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13/10/2010

Maman est affligée d'un rhumatisse et ne peut faire aucun exercisme

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« A Pierre-Michel Hennin

 

[vers octobre 1766]

 

Notre hôpital, Monsieur, est très sensible à votre charité. Maman [1] est affligée d'un rhumatisse et ne peut faire aucun exercisme [2]. Pâté [3] est accouchée d'un faux germe comme certaine Julie du sieur Jean-Jacques ; mais elle n'en est que plus belle. Cornélie-chiffon [4] est garde-malade. Je suis en bonnet de nuit . Père Adam trotte. Nous sommes tous également pénétrés de vos bontés. Mettez mon cadavre et ce qui me reste d'âme aux pieds de M. l'ambassadeur [5]. Mille tendres et respectueux remerciements. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1 Mme Denis est appelée « maman » par Marie-Françoise Corneille.

2 V* écrit « rhumatisse » et « exercisme » sur le manuscrit .

3 Mme Pajot de Vaux , soeur de M. Dupuits qui a épousé M-F. Corneille.

Page 39: http://books.google.fr/books?id=BiBfgKE_Tf8C&pg=PA39&... 

NDLR : "nièce de Voltaire" par ricochet, je crois . A vérifier.

4 M.-F. Corneille.

12/10/2010

ceux qui ont moins d'esprit et plus de préjugés... sont des hiboux offensés du grand jour ; et malheureusement il y a trop de ces hiboux dans le monde

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Plus tonique : http://www.deezer.com/listen-4257331

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

A La Haye, le 12 octobre [1740]

 

Sire,

 

Votre Majesté est d'abord suppliée de lire la lettre ci-jointe du jeune Luisius [i]; elle verra quels sont en général les sentiments du public sur l'Anti-Machiavel.

 

M. Trevor, l'envoyé d'Angleterre, et tous les hommes un peu instruits approuvent l'ouvrage unanimement. Mais je l'ai, je crois, déjà dit à Votre Majesté ; il n'en est pas tout à fait de même de ceux qui ont moins d'esprit et plus de préjugés. Autant ils sont forcés d'admirer ce qu'il y a d'éloquent et de vertueux dans le livre, autant ils s'efforcent de noircir ce qu'il y a d'un peu libre. Ce sont des hiboux offensés du grand jour ; et malheureusement il y a trop de ces hiboux dans le monde ; quoique j'eusse retranché ou adouci beaucoup de ces vérités fortes qui irritent les esprits faibles, il en est cependant encore resté quelques-une dans le manuscrit copié par Vanduren [ii]. Tous les gens de lettres, tous les philosophes, tous ceux qui ne sont que gens de bien, seront contents, mais le livre est d'une nature à devoir satisfaire tout le monde ; c'est un ouvrage pour tous les hommes et pour tous les temps. Il paraitra bientôt traduit dans cinq ou six langues.

 

Il ne faut pas, je crois, que les cris des moines et des bigots s'opposent aux louanges du reste du monde : ils parlent, ils écrivent, ils font des journaux ; il y a même dans l'Anti-Machiavel, quelques traits dont un ministre malin pourrait se servir pour indisposer quelques puissances.

 

C'est donc, Sire, dans la vue de remédier à ces inconvénients que j'ai fait travailler nuit et jour à cette nouvelle édition [iii],dont j'envoie les premières feuilles à Votre Majesté . Je n'ai fait qu'adoucir certains traits de votre admirable tableau, et j'ose m'assurer qu'avec ces petits correctifs qui n'ôtent rien à la beauté de l'ouvrage, personne ne pourra jamais se plaindre, et cette instruction des rois passer à la postérité comme un livre sacré que personne ne blasphèmera.

 

Votre livre, Sire, doit être comme vous ; il doit plaire à tout le monde : vos plus petits sujets vous aiment, vos lecteurs les plus bornés doivent vous admirer.

 

Ne doutez pas que votre secret, étant entre les mains de tant de personnes, ne soit bientôt su de tout le monde. Un homme de Clèves disait, tandis que Votre majesté était à Moyland : « Est-il vrai que nous avons un roi, un des plus savants et des plus grands génies de l'Europe ? On dit qu'il a osé réfuter Machiavel. »

 

Votre cour en parle depuis plus de six mois. Tout cela rend nécessaire l'édition que j'ai faite, et dont je vais distribuer les exemplaires dans toute l'Europe, pour faire tomber celle de Vanduren, qui d'ailleurs est très fautive.

 

Si après avoir confronté l'une et l'autre Votre Majesté me trouve trop sévère, si elle veut conserver quelques traits retranchés ou en ajouter d'autres, elle n'a qu'à dire ; comme je compte acheter la moitié de la nouvelle édition de Paupie pour en faire des présents, et que Paupie a déjà vendu par avance l'autre moitié à ses correspondants, j'en ferai commencer dans quinze jours une édition plus correcte, et qui sera conforme à vos intentions. Il serait surtout nécessaire de savoir bientôt à quoi Votre Majesté se déterminera, afin de diriger ceux qui traduisent l'ouvrage en anglais et en italien. C'est ici un monuments pour la dernière postérité, le seul livre digne d'un roi depuis quinze cents ans. Il s'agit de votre gloire : je l'aime autant que votre personne. Donnez-moi donc, Sire, des ordres précis.

 

Si Votre Majesté ne trouve pas assez encore que l'édition de Vanduren soit étouffée par la nouvelle, si elle veut qu'on retire le plus qu'on pourra d'exemplaires de celle de Vanduren, elle n'a qu'à ordonner. J'en ferai retirer autant que je pourrai sans affectation dans les pays étrangers, car il a commencé à débiter son édition dans les autres pays ; c'est une de ces fourberies à laquelle on ne pouvait remédier. Je suis obligé de soutenir ici un procès contre lui ; l'intention du scélérat était d'être seul le maître de la première et de la seconde édition. Il voulait imprimer et le manuscrit que j'ai tenté de retirer de ses mains et celui même que j'ai corrigé. Il veut friponner sous le manteau de la loi. Il se fonde sur ce qu'ayant le premier manuscrit de moi, il a seul le droit d'impression ; il a raison d'en user ainsi : ces deux éditions et les suivantes feraient sa fortune, et je suis sûr qu'un libraire qui aurait seul le droit de copie en Europe gagnerait trente mille ducats au moins.

 

Cet homme me fait ici beaucoup de peine. Mais, Sire, un mot de votre main me consolera ; j'en ai grand besoin, je suis entouré d'épines. Me voilà dans votre palais. Il est vrai que je ne suis pas à charge de votre envoyé [iv]; mais enfin un hôte incommode au bout d'un certain temps. Je ne peux pourtant sortir d'ici sans honte, ni y rester avec bienséance sans un mot de Votre Majesté à votre envoyé.

 

Je joins à ce paquet la copie de ma lettre à ce malheureux curé [v] dépositaire du manuscrit, car je veux que Votre majesté soit instruite de toutes mes démarches.

 

Je suis, etc. »

 

i V* dans ses Mémoires parle des malheurs de ce fils d'un ancien ambassadeur de Prusse à La Haye, victime de Frédéric-Guillaume.http://books.google.fr/books?id=KiwTAAAAQAAJ&pg=PA378...

http://www.voltaire-integral.com/Html/01/07MEMOIR.html

ii Il s'agit sans doute de la première édition Van Duren ; cf la lettre à Frédéric du 20 juillet 1740.

iii Il s'agit certainement de l'édition suivante de l'Anti-Machiavel, chez Paupie, 1740.

v Cyrille Le Petit « pasteur de l'église française catholique à La Haye ».

http://books.google.fr/books?id=U5sGAAAAQAAJ&pg=PA479...

  

grand duc bubo-bubo-2.jpg

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11/10/2010

je n'ai nulle part à la tuméfaction du ventre de Mlle Hus,...je ne lui ai jamais rien fait ni rien fait faire, ni rôle ni enfant

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

[11 octobre 1761]

 

Je m'arrache pour vous écrire à quelque chose de bien singulier [i] que je fais pour vous plaire, ô mes chers anges. Je réponds donc à votre lettre du 5 octobre -que ne puis-je en même temps travailler et vous écrire!- allons vite.

 

D'abord vous saurez que je ne suis point le Bonneau du Bertin [ii] des parties casuelles, que je n'ai nulle part à la tuméfaction du ventre de Mlle Hus, que je ne lui ai jamais rien fait ni rien fait faire, ni rôle ni enfant ; qu'Atide [iii] ne lui fût jamais destinée, que je souhaite passionnément qu'Atide soit jouée par la fille à Dubois laquelle Dubois a, dit-on, des talents. Ainsi ne me menacez point et ne prêchez plus les saints.

 

Quant au Droit du Seigneur, je n'ai jamais pris Chimène ni pour un seigneur [iv] ni pour mon confident [v]. Quiconque l'a instruit a mal fait, mais Crébillon fait encore plus mal [vi].Le pauvre vieux fou a encore les passions vives. Il est désespéré du succès d'Oreste, et on lui a fait accroire que son Electre est bonne -il se venge comme un sot. S'il avait le nez fin il verrait qu'il y aurait quelque prétexte dans le second acte, mais il a choisi pour les objets de ses refus le 3 et le 4 qui sont pleins de morale la plus sévère et la plus touchante. Voici mon avis que je soumets au vôtre. Je n'avoue point Le droit du seigneur, mais il est bon qu'on sache que Crébillon l'a refusé parce qu'il l'a cru de moi. Il renouvelle son indigne manœuvre de Mahomet par laquelle il déplut beaucoup à Mme de Pompadour. Il est sûr qu'il déplaira beaucoup au public et qu'il fera grand bien à la pièce. C'est d'ailleurs vous insulter que de refuser, sous prétexte de mauvaises mœurs, un ouvrage auquel il croit que vous vous intéressez. Vous avez sans doute assez de crédit pour faire jouer malgré lui cette pièce.

 

Venons à l'Académie. Elle a beau dire, je ne peux aller contre mon cour [vii]. Mon cœur me dit qu'il s'intéresse beaucoup à Cinna dans le premier acte et qu'ensuite il s'indigne contre lui. Je trouve abominable et contradictoire que ce perfide dise Qu'une âme généreuse a de peine à faillir! Ah! lâche , si tu avais été généreux aurais-tu parlé comme tu fais au second acte ?

 

L'Académie dit qu'on s'intéresse à Auguste. C'est-à-dire que l'intérêt change ; et sauf respect c'est ce qui fait que la pièce est froide. Mais laissez-moi faire. Je serai modeste, respectueux, et pas maladroit. Tout viendra en son temps. Je ne suis pas pressé de programme. J'accouche, j'accouche, voilà des Gouju.[viii]

 

Eh! bien rien de décidé sur l'amiral Berryer [ix]? et le roi d'Espagne ? épouse-t-il [x]? traite-t-il [xi]? M. le duc de Choiseul m'a envoyé des reliques de Rome. Si je ne réussis pas dans ce monde, mon affaire est sûre pour l'autre.

 

Je reçus le même jour les reliques et le portrait de Mme de Pompadour qui m'est venu par bricole .[xii]

 

Voilà bien des bénédictions. Mais j'aime mieux celles de mes anges.

 

Mlle Corneille joue vendredi Isménie dans Mérope. N'est-ce pas une honte que vos histrions fassent jouer ce rôle par un homme ? et qu'ils suppriment les chœurs dans Œdipe ? Les barbares ! »

i Sans doute la tragédie Olympie.

ii Bonneau du Bertin était trésorier des parties casuelles, et amant de Mlle Hus. http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Hus

http://www.blason-armoiries.org/institutions/c/casuelles....

http://www.cnrtl.fr/definition/casuel

 

iii L'épouse secrète du héros dans Zulime.

iv = Le marquis de Ximenes ; cf. lettres du 26 août 1755 à Richelieu,8 février 1756 à Chennevières, 21 janvier 1761 à Jean-Robert Tronchin ; V* dans sa lettre du 8 février fait un jeu de mots aux dépends de Ximenes sur « condition ».

v V* , un fois de plus ne veut pas qu'on sache qu'il est l'auteur. Cf. lettres aux d'Argental depuis le 21 juin 1761.

vi Il est censeur.

vii Dans les Commentaires sur Corneille.

viii Lettre de Charles Gouju à ses frères au sujet des révérends pères jésuites, de V*.http://www.voltaire-integral.com/Html/24/39_Gouju.html

 

ix Qui va devenir garde des Sceaux le 13 octobre.

x La reine d'Espagne est morte le 27 septembre.

xi Un nouveau pacte de Famille a été signé entre la France et l'Espagne le 15 août et on garde secrète la clause d'entrée en guerre de l'Espagne ; l'Espagne ne rompra avec l'Angleterre qu'à la fin de l'année.

xii C'est-à-dire par ricochet car V* l'a eu par la comtesse de Lutzelbourg qu'il remercie le 11 octobre.

10/10/2010

comme la vieillesse est timide, et que tout me fait peur , j'ai grand peur en effet

Note rédigée le 30 août 2011 pour parution le 10 octobre 2010

http://www.deezer.com/listen-2296905 : Brel, what else ?

timide-517240.jpg

AMNEVILLE (57360), France - Octobre 2009 © Fabrice NEWEL

 http://www.deezer.com/listen-4274084  : Timides anonymes, de Renan Luce .

Et, Quand j'ai peur de tout : http://www.deezer.com/listen-4621437

...

J'ai peur de tout : http://www.deezer.com/listen-1582385



 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

10è octobre 1777

 

Je vous ai envoyé, mon cher ange, les cinq anciens petits pâtés 1, avec une lettre douloureuse ; le tout sous l'enveloppe de M. de Vaines, le 3 octobre . Et comme la vieillesse est timide, et que tout me fait peur , j'ai grand peur en effet que vous n'ayez rien reçu, attendu qu'on m'a informé que M. de Vaines n'était plus administrateur des postes ; je me souviens d'une autre sottise que j'ai faite . J'ai mis dans ma lettre : M. le duc d'Aumont au lieu de : M. le maréchal de Duras 2. Ce n'est pas ma seule bévue , il y en a bien d'autres dans ce que je vous ai envoyé . L'impossibilité de les corriger est ce qui me désespère . Vous aurez cinq autres pâtés de Constantinople 3, si Dieu me prête vie, mais ceux-là sont beaucoup plus difficiles à cuire . Réchauffez les premiers, vous n'aurez les derniers qu'à la fin de l'hiver où nous allons entrer . Je ne tombe point en jeunesse, je tombe réellement en enfance . Ayez pitié de moi, mais êtes-vous capable de vous remuer bien vivement pour votre ancienne créature qui a tant besoin de vous, et qui se met à l'ombre de vos ailes ?

 

V.

 

Je fais mille remerciements à votre très aimable secrétaire . Je vois que le caractère de son âme l'emporte encore sur celui de son écriture . Je lui demande sa protection auprès de vous . »

 

2 M. le maréchal de Duras , premier gentilhomme de la chambre « d'année » était celui à qui il fallait présenter la pièce .

3 Irène, tragédie qui se passe à Constantinople, en cinq actes : http://www.voltaire-integral.com/Html/07/07IRENE.html ;

elle ne comportait d'abord que trois actes ;

voir lettres à d'Argental du 15 décembre 1776 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/07/28/vous-ne-trouverez-pas-une-femme-dans-paris-qui-se-tue-pour-n.html

et 4 février 1777 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/07/ils-disent-tous-que-j-ai-vecu-trop-longtemps-pour-etre-paye.html

 

Il y a encore quelque chose de plus triste

 

Note rédigée le 31 août 2011 pour édition le 10 octobre 2010 .

 

 

 

« A Gabriel Cramer

 

On vient de condamner et de supprimer par un arrêt de conseil d’État, le discours admirable de La Harpe 1.

 

Je vous avais bien dit que vous ne saviez pas toutes les foires de Champagne 2. Malheureusement je les savais .

 

On ne m'a point envoyé les épreuves de ce qu'on a substitué à la Lettre de M. Prost de Royer 3.

 

Je n'ai point vu non plus celles de La Méprise 4. Un seul mot peut faire actuellement des affaires très sérieuses . Cette collection 5 qu’on imprime sans me consulter, ne sera qu'une corde qui liera la victime. Il y a plus d'un an que je ne cesse de vous l'écrire ; il serait bien nécessaire que je vous parlasse . Je doute fort que vos derniers volumes puissent entrer en France ; et je suis très sûr que les amis du frère Pediculoso 6 s'y opposeront .

 

 

Il y a encore quelque chose de plus triste .

 

Vale et me ama .

 

Le vieux malade.

 

10è octobre 1771 »

 

2 = Tous les dessous de cette affaire .

3 Il s'agit de la Lettre à Mgr l'archevêque de Lyon,dans laquelle on traite du prêt à intérêt à Lyon, appelé dépôt de l'argent, 1763 , de Prost de Royer, qu'on avait attribué à V* et qu'on réimprimait sous son nom dans Les Choses utiles et agréables, 1769, et même dans le tome IX des Nouveaux mélanges .

Voir : http://books.google.fr/books?id=Omg5ZE15UzEC&pg=PA187&lpg=PA187&dq=Lettre+%C3%A0+Mgr+l%27archev%C3%AAque+de+Lyon,dans+laquelle+on+traite+du+pr%C3%AAt+%C3%A0+int%C3%A9r%C3%AAt+%C3%A0+Lyon,+appel%C3%A9+d%C3%A9p%C3%B4t+de+l%27argent&source=bl&ots=mVUtov7bIN&sig=MyhT6B0q64xJt029CSygWtIzP5g&hl=fr&ei=BlFeTpLGBYXb4QTAsPVG&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBkQ6AEwAA#v=onepage&q=Lettre%20%C3%A0%20Mgr%20l%27archev%C3%AAque%20de%20Lyon%2Cdans%20laquelle%20on%20traite%20du%20pr%C3%AAt%20%C3%A0%20int%C3%A9r%C3%AAt%20%C3%A0%20Lyon%2C%20appel%C3%A9%20d%C3%A9p%C3%B4t%20de%20l%27argent&f=false

V* avait protesté auprès de Cramer le 10 septembre après avoir reçu cinq volumes de l'édition in-4° en cours d'impression : «  … m'imputer une pièce dans laquelle je suis loué, c'est me rendre non seulement plagiaire, mais ridicule ». Puis le 26 : « Vous ne pouvez … réparer trop tôt la méprise énorme qu'on a faite en imprimant sous mon nom dans cette collection plus énorme encore l'ouvrage de M. Prost de Royer, avocat de Lyon, sur le prêt à jour ou à terme ... »

4 La Méprise d'Arras, brochure concernant une erreur judiciaire commise à Arras aux dépens de Monbailly .

Voir : http://saintomer.pagesperso-orange.fr/montbailly.htm

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5626458f

5 L'édition in-4°.

6 Désignation des dévots par référence à sa brochure Instruction du gardien des capucins de Raguse à frère Pediculoso partant pour la Terre sainte, 1768 : http://www.voltaire-integral.com/Html/27/15_Raguse.html

 

 

 

 

Je commence à croire que nous devenons trop anglais et qu'il nous siérait mieux d'être français

 Pour paraphraser Volti  :"Je commence à croire que nous devenons trop américains-états-uniens et qu'il nous siérait mieux d'être français"

 

 

 

« A Louis-François-Armand Du Plessis, duc de Richelieu

 

A Ferney 10è octobre 1769

 

Mon héros dans sa dernière lettre a daigné me glisser un petit mot de son jardin[i].Je suis comme Adam exclu du paradis terrestre, et je suis devenu laboureur comme lui. Je vous assure, Monseigneur, que jamais mon cœur n'a été pénétré d'une plus tendre reconnaissance. Oserais-je vous supplier de vouloir bien faire valoir auprès de votre amie [ii] les sentiments dont la démarche qu'elle a bien voulu faire m'a pénétré ? J'ai été tenté de l'en remercier, mais je n'ose, et je vous demande sur cela vos ordres.

 

Au reste il n'y a pas d'apparence que j'aie l'impudence de me présenter devant vous dans le bel état où je suis. Il n'est bruit dans le monde que de votre perruque en bourse,[iii] et je ne puis être coiffé que d'un bonnet de nuit. Toutes les personnes qui vous approchent jurent que vous avez trente-trois à trente-quatre ans tout au plus. Vous ne marchez pas, vous courez ; vous êtes debout toute la journée. On assure que vous avez beaucoup plus de santé que vous n'en aviez à Closter-Seven [iv], et que vous commanderiez une armée plus lestement que jamais. Pour moi je ne pourrais pas vous servir de secrétaire, encore moins de coureur ; la raison en est que mes fuseaux, que j'appelais jambes, ne peuvent plus porter votre serviteur ; et que mes yeux qui sont entièrement à la Chaulieu, [sont] bordés de grosses cordes rouges et blanches depuis qu'il a neigé sur nos montagnes. Vous qui êtes grand chimiste [v], vous me direz pourquoi la neige que je ne vois point, me rend aveugle ; et pourquoi j'ai les yeux très bons dès que le printemps est revenu. Comme vous êtes parfaitement en cour, je vous demanderai une place aux Quinze-Vingts pour l'hiver. Je défie votre Académie des sciences de me donner la raison de ce phénomène. Il est particulier au pays que j'habite. J'ai un ex-jésuite auprès de moi qui est précisément dans le même cas, et plusieurs autres personnes éprouvent cette même faveur de la nature. Plus j'examine les choses et plus je vois qu'on ne peut rendre raison de rien.

 

J'ai à vous dire qu'on imprime actuellement, dans les pays étrangers, les Souvenirs de Mme de Caylus[vi]. Elle fait un portrait fort plaisant de monsieur le duc de Richelieu votre père, et votre père véritable, quoi que vous en disiez [vii]; je vois que c'était un bel esprit, et que l'hôtel de Richelieu l'emportait sur l'hôtel de Rambouillet.

 

Permettez-moi, monseigneur, de vous remercier encore au nom des Scythes, de la vielle Mérope et de Tancrède [viii].

 

On vient donc de jouer une tragédie anglaise [ix] à Paris. Je commence à croire que nous devenons trop anglais et qu'il nous siérait mieux d'être français. C'est votre affaire, car c'est à vous de soutenir l'honneur du pays.

 

Agréez toujours mon tendre respect, et mon inviolable attachement. »

 

i Le duc lui a notamment parlé de son beau jardin de Paris ; cf. lettre du 9 février 1770.

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ii Mme du Barry qui a « parlé de (Voltaire) plusieurs fois au roi », sans pourtant « demander précisément (son) retour » ainsi que l'écrit Mme Denis le 7 octobre, en ajoutant : « ...le maréchal (de Richelieu) ... m'a dit : « Regardez la chose comme faite, je la prends sur moi. »... je vous prie ... de faire tout doucement vos préparatifs pour partir. »

http://www.labelleecole.fr/madame-du-barry-2-48871.r.fr.htm

 

iii Le 18 septembre Mme Denis lui en a parlé, la bourse étant un petit sac de taffetas noir où les cheveux sont enfermés par derrière.

iv Les troupes de Hanovre et de Brunswick, commandées par le duc de Cumberland s'étaient rendues à Richelieu en 1757.http://books.google.fr/books?id=zi46AAAAcAAJ&pg=PA298...

 

v Richelieu est membre de l'Académie des sciences.

vi Indiqués Amsterdam 1770, ils ont été édités après correction par V* à Genève.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Marthe-Marguerite_Le_Valois_...

 

 

vii V* a lui-même parlé du « père putatif » de Richelieu, par exemple dans la lettre à Mme de Fontaine du 8 janvier 1756.

NDLR : je vous recommande le dernier paragraphe de cette lettre qui vous fera sourire, pour le moins : http://books.google.fr/books?id=vSoTAAAAQAAJ&pg=PA944...

viii V* est instruit que l'on va jouer ces pièces à Fontainebleau devant la cour ; Tancrède sera jouée le 17 octobre, Mérope le 10, mais on ne joua pas les Scythes.

ix Hamlet ; V* très critique écrit à d'Argental le 13 octobre : « Les ombres vont devenir à la mode ; j'ai ouvert modestement la carrière (avec Sémiramis), on va y courir à bride abattue ... J'ai voulu animer le théâtre en y mettant plus d'action, et tout actuellement est action et pantomime . Nous allons tomber en tout dans l'outré et dans le gigantesque ...»

09/10/2010

je lui dis que je n'ai jamais cru si fermement à son infaillibilité

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 Mon cher, -trop cher,- Président Saint Sarko, je suis heureux que les hasards de la mise en ligne de quelques  lettres de Volti, permettent de commenter vos actions, que je trouve ridicules, auprès du pape. Vous aussi, chasseur avide de gri-gri papal, avez en tête cette phrase de Volti ? 

"Il est bon, mon respectable ami, que les persécuteurs des gens de bien sachent que je suis couvert contre eux de l'étole du vicaire de Dieu".

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Où le bât blesse, c'est à la qualification de "gens de bien" qui à mes yeux ne vous sied point. Vous, catholique en peau de lapin, Tartuffe, n'avez jamais autant montré vos talents d'hypocrite.

Pour votre pénitence, vous me réciterez , sur le beau chapelet que vous avez réclamé ... ce qui vous passera par la tête, ça ne peut pas être pire que ce que nous avons déjà entendu .

L'étole du vicaire ne suffit déjà pas à couvrir les horreurs de membres du clergé, alors couvrir aussi les besoins de votre ambition ...

Croyez-vous à l'amour et à la reconnaissance des cathos ? Allez ! et ne vous représentez plus !

Je n'ai jamais autant cru à votre faillibilté .

 P-S : combien a coûté ce voyage et le repas avec les princes de l'Eglise ?

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Conseiller d'honneur du parlement

rue Saint-Honoré à Paris

 

A Fontainebleau 9 octobre [1745]

 

Vraiment les grâces célestes ne peuvent trop se répandre ; et la lettre du Saint-Père est faite pour être publique [1]. Il est bon, mon respectable ami, que les persécuteurs des gens de bien sachent que je suis couvert contre eux de l'étole du vicaire de Dieu. Je me suis rencontré avec vous dans ma réponse car je lui dis que je n'ai jamais cru si fermement à son infaillibilité.

 

Je resterai ici jusqu'à ce que j'aie recueilli toutes mes anecdotes sur les campagnes du roi, et que j'aie dépouillé les fatras des bureaux [2]. J'y travaille, comme j'ai toujours travaillé, avec passion. Je ne m'en porte pas mieux. Je vous apporterai ce que j'aurai ébauché. M. et Mme d'Argental seront toujours les juges de mes pensées, et les maîtres de mon cœur. »

 

1 Cf. lettre du 16 juin 1745 à d'Argenson. Parmi les manuscrits, on a du mal à discerner le texte authentique de la lettre du pape et de savoir s'il disait -comme dans la lettre diffusée par V*- s'il avait eu du plaisir à lire Mahomet . Le pape a bien envoyé à V* sa bénédiction et n'a pas publié de démenti en ce qui concerne Mahomet.

 

2 Cf. lettre à d'Argenson du 17 août.

 

L'infaillible orgueil des dirigeants :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Infaillibilit%C3%A9_pontific...

http://www.portstnicolas.net/la-question-de-l-infaillibil...