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09/06/2016

Par dessus tout, il lui déplait d'être enterré parmi des gens stupides

... Ce qui n'est que le cadet de mes soucis ! et de toute façon : vive la crémation !

 Mon pauvre Voltaire, nos révolutionnaires n'ont rien trouvé de mieux que de te mettre au Panthéon face à ce J.-J. Rousseau à la triste mine . Ta crainte est devenue réalité , hélas . Heureusement que tu es tolérant et bienveillant (sans excès, il faut le reconnaitre, il est des défauts qu'on ne pardonne pas ).

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Mystères de la réincarnation, justice ultime ...

 

 

« A [destinataire inconnu]

4 juillet 1761

[Il est honteux et désolé . Par dessus tout, il lui déplait d'être enterré parmi des gens stupides , et cela le met de mauvaise humeur . Les prêtres n'ont pas été capables de le briser, du moins jusqu'à présent . Il a trouvé le moyen d'être le maître : c'est-à-dire en achetant beaucoup, en possédeant beaucoup, en s'amusant beaucoup et grâce à beaucoup de gaieté .] »

 

Pour ma guerre avec les prêtres, n'en soyez pas en peine

... Dit, de mauvaise foi un certain cardinal lyonnais entendu par un officier de police .

Ce à quoi on peut lui répondre que de guerre il n'en fit guère à ses prêtres pédophiles , on l'eut plutôt dit collabo en des temps de triste mémoire .

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« A Jean-Robert Tronchin

Mon cher correspondant je ne vous envoie pas autant de papier que vous m'envoyez d'argent, mais prenons toujours ceci puisque Dieu nous l'envoie .

On se moque de nous avec la paix . Elle me paraît impossible dans le moment présent .

Pour ma guerre avec les prêtres, n'en soyez pas en peine ; et comptez que j'ai trouvé le secret d'être le maître chez moi, et de les empêcher de l'être .

Je remercie tendrement notre conseiller . Il parle toujours bien ; et pense de même . Il n'a qu'un défaut, c'est que je ne le vois pas souvent .

J'ai le malheur d'écrire tant de lettres malgré moi , que je suis obligé de vous demander douze livres de cire d'Espagne . Je voudrais n'écrire qu'à vous . Cette horrible correspondance consume le temps et l'esprit . Monsieur votre frère pourrait-il avoir la bonté de se charger de cette cire ?

Mille tendres compliments.

V.

1er juillet [1761] 1»

1 Date complètée par Tronchin .

 

08/06/2016

la France sait honorer la cendre des grands hommes, et protéger leurs descendants dans les temps les plus difficiles

... Cher Voltaire, si au moins tu disais vrai pour notre siècle !

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« A Louis-Phélipeaux, comte de Saint-Florentin

Aux Délices par Genève 1er juillet 1761 1

Monseigneur, la seule crainte de vous importuner m'a fait longtemps garder le silence . Une entreprise honorable pour la nation m'oblige à le rompre . Permettez que je vous renouvelle mon ancien attachement . Je connais trop la bonté de votre cœur pour douter que vous n'approuviez pas le peu de bien que je cherche à faire et que vous ne l'encouragiez . Permettez que votre nom soit au premier rang de ceux qui font voir à l'Europe que la France sait honorer la cendre des grands hommes, et protéger leurs descendants dans les temps les plus difficiles . L'Angleterre n’aura plus sur cela de reproche à nous faire .

La plupart de nos académiciens souscrivent pour six exemplaires . J'attends vos ordres pour commencer .

Je suis avec respect

monseigneur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

1 V* omet des détails essentiels, car, afin de ne pas se répéter de lettre en lettre, il préparait une circulaire qu'on peut voir en note de la lettre du 27 juin 1761 à Montmartel : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/06/02/vous-n-avez-guere-le-temps-de-lire-monsieur-mais-vous-avez-t-5810027.html

 

Le luxe était permis dans le vieux testament

... Jusqu'au prélèvement confiscatoire de l'Etat qui se gave sur le dos des morts .

Le nouveau testament républicain ressemble diablement plus au code des impôts qu'à l'Imitation de Jésus-Christ . Ah que ne sommes nous tous de ces heureux Corses libres de droits de succession !

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Suivi du  Nouveau Testament Par les Nuls .

 

 

« A François Guillet, baron de Monthoux

à Annemasse

[vers 1761] 1

Je le ferai bientôt ce voyage éternel

Dont on ne revient point au séjour de la vie.

En vain vous prétendez que le Dieu d'Israël

Daignera me prêter comme au bonhomme Élie

Un beau cabriolet des remises du ciel,

Avec quatre chevaux pris dans son écurie .

Dieu fit depuis ce temps moins de cérémonie,

Le luxe était permis dans le vieux testament2

De la nouvelle loi la rigueur le condamne,

Tout change sur la terre, et dans le firmament,

Élie eut un carrosse ; et Jésus n'eut qu'un âne . »

1 La date suggérée seulement par la tonalité générale est incertaine ; une main contemporaine a noté « de Voltaire sur la religion catholique qu'il professe. »

2 V* avait d'abord écrit : Le luxe est réprouvé du nouveau testament Mais ...

 

07/06/2016

Vous êtes l'arbitre né de ce pays-ci

... Ah ! comme j'aimerais que cet arbitre soit le peuple lui-même .

Mais pour cela il faudrait qu'il soit instruit, et c'est là que je trouve l'obstacle majeur : L'Eurofoot, du pain et des jeux, des millions dépensés par les villes/régions , on se croirait revenu juste avant la décadence de l'empire romain .

A toutes les fans-zones je souhaite la pluie, sans rémission, et on verra alors ce que valent les braillards sportifs de salon . En tout état de cause, fan = fanatique, et s'il est une espèce d'humain que je déteste, c'est bien celle-ci , alors :carton rouge !

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Et rions un peu : http://www.europe1.fr/sport/euro-2016-jprefere-te-preveni...

 

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry

[vers 1761]

Vous ne sauriez croire, monsieur, combien nous sommes sensibles Mme Denis et moi à vos aimables procédés . Il est bien digne de vous d'empêcher deux hommes de se ruiner en procès . Vous êtes l'arbitre né de ce pays-ci . Nous vous attendons aujourd'hui sur les six heures . Je voudrais que ma santé me permit de vous épargner cette peine ; j'irais avec le plus grand empressement vous renouveler les sentiments tendres et respectueux avec lesquels j'ai l’honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

 

Vous savez que je ne réponds jamais du succès

... M'a dit Didier Deschamps, ce qui prouve qu'il est encore lucide et ne peut que souhaiter que l'équipe de France, guère touchée par les soucis du quotidien, assure le minimum syndical de millionnaires en culottes courtes .

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« Au professeur Théodore Tronchin

[1761] 1

Mon cher Esculape, j'ai reçu vos ordres en revenant de Ferney . Vous croyez bien que je les ai exécutés sur-le-champ . J'ai envoyé le passeport à M. le duc de Choiseul avec les plus humbles prières et les plus pressantes . Vous savez que je ne réponds jamais du succès . Il n'appartiendrait qu'à vous d'en répondre .

La paix ne paraît pas prochaine . Cependant elle peut arriver comme une apoplexie, tout d'un coup . Tuus for ever 2.

V. »

1 La date est bien incertaine ; Moland place ce billet le 19 ou 20 mai 1762 car il est question d'un passeport dans une lettre à d'Argental du 19 mai 1762 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-14-122982901.html

2 A vous pour toujours .

 

06/06/2016

c’est un créateur, c’est un homme qui a débrouillé le chaos, et ce n’est qu’à de tels génies qu’appartient la gloire, les autres n’ont que de la réputation.

... bonne ou mauvaise .

Il va falloir être encore bien patient pour reconnaître la "gloire" méritée d'un homme/une femme en notre XXIè siècle débutant .

Le chaos est là, il ne manque pas de bras pour le faire croître, des guignols-candidats aux plus hautes fonctions administratives et/ou législatives jusqu'à ceux qui les écoutent, et pire, les adulent .

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Chaos technique ! KO ideologique !

 

« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

A Ferney 30 juin 1761

Monsieur, en attendant que je puisse arranger le terrible événement de la mort du czarovits 1 qui m’arrête, et que j’achève les autres chapitres du second volume, j’ai entrepris un autre ouvrage qui ne dérobera point mon temps, et qui me laissera toujours prêt à vous servir sur-le-champ : c’est une édition des tragédies de Pierre Corneille, avec des remarques sur la langue et sur le goût, lesquelles seront d’autant plus utiles aux étrangers et aux Français mêmes, qu’elles seront revues par l’Académie française, qui préside à cette entreprise. Ce Corneille est parmi nous, dans la littérature, ce que Pierre-le-Grand est chez vous en tout genre ; c’est un créateur, c’est un homme qui a débrouillé le chaos, et ce n’est qu’à de tels génies qu’appartient la gloire, les autres n’ont que de la réputation.

Le produit de cette édition, qui sera magnifique, est pour les descendants de Pierre Corneille, famille noble tombée dans la pauvreté. J’ai le plaisir de servir à la fois ma patrie et le sang d’un grand homme. L’édition, ornée des plus belles gravures, se fait par souscription, et on ne paie rien d’avance. Elle coûtera environ quatre ducats l’exemplaire. Plusieurs  princes donnent leur nom. Il serait bien honorable pour nous, et bien digne de votre magnificence, que le nom de Sa Majesté l’Impératrice parût à la tête. Pour le vôtre, monsieur, et pour ceux de quelques-uns de vos compatriotes touchés de vos exemples, j’ose y compter. Nous imprimons la liste des souscripteurs ; je serais bien découragé, si je n’obtenais pas ce que je demande. Chacun souscrit pour plusieurs exemplaires .2

Cette édition de Corneille, avec des estampes, me fait penser qu’il serait beau d’orner de gravures chaque chapitre de l’Histoire de Pierre-le-Grand 3; ce serait un monument digne de vous. Le premier chapitre aurait une estampe qui représenterait des nations différentes aux pieds du législateur du Nord.

La victoire de Lesna, celle de Pultava, une bataille navale ; les voyages du héros, les arts qu’il appelle dans son pays, les triomphes dans Moscou et dans Pétersbourg ; enfin chaque chapitre serait un sujet heureux, et vous auriez érigé, monsieur, le plus beau monument dont l’imprimerie pût jamais se vanter. Je soumets cette idée à vos lumières et à votre attachement pour la mémoire de Pierre-le-Grand, à votre esprit patriotique que vous m’avez communiqué. Disposez de moi tant que je serai en vie. Les étincelles de votre beau feu vont jusqu’à moi.

Que votre excellence agrée les respects et le tendre attachement de Voltaire . »

1 V* consacra la totalité du chapître X, livre II, à la condamnation d'Alexis Petroitch ; il suivit en général les idées suggérées par Schouvalov dans ses lettres .

2 Cette phrase est ajoutée entre les lignes .

3 Cette suggestion ne fut pas retenue .