robbé de Beauveset au dessinateur Aignan Desfriches (1875) prend au sérieux cette page de titre et avance que l’Épître eut sept rééditions .

5 Ce mot mis en surcharge remplace peut-être mourant .

6 Lire Tournay ; l’Éditeur du Supplément au recueil, suivi des autres éditions donne Ferney, de même que deux lignes plus loin, ce qui est impossible ; voir lettre du 21 mai 1760 à d’Alembert : »Au château de Tournay par Genève, 21 mai » et l'en-tête de la lettre du 26 mai 1760 à Thieriot : « A Tournay et non à Tornet, 26 mai » .

Voir les signatures de la lettre à Collini du 21 janvier 1760  http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/23/vous-me-ferez-un-grand-plaisir-de-m-ecrire-quelquefois-5543020.html ; et à Pierron du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/01/24/je-ne-puis-m-empecher-de-dicter-ce-petit-billet-de-malade-po-5543049.html .

7 Voir lettre de Frédéric II du 1er mai 1760 : page 374 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f388.image.r=21%20mai

8 Mot soigneusement biffé sur le manuscrit et difficilement interprétable .

 

demande au ministre son avis sur la stabilité des fonds publics français

... Et surtout n'en croit rien si tu es dans l'opposition, n'en croit pas davantage si tu es réaliste, reste dans le doute et ne mets pas tous tes euros dans le même panier percé .

 

europeouverture.jpg

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul-Stainville

[20 mai 1760]

[Transmet la lettre de Frédéric II du 1er mai 1, et demande au ministre son avis sur la stabilité des fonds publics français .]2

2 Les détails fournis sur le contenu de cette lettre sont tirés de la réponse du 25 mai 1760 de Choiseul : « Je vous prie de mander à votre Luc […] que nous méprisons autant les injures grossières que les projets [...]. Quant à la stabilité de mon ministère […] elle est aussi ferme que situation en ce genre puisse être […]. […] ayez du courage en envoyez [à Luc] copie de mon épître […] . ne vendez pas ce que vous avez dans les fonds publics ; je me charge du soin de vos affaires […] les effets sur le roi valent infiniment mieux que les terres ; j'ai vendu une partie des miennes pour en acquérir [...] troquez vos vaches contre du papier et vous ferez un marché excellent . Les Anglais ne garderont pas le Canada […]. » Voltaire fera état auprès d'autres correspondants de la réponse qui lui a été donnée sur les fonds publics .

 

18/05/2015

Je ne sais pourquoi je me suis amusé à prendre le parti du Koran ou de l'Alcoran contre un sot

... Ecrit Voltaire, mais moi, je sais très bien pourquoi je ne prendrai pas le parti du Coran ni de quelque livre dogmatique religieux qui existe . Ma religion se résume à  : "ne fais pas à autrui ce que que tu ne voudrais pas qu'on te fasse", ou pour être positif, -ce fameux gagnant-gagnant prôné par les psy- : "fais à autrui ce que tu aimerais qu'on te fasse". C'est , entre autres, ce qui me conduit à poursuivre la mise en ligne de la correspondance de Voltaire .

 

 

« A Élie Bertrand

20 mai [1760]

Mon cher philosophe, si la misère de ma machine et de mes affaires me permet le voyage, j’irai à Mannheim , et je porterai votre catalogue 1. Il vaut mieux parler qu'écrire, mais ce ne sera que vers le mois de juillet, sinon j'écrirai . Je ne sais pourquoi je me suis amusé à prendre le parti du Koran ou de l'Alcoran contre un sot 2, car je suis un pauvre Osmanly, et je ne fais nul cas du Koran . Pour l’Écossaise, elle n'est pas de moi 3, ni bien des sottises nouvelles qu'on m'attribue . On a joué Jean-Jacques Rousseau à Paris et on l'a fait marcher à quatre pattes 4 . Il me semble pourtant qu'après toutes nos humiliations nous ne devrions nous moquer de personne .

Je vous embrasse tendrement . Ne m'oubliez jamais auprès de M. et Mme de Freudenrick . Vale .

V. »

2 Dans la Lettre civile et honnête à l'auteur malhonnête [...] : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65298757

 

 

17/05/2015

Heureusement vous ne serez pas cuit

... Non plus que vous ne serez crû ! ô homo politicus !

 Ni cru, ni cuit, vous êtes l'égal d'un caillou, parfois utile dans la construction, parfois c.. comme la pluie quand vous êtes un scrupule *.

* Scrupule : si mon souvenir est bon = caillou dans sa chaussure .

 scrupule.jpg

 http://paulinhassika.over-blog.com/article-scrupule...

 

« A Jacob Vernes, chez messieurs

les frères La Vergne

à Lyon

19 mai [1760] 1

Cher prêtre d'Arius 2, j'ai grande envie de vous revoir . Vous mériterez de genere humano si vous faites l'ouvrage dont vous parlez . Mais prenez garde ; en remontant à la source vous ferez comme Antoine ; il n'y a pas de milieu. Heureusement vous ne serez pas cuit . La bagatelle dont je vous parlai, n'est qu'un petit chapitre, mais par le père éternel la chose est claire , j'en suis fâché : quel chaos que ce monde ! Il faut en rire et vivre pour soi et pour ses amis .

On ne m'a point remis de livre de la part de l'abbé Pernetti 3 mais je vous prie de lui faire mes compliments . Aimez-moi un peu, car, je vous aime , en Dieu le père .

V. »

1 V* a d'abord noté le 16 .

2 V* sous entend que Vernes partage les doctrines hérétiques d'Arius, à savoir qu'on ne croit pas à la divinité de Jésus-Christ .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Arius_%28pr%C3%AAtre%29

3 L'abbé Jacques Pernetti, de Lyon . Le livre est peut-être un de ceux que V* réclamait dans sa lettre du 26 novembre 1759 à Jean-Robert Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/03/s-il-nous-arrive-malheur-je-ne-vois-pas-quelles-seront-les-ressources-le-cr.html

 

16/05/2015

Les Délices conseillent aux philosophes de rire de la pièce faite contre eux, et de l'oublier

... Mais il est des pièces, telles les pièces comptables concernant Rachida Dati , qui, si elles  font rire les adeptes du bling-bling, me font grincer des dents et  je me garderai bien de les oublier .

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 Toute en gueule ! elle en croque !

 

« A François de Chennevières

19 mai [1760]

Les Délices font mille compliments à l'ami des Délices et à la sœur du pot . Les Délices s'attristent de l'état de M. le duc de Bourgogne 1 et de l'impuissance de l'art des médecins . Les Délices conseillent aux philosophes de rire de la pièce faite contre eux, et de l'oublier . Les Délices sont heureuses, dans leur douce tranquillité, et quelque chose qu'on dise et qu'on fasse elles s'en moquent . Elles vous sont tendrement attachées . Voulez-vous bien avoir la bonté de faire parvenir l'incluse à l'ami Thieriot ?2

V. »